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John ^haitiB
IN THECUSTODY OF THE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
SHELF N°
* ADAMS
:it-''-r,m
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^.
.fJ'yL Jiiamâm/,.
LE
GRAND DICTIONAIRE
HISTORIQUE
T> I X I E M E EDITION,
Où l'on a mis lé Supplément dans le même ordre Alphabétique 3
corrigé les fautes cenfurées dans le Diétionaire Critique de
Mr. Bayle, & grand nombre d'autres , et ajoute'
PLUS DE 600 Articles etRemauqjjes
IMPORTANTES.
T O M E S E C O N D.
C-F
Digitized by the Internet Archive
in 2009
http://www.archive.org/details/legranddictionai02mor
LE GRAND DICTIONAIRE
HISTORIQUE,
OU
LE MÉLANGE CURIEUX
LHISTOIRE SACRÉE
ET P R O F A N E, a^-r^
^ Q^V I CO NTIENT EN A'BREG E ";■.,_
LES VIES ET LES ACTIONS REMARQUABLES
Des Patriarches, des Juges, des Rois des Juifs, des Papes , des faitits Pères & anciens Dodeurs Orthodoxes ; des Evêques, des
Cardinaux , & autres Prélats célèbres ; des Hérefiarques & des Schifmatiques j avec leurs principaux Dogmes :
Des Empereurs, des Rois, des Princes illuftreSj& des grands Capitaines:
Des Auteurs anciens & modernes , des Philofophes , des Inventeurs des Arts , & de ceux qui fe font rendus rccommandables,
en toutes fortes de Profeflîons , par leur Science , par leurs Ouvrages , ou par quelque adiion éclatante.
L'ETABLISSEMENT ET LE PROGRES
Des Ordres Religieux & Militaires , & la Vie de leurs Fondateurs.
LES GENEALOGIES
De plufieurs Familles illuftres de France & d'autres Pais.
L'HISTOIRE FABULEUSE
Des Dieux , & des Héros de 1 Antiquité Païenne.
LA DESCRIPTION
Des Empires, Royaumes, Républiques, Provinces, Villes, Ifles, Montagnes , Fleuves , & autres lieux confiderables de
l'ancienne & nouvelle Géographie , oi\ l'on remarque la fituation , l'étendue & la qualité du Pais , la Religion , le Couver-^
nement,les mœurs& les coiitumes des Peuples. Où l'on voit les Dignitez : Les Magiflratures ou Titres d'Honneur: Les
Religions & Sedes des Chrétiens, des Juifs & des Païens: Les Principaux Noms des Arts & des Sciences: Les Adions
publiques & folemnelles : Les Jeux: les Fêtes, &c. Les Edits & les Loix , dont l'Hiftoirc eft curieufe j Et autres Chofesj
& Aâ:ions remarquables.
AVEC
L'Hiftoire des Conciles Généraux & Particuliers, fous le nom des lieux OÙ ils ont été tenus.
Le tout enrichi de Remarques ^ de Recherches curieufe s , pour l*é clair cijfement des difficultés^
de l'HijioirC) de la Chronologie ^ ^ de la Géographie.
Par M'\ LOUIS M O RE RI , Prêtre, Dodeur en Théologie.
D I X I E' M E E D I T I O N où l'on a mis le Supplément dans le même ordre A Iphabetique , corrigé les fautes cenfurées
dans le Diâionaire Critique de Mr. B a y l e , ^ grand nombre d'autres , & ajoute plus de^6oo
Articles et Remarques Importantes.
TOME SECOND.
f Pierre Brunel, R. & G. Wetstein,
A AMSTERDAM Chez >
i David Mortier, Pierre de Coup.
A LA HATE Chez f Adrien Moetjens, L. & H. Van Dole.
AVTRECHT Chez | Guillaume Vande Water.
^ - ^
M D C G XVII. ^■'- -''"^•
Avec Trivilége de nos Seigneurs les Etats de Hollande & de Wejf-Frijèl
r
LE GRAND
DICTIONAIRE
HISTORIQUE.
o u
LE MELANGE CURIEUX
DE LHISTOIRE
SACREE ET PROFANE.
C. CAA. CAB.
c.
I E T T E lettre étoit parmi les An-
ciens une marque de condamna-
tion & nommée la lettre fatale ,
comme A en étoit une d'abfolu-
tion, félon Pierius. Metellus af-
fûre que les Indiens avoient cou-
tume de marquer d'un C le front
& le bras des perfonnes de la mai-
fon du Roi, qui fe faifoient Chré-
tiens : de forte que cette lettre é-
toit une marque honorable de
leur Religion. Il y a un li grand
rapport du C au Qj que plufieurs
Grammairiens ont voulu rejetter le Qjromme utie lettre fuperfluë,
prétendant que le C 8c TU peuvent fuffire. La différence de ces let-
tres eft pourtant fi neceflàire,que nous voyons que les anciens Poè-
tes mettent le C où nous mettons un Q_, quand ils veulent divifer
le mot. Ainfi Lucrèce a dit <:»ir«triflyllabe , pour quiret ; 8c Plaute
aciia 8c relicuus,^o\iT aqtta 8c reliquus, Aulbne parle ainû de ces deux
lettres :
Prd-vduit fojiquam Gamm& vicefunBa prius C.
^tque alium pyofe titulô replicata dédit Q^
.*Plaute, HiJl.aH.i.ji, i.Aufone, </«/;>. Pierius, /(. j.Eier.c.iî.
Tu??!, IL - - - - ' '
CAA. CAB.
CAABAH , ou Caabeh , en Arabe , fignifie te tèmfle de la
Meque, ècTpro-pieiaent la tour quarrée, que l'on nomme au-
trement//i iT/'^Z/t^. Caaieh ûgniBs un tiais , on une maifo/t
quarrée. Voyez, K i b l a h.
C A AT H, fils de Levi , père d'Amram , 8c ayetil de Moi-
fè , naquit l'an ijoj. du Monde ; 8c mourut l'an 1437. âgé
de cent trente-trois ans. * Exode, c. 6. v. 18. dans la Vulgaté,
dans la Verfion des Septante , gc dans la Paraphrafe Chaldaï-»
que.
C Je fuis eh ceci l'opinion de Torniel , qui croit que ce Pa-
triarche vint au monde la vingt-unième année de la vie de fon pè-
re Levi; 8c réfute ce que les autres ont écrit a ce fujet. Salianau
contraire foûtient que Caath naquit l'an zgiS. du Monde , fon
père étant âgé de trente-quatre , 8c qu'il mourut l'an,a45-o , fui-
vant eii cela l'opinion de Saint Epiphane, de l'Auteur du Tefta-
ment des Patriarches , 8c de quelques autres Chronologues. * Tor-
niel, ^.M. 2.^i>f. n. ï.Salian, A. M. 2318. n. i6.&feq. Saint
Epiphane, i>>Ancor.(^c.
[CAB, mefiire Hébraïque contenant un peu plus de 97. pou-
ces cubiques d'eau. Richard Cumberland , det Mejures ^ des poidf
des Heb. en Ariglo'is7\
C A B A. Cherchez Gave.
h CA"
a CAB
CABADES , RoidePerfe,fuccedal'an486.àfonpereOba-
las, & ilfutchaffé du throne en 4.97 , parce qu'il vouloit éta-
blir la communauté des femmes. Zamafpes fonfils tint fa place
jufqu'en 70 1. qu'on le rétablit ; il fit mourir giand nombre de
Clirétiens. Mais ayant vu qu'un Prélat avoit chafle des Dernons,
qui habitoient dans un château, ou il trouva de grands threfors,
il laifla vivre en paix les Fidèles. Les Manichéens , qui lui avoient
voulu ôter une féconde fois la couronne, pour la donner afon
fils , qui leur permettoit de les favorifer , s'attirèrent fi bien la
colère de ce Roi , qu'il en fit punir grand nombre , en chaflà
plufieurs hors du royaume. Se déclara ceux qui y reftoient inca-
pables d'avoir aucune charge. Il fit la guerre à l'Empereur Anafta-
fe. Marcellin le Comte dit, qu'en foi. Cabades affiegea Amida
durant cinq mois, 8c qu'il la prit, par la trahifon des Moines,
aufquels il fit couper la tête pour les payer de leur perfidie. En
j-oî. la ville fut reprife. Cabades fit avec Anaftafe une paix qu il
renouvella avec Juftin fon fucceffeur , 8c elle dura quelque tems;
CAB.
telleûuel , 8c celle-ci le Monde vifible : ce que le Perc Kir*
cher explique dans le II. Tome de fon Oailipus M^ptiacus,
sur.
CAB ALLO, (Emmanuel) illuftre Génois , a immortalifé
fon nom par une entreprife très-hardie qu'il fit , pendant que les
François aifiegeoient la ville de Gènes. Après feixe mois de liè-
ge , les François , qui s'étoient emparez de la citadelle , avoient
réduit les Génois à la dernière extrémité, lorsqu'un vaiflèau Gé-
nois chargé de vivres 8c de munitions parut proche de la villej
8c ne fçachant pas que la citadelle étoit prife, s'y en alla, dans
le deflèin d'éviter la flotte des ennemis , 8c fe livra ainii entre
leurs mains. Les Génois s'étant apperçus de cette erreur ne fon-
geoient plus qu'à fe rendre , lors que le brave Caballo releva leur
courage abbatu , Se demanda un vaiffeau pour aller délivrer celui
qui étoit pris. Une troupe de jeunes gens fe joignit à lui ; Se
ils tirèrent droit à la citadelle, palTant au milieu des François,
fans craindre les continuelles décharges que l'on faifoit fur eux.
Sc'après luftinïen remporta de grands avantagc's fur lui par Y étant arrivez , Caballo coupa les cordages du vaiflèau qui y
la conduite de Bellifaire. Cabades mourut environ l'an 5-31. étoit arrête, &lemenadanslaviUe,avecautant décourage qu'il
ou 5-31. après un règne de 35-. ans, en deux fois. * Marcellin,
«n Cforon. Agathias , //. 4. Procope , de la guer. des Perf.
Nicephore , /». 16. Hifi. Mifeel. li. if. Theophane , Cedrene ,
8cc.
CABALE, ouCabbale, 8cCabalistes , certame
fefte , qui a été parmi les Juifs. Ce mot de Cabale eft tiré de
l'Hébreu ^2T>^'bbel, qui veut dire rra<//W/f , ilaenfeigné. Ainfices
Cabalilles f6nt des gens qui fe font principalement attachez à^ la
Tradition des Anciens , ou à la fcience qui renferme , à ce qu'ils
prétendent , tous les myfteres de l'ancienne Loi , les fecrets du
nom ineffable de Dieu, les hiérarchies céleftes, les fciences des
nombres , 8c plufieurs autres curiofitez , ou plutôt rêveries. El-
les étoient déjà en ufage du tems de J E s u s-C h r 1 s t , 8c ces
Juifs vifîonnaires croyoient même que le Sauveur n'operoit des
merveilles fi furprenantes , qu'avec le fecours de la Cabale. Les
Cabalilles divifent leur fcience en Théoretique , qui ne confifte
que dans la fpeculation 8c dans la recherche de ces myfteres
l'avoit retiré de la citadelle. Cette aétion fut fuivie des acclama-
tions 8c des applaudiflèmens de tous les Génois , qui regardè-
rent Caballo comme le Libérateur de la patrie , 8c lui firent des
honneurs extraordinaires. * Ub. Folieta , Ebg. dur. iiirtr.
SUP.
CABASILAS, (Nicolas) Grec , Archevêque de Theffalo-
nique, vivoit dans le XIV. Siècle, environ l'an ijj'o, 8c non pas
en 1300, comme l'a écrit Sixte de Sienne. Il ibûtint le fchif^
me des Grecs , avec une opiniâtreté extraordinaire , 8c il ofa écri-
re contre S. Thomas : ce que Demetrius Sidonius , qui étoit ami
de Cabafilas , trouva fi peu raifonnable , qu'il foûtint par écrit le
parti du Doreur Angélique. Cabafilas compofa une Expofition
de la Liturgie Grecque , que nous avons de la verlion de Gentien
Hervet , .8c qu'on a depuis mife dans la Bibliothèque des Pères.
Il publia un autre Traité , de vit a in Chrifto. Une Oraifon con-
tra fœnemtores. On lui attribue quelques autres Pièces qui ne font
pasde lui. * Jean CantacuMne , //. 3. c. j-j. (^ 99. /;. 4. c. 16.
8c en Pratique, qui confifte dans les Talifmans , dans la connoif- I Q'fiq. Bellarmin, Script. Ecclef. Hervet, Poflèvin , Spondc,
fance des alfres , 8c peut-être dans la Magie , 8c dans la pierre ' Pontanus , Sec.
Philofophale. Car la Cabale eft la fource de toutes ces vaines ima- j CABASOLE, (Philippe de) eftimé des Papes Urbain V.
ginations, qui font les fondemens de la Magie. Il y a plufieurs g^ Grégoire XI. étoit de Cavaillon , ville de Provence. Il fiit
Juifs entêtez de Cabale , qui tombent dans la Magie , en abufant premièrement Chanoine dans fa Cathédrale , 8c puis Archidia-
du nom de Dieu 8c des Anges dans la vue de faire des chofes fur- cre. Prévôt , 8c Evêque de la même ville , en 1334. Quel-
naturelles. Il y a apparence que la Cabale tire fon origine de la 1 que-tems après il fut créé Patriarche de Jerufalem , 8c enfin
Philofophie de Pythagore 8c de Platon , que quelques Juifs ont Urbain V. l'éléva à la dignité de Cardinal , 8c l'envoya Légat en
mêlée avec le Judaïfme, répandant fur le tout une infinité de Italie, 8c puis en Allemagne. Grégoire XI. lui donna le gou-
rêveries , nées de l'oifiveté 8c de la fuperftition ; comme cela fe vernement des terres du Saint Siège , dans le temps que les Pa-
voit dans les Livres d'Adam, d'Enoc, de Salomon, du Zohar, ipes fîégeoient à Avignon. Tous ces emplois nous periiiadent de
du Bahir , 8c dans plufieurs autres. Dans les premiers fiecles de \ l'eftime que les Papes avoient pour Philippe.de Cabafole. Il mou-
l'Eglife, les Hérétiques donnoient facilement dans ces lùjjerfti- ; rut à Peroufe en 1371. 8c fon corps fut porté en Provence , où il
tions Cabaliftiques. Les Valentiniens 8c les BafUidiens etoient ' eft enterré à la Chaitreufe de Bon-Pas. On attribue à ce Cardinal
des principaux, 8c on trouve encore des agathes de ces derniers unTr3.itédeNugijCurialium, 8c des Sermons. Pétrarque qui avoit
avec des médailles gravées de figures hiéroglyphiques , aflèzfem- , beaucoup de part en fon amitié, lui dédia fon Livre de la vie fo-
blables aux Talifmans Judaïques. On void encore de leur façon | Utaire , 8c lui écrivit diverfes Lettres. Les autres Auteurs de foa
ces figures que les Latins nommoient Amuleta. C'étoit un re- temps en parlent auflî avec éloge. *Petrarque, li. 1. ep. i. ^
mede préfervatif , qu'on attachoit au cou des enfans , ou même 2. eè' ''• 4- «/>• i- ^S- &àç. Sainte Marthe , Gall. Chrifi. Frizon ,
des animaux , contre toutes fortes de maux , 8c particulièrement Gall. Furp. ■
contre les enchantemens. Reuchlin , ou Capnion , qui étoit un
très-fçavant homme du XVI Siècle, comme je le dis ailleurs,
s'amufa à écrire fur cette matière , De Cabbala ^ veréo mipfico.
On a imprimé en Allemagne Ars Caialiftica. On pourra aulTi voir
Torta lucis de Pic de la Mirande. Uma manru.. Liber Jez,ira.
C A B B A L E. Cherchez Cabale.
CABESTAN, bourg de France dans la province de Langue-
doc près deNifmes. C'eft de ce bourg qu'a tiié fon nom Guil-
laume ou GuiLHEM DE Cabestan , Poëte Provençal , qui vi-
Le Traité des Talifmans de Gaffaiel , Jean Morin,'Richard Simon,* ^"'t ^ans le XIII. Siècle. Il étoit de l'ancienne maifon de Cer-
o^ ■' I vieres , 8c il avoit paflTe les premières années de la vie avec le
CABALE , Science occulte ou Doûrine myfterieufe des Seigneur de Cabeftan. La fuite fut très - malhcurei^e II devint
Juifs, qu'ils tiennent, difent-ils , de la Tradition des Anciens, amoureux dune Dame de la mai&n de Beaux, 8c fit des vers a
On div& la Cabale en trois parties, que l'on nomme G«««n«. f^ louange. Cette Dame, que ces vers faifoient eft.mer crai-
Notarica.inThemura. La Gametrie eftune expUcation , que gnant que Guillaume de Cabeftan ne devint mfidele,lm fit man-
l'on fait par k tranfpofition des lettres du mot. Par exemple, ger d une certaine herbe qui failht a le faire mourir ; car ayant
il eft ditkns l'Exode, Pr^editte Melachi{id eH, Angélus meus.) foduit un effet contraire a celui quelle avoit efpere , ce mal-
Les Cabaliftes trouvent que cet Ange eft S. Michel, parce que heureux Poète perdit d abord toute forte de connoilfance. Un
les lettres de Melacki ét^t tranfpolées font Michaél La No- Médecin lui donna un amidote , qui le remit en fante. Apres
tarique fait de chaque lettre un mot entier, ou expUque un mot «la deteftant la Dame de Beau.^ , il fer vit Tntline Carbonel.
par un autre qui contient le même nombre. Il eft écrit dans le de la maifon de RoiîiUon , femme de Raimond de Seil.lans.
Pfeaume 3. Multi infurgunt in me. Le mot Hébreu , qui figni- Cabeftan avoit tant d efprit 8c de mente, 8c lis vers lui avoient
iie multi. cd compofé d'un R , d'un B , d'un 1 , 8c d'une M. De I tant donne de réputation , que cette Dame lui témoigna beau-
là les Cabaliftes conjcfturent que ces gens font les Romains , les coup d'eftime 8c de compl^ifance. Le mari en devint lijdoux.
Babyloniens , les Ioniens , c'ift à dife Us Grecs . 8c les Medes. | qu'ayant rencontre le Poète a la campagne , il le tua , 8c lui
Ils difent aufli que Macom eft le même nom que y^/^o^*, parce arracha barbarement le cœur quil fit manger a fa femme ,
que les lettres de ces deux mots écrits en Helireu font le mê- ^omme une autre viande. EHe le fçut 8cen mou^de depki-
que
me nombre 1S6. L'art que l'on nomme Themura , ouZiruph,
confifte dans le changement des lettres que l'on fait équivalen-
tes dans certaines combinaifons.En voici un exemple dans la Lan-
gue Latine. Ayant fait la combinaifon des lettres ainfi , A, B.1 C,
D.lEjF. Sec. on prétend que les deux lettres de chaque com-
binaifon fe mettent l'une pour l'autre : 8c que ce qui fera écrit
D B C E , fe pourra lire C A D E , c'eft à dire Tombez.. Cette
Cabale dans toutes fes trois parties n'eft boime qu'à amufer les
petits Efprits : car pour reprendre les mêmes exemples j Au-
lieu àeMichaël, ne peut-on pas lïxtChamïél , Kimael, 8cc. c'eft
à dire, Ange de feu, Ange des playes , 8cc. Par les quatre lettres
R , B , I , M , on peut entendre les Rabbins , les Baâriens ,
les Italiens, 8c les Moabites. Cette divifîon de la Cabale n'eft
qu'une fuperftition inventée par les nouveaux Rabbins. Les
plus habiles divifent la Cabale en deux parties , l'une appellée ,
Mercava, c'e^ 3. airs , fcience du chariot; 8c l'autre Befe/i«^ , c'eft
à dire, Ouvrage de la création. Celle-là confidere le Monde in-
fir. Ce fut vers l'an 1213.
beftan:
ï/ quel Gtiglielm»
Che per cantar hà Pfior defuoi di fcem».
* Pétrarque, Trionfo d'amer, c, 4. Noftradamus , Pie des To'eU
Vrov. c. 1 2. ^c.
CABIRE , Nymphe , femme de Vulcain , fut mère de Ca-
mile. Ce Camile fut père de trois fils nommez comme leur grand-
mere; 8c c'eft de ces derniers que font forties les Nymphes di-
tes C/i^/nfw, dont parle Aculilaiis Argien, cité par Strabon , ««
li. 10.
C A B I R E S , certains Dieux qtii étoient révérez en Samo-
thrace, ifle de la mer Egée, félon Hérodote , li. 2. Ce nom
vient peut-être de l'Hébreu T33 Cabir , qui fignifie gr.md 8t
çuijjarit.
CAB. CAC.
CAC. CAD.
fuiffant. On avoit une ii grande vénération pour euX , que c'étoit
un crime de les nommer parmi le peuple. Oncroyoit que ceux
qui étoient initiez, dans leurs myfteres , étoient fous leur protec-
tion , & qu'ils en obtenoient tout ce qu'ils pouvoient fouhaiter.
Les anciens Auteurs ne Ibnt pas d'accord touchant le nombre
des Dieux. Mnafcas en met trois , Axieres , Axiocerf» , 6c Axio-
cerfus; c'cll-à-dire , Ceres, Froferpine, & Pliiton. Dionyliodore
en ajoute un quatrième , qu'il nomme C«//«(/e , c'e(i-à-diic , Mer-
cure. D'autres tiennent qu'il n'y eut que deux Cabires, Jupiter,
qui étoit l'aîné, & Dionyfiits, le plus jeune. Athénien dit que de
Jupiter 8c d'Eleâra naquirent Jaiidn & Dardanus , qui turent
nommez C<ï^»r«. Quielques-uns croyent que c'étoient lesMinif-
tres des Dieux. D'autres les prennent pour des Démons. Ils a-
voient aufli un temple en Egypte, dont l'entrée n'étoit permife
qu'aux fculs Prêtres de ces Divinitcz ; & un autre au territoire de
"Thebes. 11 y avoit encore des CMres de Cerès , qui étoient telle-
ment refpeiSés , qu'on s'imaginoit que ceux qui auroient ofé les
battre, n'échapperoientjamais la vengeance des Dieux. Les Phé-
niciens avoient aufli des Dieux appelles Ca^im, ou Caberes, qui
étoient particulièrement révérés à Berythe. * Sanchoniathon ci-
té par Eufebc , au liv. t. Je la Préf. Evang. Damafcius, dans l'hotius.
Hefychius, Cafaubon, Bochart dans fon C<i»<î4«. Meurfius, des
thés des Grecs. SUP.
CABO D'ISTRIA. Cherchez Capo d'Iftria.
CABRERA. (Alfonfe de) Voyez Cabrera, (Pierre)
CABRERA, (François) Religieux de l'Ordre de Saint Àu-
guftin, étoit Efpagnol , 8c a publié les généalogies des maifons de
Ponce de Léon, de Cordouë , Sec. Il elt mort en 1649."^* Nicolas
Antonio, BiM. Hi/p.
CABRERA , (Louis de) de Cordouë , vivoit dans le même tems
que celui, dontje viens déparier. C'étoit un homme de qualité.
Capitaine d'une compagnie d'Infanterie , qui a compofé l'HLftoire
de Philippe II. Roi d'Eipagne, &; un Traité de i'Hiftoire. * Ni-
colas Antonio, Bièl. Hiff.
CABRERA Morales, (Francifco de) Efpagnol.natif du
bourg dit las Brozas dans l'Eftramadure , vivoit au commen-
cement du XVII Siècle. Il fçavoit les Langues , qu'il avoit enfei-
gnées à Salamanque , & depuis étant venu à Rome,il y fut Théolo-
gien du Cardinal Deza , mort en 1 600. Il a continué I'Hiftoire des
Papçs de Ciaconius,8c travaillé à quelques autres Ouvrages.* Nico-
las Antonio, BiH. Hi/p.
CABRERA, (Pierre de) de Cordouë , étoit Religieux de
l'Ordre de S. Jérôme. 11 a écrit fur S. Thomas , & il avoit un de
fes frères, nommé Alfonfe , Religieux de l'Ordre de S. Domini-
que, 8c excellent Prédicateur. * Nicolas Antonio , Bibl.Hifp.
CABRIERES, bourg dans le Comté Venaiflin en Proven-
ce. Voyez Merindol. SUP.
CABUL, ville 8c royaume des Indes dans les Etats du Grand
Mogol. II eft le plus avancé vers la Pcrfe 8c l'Usbeck ou 'Z.aga-
thai , ayant celui de Cachemire au Levant. Les fources du Nilab
8c du Behat , rivières qui fc jettent dans rindus,font dans ce royau-
me. La ville eft grande , avec deux fortereflTes , 8c fur la route de
Lahor à Samarcand ; les autres font Ghidel 8c Paflàur. Le com-
merce eftaflez grand dans ces.villes, à caufe du mufc , desfoyes,
de la rhubarbe , 81 des autres marchandifes qu'on y apporte du Ca-
thai.
CACA , fœur de Cacus , découvrit à Hercule le larcin que fon
frère avoit fait de fes bœufs,8ç pour cela elle mérita d'être honorée
par des facrifices qui lui étoient offerts par les Vierges Veftales, fe- |
ionSerw'msfurlet.delEnetde. Virgile néanmoins au mêmelieu,
& Ovide , aui. livre des Vafles , difent que ce larcin fut découvert
d'une autre manière. Voyez Cacus. SUP.
C A C A C A , ville de la province de Garel, dans le royaume de
Fez, en Afrique, fur la côte delà mer Méditerranée, à 7.Heuës
de Mélile par mer , d'où elle n'eft éloignée que de deux lieues par
terre. Le Duc de Medine s'en étoit rendu maître en 1496. après
la prife de Mélile ; 8c les habitans , qui n'avoient ofé attendre fa ve-
nue, s'étant retirez ailleurs , il avoit fait rafer la ville, neconfer-
vant que le château , qui eft fort , 8c fur un roc , que l'on ne peut
miner. *Marmol, de l'AfriojUe, l ^.SUP.
CACALLA , (Auguftin) étoit de Valladolid en Efpagne , 8c
fut long temps Prédicateur de l'Empereur Charles-Quint : mais il
quitta l'Eglife Romaine pour fuivre les opinions deLuther:8c ayant
été pris , il fut condamné par l'Inqurfition , 8c brûlé à Valladolid
en ifj9. *Theod.Beza, deVir.illuft. SUP.
CACAR Faraon, ou Château-Pharaon , ville ruinée , fituée
lur la montagne de Zarhon , proche de la viUe de Fez en Afrique.
On dit qu'elle a été bâtie par les Goths , quoique les habitans en
attribuent la* fondation à Pharaon Roi d'Egypte ; mais les plus cé-
lèbres Hiftoriens la nomment Le Palais Zarhon, ou Zarahartum,
& non pas de Pharaon. OnVoit encore en plufieurs endroits des in-
fcriptions en lettres Gothiques , qui font connoître qu'elle fut
bâtie ou embellie par les Goths.Toutes les collines 8c les vallées d'a-
lentour font couvertes d'oliviers. *Marmol, de l'Afriiiue , iiv.^.
SUP.
CACAR , ville du royaume de Fez. Cherchez Alcaçar
SUP.
CACCIA, (Auguftin) de Novare dans le Milanois , vi-
voit en ijj'o. Il porta les armes avec réputation dans l'armée de
l'Empereur Charles V. 8c fit aufli des vers. ' Etant avancé en âge il
compofa deux volumes de Poëfies fpirituelles ; 8c en dédia un à
Catherine de Medicis Reine en France , 8c l'autre au Cardinal de
Granvelle. . %
1407; C'étoit leDoûeurdcfon tems , qui étoit le plusconfulté
pour les matières Civiles 8c Ecclefiaftiques. Il écrivit divers Ou-
vrages de Droit : De Jultitia â" 7"re. De deiitorc fufpeiJo fugi-
livo. De paéiis. De modo fltulendi. De tranfaHione. Definjori-
umjuris, &c. * Forfter, m Vit. Jwr//?. Bumaldi , Bibl.Bonon.
CACCIA NEMICI, eft une famille de Bologne, qui a eu
Geriyd de Caccianemici , Pape fous le nom de Lucius II, dontje
parle ailleurs ;&iHuMBERTDECAcciANEM!Ci,quelc
même Pape fit Cardinal en 1 144. Il rendit de grands fervices à
Alexandre III. durant lefchifme, 8c mourut peu de tems après ,
fous fon Pontificat. Sigonius, de Bptfc. Bonon. l. i. Baronius,
Onuphre, 8cc.
C A C E G A S , (Louis) Religieux de l'Ordre de Saint Domini-
que en Portugal, a été très-eftimè par fa vertu 8c par iijn éruditionj
Il publia I'Hiftoire de fon Ordre en Portugais , & celle de la Vie de
Dom Barthélémy des Martyrs , que Louis de Soufa continua. Ca-
cegas mourut vers l'an 1620. âgé de plus de 70. * Nicolas An-
tonio , Êiil. Script, hi/p.
^ C A CERES, ou Caceres de Camarinhà, ville
d'Afie dans l'Ifle de Luçon , une des Philippines , avec Evêché
fuffragant de Manille. Elle eft fituée fur le détroit dit Eflrecho dt
Manilha, avec un bon port, qui eft aux Efpagnols.
CACHAN, ville de Perfc , dans la province d'Yerak , à vingt-
deux lieues d'Ifpahan^ vers Kom. Wy 3. Aehc2.ux bazars on mar-
chez , 8c plufieurs carvanferas bâtis de brique. Un grand nom-
bre d'Ouvriers en foye y font des brocards d'or 8c d'argent , des
plus riches 8c des mieux travaillez qui fortent de la Perl'e. On y
compte plus de mille familles Juives , qui fe difent être defccnduëg
de la tribu de Juda , de même que ceux d'Ilpaham 8c de Kom,
* Tavernier , Voyage de Perfe. SUi'.
CACHEMIRE. Cherchez Kachemire.
C A C I QJJ E S , nom des Gouverneurs ou Princes , lous les
anciens Incas , ou Empereurs du Pérou. Les plus confidcrables
des Nobles , originales du païs , retiennent encore ces noms d'In-
cas , 8c de Caciques , quoi qu'ils obeïflcnt aux Efpagnols. Les
Princes de Fille de Cuba dans l'Amérique Septentrionale portoient
le même nom de Caciques , lors que les Efpagnols s'en rendirent
les maîtres. SUP.
CADALOUS, ou Cadolus , Evêque de Parme , vivoit dan3
le XI. Siècle. C'étoit un homme emporté, ambitieux, 8c noir-
ci de divers crimes, qui fut fait Antipape par deux Prélats feule-
ment, qui foûtenoient le parti de l'Empereur Henri IV. 8c nom-
mé Honoré II. On l'oppofa à Alexandre II , élu légitimement en
1061. Il fe mit en campagne avec des troupes 8c de l'argent,
8c feprefenta devant Rome, d'où il fut chaflepar le DucGode-
froy , 8c contraint de fè retirer à Parme. Quelque tems après,
il y fut rappelle par quelques feditieux , 8c fe rendit maître de
l'Eglife du Vatican , rmis ayant été battu une féconde fois , aban-
donné des fiens , puis afliégé dans le château Saint Ange,où il s'é-
toit jette à la faveur de Cincius, il racheta fa liberté, 8c fe fauva
tout feul. Le Concile de Mantouë aifemblé l'an 1064. le con-
damna , en préfence d'Annon , Archevêque de Cologne , Régent
8c Tuteur d'Henri. Il mourut depuis miferablemcnt , fans avoir
voulu cefiir de fe porter pour Pape. * Léon d'Oftic , //. 5. c.
2.0. Platine , en Alexandre II. ftirftiius , A. C. 1061. \o6^.
1 064,
f CADAMUSTI , (Louis) de Vcnife, a vécu vers l'an 15-04.
Il publia une Relation de fes voyages de mer , que nous avons en
Latin par les foins d'Archangelo Madrignani.
CADENAC , petite ville de France dans le Quercy , fur les
frontières du Rouërgue , fituée fur la rivière de Lot , à huit ou
neuf lieues de Cahors. Quelques Auteurs la prennent pour l'U-
xellodunitm , qui eft célèbre parmi les anciennes villes des Gaules,
parce que ce fut la dernière qui fe défendit contre Céfar ; feais
il y a apparence que cette ville étoit différente de- Cadenac d'au-
jourd'hui ; 8c peut-être que c'eft Cahors même , commejeledis
ailleurs.
CACUS , Berger d'Italie , faifoit fa demeure fur le mont
Aventin , qui fut depuis renfermé dans l'enceinte de la ville de
Rome; 8c cxerçoit de continuels brigandages dans tout ce pays.
On dit qu'Hercule revenant d'Efpagne , après avoir tué Gcryon ,
paflà proche du mont Aventin , avec le troupeau de ce Roi , qu'il
emmenoit ; 8c que Cacus lui enleva pendant la nuit quelques
bœufs, en lés tuant par la queue dans fa caverne, afin que mar-
chant ainfi à reculons, on-nepût découvrir par la pifte le lieu où
ils étoient. Hercule ayant reconnu ce larcin , chercl^a aux envi-
rons de la caverne de Cacus , 8c ne s'imagina pas que fes bœufs
y fuflènt renfermez , parce qye les veftigcs donnoient lieu de
croire le contraire. Cependant il entendit le cri d'un de fes bœufs,
qui fentant ceux du troupeau , commença à meugler. Auffi-tôt
il enfonça la porte de cette caverne , 8c alfomma ce voleur avec
fa mafiTuë. Les Poètes difent que Cacus étoit fils de Vulcain ,
8c qu'il jettoit des flammes par la bouche : peut-être , çarce
qu'il brûloit les maifons , après les avoir pillées. Ils ajoiitent
que c'étoit un géant d'une grandeur prodigieufc , qu'il vivoit
de chair humaine , 8c qu'il étoit demi-homme , comme on
nous repréfcnte les Satyres. D'autres difent que Cacus étoit un
Prince dans l'Efpagne Tarraconoife , qui donna fon nom au
mont Cacus , maintenant Moncaio , dans l'Arragon , fur les con-
fins de la Caftillc vieille ; qu'il étoit affreux à voir, 8c d'une hu-
meur extrêmement fauvagc ; ce qui avoit donné lieu de l'appel-
1er demi-homme: qu'il avoit inventé certaines armes à feu , 8c
CACCIALUPI, (Jean Baptifte) de Bologne , Jurifcon- une poudre femblable à nôtre poudre à canon ; ce qui le fit paf-
fulte , vivoit au cominencement du XV. Siècle , vers l'an fer pour le fils de Vulcain. Et qu'enfin il pourfuivit Hercule
Tm. U. Ai jufques
4 CAD.
jufques en Italie, où il lui déroba quatre de fes boeufs'. * Tit.
Liv.l. i.Virg. Ew«</./w.S.Gerund./w. i. Paralip.Iiifp.SUP.
CADILLAC , petite ville de France dans la Guyenne. El-
le eft lituée près de la Garonne , à côté de Bourdeaux 8c de Bafas;
fon château eft un des plus agréables de la province, Sifon ter-
roir eft un des plus fertiles»
CADILESCHKER,ouCadiLescluer, dans l'Em-
pire du Turc , eft le Chef de la juftice , qui juge toutes les
caufes dans le Divan. Caé fignifie 7»je , icLefehker armée:
d'où eft venu le nom de Cadilefchker , c'eft-à-dire , Juge de
l'armée ; parce qu'il était le Juge des Soldats. Il n'y a que trois
Cadilefchkers dans toute l'étendue de l'Empire du Grand Sei-
gneur. Le premier eft celui de l'Europe ; le fécond , celui
de la Natolie, ou de l'Aile : & le troifiéme , celui du Grand-
Caire. Ce dernier fut établi, lors que Selim eut conquis l'E-
gypte ; & il eft le plus confiderable , car fa jurifdidiion s'étend
liir les Egyptiens , les Syriens , 8c les Ara:bes , 8c fur une partie
de l'Arménie. Aujourd'hui les Cadilefchkers n'exercent plus
aucune jurifdidlion fur les Soldats , qui ont le privilège de ne
pouvoir être jugez que par les Officiers qui les commandent.
* Ricaut , de l'Empire Ottoman. SUP.
C A D I S , Juges des caufê? civiles , dans l'Empire du Turc.
Ils connoiffent auffi des affaires fpirituelles , dans le Bileduigerid
en Afrique. Cadi fe prend ordinairement pour le Juge d'une
ville. Les Juges des provinces fe nomnftnt Mollas. * Ricaut ,
de l'Empire Ottoman. SUP.
C A D I S , Ifle près de la côte Occidentale de l'Andaloufîe , en
Elpagne , au Nord du détroit de Gibraltar. On la nommoit
premièrement l'IJle de Junon , parce que Cette DéeiTe y étoit ado-
rée par les Payens , dans un temple très-magnifique. Enfuite on la
notamz G ades , d'où s'eft formé le nom de CaJis. Sa longueur
eft à-peu-près de fèpt lieues : fa plus grande largeur , de trois,
8c fa moindre , d'une. Elle eft jointe a la terre-fcrhie du côté
d'Orient , par un pont appelle le Pont du Sac. Son terroh- eft
en plaines 8c en montagnes , mais fans aucunes fontaines , ce qui
eft fuppléé par quantité de puits. L'entrée de la baye de Cadis
eft fort dangereufc , à caufe des écueils appelles k Diamant , 8c
Los Ptieros. Le port de la ville , qui eft iituée à la pointe Occi-
dentale de rifle, regarde l'Orient. G'eft là qu'arrivent les flottes
8c les galions des Indes Occidentales , avec l'or 8c Fargent , que
les Efpagnols tirent de l'Amérique. Le château a été première-
ment bâti par lesJMaures, 8c a été mis en très-bon état par les Ef-
pagnols. Le fort de Saint Sebaftien a été conftruit , pour défendre
l'entrée du golfe ; 8c le fort de S . Philippe pour aiTurer le port. La
ville a titre d'Evêché; 8c l'on y voit plulxeurs Eglifes, dont la
ftruârure eft admirable. La terre de l'Ifle produit de li bons pâtu-
rages, que le bétail creveroit, fi on l'y abandonnoit, 8c ii l'on
n'avoit loin de le faigner tous les mois. On y trouve des falines,
dont le lel eft excellent. * Jouvain , Voyage d'Efpagne. P. Labbe,
Géographie-Royale. SUP. Voyez Calis,
CADIZÀDELITES, Sefte de Mahometans , qui fuient
les feftins 8c les divertiffemens , 8c affeétent une gravité extraordi-
naire dans toutes leurs adtions. Ils parlent inceiTamment de Dieu ,
en public 8c en particulier .Quelques-uns de cette Seûe font un mé-
lange du Chriftianifme 8c de Ja^Leligion de Mahomet. Ceux-ci
vivent fur ks Hmites de la Hongrie 8c de la Bofnie. Us lifent
l'Evangile en Efckvon , 8c l'Alcoran en Arabe. Ils boivent du
vin pendant le mois de Ramazan , qui eft le mois du jeûne des
Mahômetans ; mais ils n'y mettent point de canelle ni d'autres
drogues , 8c alors il paffe parmi eux pour une liqueur permife.
Ils aiment 8c protègent les Chrétiens , autant qu'ils peuvent. Us
croyent que Mahomet eft leS.Efprit, 8c que ladefcente des lan-
gues de feu , au jour de la Pentecôte , étoit une figure de la ve-
nui^ de ce faux Prophète. Us pratiquent auffi la Circoncifion
comme les Juifs , 8c fe fervent de l'exemple de Jésus-
Christ pour l'autorifer. * Ricaut, de i Empire Ottoman.
SUP.
CADLUC, ou Cadlucus, (Vmcent) Polonois ou Ruf-
fien , 8c Prévôt de l'Eglife de Sendofnir , vivoit encore au com-
mencement du XIII Siècle , 8c on fixe même le tems de là mort
en 1126. C'eft le premier qui ait entrepris d'écrire l'Hiftoire de
Pologne , 8c quoi que ce fût avec un ftile peu poli , fon def-
lèin eft pourtant digne de louange. * Herbutus de Ful-
ftin , Rer. Polon. li. 6. in Vrsf. Cromer , Rer. Pol. li. 7. Voffius ,
&c.
C A D M U S , Roi de Thebes , étoit fils d'Agenor Roi de Phé-
nicie Se de Thelephafla , frère de Phénix 8c de Cilix , 8c petit-fils
d'Epaphe. Il paffa la Béotie , fc bâtit Thebe , ou au moins
la citadelle nommée Cadmée, vers l'an i6io du Monde. Il ap-
porta en Grèce ces feize lettres a, (3, y,J, £,»}■(, A,x,v,(i,
T, Ç, a, T, u , auxquelles on dit que Palamede ajouta ces quatre
autres J, ? , (p , Xt au tems de la guerre de Troye. * Tacite ,
uinn. li. 11. Plutarque , 8cc.
oS' Les Poètes ajoutent qu'il fortit de fon pays, pour chercher
fa fœûr Europe, que Jupiter avoit enlevée. Que l'oracle lui ayant
commandé de paffer en Béotie , un des fiens , puilant de l'eau
dans une fontaine, y fût dévoré par un dragon , qu'il tua par l'or-
dre de Minerve, lui arracha les dents 8c les fema dans un champ,
oùilenvitfonir an grand nombre de Soldats armez,, qui s'en-
tretuerent les uns les autres ; qu'il époufa enfin Hermione ou
Harmonie, fille de Mars 8c de Venus, de laquelle il eutPolydore
qui lui fucceda , Semelé, Ino, Antonoé-, 8c Agave , dont les
avantures font fi particulières . Mais ceux qui cherchent la vérité
dans ces peintures ingenieufes aiTurent que Cadmus ayant paiTé
CAD.
dans la Béotie, province de Grèce, qui s'appelloit alors EcWe j il
y tua un Prince du pays nommé Dracon, mit adroitement la di-
vifion parmi les peuples , qui s'oppofoient à fon étabUflèment ,
8c profitant de leurs defordres fe rendit maître du pays. Par le
nom, qu'il donna à la ville qu'il bâtit, il voulut marquer la pre-
mière origine de fes ancêtres venus de la grande ville de Thebes ea
Egypte. Il poliça fes peuples , 8c leur donna l'invention de l'écri-
ture , 8c puis les malheurs de fà maifon l'obligèrent d'aller finir
fes jours en Ulyrie. * Paufanias , //.p. Ovide, li. 3. Hyo^in.
faé. Natalis Cornes, ii.ç.c. 14.
[CADMUS, félon d'autres , étoit Maître d'hôtel d'un Roi dé"
Tyr, ou de Sidon; 8c Hermione , ou Harmonie, fa femme étoit
une joueufe de flûte. Le nom de Cadmus femble être venu de
Cadmoni, qui eft le nom d'une nation de laPaleftine , la même
que les Htvéens. Harmonie tire fon nom de Hermon , montagne
du même pays, 8c l'on a dit qu'elle avoit été changée en ferpent,
parce que le mot à'Hevéen fignifie en Syriaque un/erpent. On
dit qu'il fema des dents de ferpent , 8c qu'il en naquit des hom^
mes armez , parce qu'en Phénicien , pour dire des gens ar-
mez, de javelot j de cuivre, on fe fert de certains mots , qui
peuvent être traduits , armez de dents de ferpent. Au refte il au^
roit fallu dire que Cadmus apporta en Grèce les lettres Phéni^
ciennes , 8c non qu'il les inveata. Voyez Samuel Bochart , dans
fon Canaan^
C A D M U S de Milet , Hiftorien Grec , étoit fils de Pandion ,
8c a écrit, en quatre livres, un Ouvrage de l'origine deMilet8c
de toute l'Jonie.C'eft celui à qui Pline attribue l'invention de l'HiA
toire. U vivoit environ le temps de la prife de Troie par les
Grecs, c'eft-à-dire, vers l'an 2870 du Monde, 8c environ 11S4
avant la naiflimce du Sauveur. Il écrivit une Hiftoire d'Ionie,
mais il faut prendre garde de ne le pas confondre avec un autre
Cadmus, qui étoit auffi natif de Milet , 8c Hiftorien , 8c
beaucoup plus jeune. U compofa l'H^oire de l'Attique , en
feize livres. * Pline, li.-j. c. j6. Suidas , Jofephe , /;. i. contre
Apion. Clément Alexandrin , li. i. des Tapijf. Voffius , li.
\. des Hift. Grecs , r. i. //. 3. ^ 4. <:. i. de la Phdol. c. 10.
§. 2.
C A D O L U S. Cherchez Cadalous.
CADORINE , ou II Cadorine, pays d'Italie dafls la
Marche Trévifane , des Etats de la Republique de Venife. C'eft
le plus Septentrional de toute l'Italie, vers le Comté de Tirol8c
les Alpes , qu'il a au Couchant 8c au Septentrion , le Frioul
au Levant , 8c la Marche au Midi. La ville capitale eft i, a
piEvE Di Cadore fituée fur la rivière de Pieve ou
Piave.
C A D O U l N , Abbaye de l'Ordre de Citeaux , du dioccfe de
Sarlat dans le Perigord. ' C'eft où l'on garde le S. Suaire de Jé-
sus Christ, lequel ayant été retiré d'entre les mains des
Infidèles , fut dépofé dans une Eglife de la ville de Jerufalem ,
où il demeura jufques à l'an 1000 qu'il fut transporté à Antio-
che dans le temps que le 'Calife de Babylone faiibit une cruelle
guerre aux Chrétiens. Ce tréfor fut confervé à Antioche jus-
ques en l'an 1099 , que le François s'étant rendus maîtres de
Jerufalem 8c de la Terre Sainte , Aymar Evêque du Puy en
Velay , Légat Apoftolique de l'armée Chrétienne , le retira de la
ville d'Antioche , 8c l'ayant gardé pendant fa vie , le confia ea
mourant à un de i^es Aumôniers , natif de Perigord , qui l'ap-
porta en fon pays l'an iio^ avec l'Hiftoire du même Suaire ,
8c le cacha dans une Egliiè proche de Cadouïn , où le feu s'étant
pris par accident , y conlùma tout , à la referve du cofre , où
cette Relique étoit enfermée. Les Rehgieux de l'Abbaye de
Cadouïn accoururent à ce miracle , enlevèrent ce cofre du mi-
lieu des flammes , 8c le portèrent dans leur Eglife. Depuis ce
tems-là il s'y fit un concours exttaordinaire de toutes parts 5
cette dévotion s'augmentant de jour en jour , non feulement
dans k France, mais auffi dans l'Italie , dans l'Efpagne, 8c dans
l'Angleterre. Mais les Anglois ayant deftèin d'enlever ce thré-
for , on le tranlporta à Touloufè en 1392 , où , par permiP-
fion du Pape , l'Archevêque le porta folennellement par la vil-
le , accompagné de neuf Evêques. Les Religieux de Cadouia
intentèrent enfuite procès devant le Pape 8c le Roi , pour être
remis en poflèflîon de cette Rehque , mais ils furent obligez
de s'en délifter. Néanmoins en 1/46. le Saint Suaire fut em-
porté de la ville de Touloufè , 8c rapporté à Cadouïn. Le Roi
Saint Louïs l'alla vifiter en 1269. Charles VI ordonna en 1399
qu'il lui fut apporté à Paris pour le révérer : 8c Louïs XI
l'ayant veu, fit paroître par fès larmes k tendreffe de Ùl dévo-
tion, 8c donna des biens à l'Eglife de Cadouïn. Quelques-uns
difent que ce fut Raimond de Saint Gilles Comte de Touloufè
qui apporta le Saint Suaire en France , après la conquête de k
Terre-Sainte, du temps du Pape Urbain II en 1099. * Hiftoire
du Roi Charles VI. Chron. Moyffiac. J. Putean.rà Epifc.Petroc.
SUP.
CADRITES , forte de Religieux Mahômetans , dont le
Fondateur s'appelloit A^dul-Cadri , 8c avoit k réputation d'ê-
tre un grand Philofophe 8c Jurifconfulte. Ils.paflent une par-
tie de la nuit à tourner en rond, fe tenant tous par k main , 8c
répétant inceffamment le mot Hat , qui fignifie -vivant, 8c qui
eft un des attributs de Dieu; pendant qu'un des Religieux joue
de k flûte pour les animer à cette danlè extravagante. Us font
cet exercice toutes les nuits du Vendredi. Ce font de grands
Sophiftes , 8c de fins Hypocrites , qui ne difent leurs fecrets qu'à
ceux de leur profeffioff. Usnefe rafent; point les cheveux, ni ne fè
couvrentjamaislatête, 8c marchent toujours les pieds nuds. On
leur permet de fortir du Couvent , 8c de fe marier , s'ils le veulent ,
à k
CAD. CJEC>
à la charge de porter des boutons noirs , pour fe diftinguer du peu-
ple. *Ricaut, Je CEmfireOttoman. SU P.
C A D U C E' E ; c'eft ainfî que l'on appelloit la verge que
Mercure reçût d'Apollon , en échange de la lyre à fept cordes qu'il
lui donna. Quelques-uns veulent que ce mot tire ion origine du
Verbe Latin caJere, qui iigniiîe cheoir: parce que félon la Fable
cette verge avoit la vertu de faire tomber ,c'eft-à-dire , d'appaifer
toutes fortes de querelles & de difièrens. C'eft pourquoi comme
les anciens Romains fe fervoient de Hérauts , que l'on appelloit
TecMes , pour déclai^r la guerre , ils employoient ceux que l'on
nommoit Cadueeatorei, pour annoncer la paix. Voyez Voflius , au
mot Caducée. Les anciens Egyptiens ont orné cette verge de deux
ferpens , dont l'un étoit mâle , 8c l'autre femelle : lefquels en-
tortillez à l'entour , & comme nouez enfemble par le milieu ,
venoient s'entrebaifer , faifant comme un arc de la plus haute
partie de leur corps , à quoi l'on ajouta deux ailerons. Ceci
eft fondé , difent les Mythologiftes , fur ce que Mercure ayant
trouvé un jour deux ferpens qui febattoient opiniâtrement , il
jetta fa verge entre deux, & auffi-tôt les accorda ; de forte que
depuis il la porta toujours pour une marque 8c un fymbole de
paix. D'autres difent que le caducée marque la force de l'élo-
quence , qui adoucit les .elprits 8c gagne les coeurs : que les fer-
pens font le fymbole de la prudence necelfaire à l'Orateur : 8c
que les ailes lignifient la fublimité du difcours 8c la promptitude
à parler , d'où vient qu'Homère appelle les paroles ailées.
Cette verge , félon les Poètes , avoit encore d'autres proprietez ,
comme de conduire les âmes aux enfers , ou de les en faire for-
tir; d'exciter, ou de troubler le fommeil. * Virgile, £»«(/.//v. 4.
f^fes Interprètes.
C &. Voyez.. CS.^
[CiECILIANUS Préfet du Prétoire fous Honorius , en
4.09. Il en eft fouvent fait mention AznslsCodeTheodofien, 8c
dans Zofime Lib. v. 8c Symmaque Lib. ix. Ep. 4.7.]
CiECILlUS, Affranchi de naiffance , mais confîderé par
fon efprit , étoit de Galantis , ville de Sicile. Il enfeigna la Rhé-
torique à Rome, du tems d'Augufte, écrivit un Traité de l'Hif-
toire , 8c une Relation de ce qui fe paiïa en la guerre des Efclaves.
On lui attribué encore quelques autres Ouvrages , 8c entr'autres
un de ce que les Orateurs avoient dit , ou contre , ou en faveur de
l'Hiftoire. * Athénée, //. 6. é" 11.
oâ' Suidas foûtient que ce Caecilius , qu'il dit avoir été Juif y
enfeigna la Rhétorique depuis l'Empire d'Augufte jufqu'à celui
d'Adrien. Ce qui paroit peu croyable , parce qu'on compte près
de fbixante-dix ans de l'Empire de l'un à celui de l'autre. Auffi
les Sgavans croyent qu'D y a eu plus d'un Auteur de ce nom. Il
eft vrai que les Ajiciens parlent d'un Caecilius de Sicile , où il
avoit eu part en l'amitié de Verrez ; mais il ne peut être celui
dont je parle. Dalechamp, qui a tradnit Athénée, a crû que
Caecilius étoit né dans l'Attique ; mais il s'eft trompé en cela , com-
me Cafaubon 8c Voflius l'ont remarqué. * Dalechamp , /i . 6. c^ u .
Mhen. Cafaubon,/».^f/5'e»./(^. 6. c.zi, Voflius, deUiJl.Cr^c.li.i.
c. 4. (^C.
CiECILIUS, célèbre Avocat de Rome , vivoit fur la fin
du II. Siècle, 8c au commencement du III. C'eft le même que
Minutius Félix innoduit dans fon Dialogue qu'il intitule oâa-
"vius. Cet Oétavius étoit ami de Minutius Félix; 8c Dieu , qui
leur avoit fait la grâce de les éclairer des veritez de la foi , fe fer-
vit de ce preinier, pour convertir Csecilius aufliami de Minu-
tius Félix. On dit inême qu'il fut honoré du facerdoce , 8c on
croit que c'eft ce même Caecilius dont il eft parlé dans la Vie
de Saint Cyprien , 8c qui contribua à la converlion de ce Dodleur
de l'Eglife, lequel prit au Baptême le nom de Caecilius, pour
témoigner la confideration qu'il avoit pour fon maître 8c fon
ami. * Minutius Félix , in OB. Fonce, inVitit i.Cy/ir.Baronius ,
A.Ç.zii.n.z.
CAECILIUS, ou Céciliens , Famille* Les Auteurs parlent
diverfement de l'origine de la Famille des Céciliens , qui étoit
une des plus confiderables entre celles du peuple. Quelques-
uns difent qu'elle eft venue d'un Troyen compagnon d'Enée.
C'eft Cascades ou Caeculus , que la Fable fait fils de Vulcain , ainfi
nommé , parce qu'il avoit la prunelle des yeux moindre que les
autres. Virgile en faitmention, comme du fondateur de Prenefte,
li. 7. de l'Enéide,
Ntc Trtneflimfmidator defitlt urbis:
Vulcano geaitum fecora inttr agreflia regem l
Inventuntque ficis , omnii qutm credidit »tns,
Ctcfdus, (^c.
Le plus ancien entre les Céciliens , dont nous ayons connoiiTan-
ce, eft L. C^ciLius Metellos, que quelques-uns
furnomment Dento , lequel fut Conful avec C. Servilius Tuc-
ca, l'an 470. de Rome, 384. avant l'Ere Chrétienne. L'année
après fon Confulat il fut tué par les Gaulois Senonois , qui aflîe-
geoient Arezzo , 8c qui tuèrent avec lui 1 3 . mUle hommes , qu'il
conduifoit. . Il fut père de L. CjEcilius Metellus
qui défit Afdrubal en Sicile , comme je le dirai ci-après , ,8c ce
dernier laiflTa Q. Cacilius Metellus, qui tut Maître
de la Cavalerie 8c ConfuU'an 5-48 avec L. Vettu-ius Philo. Il eut
deux fils, CiECiLius Metellus, dont je. parlerai dans la fuite.
8c L. CjeciliusMetellus furnommé Ccdvus , qui fit
une branche particulière. Celui-ci fut Conful l'an 61 1 avec
Tom. U.
Q. Fabius Maiimus Servilianus. julius Obfequens ; Ciceron -
Eutrope , 8c Caffiodore font mention de lui; Il laiiTa L. C a-
ciLius Metellus dit Calvus , qui fut Conful l'an 62 f.
avec Li Aurelius Cotta , ScCenfeurenôjp avec Cn.Domitius.
Ce fut alors qu'ils bannirent de Rome tous les arts qui ne fer-
voient qu'au divertifTement , excepté les joueurs dé flûtes Lati-
nes avec la voix, 8c le jeu des Tais. Le fils de ce dernier eft
CiE CILIUS Metellus k Numidique , dont je psjlerai
ci-après , père deC^ECiLius Metellus Scipio fur-
nommé Fius , qui fut Conful avec Sylla en 674 , 8c qui fit la guer-
re en Efpagne contre Sertorius. Appian , Caffiodore ,' Plutar-
que, Velleius Paterculus, 8cc. font mention de lui. «on fils,
qui étoit de même nom que lui, fut Conful l'an 703 de Ro-
me avec Pompée le Grand, dontilfuivit le parti. Il fit la guer-
re àCéfar en Afrique l'an 708, 8c voulant paffer en Efpagne,
après avoir été vaincu", il périt avec la flotte, que la tempête
pouffa au port de Bonne, 8c que Sitius coula à fond. Après cela
il faut parler de la branche des ainez . Q^C^cilius Metel-
lus fut furnommé /eMa(;f</o»;5«e, 8c eut quatre fils. Les deux
premiers laifîèrent pofterité , comme je le marquerai dans la
fuite. Les deux autres furent M. Caecilius M.etellusj
qui fut Conful l'an 639 de Rome avec M. jEmilius Scaurus ,
8c défit les peuples de Sardagne , dont il triompha ; 8c C. C /e-
■ciLius Metellus furnommé Caprarius , qui fut Con-
ful avec Cn. Papirius Carbo l'an 64 1 , 8c qui triompha de la Macé-
doine. Les deux aînez font Q^C^ecilius Metellus fur-
nommé Balearius qui fut Conful en 63 1 avec T. Quinftius Flami-
nius, 8c Cenfeur en 634 avec Q^Servilius.U fit la guerre en Efpagne
8c dans les ifles Baléares qu'il foûmit. Il laiflà Q^ C ^e c i-
Lius Metellus furnommé Nepos, Conful en 6/6 avec
T. Didius, 8c père de deux fils, félon Ciceron, de Q^ Caecilius
Metellus furnommé Nepos , Conful en 697 avec P. Cotnelius
Lentulus Spinter ; 8c Q^ Caecilius Metellus Celer , qui exerça
en 694 la même charge avec L. Afranius. Ciceron , Pline ,
Dion , Caflîodore , 8cc. en font mention. L. C je ci l i u s
Metellus furnommé Dalmaticus, fécond fils du Macedoni-
que, fut Conful en 637 de Rome avec Q^ Mutius Scevola
Augur , détruifit les Dalmates , dont il eut le furnom de Dal-
matiens, 8c fit bâtir le temple de Caftor. Les Auteurs par-
lent de trois fils qu'il eut; l'aîné-étoit L. Caecilius Metellus, qui
fut Préteur en Sicile l'an 684, 8c qui mourut étant defîgné Con-
ful avec Q. Marcius Rex , l'an 686 ; le troifiéme étoit M. Cae-
cilius ; 8c le puîné , qui laiflà pofterité , Q^C^cilius Me-
tellus furnommé Creticus. Celui - ci fut Conful avec Q.
Hortenlius en 68f . II foûmit l'ifle de Crète , dont il triompha ,
8c il en mérita le furnom as Creticus. Son fils Q^ Cïecilius laiflîà
Q; Caecilius Metellus Crcr/tw^ , qui fut Conful avec L. Licinius
Nerva l'an 7 de l'Ere Chrétienne, qui étoit le 760. de Rome*
La Famille des CeciKens a encore eu P. C a ci l i u s célèbre
Jurifconfulte , que nous voyons fouvent cité dans les Livres des
Digeftes ; 8c S e x t. C j-: ci l i u s , qui enfeigna le Droit ibus
l'Efnpire de Trajan 8c d'Adrien. Bernardin Rutilius parle de l'un
8c- de l'autre dans les Vies des anciens Jurtfconfultes. Mais pour
être mieux perfuadé du mérite de cette Famille, il faut que je
rapporte ce que Velleius Paterculus en dit dans le i livre de fon
Hifîoire, après avoir marqué le triomphe de Metellus le Numi-
dique. Ce qui arriva l'an 647 de Rome. Il eft à propos , dit-
il , de faire réflexion en ce lieu fur les avantages de la Maifon
des Céciliens , ou des Metellus. Au tems dont nous parlons on
remarque plus de douze Magiftrats de ce nom , qui en douze ans
furent élevez aux premiers honneurs de la ville , les uns au Confu-
lat, les autre» à la Cenfure , 8c il y en eut encore qui ajoutèrent à
ces dignitez la gloire du triomphe.
L. CiECILIUS METELLUS,Conful8cCapitaineRo^
main. On croit qu'il étoit fils de Q^ Cxcilius , qui fut Conful
avec C. Servilius Tucca l'an 47 o de Rome. Celui dont j e parle ,
le fut avec C. Furius Pacilius l an ^•03 de la fondation de Rome, en-
viron 2 y I avant la naiffance de J e s u s-C h r i s t. Il fit la guerre
en Sicile contre les Carthaginois. D'abord il fe tint dans les mon-
tagnes 8c fort ferré , ne voulant ni expofer fcs troupes , ni être en-
fermé par les ennemis. Quelque temps après il s'élargit dans la
plaine , 8c il emporta Theruce 8c Liparis , à la barbe même de
l'armée ennemie. Il veilloit cependant à la démarche d'Afdrubal
Général des Cartliaginois , 8c grand Capitaine ; 8c cherchoit les
occafions de le furprendre. Il prit fi bien fon temps , qu'il le
chargea inopinément près de Palerme , dans le temps qu'il délo-
geoit, 8c le défit entièrement; Il lui tua même vingt-fix éle-
phans, 8c il en prit cent-quatre , qu'on mena à Rome avec treize
chefs des eimemis enchaînez : ce qui fut un des plus iUuftres orne-
mens de fon triomphe. L. Caecilius Metellus fut encore Conful en
l'an fof de Rome avec M. Fabius Buteo. *Polybe,/;. i Eubope,
li. 1. Caflîodore, Pline, 8cg.
C yE C I L I U S METELLUS , ( Quintus ) Conful 8c Capitai-
ne Romain, fut rurnommé le Macedomque, pour avoir flibjugué
la Macédoine l'an 607 de Rome , 8c vaincu un certain Andrifcus ,
quifefaifoit Roi de ce pays, 8c avoit pris lenom de Philippe. Il
défit les Achaïens; 8c il remporta de grands avantages en Efpagne.
Sa trop grande feverité le fit haïr du peuple ; 8c fut caufe qu'il eut
peine d'arriver au Confulat , qu'on lui avoit refufé deux fois. On
remarque qu'il fut porté à la fepulnire fur les épaules de quatre fils ,
qu'il laifl"a , 8c dont je parlerai dans la fuite ; après avoir eu le plaifir
d'en voir trois honorez de la dignité de Conful , 8c le quatrième
remporter l'honneur du triomphe. *TiteLive, lié. 49. & jo.
Florus , l't. z. ch. 14. Aurelius Viâor, des hommes illuji. ch. 61,
Eutrope, 8cc.
CiEGILIUS METELLUS, (Quintus) étoitfilsde L.
A î Ck-
G CAE. •
Csecilius Metellus Gilvus , qui fut auffi Conful , & mérita le nom
de numidii\ue, parce qu'il triompha de Jugurtlia, Roi de Nu-
midie. ' Cela arriva l'an 645- ou 46 de Rome , qu'il obtint
le Confulat avec M. Junius Silanus. L'Afrique échut à Q^Caeci-
lius Metellus , 6c fa vertu étoit fi univerfellement reconnue à
Rome , qu'on y compta extrêmement.fur fa valeur & fur fa probi-
té. On ne fe trompa pas, il entra dans le pays ennemi après avoir
rétabh la difcipline militaire , que la mollefié de ceux qui l'avoient
précédé dans la charge de General, avoitlaiflé corrompre. Ge
iiit alors que Jugurtha effrayé, lui iit demander la paix, avec pro-
meflé de fe foûmettre aux Romains. Cette offre ne rendit pas le
Conful plus négligent, au contraire il fe campa toujours avanta-
geufement , 8t envoyoit avec ibin aux nouvelles ; ayant appris que
Jugurtha étoit allez éloigné, il lui enleva la ville de Vacca, où il
établit fes magazins. Enfuite il défit Jugurtha , mais cette viétoi-
re n'étant pas aufli parfaite qu'il le fouhaitoit , il fut aiTieger Zama
capitale de Numidie. Le Roi l'obligea de laiffer cette entreprife.
L'année d'après , qui étoit la 646. de Rome , Vacca fe révolta , &
Metellusla prit par rufe , Se tailla en pièces les habitans , qui lui al-
loient au devant. Après cela il défit encore Jugurtha, dans une
ville nommée Thala qu'on lui abandonna; mais comme cette
guerre traînoit en longueur , Marius , qui fut Conful l'an 647 ,
obtint la commiiTion de l'achever , Se Csecilius Metellus fut obligé
de s'en revenir , mais fon triomphe n'en fut pas moins beau. Quel-
que tems après étant Cenfeur , il ne voulut jamais admettre au
dénombrement des citoiens un certain Quinftius, quifedifoit
faulfement fils de Tiberius Gracchus. Il refufa auffi de jurer pour
la loi d' Apuleius , qui n'avoit été autorifée que par la force : ce qui
le fit condamner au banniifement , fous le fixiéme Confulat de Ma-
rins, l'an 6j-4. de Rome; ScilaHaàSmirne. Il fut depuis rap-
pelle par les prières de fon fils , qui pour cela fut appelle /e Vieux.
CAE. CAF.
bre dé k monhoye en 1430. L'Univerfité y a été foiidép vers
l'an 1430. ou 31. L'Evêque de Bayeux en eft Chancelier, &les
Evêques de Lizieux & de Coutances font Confervateurs des pri-
vilèges Apoftoliques. Cette Univerfité eft compofée de trois
Collèges , qui font du Bois , du Cloutier , Se des Arts. Les
Jefuites en ont aufll un en cette ville, qui a été fécond en gens
de Lettres 8c fur-tout dans le XVII. Siècle. Ony a établi depuis
environ vingt ans une Académie compofée de perfonnes de mé-
rite 8c de fçavoir. Caen eft; encore une viUe de grand commer-
ce -, n'étant qu'à trois ou quatre lieuè's de la mer , d'où remon-
,tent avec la marée de gros navires fur l'Orne , qui y reçoit l'Ou-
don au pont Saint Pierre. L'Oudon traverfe la ville par deux
canaux , y fert à divers ufages aux habitans , 8c remplit les fof-
fez. Il y a un de ces canaux, qid paflè près d'une des places,
dite /a ^letce Royale, 8c un autre a celle de Saint Sauveur , où eft
le Collège du Bois. Caen a diverfes foires qui fervent à y en^
trétenir le commerce, celle de la ^;w_/7»3o<;o eft des plus renom-
mées. Mais au refte cette ville eut beaucoup de part , fur la fin
du XVI. Siècle, aux guerres civiles. Elle tomba au pouvoir des
Huguenots , qui y abolirent l'ufage de l'ancienne Religion en
15-62. Quelque tems après elle fe remit fous l'obéiflànce du Roi ,
qui fit une déclaration en fa faveur pour la liberté de confcience.
Depuis , au commencement de l'année fuivante , les habitans ,
qui étoient prefque tous Huguenots , en viment atLX mains avec
ceux du château : Coligni donna du fecours aux habitans, ils
affiegerènt le château dans les formes au mois de Mars , 8c l'em-
portèrent. Ceux de Caen fe vantent d'avoir toujours été bien
fidèles , 8c ils difent même que c'eft pour cette raifon qu'on leur
a permis d'avoir trois fleurs de lis dans leurs armes. On croit que
le fécond Concile , que Maurille Archevêque de Rouen célébra
en 1063 , fut tenu a Caen en préfence de Guillaume /e Bâtard ,
Ce fut l'année fuivante, fous le Confulat de M. Antonius Scd'A. [ lequel y eft enterré dans l'Abbaye de Saint Etienne , qu'il y fon-
Pofthumius Albinus. * Salufte , in Jugurt. Florus, /;. 3. Ap- , da, comme Mahaud de Flandres fa femme y fonda celle de la
Trinité. * Chronique de S. Etienne de Caen , Charles de Bour-
gueville. Sieur de Bra; Ktch. dti Aiitiq. de Normand, éf de Caen.
Du Chefne , Rech. des villes de France. Papire Maflbn , Defcr^
fium.GaU.. DeTliou, Hifi. fui temf. li. 33. 34. é^feq. DeBrieu,
pian. lié. i . Plutarque , in Mur, Ciceron , Eutrope , Caffiodore ,
Sec.
CiECILIUS STATIUS, Poète Comique, natif des envi-
ronsdeMilan, vivoit la féconde année de la CL. Olympiade, qui ,-. a -, , ^ i- d
étoit Fan Hf- de Rome, 3875-. du Monde, 8c 179. avantl'Ere j '"^t'ft- Robert. Cenahs, Sec.
Chietienne. Il étoit contemporain d'Ennius , 8c il laiflâ quelques C^RON, Pais dans l'Aftyrie, fertile enamome, oùjofeph
Comédies , dont Robert Etienne a recueilli les fragmens. Cice- 1 dit que l'on voyoit de fon temps les reftes de l'arche de Noë. ■ * Jo--
ion l'accufe de parler mal Latin ; bien que Volcatius Sedigitus le . feph, .^ntiqiiit. liv. 20. ch. i. Samuel Bochart croitiya'ii faut lire
nomme le Prince des Poètes- Comiques. * S. Jérôme, in^ff^^rdon d^insjpjef h. Voyez {onVhakgliè. i.c.^.
Chron. Ciceron, ad Attic. £c Aule-Gelle , au li. 4. c. 20. ç^ /;,
IJ.C.lf.
CiE eu LU S, fils de Vulcain. Cherchez Ceculus.
C ^ L I U S. Cherchez Cœlius.
CiESAREOPOLIS, ville. Voyez Komarkt.
[CiESARIUS, Maître des Ofiices fous Theodofe h
grand 8c fes fils. Ce fut lui que Theodofe envoya , pour pu-
nir la fèdition de ceux d'Antioche. Voyez ^heodoret Hift.
i-^ zc T TTTc- * TvTfr.To A rr.T?n /t " \ ". ' v TtT Ecclcf: 1. V. c. 10. Chryfoft. de flat. Or. xvi. Libanius Orat. de
i^^R^:il^d^Jit'tL',''«;t'^Ûr"rr± ^--- SC7.. GW^'iProfopograph. Cod. Theodofe.]
CiESENNIUS. Cherchez Petus.
CAFFA, ville de la petite Tartarie, fut le bord de k mer
Noire , du côté de l'ancien Bofphore Cimmerien , qui a été de-
toire Romaine , dont M. Brutus fit un Abrégé , comme nous
l'apprenons de Ciceron , dans une de les Epitres à Atticus. On
connoit en quel tems il vivoit , par ce que Valere Maxime rap-
porte de lui. Car parlant comme Gracchus fut averti enfonge
par fon frère, qu'il feroit tué dans le Capitole, il ajoute : Ck- | puis appelle détroit de càfa, du nom de cette "viller Lercé-
lius fidèle Hiftorien afllire q^e le bruit de ce fonge vint à fa con- 1 nois s'en rendirent maîtres dans le XIII. Siècle , du temps de la
noiflânce , pendant que Gracchus étoit encore en vie. Ce Grac- ! guerre fainte , .Se de k décadence de l'Empire d'Orient Maho-
chus fut tue en 633. de Rome, comme je le dis ailleurs. Cicc- | met II. k prit en i^-jf^ fur les Génois , 8c les Suluns y ont de-
ron, Aule-Gelle, Tite-Live, Servius , Charifius , Feftus , Nonius, 1 puis entretenu une forte garnifon. Il y a deux châteaux, dont
Pnfcien, 8cc. parlent de Cahus Antipater. Les Curieux pour- I l'un commande tous les envh-ons, Se eft k demeure du Bâcha;
ront corifulter VofTius, des Hift. lat. U. i.c.8. Voyez Antipa- l'autre eft plus petit , mais il eft bien muni d'artillerie. On
^^^- ! compte quatre mille maifons dans Caffa: trois mille deux cens
CAEN, fur l'Orne , ville de France , capitale^e la baffe Nor- ! de Mahometans , de Turcs , 8c de Tartares ; 8e huit cens de
mandie , avec Préfidial , Bailliage , Eleftion , Généralité , Bu- : Clirétiens , de Catholiques , de Grecs , 8c d'Arméniens. On n'y
reaux des Finances- 8c des Thréforiers , Se Univerfité. Les Auteurs voit aucun édifice de pierre , excfepté huit anciennes Eglifes , qui
Latins la nomment Ci!ti/cro«w; on parle diverfement de l'origine : ont été bâties par les Génois; quoi que d'autres rapportent qu'il
de ce nom. Le Préfident Fauchet croit que Caen eft un nom ) y a quarante-cinq Eglifes : une des Catholiques, dédiée à S.
corrompu Se abrégé de celui de Quentwic ou Qjaentovic , une [ Pierre : douze des Grecs : 8c trente-deux des Arméniens. Les
des villes où Charles le C^axtic faifoit battre la monnoye. Mais 1 maifons ordinaires font de terre Se de mortier. L'air yefttrès-
il s'eft trompé, SeatrompéHondius, Janfon, Bertius, 8c quel-
ques autres; car dans leurs Cartes Géographiques vous voyez
Quéntovic mis pour Caen fur la rivière d'Orne , entre Bayeux
Se Falaife. D'autres eftiment que CaiusCéiar la fit bâtir. Se qu'il
k nomma Cadomum . comme qui diroit Caii domus. Cela eft
encore fabuleux , quoi que très-bien exgrimé dans un Poème de
M. Hallei Profeffeur Royal en éloquence dans l'Univerfîté de
Caen. Je crois qu'il faut mettre encore entre les étymologies
fabuleufes celle de quelques Auteurs qui turent le nom de Ca-
domum de la fituation de Caen , qui la rend raaîtreffe de la cam-
pagne voifîné , Campo domus. Le fentiment de Guillaume le
Breton n'eft pas plus heureux, lors qu'il s'eft imaginé que Caen
avoit pour fondateur un certain Caius Maître d'hôtel du Roi Ar-
tus. Samuel Bochart, qui n'a pas été un des moindres ornemens de
la ville de Caen , a thé ce nom du mot Saxon latinifé Kadomum ,
comme qui diroit demeure agrcubU ç^ divine. Quoi qu'il en Ibit ,
Caen n'eft point une ville ancienne , & n'eft conliderable que de-
puis le XIII. Siècle. Aujourd'hui elle eft graiide , belle, riche, 8e
bien peuplée. La rivière d'Orne la fèpare du fauxbourg de Vau-
celle, qui eft une grande partie de k ville: 8c elles lé joignent
par le polu Saint Jacques 8c par le pont Saint Pierre. La maifon
de ville , bâtie fur ce dernier , eft un grand édifice avec quatre
greffes tours. Caen a auffi un bon château bâti fur une éminen-
ce. Il y a encore de belles Eglifes , deux Abbayes , divers Mo-
nafteres , Se tout ce qui peut contribuer à l'ornement des villes ,
comme des édifices publics , des placer, des fontaines, des pro-
menoirs , Sec. J'ai déjà remarqué tous les divers tribunaux de
juftice qui font a Caen. Le Roi Henri II. y établit k Cham-
fain : mais les eaux n'y font pas bonnes. Il y croît auffi fort
peu de fruits. Pour ce qui eft des autres alimens, on dit qu'il
n'y a point de ville au monde , où ils foient meilleurs , 8e à plus
bas prix. Le mouton y a un goût excellent , 8c k livre n'en
coûte que quatre deniers. Les autres viandes , k volaille , le
beurre. Se le pain, fè vendent à proportion encore moins. Mais
le poilïbn fiais y eft aflèz rare , 8c l'on n'en pêthè aux environs
du port que de petits , en Automne , ou au Printems. Prefque
tous les "Turcs & tous les Tartares, qui font là, portent de pe-
tits bonnets de drap, doublez de peau de mouton. Et comme
le bonnet eft dans toute l'Afie la plus ordinaire coifSire des
Chrétiens , ceux de Caffa font obligez d'attacher aux leurs une
petite pièce de drap , ( comme en Allemagne les Juifs en ont à
leur manteau ) afin que cette marque les diftingue des Maho-
metans. La rade de Caffe. eft commode'. Se fort afllirée pour
les vaiflêaux. Il s'y fait un plus grand commerc<? qu'en aucun
port de la mer Noire. Le trafic le plus ordinaire eft depoiffon
falé , Se de Caviar , qui vient de la mer de 2,abache , Se qui le
tranfporte dans l'Europe , 8c jufques aux Indes. On dit que
l'on prend dans cette mer des poifîbns , qui pèlent huit à neuf
cens livres chacun , Se dont on fait trois ou quatre quintaux de
Caviar. La raifon que les gens du pays apportent de l'abondan-
ce Se de k groffeur des poiflbns , qui fe trouvent dans la mer de
Zaba'che, eft que fon eau eft limonneufe , Se peu falée , à
caufe du Don ou Tenais , qui s'y jette : c'eft pourquoi elle atti-'
re, difent-ils, le poilïbn du Don, Se de la mer Noire; Se le
nourrit Se l'engraiffe en peu de temps. La pèche fe fait depuis
le mois d'Oftobre jufqu'en Avril. Outre le tranfport du poilïbn ,
CAF.
f
CAG.
de. vient encore prendre à CafFa, du blé, du beurre, Se du fel,' d'une certaine racine qui leur fert de pain.Ontrduye dans leur pays
pourConftantinople, &pour d'autres lieux. Le beurre decepaïs des chevaux & des ânes fauvages, qui font mouclietez de pluùeurs
cft le plus excellent de Turquie. Les Vénitiens ont fouventdeman- couleurs très-vives Êc très-belles. Ordinairement les chevaux font
dé permiflion d'y négocier,mais on la leur a toujours refufée. L'an bien faits,& ont le dos 8c le ventre tachetez de jaune.de noir,d'écar-
1 6 7 z . le Chevalier Quirini fit de grandes' dépenfes pour robtenir,ik late,& d'azur : mais la peau des ânes fauvages cft marquée de blanc
l'obtint en ef&t;mais le Douanier de Gonftantinople la fit révoquer, 8c de couleur de noilétte. En 1 66i . les Sonqaas portèrent une de ces
ayant remontré au Grand- Vifir, que le négoce des Vénitiens lijr la peaux au C.ip de Bonne Elperance , Se la donnèrent pour du tabac
mer Noire étoit très-dommageable au Grand-Seigneur,8c à fon E- aux HoUandois.qui l'ayant remplie de paille, la fufpendirent dans la
tat j Que c'étoit ouvrir aux Princes Chrétiens une nouvelle voye de fale du château , comme une chofe digne de la curiofîté des étran-
communiquer,& de fe lier avec ceux,qui font fur les côtes de cette gers qui prenent terre fur cette côte.Ces Cafres font voleui-s de pro-
mer, lefquclsfupportent avec peine le joug des Turcs: Que cette teifion.Sc tout le bétail qu'ils peuvent enlever,ell: de bonne prife.Les
permiflion ruïneroit une infinité degens,fujets duGrand-Seigneur, : autres Hottentots ne fçauroient ni les attraper , ni les trouver dans
parce que les Vénitiens feroient en forte d'être feuls les voituriers _ leurs cavernesXçurs habits font des peaux de bufle coufués enfem-
de la mer Noire, 8c que chacun croiroit avoir plus de fureté de ; ble, dont ils font une eipece de manteau. Les femmes portent utl
s'embarquer avec fes marchandifes fur leurs vaiffeaux. Ces raifons J parafol fait de plumes d'autruche , qu'elles attachent autour de leur
furent écoutées du Grand-Vifir, qui ordonna au Gouverneur de t_ête.LesN<î>»/îg»«jfe tiennent à plus de cent cinquante,8cquelquei
Gonftantinople, de ne point laifferpaiferlevaiflèau Vénitien à la fois à deux cens lieues du Cap de Bonne Efperance. Ce ibnt des
mer Noire. * Le Chevalier Chardin , Voyage dePerfe en 167^. gens de belle taille. Ils fe couvrent le corps de peaux de bêtes , em-
GAFFE', boiffon faite avec de l'eau 8c une efpece de féves d'Ara- bellies de grains de verre de Cambaye,qu'ils achètent des Portugais*
bie, qu'on rôtit, 8c qu'on réduit en poudre, pour en faire une ! P»" des brebis & des chèvres , pénétrant fouvent jufque dans lÉ
décodtion,que l'on croit être bonne à la fanté.LesTurcs ufent beau- i Monomotapa. Les homm^es ont une plaque d y^-oire au devant d Ji
coup de cette boiflbn 8c s'en fervent à toutes les heures du jour
Elle eft aufli très-commune en quelques Etats de rEurope,comme
en Angleterre 8c en Hollande. Voyez le Traité duCajfé, duThé. 8cc.
C A F F I L A , troupe de gens , qui s'affemblent , pour paflèr
avec plus de iûreté dans les Etats du Grand-Mogol , en la terre-fer-
me de l'Inde. C'eft ce qu'on appelle ailleurs caravanne. * Mande-
flo , tome 2. ii'Olearius.
CAFRERIEjOuPays des Cafres, pays d'Afrique ,
qui occupe la côte la plus Méridionale de toute l'Ethiopie , aux en^
virons du Cap de Bonne Efperance. Les uns commencent ce pays
par le Cap Nègre du côté de Congo, 8c le finiffent à la rivière de
Cuama qui le fepare du Zanguebar ; 8c les autres le commencent 8c
le finiflènt au Tropique du Capricorne,tant deçà que delà le Cap de
Bonne Efperance. Toutes ces côtes de la Cafrerie ont onze ou dou-
ze cens lieues de longueur. Elles fo»t bornées dans les terres par u-
ne longue chaîne de montagnes , que les monts de la Lune forme ,
& qui enferment le Monomotapa. Les Portugais ont nommé Ficos
fragofos, pointes ou roches aiguës, cette partie des montagnes qui
s'avancent du côté du Cap de Bonne Efperance, qui eft le plus con-
fiderable du pays , 8c la pointe la plus Méridionale de l'Afrique. Ce
mot de Cafre veut âaefansRetsgio»&iona.doTmécenoni3.ux ha-
bitans de ce pays , parce qu'on a crû qu'ils n'avoient point de Reli-
gion. Ils ont divers Rois , 8c entr'autres ceux de Malemba,de Chi-
canga , de Sedanda , de Quietava , de Cefala , de Matavan, 8cc. Les
peuples y font noirs , brutaux , cruels; 8c il y en a même d'anthro-
pophages.^es Cafres du côté de l'Orient font beaucoup plus civils,
& pluheurs font fuj ets au Roi de Monomotapa. Ceux qui font près
de la mer vendent leurs denrées aux étrangers. On comprend dans
le pays des autres le royaume de Zofala , Cefala , ou Sofala , qui eft
fi abondant en or 8c en élephans , que quelques-uns le prenent pour
rOphir oià Salomon envoyoit fa flotte. Les Portugais y ont la
fortereflè de Cofala vis-à-vis Madagafcar ; 8c les Hollandois y ont
aufli celle de Chef de Table , qu'ils nomment Tafeléay.
CAFRERIE, ou côte des Cafres, pays vers la pointe Mé-
ridionale de l'Afrique , qui a l'Océan Indien à l'Orient : l'Océan E-
thiopique à l'Occident : l'Océan Méridional au Midi ; 8c les royau-
mes de Matanian 8c de Monomotapa , avec la côte de Zanguebar ,
ou les montagnes de la Lune , au Septentrion. C'eft unpayshabi-
bas ventre , 8c les femmes fe couvrent cette partie d'une belle peau.
Elles portent un parafol fur la tête,comme celles des Sonqsicis,S<. ont
le refte du corps nud. CesCafresobeïflJntàunRoi. Lorfqu'ils re-
çurent les Hollandois en 1661 , une troupe de joueurs d'inftrumens
les vint faluer: ils fouffloient chacun dans un rofeau , dont le fon
imitoit celui d'une trompette marine. Le Roi régala les Hollandois
de lait 8c de chair de mouton; 8c ceux-ci lui firent prefent d'eau de
vie , de tabac , de grains de corail , 8c de quelques morceaux de cui-
vre. Les HeufaqHas demeurent fort loin , au Nord-Ouëft du Cap;
On n'a jamais été dans leur pays; 8c on en a feulement vu quel-
ques-uns qui étoient venus fur la côte avec le CaeiàesChainonquas,
pour faire trafic de bétail.Ils font Pafteurs,comme les autresCafres,
mais ils ont cela de particuKer qu'ils s'adonnent à l'agriculture. Ils
cultivent entr'autres une certaine racine, qu'on nomme Dachf(.,<:pi
étant infufée dans de l'eau enyvre comme le vin le plus fort^ On dit
que ces Heufaquas tendent des pièges pour attraper des lions, qu'ils
apprivoifent , 8c les rendent auflTi dociles que des chiens ; jufque-
là même qu'ils les mènent avec eux à la guerre,8c les lâchent contre
leurs ennemis dans la chaleur du combat. ;Les Brigeudis n'ont point
encore été vus des Voyageurs : on a feulement ouï dire que c'étoit
un peuple fort riche en bétail. Les Hancumquas demeurent auprès
des Heufaquas , mais on n'a point de commerce avec eux.
La plupart des Cafres ont le teint bazané 8c olivâtre , le nez plat j
les lèvres grofl£S , 8c le vifage affreux. Ceux qui ont quelque com-
munication avec les Hollandois fe civilifent peu-à-peu : les autres
font fort fauvages , 8c vivent dans une grande ignorance. Leurs ar=
mes font l'arc 8cles flèches avec un zagaye , ou un javelot. Ils ne
fe nourrifl"ent que de racines cuites dans l'eaujou rôties fur les char-
bons; de la chair de leurs plus méchantes bêtes, (qu'ils ne tuent
point, li elles ne font vieilles ou malades ) ou du poiflbn qu'ils trou-
vent mort fur le rivage. Ils fe font un morceau délicat d'un chien
de mer, 8c il ne leur en manque pas, car il en vient par centaines fur
la côte; 8c les Sauvages les tuent à coups de bâton. Ils s'adonnent
aufli à la chaflè des élephans , des élans , des rhinocéros , des tigres *
des lions, 8cdesbufleSi Les Cafres vivent fort long-tems, 8c la
plupart vontjufques à centjoufix vingts ans. On enterre les morts
aflis 8c nuds , 8c l'on obfèrve dans leurs fimerailles une cérémonie
très-fâcheufe:car tous les parens du deftmt font obligez de fe cou-
per le petit doigt de la main gauche pour le jetter dans la folïèau-
té par divers peuples , qui ont chacun leurs Chefs particuliers. Les près du mort. C'eft pourquoi ils n'aiment pas à voir mourir leurs
principaux de ceux , qu'on a découverts, font les Goringhaiconas, parens. Les Cafres vivent à la campagiie fous des tentes , faites de
les Gorachouquas , 8c les Goringhaiquas, qui demeurent tout vers
le Cap de Bonne Efperance , à cinq lieues aux environs du fort des
Hollandois , 8c les Cochoquas , les Cariguriquas , les Hofaas , les
Chainouquas , les Cobonas , les Souquas , les Namaquas , les Heu-
faquas, lesBrigoudis,8clesHancumquas. Voici ce que les Voya-
geurs nous difent de ces peuples dans leurs Relations.LesGor/B^to-
conas, que les HoUandois appellent i%*c^w^w/, c'eft-à-dire, How-
mes d'eau, font quatre ou cinq familles de Cafres , qui font environ
le nombre de cinquante peribnnes , fous la conduite d'un Chef.
Les Gorachouquas , fiirnommez Larrons de tabac, font trois ou
quatre cens hommes capables de porter les armes,qui ont aufli leur
Capitaine. Les Goringhaiquas , ou Gens du. Cap , parce que ce font
eux qui s'attribuent la propriété du Cap de Bonne Efperance ,
, peuvent fournir environ quatre cens bons Soldats, 8c obeiffent à un
petit Prince. Les Cochoquas, on Soldanhars , font. quatre ou cinq
cens familles, qui occupent quinze ou feize villages dans les vallées
de Saldanha-bay , qui Ibnt à vingt-fèpt lieues du Cap de Bonne Ef-
perance , vers le Nord-Ouëft. On dit qu'ils ont plus de cent mil-
le bêtes à cornes,8c que leurs moutons au-lieu d'une laine frifée ont
le poil long 8c moucheté de diveriès couleurs. Ces peuples ont un
Chef, lequel prend le titre de C(!^^2«e , 8c prétend être le Roi de
tous les Cafres qui demeurent aux environs du Cap,a quatre vingts
• lieues à la ronde, hes Cariguriquas if.\es Hofaas demeiiTent -proche
des vallées de Saldanha-bay, Se font le métier de Pafteurs. Tous
ces Hottentots ou Cafres habitent vers le Cap de Bonne Efperance :
ceux dont je vai pai-ler, font plus éloignez de la côte. Les Chai-
nouquas demeurent à plus de trois mois de chemin du Cap; leur
Chef eft habillé d'une peau de léopard , 8c a tout le corps reluifant
de graifle, félon la coutume du pays. Les Coionas ibnt 2.u-deli
des Chainouquas. Ce font des anthropophages , qui rôtifîent tout
vifs ceux qu'ils attrapent , fans épargner les Cafres même : ce font
les plus noirs d'entre lesNegres,8c ils portent les cheveux fort longs.
Les Sonquas habitent fur de hautes montagnes. Les hommes 8c les
femmes s'adonnent à la chaflè. Aufli ne vivent-ils que de venaifon,8c
branches d'arbres,8c couvertes de nattes de jonc. Il y en a de fi gran-
des qu'une famille de trente perfonnes s'y peut retirer. Tous les
Hottentots du Cap pai'lent la même Langue , mais elle eft fi confu-
fe, que leurs mots reflTemblent plutôt au fon des cloches , qu'à des
paroles articulées. Le Langage des Bas-Bretons 8c des Bafques eft
fort doux en comparaifon du leur. Qiioi que les étrangers ne puil-
fcnt apprendre leur Langue , les Cafres néanmoins apprenent bien
celle des étrangers 8c il y en a déjà beaucoup qui fe font entendre en
Flamand. Ces peuples ne font pas beaucoup d'état des toiles,des é-
tofes de laine , des miroirs , ni des fonnettes dont les Nègres font fi
amoureux; mais ils eftiment le fer , le cuivre , le laiton, les haches ,
les coiiteaux , 8c autres pareils inflrumens. Ils aiment aufli le co-
rail , le tabac , 8c l'eau de vie. Ils donnent une vache pour deux pie-
ces de laiton de la largeur de la main , aVec un morceau de tabac. A
l'égard de leur Religion , ils reconnoiflènt qu'il y a un Être Souve-
rain , auquel ils donnent le nom de Humrrta : mais ils ne l'adoreni
gueres , que quand il leur envoyé du beau tems;8c ils fe plaignent
de lui, lorfque le vent ou la pluye,Ie froid ou la chaleur les incom-
modent. Ils rendent aufli quelque culte à la Lune , lorfqu'elle com-
mence à paroître : alors ils paffent toute la nuit à chanter 8c à dan-
fer. *Dapper, Defcrip.de l'Afr. SUP.
[ Il faut ajouter à cela , qq^on nomme Cafres ces peuples du mot
Arabe Cufir , 8c au pluriel Cafiruna, nom que les Arabes donnent à
tous ceux qui nient l'unité d'un Dieu. * Ludolt. Hi/l .^th.l. i.c,
CAGAN,ouGacan, nom qu*on croit avoir été commun
aux Rois des Huns. Und'entr'euxiejettaavecfes troupes fur les
terres de Sigcbert Roi d'Auftrafîe,fur k fin du VI. Siècle. Ce Prin-
ce les vainquit d'abord ; mais étant revenus deux ans après en
5-7 1 . ou yy 2 . au lieu d'armes ils fe fervirent d'enchantemens. Ce
qui épouvanta fi fort les François qu'ils furent inveftis fans fe pou-
voir défendre. Sigebert ne pût fortir de cette extrémité qu'à force
d'argent , Se en leui- fourniflànt encore des vivres dont ils avoient
befom s
8 CAG. CAH.
befoin. *Gregoii-edeTours,/. 4. fè. iS-é-ir-Aimoin, li.^.ch.
6,^ 1 1.
C A G A N U S , Roi des Avares , dans la Scythie Européenne,
ayant tué Giiulfe; Duc des Lombards en Italie, Scafliegeantla
ville de Frioul en 6 1 2. avec une puilTante armée, fut vu par Romil-
da femme de Gifulfe, lorfqu'il viiitoit fes troupes dans le camp;
& cette Princeffe fut fi charmée de la beauté de ce jeune Roi, qu'el-
le lui fit Içavoir 's'il vouloit l'époufer, elle lui livreroit la ville.
Ce Barbare accepta lesoiftes, entra dans la ville , & la prit pour
femme pendant un jour: mais le lendemain il l'expofa à douze
jeunes foldats , pour aflbuvir la paflîon de cette Princeflè lafcive &
impudique, après quoi il la fit empaler. Il ne fut pas content de
cette inhumanité, il fit fortir tout le peuple de la ville, y mit le
feu, & brûla toutes les richeffes que les Princes Lombards y avoient
renfermées depuis long-tems comme dans un lieu de fureté. * Sa-
belllié.ô.SUP.
CAGLI, ouCaglio, Cale, Calk, Callium , ville d'Ita-
Ee dans le Duché d'Urbin, de l'Etat Ecclefîaftique , avecEvêché
fuflragantd'Urbin. Elle a eu durant quelque tems le nom deCKe
S. Ange. Cagli eft fituée au pied des montagnes , vers le confluant
de la rivière de Cantiano & de Boafi , entre Urbin 8c Eugubio.
CAGLIARI, Caglier, ou Caileri, en Latin
Calaris, ville capitale de Tlfle de Sardagne, avec Archevêché &
fiege du Viceroi. Elle eft fituée fur un petit mont , au bord de la
mer , avec Un bon port; Se elle eft divifée en trois bourgs differens.
Outre fon commerce qui la fait valoir, elle eft encore habitée par
une partie de la Nobleffe del'Ifle. Elle donne fon nom à un cap
voifinditC/i^oC/ï^toJ. Tite-Live, Pomponius Mêla & Pline,
parlent de Cagliari; ce qui témoigne que c'eft une ville très-ancien-
ne. Il en eft aulTi fait mention dans l'Itinéraire d'Antonin 8c dans
Claudien. Jacques II. Roi d'Aragon laprit en 1336. Et depuis ce
tems , elle eft foûmife aux Efpagnols aulîi bien que le refte de l'Ifle.
Cette ville a pourtant des privilèges fînguliers. Le fiege Métropo-
litain y eft fondé dès les premiers fiecles du Chriftianilme , puifque
le célèbre Lucifer en étoit Prélat fous l'Empire de Conftantin le
Grand 8c de Conftantin lefeune. Il y aun Ouvrage Latm impri-
mé l'ani 6 3 9 . à Cagliari fous ce titre : Defenfiofanciitatis B. Lucife-
ri, n.cnon frimatus Archkfifcofi Calaritani. * Tite-Live, li. 30.
LeandreAlbertijDe/r. //■-*/. Le Mire, Not.Effc. Orfc. Claudian ,
tleBel.GHJ.
Tenditur in longum Calaris, tenuemqiteper undas , érc
C A G L I O. Cherchez Cagli.
CAGNATI, (Marcilio) de Veronne, célèbre Médecin, a
vécu au commencement du XVII. Siècle, fous les Pontificats de
Clément VIII. 8c de Paul V. Il étudia à Padouë fous Zabarella , 8c
ayant fait un très-grand progrès dans les Langues , dans les belles
Lettres , dans la Philofophie , 8c dans la Médecine , il s'acquit beau-
coup de réputation. Aulfi fut-il choifi entre tant de grands hom-
mes qu'avoit alors l'Italie , pour enfeigner à Rome, où il paflale
refte de fa vie. Cagnati étoit extrêmement mélancolique , paroif-
foit même fevere , 8t ne parloit qu'avec peine : mais s'exprimoit
pourtant dans les occafîons avec une admirable facilité 8c avec
beaucoup (^'éloquence. Nous avons divers Ouvrages de fa façon.De
fanitate tdenda lié. U. Opufcida'varia , é^c. * Janus Nicius Ery-
thra:us, Ipin.J.Imag.lllufi.c.^i. Vander Linden , de Script. Medic,
CAQNAZZO, ( Jean de Tabie ) eft connu fous le nom de
Tabienfif , bien que le fien fût Cagnazzo , ou Cagnatius , mais il
eut celiii-là du lieu de fa naifîànce , qui eft un bourg fur la côte de
Gènes 8c dans le diocefe d'Albinga. Ce bourg efi: aujourd'hui fa-
meux par fes bons vins mufcats.Jean,Religieux de l'Ordre de Saint
Dominique, fut ami du Cardinal Cajetan , à qui il dédia fa Somme
des cas de confcience ; qu'on appelle ordinairement Sumtna Tabie-
naoM Summa Simmarum. U vivoit en I5'i4. * Bellarmin , de
Script. Ecclef.ljzsndeT Alberti, Defcript.Ital. Antoine de Sienne,
^eilluflr. Domin. Soprani , Scrit. Ligur.
CAGNOLI , ( Belmonte) connu fous le nom de VAbbate Ca-
gnoli. Italien, a été aflèz eftimé au commencement du XVII.
Siècle. Il avoit à la vérité de bonnes qualitez , mais ces qualitez
étoient accompagnées de tant de défauts,que les uns obfcurciflbint
les autres. Il a laiflé divers Ouvrages en profe 8c en vers, comme
un Poërr.e de la deftruftion d'Aquilée , un Eloge de Saint Grégoire
le Grand, 8cc. * Janus Nicius Erythrœus , Pin.I.lmag iUuft.c.^.
Le Mire , Je Script. Sic. XVII. é^c.
CAGNOLI, (Jérôme) Jurifconfulte ceIebre,étoit de Verceil,
8c fon mérite le fit aimer du Duc de Savoye , qni le fit Confeiller
d'Etat , 8c Chevalier de l'Ordre de S. Lazare, Il profefla affez long-
tems à Turin,8c puis à Padoue , où la Republique de Venife l'attira;
8c il y mourut le i. Février de l'an if y i. âgé de 5-9. ïlacompofé
divers Ouvrages. Vari^ legumenarrationes. Devitaf^regimineboni
îrincipis, ^c. *Thomafini, inElog.
CAHIER, (Pierre- Viftor Palma) Dofteur en Théologie de la
Faculté de Navarre , avoit quitté le Calvinifme pour embraflêr la
Rehgion Romaine. Il mourut au Collège de Navarre en 1 6 1 o.le'8.
jour de Mars, 8c fut en terré le lo.dansT'EglifedefS. Viftor, ou il
avoit élu fa fepulture par fon teftamenf. Il a écrit l'Hiftoire de ce
qui s'eft paiTé pendant fept années depuis la paix de Vervins , faite
en 15-98. 8c deux Livresjdontl'un eft intimié CmfiUumpiumde com-
ponendo Keligionis dijftâio ; 8c l'autre, Remède aux diJfolntions publiques,
préfenté à Mcflieurs du Parlement. * J. de Toxx\o\iiç,Antiq.Abbat.S.
yiiîor. [Il fe nommoit plûtôtCayf*. Voyez M.Bayle,CuT cet Article.]
C A H O R S, fur le Lot , ville de France , capitale de la provin-
ce de Querci, avec Evêché fuffragant de Bourges , SenêchauiTée ,
8c Univcrfité. C'eft U Divona Cadiircorum des Anciens , que les
Auteurs du bas Empire nomment Caditrcum. Elle eft fituée dans
une peninfule.que forme la rivière du Lot,Sc elle eft élevée d'un cô-
té fur un rocher cfcarpé , où étoit. autrefois bâtie la citadelle. Ca-
CAJ-
hors eft une ville ancienne,airezgrande,8i bien peuplée. Ptolomce
8c Pline en font mention. Aufone aflûre qu'Exupere fameux Rhé-
teur de Touloufe mourut en cette ville,qui a été depuis honorée par
la naiflânce de Jacques d'OlTat , premièrement EvêquedeFrejus,
puis Cardinal,8c Souverain Pontjfe,fous le nom de Jean XXII.C'efl
ce Pape , qui pour témoigner l'amour, qu'il avoit pour fa patrie ,' y
fonda l'an 1 3 3 1 . une Univerlité, qui a eu en divers tems des Profef-
feurstrès-celebres. Bzovius s'eft trompé en difant que ce Pape y
fonda l'Evêché.il y eft établi dès les premiers llecles du Chriftianil-
me .L'Eglife Cathédrale de Saint Etienne eft des plus anciennes , 8c
on croit même que Saint Martial la confacra.Il y a eu plufîeurs il-
luftres Evêques; Genulphe, Urfîcin, Didier , 8c Ambroilè y font re-
connus pour Saints ; les plus renommez des autres font Geraut
Heâor , Guillaume Bertrand , 8c François Cardaillac , Geraut de
Ëarras,Sicard de Montagu, Hugues Geraldi, Guillaume d'Arpajon,
Jean de Cafternau , Louis d'Albert,8c Dominique de Carrete Car-
dinaux', Pierre Bertrand , Antoine Ebrard de S.Sulpice , Pierre Ha-
bert , Alain de Solminihac, 8cc. Ce dernier, dont la mémoire eft
en bénédiction, y tint un Synode l'an 1639. Outre la Cathédrale ,
il y a grand nombre d'autres Eglifes,de Monafteres, 8c un Colleo-e
de Jefuites depuis l'an lôoy.L'Evêque prend le titre de Comte de
Cahors,8t on y dit qu'il eft en droit d'officier avec la botte 8c les épe-
rons. Quelques Auteurs ont pris cette ville pour l'Uxellodunum,au.i
fut la dernière qui fe défendit dans les Gaules contre Céfar ; mais
bien qu'elle ait été dans le Quercy, il n'y a pas apparence que ce foit
Cahors.La rivière de Lot fert aux habitans pour diverfes manufac-
tures , 8c on l'y paflè fur trois ponts de pierre. Cahors fouflfrit beau-
coup dans le XVI. Siècle, durant les guerres civiles. En 15-62. les
Huguenots , avec le fecours des écoliers , qui étudioient en Droit
fous François Roaldes grand Jurifconllilte , commencèrent à y
faire des prêches publiquement , ayant fait venir de Montauban un
Miniflré nommé Dominique Ceftat. Les Catholiques s'en formali-
ferent , 8c prirent les armes pour l'empêcher, ce qui ne fe put faire
fans que plufîeurs y perdifiènt la vie. En 15-80. le Roi Henri IV,
qui n'étoit alors que Roi de Navarre , prit la ville après-un fiege de
trois jours , 8c la mit au pillage. Cahors étoit en ce tems-là une ville
forte , tant par fon afliette, quwpar le moyen d'un château bâti fur
un roc, quiadepuis été détruit. * Ptolomée, //. 2, Pline, //. a,..
ch. 19. Grégoire deTours. //. 2. ch. z.^li. ç).ch. 20. Hijl. Hau-
KCerxe, Hift.d'Aquit.li. i.ch.S.De Thou, Hiji. li.^i. (^ feq. Du
Cheihe , Rech.desant. des villes. Papire Màffon , Defir.flum.Gall.
Sainte Marthe, Ga/Ï.C^r//?. François Roaldez, Difcours des chofes
mémorables de Cahors , en 1482. Guillaume de la Croix, deEpifi.
Cadurc. é^c.
C A J A D O , (Henri) connu fous le nom d'HENRicus Caj a-
Dus , Poète Portugais , vivoit fiir la fin du XV. Siècle , vers l'an
1495'. Un de lès oncles nommé Nonio Cajado lui perfuada de paf-
fer enItalie,où la réputation d'AngePolitien l'appelloit d^is long-
tems; 8c où il s'attacha à ce grand homme, 8c confultaaufll les
Sçavans qui étoient à Florence , à Ferrare , 8c à Bologne. On pu-
blia en I j-o I . un Recueil de fes Poëfîes fous ce tître , Eclog£ (^ Epi-
grammata. Cajado étudia aufli en Droit comme on en peut juger
par ces vers qu'il envoya à fon oncle.
Legibus incumbo , Noni, tua jujfa fecutus :
Namque jubere potes, ^ pater & dominas ,
Jngenium , Mufas , litam tibi debeo ; C^far
Non dan flura poteft , no» date plura Deus.
On ne fçait pas en quel tems il eft mort. * Erafme , in Cicett
François Beroalde, inRefp. ad Texeir. Nicolas Antonio, Bibl, Script.
"'fP- . . .
CAJANEBURG, Voyez Cajanie.
CAJANIE, ou Bothnie Orientale , province de Suéde dans
la Finlande, entre le golfe de Bothnie 8c la Laponie. Le principal
de fes bourgs eft Cajaneburg avec une fortereffe , près du
lacd'Oulo. Voyez Bothnie.
CAJ ANS. Cherchez Caïnites.
CAJAPHAS. Cherchez Caïphe.
CAJAZ!Z,08cGaiazzo, Calatia , ville d'Italie dans le
royaume de Naples , en la Terre de Labour, avec Evêché fuffra-
gant de Capouë. Elle eft fituée près de la rivière du Vulturne ,
entre Capouë,Thelefe,8c Caluy. Cajazzo eft aujourd'hui peucon-
fiderable , elle eft pomtant ancienne ; Ciceron, Céfar , Pomponius
Mêla, Pline, 8cc. en font mention.
CAIENNE, ou la Caienne , eft une ifle de l'Amérique Méri-
dionale dans la Guyane , environ à cent lieues de la rivière des A-
mazones; elle regarde au Midi l'embouchure de la rivière de Ca-
ienne, qui lui donne fon nom. Cette rivière a fa fource dans
les montagnes près du lac de Parime , prend fon cours par le pais
desGalibis, 8c le continue près de cent lieues. L'ifle que cette ri-
vière embraflè a de longueur à-peu-près fept lieues, environ trois
de largeur, 8c prefque dix-huit à vingt de circuit. Elle eft bonne
8c fertile;les François s'y font établis les premiers en 1 625-. 8c y ont
le fort de Ceperou 8c quelques autres colonies depuis l'année 1635'.
Mais n'y ayant pas eu toujours un fuccès favorable, ils ont été con-
traints plufieurs fois de fe retirer . Ils y revinrent en 1 640 8c enco-
re en 165-2. en 165-4. ils s'en retirèrent faute de fecours. Les Hol-
landois s'y habituèrent vers l'année 165-6. 8c ils yrefterent juf-
qu'en 1 664. ils en furent chaflèz par les Sieurs de Tracy 8c de la
Barre. Les François s'y étant ainfi retablis,en furent chaflèz l'année
1 67 6. par les Hollandois , qui à leur tour en furent chaflèz l'année
1677 .par M.le.Vice- Amiral d'Eftrées.Confultez le Voyage de Biet-
CAJETAN. Cherchez Boniface Vliï. Sa famille étoit ori-
ginaire d'Efpagne, comme je l'ai dit ailleurs, 8c vint s'établir en
Italie dans la ville de Cajete ; on aflure que c'eft de là qu'elle prit le
nom
CAJ. CAL
jiomdeCajetan. Il yaeuplulîeursCardinauxdccenom. Le plus
ancien efl: Je A*( Cajet an, ainli nommé; parce qu'il étoitdeCa-
jette. Il tut éiû Pape fous le nom de Gelafe IL Grégoire Ca-
jet an, natif de Pife félon Ughel , a été mis au nombre des Car-
dinaux par le PapePafchal II .vers l'an 1 1 o^.où il ligna cette fameu-
lè tranfaélion duPape avec l'Empereur pour les Evêchés d'AUema-
gne.en i n i . £c l'année d'après il fe trouva au Concile de Latran.
Ughel lixe le tems de fon décès en 1 1 2 1 . mais il eft fur , qu'il eft
mort devant l'an 1 1 1 8 .Girard CAjETAN,Chanoine de Pife,ftit mis
au nombre dcsCardinaux par Eugène Ill.en i if o.Anafl:afeIV.ren-
voya Légat en Allemagne , & il mourut en revenant l'an n 5-4. B e-
NOiT Cajetan étoit neveu d'un autre Cardinal de ce nom ,
qui eft le même qui fut depuis Pape fous celui de BonifaceVlII.Ce-
lui-ci fut nomme /extase; Celefbin V. le créa Cardinal Diacre du
titre de SaintCôme Se deSaint Damien,aux quatre-tems deSeptem-
bre de l'an iiSM-- il mourut en 1296. François Cajetan, na-
tif d'Anagnie , étoit neveu du même Boniface VIII, qui le fit Car-
dinal en 1 295. Ciaconius dit , qu'avant cette promotion il avoit été
Chanoine de Port, Chapelain du Pape,& Threforier de l'Eglife Ro-
maine. Il prit le parti de fon oncle contre Guillaume deNogaret,&
ilm0urutle9.de l'an 1317. Jean Cajetan desUrfms, Romain
de nation,fut crééCardinalDiacre,du titre de Saint Theodore,Ie" 17.
Décembre de l'an 1316. par Jean XXII. qui l'envoya Légat en Ita-
lie. Il s'acquita aflèz, bien de cette commiffion, & il mourut à Avi-
gnonl'an 1 329. ANTOiNECAjETAN,Romain, étoit Patriarche d'A-
quilée,8c fut eftimé par fa naiflànce & par fon merite.Le PapeBoni-
tace IX. fe voulant faire des créatures lui donna le chapeau de Car-
. dinalen 1402.II eut beaucoup de part aux affaires de fon tems, 8c il
mourut l'onzième Janvier de l'an 1412. Son corps fiit enterré dans
l'Eglife de la Minerve , où l'on voit fon épitaphe. Nicolas Cj^e-
-TAN de Sermonete naquit à Rome, le vingt-quatrième Avril i^i6.
Le Pape Paul IILqui étoit fon parent,le créa Cardinal le 1 3 . Mars de
l'an 1538. qui n'étoitquele 12. de fon âge. Depuis , il fut Légat en
Tofcane,Archevêque deCapouë,& protefteur du royaume d'Ecof-
fe.Il mourut en i jSf.fic fut enterré dans l'Eglife de nôtre Dame de
Lorette , où il s'étoit fait élever un tombeau , qu'on y voit encore.
CAJETAN, Cardinal. Chercher de Vio , Se Boniface VIII.
CAJETE. Cherchez Gaieté.
CAIFUNG , ville autrefois capitale de la province de Honan
dans la Chine. Elle étoit fituée dans un fond au fud de la rivière de
Huang,qui n'en eft éloignée que d'une lieuë & demie:8c parce que
l'eau de ce fleuve étoit beaucoup plus haute que le terrpir de la ville,
•il y avoit une grande digue toute de pierre,qui la retenoit & l'empê-
choit d'inonder la campagne. Lors que cette viUe fut afliégéepar
l'ufurpateurLyncungh-en 1 642,les aflîegez percèrent la digue pour
fubmerger l'armée ennemie; ce qui réuffit , & obligea les alfiegeans
de fe retirer fur des hauteurs : mais les mêmes eaux ayant pris leur
cours vers Caifung , 8c y venant fwidre avec impetuolité,renverfe-
rent toutes les maifons,noyerent plus de trois cens mille habitans,
& firent ungrand lac de cette ville,qui étoit autrefois leféjour des
Empereurs. Ambaflàdedes HoUandois au Japon, iUP.
CAILLERI. Cherchez Cagliari.
CAIMACAN , dans l'empire Otthoman , eft le nom du Gou'
verneur de Conftantinople,qui eft comme le Lieutenant du Grand-
Vifir. Outre celui-là , il y en a encore un autre,qui eft toujours au-
près du Sultan. On choiiit ordinairement pour Caimacan de Con-
ftantinople un homme courageux , intrépide , 8c capable de refifter
aux infuîtes des JanifTaires 8c des autres troupes , qui fe pourroient
mutiner en l'abfénce duGrand Vifîr,fous prétexte du méchant gou-
vernement des Miniftres. Quand il arrive quelque incident entre les
gens de guerre, ou entre les Ambafîàdeurs, le Caimacan en donne
aufli-tôt avis au Grand Vilîr , ou bien il va recevoir les ordres du
Grand-Seigneur. Lors que le Grand Vilîr eft à Conftantinople , le
Caimacan n'a aucune autorité.On a vu de ces OlEciers parvenir à la
charge de Grand- Vifir. SOT.
CAÏMAN , ifle de l'Amérique Septentrionale dans le golfe de
Mexique.célebre par la pêche des tortues. Elle eft au Septentrion de
l'iUe de Cuba , 8c on la nomme Caiman U grande, pour la diftinguer
d'une autre de ce nom fur le même golfe dite Caiman pequegna , la
^e/rfeC«i»3«», aujourd'hui aux Anglois.
CAIMI, ouCaimo, (Eufebe)d'tjdiné, Evêque de Cita-nova,
a vécu dans le XVIISieclciil étoit firere de Pompée excellent Méde-
cin dontje parlerai dans la fuite. Leur famille eft originaire de Mi-
Ian,où elle a été des plus confiderables,8c depuis elle s'établit dans le
Frioul en l'Etat de Venife,8c Jacques Caimo y fut père de ces deux
grands hommes dont je |)arle.Eufebe étudia à Padouë fous le Jurif-
confulteMenochius,8c s'etant beaucoup avancé dans la connoilTan-
ce du Droit Civil 8cCanon,il eut des emplois importans àUdiné,qui
étoit fa patrie,8c fut un de ceux que le Sénat avoit nommés pour fi-
xer les limites de cette province. Depuis il eut une Chanoinie àA-
quilée,8c ayant été envoyé à Venife en 1 606. pour y complimenter
le nouveau Doge Jean Bembo,il s'y acquit tant de réputation , que
l'Evêché de Citta-nova d'Iftria o\iy£moma ayant vaqué peu de tems
après par la mort de François Monini,qui étoit auffi d'Udiné , Eufe-
be Caimo fut nommé pour remplir fa place. C'étoit un Prélat de
grand merite,fçavant,zelé,8c ami de la paix.Il mourut en 1 640 . âgé
de 75-. U a laiflë quelques Ouvrages manufcrits. Rejfonfirum -votu-
minall. Deretrailuli.UI.jHris mifcellanea. *Thomafîni, in Vit.
illufi. -uiror.
CAIMI, ou Caimo , (Pompée) d'Udiné , célèbre Médecin ,
étoit frère d'Eufebe dont je viens de parler. Il étudia fous Jérôme
Mercurialis,8c comme il avoit un efprit propre pour les Sciences 8c
pour les Langues , il s'y avança beaucoup , &c fa doftrine lui acquit
une grande réputation. Plufîeurs Princes d'Italie s'empreflbient à
i'envi de l'attù-er dans leur Cour.mais étant appelle à Rome, il y fut
domeftique'du Cardinal de Montalte 8c Profeifeur au Collège Ro-
Tem. a.
CAi.
9
main. Depuis le Sénat de Venife l'ayant attiré à Padouë , il y en-
feigna encore la Médecine, 8c il publia divers de fes Ouvrages, 8c
entr'autres III. livres De m//Wow»«?o. Céfar Crcmonini improu-
va fes principes,comme Céfar Lagala l'avoit déjà fait à Rome. Ce-
pendant , la pefte étant à Padouë , Caimi fe retira à Titiano dans te
Frioul,8c il y mourutle 30. Novembre del'an 1 631 âgé de 63. Ou-
tre le Traité dont j'ai parlé,il en a écrit divers autres. De feériumpa-
triJarum indicationibus. De mbilitate. Dell' mgegno humano , é'd
* Thomalini, in Vit. illuft. viror. Imperialis, w Muf. Hijlor. Ta-
n^^'^iCMsErythixas,PimcJ.imag.illft/i.c.îT.6>c.
CAIMO. CherchezCaimL ^ ^ "' '^
CAIMO, (Marc-Antoine) Jurifconfulte de Milan, Profeflèuf
dans lUniverfitedePavie,avécuen i^-j-o. L'Empereur Charles Vj
1 honora de fon eflime. Il a écrit fur le Code, 8cc.
,S^'^'.^°'^^ ^^ '^°'^ ^'g"'fie '*':'P*-fitim, fils aîné d'Adam 8c
d Eve, naquit au commencement de la féconde année duMonde,gc
laboura le premier la terre. Il offroit des fruits de fon travail à Dieu,
8c fe laiffa h fort emporter à l'envie , voyant que les facrifices de fort
trereAbel avoient été mieux reçus que les fièns, qu'il le tua l'an'
1 3 o.du Monde. Son crime ne lui ouvrit point les yeux ; 8c lors que
Dieuluidemandaoùétoit Abel,il lui répondit qu'il ne fçaVoitoù
il étoit, 8c qu'il n'en étoit pas le gardien. A caufe de ce crime il fut
maudit 8c condamné à être vagabond fur la terre. Après avoir*
couru long tems, il établit fa demeure en un lieu nommé Nodi
ou il eut plufîeurs enfans. Mais tant s'en faut que fon châti-^
ment le rendît meilleur , qu'au contraire il devint encore pii-e.-
Car il s'adonna à toutes fortes de voluptez , ravit pour s'enrichir
le bien d'autrui , ralTembla des méchans 8c des fcelerats , dont il fe
rendit le chef, 8c leur apprit à commettre toutes fortes de crimes
8c d'impietez. Il fut le premier, qui mit des bornes pour diftin-
guer les héritages , 8c qui bâtit une ville. Il la nomma I.noch ou
Enochie;J[\i nom de fon fils aîné , l'enferma de murailles 8c la
peupla d'habitans. L'ancienne Tradition des Hébreux , que Saint
Jérôme femble approuver , 8c qui l'a été depuis par Rupert , Raba^
nus Maurus,Liranus, Cajetan, Abulenfis, 8c par divers autres i
rapporte des chofes aflèz fingulieres touchant la mort de Caïn . Car
elle afsûre qu'il fut tué parLamecqui allant à la chaire,8c voyant re-
muer les feuilles d'un buiflbn fous lequel le même Caïn étoit cou-^
ché,crut que c'étoit une bête fauve, lui décocha une flèche 8c le tua.-
l'an 688. du Monde,felonTorniel 8c Salian.Les autres eftiment que
ce ne fut que l'an 701. Quoi qu'il en foit , plufîeurs des Pères
obferyent que Caïn a été l'origine delà maifon du Diable , comme
Abel l'eft de celle de Dieu.Saint Auguftin remarque plufîeurs autres
chofes , comme qu'Abel eft la figure du Sauveur du Monde gc des
Chrétiens perfécutez, 8c que Cam Teft des perfécuteurs. Mais ces
réflexions ne font pas de ce fojet. * Genefe, c. 4. Jofeph, //. i.
Ant.c.i.. S. Jérôme, ef.ixj.adDamaf.q. i. Tomiel , Salian , 8c
Sponde, in jinnal. Vet. Tejlam. Si Auguftin , /;. tf.de Ctv. c. 1 . Pere->
rius, Liranus, 8cc. in c. ^.Gen.
CAïNAN l'uincien, fils d'Enos, naquit l'an 526.duMonde,-
Son père étoit âgé de quatre-vingt-dix ans. Il eut Malaléel àfoixan^
te 8c dix ans , le 396. du Monde, 8c il mourut âgé de neuf cens dix ,-
en 1 2 3 f. du Monde. * Genéfe, f. Torniel , 8c Salian , in AmM.
CAiNAN lefeme,fih d'Arphaxad , né l'an 1694. du Monde , -
fon père étant âgé de trente-cinq ans. Sala fon fils naquit l'an 1724;
8c pour lui, il mourut âgé de trois cens foixante ans i en 205-3. d«
Monde. * Genéfe 1 1 .v. i^. félon les Septante , 8c Luc. 3 . i;. 3Ô.
CC^ Il faut remarquer que le nom de ce fécond CaiJian ne fe
trouve ni dans l'Original Hébreu de la Genélë 8c du Deuterono-
me, ni dans la Vulgate, ni dans la Paraphrafe Chaldaïque , ni
dansjofephe, ni dans Philon, ni dans Théophile d'Antioche , ni
dans Jule Africain.ni dans S.Epiphanejmais feulement dans la Tra-
duftion des Septante, 8c dans la Généalogie de S. Luc^ommejc
l'ai marqué. Plufîeurs Auteurs croycnt qu'il s'y eft glilTé par la fau-
te des CopLftes ; foutiennent que dans les plus vieux exemplaires
il ne fe trouve point ; 8c font d'avis qu'on l'omette. Auguftin d'Eu^
gubio , Sixte de Sienne , £c quelques autres Modernes le difent un
peu hardiment. Cajetan , Janfenius de Gand , 8c d'autres s'effor-
cent de trouver un milieu à cette difficulté, en foutenant que S.Lud
a fuivi Amplement la Verfion des Septante , qui de fon tems étoit la
plus reçuë.Mais les plus fçavans Modernes, après grand nombre de
Pères Grecs 8cLatins,reriennent la généalogie deCaïnan,8c avouënÇ
qu'il vaut mieux confefler qu'on ne fçait pas la caufe de l'omifl^ion
de fon nom dans l'Hebreu.que d'accufer de corruption le Texte de
rEvangelifte:ou d'avoir fuivil'erreur des Septantexe queTorniel 8c
Salian prouvent par de Iblides raifons,8c par l'autorité de Saint Au-
guftin, de Bellarmin, de Pererius,2c de plufîeurs autres Modernes,
Le même Salian établit cette vérité , par vingt-fix ou vingt-fept ar-»
gumenstrès-perfuafîfs. * Sixte de Sienne, /(. f.Biél. S. num. 88.
Auguftin d'Eugubio , in cap.ii. Genef. Cajetan , in cap. 3 . Luc. ]an-
fenius, Ccn.Evang.c. i4.Genebrard, ;» C^ro». Torniel , Sponde, 8ç
Salian , in Annal. Vet Tefl. A. M. 1 694. ^c.
CAïNITES , ou Caians , Hérétiques , Seûe de Gnofti'.'
ques dans le II. Siècle. Ils furent appeliez du nom de Caïn, qu'ils
difoient avoir été formé par une vertu celefte 8c très-puiffante : au
lieu qu'Abel l'avoit été par une vertu plus foible.Ils foûteiiôient que
pour être fauve il falloit éprouver toutes chofes,8c commettre tou-
tes fortes d'aftions infâmes pour contenter fa luxure. Ils imagi-i
noient un grand nombre d'Anges, aufquels ils donnoient des noms
barbares , attribuant à chacun un péché particulier , de forte quô
quand ils vouloient faire quelque méchante aâion , ils invoquoienï
celui qu'ils lui faifoient prélidcr.Ils avoient compofé un Livre, fous
le titre A'Afcenfion de St . faul St ciel , qui étoit rempli de blafphemes
8c d'impuretez execrables,comme fi elles eulTent été ces paroles fe-
crettes que l'Apôtre avoit entendues dans fon raviffement.Ilshono>
roient d'un culte particulier Caïn , Coré , Dathan , Abiron , les So-
B domitca
îô CAL
domitesi Se fur-tout Judas , le traître Difciple , Comme celui qui
par fa trahifbnavoit donné lieu à la mort de Jesus-Christ. Ils fe
îèrvoient aufll d'un Evangile, qui portoit le nom de cet Apôtre in-
fidèle. * Tertullien , //. dePr^/cr. cap. 33. 47. è'c. S. Jérôme , //.
1 . c, 3 ;. S. Epiphane , Ur. 3 3 . S. Auguftin , mp. tS. des her. Baro-
nius, ^.C. 145-. ^ - , , , ,
C A ï P H A S , ou Chaipha , ville de Phemcie fituee le long de la
mer , au pied du mont Carmel. On eftime que c'étoit Porphyreum,
dont il eft parlé dans Stephanus de Byzance. Elle avoit le fiege d'un
Evêché futftagant de Tyr, & dans le tems que les Chrétiens étoient
CAI.CAK.CAL.
man , troifiéme Calife de Syrie : ainfi c'eft la première ville que Ici
Mahometans bâtirent en Afrique .La mofquée.qu'Occuba y fit con»
ftruire , eft fort fuperbe , Se c'eft où l'on voit les fépnlcres des Rois
de Tunis.Il y avoit ime A cademie compofee de plulieurs Doftcurs,
où l'on accouroit autrefois de tous les côtés d'Afrique , comme les
François viennent à Paris ,•& les Efpagnols à Salamanque. Tout le
pais d'alentour eft plein de fablons , où il ne croît ni blé ni fruits ;
c'eftpourquoionen apporte d'ailleurs. On n'y boit que de l'eau
de citerne , parCe qu'il n'y a ni fource , ni puits , ni rivière. Lors
ju..w...iwi— ... . -, i querEmpereurCharlesQiiintchaflàBarberoufledeTunisenij-35-.
maîtres de la "ferre Sainte, il y avoit des Seigneurs à Caïphas qui j les habitans de Cairoan élurent pourRoi le principal AlfaquioidDo-
étoient très-puiffans. LeP.Labbeenarapporték généalogie dans lâreur de la grande mofquée; mais il fut tué par Dragut.qui lefur-
finLknage d'outre-mer. Voyez Steph. le yi.omi,Var.Sac.f.?,ï%. pritdenuit, 8c fe rendit maître de la place , laquelle eft encore au-
CAïPHË, ou Caiaphas , Grand Sacrificateur des Juifs , Ijourd'liui au pouvoir des Turcs. * Marmol, i/« r^W2ae,//f.<5.5i7i'.
fuccedâ à Simon fils de Canuth. l'an 1 9. de falut. Il interrogea Je-I CAIROAN, Cherchez. Cirene.
sus-Christ pour fçavoir s'il étoit fils de Dieu , & lui entendant j CAIUS & LUCIUS , fils d' Agrippa & de Julie fille d'Augufte ,
répondre clairement qu'il l'étoit, il déchira fa robe, comme s'il ,& adoptez par cet Empereur. Dès qu'ils commencèrent à paroître
eût ouï un exécrable blafpheme, ne fongeant pas que cela lui étoit i dans lernonde, le peuple Romain leur offrit le Confulat; mais
défendu par la Loi ,' dans le Levitique , chap. ïi . 11 condamna à | comme ils n'avoient pas encore quinze ans , Augufte voulut qiTils
mort le Sauveur du monde,comme les Evangeliftes le remarquent, ft contentafTent de la qualité de Confuls défignez. LesCheva-
Quelque tems après l'Empereur Vitellius le démit,environ l'an 36. liers Romains les déclarèrent Princes de lu jeuneffe , c'eft-à-dire
de grâce , de fa dignité , qu'il avoit retenue près de dix-fept ans ; ce ' Chefs de l'Ordre équeflxe. Ils moururent dans un âge , où ils ne
qui l'affligea fi fenliblement , qu'il fe donna lui-même la mort de faifoient que commencer à goûter le bonheur de leur fortune. Le
defefpoir , félon ce qui eft rapporté dans les Conftitutions de S.Cle- P- Noris , Auguftin de Veronne , Profeffeur de l'Hiftoire Eccle-
ment. Nicephore dit le même d'Anne. *Jofephe, //'. 18. Ant.c. fiaftique'dans l'Univerfité de Pife , & depuis Cardinal, a fait en
2. S. Clément, 1» Cmfi. li. 8. ci. Nicephore, iij/?.//.2.c.io. érc.'i lôSi.unLivredeDiffertations, dont la féconde contient jaVie
Cherchez Ananus I. A^ ces deux jeunes hommes. * Tacite. SUP.
CAIRE, ou Le Caire, fur le Nil, ville d'Afrique , capitale \ S. CAIUS, ou Gai us. Pape, Efclavon de naiCTance , Se pa-
de l'Egypte.Les Arabes l'ont nommée Alchabir,?i^ d'autres Alchmr. rent de l'Empereur Diocletien.il fut élu après Eutychien l'an 283 .
Elle eft grande , bien peuplée , 8c même marchande ; mais elle di- Le ((jbin qu'il eut d'animer les Martyrs à la mort,8c fur tout fa nièce
minuë extrêmement. Se eft devenue bien différente de ce qu'elle Sufanne, fille de Gabin, que Diocletienvouloit marier à Maximin
étoit , lors qu'elle fervoit de demeure aux Sultans d'Egypte.car elle Galère fon gendre , 8e fon afTocié à l'Empire, lui acquit la même
eft maintenant fous la domination des Turcs , depuis que Selim la couronne du martyre l'an 296.II avoit tenu le fiege douze ans, qua-
prit l'an 15-17 .fur les Mammelus,qui l'avoient gardée environ deux tre mois,8e cinq j ours,8e fait quatre ordinations au mois deDécem-
cens foixante Se dix ans. Marmol croit, que la véritable ville du brejilfitvingt-cinqPrêtres,huitDiacres, Se cinq Evêques, pour di-
Caire fut fondée par un Renégat Efclavon; qu'elle contenoit fîx verfesEglifes.On lui attribue mie Epitre écrite à un Prélat nommé
mille maifons bien bâties,avec plufîeurs riches palais qui répondent Felix.Il ordonna auifi que les Evêques pafferoient par tous les fept
fur la rivière , 8e une mofquée admirable par fa ftrufture. Il ajoute Ordres inférieurs de l'Eglife, avant que de pouvoir parvenir à l'E-
auffiquelavilledeMemphis,où les Pharaons tenoient leur iiege, pifcopatjfans qu'il ait pourtant étabfi ces Ordres qui l'étoientdéja
Se qui eft aujourd'hui détruite, étoit fur le canal duNU, à quel- 3epuislesApôtres.*Eufebe,en/^C^ro».e^//.7.c.l6iH(/Z. Nicephore,
ques lieuè's du Caire , où l'on voit encore fes ruines. QuelquesAu- ^-à.c.i^.T.I.Conc. Onuphre, Genebrard , Platine, Baronius,
teurs veulent que le Caire d'aujourd'hui foit la Babylone d'Egypte ^^.C. 281.196. Le Martyrologe Romain , au iz.A-vril.
desAnciens;mais ils fetrompentjOn en voit encore les mafuies près Caius , ou Gaius , Patriarche de Jerufàlem , fils de Caius!
du Caire. Il y en a qui divifent cette ville en quatre parties,qui font Rufus , de qui la maifon d'Augufte étoit fortie , félon Suétone»
£oulac,levieilCaire ylenouveau Caire iS^Carafat , qui ontun vuide Nous fçavons fetilement qu'il vivoit dans lell. Siècle, vers l'an 160;
confiderable entre deux. Ils ajoutent que ces quatre parties enfem- qu'il fut élu après Symmachus , 8e que Julien II. lui fucceda*
ble, avec leurs fauxbourgSjOnt dix ou douze lieues de longjfept ou *Eufebe, Baronius, Genebrard, 8ec.
huit de large,vingt-cinq de circuitjSe que toutes enfemble ont feize ' CAIUS, ou Gaius, Prêtre de l'Eglife Romaine 8e perlbn-
ou dix-huit mille rues, lix mille mofquées publiques, 8c vingt mille nage très-fçavant , vivoit dans le III. Siècle. Il difputa publique-
particulieresjdeux cens mille maifons, 8e un très-grand nombre de ment contre Proclus , célèbre difciple de Montanus , 8e le confon-
■phces,6iix.ars ou marchez. Mais ceux qui regardent les chofes fans dit de telle forte qu'il demeura fans réponfe. Le Pape Zephyrin,
prévention 8e fans vouloir exagérer, avouent que leCaire feparé des après cette vi£toire,excommunia tous ceux qui fuivoient les Mon-
bourgï8cdesmafures qui l'environnent, n'eiî pas plus grand que taniftes; cela arriva l'an 2 ly.Caius donnaau pubKc cette Difpute ,
Paris,qu'il ti'y a rien d'extraordinaire , que les rués y font beaucoup qu'Eufebe avoit vûë,8e qui Contenoit à fon avis des preuves invinci-
étroites,8e qu'enfin cette ville eft beaucoup diminuée de ce qu'elle a bles contre les Montaniftes. C'eft tout ce que nous en fçavons,cette
été. C'eft la ruine du négoce qui a rendu cette ville moins confide- Pipce s'étant perdue avec plufîeurs autres de l'Antiquité. * Eufebc,
rable , car depuis les navigations des Indes nous recevons en Europe ^'fi- ^- ^- c- ^S- ''• i-c^i.li.ô.c.io. S. Jérôme , de Script. Eccl. c. 5-9.
de ce côté les denrées qui ne nous venoient autrefois que duCaire Se Honoré d'Autun, de Lum.Eccl.c. 60. Photius , Cod. 48. Baronius , iif
d'Alexandrie. Le Caire a un château fur un roc, qui eft très-beau Se ^»»<i/-Bellarmin. T.I. Controv.liv. i.c.iy. éfc.
affez fort ; les peintures Se les ornemens , qui y reftent , ont encore ' CAIUS, Macédonien, difciplede S. Paul dans le I. Siècle, fut
quelque chofe qui fe reffent de la magnificence desSoudans d'Egyp- pris avec Ariftarque par les feditieux d'Ephefe,que Demetrius Or-
te. Sa vue fur la ville, fur le Nil, 8e fur les campagnes voifînes eft fevre avoit animez contre l'Apôtre. Ils furent conduits authéa-
incomparable. L'eau y eft portée du fleuve fur un aqueduc de trois tre; Se un Magiftrat appaifà le tumulte. *Dansles Aâ:es,c. 19.V,
cens cinquante arcades. L'on va dans le Caire fur des ânes,comme 29- d'c. 20.-^.4.
on fait à Paris en carroflë.Les Turcs y ont introduit cette coutume, ' CAIUS, (Jean) natif de Norfolc. en Angleterre , 8e célèbre
afin de garder les chevaux pour eux. Il y a diverfes manufactures, Médecin,vivoit vers l'an ij-j-S. Il étudia dans fon pais. Se puis en
8e entre autres de ces beaux tapis que nous appelions tapis de Tur- Italie dans l'Univerfité de Padouë, fous Jean-Baptifte Montanus ; 8c
quie. Les voyageurs ne manquent pa^d'aller voir les pyramides 8c étant revenu en Angleterre i il s'y fitconfiderer par fa dodtrine 8c
les momies<[ui font près du Caire , Se les greniers 8e le puits de Jo- par fon mérite. Il a compofé divers Ouvrages. De medendi tnethodo.
feph, qa^on trouve dans la ville. Mais en cela , comme en d'autres Annotationes m Galenum,(^c. * Pitièus, de Script, Angl. Vaa.
chofes^ils nous en font fouvent bien accroire. * Marmol, /. 1 1 .cap. der Linden, de Scrip.Med. é^c.
24. éf2-S- Texeira, li. i. Sanut, li. 9. Léon d'Afrique, part.^.\ CAIUS Oppius. Cherchez Oppius
Vincent le Blanc , Céfar Lambert , Montconis, Thevenot,Sanfon,
Du Val, Sec.
Concile du Caire.
Quelques Ecclefiaftiques Se quelquesjefiiïtes le tinrent l'an I5-82 .
C A K E T , royaume de la Géorgie vers le mont Caucafe , 8c
qui eft proprement l'ancienne Iberie. Il a été conquis par le Roi
de Perfe,8e le Prince n'a plus maintenant que la qualité de Viceroi.
Les villes de ce royaume font aujourd'hui toutes ruïnées,à la rélèr-
ve d'une, nommée auffi Caket. On connoît par les ruines qu'elle
par ordre du Pape GregoireXIII.pour faire connoître les erreurs de étoit grande 8e magnifiquement bâtie. On dit que ce font les peu-
Neftorius 8e de Diofcorus aux Cophtes , 8e les ramener dans le fein 'pies Septentrionaux du mont Caucafe , fçavoir les Alains.les Huns,
de l'Eglife. Le Patriarche de ces Cophtes y alfifta avec les Abbez 8e Sec. qui ont ravagé 8e défolé tout ce pais.
les perfonnes les plus confiderables de fa communion. On Iç ur fit " '
avouer qu'il y avoit deux natures en Jesus-Christ , 8e ils ab-
jurèrent leur créance de bouche ; mais le Patriarche étant mort au
commencement de l'année fiiivante , fon Vicaire, qui prétendoit
à cette dignité , empêcha qu'on ne le fît par écrit. * Poffevin ,
T. IT. Appar.S^onÀe, A.C. if Si. num. 23.
CAIROAN , que les Arabes nomment Cuiravan , ville d'A-
frique dans le royaume de Tunis. C'eft [tThyfdrus des Anciens,
dont il eft fait mention dans Ptolomée , dans Pline , dans Jule Ca-
pitolin , dans l'Itinéraire d'Antonin , Sec. Elle eft fituée fur la
rivière dite Capullia , dans une campagne fterile , à douze ou quinze
lieues de la mer. C'eft la capitale d'un gouvernement , 8e la reliden-
ce d'un Pontife de la Loi Mahometfhe.
CAIROAN, ou Carvan , que les Arabes appellent Caim-
■van, ville du royaume de Tunis en Afrique, vers le golfe de Ca-
pes.EUefutfonde'el'aiiéji. parOccuba,Generalde l'armée d'Od-
Le Chevaher Chardin^
Voyage de Perfe , 1673. ^^P-
C A L A B E R , (Nicolas) Hérétique , étoit Efpagnol. Il pu-
blioit des erreurs dans le XIV. Siècle , Se à la pouriùite de l'Inqui-
fiteur d'Aragon, il fut brûlé en i^S9- * Sponde , A.C. i}fç.
num. 4.
C A L A B E R , (Quintus) a compofé un Poème Grec , intitulé
lesParalipomenes d'Homère, -par ce que c'eft la fuite 8e l'achèvement
de rihade.Cet Auteur eft vulgairement connu fous le nom de CaU-
ber , à caufe que cet Ouvrage fut trouvé par le Cardinal Beffarion
dans un ancien Monaftere de Saint Nicolas près de la ville d'Otran-
te en Calabre ; ce qui eft auffi remarqué dans la Grammaire Greque
de Conftantin Laicaris : mais il femble qu'il y ait plus de raiibn de
l'appeller i'?wyr»fe» , puis qu'il dit de lui-même , qu'il s'eft occupé à
Smyrne à pmtre lesillujtres brebis des Mufes. D'où l'on peut juger
que Smyrne étoit fa patrie , ou du moins qu'il y a tenu école :
mais c'eft fans fondement que quelques-uns ont cru qu'il étoit
Romaiiî
CAL
Romaili. Aurefte , de quelque nation qu'il ait été ,. c'eft un Auteur
poli & agréable , qui approche fort de Mufée , & qui ne cède guère
à Homère même , ni dans l'invention ni dans le ftyle. * Voflius (le
FoëtisGr£cis.
C A L A B R E , province d'Italie dans le royaume de Naples ,
ai?ec titre de Duché.Elle eft bien différente de ce qu'elle a été autre-
fois , & comprend moins de pais que dans le tems qu'elle fut poflè-
dée par les Meflapiens, fortis d'un certain Meflapus, qui donna fon
nom au pays. Elle prit depuis celui des Calabres venus de la grande
Grèce. La partie de la province qui eft voifme du golfe de Tarente
fut habitée par les Salentins ; 8c par fucceflion de tems le nom de
Fouille fut employé à lignifier le païs qui s'étendoit depuis les Fe-
rentins jufqu'en Calabre , comme le remarque Cluvier. Ainfi en ce
temsjla Calabre comprenoit tout ce qui eft au bout de l'Italicentre
la mer Adriatique & la mer Mediterranée,fçavoir la Terre d'Otran-
tCjla Terre de Barry,la Balilicate,Sc tout ce qui eft à l'entour du gol-
fe de Tarente. Aujourd'hui, la Calabre occupe le pays des Brutiens
& une partie de la grande Gréce.ainlî nommée, parce que plulieurs
Grecs s'y établhent. C'eft la partie la plus Méridionale de l'Italie du
côté de la Sicile,dont elle n'eft féparée que par un petit détroit. Elle
eft proprement une prefqu'ille. Car elle a le golfe de Tarente Scia
mer Ionienne au Levant & au Midi,& la mer Tyrrhene ou de Tof-
cane au Couchant, la Bafilicate lui eft au Septentrion. Sa divifîon
ordinaire eft en citerieure, ou haute; & en ultérieure , ou baflè. La
Calabre citerieure occupe la partieSeptentrionale,où elle a un Ifth-
me renommé dans l'Hiftoire, par la muraille qu'y bâtit autrefois
Licinius Craffus contre les troupes de Spartacus chef des efclaves
révoltez. Ce fut l'an 68 1 .de Rome, 74. avant la naiiîance du Fils de
Dieu. Cofènza eft la ville capitale de cette partie de la Calabre. Les
autres font Roflàno Archevêché, Caflàno , S. Marco , Biiignano ,
Montalto, Amatea, Martorano, Cariati,Umbriatico, Stringoli, qui
font toutes villes Epifcopales. Roflàno, Bifîgnano, Tarlia , Cyrifa-
no, Strongoli,Caftiglioni ont titre de Principauté,Paole,8cc.La vil-
le des Sybarites,renommée dans les écrits des Anciens,étoit encore
dans cette partie de la Calabre. La bafle ou ultérieure a S. Severi-
no & Regio Archevêchez,Cotrone,Ifola,Belcaftro,Taverna,Nicaf-
tro, Cantazaro,Squillace,Monte-Leone,Tropea,Mileto, Nicotera ,
Oppido , Girace , & Bove avec Evêché, Maida, Satriona , Mileto ,
Roccella,SciglioouSilla, & S. AgathaPrincipautez, Seminaraoù
les François défirent Ferdinand d'Aragon en i496.8cGioïaoùils
furent défaits en i fo 3 . La Calabre n'eft pas un pays également fer-
tile,ellereft même très-peu en certains endroits, bien qu'en d'au-
tres elle le foit beaucoup.Sâ fituation la rend très-importante. Elle
a été foûmife aux Romains , Se puis aux Empereurs de Conftanti-
nople , iufques dans le IX. Siècle , que les Sarrafîns s'en rendirent
maîtres vers l'an 827 . De là ils faifoient des courfes dans le refte de
l'Italie. Le célèbre Robert Guichard Normand les en chafla dans le
XI. Siècle ; il fut fait Duc de la Fouille & de la Calabre en i ofç. &
il mourut en 1 08/. Il avoir un frère qui s'établit dans la Sicile. Ro-
ger le fécond de fes fils eut la Calabre, qu'il laiflà à Guillaume , &■
celui-ci la céda à fon coufm Roger II , qui fut Roi de Naples &
de Sicile, fameiix par fon courage&parjTes conquêtes. Il mou-
rut en 1 1 fi. avec cet éloge d'avoir fournis la Fouille , la Calabre ,
la Sicile , 8c une partie de l'Afrique : ce qui eft exprimé dans ce vers
qu'il avoit fait graver fur fon épée :
Appulus 0> Calaber, Siculus mihi fervlt , ç^'Afer.
Depuis ce feems, la Calabre a fait partie du royaume de Naples ,
Se les fils de fes Rois ont quelquefois porté le titre de Ducs de Cala-
bre, comme Charles fils du Roi Robert, Jean d'Anjou fils du
Roi René, Nicolas fds du même Jean, 8cc. La Calabre eft fujet-
te à de fâcheux tremblcmens de terre , comme ceux qu'elle fouf-
frit depuis l'an 163 8. jufqu'en i64i.dontnous avons une Relation
lînguliere fous ce titre , Hiftorico racconto dei Terremoti délia, Cala-
briadel'anno lô'^^.finalanno 1641. dut A^atio de Somma. Ce Li-
vre fut imprimé à Naples , en un volume in oBavo , la même
année 1641. * Pline, li.^.c. 11. Ptolomée, //. 3. Strabo, /;. 6.
Cluvier, //. 3. Mevuh, Cofmografh. part: z. li./^.. c. 27. Leander
Alberti, Dc/cr. If«/. Gabriel Barrius , de antiq. ^JiiuCalaé. Ce-
drene , Curopalate , Sulmonte , CoUenucio , 8cc.
CVLAHORA, ville d'Efpagne dans la CaftiUe la vieille, avec
Evêché autrefois fuffi-agant de Tarragone 8c puis de Burgos. Elle
eft fituée fur l'Ebre , qui y reçoit la rivière de Cidacos de Caftiglia.
L'Evêché de la Calzade , oudeS.DomingodelaCalzade, fut uni
àcelui de Calahora en i236.Plineparlededeuxvillesdecenom,
CalapirrisNafcica, ècCalagurrisFièularia. La première étoit en-
tre les peuples de Hufca , 8c l'autre dans le pays des Gafcons félon
Surita. Quintilien 8c Prudence étoient de Calahora. Ce dernier en
parle en ces termes : InFeriStep.Hymn.y.
Nofira geflabit Cahgunis ambos ,
^uos veneramur , ^c.
*Sant3L,adItmer. Anton. DeMarca, Hifl. deBeam. Nonîus,Me-
rula, 8cc.
CALAIS, ville 8c port de mer de France dans cette partie de
la Picardie qu'on appelle pays reconquis , depuis qu'on l'ôta aux
Anglois. Quelques Auteurs croyent qu'elle eft le Vortus Iccius des
Anciens, qui n'en doit pas être loin. Le Sieur Sanfon aeftimé
que ce Tortus Iccius eft celui de Boulogne. La ville de Calais ,
comme plufieurs autres , fut nommée du nom de tout le pays, qui
étoit celui de Caletes , que quelques-uns mettent depuis l'embou-
chure de la rivière de Seine jufques à celle d'Aa. Onaflure que
le port de Calais fiit commencé fous Baudouin IV. dit Belle-barbe
ou le Barbu , Comte de Flandres; qu'on le nomma Scalas ou Fetref-
(e ; 8c que Philippe Comte de Boulogne , un des mécontens qui fe
liguèrent contre la régence de Blanche , mère de Saint Louis , fit
entourer de murailles la ville, qui n'étoit auparavant qu'un fimple
bourg. Edouard III, Roi d'Angleterre l'emporta l'an 1 347 . fur les
Tome II,
CAL
ti
François; après un fiege d'environ dix ou onze riioîs , fans Ouï lé
Roi Philippe de Valois la pût fecourir. Jean de Vienne , qui y corn-*
mandoit , abandonné de toute forte d'efperance , & fe voyant
prelfè de toutes parts fur terre 8c fur mer , la rendit. Nos Hiftoires
parlent allez du courage de ceux de Calais en cette occafion. Dcj
puis , les Anglois , qui par le moyen de ce port fe vantoient d'avoir
les clefs de la France pendues à la ceinture , le conferverent deux
cens dix ans , jufqu'à ce que le Duc de Guife la prit , après un fiéo-e
de neuf ou dix jours, au commencement de l'an 15-^8. L'Archi-
duc Albert d'Autriche , Gouverneur pour le Roi d'Eftagne dans
les Pais-Bas, prit Calais l'an 1 5-96. 8c elle fut rendue deux ans après
au Roi Henri IV. par un des articles de la paix de Vervins Lors
que la ville fut prife par le Duc de Guife , elle étoit défendue de
trois baftions, 8c d'un quattiéme qui regardoit le Midi où étoit la
vieille citadelle; mais depuis elle a été fortifiée encore plus remi-
heremcnt, 8c fes fortifications confiftent en neuf grands baftions
Royaux, avec ceux de la citadelle , 8c en plufieurs autres ouvra-'
ges tous revêtus de pierres, 8c fes environs font remplis de forts
de forte que Calais eft une des plus importantes villes du royaume'
EUe a un double foffè fort large 8c profond , où paffe la rivière
deHames, qui coule le long des murailles; 8c divers ruilTeaux
qui arrofent plufieurs marais qui font à l'entour , s'y viennent'auflt
décharger dans les foflèz. On ne peut aller dans la place que par
ce marais,fi ce n'eft par la chauffée,qu'on appelle le point de Nieul-
lay; 8c l'on ne peut entrer dans le port qu'avec la permifllon de la
garnilon du Risban. Ce port eft divilé en deux, l'undit/eC/i-
'legray , l'autre plus grand eft fermé de deux moles revêtus de pier-
res. Une partie de la rivière coule dans la ville , où il y a de l'autre
côté un canal, ce qui fert beaucoup à y entretenir le commerce
Calais n'eft pas une grande ville , mais elle eft bien bâtie 8c très-
peuplée , les rues y font belles 8c droites. Celle , qui commencé
à la porte de terre 8c qui aboutit au port , eft la plus confiderable -
elle paflTe par le milieu de la grande place , où eft la Maifon de ville '
8c on voit tout proche le palais de l'auditoire avec la tour dû
guet. Il y a d'autres belles maifons, des Eglifes magnifiques
plulieurs Monafteres , 8c divers Forts. Calais , en Latin Caletum ]
donne fon nom au détroit de fept lieues, qui eft depuis la France
jufques à Douvres en Angleterre. Ceft ce que nous appelions k
PaJJage ou ?as de Calais, 8c les Anglois The Strait of Calais. * Pa-
pyreMaflTon, Defcr.fium.GaU. Du Chefne, Recherches des anti-
quit. des villes. DeThou, Biji.li.ip. DupleixScMezeray, Ja/î.</e
France, ^c.
CALAïSScZetes, frères , fils de Borée 8c d'Orithuye 8c
auxquels les Poètes attribuent des ailes. Ils firent le voyao-e de Col-
chide avec les Argonautes, 8c délivrèrent Phinée , Roi dePaphla-
gonie ou de Bithynie , des Harpyes , qui l'incommodoient. Enfin
ils furent tuez par Hercule. On les nommoit énfans de Borée , ou
du Nord, pour dire qu'ils étoient d'un pais Septentrional à l'égard
de la Grèce , fçaivoir de Thrace. Les Poètes ont depuis changé le
père de ces deuxjeunes hommes en un vent, 8c leur ont attribué
des ailes, afin qu'ils reflèmblaffent à leur prétendu père en quelque
chofe. *Ovid.Me^vi.Lloyd, 8cc. r 1 1
C A L A M A , ancienne ville d'Afrique , entre Hippone 8c Conf-
tantine, quiaeuEvêchéfuffragantdeCarthage. Il en eft fouvent
parlé dans les écrits de Saint Auguftin , 8c principalement dans le 2 s
livre contre les Donatijles 8c dans lo 2 . des RetraBations. ,
C A L A M A , autre ville d'Afrique, dans le royaume d'Alger 8c
près de la rivière de Malvia , au pied des montagnes.
CALAMATA, ville d'Afrique,dans le royaume d'Alger , près
de la rivière dite Major. * Marmol 8c Jean de Léon , Defcr. Af.
C ALAMATA.bourg de la province de Belvédère dans la Morée.
Il eft aflTez peuplé , quoi qu'il n'ait pas de murailles pour fe mettre à
l'abri d'une furprife. Il y a fur une hauteur voiiîne un château , qui
étoit fortifié aflèz régulièrement , 8c où les habitans pouvoient fe
mettre en fûretéimais le Generahfllme Morofmi s'en rendit maître
en 1 68 j. 8c le fit détruire. * P. Coronelli , Defiription de la Morée.
CALAMIANES, ifle des Indes. Cherchez Paragoya
CALAMINUS,( George ) Allemand , étoit de Silber'berg.
en Litin Argentimonrium , bourg dans la Siléfie. Son père étoit
un pauvre Ouvrier nommé Norich , 8c ce nom étoit celui de fa
famille. George avoit tant de génie pour les Lettres qu'on lui
confeilla de s'y attacher , 8c il quitta Ion nom , pour prendre
celui de Cakminus , comme c'étoit l'entêtement de plufieurs Sça-
vans de fon tems. Il étudia à Breflau , à Heidelberg , à Stras-
bourg , 8c ailleurs ; 8c enfuite , après avoir été Précepteur de Mef-
fleurs de Coligni en France 8c des Princes de Wirtemberg , il en-
feignaàLintz, 8c il mourut le i. Décembre de l'an ij-pj. âgé
de 48. ans. Il a compofé des éloges des hommes illuflres en vers, a
traduit quelques Tragédies d'Euripide, 8cc. * Melchior Adam,
in Vit. German. FhiloJ.
CAL ANDRINO. Cherchez Çalendrino.
C A L A N U S , Philofophe Indien,' fuivit Alexandre le Grande
des Indes jufqu'en Perfe; 8c ayant paflel'elpace de quatre-vingt-
trois ans , làns avoir jamais été incommodé d'aucune forte
de maladie, comme il fut arrivé en Perfe , étant travaillé
d'une colique, il réfolut de fe faire mourir. Il pria le Roi de com-
mander qu'on lui drefllt un bûcher , 8c que quand il feroit deA
fus , il y fît mettre le feu. Alexandre le voulut détourner de ce
defîêin : mais voyant que quoi qu'il lui pût dire , il demeuroit
ferme dans fa réfolution, il fiit contraint de lui accorder ce qu'il
demandoit. Mais comme il eftimoit ce Philolbphe , il voulut
1 honorer fa mort d'une pompe funèbre , qui fût digne de la ma-
gnificence d'un grand Prinee. Il fit mettre l'armée en bataille , or*
donna certaines perfbnncs pour répandre les plus précieux par-
fums , qu'on pourroit trouver , fur le bûcher ; fur lequel Cala-
nus fe fit porter couronné à la mode des Indiens. Il s'y coucha dou-
B i cernent
ïx CAL.
cement;& lorfque la flamme vint le faifir.il demeura toujours dans
lamêmepofture, fans jamais fe mouvoir 8c fans donner aucun
iigne de douleur. On dit que comme on lui demanda s'il n'avoit
rien à dire au Roi, qui ne voulut pas affilier à cefpeaacle, il re-
pondit qu'il n'avoit rien à lui faire favoir , parce qu'il le rever-
roit dans peu de tems à Babylone. Ces paroles furent comme un
oracle, qui marquoit la prochaine mort d'Alexandre. Cela arriva
l'an 4- 7 . de Rome,trois mois avant la mort d'Alexandre.,* Qumte-
Curfe, //. lo. Arrian,/». 7. Valere Maxime, //. i. c. 10. ix. 26.
Strabon, /;. 15-.
CALAPHATES. Cherchez Michel V. ' „^^
CALARUEGA , ou Calaroga , petit bourg dEfpagne ,
dans la Caftille vieille & dans le diocefe d'Ofma, ell célèbre par
la naiflancedeS.Domimque de Guztoan, Fondateur de 1 Ordre
ucs Prêcheurs*
c A L I s I O , ( Marius de ) Francifcain , Profeffeur de la
Langue Hébraïque à Rome , a compof&une Concordance de la
Bible imprimée au même lieu en 1611. & elle contient quatre
grands volumes infoi'w. Cet Ouvrage a été loué de tous les habi-
les gens, 8c même par les Proteftans. En effet, cette Concor-
dance, quieft proprement une Concordance des mots Hébreux,
eft un ouvrage admirable; car outre les mots Hébreux de la Bi-
ble qui font dans le corps du Livre avec la verfion Latine vis-à-vis,
on trouve aux marges les différences de la verlîon des Septante
2c de la Vul^ate ; de forte qu'on voit tout d'un coup en quoi
ces trois Bibîes conviennent 8c en quoi elles différent. Déplus, à
la tête de chaque mot il y a une efpece de Diaionaire , où l'on ap-
porte l'explication de chaque mot Hébreu , Se on le compare en
même tems avec les autres Langues voifmes , favoir avec la
Chaldaïque, la Syriaque, 8c l'Arabe ; ce qui eft d'une grande utili-
té pour connoitre la fignifîcation des motsHebreux.Le fond de cet-
teConcordanceHebraique a été pris de laConcordance dujuif Rab-
bi Nathan,imprimée àVenife,qui a été enfuite augmentée parRab-
bi Mardochée , 8c imprimée à Bâle. * Mémoires des favans. SUP.
CALATAGIRONE , petite ville de Sicile 'dans les monta-
gnes. Elle eftpeuconfiderable, 8c on l'a bâtie fur les ruines de
l'ancienne Calata. D'autres en mettent une autre de ce nom en
Sicile ,
CALATAGIRONE, (Bonaventure) Sicilien , Général
des Cordeliers , vivoit en 1600. c'étoit un homme qui ne man-
quoitni d'efprit ni de conduite. En 15-98. il fe trouva au Traité
de paix qui fe conclut à Vervins, 8c qu'il avoit propofée dès l'an-
née précédente. Le Roi Henri le Grand lui témoigna beaucoup
d'eftime, 8c lePapeClement VlII.lenommaPatriarchedeCon-
ftantinople, l'envoya depuis en France pour les aôaires du Mar-
quifat de Saluées.
CALATAJUD, ville d'Efpagne daiis le royaume d'Ara-
gon , Biléilis nova. Elle eft fituée au pied d'une haute montagne ,
fur le Xalon , qui y reçoit une autre rivière dite Rio Baubula , vers
les frontières de la Caftille , entre Saragolfe 8c Medina-CœU. Il y
a. un rocher détaché , fur lequel eft bâti un château , qui comman-
de la ville. Cette ville eft grande 8c belle , 8c dans une campagne
fertile. Divers Auteurs parlent de Calatajud , comme de l'an-
cienne B/&/«, qui étoft la patrie de Martial. Mais ce qui fait de
la peine , c'eft que ce Poète afsûre que fa patrie étoit fituee fur une
IjiO^jtagne :
Videb'ts altam, LSemiane, Biléilim
Aqiiis ^ armh nohilem.
Cependant Calatajud eft dans une plaine
chofe plus fortement en ces termes :
Montanamque mihi Cale^urim , ^ Bilhilim acut'is
tendent em fcopulis.
Et Martial s'expliquant encore en faveur de fa patrie , dit le même
de la fituation de Bilbilis :
Mmiicipes , Augujia mihi quos Bilbilis acri
Monte créât: rapiés quos Balo cingit aquis.
On peut poiutant croire, 8c c'eft le fentiment de divers Auteurs,
que Calatajud a été bâtie près des ruines de Bilbilis. D'autres ajou-
tent qu'un Arabe fit bâtir cette ville , à laquelle il donna fonnom,
2c que Bilbilis ayant été déjà ruinée , ceux qui vinrent après , la
confondirent avec Calatajud,qu'on a même nommée Bilbilis nova.
Quoi qu'il en foit,-il eft fur, qu'on voit encore les mafures de
ceUe-ci , dans un endroit que ceux du pais nomment Baubula.
*Martial, li. i. ep. 49. ^ li. lo.e^. io3.Aufone,e/i. zj-.Nonius,
if(/^. (T. 2J-. Merula , Surita, 8cc.
CALATRAVA , Ordre militaire en Efpagne , fiât inftitué fous
Sanche IIL Roi de Caftille. Ce Prince ayant conquis le fort châ-
teau de Calatrava fur les Maures d'Andaloufie , le donna aux Tem-
pliers , lefquels manquans de cœur pour le défendre , le lui ren-
dirent. Don Raimond natif de Bureva dans la Navarre , Abbé
du Monaftere de Sainte Maîie de Hytero , de l'Ordre de Cîteaux ,
accompagné de plufieurs perfonnes de confideration , s'offrirent
de défendre cette place , que le Roi leur donna ; 8c l'Ordre flit
établi en 115-8. Il s'augmenta beaucoup fous le règne d'Alphonfe
If Noble Roi de Caftille ; de forte que les Chevaliers demandè-
rent d'avoir des Grands-Maîtres. Le premier fut Dom Garcia Re-
'don,le fécond Dom Martin Ferez, de Sion, puis Dom Nugno Ferez
deQuignonez ,8cc.jufqu'à Dom Garcia Lopez de Padilla, lequel
étant mort l'an 1489, Ferdinand 8c Ifabelle annexèrent laGrande-
Maîtriiè de Calatrava à la couronne de Caftille. Innocent VIII. y
confentit. Alexandre VI. Léon X. 8c Adrien VI. y annexèrent de-
puis les trois Grandes-Maîtrifes. La première maifon de cet Ordre
fut à Calatrava , puis à Ciruelos , à Buxeda,à Corcolos,au châ-
teau de Salvaterrai8c du tems de DomHugno Hernandez douzième
Grand-Maître, le Chef de l'Ordre fut établi à Conos. Le Pape 1
CAL
Alexandre III. l'approuva en 1 1 64. 8c Innocent III. le confirma eii
1 1 98. On trouve encore à préfent quatre-vingtsCommanderies de
cet Ordre en Efpagne. Au commencement lesChevaliers portoient
la robe 8c le fcapulaire, comrtie les Religieux de Cîteaux; mais
le Pape BenoîtXIII.les difpenfa de cet habit,8c Paul III. leur permit
de fe marier une fois. Leurs armes font d'or àlacroixfleurdelifée
de gueules (les autres difent definople) accoftée en point de deux
entraves ou menotes d'azur; les Chevaliers portent de même fur
l'eftomac une croix rouge qui leur fert de devife. * Francifcus
Bravo de Acugna , dell'origin. ^progr. de l'Ord.de Calatr. Michaël
Maragnon . delorig. ^ inji. Ord. Calatr. Gabriel Lafo de la Vega ,
Ordin.milit.d'E/p. Le Mire, JeOrdin. eqiiejl. D.Roderic de Tolè-
de , Mariana , Fauyn , 8c Baroniùs.
CALAZOPHYLACES , certains Prêtres entre les Grecs , qui
prenoient garde aux grêles 8c aux tempêtes, pour les détourner par
le facrifice d'un agneau , ou d'un poulet. Que li ces petits animaux
leur manquoient , ou s'ils n'en tiroient qu'un fînilbre augure , ils fe
découpoient le doigt avec un ganif ou un poinçon,8c croyoient ain-
fi appaifer la colère des Dieux par leur propre lang. Ilsavoient été
inftituez par Cleon , comme remarque Giraldi , au liv. des Dieux
des îayens. Il faut plutôt lire Chalazophylaces ; du mot Grée
%«Aa^a, c'eft-à-dne , ^?-é/e. SUP.
CALCAGNINI , (Celio) Chanoine de l'Eglife de FerrarCi
Poète 8c Orateur , vivoit au commencement du XVI. Siècle. Il
étoit natif de la même ville de Ferrare ; 8c Paul Jove , qui n'épargne
perfonne dans fes médifances , afsûre que le père de Calcagnini
étoit un homme de mérite , mais que fa mère étoit inconnuë.Quoi
qu'il en foit , il apprit les Langues,8c il écrivoit avec affez de facilité
en Latin, 8c faifoit de bons vers. Le même Paul Jove ne lejuge
pas fi heureux en profe, puifque, félon lui, fon ftile eft rude, les
exprelfions languiffantes , 8c querempliflàntfondifcours de cita-
tions , pour faire voir qu'il ne manquoit pas d'érudition , il tombe
dans le ridicule 8c devient ennuyeux.Il mourut en 15-40. Se fut enter-
ré dans l'Eglife des Dominicains de Ferrare , aufquels il laifla fa Bi-
bliothèque. * Paul Jove , in 'E.log. Leandre Alberti , Defcr. Ital.
Louis Jacob , des Bihl.
CALCAGNO , en Latin Calc an eus , (Laurent) natif
de Brelfe en Italie , vivoit d^ns le XV. Siècle. C'étoit un des
plus célèbres Jurifconfùltes de fon tems, 8c dont la naiffanceSt
les emplois donnoient un nouveau luftre à là doârine. Il compofà
divers Ouvrages ; De ccmmendatione fttidiorum. De feftem pecca-
tisrr>ortaiibus. De conceptieneSanH^Maridt. Confilia, Q'c. Il mou-
rut en 1478. * Tritheme , </ê 5irn^f. Eai. Leandre Alberti , De/cr.
Itd. érc.
CALCAR , ville d'Allemagne dans le Duché de Cleves , à l'E-
le£tcur de Brandebourg. Elle eft fituée fur la rivière de Mena une
lieue du Rhin 8c à deux de Cleves , avec un château. Calcar eli
aifez bien fortifiée , les rues y font étroites , & on n'y voit rien de
coniîderable qu'une belle place , où eft la maifon de ville.
CALCEDOINE. Cherchez Chalcedoine.
CALCEDOINE , ancienne ville de l'Afie Mineure , main-
tenant de la Natolie , fur la côte de la mer de Marmora , à l'entrée
du canal de la mer Noire. Elle étoit autrefois fort célèbre, mais
ce n'eft plus qu'un village , rempli de ruines. On n'y voit plus ces
fameux temples de l'Antiquité Payenne, ni ces belles Eglifes de la
primitive Eglife. Il y a feulement pour Eglife une petite partie de
celle de Sainte Euphemie , qui eft encore aujourd'hui fur pié , où le
peu de Grecs qui demeurent dans cette ville font leur office. Ce fut
Aufone dit encore la dans cette Eglife , où fut célébré le quatrième Concile general.Pour
ce qui eft des autres antiquitez , il n'y refte que quelques tombeaux
8c infcriptions brifees , avec une partie d'un bel aqueduc. Le port
n'eft plus fermé de chaînes, comme il étoit autrefois , pour en dé-
fendre l'entrée : mais bien qu'il foit ouvert , il n'en eft pas plus firé-
quenté pour cela. Chrylbpolis, qu'on nomme à préfent 5Vr«Wri ,
luifervoitd'arcenal8cdemagazin,pour conferver fes provifions.
Mais enfin les Perfes , les Goths , les Sarrafîns , 8c les "Turcs l'ont
entièrement ruinée. Les Empereurs de Conftantinople , qui ne
fongeoient qu'à agrandir cette luperbe ville , y ont employé les dé-
pouilles de Calcédoine. Le grand aqueduc , qui eft proche de la
Solimanie à Conftantinople , 8c la meilleure partie de cette Mof-
quée , ont été bâtis du débris de cette ancienne ville. * Grelot, Voya-
ge de Conftantinople. SUP.
C A L C H A S , Devin , qui fùivoit les Grecs au fiége de Troye.
Il connut que la flotte étoit retenue au port d'AuHdepar l'indigna-
tion de Diane , donna le moyen de l'appaLfcr , 8c afsura que Troye
ne pourroit être emportée que la dixième année du fiége. A fon re-
tour étant paffé dans rionie,il fut fi fâché de fevoir vaincu par
Mopfus,qui devina ce qu'il n'avoit pu connoître, qu'il en mourut
de déplailir. * Homère , Iliad. Virgile , Enetd. Pline parle d'ua
autre, au li. j. c. 11.
CALCHINIA, fille unique de Leucippus Roi deSicyone dans
le Peloponnefe , fucceda à fon père , 8c époufa MelTapus Capitaine
de vaifièau qui l'avoit violée. Pour couvrir ce deshonneur , elle
fit accroire aux Sicyoniens que c'étoit Neptune qui l'avoit forcée ,
8c non pas ceMeffapus. Elle régna environ quarante-fept ans , Se
mourut l'an du monde 2246. Peratus fon fils monta enfuite fur lo
throne. *Eufebe. SUP.
C A L C H U T , certain lieu en Angleterre , Calchutum. Il n'eft
connu que par un Concile , que Grégoire Evêque d'Oftie 8c Théo-
phylaâedeTodi; Légat du Saint Siège fous le Pape Adrien I, y
tinrent l'an 787. Nous en avons encore vingt chapitres dans le VII.
T. des Conciles.
CALCONDYLE. Cherchez Chalcondyle , 8cDemetriuS
Chalcondyle.
CALCULUS, (Guillaume) Religieux de l'Ordre de Saint
I Benoît
CAL,
Benoît en l'Abbaye de Jumieges, avécudansIeXII. Siècle, vers
l'an II 20. Il écrivit divers Ouvrages. * ArnoulWion, Gefner,
gcc.
CALDAS DE PERE IRA, (Jean) Jurifconfulte Efpa-
gnol , natif de Tuy dans la Galice , 8c originaire de Portugal , a vé-
cu au commencement du XVII Siècle. Il a compofé divers Ouvra-
ges de Droit, que nous avons en quatre volumes, ^iftiones fi-
re»fes, 0>Co>îtroverfi£ civiles. Syntagma de umverfojure EmfhyteU-
îico , écc * Nicolas Antonio , Bibl. Hifp. é^c. _ 1
CALDERA, (Edouard) Jurifconfulte Portugais , a vécu en
1 6 1 o.Nous avons divers Ouvrages de fa façon, Vanariim leBionum
Juris lib. IV. De error'tbus Fragmaticorum , Q--c. Nicolas Antonio,
SM.Hifp.
CALDERIN, (Jean) de Bologne , fils adoptif de Jean An-
dré , joignit dans le XI V. Siècle une vertu folide à une très-grande
érudition. Jean André,dont j'ai parlé ailleurs , l'adopta après avoir
perdu fon fils Boniconte , qui étoit un dofte jeune homme & qui
avoit déjà donné des preuves de fa capacité par unTraité deAffella-
timibMs é> Acctifatiombus.Cs fécond fils d'adoption étoit aufli digne
d'un fi grand père. Il vivoit environ l'an 1 3 60. & a laiflë, outre des
Commentaires fur les Livres des Decretales , d'autres Pièces fort
eftimées. * Forfter , //. 3. Hijt. Jum , c. z6. Bellarmin. de Script.
Ecc/.Bumaldi, Bibl. Bon. i&c.
CALDERIN. Cherchez Domitius Galderinus;
CALDERIN, (Jean) vivoit dans le XVI. Siècle , en î 5-7 1 .
car ce fut en cette année qu'il publia un Ouvrage intitulé de Hareti-
cis, où il parle de tout ce qui regarde l'oiHce d'un Inquifiteur de la
foi. * Le Mire, deScript.ii.tc. XVI.
CALDERIN O, bain fameux à dix milles de Vérone en Ita-
lie , que l'on appelle ordinairement le bain de Vérone. Ses eaux font
très-làlutaires. Se plufieurs Auteurs ont écrit de leur vertu pour la
guerifon des maladies. *Beyerlink, Tom. i.SUP.
CALDERON, (Antoine) Efpagnol , nommé à l'Archevê-
ché de Grenade, étoit deBaeza ville dans le diocefe de Tolède.
Il s'avança extrêmement dans les Lettres, & fur tout dans la Philo-
fophie , 8c on le choiiit pour l'enfeigner dans l'Univerlité de Sala-
manque. Enfuite il s'attacha à l'étude de la Théologie , 8c y fit
aflèz de progrès. On lui donna une Chanoinie dans la même ville
de Salamanque , depuis il en eut une autre à Tolède, 8c enfin on le
choiiit pour être Précepteur de l'Infante d'Efpagne D. Therefe
d'Autriche, qui a été Reine de France. En 165-2. le Roi Philippe
IV. le nomma à l'Archevêché de Grenade, 8c Dom Antonio Gal-
deron mourut en 1 6f4. avant qu'avoir été facré. Il compofa quatre
ou cinq Ouvrages ditferens pour l'immaculée conception de la
Sainte Vierge. Un de Saint Jacques, 8cc. * Nicolas Antonio , Bibl.
CALDERON, (Jean-Alfonfe) Avocat, natif de Noriuela
daii? le diocefe de Tolede,a été en eftime en Efpagne vers l'an 1 640
11 compofa cinq ou fix gros volumes des droits du Roi d'Efpagne ,
qu'on l'obligea de réduire à la moitié , 8c il les publia fous, ce titre ,
£/ Imperio de la MonaiOjUia d'Effagna. * Nicolas Antonio , hibl,
Hifp.
CALDERON, (Pierre) connu fous le nom de Dom Pedro
Calderon de la Barca , Chevalier de l'Ordre de Saint Jacques 8c
Chanoine de Tolède. Il eft célèbre par les belles Comédies Efpa-
gnolcs qu'il a compofées , 8c que nous avons en trois parties, dont
la dernière a été imprimée en 1 664. * Nicolas Antonio, Bièl. Hifp.
Ô>c.
C A L D I U S , c'eft ainfi qu'en tranfpofant quelques lettres les
Soldats appellerent par dérifion l'Empereur Claudius ; comme on
ditdepuisBiberiuspour Tiberius', 8cMeropour Nero. * Suétone.
SUP.
C A L E B , fils de Jephunné , naquit l'an 2 j-o6. du Monde. Il
fut choifi entre ceux de la tribu de Juda, pour aller avec les Dé-
putez des autres tribus reconnoître la terre de Canaan. Il en fit
un rapport fidèle , s'oppofa avec Jofué à ceux qui décourageoient
le peuple , qui les voulut lapider j 8c Dieu fit paroître fa gloire ,
pour les défendre des violences de ces murmurateurs. Aufli ils fu-
rent les feuls de cette multitude , qui entrèrent dans la terre de
promifllon. Caleb eut en partage le païs d'Hebron. Il promit
la fille Axa à celui qui emporteroit la ville de Carjath-Sepher ,
comme je le dis ailleurs : ce qu'Othoniel fit. Caleb mourut âgé
de cent treize ans , en 2617. du Monde. * Nombres, 13. 14.
' c^ fuiv. Jofué , ^ 14. 8c If. Juges , i. Jofephe , //. 13. dei
Ant. ^ li. j. c. 2. Torniel 8c Salian, aux Ann,. Cherchez
Axz.
C A L E C A S. Cherchez Emanuel Calecas.
CALECUT, ou Calicut , Cakcutium , ville 8c royaunïe des
Indes , dans le païs de Malabar en la prefqu'ifle deçà le Gange.
Les habitans donnent à leur Roi le nom àeSamorioa Zamorm ,
c'eft-à-dire , fouverain Empereur , 8c Dieu fur la -terre i 8c ils le
choifilfent de la race de Bramene , qui fit bâtir , félon eux , la
ville de Calicut. La richeflè du païs conlifte en poivre 8c en pier-
reries, ce qui le fait fréquenter par les Marchans étrangers. Les
Portugais ne s'y font jamais pu bien établir, bien qu'ils y ayent
remporté de glorieufes vidloires fur la fin du XVI Siècle. On
y trouve diverfes fortes de Religions : des Payens , des Mahome-
tans , des Arabes , des Chrétiens de Saint Thomas , 8c de ceux qui
ont été convertis par les Miflîonaires. Le Roiafbuvent promis
d'embrafl'er la Religion Chrétienne ; rnais il n'a jamais exécuté
fes promefîès. Ce Prince fe fait fervir fort magnifiquement, man-
ge avec grande fobrieté , 8c ne fe pare qu'aux jours de grande fo-
Icnnité. La ville eft renommée par le négoce, avec un bon port.
Elle eft fituée entre Granganor 8c Cochin qui lui font au Midi ;
8c Cananor qu'elle a au Septentrion. Le Roi eft puiflànt. * Jar-
ric, Barbofa, Linfcot, &c.
■ Tomi IL
CÂL
'i:
CALEMBERG, païs d'AUemagfte dans la bafli Saxe &
dans le Duché de Brunlwic. Il eft fitué le long du Wefer entra
Hanover, Gottinghen , Hamelen, 8cc. Ce païs a appartenu à
Jean-Frederic Duc de Brunfwic , Lunebourg , Calemberg &
Grubenhagen, qui fe fit Catholique en 163 1. Il faifoit fa réfî-
dence à Hanover. Voyez Brunfwic , Maifon.
CALEMBERG, ou Kalemberg , Cefius ou Cetius mom
montagne d'Allemagne dans l'Autriche, où elle s'étend depuis lé
Danube jufques au Save, 8c fe divife en diverfes parties , qui ont
aufli differens noms. ^
CALENDARIO, (Philippe) célèbre Architefte , 8c Sta-
tuaue, fe mit en réputation à Venilè, du tems de Marin Faletri
Doge de cette République l'an 1 3^4. Ce fut lui qui fit dans la pla-
ce (le Saint Marc ces beaux portiques foutenus par des colonnes de
marbre, qui font le circuit de cette place; au-deflûs defquels on
voitdefuperbesbâtimens, ornés de bas reliefs , 8c de riches pein-
tures. . Cet ouvrage qui fiit admiré de tout le monde, lui attira
de grandes recompenfes de la République , 8c le Dogemême vou-
lut l'honorer de fon alliance. * Egnat. l.%.c.\\. sue
CALENDERS, forte de Religieux Mahometans,ainfi nom-
mez de Santon Calenderi leur fondateur. Ce Santon étoit du
nombre des Abdals , dont je parlerai dans cet article. Il pronon-
çoit incefîammentlenomdeDieu, au fon de fa flûte, & conti-
nuoit cette mulique nuit 8c jour. Il marchoit la tète nuë , 8c fans
chemife, couvrant fes épaules d'une peau de bête fauvage 8c
ayant une manière de tablier, dont la ceinture étoit ornée de p'ier-
res precieufes, mêlées avec de faux diamans. Ses difciplesnes'ar;
donnent qu'aux divertiflTemens 8c aux plaifirs, 8c font plutôt une
fefte d'Epicuriens, qu'une focieté de perfonnes Religieufes. Ils
eftiment le cabaret aufli faint que la mofquée , 8c croyent autant
honorer Dieu, enfefervant librement de fes créatures, que les
autres l'honorent par leurs dévotions 8c par leurs aufteritez. On
les appelle Abdals, ou Abdallas, en Arabie 8c en Perfe, c'eft-à'-dire ,
^ des gens confacrez. k Dieu. Ceux-ci font fimplement habillez d'u^
I ne tunique de plufieurs pièces, 8c piquée comme desmatelats.
Quelques-uns ne fe couvrent que d'une peau velue , ayant au lieu
de ceinture un ferpent de cuivre, que leurs Dofteurs leur donnent
quand ils font profeflîon , & qu'ils portent comme une marque de
leur fcience. On voit ces Abdals, dans les marchez 8c les places pu-
bliques , prêcher les miracles de leurs Saints , 5c maudire Abu-be-
ker, Omar,Ofman, 8cHanife, que les Turcs honorent : com-
me aufli les Saints des TartaresUsbeques,dont ils font des contes ri-
dicules pour les faire méprifer. Ils mangent tout ce que leurs audi-
teurs leur donnent , Se prennent l'argent qu'on leur préfente ; c'eft
pourquoi on les appelle Kdanderan. Ils font la plupart abandon-
j nez à toute forte de vices; 8c font non feulement le métier de Char-
I latans , mais auffi celui de Voleurs . Pour ne les point recevoir dans
ilesmaifons, à caufe de leui-s débauches 8c de leurs larcins; on les
oblige de fe retirer dans les chapelles que l'on a bâties exprès pro-
che des mofquées. *Ricaut,<^e l'empire Onoman.Okznus, tom. !=
\SUF.
CALENDES. Cherchez Ralendes;
I CALENDION,Patriarched'AntiochedansleV.Siecle,fut
élu l'an 482. par les Evêques de Syrie, après la mort d'Etienne.
, Comme il etoittrès-zelé pour la foi orthodoxe, auflTi-tôt qu'il fut
ordonné , il aflèmbla un Synode , fit fçavoir fon éleélion au Pape
Simplicius qui gouvernoit l'Eglifè, 8c fit prononcer anatheme con-
tre Timothée ,^lurus. L'ardeur qu'il témoigna à défendre la
ReUgion , lui attira la haine des Hérétiques , qui dirent à l'Empe-
reur Zenon qu'il avoit favorifé la révolte d'IUus 8c de Léonce , que
Verine belle-mere de l'Empereur avoit fait révolter. Ce Prince ,
j fans examiner la vérité de l'accufation, lé relégua dans l'Oafis; 8c
rétabHt Pierre le Foulon. Celui-ci avoit autrefois ufurpé la chaire
Epifcopale, 8c fut chaflSpar l'Empereur Léon, commeje l'ai re-
marqué ailleurs. Ce fut fur la fin de la même année 48 2 . que Calen-
dion fut envoyé en exil, où il mourut. Son nom fe trouve dans les
Faftes de i'Egiife Latme 8c de la Grecque. * Baronius , »» Annal, é'
Martyr.
CALENDRIER, fuite des mois qui compofent l'Année.
Ce mot vient de Calendes,afi.i eft le nom que lesRomains donnoient
au premier jour de chaque mois. L'hiftoire du Calendrier Romain ,
8c du Calendrier de I'Egiife, eft aflTés curieufe.pour avoh- place dans
ce Dictionnaire -.c'eft pourquoi j'en remarquerai ici l'origine 8c la
réformation. Le Calendrier Romain fiit drefl"é par Romulus fonda-
teur de la ville de Rome , lequel ayant plus de connoiffance des af-
faires de la guerre que du mouvement des aftres , compofa fon an-
née de dix mois feulement , dont le premier étoit le mois de Mars ,
8c enfuite Avril, Mai, Juin, Quintil , depuis appelle Juillet,
Sextil, depuis nommé Aoiit, Septembre , Oftobre , Novembre,
Decembre.Il donna 3 1 .jours à Mars , à Mai , à Quintil , 8c à Oâo-
bre ; 8c 30. à chacuti des fix autres: de forte qu'ils faifoient tous en-
femble 3 04. jours. Numa Pompilius, qui régna après lui , réforma
pour la première fois ce Calendrier , 8c imita à-peu-près les Grecs j
qui compofoient leur année de douze moisLunaires de 30. 8c de
29. jours l'un après l'autre , ce qui faifoit 35-4. jours. Comme il ai-
moit le nombre impair, par une fuperftition qu'il tenoit des Egyp-
tiens, il fit fon année de 3j-f. jours, 8c lui donna douze mois,
fçavoir, Janvier, Février , Mars , 8cc. Janvier étoit de 29. jours.
Février de 28, Mars, Mai, Quintil, 8c 0<ftobre de 31. jours,
8c les fix autres de 29. Il ne fe mit pas en peine que Février eût un
nombre pair .parce qu'il l'avoit deftiné aux facrifices qui fe faifbien i
aux Dieux des enfers, à qui ce nombre,comme malheureux, fem-
bloit appartenir .Numa voulut que le mois de Janvier, qu'il plaça au
folftice d'Hyver , fût le premier mois de l'année.Sc non plus celui
de Mars , que Romulus avoit mis à l'équinoxe du Printemps. Il
fe fervit auffi de Fintercalation des Grecs , qui ajoûtoient un mois
B 3 furnij.;
14 CAL. '
furnumeraire de deux en deux ans , lequel étoit compofé alter-
nativement de ii. ou de 23. jours, pour égaler l'année civile au
cours du Soleil , qui fait fa révolution en 365-. jours, & près de 6
heures. Il ordonna en même tems aux Souverains Pontifes de mar-
quer au peuple le tems Se la manière de cette interpoiition de mois
extraordinaires : mais par ignorance, ou par iiiperflition , ou
pour quelque intérêt particulier , ils mirent les chofes dans une li
grande confuiion que leurs fêtes arrivoient dans lesfaifons entiè-
rement oppofées a celles où elles dévoient être célébrées fuivant
leur inflitution , 8c que l'on faifoit les fêtes d'Autonne au Prin-
tems, & celles d'Eté dans le milieu de l'Hyver. Ce defordre fut
fi grand , que Jule-Céfar , Diâateur & Souverain Pontife , après
avoir gagne la bataille de Phariale , ne crut pas que la réformation
du Calendrier fût une chofe indigne de iès foins. Il fit venir
d'Alexandrie un célèbre Aitronome nommé Sofigenes , qui régla
l'Année fur le cours du Soleil, 8c ayant compoie le Calendrier de
3(5/. jours, laiffa les lix heures , pour en faire un jour au bout de
quatre ans, qui feroit ajouté dans le mois de Février, avant le
24. jour de cemois,que les Romains appelloient le fixiéme avant
les Calendes , félon leur manière de compter ; d'où efl: venu le nom
de Biflèxte , parce qu'alors on difoit deux fois Sexto Calendas.
Pour placer les dix jours dont l'année Solaire de 36^* jours fùr-
paffoit celle de Numa de ^f. il ajouta deux jours à chacun des
mois de Janvier , de Sextil , 8c de Décembre , qui n'en avoient
que 29. 8c tm jour à chacun de ces quatre autres. Avril, Juin,
Septembre , 8c Novembre : laiflànt le mois de Février de 28.
jours aux années communes , 8c de 29. à la Biiîèxtile. Et com-
me (par la négligence de ceux à qui on avoit commis le foin de
la diilribution des mois intercalaires ) le commencement de l'an-
née fe trouvoit alors précéder de 67. jourslefolftice d'Hyver, 8c
que c'étoit auffi l'année de l'intercalation du mois de 23. jours,
ce qui faifoit 90. jours, cette année de lacorreftion du Calen-
drier faite par Jule-Céfar, fut de quinze mois , Se de 445-. jours,
c'efl: pourquoi on l'appeUa P Année de confufion.W ei^ïm.'goït'mtàc
remarquer ici que cet Empereur voulant s'accommoder en quel-
que manière aux efprits des Romains , accoiitumés il long-tems
à l'année Lunaire , fit commencer la première année du Calen-
drier Julien un jour de la nouvelle Lune qui fuivit le folftice d'Hy-
ver, 8c qui vint alors huit jours après: 8c c'eft de là que les an-
nées Juliennes ont commencé depuis , environ huitjours après le
folftice du Capricorne. Il ne fiit pas difficile aux Romains, qui
commandoient prefque à toute la terre , de faire recevoir par-
tout cette correttion que Jule-Céfar avoit faite du Calendrier ,
Se d'en introduire l'ufage parmi les nations même les plus éloi-
gnées. Les Grecs ceflèrent en ce tems de fe fervir de l'année Lu-
naire, 8c de faire leur intercalation de 45-. jours tous les quatre
ans. Les Egyptiens fixèrent leur Xèwoule i. jour de leur année,
quipaffoit auparavant d'une faifon en une autre. Les Hébreux en
firent autant , 8c ce Calendrier devint le Calendrier de prefque tous
les peuples.
Les premiers Chrétiens gardèrent les mêmes noms de mois , la
même quantité de leurs jours, 8c la même intercalation d'un jour
dans l'année Biiîèxtile. Ils ôterent du Calendrier Romain , ou Ju-
lien , les lettres Nundinales , ( qui marquoient les jours des Af-
femblées ou Feries ; ) 8c en mirent d'autres en leur place pour mar-
quer le Dimanche , 8c les autres jours de la femaine. Au lieu des
fêtes profanes 8c des jeux des Romains., ils rangèrent par ordre les
fêtes 8c les cérémonies de la véritable Religion. Vers le commen-
cement du VI. Siècle, l'Abbé Denys furnommé leFetit, voyant
les differens ufages des Eglifes d'Orient 8c d'Occident, poiu- le tems
de la célébration de Pâques , propofa une même forme de Calen-
drier , fuivant la période Viâorienne , compofée des cycles du
Soleil 8c de la Lune , 8c rapportée à la naifTance de Jesus-Christ.
Jufques alors la plupart des Chrétiens avoient compté les années du
tems de la fondation de Rome , ou des Confuls Se des Empereurs.
Qaelques-uns commençoient à compter ou du jour de la paillon
du Sauveur , ou de l'ère des Martyrs fous l'Empereur Diocletien :
mais Denys le Petit trouva plus à propos de commencer une nou-
velle époque à l'incarnation de J. C. 8c cette ère de Denys le Petit
eft encore en ufàge à la Cour de Rome dans les dates des Bulles 8c
des Brefs. Néanmoins peu de tems après , les Chrétiens commen-
cèrent à compter depuis la naifTance de Nôtre-Seigneiu: , gardant
toujours la coutume des Romains , à l'égard du commencement
de l'année fixé au prem ier j our de Janvier.
Ce Calendrier de l'ancienne Egïife faifoit connoître affès préci-
sément les nouvelles Lunes , Se par confequent le tems de la fête
de Pâques : mais la fuite de quelques fîecles fit découvrir que ce
calcul ne s'accordoit pas entièrement avec le mouvement du Soleil
8c de la Lune , Se que la fête de Pâques ne fe célebroit plus à la
pleine Lune du premier mois. Cette erreur dans l'Aftronomie étoit
très-dangereufe , parce que la fête de Pâques auroit infenflblement
remonte jufques en Hyver , puis auroit paffé en Autonne , Se de
là en Eté. Ce fut dans le deffein de remédier à ce defordre, que
le Pape Grégoire XIII. envoya fur la fin du XVI Siècle des Brefs
aux Princes Chrétiens , Se aux Univerfîtez les plus célèbres , pour
les inviter à chercher les moyens de rétablir l'équinoxe du Prin-
tems dans fon véritable lieu. Après avoir reçu l'avis de tous les
Sçavans, il réfolut de retrancher dix jours dans le Calendrier :
ce qu'il ordonna par une Bulle de l'année 15-81. Ainfi le lende-
main de la fête de S. François, quieftle 4. Oâobre , on comp-
ta ij-. au lieu de ^. Par ce moyen le jour , qui avant la cor-
- reftion s'appelloit l'onzième d'Oûobre , devint cnluite le vingt 8c
unième , 8e de même dans les autres mois. Ce qui fit que l'é-
quinoxe du Printems , qui tomboit fur l'onzième de Mars , fe
trouva au vingt 8c unième, comme il y étoit lors du Concile de Ni-
cce l'an 32J. Le même Pape Grégoire trouva auffî un moyen
CAL.
pour empêcher un pareil defordre à l'avenir , en retranchatlt uJi
jour Bifléxtil de cent ans en cent ans. Voyez Biflèxte. Au ref-
te, cette corre£tion a été reçue avec foumiflion de tous les
peuples qui font demeurés dans l'obéiflimce de l'Eglife : mais les
Grecs Schifmatiques 8c les Hérétiques , foit d'Allemagne , de
Suéde , de Danemarc , ou d'Angleterre , n'ont pas voulu en admet-
tre l'ufage parmi eux , quoi qu'ils en reconnoiflènt la néceflité.
Peut-être que les AUemans s'y feroient foûmis , fi la chofe avoit
été ordonnée par l'Empereur , Se du confentement des Etats de
l'Emphe: mais ni l'Empereur ni les Princes Catholiques n'ont
pas jugé à propos de faire des reglemens fur ce fujet.Louïs le Grand
Roi de France fit recevoir cet ulàge du Calendrier Grégorien dans
la ville de Strasbourg en 1682. mais ce fut unefuitenéceflaire du
culte de laReligionCatliolique qu'il y a rétablie.Il y a eu même plu-
lîeurs Sçavans, qui ont écrit contre cette reformation ; entr'autres
Mœftlinus ProfclTeur en Mathématique à Tubinge,Scaliger,gc Gc-
orgius Germanus.Nous avons aufli une conllruâion nouvelle d'un
Caiendrier,faite par M. Viete,8c adreffée à fa Sainteté avec des No-
tes fur les défauts qu'il difoit avoir remarquez dans le Grégorien.
C'eft ce qui obligea le doéle Clavius,un de ceux qui ont eu plus de
part à cette correâion, de donner au pubUcpar l'ordre de Clément
VIII, un Traité du Calendrier,pour éclaircir les doutes,8e répondre
par forme d'apologie à tout ce que l'on y trouvoit à redire. Sethus
Calvilius eft venu long-tems après,qui a prétendu faire voir par les
Oblèr varions Aftronomiques de Tycho-Brahè.qu'il faudra bientôt
faire de grands changemens dans le Calendrier. Mais voici com-
ment l'illuftre Tycho-Brahé en parle lui-même : Ceux-là fi donnent
bien de la peine inutilement ,c^Hi travaillent aurétahliffement del'année
far les tables deCopernic,^ c'efi en vain qu'ils prétendent par là comèat-
tre la nouvelle réformation Grégorienne , tant parce qu'elle s'accorde an
plus-prés avec les règles desmouvemens céleftes, que parcequilejl difficile
d'arriver à laderniereprécijionMlueliemémen'eft pas abfolumentnécef-
fdire.Ce témoignage eft d'autant plus confiderable,que Tycho-Bra-
hé étoit de la Religion Proteftante, Se que fa fcience extraordinaire
' l'a fait nommer à jufte titre /e Reftatiraceur de l'A/irommie. Outre le
nom de Gr«gow»,qui fut donné au Calendrier après fa corredlion >
I ileutaufli celui de Calendrier nouveau , parce qu'il eft différent de
I l'ancieuiSc celui de Calendrier perpétuel , parce que la difpolition des
I épaâ:es,qui font mifes à la place du Nombre d'Or, le rendra utile
i en tout tems , quelque nouveauté que l'on puiflè découvrir dans les
'• mouvemens céleftes. *Blondel,H///i?;/-e dh Calendrier Romain.Y oyez
\ Année. SUP.
I CALENDRINO, ouC al andrino, (Philippe) Car-
dinal, étoit de Sarzane , 8c frère utérin du Pape Nicolas V. un des
j plus illuftres Pontifes qu'ait eu l'Eglife dans ces derniers fiecles.
j Celui dont je paiie, etoit auifi un homme d'un rare mérite, fa»
I ge , Se craignant Dieu. Il fut premièrement Chanoine 8c Archidia-
cre de Lucques , Se enfuite Evêque de Bologne ; Se le Pape Nico-
, las V, qui donnoit tout à la vertu Se au mérite, le mit au nombre
des Cardinaux en 1448. Quelque tems après, il fut Légat dans
j la Marche d'Ancone , où il gouverna avec tant de prudence 8c de
modération , que les peuples de cette province le comblèrent de
1 mille benediélions. Pie II. le fit grand-Penitencier de l'Eglife, 8c
1 Paul II. le pourvut de l'Evêche de Port. Philippe Calendrino
fe trouva à l'éleélion de Sixte IV. 8e mourut à Bagnaia dans le
j diocelè de Viterbe, le 22. Juillet de l'an 1476. âgé de 73. Son
corps fut porté à Rome 8c enterré dans l'Eglife de S. Laurent in
I Lucina , où l'on voit fon épitaphe. * Platina , in Nie. V. Sigo-
j nius , /;. 4. Garimbert , Onuphre , Ciaconius , Ughel , Aubery ,
;8CC.
j CALENIUS, (Gautier ) Anglois , né dans la Cambrie ,
c'eft-à-dire , dans la Principauté de Galles , Se Archidiacre d'Ox-
] fort , vivoit du tems de Henri I. Roi d'Angleterre , environ l'an
I II 20. Il fit une addition de plus de quatre cens ans à l'Hiftoire de
fon pais, qu'on traduiiit depuis en Latin ; Se on la mit même en
abbregé. Cet Ouvrage eft intitulé AuHuarium Aanalium Britannu.
Il écrivit encore de reins fui temporis , e^c* Balseus 8c Pitfeus , De
Script. /ingl. Voffius, li. 2. de Hift. Lat. c. 48.
C A L E N T E R.les Perfes nomment ainfi le Thréforier Se Re-
ceveur des finances d'une province. Il a la direéiion du domaine
du Roi , fait la recette de fes deniers , 8c rend compte au Con-
feil , ou par l'ordre du Roi au Chan , qui eft le Gouverneur de la
province. * Olearius , Voyage de Perfi. SUP.
CALENTIO, ouCalentius, (Elifius) Poète , étoif
ItaUen , né dans le royaume de Naples , Se vivoit fur la fin du XV.
Siècle, vers l'an 1480. en même tems que Jovianus Pontanus 8c
queSannazar. Ces deux-ci. Se les autres grands hommes de fon
tems l'honorèrent de leur amitié. Il a écrit de très-jolies élégies Se
diverfes pièces en vers,8e entr'autres un Poëme du combat des rats
contre les grenouilles , dont le fujet eft tiré d'Homère. Calentius
avoit de bonnes qualitez, mais le panchant,qu'il eut pour l'amour ,
le rendit malheureux. Il l'avoue lui-même dans ces vers :
Talia fofi cineres de me toto orbe legantur,
Scriptaque fint ttimulo earmina digna meo,
Ingenium natura dédit , fortuna Poéts,
Défait , atque inofem vivere fecit amor.
On ne fçait pas en quel tems il mourut : mais ce fut du ntoins
avant l'an 1 5-03. auquel deccda Pontanus. Car nous avons une Epi-
tre de ce dernier écrite à LucioCalentio, fils de celui dont je par-
le, qu'il exhorte de fe rendre digne de la réputation que fon père
s'ètoit acquife par fon efprit. On voit qu'il y travailloit alors. Son
père lui avoit recommandé , en mourant , de mettre cette épi-
taphe fur fon tombeau , qu'il avoit lui-oaême compofée :
Sit
CAL
•Slt iibi, fit f dix <Èf faufium iter^
^ui fim difcito paucis , (odes:
titc ego vntesjaceo Calentius ,
Somno fifitus gravi ,
Donec me tubicen £theris exciteti
Vocans ad fias Suprûm fedes.
Legtftin' ? amabo die abiens , -valt.
• . . CÀL ij
le fils de la foeur du Roi qui fuccedc à la couronne,parce qu'ils cro-
yant que ce moyen eft le plus fur , pour avoir un fucceffeur du fang
Royal , la Reine pouvant avoir des enfans d'un autre que du Roi ,
particulièrement du Bramen ; & ceux de fa fœur étant toiijours da
fang Royal, comme leur mère. *Mande{lo,rtfw. 2.</'01earius=
Dellon , Relation des Indes Orientales. SUT.
CALIDIUS, (L.Julius) Poète , fort homme de bien^ vivoit
* Paul Jove, in Elog. BoS.c.^f. Cornélius Tollius.w ^/i^«»</.Pierius en 5- 1 7 . de Rome , environ 40 . ans avant l'Ere des Chrétiens, 8c la
Valerianus, deinfelicit. Littéral. CLXXXV. Olympiade. Après la profcription des Chevaliers ,
C A L E N U M. Cherchez Carinola. P. Volumnius , ami d'Antoine, l'écrivit au catalogue des Profcrits
CALEPIN, (Ambroife) étoit de Calepio , petit village près ) à caufe des grands biens qu'il avoit en Afrique; mais T.PomponiuS
de Bergame , dont il a tiré le nom de Calepin , fous lequel il eft fort
connu ; il vivoit dans le XV. Siècle 8c au commencement du XVI.
11 prit l'habit de Religieux dans l'Ordre des Auguftins,où fa vertu 8c
fa do&rine le firent beaucoup eftimer. Il travailla long-tems à fon
Diâionnaire, qu'il fit imprimer la première fois en 1^03 . Depuis ,
cet Ouvrage a été augmenté par PalTerat 8c par d'autres. Ambroife
Calepin mourut en 15-10. * Jofeph Pamphile, inChron../îugu/i.
Leander Alberti , DeJcr.Ital.
CALEPIO, bourg d'Italie près de Bergame, donne fon nonî
aune vallée dite valle di Calefio, près dulacd'Ifeo. Il eft litué
" fur rOglio, 8c les Auteurs Latins le nomment Calepium,èc {es habi-
tons Cakfini. C'eft de là qu'on a formé le nom d'Ambrolius Cale-
pinus, qui étoit natif de Calepio.
C A L I A R I , (Paul) Peintre célèbre , connu fous le nom de
Paul Verdnese. Il étoit de Vérone, oii il nâquiten 15-31.
de Gabriel Caliari Sculpteur .Paul apprit à deffiner 8c à peindre fous
Antonio Badile un de fes oncles,8ccomme il avoit un admirable gé-
nie pour la Peinture, il y fit bientôt de merveilleux progrès. En
"■ eftet, étant encore extrêmement jeune, il peignit quelques ta-
bleaux à Vérone dont on fit une eftime particulière. Le Car-
dinal Hercule de Gonzague engagea Caliari à venir à Mantouë pour
y travailler auDbme,8c il s'y acquit beaucoup de réputation .Depuis
il travailladans quelques autres villes d'Italie , 8c s'arrêta enfin à
Venife. Son mérite y trouva les récompenfes qui lui étoient jufte-
ment dues , 8c il s'y fit des amis illuftres. C'eft là qu'il acheva tant
de merveilleux Ouvrages dont plufieurs fe font répandus dans tou-
te l'Europe, 8c qu'il tut confnlté 8c employé pour tous les grands
deflèins du Palais Ducal, de la Bibliothèque de Saint Marc , de
la Sale du Confeil des Dix , 8cc. Il fit une feule fois un voyage
à Rome , en compagnie de Jérôme Grimani Procureur de Saint
Marc, 8c AmbafîadeurencetteCour. Il retourna bientôt à Venife
ëc' continua à y achever ces pièces excellentes , qui rendront fon
nom immortel à lapofterité. Il mourut au mois d'Avril de l'an
15-88. Paul Veronefe avoit un frère, nommé Benoit Caliari, 8c
deux fils, dont je parlerai dans la fuite. Benoît étoit Peintre 8c
Sculpteur. Il travailla fous fon frerc , 8c fes pièces paflènt fous cel-
les de Paul. C'étoit un homme extrêmement laborieux , mais fans
ambition. Ilmouruten if^g. âgé de 60 ans. Les deux fils de Paul
Veronefe étoient Ch a rl es 8c Gabriel Caliari. Le
premier avoit un très-beau génie pour la Peinture: dès l'âge de dix-
huit ans il faifoit des pièces qui égaloient celles des plus habiles
_ maîtres. On croit qu'il auroit furpaflë fon pere,s'il eût vécu aùffi
long-tems qu'on le Ibuhaitoit ; mais comme il étoit extrêmement
délicat, 8c qu'il travailloit avec une très-grande application,il fe gâ-
ta la poitrine , 8cmouruten 15-96. lazô.annéede fon âge. Grabriel
fon frère s'adonna au négoce,quoi qu'il fît quelque tableau de tems
à autre. U mourut de pefte en 1 631. âgé de 63. ans. * Vafari, w
Vit.de' Fitt. Kiàoihi Vit.de' Pit.Venet. 0-c.
C A L I C U T , ville 8c royaume fur la côte de Malabar dans la
prefqu'ille de l'Inde au deçà du golfe de Bengala. Ceux du païs l'ap-
pellent CwVo/;» , c'eft-à-dire, Torterejfeducoq; parce que, difeht-
ils , le royaume de Calicut ne s'étendoit pas autrefois plus loin que
le chant du coq. Le plus beau commerce des Indes s'y faifoit dans
le XVI. Siècle, 8c on y voit encore quantité de riches Marchands.
Ce fut là où les Portugais abordèrent , quand ils découvrirent les
Indes Orientales , mais ils ne fçûrent pas profiter long-tems de
la bienveillance du Roi , qui les chafla , dit-on , à caufè de
leur ingratitude , & des outrages qu'ils faifoient à fts Sujets.
Les Anglois s'y font établis depuis long tems, 8c y ont bâtiu-
ne maifon fur un lieu élevé, parce que celle qu'ils avoient aupa-
ravant a été fubmcrgée dans une inondation. Ce païs eft bas 8c
fujet à des débordemens d'eaux.Le fable du rivage ell mêlé de mor-
ceaux d'or très-fin , que chacun peut chercher 8c ramaffer pour
fon profit. Lafortereffe, que les Portugais avoient bâtie en 15-29.
aflèz, loin du rivage j fe voit à plus de deux lieues en mer, a de-
mi fubmergée , & les barques paflènt aifément entre ce château 8c
la terre. Cette ville étoit autrefois le féjour du Zaittorin , ou
Roi de Calicut: mais il n'y demeure plus, 8c il y a inis un Gpu-
verneur, qui loge dans le palais. On appelle ce Gouverneur j le
'B.ajador. Les Gentilshommes de ce pais , qui s'appellentNiayrej,
portent des braflêlets de perles , 8c des anneaux d'or , pour fe dif-
Atticus, quiétoitfonami,ledélivrade,cedanger. CorneliusNe-
pos, qui rapporte ces chofes,ajoûte que le iiéclcauquel il vivoit , lè
pouvoit vanter aVec raifon d'avoir , après la mort de Lucrèce 8c de
Catulle, porté le plus excellent Poète qui fe fut jamais vu. *Cor->
nehus Nepos , dans la Vie d'jOticus.
C A L I F A ; les Perfes donnent ce hom au Régent, qui enièignë
àdxisxsnc Metz.id ou Mofyaée, qui fert de temple, 8c d'école. Le
Molla eft le Prêtre du temple, 8c le Principal du Collège. * Olearius,
Voyage de Ferfc. SUP.
CALIFE; ce nom étoit propre aux fiicceflèurs de Mahomet»
que l'on appellaC,!!/j/"«is Syrie, lors qu'ij s'éleva d'autres Califes
qui ufurpcrent l'autorité fouveraine, en Perfe, en Egypte , 8c
en Afrique. Du règne de Mahomet II. en 814. l'Empire Ma-
hometan étoit divifé en cinq parties. Mahamet , Calife de Sy-
rie, quitta la ville de Damas, 8c' tranfporta fon fiége à Bagdat ,
qu'il fit bâtir fur les ruines de Seleucie, aune journée de l'ancien-
ne Babylone, c'eft pourquoi on le nomma auffi Calife de Baby-
lone. Abdala fon frère fut CaUfe du Caire en Egypte. Il y
eut un troifiéme Calife à Carvan , & un quatrième a Fez, en Bar-
barie: outre le Calife d'Efpagne , qui prit auffiie titre de Roi. De
tems en tems il y a eu des Califes fo/t puiflàns dans la Perfe ,
8c d'autres dans la Cappadoce , dans la CÙiéie , 8c dansla Mefo-
potamie. Pifafire, qui regnbit en 95-8. fut le dernier Calife en
Afie , dont les Turcs fe rendirent les maîtres : 8c il ne refla que le
Calife d'Egypte, 8c ceux d'Afrique, 8c d'Efpagne. * Marmol,
de l'uifrique, iiv: 2.
SUCCESSION CHRONOLOGI Q_U E
des Califes , ou fucccffeurs de Mahomet , qui ont régné en Syrie.
Commencement
du règne.
Mahomet mort en 632.
632.
634.
648.
65-8.
682.
686.
687.
708.
718.
721.
723.
7^7-
746.
748.
749.
7i'4-
760.
781.
792.
814.
834.
849.
865-.
873.
908.
9f8.
Abubéquer, beau-père de Mahomet.
Omar.
Odman, ouOfman.
Moavia.
Jezid.
Abdala.
Abdulnialic.
Gualid. ■
Soliman Hafceîa.
Omar II.
Jezid IL
Gualid m
Jezid elGélid,
Héchcn. ,
Marvan, fils de Mahaniet.'
Abubaba.
Abdala II. fils de Mahafflet.
Mahamet Méhédi , 8c fon filsi
Aron Rachid.
Mahamet II. fils d' Aron, Se Abdala,
Imbraèl.
Mémon.
Ozmen.
Caym Adarri,
Cofdar.
Pifafire , dernier Calife de Syrie,
Années
d» régné
14
t
16
8
30
11 y eut depuis des Califes en Syrie , mais on ne les confideroit que
comme Souverains Pontifes. Elvir , fils de Pilafîre , fut Calife
d'Egypte vers l'an 99o;£c fes fuc*ej(lèurs régnèrent jufques en 1 1 64^
que Saladin fe rendit maître de l'Egypte , prenant la qualité de &»-
ilan ou Sultan , 8c laiflant le titre de Calife aux Grands Prêtres de la
Loi de Mahomet. SUP.
C A L I F O R N I E , Me de l'Amérique Septentrionale, dans k
mer de Sud , qui aboutit au nouveau Mexique ou la nouvelle Gre-
nade, 8c n'en eft feparée que par un bras de mer. Sa longueur eft de
tinguer des perfonnes de moindre condition , qu'ils nom ment Poly- ^^ * ^'^P'^ <^™5 Yieaés du Septentrion au Midi , depuis les promon-
(ts. Il y a plufieurs de ces Nayres qui ne fe marient point , parce toires appeliez Caf Blanc, Cap de Saint Sebaflien, S^CaboMendo-
qu'ils ont la liberté de voir les femmes 8c les filles de leurs camara- """' ju^es à un autre promontoire dit CabodeSanLucar, Lè
des quand il leur plaît. En entrant dans la maifon , ils laiflènt leur paffage étroit de la mer, qui fépare cette ifle de la terre-ferme, eft:
épée 8c leur rondache à l'entrée, pour marquer qu'ils y font ; 8c le pommé par les Efpagnols marvermejo, ou. mer rouge. On a cru
maître même de la maifon voyant ces armes paflè outre, 8c n'y en- 1 long-tems que la Californie n'étoit qu'une prefqu'ifle; mais au-
tre point.LesN/jyr« portent tous les armes.ac fe trouvent ordinai- Ijourd'hui on eft perfuadé du contraire. Lepaiseftfec, fterile, 8c
rement auprès de la perfonneduRoi,pour fa garde 8c pour l'accom- 1 froid» bien que dans une afllette qui devroit être plutôt chaude 8c
pagner à la guerre. Tous les Po/yaj font gens de métier , ouMar- j tempérée. On y pêche des perles dans la mer Vermejo à l'Orient
chands. Le Roi de Calicut ne mange rien qui n'ait été auparavant j des côtes de Californie, 8c fur les côtes de la nouvelle Grenade ou
préfentéàfonP«^0(/e, ou Idole. Il y a encore cela de particulier en inouvean Mexique. *Herrera, Defc. Amer.ii. énc
ce royaume , que la nouvelle Reine (aufli-bien que toutes les épou- CALlGARI, ou Pelacani , (François) de Florence, Profefleur
fes) eft mife entre les mains d'un Bramen , pour en difpofer avant la des Mathématiques , vivoit en 1 5-15-. Il écrivit en ItaUen un Traité
confommation du mariage :£c que ce n'eft pas le fils du Roi, mais 1 d'Algèbre, 8c treize livres d'Arithmétique pratique, qu'il dédia
i " ' ■•-■-- ^ àjule
tt
CAL
à Jule de Medicis , depuis Pape fous le nom de Clément VIIL
* Pocciancius , de Script. Florent. Voffms, deMathem. &c.
■ GALIGNON, (Sof&ey) Maître des Requêtes, & puis Chan-
celier de Navarre, fous Henri le Grand, étoit de Dauphiné. Le
Sieur de Lefdiguieres , depuis Connétable de France , contribua
beaucoup à fon élévation. Voici un éloge que Nicolas Chorier lui
a confacré,dans fon Hiftoire de Dauphiné abbregée pour IVl Je Dau-
phin. Sofrey de Cdignon ami de Revol étoit en même tems dans les fins
grandes affaires. Le Roi, n'étant ^ue Koi de Navarre, l'avoit em-
ployé dans les flus difficiles: tl n'en avait pas alors d'autres, En étant
devenu Roi de France , il n'eut pas de Miniftre qu'il eftimâtplus. H le
fit Chancelier de Navarre. VEdit deNjmteseJtJonOuvrage-.ilytra-
vaillaplusquenulautre. Il étoit /(avant en tout genre de Littératu-
re. Uamêmefait des Vers en nôtre Langue ; Du Ferdier en a confer-
vé plufieurs dans fa Bibliothèque , les autres font péris. Il avait dans
les Mitres un difiemement admirable: pour embarrajfées qu elles fuf-
ftnt, ily trouvait d'abord le point qui les décidait. Ilmturuten 1607.
âgé de f 6. ans, laijfant au Rai unfenfible regret de fa perte. Celle des
grands hommes comme lui ne fe répare jamais. Il faifoit profejjbn
de la Religion P. R. Ces Vers , que Du Verdier Vauprivas nous a
confervez, font une Satire intitulée , Le mépris des Dames. * Du
Verdier, JÎ/^/.f. 11 40. Chorier, HiJi.deDauph.T.II.p.zz^.
' CALIGULA, (Caïus Céfar) fÛs de Germanicus 8c d'Agripi-
né, fucceda à fon grand-oncle Tibère à l'Empire, l'an trente-fept
de 1 E s u s-C H R I s T. On aflûre que comme il naquit dans l'ar-
mée, onluidonnalenomdeCaligula, tiré d'une chauiTure mi-
litaire qui s'appelle ainfi. Pour reconnoître la grâce que Tibère lui
avoit faite de le nommer fon foccaflèur , impatient de fe voir le
maître du monde, ill'étrangla, dit-on, des fes propres mains,
aux abois de la mort. Le commencement de fon règne fut aflèz
modéré, mais cela dura peu; & fa cruauté lui ayant bientôt fug-
eeré divers prétextes pou^ faire punir desinnocens, il ne s'occupa
plus qu'à répandre du fang. Pendant qu'il fouilloit fes mains du
maflàcredesplusilluftresperfonnagesduSenàtScde l'Empire, il
fe deshonoroit foi-même par les inceftes qu'il commit avec fes
propres fœurs. Ildiflipaenpeudemoisdes trefors imrHenfes que
Tibère avoit amaflèz. en plulieurs années. On dit qu'ils fe mon-
toient félon nôtre façon de compter à foixante 8c deux millions, fix
cens foixante 8c quinze mille écus d'or. Après cela il ne fit point de
fcrupule des plus horribles injuftices 8c des plus grandes balfeflès,
qu'il croyoit utiles pour lui faire trouver de l'argent. Sa plus hau-
te folie fut de vouloir palTer pour Dieu . Il faifoit ôter la tête aux
images des Divinitez, anciennes 8c y faifoit mettre la fienne en la
place. Il fe tenoit entre les ftatuës de Caftor 8c de Pollux pour fe
•faire adorer ; 8c fe vantoit de coucher avec la Lune. Son plus vio-
lent delir fut de faire placer fa llatuë dans le temple de Jerufa-
lem , à caufe de la difficulté qu'il fçavoit que les Juifs apporteroient
à lui rendre un honneur que leur loi condamnoit. Il donna or-
dre en 3 9. à Pétrone, Gouverneur de Syrie, de faire tailler une
ftatuëquile repréfentât fous la forme de Jupiter, 8c de la faire
placer dans le Sanftuaire. Ce dernier vit tant de confternation dans
l'efprit de tous les Juifs de l'Orient , que craignant quelque révol-
te, ou pour quelque autre motif, il écrivit a l'Empereur que les
Ouvriers n'avoient pas pu achever la ftatuè". Galiguîa connut fon
deffein , 8c entra en une fureur étrange contre lui. Cependant ,
Agrippa fils d'ArUtobule , qu'Herode le Vieil avoit fait mourir ,
ayant entendu la propofition du Prince , tomba évanoui , 8c lui
écrivit depuis une Lettre fi touchante , qu'il promit de ne faire au-
cune innovation dans le temple des Juifs. Mais comme il étoit
fort inconftant, il s'en repentit d'abord. Il commanda que dans
Rome on fît un cololfe doré, 8c fa refolution étoit de le faire placer
dans le Sanftuaire , avant que l'on ne fçut aucunes nouvelles. Mais
Dieu arrêta fes rrialheureux deflfeins , & le punit de fes crimes par
la main de Caffius Chereas Capitaine de fes Gardes le 14. Janvier
de l'année 41. après une domination de trois ans, dix mois, 8c
huit jours. * Dion, Suétone , Aurelius Viâor , dans fa Vie. Tzd-
te , aux Ann. ]o&Tphe , II. 18. e§' i^.des Antiq. e^/i. 2. delaGuerre.
Philon, dans la Relation de l'ambaffade dont il était le chef, envoyée par
les Juifs d'Alexandrie à Caligula.
11 ne vouloit pas feulement être adoré comme un Dieu, 8c être
appelle lenouveaufupiter, fe failànt dorer la barbe, 8c prenant'
une foudre à la main: mais il affeftoit de repréfenter en fa perfonne ,
tous les Dieux 8c toutes les Déeffes. Il portoit tantôt un trident ,
comme Neptune: tantôt un caducée , comme Mercure: 8c tan-
tôt une lyre, comme Apollon. Quelquefois il prenoit une pique
8c un bouclier , pour refîèmbler aMars ; ou une mafliiè' , pour re-
préfenter Hercule. Souvent il s'habilloit en Venus , avec une cou-
ronne de myrte : puis en Diane , avec le javelot 8c le carquois.
Quand il n'étoit ni Dieu ni Déeffe , il fe fervoit d'un manteau bro-
dé d'or , de pierreries, 8c de perles. Quelquefois il s'avifoit de faire
le brave , avec le corfelet d'Alexandre, qu'on avoit tiré du tombeau
de ce Conquérant : mais ii marchoit ordinairement avec les orne-
mens triomphaux, c'efl:--à-dire,avec la couronne de laurier ou d'or,
le bâton d'y voire , la robe bordée de pourpre, 8c la cafaque brochée
à palmes. * Chevreau, Hiftoire du Monde , li. 3. SUl'.
oS' Voici fon portrait tiré des Médailles 8c des Hiftoriens. Il
avoit le menton relevé, qui marquoit fa cruauté, 8c un vifage com-
pofé , qui n'étoit , comme dit Tacite , qu'une fauflê couverture à
{es delTein» criminels. 11 affeâoit quelquefois , dit Suétone , un re-
gard terrible, pour imprimer de la crainte dans le cœur de ceux qui
l'approchoient ; ce qui étoit un ligne d'un peu de folie, marquée
d'ailleurs par le cou délié , le front grand , les jambes minces , & le
corps mal proportionné. 1 1 étoit chauve près du fommet de la tête:
8c ce défaut montroit qu'il étoit adonné aux débauches des fem-
mes. * Spon , Recherches Curieufes d'Antiquité. SU P.
CALIGURITAINS , anciens habitans de la ville qu'on nom-
CAL • ^
me à préfent Galahorra , dans la Caftille vieille en Efpagne, Ils foû'
tinrent le liège de leur ville contre l'armée de Pompée , avec tant
d'opiniâtreté , qu'après avoir mangé toutes les bêtes , les cuirs , 8c
les autres choies qui avoient quelque peu de fubftance , ils mangè-
rent enfin leurs femmes 8c leurs enfans , qu'ils faloient comme des
pourceaux. * Valere Max. liv. 7. ch. 6. SUP.
CALINGIENS, anciens peuples de l'Inde , vers la mer ,
parmi lefquels on dit que les femmes portoient des enfans dès l'âge
de cinq ans, 8c n'en vivoient que huit au plus. * Pline; liv.ô.ch,
17. SUP.
C A L I P P E , Mathématicien de Cyz,ique,étoit en grande efti-
me dans la Grèce. Prenant garde qu'il ne pouvoir pas ajufteravec
alfez d'exaftitude les années Solaires avec les Lunaires , 8c trou-
vant du défaut en l'ordre de Meton , il inventa une période qui
contenoit quatre cycles Metoniques , chacun de dix-neuf ans; 8c
en tout de foixante 8c feize années , ou dix-neuf Olympiades. Il la
commença fur la fin du mois de Juin , 8c la troifiéme année de la
CXII. Olympiade, qui étoit la 41 9. de Nabonaflàr , 4384. delà
période Julienne , 4î4.deRome, 37i4.duMonde, 330. avant
J E s u s-C H R ï s T ; Ariftophon étant Archonte d'Athènes , 8c la
même année que Darius fut tué par BeîTus. * Ptolomée , //. 3 .
p. 63. Gr. éd. Petau, li. 2. c. 16. é' l'- '°. c- 37. doBr.tetnp.'
Voifius , de Math. c. 33. §. ij. Scaliger , in. Not. ad Eujeo.
Chron. Riccioli, Chron. refarm. ér^.
CALIS, ouGadis, que les Anglois 8c ceux des Païs-Bas
nomment Galis-Malis , ifle 8c ville d'Elpagne furies côtes de l'An-
daloulie. Elle a été connue à toute l'Antiquité, fous le nom de
Gadei 8c de Gadira. Elle fut fondée par les Phéniciens, qui la nom-
merentainfî, 8c ce mot enleur langue lignifie ««e^^pj'e, ou unen-
clos. Elle en eut encore d'autres , comme celui de T»r<e^J ; ce que
Feftus Avienus exprime ainfi :
Hic Gadir urbs e/i , diBaTarteffusprius.
Strabon dit qu'il y avoit autrefois deux villes de ce nom ; mais Pli-
ne n'en met qu'une , dite fulia Gaditana, parce que Jule-Céfar
ayant fournis l'Efpagne y laiffa une colonie deRomains.On croyoit
auffi autrefois que Cadis étoit comme le terme de la navigation ,
qu'on ne pouvoit pas avancer davantage , parce qu'au delà on trou-
voit le détroit de Gibraltar 8c les colomnes d'Hercule. C'eIt peut-
être pour cette raifon qu'on y avoit bâti un temple au m^me Her-
cule qui y amena les bœufs de Gerion. C'ell: dans ce même tem-
! pie où l'on dit que Jule-Céfar verfa des larmes , en fe fouvenant
jdecequ'Alexandre/cGraWavoitfaità l'âge de 33. ans. On dit
'qu'elle a été la patrie de L. Cornélius Balbus , 8c du Poète Ga-
nius , qui vivoit du tems de Martial , lequel ep parle en ces terâies:
Gaudent jocofa Canio Gades fuo.
Golumella aflure aulTi lui-même que Cadis étoit le lieu de fanait
fance :
Et mea quam générât Tartejft Itttore Gades.
L'Ifle de Calis eft plus longue que large , dans un grand golfe l
auquel elle donne fon nom , entre l'embouchure du Guadalqui-
vir 8c TarilFe. Elle n'eft feparée de la terre-ferme que par un petit
bras de mer qu'on y palTemêmefur un pont dit /*/>«««»? f^i'»»/».
Prefqu'au bout de l'Ille , du côté du Septentrion , il y a un petit
golfe fermé d'une langue de terre, où eft bâtie lavilledeCadis,
qui a EvêchéfufïragantdeSeyille. Elle a vers la mer des rochers
efcarpez , qui lui fervent de remparts , 8c vers la terré il y a un
folTé à fond de cuve rempli d'eau, avec deux baftions qui occu-
pent toute la largeur del'Ifle, de forte que Cadis en lèmbleêtre
une féconde. De chaque côté du rivage , 8c fur-tout à l'entrée du
port, il y a divers forts , entre lefquels ceux de S. Filipo 8c de S.
Sebaftiano font les plus confiderables. On a même eu foin d'en
bâtir un, fur un rocher qui s'élève au milieu de la mer. Les Efpa-
gnols n'ont rien négligé pour fortifier cette place, quoi qu'elle
ne le foit peut-être pas aulfi régulièrement que celles qu'on forti-
fie à la moderne. C'eft le rendez-vous ordinaire de leurs galions
8c de leurs plus grands vaiffeaux , à cauiè que le port eft excellent.
Outre cela Cadis eft une clef d'Efpagne , 8c une des trois qu'on
dit que l'Empereur Charles V. recommanda au Roi Philippe II.
fon fils, 8c dont la garde étoit d'une extrême importance pour la
conlèrvation de cet Etat. Les deux autres étoient Fleffingue 8c la
Goulette , l'une dans les Païs-Bas , 8c l'autre en Afrique. * Pline ,
l. 4. c. 2 2 . 0- '. f . c. j. Pomponius Mêla, li.-^.c.6. Silius Italiens , li.
I. ©■ 3. Nonius, Hïfp. c .9. Mariana, Marinaeus, Merula, S.
Bochart, in Chanaane, lib. I. c. 34. 8cc. Voyez Cadis , qui eft le véri-
table nom de cette ville 8c non Calis.qui n'en eft qu'une corruption.
C A L I S T E , ou Kauisch , ville 8c fiege d'un Palatinatdans
la grande Pologne , qu'on croit être la mêiîie que Ptolomée ap-
pelle CaZ^M. Jean Sprow, Archevêque de Gnefne, y affembla
un Concile l'an i45'7.
CALISTE NICEPHORE. Cherchez Nicephore.
[C A L I X T E , (George),Théologien célèbre parmi les Luthé-
riens , étoit né dans le Holftein , à Medelbuy , village de la jurif^
didiiion de Sleswilc, le 14 de Décembre 15-86. Son pereétoitMi-
niflre, 8c le deftina dès fa jeuneffe à l'étude de la Théologie. Il
fit lès études dans les Académies de Helmftadt . de Jene , de Gies ,
8cc.8c parcourut prefque toutes lesEcolesProteftantes d'Allemagne
Il voyagea auffi avec Matthias O verbeek Luthérien riche , établi en
Hollande. Cet homme, qui connut le mérite de Galixte, 8c qui
comprit que plulieurs bons efprits demeuroient dans l'ignorance ,
faute d'avoir de quoi s'avancer, aida Galixte de fon bien , 8c fit la
même generofité a Hermannus Conringius , 8ç à d'autres. Enfin
Galixte , après avoir voyagé en France , en Angleterre , Se en Hol-
lande, retourna en Allemagne, 8c fut fait Profellêur en Théolo-
gie en 16 14. à Helmftadt. Il s'acquitta de cet emploi , avec tant de
fatisfaâion de ceux qui l'avoient appelle , que Frideric-Ulric Duc
de Brunftvik ne voulut jamais permettre qu'il allât ailleurs, quoi
qu'il
CAL.
iju'il fût appelle en 1 63 j . par Erneft Duc de Weymar. Il avoit pris ,
dans fes voyages , 8c par fes études , un efprit de modération, qui
faifoit qu'il ne çondamnoit pas volontiers ceux qui n'étoient pas de
Ion fentiment , en des dogmes qui ne font pas de l'eflènce de la
Religion. Outre cela , il avoit compris que ceux de {à communion
donnoient en divers lieux trop d'autorité à Lutlier , Se n'ofoient
s'éloigner de fes fentimens en quoi que ce foit , par une efpece de
fuperftition. Ces fentimens lui attirèrent bien des ennemis , parmi
ceux qui eftiment trop Luther, & qui condamnent rigoureufement
ceux qui ne font pas de leur opinion en tout. Il mourut le 18. de
Mars en 16/6. Entre les dernières paroles qu'il dit, celles-ci font
remarquables: fefouhaite, dit-il, de mourir fous Jefus-Chrifî: Chef
i/e tEgLife , dans ta fei de la véritable IgUfe Caiholique , ^ dans
l'amour de tous àeux qui fervent fincerement (^r qui aiment Dieu le Fe-
te, le Fils , i^ te S. Efprit. Je ne condamnerai aucun de ceux qui
errent dans des queftions non nécejfaires , ^ j'efpere que Dieu me par-
donnera , fi j'ai erré dans des chofes de cette nature , comme il a pu
arriver. L'aîné de fes fils nommé Frederic-Ulric ell à préfent (en
1690.) Profeflêur en Théologie à Helmftadt.Son père a laifle quan-
tité d'Ouvrages , dont on peut voir le catalogue dans le Théâtre des
Hommes Illujires de Vreher. Il y a eu aulTi un J urifconfulte Allemand
nommé Thomas Calixte, mort à Wittemberg en ifpi-]
CALIXTE. Cherchez Califte.
CALIXTINS. Cherchez Calliftins.
CALLAO, ôuCallAo de lima, Callaum , petite ifle
de l'Amérique Méridionale , fur la côte du Perou,vis-à-vis de la vil-
le de Lima ou de los Reyes , dont elle ferme le port. Il y a un petit
bourg avec un château fur le rivage.
[CALLEPIUS, Intendant de trois provinces fous Conllant,
l'an cccxL.yac.Gothofredi Profopographia Cod. Theodofiani.]
C A L L I A S , certain Poète d'Athènes,qui fit une Tragédie fort
îngenieufede la Gratamaire , Se qui conipofa des Comédies^ On
ne fçait pas bien en quel tems il a vécu. * Athénée, li. 10. Vof-
lius , des Hift.Grecs, li. i.c.ii. des Poètes , p. 86. des quatre arts Po-
/)»/. c. i.§.z.Scaliger,//. i.dere Foëe,c.S. érc.
C A L L I A S , Auteur qui étoit de Syracufe ; il compofa l'Hif-
toire de Sicile 3 8c s'étant lailfé corrompre aux préfens d'Agatho-
cles,0 écrivit à fon avantage. Ses Ouvrages font fouvent alléguez
J>ar les Anciens. * Jofephe, li. 1. contre ^ppion. Athénée , li. 12.
Elien, Hifi.anim.li. 16.^.28. Denys d'Halicarnaflè, li. i.deAnt.
IR-om. Macrobe , li. j.Saturnal. c. 19. Suidas. Voffius, /. i. des
Jiifl. Grecs, c.ïf.
C A L L I A S , nom d'un Général des Athéniens , 8c de quelques
autres dont Xenqphon , Paufanias , 8c Plutarque font mention.
CALLIAS, inventa le vermillon , l'an 349. de Rome, félon
Pline; //. 33.C.7.
CALLIAS, de Mityléne, Auteur Grec , qui avoit écrit quelques
ouvrages de Grammaire,dont parlent Athénée,//. 3.8c Strabon,/r.3.
CALLIASELE'EN, Prêtre des Sybarites en Italie , ayant
manqué à fon devoir dans un facrifice , 8c craignant d'être puni ,
s'enfuit à Crotonc , où il donna des avis pour prendre la ville de Sy-
taris. Les Crotoniates proilterent de cette tiahifon , 8c détruifirent
Cette ville. * Hérodote, li.^.SUP.
CALLIAS , célèbre Architeéle 8c Ingénieur , natif d'Arados ,
îfle de Phenicie , s'acquit de la réputation à Rhodes par fes nouvel-
les inventions. IlfituncJnachineavec laquelle il enlevoit uneifc-
lépole par-deflus la muraille. L'Hélépole étoit une efpece de tour rou-
lante pour approcher d'une ville afliegée , 8c de là combattre les en-
ïiemis, qui etoient fur les murailles. * Vitruve,//. lo.Sl/P.
CALLICRATE, HiftorienGrec, étoit de Tyr, 8c vivoit
environ fur là fin du III. Siéqle, vers l'an 280. Il compofa la Vie
de l'Empereur Aurelien. * Vopifcus , dans Aurelien.
CALLICRATE , Sculpteur ingénieux , gravoit des vers
d'Homère fur un grain de miUct , 8c fit un chariot qu'on pouvoir
cacher fous l'aile d'une mouche; 8c des fourmis dont on ne pou-
voir diftinguer les membres. On ne fçait pas en quel tems il a vécu.
* Pline , //. 7. c.^l.é' H- l^. cf. Elien, //, i.c.ij.Hift. Plu-
tarque, T>aB.r.inStoic.
CALLICRATES, Grec fort confideré dans l'Achaïe , foij-
mit fa patrie à l'Empire Romain, 8c empêcha que les Achéens ne
fiflènt alliance avec Perfée Roi de Macédoine. Il fit même en forte
que l'on n'écoutât pas les Ambaflàdeurs de Perfée; mais ilfiit en-
liiite puni de fa perfidie par Menalcides. * Paufan. Hv.6. SUP.
CALLICRATIDAS, Général des Lacedemoniens , rem-
porta de grands avantages fur fes Athéniens , 8c fe dévoua unique-
ment au bien de fa patrie. Il prit la ville de Methymne , 8caffiegea
dans Mityléne Conon Général des ennemis. Les Athéniens accou-
rurent au fecours , donnèrent le combat près des ifles nommées
uîrginufes , 8c Callicratidas fut noyé au commencement de l'an
347. de Rome. *Xenophon, l.i.HiJl.Gmc.
[CALLICRATIDAS, Auteur Grec , dont on trouve un
fragment confiderable dans St^éée , Serm^ lxviii.]
[CALLIDEM E,Auteur que Pline cite,en parlant de l'Eubée,
Hj^.N^ï.Liv.IV.c. 12.]
CALLIDIUS, ou Cornélius CALLiDius,de Gou-
3e en Hollande , dont le véritable nom étoit Loos ou Loos eus, vi-
voit fur la fin du XVI. Siècle , 8c fut Doâeur de Mayence , 8c Cha-
noine de Goude. Depuis , les guerres civiles l'ayant obligé de fortir
de fon pais , il vint à Bruxelles , où il fut Vicaire d'une Paroiflè ,
& mourut le 4. Février de l'an ij-pj-.Callidius compofa un Traité
DeveraacfalfaMagia, qui fut condamné, 8c qu'il fut lui-même
contraint de defavouër. Ses autres Ouvrages furent mieux reçus.
Les principaux font , Illuflrium mriufque Germania Scriptorum Cata-
logus. Defesfio urbis ^ orbis, ^c. Valere André , £ié/. Belg.
CALLIMACHUS, Capitaine Athénien , fut élu General
dans le confeil de guerre que ksÂtheniens tinrent avant la bataille de
Tom. II. ''-.--
I . CAL . if
Marathon. Il fut de l'avis de Miltiade , qui étoit de livre]- Ccfiâbat
auxPerfes, ôc après la bataille il fut trouvé tout percé de flèches j
8c néanmoins debout. * Suidas. SUP.
CALLIMACHUS, Médecin Grec , fit un Traité c^es cou^
ronnes dont on fe fervoit dans les feftins , pour montrer les mauvais
effets de l'odeui- des fleurs dont elles étoient compofées , qui blef-
foient fouvent le cerveau, 8c caufoient de grandes maladies. * Pli-
ne, BiJl.l.2.i.c.iii.SUP.
CALLIMACHUS, fameux Poète Grec , étoit de Cyrené
viUed'Afi-iquc, fils de Battus, 8c difciple d'Hermocrate /e Cr.3»»-
mairien. Ce Poète, qui étoit aulTi Hiilorien , fut un des plus fça-
vans hommes de fon tems, qui compofa plufieurs livres, mais Û
naimoit pas les longs ouvrages , auffi n'en fit-il qu'un qui eût
quelque étendue , qu'U intirula. Us Paufes ; 8c lors qu'on lui
demandoit pourquoi il aimoit tant les petits ouvrages, il répondoit
qu un grand Livre étoit toujours un grand mal. On trouve encîJ^
re la même penfée à la fin d'un de fes Hymnes ; mais elle eft
expliquée d'Une manière un peu différente : il dit que l'Euphrate efb'
un grand fleuve ; mais que pour lui il aimeroit mieux ces petite.^!
fontaines claires 8: paifibles , dont toutes les gouttes font agréablesi
que toute la fange 8c tout le limon des grandes rivières. Il enfeigna
la Grammaire en Egypte avec beaucoup de réputation , 8c eut en-
tr 'autres difciples le Poète Apollonius , qui reconnut mal les obliga-
tions qu'il avoit à fon maître : c'efl: pourquoi Callimachus fit contre
lui un Poème très-piquant, où il le defîgnoit fous k nom A' Ibis, 8c
faifoit contrelui toutes les imprécations qu'Ovide a depuis tradui-
tes en Latin dans l'ouvrage intitulé , In Ibim.ïl ne no^s eft rien refté
de Callimachus , finon quelques Èpigrammes 8c quelques Hyrnnes,-
Son ftyle eft net 8c fort. Voyez Voflius , des Hiji. Grecs , chap. 8.'
Jonfius , liv. 2 . chap. f. Tanegui le ¥eVTe,Vies des Poètes Grecs. SUP.
CALLIMACHUS, dit le feune. Poète héroïque , fils d'iinc
fosurdece premier, félon Suidas. Il vivoit un peu après ce pre-
mier, la CXXXII. Olympiade, l'an 5-00. de Rome. On en met un
autre de Colophon , aufll Poète,allegué par Tatian, orat. ad Gent. 8c
par Eufcbe,//. lo.Prsp.Evang.p. zH^.de l'édit. de Robert Etienne.
CALLIMACHUS , Poète , qui étoit natif d'une ville d'Om-
brie appellée Mevanie , aujourd'hui Bevagea, dans le Duché de Spo-
lete. On ne fçait pas en quel tems il vivoit , mais feulement que
Mevanie étoit la patrie de Properce, lequel parle de Callimachus ,'
au li, 4. eleg. i .
Umbria Remàfiipatm à'dUimack
[Il y a grande apparence que Properce entend parler de lui-même
dans ce vers, 8c qu'il fe nomme le Çallimaque Romain,^3ice qu'il ex-
celloit dans la même efpece de Poëme.que Çallimaque de Cyrene.
Ainli c'eft en vain que l'on cherche un Poète Grec en Ombrie.j
CALLIMACHUS EXPERIENS, (Philippe) natif dé
San-Geminiano dans les Etats de Florence, ce quiadojinéocca-
fion à quelques Auteurs de dire qu'il étoit Florentin. Il étoit ea
eftime dans le XV. Siècle , 8c fut obligé de fortir d'Italie , pour évi-
ter la haine du Pape Paul II. qui l'accufa d'avoir confpiré contre fx
perfonne. Il fe retira en Pologne, où le Roi Cafimir le choifit
pour êtrePrécepteur de fes enfansjSc fon mérite le rendit confidera-
ble à ce Prince,^ Jean Albert fon fils 8c fon fucceflêur, 8c à Matthias
Corvin. Callimachus a compofé plufieurs Ouvrages d'Hiftoirej
celle d'Attila , trois Livres des guerres de Ladiflas V. Roi de Polo-
gne 8c de Hongrie , tué à la bataille de Varnes , un Livre de ce que
les Vénitiens firent pour exciter les Perfes 8c les Taitares contre les
Turcs ; 8c quelques autres citez par Tritheme , par .'^ponde , 8c par
d'autres fous l'an 1490. qui fut celui de la mort de Callimachus Ex-
periens. * Volaterran,/». 7. Cromer, li. 30. Michou. ii. 4. c.yS:
Paul Jove , in Elog. doSl.^i . Voffius, des Hift. Lat.lib. 3 . c. 8. ^d
CALLIMACHUS, célèbre Architecte , (nommé x«z;Çc=
Tsxvoç , c'eft-àrdire , oj*i ne trouve jamais fes ouvrages ajfez bien
faits)étoitàe Corinthe , Se travailloit peu de temps après la 60.'
Olympiade. Il tailloit le maibre avec une délicateflè admirables
Ce fut lui qui inventa le chapiteau Corinthien , orné de feuilles
d'acanthe, par une rencontre qui mérite d'êtrç fçûè. Une jeune
fille de Corinthe étant morte , fa nourrice pofa fur fon tombeau
dans un panier quelques petits vafes que cette fille avoit aimez pen-
dant fa vie , 8c afin que le tems ne les gâtât pas ii tôt , elle couvrit
le panier d'une grande tuile. Il arriva par hazard , que ce panier
fut pofé fur la racine d'une plante d'acanthe, d'où il Ibrtit au Prin-i
tems des feuilles 8c des tiges qui s'élevèrent le long des côtés du
panier , 8c rencontrant les bords de la tuile , furent contraintes de fe
recourber en leur extrémité, 8c de fake le contournement des vo-
lutes. Callimachus, palfant auprès de ce. tombeau, vit ce panief
environné de ces feuilles ; 8c cette forme nouvelle lui ayant plû , il
en imita la manière dans le chapiteau des colomhes qu'il fit depuis
à Corinthe, étabUffant fur ce modèle les proportions 6c lesmefu=
resde l'ordre Corinthien. Il réufliflToitauflifort bien dans laPein-i
ture , 8c dans la Sculpture , dont il faifoit fa principale occupation;
On remarque encore qu'il fit pour le temple de Minerve à Athènes,-
une lampe d'or , dont la mèche étant de cette efpece de lin qu'on '
tire de]3.-piene Amyanthe , éclairoit nuit 8c jour pendant un an en-
tier, fans qu'il fût befoin de renouveller l'huile de la lampe.* Vi-;
truve, /(. 4. ch. i. Pline, /ra. 34. Paufanias /w. i. .<A//c. Felibien ^
Vies des ArchiteSies. SUP.
[CALLIMORPHUS,Hiftorien,qui avoit écrit l'Hift^ire des Par-'
thes,8c quelques autrcsOuvrages. i.aw»de la manière d'écrire l'HiA
toire.]
CALLINICÛS,qui avoit foin des vafts facrez de l'Eglife dé
Conftantinople , fut fait Patriarche en 691. après la mort de Paul
III. Il étoit ennemi de l'Eglife Romaine , Se amateur des nouveau^'
tez. Ce qui porta Juftinien le Jeune, qui prit Conftantinople en
7 05- à lui faire crever les y eux,8e l'envoyer en cet état à Rome * Ba-
ronius,.4.C.6pi.», 4.703,^, i.j^c. Theophanes , Cedrenus.
C GAi---
iS
CAL.
C A L L I N I C U s , dit Sutorius , fils de Gaius , SofWfte de
Syrie, onde l'Arabie Pctiée, félon les autres, vivoitdans le II.
Siècle. Ilenfeignaà Athènes fous l'Empire d'Antoni.n h Débon-
naire. II compolk un Ouvrage de la Dédicace , dédié àGalien; un
de la mauvaife imitation de l'art Oratoire , dédié à Lupus , que
quelques-uns croyent être ouRutiliusLupusRhétoricien.oufon fils;
un en dix livres des Hiftoires d'Alexandrie ,' cité par Saint Jérôme;
un des Sedes des Pliilofophes,&c. * S. Jérôme , Tnfat in Dum. Sui-
àas,Yoffms,iiesHift.Grea,li.i.c.i^.
CALLINICUS, natif d'Heliopolis en Syrie, inventa 1 an 670.
cette forte de feu , qu'on nomme ordinairement lefeuGrec ou Gré-
geois, que l'Empereur ConftantinPo^owa?, ou /«B/iJ-^», employa
avec tant de fuccès pour brûler les navires desSarrafins,comme Zo-
naras & d'autres l'ont remarqué. Les Curieux pourront confulter
Valturinus , qui enfeigne comment on prépare la matière de ce feu.
* Zonaras, in Confl. Fogon. Valturinus, li.ii. dere mliidri, c. 9. Jean
BaptiftePort3,/i. i2.3eiïM/!g-. nat. Jule Céfar Scâliger, îxercit,
c j. ^//7. 5. Cardan, </e Suét.li^ 2. Samulth, in Not,'a4-Panv, P. IL
rer.memor.iit.iç. ^
CALLINICUS. Cherchez Seleucus ÏI.
C A L L I N U S , Poète Grec , qui faifoit des Élégies. On ne
fçait pas bien en quel temsiiavécu, mais feulement qu'il eft cité
par Athénée, au li.ii. par Clément Alexandrin, au li^ i . des Tapijf.
& par Strabon , aa li. 1 3 .
C A L L I O P E', une des Mufes , qui préfide à la Rhétorique 8c
à la Poèïie Héroïque. C'eft pour cela que les Anciens l'invoquoient,
quand ils décrivoient les belles aftions des Héros. Ils la repréfen-
toient fort jeune, couronnée de fleurs , tenant en fon bras gauche
plufi.eurs guirlandes de laurier, &. en fa main droite trois Livres,
fçavoir, l'Odyflêe, l'Iliade, gcl'Eneïde.
CALLIPATRIA, femme Eléenne ou du pais d'Elide , fqa-
chant que c'étoit un crime à toutes celles de fon fexe de pafTer le
fleuve Alphée durant les jeux Olympiques , ne lailTa pas de trans-
greilèr cette loi , en fe déguifant fous l'habit d'un Lutteur. Elle
tiit reconnue , mais fon pereScfes'freres étant de ceux qui avoient
remporté le prix àlaIutte,on lui pai'donna ; 81 on fit enfliite une
loi,par laquelle il fut ordonné qu'à l'avenir les Lutteurs entreroient
tout nuds dans la lice. * Paufanias , Cœl. Rhod. hv. 14. chap.T.4,.
SVP.
[CALLIPPE, Mathématicien deCyz.i(|ue ; difciple d'Eu-
doxe , 8c contemporain d' Ariftote. Il eft cite par Achdles Tatius
fur Aratus, par Simplicien fur le 2. Liv. d' Ariftote decoeloSx.'pai
d'autres. Voyez yo/î». Me»>y3 Bibliotheca Grxca.]
CALLIPPE, HiftoriendeCorinthe,compofaimeHiftoire des
Orchomeniens , félon Paufanias , dans le livre 9. où il rapporte
quelques vers de lui.Il y a aufli eu un CapitaineAthenien de ce nom;
& un Philofophe, qui difoit que la félicité confiftoit dans le plaifir
honnête. *Diogene Laërce,Fi>i/eZ«»o»,<»«//. 7. Cherchez Calipe.
CALLIPPE, Tyran de Sicile , eft celui qui afTaffma Dion ,
qui avoit rendu la liberté à la Sicile , 8c s'en fit le Tyran. Ce fut
l'an 400. de Rome , environ 35-4. avant Jesus-Christ. Mais
le ciel permit qu'il fut tué du même couteau, qu'il avoit employé
pour ravir la vie à ce grand homme. * Plutarque, in Dion, au Trai-
té de la mauvaife honte , ^c.
CALLIPPIDAS, Hiftorien Grec. On nefçait pas enqueltems
il a vécu. Il a écrit un Traité des Scythes. Strabon le met entre
ceux qui ont écrit des menfonges , comme Hellanicus , Hérodote,
& quelques autres , auli.ii.
CALLIRHOE', fontaine de Judée à l'Orient duJourdain,dont
les eaux chaudes tomboient dans le lac Afphaltite , 8c n'étoient pas
feulement médicinales , mais très-agréables à boire. Jofephe,qui
farle de cette fontaine , remarque qu'Hérode étant tombé dans
une horrible maladie , y vint pour prendre les eaux, qui ne lui lèr-
virent de rien ,anli.iy. ch. 8. Pline 8c Paulànias parlent de quelques
autres fontaines de ce nom.
CALLIRHOE', fontaine dans le pais d'Attique , dont les
Poètes ont fouveot fait mention. Strabon en parle , auffi bien que
Thucydide , li, 2. On dit qu'elle avoit neuf tuyaux. Ce que Stace
exprime ainli dans le i z. livre de la Thebaïde:
Et cjuùs Callirhoë novies erranlibus undis.
CALLIRHOE', fille de Scamandre , époufa Tros troifiéme
Roi de Dardanie , qui prit de lui le nom de Troye ; 8c eut trois
fils ; Ilus , quilaiifa fon nom à la même ville ; Ganymede enlevé
par Jupiter , ou félon d'autres par Tantale Roi de Méonie , ou
Paphlagonie ; 8c Aflaraque père de Capis , ëc grand père d'Anchife.
* Melfala Corvinus , de l'extraHion d'Augufie. Homère , Virgile ,
Eufébe , en la Chron. éfc
CALLIRHOE', fille de Lycus Tyran de Libye , laquelle ayant
délivré fon mari Diomede des embûches que fon père ^ui avoit dref-
fées , fut il fâchée de s'en voir délaiftee , qu'elle fe pendit de defef-
poir , en détcftant l'infidélité de cet ingrat.
C A L L 1 R H O ES fille du fleuve Achelous. Elle époufa Alc-
meon, lequel ayant été aiTaflmé , Achelous obtint de Jupiter que
les enfans devinflènt plus âgez qu'ils n'étoient , pour être ainfi en
état de vanger la mort de leur père, * Ovide ,li. ^.Metam.
S. C A L L I S T E ou C A L I s T E I. de ce nom , Pape , Ro-
main , que quelques Auteurs nomment Domiiius Calixtus , fut
mis fur la chaire de S. Pierre , après la mort de Saint Zephyrin,
l'an 219. La bonté , que l'Empereur Alexandre Severe fils de
Mammée eut pour ks Chrétiens, 8c la fentence , qu'il prononça
en leur faveur , leur faifant rendre une place , que les Taverniers
de Rome avoient ufurpée , lui donna la penfée de bâtir une Egli-
fe au même lieu. Ce qu'il exécuta en l'honneur de l'enfantement
de la Sainte Vierge , au tems auquel on croyoit poj tradition ,
qu'en ce même lieu une grande abondance d'huile étoit fortie de
la terre , pour annoncer aux hommes l'avènement de J es u s-
CAL
Christ, qui eîll'Oina du Seigneur. Cette Eglife s'appelife
aujourd'hui Nôtre Dame au delà Uti Tibre. " Les Confeillers de
l'Empereur, qui n'avoient pas les mêmes fentimens que lui pour
les Chrétiens , exercèrent"' contre l'Eglife uiie perfécution du-
rant laquelle ce Pontife filt arrêté. Il demeura long-tems en
prifon;8c fut jette dans un puits le 14. Septembre de l'an 224,
ayant tenu le liège cinq années, un mois, £c douze jours. Il don.^
na cinq fois les Ordres îàcrez au mois de Décembre, où il ordon-
na feize Prêtres , quatre Diacres, 8c huit Evêques. On lui attri-
bue' l'inftitution ou confirmation du jeûne , que l'on nomme let
quatre-tems; une Epître à un Evêque nomme Benoît , 8c une autre
aux Prélats de France. Il bâtit un cimetière qui porta fon nom.
Le Mai'tyrologe Romain eri fait mention le 14. jour d'Oâobre.
Quelques Auteurs difent qu'il ne fut élu qu'en 221. 8c qu'il fut
mirtyrifé en 226. Il n'y a pas d'apparence qu'il ait été long-tems
retenu en prifon, qu'on l'y ait fait languir de faim , 8c qu'il ait été
battu tous les jours à coups de verges Se de bâtons par ordre de
l'Empereur. Il éft plus croyable que la brutalité 8c la haine des
peuples contre les Fidèles ayant excité le trouble, le faint Pontife
fut jette dans un puits; ce qui convient mieux en effet à quelque
évenemait extraordinaire , qu'à un jugement régulier. * Baro-
nius, in Annal, i^r- Martyr. Onuphre, Genebrard, 8c Gautier,
in Chron. Anaftafe , Platine , Ciaconius , Du Chefne, Papyre
Maifon , 8cc. in Vit. Pontif. Thomas Valdenfis , Eckius , Coc-
cius , 8cc.
C A L L I S T E II , un des grands Papes que l'Eglife aiteu,étoili
François, 8c Archevêque de Vienne en Dauphiné. Son nom
étoit Guy de Bourgogne ; il étoit cinquième fils de Guillaume
le Grand, 8c frère dcRàinaud 8c d'Etienne, Comtes de Bourgo.^
gne, gc oncle d'Adelaïs Reine de France, femme du Roi Louis
VI. dit le Gro^, fille d'Humbert II. Comte de Maurienne , 8c
de Gifle de Bourgogne foeur de Guy dont je parle. Il fut mis fur
le fiége de l'Eglife de Vienne en 1083. 8c remplit fi bien tous les
devoirs d'un faint Pafteur, qu'on le crut digne de l'être de l'Eglife
univerfelle. Et en effet il fut élu dans l'Abbaye de Cluni, où il
aflîftoit aux funérailles de Gelafe II. fon prédeceffeur ; 8c prit le
nom de Califte, parce qu'il fut couronné le 14. Oétobre, qui
eft le jour auquel l'Eglife célèbre la fête du faint Pontife , dont
nous avons parlé. Il avoit été élû au mois de Février de la même
année il 19. La crainte, qu'il eut que les Cardinaux , qui étoient
à Rome ,n'approuvaflènt pas fon èledlion , 8c que cela ne fût le fu-i
jet d'un nouveau fchifme dans l'Eglife, fut la caufe qu'il s'oppoû
d'abord à cette éleéiion. Car outre que Guy ëtoit très-modeftci
fa crainte n'étoit pas déraifonnableaufujet d'un fchifme ; il y ea'
avoit déjà un dans l'Eglife par les intrigues de l'Empereur Henri V,
qui avoit contraint le Pape Gelafe de fuir en France , 8c avoit fub-
rogé Maurice Burdin, Archevêque de Prague, en fa place, com-
me je ledis ailleurs. Mais la vertu de Gelafe étoit fi bien connue,
que chacun ratifia fon éleftion. Avant fon départ de France, ii
tint des Conciles à Vienne, à Touloufe, àRheims; 8c confirma à
Laon l'Ordre de Prémontré. De là il paflà à Rome , où il fut re-
çu le 3. Juin 1120. 8c y célébra en 1123. le I. Concile Ge-
neral de Latran, pour établir la paix entre les Papes 8c les Empe-
reurs. Il avoit fait metti-e en prifon l'Antipape Burdin, qui s'op-
pofoit à ce calme; 8c Calixte mourut le 13. Décembre de l'aa
1 124. après f. ans, 10. mois, 8c 13. jours de fiege. Outre piu-
fîeurs Epitres , ii a écrit un Livre de la vie des Saints ; 8c un des
miracles de Saint Jacques l'Apôtre , auquel il avoit une particulière
dévotion .Vincent de Beau vais rapporte prefque tout ce dernier Ou-
vrage dans fon Miroir Hiftorial. Les autres Traitez , qu'on attribuS
à Calixte II , font , Thefaurus pauperum. De contraéiibus illicitis,
VitaCaroliMagni, ^c. Ce Pape étant encore Archevêque de Vien."
ne fonda l'Abbaye de Bonnevaux en Daupliiné , 8c fit de grands
biens aux Eglifes de fon diocefe. * S. Antonin , i^i^f. Tritheme,
^e&n/>f.E«/. Vincent de Beâuvais,//'. lô.Spec. c. ^o.é'feq- Poflè-
vin, inAppar. Baronius , Ciaconius , Papire Maifon, Du Chelhe,
8cc. de Vit. Pontif. Louis Jacob, £/^/. Pontif. Sainte Marthe, Gall.
Chrift. Chorier , Hift. du Dauph. f^c.
CALLISTE III. Pape , nommé auparavant Alfonfe deBor-
gia, étoit Efpagnol, natif de Xativa dans le diocefe de Valence.
Scsparens l'éleverent avec grand foin. IlétudiaàLerida.où s'étant
avancé dans la Jurifprudence Civile 8c Canonique , il fut jugé digne
dé l'enfeigner , 8c eut même une Chanoinie ea cette ville. Alfon-
fe V. Roi d'Aragon le choifît pour çtre fon Secrétaire , il agit mê-
me avec un grand foin pour finir le fchifme en Aragon , 8c le Pa-
pe Martin III. lui donna l'Evêché de Majorque. 11 ne l'accepta
pas pourtant , ou du moins il n'en prit pas poflèflion , 8c il eut
depuis celui de Valence. Le Roi Alfonfe l'employa en diverfes né-^
gociations, 8c!ePapeEugeiKlV.le fit Cardinal en 1444. Il fut
élu Pape, après la mort de Nicolas V. le 8. Avril de l'an 14//.
On dit qu'il étoit alors âgé de plus de foixante 8c feize ans. Saint
Vincent Ferrier lui avoit prédit qu'il feroit Pape , long-tems
avant qu'il le fût, 8c dans cette alliirance il fit vœu de faire la
guerre au Turc. Et en effet il excita toute l'Europe à prendre
les armes ; mais fes deflèins n'eurent pas une ifliië auffi avanta-
geufe qu'il le fouhaitoit. 11 canoniza le Saint qui lui avoit
prédit fon élévation à la Papauté ; de quoi le Pape Pie 1 1,
donna depuis les lettres, que nous avons dans le I. volume du
Bullaire , parmi les Conltitutions de ce Pape. On remarque
qu'étant Evêque 8c Cardinal , il ne poffeda jamais d'autre
bénéfice en commande ; il avoit accoutumé de dire , parlant
de l'Eglife de Valence qu'il fe contentoit d'une époufe vierge.
Auffi quand il fut Pape , il n'en voulut jamais donner aux perfonnesj
qu'il en croyoit indignes. Il fe trompa pourtant à l'égard de quel-
ques-uns de fes parcns. Calixte III. mourut le fixiéme Août
de l'an i4f8. Il a écrit quelques Epitres, §4 on lui attribue l'Office
«le
CAL
ié la Transfiguration. 11 a fîegé 3. ansj 3. mois, 8c ïp. jours.
* Genebrard , Ciaconius , Sponde , Bzovius , Rainaldi , Platine ,
£\irita, &c.
CALLISTE , Antipape. Les Partifàns de l'Empereur Fride-
ric, qui avoient créé Antipape Oâavien, Cardinal de Sainte Cé-
cile, à qui ils donnèrent le nom de Viftor , contre Alexandre III,
élurent Guy de Crème qu'ils nommèrent Pafchal III. Et après la
mort de ces fameux Pontifes , Jean Abbé de Strume fut mis en leur
place en 1 170. Ils lenommerentCallifteIII.& il porta et titre juf-
qu'en 1177- qu'il fut dégradé au Concile de Venife , où l'accord iè
ht entre le Pape & l'Empereur; & l'année d'après il fe vint jetter
à Frefcati aux pieds d'Alexandre , qui le reçut charitablemcnt,&: le
fit même lèoir à là table. * Baronius , m Aanal.
CALLISTE I. de ce nom, Patriarche de Conftantinople , vi-
voit dans le XIV. Siècle. Il avoit été Moine au mont Athos , &
lùcceda à Ifidore l'an ijfo. & non pas 1360. comme veutOnu-
- phre ; il tint le fiége environ quatre ans , bien que PontanuS en
mette dix. * Cantacuzene , li. 4. th. 26. Gnuphre , in Chron.
Sponde , in Armnl.
CALLISTE II, Patriarche de Conftantinople , aVoit auffi
été Moine , comme c'eft la coiàtume dans l'Eglife Grecque. On dit
qu'il fucccda à Angélus Corarius l'an 1406. & qu'il tint le iiége du-
rant treize ans julqu'en 1419. *Sponde, A.C.\àf06.n.ii.
CALLISTE, certain Poète Grec , qui vivoit dans le IV-Sié-
cle , du tems de Conftance Se de Julien l'A^ofiat. Nicephore
Callixte parle de lui. Il dit que ce Poète fuivoit toujours le même
Julien, éc qu'il compolà même un éloge à la louange de ce Prince.
* Nicephore , /(. xo.HiJl. c. 34. Socrate , li.i.c.iS. &c.
CALLISTHENE , qui étoit d'Olynthe , Philofophe 8c Dif-
ciple d'Ariftote, fuivit la cour d'Alexandre k Grand, mais là fé-
verité & Ion peu de complailànce le rendirent odieux à ce Prince.
S'étant oppolé au deflèin que fes courtifans avoient de l'adorer à
la façon des Perfes , Alexandre lui en fçut li mauvais gré , 8c fut II
piqué de la liberté qu'il fe donnoit de parler làns refpeâ , qu'il
l'accula d'avoir trempé dans une conjuration contre là perlbnne,
dont fes Pages furent convaincus , 8c le fit mourir. Callillhene fut
expoleauxlions, ran417.de Rome, en laCXIII. Olympiade, Se
trois ans avant la mort d' Alexandrc.Quelques Auteurs eftiment que
cette conjuration avoit été fuppofée pour perdre Callillhene. Quoi
qu'il en foit , on lui attribue une Hiftoire d'Alexandre le Grand,
éc d'autres Ouvrages,qui font très-fouvent alléguez par les Anciens.
* Vlativque , in Alex. Quinte-Curfe , /;'. 8. Arrian , /;. ^.Htft.Juf-
ùn. li. iz. VolTius , de Hiji. Grac. li. 1. c.ç. ^c.
CALLISTHENE , Hiftorien Grec , du pais des Sybarites ,
dans la grande Grèce. On ne fçait pas en quel tems il a vécu, mais
feulement qu'il compofa une Hiftoire des Galates , ra^Mrixci , dont
Plutarquecitele23.1ivre, ScStobéele 13. *Plutarque, de Ftum.
Stobée, Serm. de n,orb. VolTius.rfe Hifi. Gr&c. li. 3.
CALLISTINS, ou Calixtins ; on donna ce nom à ceux de
Prague , qui s'oppoferent aux Thaborites dans le XV. Siècle. Ils
fuivoient la Doftrine de l'Eglife Romaine en toutes chofes , hor-
mis au retranchement de la coupe. Quelques Relations de Polo-
gne nous apprennent qu'on trouve encore de ces fortes de Calliftins
dans ce royaume. *Sponde, ^.C. i42i.».2. ■
CAL LISTON, fille de Lycaon , Roi d'Arcadie. Une des
Nymphes de Diane, qui fut abulèe par Jupiter ; ce qui fâcha li fort
Junon , qu'elle la metamorphofa en ourlé , avec un fils nommé Ar-
cas, qti'elle eut de lui i 8c Jupiter les plaça depuis au ciel. * Ovide,
Meîa.m.lib. i.fab. s.éf6.
CALLISTRATE, Hiftorien Grec, écrivit uti Traité des Sa-
mothraces , allégué par Denys d'HalicarnalIè , //. i. îles Ant. Kom.
CALL I S TRATE , Orateur , dont parle Xenophon, //'. C.Hifl.
CALLISTRATE, Poète Comique d'Athènes, vivoit en la
xcvii. Olympiade, Se fut rival d'Ariftophane.
CALLISTRATE, Auteur , qui etoit de Ténédos , 8c a fait
des Commentaires fur Aratus.
CALLISTRATE, (Domitius) Auteur d'une Hiftoire d'He-
raclée , que Stephanus allègue très-fouvent ; 8c quelques autres de
ce nom, rapportez par Voffius, l. 3. des Hi/î. Grecs, p. 338. </«
Math.c.i-}.^. 11.
[CALLISTRATON, Auteur Grec qui avoit écrit des Mé-
chaniques. Athenaus in Mechanicis.]
CALLIXENE, Hiftorien , étoit de PJiodes. On ne fçait pas
en quel tems il a vécu. Il lailîà un Ouvrage d'Alexandrie félon
Athénée, //. f.
CALLIXENEa écrit un Traité des Peintres 8c des Sculp-
teurs, comme nous l'apprenons de Photius , enfaBiélioth.
CALLIXENE, General , qui mourut de faim , dont parle
Xenophon , auli.i. Hift.
C A L L O E T , (Jean) Evêque de Treguier ou Lantringuet en
Bretagne , vivoit au commencement du XVI. Siècle. 11 étoit Bre-
ton, 8cfbrti d'une famille noble dans cette province. -Son mérite
le fit confiderer 8c lui procura diverfes charges; ilfçavoit les bel-
les Lettres , le Droit , & la Théologie. Il fut Chantre de Cornouail-
le ou Quimpercorentin , 8c enluite de Treguier , dont il fut élu
Evêque après Robe Art Guibé , 8c il mourut au Mont S. Michel le
4. Septembre de l'an \<io^. * Sainte Marthe , G^ï//. Chrifi.
C A L L O T , (Jacques) célèbre Graveur,étoit fils de Jean Cal-
lot , Héraut d'armes de Lorraine , 8c naquit à Nanci l'an i ^93 . Son
grand père Claude Callot , Exemt des Gardes du corps du Duc de
Lorraine, fiât annobli par le Duc Charles II. en coniideration des
lèrvices qu'il lui avoit rendus dans les armées. Quoi qu'il fût d'u-
ne tamille qui dès i4i7.avoitpoircdé les premières charges, fous
les derniers Ducs de Bourgogne , il ne fe flatta point d'une fotte va-
nité,8c il ne crut point déroger à fanoblelfcen s'adonnant au travail
«ù fes inclinations le portoient.Dès l'âge de douz,e ans ilfortit delà
Tom. U.
, CAL ,^ Il
maifon de fon pere,8c prit le chemin de Rome,pour y voir les belles
chofes dont il avoit entendu parler. Comme l'argent lui manqua \\
fe mit avec une troupe de Bohémiens qui alloient auffi en Italie , 8c
lesfuivitjufqu'àFlorence.Lorsqu'ily fut arrivé.il quitta cette com-
pagnie, 8c rencontra un Officier du Grand-Duc, qui le prit auprès
de lui, 8c l'envoya deffiner chez un Peintre nommé CàntaGallin^
qui étoit en réputation. Se qui s'appliquoit à la gravère. De là ij
continua fon voyage jufques à R'ome,où il fut reconnu par des Mar-
chands de Nancy qui leremenerent à fes parens. Mais il les quitta
bientôt après, 8c retourna en Italie, ayant alors environ quator-
ze ans. EnpalTant à Turin, il rencontra fon frère aîné , que fort
père y avoit envoyé pour quelques afiàires, lequel le remena en-
core une lois à Nancy. Tout cela ne put empêcher que Callot né '
contentât la paffion qu'il avoit de voir les beaux Ouvrages de
R.ome. Ilobtmtfoncongédefonpere,8c alla à lafuited'un Geii-
tilhomme que le Duc de Lorraine envoya vers le Pape. Lors qu'il
fut arrivé à Rome.il s'appliqua à deffiner, 8c à graver au burin Ibus
Philippe Thomaffin , qui étoit de Troyes en Champagne , 8c qui
s'étoit établi à Rome. Après il alla à France, où le Grand -DuC
l'employa à fon fervice , avec plufieurs autres excellens Ouvriers!,
Callot commença alors à deffiner en petit , 8c eut pour cela uii gé-
nie li heureux, qu'il s'eft rendu incomparable dans cette forte de
travail. Il quittaauffi le burin pour graver à l'eau forte, parce
que les ouvrages de cette manière s'exécutent plus promptement,Sé
reçoivent mieux l'efprit 8c la vivacité que l'Ouvrier leur infpire. A-
près la mort du Grand-Duc de Florence , Callot forma le delFein de
retourner en fon pais. Il arriva en ce tems,que le Prince Charles, qui
venoitdeRome, le vit en paffant à Florence, 8c ayant admiré lei^
pièces qu'il y avoit travaillèesjl'engagea à le fui vre enLorraine , pro-
mettant de lui faire donner de bons appointemens parle Duc Hen-
ri deLorraine,fonbeau-pere.CeDuclereçutavecjoye,Sclui don-
na une penfion fort honnête. Alors il époufa une jeune Demoifellé
nommée Catherine Kuttinger,qui tirolt fon origine d'une noble fa-
mille deMarfal. Ce fut en 162^. 8c il étoit âgé de trente-deux ans.
Pendant qu'il étoit à Florence , il examina le vernis desfaifeurs dé
luts, qui fe feche 8c durcit promptement, 8c obferva qu'il étoit
beaucoup plus propre pour les ouvrages qu'il faifoit , que le vernie
mol. C'eft pourquoi il en 'apporta une aflez bonne quantité, lors
qu'il revint à Nancy; 8c fut le premier qui le mit en ufagedans là
gravure à l'eau-forte. Il fe propofa auffi de ne faire fouvent qu'uri
lèul trait , pour graver les figures ; groffiflànt plus ou moins les
traits, fans fefervir de hachures. En quoi il a été imité depuis,
non feulement dans de petites figures 8c par des Graveurs à l'eau-
forte, mais dans de grandes ordonnancés, 8c par des Graveurs ati
burin. Sa réputation fe répandant par toute l'Europe, l'infantci '
d'Efpagne le fit venir à Bruxelles , lorS qile lé Marquis de Spinola
affiegeoit Breda,afin de deffiner le fiege de cette \iile;ce qu'il fit, Se'
il le gravaenfuite.il vint en France l'an ii528,8c le Roi Louis XIIL
lui donna ordre de deffiner le liège de la Rochelle , 8c celui de l'Iflé
de Ré, qu'il vint graver à Paris. Après avoir été bien récompenfé
du Roi , il s'en retourna à Nancy , où il continua de travailler avec
tant d'application qu'il ne fe trouve aucun Graveur qui ait fait un li
grand nombre de pièces que lui,8c dans l'efpace d'une vie auffi cour-
te qu'a été la lienne : car on en compte jufques à treize cens quatre-
vingt. Il eft vrai que Tempefte a grave jufqu'à dix-huit cend
pièces, mais il a vécu plus long-tems; 8c tout ce qu'il a fait n'eit
pas également bien,ni d'une manière auffi fine que ce qu'on voit dé
Callot. Lors que feu Monlieur le Duc d'Orléans Gallon de France
le retira en Lorraine, il lui fit graver plufieurs planches de mon-
noyés , 8c il voulut même apprendre de lui à deffiner. Pour cela
il alloit tous les jours avec le Comte de Maulevrier au logis deCallotj
ou il paflbit deux heures de tems à prendre des leçons. Le Roi ,
ayant affiegé 8c réduit à Ion obeiflànce la ville de Nancy en 1631-;
envoya quérir Callot , 8c lui propofa de repréfen ter cette nouvelle
conquête, comme il avoit fait la prife delà Rochelle: mais Callot
fupplia faMajeftéde vouloii- l'en difpenfer , parce qu'il étoit Lor-
rain , 8c qu'il croyoit ne devoir rien taire contre l'honneur de fon
Prince 8c contre fon pais. Le Roi reçut fon excufe , 8c dit que le
Duc de Lorraine étoit bien-heureux d'avoir des Sujets li fidèles 8c fi
âffediionnez. Quelques Courtifans dirent allez haut qu'il faloit l'o-
bliger d'obéir aux volontez de faMajefté.ce que Callot ayant enten-
du , il répondit avec beaucoup de fermeté , qu'il fe couperoit plu-
tôt le pouce , que de faire quelque chofe contre fon honneur , li ont
vouloit le contraindre. Le Roi , bien loin de fbulFrir qu'on lui
fît aucune violence , le traita toujours fort favorablement, 8c pour
l'attirer en France lui fit offrit mille écus de penfion , s'il vouloit
s'attacher à fon fervice: mais Callot témoigna qu'il ne pouvoit quit-
ter le lieu de fa naiflànccoù il feroit toiijours prêt de travailler pour
fa Majefté. Néanmoins, comme dans la fuite il vit le mauvais état
où la Lorraine fut réduite après la prife de Nancy , il fit deflèin de le
retirer à Florence avec fa femme,mais fa mort renverfa fes deflèinsV
Il mourut le 28. Mars lôj-g.âgéde quarante-trois ans. Il fut en-
terré dans le Cloître des Cordeliers de Nancy , à l'endroit où fes pa-„
rens avoient leur fepulture : 8c on luidrelîàune épitaphc, où il eft
repréfenté à demi-corps fur une table de marbre noir. * Felibien,-
Eneretiens fur les Vies des Peintres. SUP.
CALMAR, ville de Suéde dans rOftro-Gotîe ■, eft capitale de -
la Smalandie , fur la frontière de Danemarc. Elle eft fortifiée ré-
gulièrement avec un port fur la mer Baltique. Auffi fa citadelle efi
extrêmement eftimée dans tout le Septentrion. Calmar fut prefque
brûlée en 1647 ; mais depuis on l'aréparée.C'eft l'endroit où s'em-
barquent ordinairement les Suédois qui palîent en Allemagne. Elle
donne fon nom à ce détroit qui eft entre cette ville 8c l'ille de Got-
land , dit Calmar/und.
C A L N E , autrefois place célébré en Angleterre , dans le Com-
té de Kent. Il y fut tenu l'an 077. un Concile, où les Clercs récla-
C î mereaf-
2,0 C>ALs
mereut du tort duc leur faifoit Saint Dunftan, de mettre des Moines
à leur place. On dit que le plancher de la fale de l'aflèmblee tomba ,
& que le feul Saint Dunftan ne fut point bleffé. * Matthieu de Weft-
mmfitx,adtlit.UeBede,del-H,ft d'Angl.li.z. i i.Baronius.^.C.pyp.
' CALO, (Pierre) de Venife, Religieux de l'Ordre de S. Do-
minique, vivoitdaus le XIII. Siècle, environ l'an 1300; Se écri-
vit une Vie des SS. 8c d'autres Traitez. * Leandre Alberti , deVtr.
Uluftr.Ord.S.Bomin. „„ j r-
CALOCERE, Intendant des-chameaux dans 1 ifle de Cypre,
vivoit au commencement du IV. Siècle. Il eut l'imprudence defe
faire déclarer Roi; mais ayant été vaincu par Dalmatius neveu de
Conftantin le Grand,{\ fut envoyé à cet Empereur qui le fit écorcher
• tout vif 8c brûler dans la ville de Tarfe en Cilicie.
CALO-JEAN, ou Beau-Jean, ou Joanmtz. , Roi des Bulga-
res dans le XIII. Siècle , fe foûmit à l'Eglife Romaine , fous In-
nocent III. en I20Î , fit laguerreàl'EmpereurBaudouïnjSc l'ayant
pris dans une embufcade qu'il 'lui avoit dreffée , le tint prifonnier
plus d'un an à Trinobis ou Ernoë capitale de la Bulgarie , 8c puis le
fit mourir fur la fin de Juillet de l'an iio(5. Ileutauffitantdehame
contre les Grecs, qui iuivoient le parti des Empereurs, qu'il n'avoit
point de plus grand plaifu- que de les faire mourir; 8c pour cela il fut
nomme Komanicide. Il mourut de pleurelle à Theffalomque.* Jean
George , Nicetas , 8cle P. Outreman , Confiant. Belg. Sponde , A.
C. izoï.ïiof.&c.
CALO-JEAN , ou Beau Jean , Cherchez Jean II. Comne-
ne , 8c Jean VI. Paleologue , Empereurs d'Orient.
CALOMNIE, Divinité, à qui les Athéniens avoient confacré
des autels. Elle étoitappellée par les Grecs Afa^oAiî , Diaéolé, d'où
eftvenulenom de Dia^/ff, que nous donnons au Démon, comme
au père de toute calomnie. Le tableau de cette DéeiTe, fait par Apel-
lès , eft mis au nombre des excellens Ouvrages de ce grand Peintre.
On y voyoit la Calomnie repréfentée en grand avec tous fes accom-
pagnemens. La Crédulité y paroiffoit avec de grandes oreilles fem-
blablesàcellesdeMidas, tendant les mains à la Calomnie qui s'ap-
prochoitjaux deux cotez de la Crédulité étoient l'Ignorance 8c le
Soupçon; celle-là fous la figure d'une femme aveugle , 8c celui-ci
comme un homme d'une mine affés refrognée , marquant quelque
fecrette inquiétude , mais néanmoins exprimé avec un tel artifice,
que pai- fa contenance il fembloit s'applaudir d'avoir découvert
quelque chofe de caché. Au miheu du tableau , en face de la Crédu-
lité , paroiffoit la Calomnie comme une femme très-belle 8c très-a-
juftée,mais irritée,ayant le regard farouche 8c les yeux ardens de co-
lere.EUe portoit de la main gauche un flambeau allumé,8c de la main
droite elle traînoit un petit enfant , qui iniploroit par fes cris le fe-
cours du ciel. Elle étoit précédée de rEnvie,fous la forme d'un hom-
me maigre 8c fecdévoré par fes propres chagrins;8c elle étoit fuivie
de deux femmes^ui fembloient prendre foin de fes ornemens 8c de
cequiregardoitronfervice.Cesdeuxfuivantes étoient l'impollure
CAL.
Montagne des fmges , parce qu'on y trouve grand nombre de cei
animaux. * Botero , Relat. d'Eff. Cherchez Gibraltar.
CALPURNIA, femme de Jule-Céfar, fille de L.Pifon. Elle
fongca avant le jour auquel Célar fut affafllné,que le faîte de la mai-
fon tomboit , 8c qu'on poignardoit fon mari entre fes bras ; 8c tout
à coup les portes de la chambre s'ouvrirent d'elles-mêmes. Après la
mort de fon mari , elle fe retira chez M. Antoine , 8c y porta une
' fomme très-confiderable d'argent êc tous les papiers de Céfar.dont
le même Marc-Ailtoine profita depuis affez bien. * Suétone 8c Plu-
tarque, in JuLCafar.
CALPURNIA,certaine femme Romaine peu modefte, qui plaida
elle-même fa caufe avec tant d'emportement,que les Magiftrats fu-
rent obligez de faire un édit,par lequel ils défendoient aux perfonnes
de ce fexe de plaider. * Paral.c.20. Antonius Auguftinus, de legib. Qr-c.
■ CALPURNIA, filledeMarius,quilafacnfia, Scdont Plutar-
que fait mention. *Plutarque;'«P^r;»//.
CALPURNIA , loi que les Romains avoient contre le larcin
des Magiftrats , dite Calpurnia reJ>etHndarum , 8c deux autres Cal-
furnia de ambitH , Sx.Calfurnia militarh.* P3ia.Lc. 20. AntoniusAu-
guftinus , de legib.
CALPURNIENS, famille. La famille des Calpurniens étoit
très-confiderable à Rome. Plutarque la fait defcendre de Calpus ,
qu'on croit avoir été un des fils de Numa Pompilius , Roi des Ro-
mains. C'étoit aufli le fentiment d'Ovide , qui s'en exprime ainli ;
— Nam quid memorare necejfe eft ,
Ut domus h Calpo nomen Calpurnia ducat ?
Cette famille étoit diviiëe en deux branches, dont l'une avoit le fur-
nom de Frugi, de gens de bien; 8c toutes deux avoient auffi celui
de Pi/on. Ovide nous apprend l'origine de ce nom dans ces vers:
Claraque Pifonn tulerit cognomina frima ,
Humida callofa cum pmferet hordea dextra.
Un C. Calpurnius Pison fut Conful en 5-74. de Rome avec
A. Pofthumius Albinus. Avant lui il y avoit eu vers l'an 494.
M. Calpurnius , qui rendit un très-grand fcrvice à la Repu-
blique en Sicile. Le Confiil Attilius s'étoit engagé dans un défile,
d'ouilneferoitjamaisfbrtiûnsle lêcours de Calpurnius , dont je
parle.Ce vaillant homme alorsTribun militaire ayant pris trois cens
foldats,marcha droit aux ennemis,8c les combattit avec une ardeur
fi déterminée, que l'armée eut loifir de fc dégager 8c de iè mettre au
large. La fortune couronna la valeur 8c la condidte de Calpurnius _,
non feulement en ce qu'il fàuva l'armée, fuivant le projet qu'il avoit
fait ; mais auffi en ce qu'il ne refta point dans cette occafion,8c qu'il
jouît de toute la gloire diàë à une fi belle aâion. Calpurnius
PisoN beau-pere de Jule Célàr, celui quifutConfiil l'an 75-3. de
Rome, auquel plufieursChronologues mettent la naiflànce dé Je-
sus-Christ. Tacite dit qu'il mourut dans le tems qu'il devoit
être condamné par Tibere,/f . 4. Armai. Valere Maxime fait mention
d'un Calpurnius Pison Confiil , lequel ayant délivré la Sici-
& la Flatterie. Dans une diftance,qui permettoit encore de diftin- lf<le la fureur des efcavesfbgitifs, recompenû de toutes fortes de
auer les obiets.on voyoit la Verité.qui fembloit marcher vers l'en- | ^ons mditaires les foldats qm avoient bien fervi , 8c ne donna a fon
droit où étoit la Calomnie,8c derrière laVerité étoit leRepentir fous ^'^ 4"^ j^ témoignage qu il meritoit une couronne d or de trois
un habit lugubre C'eft ainfi qu'Apellès avoit ingenieulément dé- ^'^res , dont il lui legueroit la valeur , dans fon teftament ; ajou-
peint laCabmnie dans ce tableau,dont il fit prefent àPtoloméeCapi- ^ant qu un fige Magiftrat ne devoit jamais rien donner qui put re-
tained'Alexandrcpourfevanger de la calomnie d'un autre Peintre, tourner en fa mailon , /;. 4. c. 3. ex. 11. Calpurnius Bestia
qui l'avoitinjuftementaccufe^d'avoir eu part à une conjuration fai- Noble Romain , ayant ete gagne par une fomme d argent , fut
te contre ce grand Roi. Il eft aifé d'entendre ce que fignifioit cha- f^ufe par M. Caecdius d avou- empoiionne fes femmes, félon Pline,
que partie de ?etexceUen.touvrage.Lacalomnie,quidecliirerinno- *^^^^'_ /<. 3 7_:':i_-_ Cherchez Pifon.
cence,8c qui porte par tout un feu dangereux,n'eft reçue que par u-
ne fotte ou malicieufe crédulité , êc cette crédulité ne vient que d'i-
gnorance ou de foupçon.Le calomniateur ajufte tout ce qu'il dit par
le moyen de l'impôfture , 8c il fe fert de la flatterie pour s'infinuer
dans Fefprit de celui qui l'écoute. Mais la vérité paroît tôt ou tard ,
qui découvre la malice du menfonge ; 8c il ne refte à la calomnie
qu'un cuifant repentir,qui fait fon partage 8c fa peine. * Theophraf-
te, Lucien , auTraitéde ne pas croire facilement U calomnie. SUF.
CALOT. Voyez Callot.
C ALO YERS, Religieux Grecs de l'ordre de S. Bafile, ou
de S. Elie, ou de S. Marcel, qui fuivent prefque la même règle.,
8c portent tous un même habit , dans toute la Grece,fans aucun
CALPURNIUS. Cherchez Bibulus.
T. CALPURNIUS, ou Calphurnius, Sicilien , Poète Latin,
vivoit fous l'Empire de Carus,8cde fes fils Carinus 8c Numerien. II
a écrit des Eclogues , qu'il dédia à Nemefîanus de Carthage, auffi
Poëte. Nous avons encore fept de ces pièces de lui; Se nous appre-
nons d'une Lettre d'Hincmarc de Rheims à Hincmarc de Laon, que
de fon tems on lifbit les vers de Calpurnius dans les cla&s.
* Lilius Giraldus , aux dial des Foët. Volfius , des Foët. Lat. c. 4.
Il parle d'un autre, au c. 8. qu'on croit différent de celui-ci. U
compofi une Comédie qu'il nomma Fhronefis. La meilleure Edition
eft celle de Janus Uliiitius , in 1 2 .
CALSERY , petite ville des Indes,dans les Etats du Grand Mo-
golScdans le royaume de Jamba , environ à vingt-cinq ou trente
changement , ni réforme particulière ; 8c fans avoir auffi rien { lieues du Gange. Quelques Auteurs la prennent pour £/?<»?» C<e/âr«
relâché de leurs anciennes conftitutions. Ils mènent une vie fort de Ptolomée.
retirée 8c fort pauvre , 8c ne mangent jamais de viande. Outre
cette abftinence continuelle, ils obfervent encore pendant l'année
quatre Carêmes , fans compter plufieurs autres jeûnes, que toute
CALVAIRE , montagne près de Jerufilem , fur laquelle le Sau-
veur du monde fbufirit la mort.Origene, Saint Athanafe, Saint Epi-
phane. Saint Baiîle , Saint Chryfoftome , TertuUien , Saint Ambroi-
l'Eglife Grecque garde religieufement : 8c dans ces tems de jeûnes (fg , Saint Auguftin , Se plufieurs autres faints Doâreurs, Grecs 8c La-
ils ne mangent ni œufs , ni beurre , ni poiffon. Les Arméniens jtins, rapportez par Torniel 8c Salian dans les Annales de L'Ancien Tef-
en retranchent encore l'huile. Quand néanmoins ils veulent trai- \tament ,^zx'&^oviva%d'^sles AnnaUsdel'igUfe , 8c par les Interpré-
ter ceux qui les vifitent en Carême , ils ne laiffent pas de faire d'af- tes fur la Genefe , ont cru qu'Adam fut enterré fur cette montagne,
fez bons ragoûts. Ceuxquifont fcrupule de manger dupoiflon, 1 fè fondant fur ce qui eft dit au Livre de Jofuéc^.î/>. i r. qu'un certain
garniffent leur table de toutes fortes d'huitres 8c de coquillages, 8c j Adam avoit été enfeveli à Hebron. Mais la verfion des Septante les a
de plufieurs compolîtions faites avec des œufs 8c des laittesdepoif- 1 trompez. . ^^/«w fignifie là un homme, qui étoit un de ces géans
fon, c^ui font beaucoup plus délicates que les poiffons mêmes. Les que les Saintes Lettres nomment de larace d'Enac. Plufieurs faints
•Arméniens ne veulent ni beurre , ni huile dans leurs fauffes , ils fe Peres ont auffi affuré , après une ancienne tradition, qu'Abraham
fervent d'amandes , de piftaches , 8c de noix pilées dans un mortier, eut ordre d'immoler fon fils Ilàac fur ce même mont , que les He-
qui étant mifes fur le réchaut font un meilleur effet que nôtre
beurre. Pendant leurs jeûnes ils ont cela de particulier , qu'ils ne
croyent point du tout pécher en mangeant quelque chofe entre les
repas , pourvu que ce ne foit ni chair , ni poiflbn , ni œufs , ni
beurre , ni huile. Mais les plus aufteres fe contentent de manger
une feule fois le jour un peu de pain 8c quelques herbes amorties fur
le feu avec quelques grains de fel , 8c ne boivent que de l'eau.
* Grelot , Voyage de Conftantinople. SUP.
C A L P E , haute montagne de F Andaloufie,que l'on a prife pour
une des colomnes d'Hercule. Elle eftoppofée du côté d'Afrique à
i'Abyla des Ancieiis,que les Efpagnols nomment Sierre de las monas.
breux nommoient Golgotha. L'Empereur Adrien y fit depuis
dreffer en 1 3 1 . des Idoles de Jupiter 8c de Venus , en haine des
Chrétiens, comme nous l'apprenons de Saint Jérôme , de Sulpice
Severe , de Saint Paulin , de Saint Ambroife , 8c de quelques autres.
Conftantin /e Gî-iïn(/ 8c Sainte Hélène fa mère abolirent depuis tous
ces trophées de l'idolâtrie , 8c firent bâtir des Eglifes , au même lieq,
félon Eufebe, enla Vie de l'Empereur Conftantin. Saint Jérôme
8c Sozomene parlent auffi d'une croix toute rayonnante de lumière ,
qui fut vue en plein jour fur le Calvaire , l'an 35-1 . ou fclon d'autres
en 35-3. lors que l'Empereur Conftance favorifoit avec pl^s de
paillon l'erreur des Ariens. SaintCyrille Patriarche dejerufalem écri-
vit
CAL.
ii
vit cette merveille au Prince,pour lui faire fçavoir que c'e'toit par de largeur ;& fa voUtéeft haute d'environ huit piez. A main droite-
cefignedeilôtreiàlut,que Jesus-Christ, dont il attaquoit la di- en entrant du côte Septentrional , on voit l'autel , qui couvre lé
vinite,avoit vaincu le monde; 8c que c'étoit par lui lèul qu'on pou- cercueil où fut mis le corps de Nôtre Sauveur , qui elt long defix
voit être vittorieux fur la terre JUèmble que ce Confiance comprit 1 piez, , large de trois , & haut de près de deux & demi. Le de-
cette vérité ; car failànt la guerre à Magnence, il avoir la croix dans
fis enlcignes,& fit battre des médailles où l'on voit qu'il tient cet e-
tendart à la main, avec ces mots à l'entour : En cejignetaferas -vtiin-
qiierir. [Les paroles, en ce/igne tu feras vainqueur, n'ont ■point rzf-
port à la croix qui parut à Jerulalem du tems de Cyrille , mais à
celle que Conftantin vit, Se iur le modelle de laquelle il fit faire Ces
étendarts. Voyez Eulèbe, dans ta ViedeConftantincMf. xxvin. ^
feq-'\ Les Grecs fâifoient autrefois la fête de l'apparition de cette
croix far le Calvaire; ce qui le peut voir dans leur iVlenologe au 7.
jour du mois de Mai. Nous avons encore la Lettre que Saint Cyrille
écrivit à Confi:ance,dans laquelle il témoigne que cette croix s'e-
tendoit depuis la montagne de Calvaire julques a celle des Oliviers,
dans une étendue de quinze ftades ou trois quarts de lieuë, & là
largeur y étoit proportionne'e.Ce fpeâacle fit embraflèr laReligion
Chrétienne à un grand nombre de Juifs & de Payens. * S. Jérôme ,
ep. 3 . ad Paul. S. Paulin, ef.ii.S. Ambroife, in fyà/. 43 . Sulpice Sé-
vère, iï/)?. /('. î.Sozomene; li.^.c.^.i^c.
CALVAIRE, auparavant nommé G<)lgotha,-ptàts montagne
au Septentrion & proche des murs de Jerulâlem.Toute cette mon-
tagne , ou la plus grande partie , a été renfermée dans un grand en-
clos, qui comprend l'Eglife du S.Sepulcre , environnée de plufîeurs
Chapelles & de petites Eglifes particulières , avec les logemens des
Catholiques , des Grecs , des Arméniens , des Suriens, des Coptes
ouCophtes Se des Abyffms. A l'entrée, qui eft du côté du Midi ,
il y a un grand parvis, où l'on voit à main droite le logement des
Arméniens , celui des Coptes, Se une Chapelle de la Sainte Vierge ,
nommée Stabat Mater : & à main gauche le logement des Grecs ,
avec la grofîè tour quarrée , qui fcrvoit autrefois de clocher. En
fece de l'entrée du parvis eft le grand portail de l'Eglilc du S. Sé-
pulcre, auprès duqueleft une ftation des Turcs. Au bas de ce por-
tail on voit une grande quantité de clous enfoncez, j ulques à la tête
entre les pierres du pave, fur lelquels il faut neceffairement paflèr.
Ils y font mis à grands coups de marteau par lePatriarche desGrecs,
lequel tous les ans étant revém de fes habits Pontificaux excommu-
nie tous les Catholiques Romains ou Latins , comme ils nous ap-
pellent,8c pour marque de l'anathême qu'il prononce,il enfonce des
clous,a vec défenfc de les ôter,lur peine de cinq cens baftonnades , 5c
de payer une groflè amende au Bâcha 8c au Cady de la ville. Etant
avancé dix ou douze pas dans l'Eglife , oti trouve la pierre de l'onc-
tion , qui eft la place où Jesus-Christ fut embaumé felon la
coutume des Juifs.Vis-à-vis de cette pierre il y a trois tombeaux
de quelques Rois de Jerufàlem , dont les Schifmatiques ont effacé
les infcriptions. A main droite eft une Chapelle, où l'on voit le
tombeau de Godefroi de Bouillon, I. Roi de Jeruâlem , 8c ce-
lui de &n frère Baudouin I. qui lui fucceda à la couronne. Ces
deux tombeaux font fort fimples , portez fur quatre petites co-
lomnes de pierre d'un piedxie haut. Proche de là eft la Chapelle du
crucifiement , qui eft le lieu où Jesus-Christ fut attaché à la
croix, 8c où elle fut dreflëe. Saint Jérôme dit que cette place du
Calvaire demeura cachée depuis l'Empire d'Adrien, jufques à celui
de Conftantin le Grand , pendant cent quatre vingts-ans ou environ: '
ce qui arriva par la malice des Payens , qui la couvrirent de terre,8c
y mirent deflus une Idole de Venus,afin d'en éloigner les Chrétiens.
Mais Sainte Hélène fit enfermer cette place dans l'enclos de lagran-
deEgliiè,avec le Saint Sépulcre , fur lequel étoit l'Idole de Jupiter.
Cette Chapelle eft très-magnifique , fi voûte 8c lès murailles étant
revêtues de peintures à la Molàique , compolees de petites pierres
claires comme le cryftal, dont les diverlès couleurs font extrême-
ment vives 8c éclatantes; ce qui paroîtroit encore davantage li les fi-
gures n'étoient pas un peu noircies de la fumée des lampes qui y
brillent continuellement.'De cette Chapelle du crucifiement,failànt
le tour le long d'autres Chapelles qui environnent l'Eglifcon va du
côté du Nord à la Chapelle de rapparition,qui eft le lieu où Nôtre
dans de ces chapelles 8c l'autel font revêtus de tables de maibrc gris,
mais qui eft noirci de la fumée de foixante 8c deux lampes d'argent,
qui y lont continuellement allumées, fçavoir 4.4.dans le S.Sepulcrcj
8c 1 8. dans la Chapelle de l'Ange,dont il y en atrente aux Religieux,
Se le refte aux Chrétiens Grecs 6c Schifmatiques , qui ontla liberté
d'y faire leurs dévotions ; mais il neleur eft pas permis d'y dire la
Meffe , parce que les Catholicjues Romains y ont lèuls ce droit.
Dans la première grotte , à côté de la porte du S. Sépulcre , étoit
la grande pierre, longue de cinq piez Se demi, large de ti-ois piez
deuxpouces*, 8c épailfede neuf pouces Sedemi, qui avoitfervi à
fermer l'entrée. Elle y étoit encore du tems de S. Cyrille , vers l'art
3 80; Se Saint Jemme , qui mourut environ quarante ans après , écrit
qu'elle y étoit aufli de fon tems: mais depuis elle a été tranfportée
en l'Eglife bâtie au lieu où étoit la maifon de Caiphe fur le mont de
Sion.Vis-à-vis de la porte du S.Sepulcre il y a une pierre quarrée,qui
tient encore par le pié à la roche même de laquelle elle a été taillée i
felon la Tradition , pour fervir d'appui à la grande pierre qui fer-
moit l'entrée du monument. Quelques Auteurs célèbres ont écrit
qu'outre cette pierre quarrée il y en avoit encore deux grandes i
dont l'une bouchoit la porte, Se l'autre le cercueil. D'autres dilent
que l'une de ces pierres fermoit l'entrée de la première o-rotte , Se
l'autre celle de la lèconde , qui eft proprement le Sépulcre , quoi que
l'on comprenne auffi toutes les deux Ibus le nom de Sépulcre. Mais
l'Ecriture Sainte ne parle que d'une pierre, 8c la Traditioh y eft
conforme. La raifon le perfuade aulîi ; car outre les preuves de cette
vérité que l'on peut tirer de l'Evangile, il eft certain que l'entrée dé
la première grotte étoit une ouverture aufli vafte que la grotte mê-
me, ce qui le voit en d'autres fepulcres,Se l'on n'auroit pas pu trou-
ver de pierre allez grande pour la fermer.
De la nef, on entre dans le chœur, qui eft vers l'Orient. Ce
chœur eft fermé d'un mur de clôture tout autour , comme ceux des
Monafteres. La principale porte eft vis-à-vis du S.Sepulcre. Il eft
diviîë en deux parties par un très-beau balufti-e de bois doré , où il y
a trois portes , une grande au milieu , 8e deux moyennes aux cotez;
Dans la première partie , qui eft le chœur des Grecs , on voit à côté
de l'entrée une pierre de marbre , ronde Se creufée de quatre doigts,
que les Orientaux difent être k milieu de la terre,à caufe de ce paflà-
ge du Prophète Roi au Pfeaume 7 3 . Deusautem Rexnofieroperatus
efifalutemmmedioterrx. MaisS.Jerômeexplique cepaflào-ede la
ville de Jerufàlem , qui étoit en ce tems-là au miHeu des terres con-
nues de la plupart du monde;5e d'ailleurs ce n'eft pas là l'endroit d«
crucifiement , dont j'ai parlé au commencement de cet article.
Dans la féconde partie , qui eft le chœur des Catholiques , vis-à-vis
de la grande porte du baluftre , eft le grand autel , avec un petit au
côté de l'Evangile,où le Prêtre prépare toutes les chôfes néceflàires
pour la Meffe. On y voit dans le fond lefiege du Pape, auquel oui
monte par fixdegrcz. Adroite, unpeupiusbas, eft celui du Pa-
triarche de Conftantinople ; 8e à -gauche celui du Patriarche d'Ale-
xandrie, aufquels on monte par quatre degrez. Les fieges des Pa-
triarches d'Antioche Se dejerufalem font de l'autre côté du baluftrC;)
vers le chœur des Grecs.Tout le chœur eft couvert d'un beau dôme
de pierres de taille , foûtenu de gros piliers. Prefque entre les deux
premiers , proche de la grande porte du chœur qui regarde le Sepul-
cre.eft un autel,fur lequel le Patriarche des Grecs monte le jour du
Samedi faint pour diftribuer fon feu célefte. Cette cérémonie s'eft
établie à caufe du miracle qui fe faifoit autrefois dans le S. Sépulcre,
où la veille de Pâques une flamme de feu defcendoit vifiblement , &:
y allumoit les lampes qu'on y avoit éteintes le jour du Vendredi
iàint : Se ce feu deicendoit non feulement dans le S. Sepulcre,mais
encore quelquefois fur les lampes de l'Eglife à la vûë de tout le peu-
ple. Le Pape Urbain II. parle de ce miracle dans la harangue qu'il
prononça en l'affemblée du Concile deClermont l'an lop/. Et du
tems de Baudouin I, du nom , Roi de Jerufàlem, cette merveille
Seigneur apparut à la Sainte Vierge après là refurreftion. Cette | continuoit encore , comme rapporte Fulcherius de Chartres, lequel
Chapelle appartient aux Catholiques , Se les Religieux de S.Sauveur î ajoute que pendant le règne de ce même Roi il y eut une grande dé-
y célèbrent l'Office divin nuit Séjour à la Romaine. Là fe voyent I folation parmi les Chrétiens , qui ne purent obtenir le feu du ciel le
de très-riches ornemens , qui y ont été donnés par les Rois &: les j Samedi faint , 8c ne le virent que le matin du jour de Pâque , après
Princes Chrétiens , Se princip'alement par le Roi de France , Se par
celui d'Elpagne. Les Religieux ont le privilège d'y fonner leur Of-
fice avec une petite cloche , ce qui eft bien rare en toute la Terre
Sainte. Leur logement eft à côté. En tournant à l'Occident, on
trouve les chapelles des Suriens , des Coptes , Se des Abyffins.
Voilà une bonne partie de ce qu'il y a de plus remarquable autour
de l'Eglife du S. Sépulcre, dont il faut maintenant repréfenter la
fbuétîire. La nef , qui eft du côté de l'Occident, eft une rotonde,
dont le dôme eft d'une belle charpenterie de bois de cèdre , couver-
te de plomb , Se qui reçoit le jotir par une ouverture ronde au faîte,
fermée d'un treillis de fil de fer. Elle eft environnée de fix gros pi-
liers quarrez de pierre de taille , 8e de dix colomnes de marbre , lef-
quelles font dix- lèpt arcades, qui foûtiennentune belle Se grande
galerie.Au milieu de cette nef eft le Saint Sépulcre , revêtu de tables
de marbre blanc , 8c entouré de dix petites colomnes aufli demar-
avoir fait une proceffion au temple deSalomon,marchans tous nuds
piez,8c accompagnons leurs prières de pleurs 8c de gemiffemens.Le
feu facré defcendoit encore du tems de Baudouin II. vers l'an 1 1 205
mais on ne fait pas précifement le tems que ce miracle a fini,de mê-
me qu'on ignore le tems de fon commencement. Il y a apparence
qu'il a ceffé un peu après les premiersRois dejerufalem,parce que le
zèle des Princes Chrétiens fe ralentit , 8e que les Catholiques Ibuil-
loient cette terre fainte par leurs vices,au lieu de l'honorer par leurs
vertus,8e d'imiter la pieté de ceux qui en avoient fait la conquête fur
les infidèles. Ceux qui douteront de k vérité de ce feu célefte,
doivent fe fouvenir des exemples pareils que la Sainte Ecriture nous
fournit du feu qui defcendoit du ciel pour confumer les facrifices,
ou pour punir les impies.
A l'égard de la cérémonie qui fe fait maintenant.c'eft une trompe-
rie des Grecs qui font gens adonnez aux luperftitions,8e qui tâchent
bre qui foûtiennent une plate-forme , lùr laquelle font élevées dou- j de fe mettre en crédit parmi le peuple , failànt fecrettement du feu
ze petites colomnes jointes deux à deux , failànt fix arcades , qui
portent un dôme couvert de plomb. Sous ces arcades il y atoii-
jours dix-huit lampes allumées , fins celle du milieu de la voûte. Au
dedans de ce bâtiment eft la roche , où eft taillé le fepulcre de Nôtre
Seigneur. Il contient deux petites grottes ou caveaux tenans l'un à
l'autre. La première grotte eft appellée //ïC»a/)e//e</e /'^»^e, par-
ce que c'eft le lieu ou l'Ange apparut aux faintes femmes qui al-
loient embaumer le corps du Fils de Dieu . La féconde eft le facré
tombeau defefui-ChriJi. Elle alixpiez. de longueur, 8c fix piez
Tom. Il, ~
avecunfuiildansleS.Sepulcre,oùcntre lePatriarche accompagné
de deux Evêques feulement. Voici l'ordre de cette cerémonie.Tou-
tes les lampes de l'Eglile font éteintes , le S. Sépulcre fermé à la clefi
8e la porte gardée par fix Janiffaires gagés pour cet effet Environ u-
nc heure après midi , tous les Schifmatiques, Grecs, Arméniens,Su-
riens,8e autres,commencent à courir autour du S. Sépulcre par ban-
des de quatre ou cinq qui lé tiennent par-dcffous les bras , crians dé
fois à zutt:e,Eleefon,Eleefon. A mefure que le monde arrive , la confu-
lion Se le defordre s'augmentent: les uns crient comme des infenft x
G j powr
%% CAL.
pourappellerle feu du ciel, les autres courent & font des poftures
extravagantes-.les femmes,qui font dans les galeries,ou fur des écha-
fauts , font de leur côté de grandes exclamations , élevant les mains
au ciel, & faifant des geftes ridicules. Cette fête de courfesSc de
cris ayant duré plus de quatre heures,environ fur les cinq heures les
Grecs font leur proceffion , où après plufîeurs Prêtres , Evêques , &
Archevêques , tous vêtus de riches châpesàlaGreque, c'eft-à-dire,
fermées par devant 8c retrouffées fur les bras,le Patriarche vient
précédé de quatreDiacres qui marchent en arrière, & Tencenfent
continuellement.il eft revêtu d'une tunique de velours à fond d'or ,
& d'une chape de toile d'argent :8c il porte une tiare prefque toute
d'or,tenant lôn bâton paftoral à la main gauche,8c une petite croix à
la droite-avec laquelle il bénit le peuple. Après avoir fait la procef-
fion trois fois autour du S.Sepulcre,le Patriarche y enWe avec deux
Evêques , pendant que les Turcs gardent la porte , de crainte que
quelqu'autre n'en approche. Là ayant battu un fuzil qui y eft caché,
ou qu'il porte fur lui, il fait du feu 8c allume une "es lampes , 8c
deux paquets de bougies , qu'il diftribuë en fortant : puis il va à l'en-
trée du chœur , où il monte fur l'autel de pierre qui y eft , pour en
diflribuer d'autres au peuple. Cependant on allume toutes les lam-
pes de la grande Eglife , Se celles des Chapelles des Arméniens , des
Suriens , des Coptes , 8c des AbyiTins , ce qui fait une grande lu-
mière qu'il femble que toute l'Eglife foit en feu.
Après avoir fait la defcription du S. Sépulcre , il faut dire quelque
cholè des fondateurs 8c des réparateurs de cettcEglife.Vers l'an3 26.
pendant que l'Empereur Conftantin leGrand faifoit paroître fon zè-
le pour la Religion Chrétienne,rimperatrice Hélène fa mère entre-
prit le voyage de la TerreSainte,où elle découvrit lavraye croix a-
vec les inftrumens qui avoient fervi à la paffion de Jesus-Christ.
L'Empereur ayant appris ces heureufes nouvelles,fit enclorre leCal-
vaire,8c bâtir l'Eglife du S.Sepulcre,avec toute la magnificence pof-
llble. Il donna la charge de ce fomptueux bâtiment à l'Evêque Ma-
caire , 8c lui écrivit , qu'il defiroit que cet édifice furpaffât tous les
autres du monde en beauté 8c en richeflès , comme il les furpallbit
en fainteté. Environ neuf ans après , le même Empereur fit dédier
cette Eglife , à laquelle on donna le nom de Martyrion, c'eft-à-dire,
lieu de martyre , o\i de témoignage , parce que Jesus-Christ y avoit
fouiïert le plus cruel des fourmens, 8cyavoit témoigné l'excès de
fon amour pour les hommes. En 61 f. Chofroës II. Roi de Perlé
s'empara de la Judée,pilla la ville de Jerufalem, détruifît l'Eglife du
S. Sépulcre , &. emporta la vraye croix. Mais l'Empereur Hera-
clius vainquit cet Infidèle douze ans après , Se l'obligea à rendre
cette fainte croix qu'il reporta lui-même fur fes épaules, 8c lapofa
au même endroit duCalvaireJ'an 628. Il donna ordre enfuiteà l'E-
vêque Modefte , fucceflèur de Zacharie , de faire rétablir l'Eglife.
Mais à peine le bâtiment fut-il commencé que les Arabes fe rendi-
rent maîtres delavillede jerufalem. Néanmoins, à la faveur de
l'Emperevur Conftantin Monomaque , les Chrétiens obtinrent la per-
niiiTion de rebâtir le Saint Sepulcre,8c les autres Eglifes.Ce qu'ils fi-
rent vers l'an 1 044.L' Archevêque deTyr dit dans fonHiftoire,qu'ils
ne bâtirent que la Rotonde, qui couvre 8c enferme le S.Sepulcre , 8c
que Godefroi de Bouillon I. Roi de Jerufalem fit rétablir en 1099.
le chœur que l'on voit aujourd'hui. * Doubdan, Voyage de laler-
re Sainte. SU P.
C A L V I , ville d'Italie dans la terre de Labour au royaume de
Naples , avec Ëvêché fuf&agant de Capouè'. Les Anciens l'ont
nommée Cales , 8c ont prétendu qu'elle avoit été bâtie par Calais
fils de Borée. Elle eft àcinqou fix lieues de Capouë. "Tite-Live,
Ciceron , Virgile , Horace , 8cc. parlent de Calvi. Les François 8c
les Turcs l'afliegerent inutilement en ij'fj'.
CALVI, Ville'de l'iae de Corfe , aux Génois. Elle eft fituée
fur la mer , où elle fait à l'Occident de cette ifle un golfe dit
Golfodi Calvi. La Ville a un bon port avec une forterelTe conlide-
rable.
CAL VI, (Lazaro) Peintre de Gènes, étoit en eftime dans le
XVI. Siècle. Marciano Calvi de Santa Agatha en Lombardie s'étant
venu établir à Gènes , y eut Agoftino Calvi Peintre de peu de ré-
putation , 8c Agoftino fut père de Lazaro , qui naquit en 1 5-0 1 . Ce-
lui-ci apprit à peindre dans le palais du Prince Doria fous-Perino
del Vaga. C'étoit un efprit ardent , beaucoup attaché au travail ,
mais fi furieufement jaloux , que prenant garde que Jacques Bar-
gone jeune Peintre le furpaffoit dans fes deflèins, il refolut de s'en
défaire. Voici comme il s'y prit. Un foir foupant avec Bargone 8c
fept ou huit autres Peintres de leurs amis , Calvi But fur la fin du re-
pas dans une bouteille remplie de vin , qu'il préfenta à fes camara-
des , 8c quand ce fut à Bargone à boire , il lui doima une bouteille
dans laquelle il avoit mis du fel 8c d'autres drogues qui lui firent per-
dre l'efprit. Calvi avoit auffi foin de fe ménager des amis fidèles ,
qui applaudiflbient à tout ce qu'il faifoit. Mais le Prince Doria ayant
employé divers Peintres pour peindre l'Eglife de S. Matthieu , fans
y mettre Calvi du nombre, il en eut tant de dépit, qu'il renonça
à la Peinture 8c porta les armes. Quelque tems après fes amis l'obli-
gèrent de reprendre fes pinceaux. Il le fit avez affez de réputation,
8c il ne mourut qu'en 1607 .âgé de i oy. ans , ne laifîànt qu'une fille,
qu'il avoit mariée richement. * Confultez Rafaël Soprani , in Vite
de' Fit. Genou.
CALVI, (Pantaleon) frère de cet autre , qui étoit auifi Pein-
tre aflèz célèbre , lequel mourut en 15-87. âgé de 84. ans. Tl laif-
fa quatre fils tous Peintres , mais dont les ouvrages n'ont égalé ni
ceux de leur père, ni ceux de leur oncle, * Rafaël Soprani, in Vite
de' Fit. Genou.
G AL VIDA, Roi des Scythes, fils de Gnure, régna conjoin-
tement avec fon frère aine nommé Saiilie , Se régna i'eul après la
mort de ce frère. Les Hiftoriens aflurent que Calvida n'eut point
de part à la mort d'Anachariis fon frère cadet,qui fut tué par Saiilie.
''Suidas. S UP.
CAL
0^ Càlvida étoit du tems deSolon,8cpar confequentduten'<l
deCyrus ou peu auparavant. C'eft ce qui nous porteroit à croire
que Thomyns étoit femme de Calvida ; qu'elle régna après lui ; 8c
que fon fils unique nommé Sargapifes ayant été tué parCyrus,com-
me Juftin le rapporte , elle rendit la couronne par fa mort au fils de
Saiilie nommé Idathyrfe. Voyez Saiilie. SUP.
CALVIN, (Ignace) Hiftorien. On ne fçaitpas en quel tems
ilavécu. Il aécritun Ouvrage, qui eft cité par Plme,/». 10. £-.'48.
Plufieurs Romains ont porte le même nom,comme Domitius Cal-
vinus, Conful, 8cc. dont je parle ailleurs.
CALVIN, (Jean) étoit deNoyon ville de Picardie, où il nâ-
quhle lo.Juilletde l'an ij-op. Son père Gérard Cauvin étoit de
Pont-l'Evêque petit village près deNoyon, 8c fa mère nommée
Jeanne Franque ou le Franc etoit fille d'un Hôte de Cambrai. Ils
eurent fix ent-ans,8c ils deftinerent Jean,qui étoit despuînez,à l'E-
gUfe, lui procurant des benefices.Car il eut la Prébende ou Chapelle
de Nôtre-Dame de la Geline dans l'Eglife de Noyon , 8c puis la Cu-
re de Pont-l'Evêque , mais il eft fur, qu'il ne fut jamais ni Prêtre ni
Chanoine de la même Eglife de Noyon. Gérard Cauvin avoit d-ux
frères à Paris , où ils avbient boutique de Maréchaux , l'un nommé
Richard Cauvin demeuroit près de Saint Germain l'Auxerrois , 8c
l'autre nommé Antoine demeuroit près de Saint Merry. Il leur re-
commanda fon fils, lequel ayant un admirable génie pour les Let-
tres , il l'envoyoit en cette ville , où il étudia dans les Collèges de là
Marche ou de Vuinville, 8c dans celui de Montaigu , fousMaturin
Cordier. Il y fit un fi grand progrès dans la Langue Latine 8c dans
la Philofophie , qu'il s'y acquit beaucoup de réputation. Quelque
tems après , il alla à Orléans pour y.étudier en Droit fous Pierre l'E-
toile connu fous le nom de Petrus Stella , 8c le mérite d'André Alciat
l'attka à Bourges,où il étoit Profeiîeur en Jurifprudence. Ce fut en
cette ville qu'il apprit la Langue Grecque ibus Melchior Wolmar ,
Allemand natif de Rothwyl.avee lequel Calvin fit une étroite ami-
tié. Marguerite , Reine de Navarre 8c Ducheffe de Berry , l'avoit
fait venir à Bourges.où il étoit Profefleur en Langue Grecque , 8c
comme il étoit Lutherien,ilenfeignoit autant cette doârine que le;
Grec. Calvin avoit déjà du panchant pour cette même doârrine ,
il s'y attacha encore davantage. Enfuite, ayant appris la mort de
fon père il revint à Noyon , 8c comme il avoit de grands talens pour
écrire 8c pour parler, 8c qu'il étoit prévenu de fon mérite, car en
effet il n'en manquoit pas , il revint à Paris y chercher dequoi s'é-
tablir plus avantageufement.Avant que de partir de chez lui , il ven-
dit fes deux bénéfices , l'un à Antoine Marher,8c l'autre à Guillau-
me du Bois dit Bo//»j , qui iffuivit depuis à Genève. Calvin étant»
Paris y étudia quelque tems en Théologie , 8c continua d'appren-
dre les Langues Hébraïque 8c Chaldaïque,qu'il avoit déjà commen-
cé d'étudier à Bourges. Cependant, comme il avoit beaucoup d'ef.
prit, qu'il parloitbien,8c qu'il commençoit à débiter fes nouveau-
tez, on le préfenta à la Reine de Navarre fœur du Roi François I;
8c cette Princeflè , qui avoit un grand panchant pour ces opinions
nouvelles , l'écoutoit favorablement. Mais fon bonheur ne dura
paslong-tems: Jean Calvin fut obligé de fortir de Paris,foit que ce
fût parce que le Roi avoit donné ordre d'en chaflèr tous les Luthé-
riens, qui eft le nom qu'on donnoit alors à tous ceux qui s'atta-
choient aux nouveautez dans les chofes de la Religion. Il avoit alors
publié des Commentaires fur les livres de la Clémence deSeneqiie,{o\xi
le nom de Calvinus,(]yi\ étoitRomain,Sc qu'il a toujours gardé ; bien
que celui de fon père fût Cauvin , comme je l'ai dit. IlpaiTa dans
rAngoumois,8c s'arrêta à Angoulême, où il prit le nom de Depar-
çan ou de Happeville,&c y fubfifta avec le fecours de la Langue Grec-
que qu'il enfcignoit , d'où il fut furnommé /«;>«/> Grec. Louis da
Tillet Chanoine de cette ville 8c Curé de Claix , avoit de la confide-
ration pour Calvin,8c fournit à fon entretien. Il le fuivit même en
Allemagne, oùjean du Tillet fon frère le fut prendre 8c le ramena
en France. Pour Calvin , il s'arrêta quelque tems à Bâle , 8c Bucer
l'ayant préfenté à Erafme, ce grand homme qui fe connoiflbit affez
en gens, s'étant entretenu avec lui de la Religion , dit hautement
que l'Eglife avoit élevé en la perfonne de ce jeune homms une pefte
quiluiferoit fatale. (Ce fait n'eft tiré que deFlorimond de Rai-
mond, qui eft un faifeur de Roman , 8c qui met cette pointe dans la
bouche d'Erafme : video oriri magnam pefiem in Ecclejia contra Eccle-
Jiam.Culvin n'étoit déjà plus dans l'Eglile Catholique Romaine en
I f 34.8c quand ii y auroit été,il n'y auroit rien dans ces paroles de di-
gne du génie d'Erafme, puis que tous lesHéretiques fontfortis de
rEglilë,8c qu'il n'y a rien là qui couvienne particulièrement à Cal-
vin.)Il ne fe trompa pas.Calvin revint encore enFrance,8c comrhen-
ça à publier fes nouveautez à Poitiers,à Angoulême,8c à Bourdeaux.
II avoit des partifans qui ttavailloient a lui faire des créatures.
[Ceci eft faux, voyez M.Bajle.] Les plus zelez étoientVeron.le Ra-
tnaflcur, 8c-Bonhomme,qui alloient de tous cotez foUiciter lesReli-
gieux 8c les Religieufes à Ibufcrire aux fentimens de ce nouvel Apô-
ne, qui leur permettoit de fe marier. Ils cbantoient une certaine
chanfon, que Calvin avoit lui-même compofée,avec ce refrain: O
MoinesMomes,iliJoui faut marier. Cœlienarmm glorinmDei. Mzh cvzi-
gnant d'être pris il fe retira durant quelque feras àNeracoù il étoit
fous la proteâiion de la Reine de Navarre, 8c enfuite il revint à Bâle,
où il publia fesLivres des inftitutions en i fjj-.s'étant fervi des lieux
communs de Melanchthon,d'Oecolampade,8t de quelques auttes
pour les compofer.Ce fut en cette occaiion qu'ayant fait l'anagram-
me de fon nom, il trouva celui d'Alcuin.dont il fe fervit pour orner
cet Ouvrage qu'il dédia au Roi François I.Mais il n'eut pas à la cour
tout l'accueil 8c le fuccès que les amis des nouveautez en atten-
doient.Calvin efperoit d'y être bientôt rappellé,il i'e trompa en cela,
comme en bien d'autres chofcs.Pour fe confoler de ce malheur , ii
rélolutdepafler en Italie chez la Ducheffe de Fcrrare, fille du Roi
Louis XII. Elle protbgeoit les Proteftans. Calvin y reprit fon ù.n-
cimnoxn àt Happevi'Xe iCis il y avoit du danger de fe faire connol-'
tre.
tre. il fiit bien-tôt las de Ferrare , il revint en FraiicCj & paîlàiitran
ïfj6. par occalion à Genève , où Guillaume Farel & Pierre Viret
ûvoient commence de prêcher les opinions des Sacramentaires , on
l'y retint,& il y reçutle titre de Prédicateur Sç de Doâcur. Mais ibn
efprit altier n'ayant pas plii à quelques-uns des principaux citoyens ,
ils s'y partagèrent à fonfujet. Il y travailla à faire une confédéra-
tion de la ville de Genève avec quelques Cantons des Suiifes & prin-
cipalement avec celui de Berne, Scil prit foin d'accorder ces nou-
velles Eglilès,! dont la diviiionauroit ruiné leur parti. Ilyenavoit
toujours un formé contre lui dans Genève, d'oii il fut obligé de for-
itir en I j-3 8. & Farel fut chaffé avec lui., Calvin vint à Bâle & puis à
Strasbourg,: où il .publia fes Commentaires fur l'Epître de S.Paiil aux
Romains, & travailla à inftruire ceux qui donnoient dans iêsfen-
timens, 8c à convaincre grand nombre d'Anabaptiftes ,. qui s'étoient
retirez dans cette ville. Entre ces derniers ilyenavoit un de Liège
jiomméjean §terder ouSterdurius , quiavoit.une femme nommée
Jdelette de Bure , '■ qui étant demeurée veuve devint l'époufe de Cal-
vin. BplfeC, qui a écrit la Vie de Calvin, rapportes ce fujetdes
çhofes allez, particulières ; mais peut-être en dit-il trop. [Bollècne
dit riend'Idelette. . Voyez, Mr.Bayh. ] iCalvin n'eut d'enfans de cette
femme, qu'une fille, qui mourut jeune iScl'ayant perdue il ne fe
voulut plus remarier, non qu'il condamnât les fécondes noces , mais
parce que le mariage lui étoit contraire, & qu'une femme eft fou-
vent un grand pbflacle à un homme de Lettres; Cependant, il fè
trouva aux alTemblées tenues l'an i ^4 1 . à Wormes 8c à Ratisbonne ,
8c de là il revint à Genève , où il arriva au mois de Septembre. Le
parti de ceux qui l'avoient fait challèr étoit diffipé, 8c fès amis fè
trouvèrent les plus puifTans dans cette ville , où il pafîa lerefte de fès
jours, aime' 8c confideré de tous ceux defiSeâc. Leplaiiirdefè
voir Chef de parti flattoit agréablement fon ambition 6c fà vanité.
On peut dire même qu'il y facrifia fon repos , étant toujours dans le
travail 8c continuellement occupé à écrire. Etant de retour à Genè-
ve, ilydreflàunformulairedelàconfeflionde foi, de la difcipli-
ne Eccleliaftique , 8c du Catéchifme, àl'ufige de ceux de fà Seéte. II
étoit confulté dans toutes les aft'aires , on s'en tenoit à fès dédiions ,
ildonnoitlamiirionauxMiniftresdefonparti, 8c c'eft avecrai.fbn
que divers Auteurs l'ont appelle /eP«^e</eGé»e^'e. Il avoir un beau
génie, une pénétration d'efprit admirable , ime grande délicatellè ,
beaucoup d'éruditionjmais il manquoit d'humilité Chrétienne, fans '
laquelle toutes les plus belles qualitez de l'efprit 8î toutesles vertus
font de feuffes vertus 8c des qualitez nuifibles. Cet efprit de vanité
ie rendoit furieufèment opiniâtre dans, fès fèntimens, il vouloit
qu'on fo.ufcrivît aveuglément à ce qu'il avançoit, êc il répondoit
avec aigreur 6c avec emportement à ceux qui ofoientle contredire. 1
Ce caraélere paroît afTez dans fès écrits,8c on y voit régner ^par tout 1
cet efprit piquant 8c chagrin, qui pare alTez adroitement les coups j
qu'on lui porté, mais qui s'évapore en injures atroces , qui mord
iàns raifon , 8c manque enfin de cette honnêteté qui eft la marque du
Chrétien 8c de l'honnête homme. Cette humeur chagrine 8c fëve-
re le rendoit même cruel, 8c fiir-toutflirlafindefèsjoursi Mi-
chel Servet Efpagnol fit expérience de la cruauté de Calvin, qui le fit
brûler en if f3. à Genève. Il y pubUoit une doâxine contre le
myftere de la Trinité, 8c Calvin entreprit de prouver à cette occa-
lion qu'on peut faire mourir les Hérétiques. Outre le Livre des /»-
ftitutwns dont j'ai parlé , il a laiflé l'Harmonie des trois premiers
Evangiles, des Commentaires fur S. Jean, fur les Epitres de Saint
Paul, fiir quelques Prophètes, 8c divers autres Traitez, qu'on a
recueillis en IX. volumes. Il a auffi écrit contre Servet , contre Jes
Anabaptiftes, contre les Libertins Quintinus 8c Coppinus. Dans les
dernières années de fà vie , il devint valétudinaire, toujours rêveur ,
mélancolique , 8c fotivent incommode à fès amis. Il fe vit attaquéde
la goûte, des heinorroïdes , d'une fièvre phtifîque, d'une difficulté
de refpirer, de la migraine i d'une perte de fàng, 8c il mourut ,
dit-on, maudilTant la penfée qu'il avoit eue d'écrire 8c d'enfeigner
une doâïine qui le devoir rendre malheureux pour une éternité.
Ceux de fon parti n'en parlent pasainlî, quoi qu'ils avouent que
Calvin étoit accablé de plufîeurs fortes de maux. Car tous ceux,
qui ont travaillé à la vie de Calvin, en ont parlé félon les intérêts
& les mou vemens de leur amitié ou de leur haine. Ceux qui font
de l'Eglifè Prétendue Réformée, lui domient toutes fortes d'élo-
ges, 8c lui attribuent de grandes vertus; Au contraire les Catho-
liques le déteftent comme un Hérefiarque , qui a introduit le fchis-
ine; 8c ils ont raifbn de ne pas reconnoître en lui tous ces grands
talens que Théodore de Beze lui donne dans l'Abrégé de fa Vie
qu'on voit à la tête de fes Ouvrages. Il n'y parle que de fès viâoires
&c de fès triomphes , quoi que fès avantages ne fbient pas auffi
.confîderables , qu'il prétend nous le faire accroire. A la vérité Cal-
vin étoit fça vaut , mais il a très-mal employé fafcience. Il faut
avouer de même qu'il étoit extrêmement laborieux 8c tout-à-fait
definterefTé , mais iln'eft pas auffi facile de lejuftifier de l'ambition
que de l'avarice , je l'ai déjà remarqué. Il mourut le 17. Mai
€n ij-64.âgé de cinquante-quatre ans, dix mois , Se dix-fèpt jours.
De Thou, à qui ceux dupai-tideCalvinnedéplaifoientpas, par-
le ainli de cette mort fous l'an 15-64. après avoir parlé de celle de
l'Empereur Ferdinand : Unpeu devant , dit-il , yeanCahindeNoyon
enVermandois , ferfinnage dun efprit vif ^ I une grande éloquence,
t^ parmi tes Vroteftans Théologien de grande réputation, étoit mort le
3.0. Mai, ayant été travaillé durant fept ans de diverfes maladies.
"Néanmoins iln'enfutpas moins afpdudansfa charge , ^ cela ne l'emfê-
(ha jamais d'écrire i II mourut à Genève, où il avoit enfeigné vingt-
trois ans de fuite, d'une difficulté de refpirer , âgé de cinquante-fx
ms prefque accomplis. * Papire MafTon, Jérôme Bolfec, 6c Théo-
dore de Beze, in Vita Calv. Florimond de Raimond , Surius,
Sponde , Fevardent , Opmeer, Jaques Lanigey ,■ Sleidan, De
Thou, Melchior Adam, Dupleix, Mezerai, gcc.
CALVIN (Jean) Il en eftparlé amplement dans l'article pré-
/ ... . , \ C~AL i_^
cèdent ,/rnakçe.q\ïe l'on envadirejiedépIairapasiuxOnrieux.So'îi
père fut Gérard (3au.vin,fils d'unBateliisr (A Tonnelier- de. Pont-l'E-
vêque près dt; Npyon.i 8c iâ.mei£:; J^imc le Franc , -fillo d'un Ca-
baretier dç. Cambrai , qui s'étoit vcnjn habituer à Noyon , auffi-bieii
queOciârdfon gendre , lequel .fat-ipiGlque tems Coinmis dans les
termes , 8c devint enliiiteProcurcui- Fifcal du Comté de Noyon,8c
Secrétaire de l'Evêché. Jean Cauvin fut envoyé à Paris par fes pd-
rens,quileTccommanderent à liichardCauvinSerrurierdemeurani:
en laru.e de S.jGetmam de l'Auxerrois. Ce bon Artifan , qui a tou-
jours pa-Mé dans la foi Catholique, luifit faire fes Humanités ati
Collège de, la, Marche , 8c fon cours de Philofophie au Collège dé
Montaigu.Il avoit été pourvu dès l'âge d'onze ans de la Chapelle de
Nôtre-Dame de la Geline dans l'EgHfe de Noyon,8c avoit obtenu ^
dix-huit ans laCure de Maitevilie.qn'ii permuta deux ans après avec
celle de Pont4'£vêque près de Noyo.'i.Son père néanmoins ne vou-
lut pas qu'il étudiât en Theologie;8c l'envoya à Orléans pour y évaH
dier en Droit, fous le fçavant Profeflèur Pierre de l'Etoile.,, qui fii't
depuis honoréd'une charge.de Préfîdentau Parlement. -De là, fani
avoir pris aucun degré , il futà Bourges pour y entendre le célébra
j JurifconfulteAlciat,qui lifoit ^vec un concours extraordinaire dânS
\ cette Univérfite , la plus flôHlTânte qui t«t alors en France pour lé
Droit. Il avbitdéja pris à Paris quelque teinture de l'herefie , qui lui
j fut infpirée parfon alliéRobert01i.rcrân:mais ce fut à Bourges qu'il
-acheva de fè gâter l'efprit par li .'grande communication .qu'il eut
I avec Melchior Wolmar Al.lemand,Profeflèur de la Langue Gréquei
lequel étoit Luthérien, quoi qu'il contrefît encore le Catholique.
Calvin apprenoit en même tems la Langue Gréque, l'Hébreu, 8c
le Syriaque, pour s'adonner à la leéhire de l'Ecriture Sainte 5 §c
J s'inltruif ànt dans la do6trine de Luther 8c de 'Zuingle , il alloit fbu-
vent faire l'apprentifîàge de fes prêches aux environs de Bourges, 8c
■ fur-toùtà Lignieres , où le Seigneur du lieu prenoit plaifir à l'enten-
dre. Ainfi comme il s'appliquoit à tant de chofes, il ne fe rendit pas
I fortfçavant; 8c Théodore de Beâe fon grand Panegyrifte avoue
lui-même quç Calvin n'étudia jamais en Théologie. C'eft pour-
quoi ceux-là fè trompent, qui s'imaginent que la diftérence qu'il y
a entre Iterelie de Luther 8c celle de Calvin , c'eft que la première
eft matérielle 8c groffiere , 8c l'autrefubtile 8c fpirituelle , car' c'eft
tout le contraire, Luther étoit Doâeut en Theologie,6c habileDoe-
teur: mais Calvin ne fut jamais Théologien, il fçut feulement lé
Droit Civil Se les Langues. . . ■
Après la mort de fbn père, il s^'en retourna à Nbybn, & y vendit
fes deux bénéfices, puisenij-jz. il revint à Paris , où n'ayant en-
core qu'environ vingt-quatre ans,il fit imprimer un aflèz beauGom=
mentaire fur les deux Livres que Seneque a faits de la Clémence. Ce
fut alors qu'ayant mis fon nom en Latin Calvinus au titre de fon Li=
vre, on l'appella Calvin. Il fe mit après à dogmatifèr fecretement
dans les maif bns, 8c eut en 1 5-3 3 . un grand commerce avec Nicolas
Cop, Reûeurdel'UniverfitedeParis, .lequel étoitdelanouvelle
Seâe, quoi qii'il parût Catholique. Le Lieutenant criminel Jean
Morin voulut fe faiiir de fa perfonne , mais étant allé au Collège du
Cardinalle Moine , où il logeoit , il trouva qu'il s'étoit évadé par là
fenêtre, d'où il s'étoit coulé à bas avec les draps du lit , qu'on y trou"
va encore attachés. Calvin s'étant ainfi fauve , fe retira à Angoulê-
me, où ayant fèduit l'efprit du Chanoine Louis du Tillet, ilcom-
pofa dans fa maifbn à Claiz , dont ce Chanoine étoit Curé , la plus
grande partie de fon IniUtution. Du Tillet revint de cet égarement
par les remontrances de fon frère Jean du Tillet, ce célèbre Greffier
du Parlement ; de forte que Calvin étant abandonné de fbn Patron»
& n'ofant plus fe monti-er à Angoulême, en alla chercher d'autres à
Poitiers. Il y fèduiiit plufîeurs Officiers du Préfidial , 8c quelques
Doéteursdel'Univerlité, entr' autres un Profeffeur en Droit, qui
abandonna fà chaire pour aller prêcher de ville en ville la doftriné
deCalvin,8c fefit s.^-pe\ki Bonhomme. On lui donna àufTi le nom
deMinifire, paîce qu'auparavant fàprofeffion étoit de lire le Droit ■
dans la Miniflrerie (c'eft ainii qu'on appelle l'école de Droit à Poi-
tiers:) 8c de là eft venulenomdeM(»//^?-e, qui a été depuis com..
mun à tous les Prédicateurs de la Religion Prétendue Reformée.
Calvin voyant qu'il n'y avoit pas de fiireté pour lui en France , fe
fàuvaàBâle, où il acheva fbn Inftitution, qu'il eut la hardiefîè de
dédier au Roi François I. Mais cela ne fervit qu'à augmenter la ri-
gueur des ordonnances contre les Hérétiques. Il pafïà enfuite les
Alpes , 8c fè rendit à la cour du Duc de Ferrare , pour attirer à fbii
parti la Duchelfe , qui protegeoit ouvertement les Luthériens. Il fè
déguifa alors , prenant l'habit d'unEcclefiaftique,8clefurnomde
Hafpeville : mais craignant d'être mis à l'f nquilition,il ne demeura
pas long-temps auprès de cette DucheiTe, dont il achevanéanmoins
de pervertir l'e:^rit. S'étant évadé de Ferrare, il vint à Genève,
où Guillaume Farel le reçut avecjoye. En tf^6. Ils partagèrent
entr'eux les emplois de leur miniftere. Farel continua fès prêches, 8e
Calvin , qui n'avoit nulle grâce à parler en public , fè chargea d'y en-
fëigner la Théologie , quoi qu'il ne l'eût j amais étudiée. Mais com-
me ils entreprirent d'établir des nouveautés qui ne plaifôient pas , 8c
qu'ils ne voulurent pas fe conformer à l'ufage de Berne , qui etoit dé
communier avec des hofties; les Bernois firent en forte auprès des
Syndics,qu'on les bannit par arrêt comme fèditieux,l'an i /3 S.Après
quoi Farel fe retira à Neafchâtel,8c t al vin à Strasbourg,où il obtint
permilTion de dreffer une Eglife à fa mode pour les François qui s'f
étoient réfugiez, 8c d'y enfeigner fa Théologie. Ce fut là qu'il revit
fon Inftitution Chrétienne; qu'il publia fon Commentaire fur l'E-
pitre aux Romains ; 8c on dit qu'il époufà la veuve de Jean Sterder
Anabap'tifte, Il alla enfuite, avec Bucer 8c les autres Députés , à la
conférence de Wormes , en 1 5-40 . 8c puis à celle de Ratisbonne.
Quelque tems après , il fut rapellé à Genève , où il établit fà
do&ine 8c fadifcipline en 15-41. A l'égard de fà doftrine , on ne
peut douter qu'il n'ait fuivi celle des Vaudois, particulièrement en
ce iju'il dit qu'il n'j a dans la,Cenedu Seigneur que du pain 8c du
m»
G AL 1 . CAL
balançoit alors , comme il fit affés long-tems , entre Zuingle 8c Lu-
ther , tenant quelque chofe de tous les deux : ce qui fit que'ceux,qui
avoient eu communication avec lui , fe nommèrent Luthero-Zuin-
gliens , pour ne fe pas ruiner les uns les autres par la diverfité de leurs
dogmes. Ainli en peu de tems l'Univerfité deParisfe trouva rempUel
d'etrangers,qui s'iniînuerent dans les maifons des'perfonnes de qua-*
lité , & fe donnèrent la liberté d'interpréter la Bible félon leur fens,
qu'ils prétendoient être conforme au Grec & à l'Hébreu. L'Evêque!
de Meaux,nommé Guillaume Briçonnet,fe laifla iurprenclrepar ces
nou veaux Do'fteurSjSc voulut avoir auprès de klïqâélques-uns de
ceux qui avoient le plus de-téputâtion , fçaVoir Guillâuriie Farel de
DauphinévJacquesFabriouleFevre, Arnaud RouflèUSc Gérard
Rouiîèl de Picardie. Ces quatre femerent adroitement leurs erreurs
dans le diocefè de Meaux;6c comme Je defordre qu'ils y caufoientft
fit bientôt connoître.leParlementdeParisnommadesCommiflàireS
pour informer contre ceux qui en étoicnt les Auteurs : ce qui «pcfjii
vanta ces premiersMiniftresdel'hérelie, lefquelslelauverentcn Al»,
iemagne. Cependant les Informations ayant été fâitesje Parleméiit
rendit un Arrêt en i j-iy , par lequel il décréta ptife de corps contre
ceux qui étoient nommés dans les Informations. Gfette-lîërèfie rit
laiiTapasde faire de nouveaux progrès, principalement dans Paris",
par la protedtion qu'on trouva moyen de lui donner à laCour auprès
de la Duchelfe d'Alençon.Maf guérite de Valois,fœur de François I,
laquelle fut mariée depuis àHenrid' A Ibret, Roi de Navarre. Cette
Princeffe étant allée en Bearn avec le Roi fon époux reçut à fa Cour
plulleurs de ceux qui fuyoient les pourfuites de lajuftice,entr'aurres
GerardRouflèl.qu'elle prit pour fonDireâ:eur,& le fit Abbé de Clai-
rac & puis Evêque d'OleronJui donnant ainfi le moyen de jetter ea
Bearn les fondemens de l'hérefie ,- qu'on acheva d'y établir après fa
mort. Car durant fa vie il ne fijt,à proprement parler,ni Zuinglien,
ni même Luthero-Zuinglien , Se beaucoup moins Catholique.quoî
qu'il affeftât de le paroître. Cet Evêque Hérétique acheva de gâter
l'efprit de la Reine de Navarrejaquelle venant fouvent à Paris tâcha
de gagner le Roi François L en faveur desNovateurs , qu'elle louoit
fans ceife en fa préfence,comme des gens de bien,8c très-fçavans.En
I j-J 3 . elle mena le Roi au Sermon du Curé de Saint Euftache, nom*
mé le Coq , qui prêcha affés clairement le dogme de Z,uingle tou-
chant le faintSacrement , le déguifant néanmoins fous des expref^
Seigneurie de Genève , lequel fut envoyé à Noyon pour informer fions équivoques.Ce qui ayant un peu ébranlé le Roi,les Cardinaux
de la vie de Calvin. Mais les Proteftans s'infcrivent en faux contre ' dcLorraine&deTournon obligèrent ce Curéàferetraéterpubli-
cette pièce , parce , difent-ils , qu'on ne trouve rien de cela ni dans j quement & en préfence de faMajefté.La cabale que l'on avoit faite à
les Regifbes du Chapitre de l'Eglife Cathédrale que l'on fauva de laCourneferalentitpaspourcemauvaisfuccès, &laRe^nedeNi'•
^embrafement arrivé en iffi- ni dans les Informations très^exac^ varre eut encore l'adreffe deperfuaderaFrancoisI.de faire venir àPa-
tes qu'on en a faites à Noyon de nos jours. Ilsdifent que cette opi- ris Philippe Melanchthon , dontelle lui parla comme d'unhomme
nion commune eft fondée fur ce qu'un autreJeanCauvin fon neveu, paifîble & d'efprit doux , qui pourroit utilement travailler avec les
Chapelain de la même EgUfe * ne s'étant pas corrigé après quelque Théologiens Catholiques au rétabliffement de l'ancienne police de
châtiment qu'ilavoit reçu pour fon incontinence, fut privé de fon l'Eglife.Mais le Cardinal de Tournondefabufa le Roi,& lui fit révff-
bénéfice , comme on le marque dans les Regiflres de ceChapitre: ce | quer la permifTion qu'il avoit donnée à Melanchthon de venir à la
qui n'arriva que long-tems après que Calvin fut forti du royaume, j Cour .Ce Prince ordonna en i j-jf.qu'on fit la plus majeftueufe & la
Pour rendre juflice à la verité.il faut convenir que cetHérefiarque ! plus dévote proceifion que l'on ait j attiais vue dans Paris . Tous les;
aVOit beaucoup d'efprit 6c d'éloquence. On dit qu'il relifoit tout fon ' OrdresReligieux,tout leClergé de toutes les Eglifes,le Chancelier.Sc
Ciceron chaque année ,. pour cultiver fonftyle ; quoi qu'au juge- | tout leConfeil,leParlement en robes rouges.la Chambre des Comp-
mentdePapireMaironilreffembleplusàcelui de Tacite 8c de Se- | tes,& les autres Compagnies,laVUle,8c tous les Officiers y afliflerent
neque, qu'au flyle de ce Prince des Orateurs. Il étoit infatigable au : chacun en fon rang, L'Evêque de Paris Jean du Bellay portoit le
travail , comme il paroît par la multitude de fesOuvrages; extrême- i très-faint Sacrement fous un dais magnifique , porté par Monfei-
inentfobre,8cfipeuinterefré,qu'ilnelaifra qu'environ deux cens gneur le Dauphin ; par les Ducs d'Orléans &d'Angou}êmefes deux
écus de bien à fa mort, y compris fes meubles 8c fes livres. Mais ce | frères j 8c par le Duc de Vendôme premier Prince dufang. Le Roi
peu de bonnes qualitez fut mêlé de beaucoup de mal : étant certain ' fiùvoit immédiatement , tête nue , un flambeau à la main , fuivî
qu'il a été un des hommes du monde le plus chagrin , le plus colère, 'de tous les Princes , des Officiers de la couronne, des Cardinaux,
8i le plus fatirique, comme fes amis même le lui reprochèrent, 8c des Evêques, des Ambafîadeurs , 8c de toute la Cour, marchant
entre autres Martin Bucer. Quoiqu'il affeââtde faire paroître un ' tous deux à deux, 8c chacun tenant un flambeau allumé. Les In-
erand mépris des honneurs du monde , il étoit néanmoins très-fii- ftrumens 8t la Mufique accompagnoient cette augufte cérémonie,
perbe dans le fond de rame,voulant exercer un empire abfolu fur les [ dans laquelle on fut depuis la Paroiffè du Louvre jufqu'à Nôtre-Da-
autres Miniltres fes Collègues , qu'il regardoit comme fesDifciples, ' me. Après cela le Roi étant monté dans la Grand' Sale de l'Arche-
ou même comme fes Efclaves.PapireMalfon fait auffi le portrait de ! vêché.fitfuruncefpecedethroneun difcours très-pathetique , 8c
fon corps en cette manière : Il dit que Calvin étoit d'une flature me- I exhorta tous les affillans à retenir conflamment la veritableReligion
vin, fans préfence réelle 8c locale du corps 8c du faiigde Jesùs-
Christ ; en ce qu'il ne veut ni vénération ni invocation des Saints ,
ni chefvifible de l'Eglife, ni Hiérarchie, ni Evêques, ni Prêtres,
ni Meffes , ni Fêtes , ni Imagésvmi Croix, ni Benediâions ,ni au-
cune des cérémonies de l'OificeDivin. Pour les chpfes qui deman-
dent plus de fcience, (à la referve de ce qu'il enfeigne touchant
l'Euchariftie) il a prefque tout pris de Luther; comme, tous les
articles de fon hérefie , qui concernent la liberté de l'hommck juf-
tification par la feule foi , les bonnes œuvres , 8c autres fembla-
bles erreurs. Ainfi Calvin n'eft véritablement qu'un habile Gopifte,
qui a tout pris des Hérétiques quil'ont précédé ; 8c fon Inftitution ,
qui eft fon Ouvrage , n'eft à proprement parler qu'un Recueil de ce
qu'il a choifi de plus à fon goût dans les Ecrits deLuther gc deMelan-
chton, deZuingleScd'Oecolampade; Il.efl vrai néanmoins qu'il a
pjus de politefTe que Luther,8c qu'il donne à ce qu'ilécrit.en Latin ,
un tour beaucoup plus fin 8c plus délicat.oii il paroît bien de l'efprit,
de la vivacité , 8c du feu : mais c'eft un feu qui eft plus âpre que bril-
lant; car Jon ftyle eft trop aninié,8c il infulte fouvent à iès Adverfai-
lesavectropdefierté. A l'égard de la difcipline,il. la régla, de fon
autorité, à-peu-prèsde la manière qu'on la voit dans les Eglifes
Brétenduës ReforméesjétablifTant dés Confiftoires,des Colloques,8c
des Synodes.des Anciens,des Diacres,8c des Surveillans,la forme des
prières 8c des prêches , Se la manière de célébrer laCene,de baptifer,
& d'enterrer les mortsi Depuis qu'il eut établi à Genève fa nouvelle
Eglife, il ne fortit plus de cette ville ; où il fe rendit très-puilfant ,
8c d'où il envoya des Miniftres dans les autres lieux. Il mourut d'un
afthmeSc d'une fièvre étique , le lô.jour de Mai 15^64. en fa cin-
quante-fixiéme année. Théodore de Beze , Se les Ecrivains Hugue-
nots après lui, difent qu'il expira paiûblement en louant Dieu. Les
autres au contraire , 8c même quelques Luthériens , affûrent qu'il
mourut en defefperé, jurant 8c blafphemant lenoin de Dieu, 8c
niaudiiTant fa vie 8c fes écrits avec d'horribles imprécations. Mais
il y a lieu de ne déférer ni aux uns ni aux autres,8c l'on peut dire qu'il
y a de l'exaggeration , qui tient ou da panégyrique ou de la fatire.
Bolfec, qui a connu particulièrement Calvin à Genève, afiûre
qu'iifutenfàjeuneflefuftigé, 8c eut la fieur-de-lis , pour un cri-
me infâme 8c déteftable. Il ajoute qu'ilenavûuneatteftationde
Meffieurs de Noyon , entre les mains de Bertelier , Secrétaire de la
diocre , qu'il avoit le vifage long , fort maigre 8c bazanéje poil noir
avant que la vieillefTe l'eût blanchi,la barbe claire 8c longue,les yeux
vifs 8c étincelans, le nez aquilin , la voix éclatante, 8c l'air defàgréa-
ble 8c rebutant. * Maimbourg , Hiftoire du Calvinifme. SUP.
[Comme l'équité naturelle demande que l'on écoute les deux par-
ties, avant que déjuger de quelque différent que ce foit; ceux qui
voudront fçavoir , s'ils doivent croire divers faits injurieux , que
l'on dit de Calvin , font obligez auparavant de lire fes Apologiftes,8c
particulièrement la Dg'ïByê ie Calvinpar Charles Drelincourt , qui a
entrepris de réfuter ce qu'on a dit contre Calvin , par des Aéles au-
thentiques 8c par les témoignages mêmes des Auteurs Catholiques.
Outre cela dans la relation queMoreri 8c leSttpplemerst donnent deCal-
vin , ils ne fe contentent pas de marquer les faits,mais ils pénètrent
dans les motifs fecrets qui l'ont fait agir. Pour fçavoir s'ils ont rai-
fon,il faudroit avoir lu fes livres , 8c examiné fa do£fa:ine,pour voir
fi l'on y trouve des marques de l'orgueil , 8c de la mauvaife foi
qu'on lui attribué . A près cela on pourra j uger.fî nos Auteurs ont rai-
fon ; mais fans cet examen, il eft injufte d'en faire aucun jugement.]
2W. iSay/c a monti'é dans fa Critique Générale 8c dans fon Di£tion-
naire , que Maimbourg s'étoit trompé , en quantité de faits.
C A L V ITSi I S M E , doftrine de Calvin , ou feéte de ceux qui
fui vent fes erreurs. Pour fçavoir comment il naquit en France, il
faut remarquer que le Roi François I. voulant faire refleurir les bel-
les Lettres dans fon royaume , donna Ueu à plulieurs perfonnes fa-
van tes d'y venir de toutes parts ,pour y enfeigner la Philofôphie 8c
les Langues,principalement dans Paris. Luther 8c Zuingle.qui com-
mençoienten ce tems-la à former deux partis contre l'EglifêCatho-
lique , envoyèrent en France l'an i j-z i .ce qu'il y avoît parmi eux de
y 1 is habiles jeunes hommes. Le rendés-vous des Seftateurs de l'une
&, de l'autre hérefie étoit à Strasbourg auprès de Martin Bucer , qui
des Rois très-Chrétiens. Le même jour vers le foir, fîx Luthériens,
qui avoient été condamnez par Arrêt du Parlement , furent brûlez,
à petit feu. Depuis ce tems-là , le Roi ne voulut plus fou fîrir qu'oa
lui parlât des Hérétiques, que pour les faire rigoureufement punn-
par le feu, comme on fit par toute la France. Il fçût même rame-
ner par fes puiflàntes remontrances la Reine de Navarre fa fceur,
quiprotefta n'avoirjamais prétendu renoncer à la foi Catholique,
non plus que le Roi fon mari. Les Doûeurs de l'hérefie prirent
prefque tous la fuite, 8c fe retirèrent les uns en Allemagne,les autres
en Suiflè,8c la plupart à Geneve.où ceux du Canton deBerne avoient
introduit les erreurs de Zuingle , 8c où la Religion Romaine fut en-
tièrement abolie en 1 5-3 5-. comme on peut voir dans l'article de Ge-
nève. Calvin s'y retira en i^S^- ^ fut fort bien reçu par Guillau-
me Farel , qui partagea avec lui les emplois de fon miniflere, 8c le fit
Profeffeur en'Theologie.Ayant été tous deux chaffés de la ville com-
me des feditieuxjl'an ifjS. Farel fe retira à Neufchatel,Sc Calvin
à Strasbourg , d'où quelque tems après il fut rappelle à Genève.
Alors Calvin y établit fa doftrine 8c fa difcipline en 15-41 .Pour en
former une jufteidée,il eftnéceffàire de reprendre la chofe de plus
haut , 8c de voir quelle en a été l'origine. Depuis que Berenger
Archidiacre d'Angers , qui commença à nier avec opiniâtreté la
préfence réelle de Jesus-Christ dans le Saint Sacrement , eut été
condamné par les Conciles de Rome en105-o.105-9.8c 1079. 8c de
Tours en 1 05- j-.8c que cetArchidiacre y eut folemnellement retraâé
fon erreur; l'Eglife jouit d'une alTez grande paix, jufqu'à ce que
quatre-vingts ans après elle fut troublée par une nouvelle herelie ,
que Pierre Valdo, Chef des Vaudois, publia en 1 160. Ce Bourgeois
de Lyon , qui étoit un homme ignorant , mais riche , s'alla
mettre dans l'efprit que laMeife, le Purgatoire , l'autorité du Pa-
pe , 8ç autres femblables points de foi , étoient de pures inventions
des
CAL.
èes hommes: & s'étant érigé en Apôtrcil s'attira un grand nombre
de difciplcs , par les aumônes qu'il taifoit aux pauvres. Ces Fanati-
ques s'étant difperiez par toute l'Europe , pour y prêcher leurs dog-
mes, J.e multiplièrent étrangement, 8c depuis on les appella non
feulement K/i«</i)", ou ? ouvres de Lyon, mais auffi Albigeois , Pi-
cartls , & ArnalJijhs , en France; Boémens , en Allemagne ; LelUrds ,
en Angleterre ;Fraï/ce/i ou Frérots, en Italie; Turlufins. en Flan-
dres ;"& ailleurs d'autres noms, tirés des lieux où ils avoientfemé
leurs erreurs , ou du nom de leurs plus fameux Prédicans , ou même
donnez, par dérilîon. Les Rois Philippe Augujk , Louis VIII , 8c
•Saint Louis, dans le XIII. Siècle, les exterminèrent, à la réferve
de quelques-uns,qui s'allèrent habituer dans quelques vallées des Al-
pes vers le Dauphiné. Cette hérefieafîoibUe de la forte, ficprefque
éteinte , reprit de nouvelles forces après environ deux cens ans,lors-
que Wiclef d'une part,8c JeanHus avec Jérôme dePrague de l'autre,
en ayant pris ce qu'ils voulurent, y ajoutèrent quelque chofe de plus
fubtil. Au fiecle liiivant , parut Luther , qui étant encore plus habile
homme , forma fon Lutheranifme , compofé d,e ce qu'il choifit des
uns 8c des autres , 8c de ce qu'il inventa fur les points un peu plus
Théologiques , comme ceux qui concernent le péché originel , la
grâce, lajuftificationde l'homme, 8c les facremens: en quoi il
fut fuivi d'abord d'une grande partie desAllemans,8c puis abandon-
né de plulieurs de fes principaux difciples , comme de Carloftad,de
iZuingle, 8c d'Oecolampade , qui fe firent Sacramentaires. Voilà
quelle fut,felon les Catholiques,l'origine du Calvinifme , qui n'eft , à
proprement parler , qu'un ramas des erreurs de tous ces gens-là. Les
plus célèbres des Proteftans conviennent que Calvin a pris pour le
tonds de fa doétrine celle des Vaudois, particulièrement en ce qui re-
garde le Saint Sacrement , la Meffe , le Purgatoke , l'Invocation des
Saints.la Hiérarchie de rEglife,8c fes Cérémonies; A l'égard des au-
tres points qui font plus Théologiques , il a prelque tout pris de Lu-
tker,comme toiis les articles de là dodlrine qui concernent la liberté
de rhomme,laquelie il détruitda grâce, qui, îèlon lui , atoûjours fon
effet,8c emporte la volonté de l'hommç par une neceflite abfoluë: la
juftificationparla foi feule : la juftice de Jesus-Christ, qui nous
eft imputée : les bonnes œuvres uns aucun mérite devant Dieu : les
Sacremens, qu'il réduit à deux, 8c aufquels il ôte la vertu de confé-
rer la grâce : la foi , qu'il fait conlifler dans une prétendue certitu-
de qu'on fera fauve : l'impoiTibilité des commandemens de Dieu :
■ l'inutilité 8c la nullité des vœux , à la réferve de ceux du Baptême; 8c
autres femblables erreurs , qu'il a tirées des Livres de Luther , pour
en faire la plus grande partie de fon Inftitution. Il faut avouer né-
anmoins que , comme il vouloit être Chef d'un nouveau parti,il y a
ajouté du lien. Par exemple, il dit que la foi eft toujours mêlée
de doute 8c d'incrédulité; Que la foi 8c la grâce ne fc peuvent ja-
mais perdre ; que le Père éternel n'engendre pas continuellement
fon fils ; Que Jesus-Christ n'a rien mérité à l'égard du juge-
ment deDieu;QueDieu a créé la plupart des hommes pour les dam-
ner, parce qu'il lui plaît ainlî, 8c avant que de prévoir leurs crimes.
Pour ce qui regarde l'Euchariftie , c'eft là le point capital ; en quoi
l'herefie de Calvin eft différente de celle de Luther, qui a toujours
Cru la prélènce reelledansleSaintSacrement.il eft vrai que Calvin
aflûre que Jesus-Christ nous donne réellement fon làcré corps
CAL i^
la Baftille les Confeillers du Faur 8c du Bourg, 8c Ordonna peu âprè^j
qu'on en fît autant des lix autres ; mais on n'en put arrêter que trois
qui furent pris en leurs maifons, lavoir , Fumée , de la Porte , gc de "
Foix; les trois autres s'étant évadez,. On travailla enfoite au procès
de ces prifonniers , mais avant qu'on eût achevé,le Roi fut malJreu-
reufement blelfé 8c mourut le lo Juillet lyf p. François II, qui lui
fiicceda , fit continuer le procès aux Conlèillers , quoi qu'on eût eu
avis , que les Hérétiques avoient fait une conlpiration pour les ti-
rer delà Baftille,après avoir mis le feu en plulîeurs quartiers deParis;
8c qu'ils eulTeat même fait affaffiner le Prélident Maynard, qui étoit
'très-zelé pour la vrayeReligion.L' Arrêt ayant été rendu,du Bourg,
continuant toujours à foûtenir fesfentimens jufquesfur l'échelle,
fut pendu, 8c brûlé en la place de Grève le 13. Décembre. Les
autres furent partie fufpendus de leur charge pour un tems,8c partie
renvoyez abfous , parce qu'ils parlèrent dans leurs Interrogatohes
en aflèz bons Catholiques.
Après cela on publia contre les Huguenots des édits encore plils
lànglans, que ceux du feu Roi, 8conlespourlliivitpartout, print--
cipalement à Paris avec plus de rigueur qu'on n'avoit jamais fait.
Mais enfin le parti des Calviniftes , déjà rempli de mécontens des
plus Grands du Royaume , excita d'étranges defordres qui ont pref-
que defolé toute la France. Pour en connoître les caufes 8c les mo-
tifs , il faut remarquer , qu'il y avoit alors à la Cour deux maifons
très-illuftres,qui tenoient le premier rang après les Princes du fang :
lavoir , la maifon de Guife , 8c celle de Montmorency. Le Chef
de celle-ci étoit le fameux Anne de Montmorency Connétable de
France,puiframment foûtenu par fes cinqfils 8c par les troisColigny
fes neveux,Odet Cardinal de Châtillon, Galpard de Coligny Amiral
de France,8c François d'Andelot Colonel de l'Infanterie Françoife.
La maifon de Guilè avoit pour Chefs.le Duc de Guilè,8c le Cardinal
deLorraine fon frère , 8c ces deux Princes avoient l'honneur d'êtra
oncles du Roi François Il.qui avoit époufé Marie Stuard Reine d'E-
colfe, fille de Jaques V. Roi d'Ecoffe, 8c de Marie de Lorraine,
fœur du Cardinal 8c du Duc de Guife. La Reine mère Catherine de
Medicis porta le Roi François II. adonner l'intendance des armées
8c des finances,8c la direâion des affaires publiques, au Duc de Guife
8c au Cardinal de Lorraine.LesPrinces du fang, qui en parurent mé-
contens,fiirent éloignés fous quelques fpécieux prétextes. LeConné-
table, qui n'eut plus le commandement desarmées,fe retira dans fa
maifon.Il y avoit parmi les mécontens deux grandsPrinces, Antoine
de Bourbon Roi.de Navarre,8c Louis Prince de Condé fon frere,quî
s'étoient déjà lailTés gagner par lesCalviniftes.Pour ce qui regarde les
Colignis,ils avoient auifiembralTé la nouvelle doârine, quoiqu'ils
n'en fiflènt pas pubKquement profeffion.Ainfi ces Princes 8c les Co-
lignis fe mirent à la tête des Huguenots , qui n'avoient point encore
de Chefs , 8c en firent un puiflànt pai'ti , non feulement contre les
Guifes , mais auffi contre l'Eglife Catholique. Alors les principaux
Miniftres Proteftans réfolurent entre eux de chercher les moyens de
fe défaire des Guifes,pour avoir la liberté de leurReligion.Ils tinrent
une alTemblée fort fecrette à la Ferte fous-Jouare , oii ; félon l'avis
des Théologiens, des Canoniftes, 8c des Jurifconfultes,c'eft-à-dire ,
des Miniflxes , des Profeflcurs,gc des Avocats Proteftans d'Allema-
gne, on conclut que l'on pouvoit prendre légitimement les armes
en la fainteCene, mais il ajoute que c'eft par la foi, 8c en nous poiu-felàifirduDucdcGuife 8c du Cardinal de Lorraine,qui avoient,
""■"■"" ■ ^ , ■ , difoit-on,ufurpé le gouvernement de rEtat;pourvu qu'un Prince du
làng, qui en ce cas étoit légitime Magiftrat , voulût être Chef de
l'entreprife. Cela étant approuvé de toute l'afTemblée , le Prince de
Condé lé refolut à être leurChefà condition qu'on n'attenteroit rien
contre le Roi 8c la maifon Royale.ni contre l'Etat.&c donna la con-
duite de cette entreprife au Sieur de la Renaudie.Celui-ci aflèmbla à
Nantes dans le mois dejanvier de l'année i j-6o.un grand nombre de
Gentilshommes 8c deDeputez des Eglilès Proteftantes,qui délibérè-
rent de la manière , du tems , 8c du lieu de l'exécution : 8c il fut
arrêté que cinq cens Gentilshommes, 8c mille hommes de pié, con-
duits par trente Capitaines choifîs , fe rendroient dans le 10. dd
Mars par différentes routes à Blois , où la Cour devoir être encore en
ce tems-là ; 8c fous prétexte de préfenter une requête au Roi , fe fai-i
firoient de fon logis , pour y exécuter ce que l'on avoit réfolu contre
les Guifes. On eut bien-tôt des avis de cette confpiration , dont un
Avocat Proteftant découvrit toutes les particularitez:8cpour rom-
pre les meltires des conjurca,on mena d'abord laCour àAmboife.On
apprit enfuite le nouveau projet qu'ils avoient fait depuis que laCour
étoit fortie de Blois, 8c on fut que l'entreprife fe devoit exécuter le
16. Mars. Ainfi il ne fut pas difficile de les prendre les uns après
les autres. Le corps de la Renaudie , qui fut tué comme il tâchoit de
rallier fes gens , fut pendu , puis mis en quartiers fur le pont d'Am-
boife:8cles principaux de fes Capitaines eurent la tête tranchée^
Après cela,le Duc de Guife fut déclaré Lieutenant Général dans tout
le royaume, avec le pouvoir le plus abfolu qu'aucun ait jamais eu,
depuis les Maires du Palais. Le Prince de Condé voyant qu'on Yoh^
fervoit,trouva moyen de s'évader,8c de fe retirer enBearn,auprès du
Roi de Navarre fon frère. Pour les Colignis , la Reine ni ère , qui
avoit delfein de s'en fervk pour balancer la puilfance desGuilès,em^
pécha par fon adrelTe qu'on ne les mêlât dans cette affaire : de forte
que les Chefs des Huguenots étant toujours fur pie , leur parti , qui
fembloit abbatu, par l'exécution d'Amboife, parut avec autant de
fierté qu'auparavant.En effet,Paulon de MouVans £c Charles du Puy
de Montbrun ravagerent,run la Provence,8c l'autre le Dauphiné ; 8c
communiquant fon efprit 8c fa vie , quoi que fa chah n'entre pas
dans nous: ce qui eft l'erreur de 2.uingle8cde tous iesSacramen-
tairesi
Il envoya de Genève des Miniftres dans les autres lieux, où fon
opinion étoit reçue'. Il en envoya auffi en France , mais ils n'y fai-
foient leurs prêches 8c leur Cène que fort fecrettement, parce qu'on
obfcrvoit exaftement en ce tems-là les édits du Roi contre les He-
retiques;ce qui parut dans l'exécution des Vaudois de Merindol 8c de
Cabrieres. Henri II. ayant lîiccedé à François I. en 1547, fit con-
tre ceux de la Prétendue Religion des édits encore plus rigoureux
que ceux de fon prédecelfeur. Il fit publier le fameux édit de Châ-
teau-Briant, donné le 17 Juin ij'j'i , par lequel renouvellant tous
les anciens édits contre les Heretiques,il donna même auxJugesPré-
fidiauxle pouvoir de les juger fouverainement ; il ordonna que per-
fonnene fût reçu en aucun Office Royal , ni à profeflér aucune Sci-
ence, fans avoir une boimeatteftation qu'il étoit Catholique; 8c que
les Mercuriales fc tinflènt dans les Cours Souveraines,pour y traiter
avant toutes chofes des aflàires de la Religion. Mais malgré tous ces
édits 8c toutes les rigoureufes exécutions, cette Se£te nelaiifoit
pas de faire de'nouveaux progrès en France , 8c de s'étendre dans
toutes les provinces. Après la funefte bataille de Saint-Quentin,
que les François perdirent en 1 5-5-7 . les Proteftans tirant avantage de
1 afHiâion pubUque,fe bazardèrent de faire leurs afleftiblées en plein
jour, dans le Pré-aux-Clercs,pour y chanter à haute voix les Pfeau-
mes de Clément Marot. Mais la paix ayant été faite en 1 5-5-9. le Roi
réfolut de régler les affaires de la Religion,8c voulut affifter à laMer-
curiale qui fe tint le i o. Juin aux Auguftins de Paris, (parée que l'on
préparoit les chambres du palais,pour la folennité des noces de Ma-
dame Elifabeth de France fa fiUe avec le Roi d'Efpagne.) Il y alla
donc , accompagné des Princes , des Cardinaux , du Connétable , 8c
des autres Grands du royaume. La plupart s'accordèrent d'abord à
demander un Concile Général : mais il y eut grande diverfité d'a-
vis dans la fuite:car les uns vouloient que,lùivant l'intention du Roi,
on procédât cependant, felon la rigueur des édits 8c des ordonnan-
ces , contre ceux qui tiendroient opiniâtrement une dodirine con- le Calvinifme alloit dominer dans ces deux provinces , fl les troupes
4-t.o,'...i A ^«lu j„ \'-u^]:r^ /->_,.T-_t; T .. r^.'\^ ; — .. „,,» — j,, d «: ^'r^-^fr^^t- T^..rtTv.,..t-^r»-»^nt- rVinflfi ces deux farrieux Chefs des
traire à celle de l'Eglife Catholique. Les autres foûtenoient qu'on
devoit adoucir les peines qui leur fembloient trop rigoureufes. Et
<iuelques-uns demandèrent la liilpenlion de l'exécution des édits
contre ceux que l'on difoit être Heretiques,8c parurent même adhé-
rer aux nouvelles opiniqns. Ceux-ci fiirent le Préfident du Ferrier ,
les Confeillers Fumée, du- Val, Viole, de la Porte, de Foix, du
Faur, 8c du Bourg, Le Roi fit prendre fur le champ, £4 mener à
Totn. U, ' - "
du Roi n'eulTent promptement chaffé ces deux fanieux Chefs des
Proteftans. En même tems , les Huguenots,appuyez de la Reine de
Navarre, s'étendirent jufques dans une grande partie de la Guyenne:
Scl'Amirahàquifa charge donnoit un grand pouvoir danslaNor-^
mandie , les y maintenoit avec tant de hauteur , qu'on faifoit le
prêche publiquement à Diepe , au Havre , à Caeri , 8c en quel-
ques autres villes maritimes : ce qu'on eût fait même à Rouën,fi les
^ - D plus-
t6 CAL.
plus confiderables du Parlement ne s'y fuffent vigoureufement op-
pofés.
Tant d'entreprifes, que les Calvmiftes faifoient tous les jours im-
punément , obligèrent le Duc de Guife 8c le Cardinal de Lorraine à
preflèr fortement la Reine de confentir à rétabliflèment de l'Inqui-
lition.Le Chancelier de l'Hôpital propofa un expédient, & fuivant
fon avis le Roi fit au mois de Mai ij6o. l'édit de Remorantip
qui portoit que la connoiflance de crime d'hérefie , n'appartiendroit
qu'aux feulsPrélats,mais que tous ceux qui parleroient de leurs dog-
mes hérétiques , foit en particulier ou en public , gc qui écriroient
en faveur des nouvelles opinions , feroient punis félon la rigueur
des ordonnances comme criminels de leze-Majefte'. Cet édit con-
tenta tout le monde,excepté les Huguenots,qui l'appellerent l'Inqui-
fition d'Efpagne.'Né^nmoins parce qu'on en differoit l'exécution, ils
ne laifferent pas d'agir avec autant de liberté qu'auparavant fous la
protedtion de l'Amu al,lequel ofa même préfenter au Roi de la part
de tous lesProteftans de France une requête , par laquelle ils deman-
doient qu'on leur permît d'avoir des temples pour y exercer publi-
quement leur prétendue Religion: mais cette requête fijtrejettée.
Après quoi , le Roi ordonna que les Evêques fe rendroient à la Cour
dans le i o.de Janvier i j6 1 . pour aller tous enfemble auConcile Ge-
neral , ou pour en tenir un National : ce qui fut caufe que lePape Pie
IV. ne dift'era plus à rétablir celui de Trente. Et cependant les Etats
du Royaume furent convoqués à Meaux , Se puis à Orléans. Ce fut
là que le Prince de Condé fut arrêté-.mais le Roi étant mort au mois
de Décembre de la même année,il fut rappelle à la Cour par laReine
mère Catherine de Medicis , laquelle eut la régence , à condition de
ne rien ordonner fans le confentement du Roi de Navarre, qui i^t
nommé Lieutenant General du Royaume. Alors ce Prince protégea
haurement les Calviniftes, qui firent impunément en public tous les
exercices de leur Religion;?c l'on fit même le prêche dans le château
de Fontainebleau , fans que la Reine Catherine l'empêchât. On pu-
blia en même tems un édit en faveur des Huguenots.par lequel les
bannis furent rappelles êc rétablis dans leurs biens. Ces defoidres
firent tant d'horreur auConnétable.qu'il abandonna le parti desPrin-
ces & de l'Amiral fon neveu , & fe reconcilia avec le Duc de Guife.
Ayant attiré de fon côté le Maréchal de Montmorency fon fils , ces
trois grands hommes s'unirent étroitement pour maintenir laReli-
gion Catholique contre toutes les entreprifes des Calviniftes, qui
donnèrent à cette union le nom de TriurTi-virat. Cependa.nt Y A mirai
de Coligni préfenta au Roi la même requête qu'il avoir préfentée
fix mois auparavant au feu Roi , pour avoir des temples dans tout
le Royaume: fur quoi on fit à Saint Germain en Laye le fameux édit
de Juillet en lydi , par lequel il étoit défendu d'inquiéter perfonne
pour le fait de la Religion:de forte néanmoins que l'on ne feroit au-
cunes afîemblées ni en pubhc ni en particulier , où il y eût d'autre
exercice que celui de la Religion CathoHque Se Romaine , jufqu'à
la décifion du Concile General.
Au mois d'Aoiàt de l'an ij-6i. on tint le fameux Colloque de
PoifTy , c'eft-à-dire,une Conférence entre les Prélats £c les Dofteurs
Catholiques d'une part , & les Miniftres Proteftans de l'autre , pour
chercher quelque voye d'accommodement , & convenir des cho-
fes qui fe dévoient propofer au Concile General.Après plufieurs dif-
putes fans rien conclure,laReine ne voulut plus que laConférence fe
nt entre un fi grand nombre de perfonnes , 8c elle ordonna que cinq
Dofteurs de chaque côté conféreroient enfemble à S.Germain,potir
voir s'ils pourroient convenir d'une Formule de foi fur leSacrement
de l'Euchariftie. Ces Députés furent d'une part Jean de Montluc
Evêque de Valence , Pierre du Val Evêque de Séez , 8c les Doâeurs
Claude d'Efpence , Louis Boutiller , 8c Jean de Salignac : 8c de l'au-
tre côté ces cinq Miniftres , Beze , Pierre Martyr , Marlorat , des
Gallards , 8c de l'Efpine. Après cinq jours de Conférence, on dref-
-fa une Formule connue en ces termes, Nohj confejfons g«e*jEsus-
Christ en fa ja'mte Cène nous frefente , donne , ^ exhibe ijeritahle-
ment la fubftance Je fon corps Qf de fon fang , par l'opération de fon
Saint E/prit , c?" 9'^^ ^o"^ recevons (^ mangeons facmmentalement ,
fpirttueUement , ^ par foi ce propre corps qui ejl mort pour nous ,
pour être os de fesof, chair de fa chair , afin d'en ètrevivifiés, ^ mper-
cevoirtoutcequi efi neceffaire à -nôtre falut. Et pource que la foi ap-
puyée fur laparole de Dieu mus fait (§< rend préfentes les chofes promi-
fes, ^queparcettefoinousprenonsvrayementQ'defaitle'vrai^ na,-
iurel corps ^ fang de Nôtre-Seigneur par la vertu du Saint Efprtt s
à cet égard nous confejjbns la préfence du corps (^ du fang d'icelui Nôtre
Sauveur en lafainteCene.Le Sacramentaire Lavatherus 8c le Miniftie
Beze ont dit que le Doâeur d'Efpence 8c fes Collègues s'accordè-
rent avec les cinq Minifixes en cette Formule de toi : mais Mon-
fietir de Sponde a foùtenu que c'eft une impofture , puis qu'il
eft certain que ces Dofteurs avoient auparavant prouvé très-iblide-
ment la préfence réelle 8c locale de Jesus-Christ au iàint Sacre-
ment de l'autel; que le Pape Pie IV. leur donna de grandes louan-
ges après le Colloque , 8c que le Doâeur d'Efpence en fon particu-
her nous a laiflë dans les écrits une dodtrine très-Catholique, 8c tou-
te contraire à cette Formule. Ilya donc grande apparence,que les
Evêques de Valence 8c de Sèez,qui étoient députés avec les troisDo-
&urs, Scpanchoient fort en ce tems-là du côté des Calviniftes,
dreffcrent eux feuls avec les cinq Miniftres cette Expofition de foi
touchant leSaintSacrement de l'Euchariftie.Scqu'ils la firent préfen-
ter à la Reine, comme ayant été faite du commun confentement de
tous les Députés. Cette Princefiè l'envoya à raflèmblee des Arche-
vêques 8c des Evêques, quitravailloit alors à PoifTy à faire des ré-
glemens pour rétabhr la difcipline Ecclefiaftique dans ce Royaume.
Ces Prélats déclarèrent cetteFormule captieufe 8chéretique,Sc fup-
plierentleRoi d'exterminer ces Hérétiques , s'ils nevouloient pas
figner cet autre Formulaire de foi touchant l'Euchariûie ; Nous
croyons (^ confejfons qu'au faim Sacrement de l'autel le -vrai corps ^
fang </e J E s u s-C H R I s T eJl réellement ©■ tranffubflantieUcment \
CAL
fous les éfj.eces du pam^dtt'vin,paT la vertu ^ptùffancede làdivU
ne parole prononcée par le Prêtre, fetil Minière ordonné à cet effet, félon
l'wjii^ution 2J> commandement de Nôtre Seigneur J E s u s-C H R i s T.
Les Miniftres demandoient toujours à haranguer 8c à difputer-, fans
vouloir rien conclure: mais les Evêques demeurèrent fermes dans
la réfolution de ne plus traiter avec eux , s'ils ne fignolent le Formu-
laire qu'on leur préîèntoit , ce qu'ils ne voulurent pas faire. Ainfi
fut rompu le fameux Colloque de PoilTy. Après cette Conférence,
l'Amiral continua de protéger de plus en plus les Calviniftes , qui fi-
rent publiquement leur prêche au fauxbourg Saint Marceau , dans
un lieu appelle le Patriarche , joignant l'Eglife de Saint Medard. II
obtint aulîi l'édit de Janvier en ij-6i. qui leur permettoit l'exercice
libre de leur Religion par tout le Royaume , excepté dans les villes
clofes , 8c dans les fauxbourgs de Paris. Ramus , célèbre Profefléur
àParis,abbattit alors en plein midi toutes les images qui etoient dans
la Chappelle du Collège de Prefle , dont il étoit Principal. Cela fut
en partie caufè qu'outre que l'on informa contre lui, le Parlement
ordonna par fon arrêt du 9. Juillet ifôg. que tous les Officiers 8c
Suppôts de rUniverfité, les Principaux , les ProfelTeurs , 8c les Ré-
gens de tous les Collèges 8c de toutes lesCommunautés fignaflènt le
Formulaire de foi, que laSorbonne avoit drefle en if^i. contre
l'hérefie de Calvin.
Prefque en même tems le Roi de Navarre quitta le parti Hugue-
not , 8c fe mit à la tête du Triumvirat , compofé du Duc de Guiiè ,
du Connétable , 8c du Maréchal de Montmorency , pour défendre
la véritable Religion : le Prince de Condé fe fit Chef desHuguenots:
8c ce fut alors que commencèrent les premiers troubles ; c'eft-à-di-
re , la première guerre civile que le Calvinifme fit naître en France.
Le Prince s'étant rendu maître d'Orleans,les Huguenots furprirent
après un très-grand nombre de villes dans prefque toutes les provin-
ces.Peu s'en falut queTouloufe ne tombât fous leur puilfance.Rouén
y futréduitparlatrahifon des Calviniftes qui étoient dans la ville,
mais l'armée Royale la reprit le lô.Odlobre, après cinq femaines
de fiége. On y trancha la tête à Jaques du Bofc d'Efmendreville ,
fécond Préfident en la Cour des aides , qui étoit fort attaché au par-
ti Huguenot. Le Sieur de Crofe Gouverneur du Havje, qui avoir
mis cette place entre les mains desAnglois par ordre du Prince de
Condé, le MiniltreAuguftin Marlorat, deux Confeillers de ville,
8c deux Bourgeois furent pendus pour le crime de rébellion.. En-
viron un mois après , le Roi de Navarre mourut à Andely de la blef^
fure qu'il avoit reçue au fiége de Rouen. La femeufe bataille de
Dreux fe donna la même année au mois de Décembre, entre les
Catholiques 8c lesHuguenots.Le Duc de Guife demeura viâorieux,
8c fit prilbnnier le Prince de Condé : mais le Connétable tomba en-
tre les mains des Calviniftes , 8c fut mené à Orléans. L'année fiii-
vante le Duc de Guife alla mettre le fiége devant Orléans , oii il fut
afTalTinéparlefceleratJeanPoltrot. Onfitenfuite la paix , 8c l'édit
d'Amboife du 19. Mars 1^63. qui portoit: ^e tes Seigneurs Tro-
teflans hauts Ju(liciers auraient dans leurs maifons l'exercice libre de
leur Religion , pour eux ^ pour leurs Sujets. ® « en tous les Saillia~
ges e^ Senéchauffees {la ville & '" Prévôté de Paris exceptées) il y
auroit une ville ajfgnée, dans un fauxbourg de laquelle les Huguenots
pourroient avoir Un prêche , comme aufjî dans toutes les -villes où l'exer-
cice de la nouvelle Religion fefaifoit avant le y. de Mars. S!) ue toutes
les villes , que tenaient les Huguenots , feroient remifes en la puiffance
du Roi , (^ toutes les Eglifes , qu'ils avoient occupées .feroient rendues aux
Catholiques. Et que les Prifonniers de guerre feroient élargis fans ran-
çon. Les premiers troubles ayant été pacifiez par cet édit , la Reine
Catherine le déclara pour les Catholiques contre les Huguenots,qui
reprirent les armes, fous prétexte qu'on avoit deffein de les extermi-
ner du Royaume. Ils furent défaits en 1^-67 . dans la plaine de Saint
Denys : mais le Connétable fut bleffé à mort dans cette bataUle.Le
Prince de Condé,ayant tiré du fecours des Calviniftes d'Allemagne,
affiégea Chartres en ij-68. 8c alors on fitla paix à Long-jumeau, 8c
l'édit du 23 . Mars , dont les principaux articles furent , S)ue l'édit
de la pacification d'Orléans feroit obfervé purement ^ [implement.
^ue le Prince i;^ ceux qui ï avoient fuivi renonceroient à toutes ligues.
Et qu'ils remettraient promptement entre les mains du Roi toutes les
villes (^ toutes lesplaces qu'ils avaient occupées. Mais les Huguenots
ne voulurent pas rendre la Rochelle , ce qui donna lieu aux troifié-
mes troubles , pendant lefquels fe donna la bataille de Jarnac , oii le
Prince de Condé fut tué en 1/69. L'Amiral ayant réparé cette perte
pai- le fecours des Reitres 8c des Lanfqucnets d'Allemagne , perdit
encore la bataille de Montcontour , après laquelle il remit fur pié de
nouvelles troupes : mais les deux armées étant en préfence , on fit la
paix au mois d'Août i^jo. L'édit que le Roi accorda aux Hugue-
nots portoit, qu'outre les villes oià ils faifoient le prêche, il leur
feroit encore permis de le faire dans deux autres villes qu'on leur
j aflîgna en cliaque province ; 8c qu'ils auroient pour deux ans quatre
villes de fureté , favoir la Rochelle , Montauban , Cognac , 8c
(la Charité. Cettepaix dura jufqu'en 15-72. que l'Amiral 8c prefque
tous les Huguenots furent maflacrés à la journée de la S. Barthe-
lemi.
, Le Roi Charles*IX. obligea enfuite le Roi de Navarre 8c le Prinœ
de Condé d'abjurer leur hérefîe, 8c d'embraflèr la Religion Ca-
tholique. Mais les Hérétiques devinrent plus obftinés, 8c fe ren-
dirent plus puiflàns que jamais , fous le règne d'Henri ÏII. ayant
pour Chef 8c Protedleur le Roi de Navarre , qui gagna plufieurs ba-
tailles contre l'armée de la ligue , 8c étant parvenu à la couronne
de France fous le nom d'Henri IV. fit en leur faveur ledit de Nan-
tes l'an 1^98. Dix ou douze ans après la mort de ce grand Prince,
ils fe révoltèrent : mais le feu Roi Louis XIII. ayant pris la Ro-
chelle , capitale de leur nouvelle Republique qu'ils vouloient établir
en France , 8c toutes leurs autres places , les réduifit entièrement
fous fon obéiflance. Il ne put néanmoins abolir cette hérefie; ce
qu'a fait le Roi Louis k Grand, par un fage mélange de juftice Se de
clemen-
#
CAL
démence, de fermeté 5c de douceur; Il a fait agir fa jufticeavec
beaucoup de fermeté.Premierement, lors qu'il a tait abatre les tem-
ples que lesCalviniftes avoient bâtisfic ufurpés depuis plus de foixan-
tê ans , & qu'il a défendu l'exercice de leur prétendue Religion en
quantité de lieux où il fe faiioit contre les édits même qui les favori-
ioientleplus. Secondement , en ôtantaux médians Catholiques la
liberté de changer de Religion , 8c aux Huguenots convertis,celle de
retourner au Calvinifme par l'apoftafie.En troiïiéme lieu , en aboHf-
fant les Chambres mi-parties , oià les criminels de la fauflè Religion
trouvoicnt un afyle. En quatrième lieu , lors qu'il a^té à tous ceux
qui s'obftiner oient dans l'héreiie toute efperance de pouvoir préten-
dre aux dignités , aux charges , & aux offices , fur-tout dans fa mai-
fon. Sa clémence Se fa bonté ont paru, lors qu'il a cherché tous les
moyens de ramener doucement lesHéretiques dans le fein de l'Egli-
lé dont leurs Ancêtres fe font feparés.Il a pris foin qu'on envoyât de
bons & de favans MilTionnaires jufques dans les vallées desAlpes: il
a fait dillribuer des fommes très-conliderables aux pauvres conver-
tis,& a comblé de grâces & de faveurs tous ceux qui ont abjuré l'hé-
relie.Après avoir commencé ce grand deiîèin par une conduite fi la-
gc & Il juiîe , il a enfin défendu l'exercice public de la Rehgion Pré-
tendue Reformée dans tout fon Royaume , par un édit donné à
Fontainebleau au mois d'Oârobre i68j-.
Il eft important d'en remarquer ici les motifs & les principaux
chefs. SaMajefté y déclare, que le Roi Henri le Grand voulant
empêcher que la paix qu'il avoir donnée à fcsSujets,ne fiît troublée à
l'occafion de la Religion Prétendue Reformée , (comme il étoit ar-
rivé fous les règnes des Rois fes prédeceflèurs) régla par fon édit
donné à Nantes au mois d'Avril 1 5-p8.ce qui regardoit ceux de cette
Religion, pour maintenu- la tranquiUité de fon Royaume,afin d'être
plus en état de travailler, comme il avoit réfolu de faire, pour réunir
à l'Eglife ceux qui s'en étoient fi facilement éloignés. Et comme
l'intention de Henri le Grand ne put être effectuée à caufe de fa mort
précipitée ; ceijx de la Religion Prétendue Reformée firent de nou-
^ velles entreprifes pendant la minorité du Roi Louis XIII,lefquelles
donnèrent occafîon à les priver de divers avantages qui leur avoient
été accordés par l'éditde Nantes. Néanmoins Louis XIII. leur ac-
corda depuis un nouvel édit àNîmes en Juillet i ôip.pour rétablir la
tranquillité dans le Royaume, & dans le defîèin de profiter de ce re-
pos pour exécuter ce que le Roi Henri IV. avoit réfolu. Mais les
guerres avec les étrangers étant furvenuës,en forte que depuis 1 63 j-.
jufques à la trêve conclue en 1684. avec les Princes de l'Europe, le
Royaume avoit été'peu de tems fans agitationjon n'avoit pas pu fai-
re autre cholè pour l'avantage de la Religion , que de diminuer le
nombre des exercices de laReligionPrétenduëReformée par l'inter-
diâion de ceux qui s'étoient trouvés établis contre la difpofition des
édits de Nantes & de Nîmes,Sc de fupprimer les Chambres mi-par-
tiesjdont l'éreâion n'avoit été faite que par provifion.Qu'enfuite la
Majefté profitant du repos de fes peuples, s'eft appliquée à recher-
cher les moyens ds parvenir au fuccès du deffein des Rois Henri IV.
êcLouïsXIII.de forte que la plus grande partie de fesSujets de laRe-
ligion Prétendue Reformée avoient déjaembrafiie la Religion Ca-
tholique. Et qu'enfin les chofes étant en cet état , il étoit a propos
d'effacer entièrement la mémoire -des troubles Se des maux que le
progrès de la fauffeReligion avoit caufés dans le royaume,8c de ré-
voquer entièrement l'édit de Nantes , 8c tout ce qui a été fait depuis
en faveur de cette Religion. Pourdefi juftes caufes, le Roi Louis
/cG;-^»(/fupprime 8c révoque l'édit de Nantes donné en 15-98. 8c
l'édit de Nîmes fait en 1629. 8c en confequence ordonne que tous
les temples de ceux de la Religion Prétendue Reformée, iitués dans
fon Royaume 8c terres de fon obéiffancejfoient abbatus 8c démolis :
défend l'exercice de cetteReligion en quelque lieu que ce foit; 8c en-
joint à tous les Miniilres, qui ne voudront pas embraffer laReligion
Catholique 5 Apoftolique , Se Romaine.de fortir du Royaume, pro-
mettant -à ceux qui voudront fe convertir , une penfion d'un tiers
plus forte que les appointemens qu'ils touchoient , à caufe de leur
fonâion de Miniftres. A l'égard des enfans, qui naîtront de ceux de
la Religion Prétendue Reformée,fa Majefté veut qu'ils foient doré-
navant baptifés par les Curés des paroiffes,8c élevés dans la Religion
Catholique. Elle fait auiB défenfes à tous fes Sujets de la Religion
Prétendue Reformée de fortir du Royaume , ni d'en tranfporter
leurs biens , fous peine des galères pour les hommes, 8c de confifca-
tion de corps Se de biens pour les femmes . Elle ordonne que les dé-
clarations rendues contre les Rclaps(ouHuguenots convertis qui re-
tourneront au Calvinifme ) foient ponâuellement exécutées : 8c
enfin elle permet à ceux de la Religion Prétendue Reformée de de-
meurer dans fon Royaume , d'y continuer leur commerce, 8c de
jouir de leurs biens , à condition de ne point faire l'exercice de leur
Religion ni de s'aflèmbler fous prétexte de prieres.Par un autre édit
du mois de Janvier 1686. le Roi ordonne que tous les enfans de fes
Sujets de la Religion Prétendue Reformée , depuis l'-âge de cinq ans
jufques à celui de fcize accomplis, foient élevés dans laReligion
Catholique Ibit par leurs parens Catholiques , ou par autres perlbn-
nes nommées par les Juges des lieux,ou par les foins desAdminiftra-
teurs des hôpitaux généraux. Au mois de Mai de la même année,
fa Majefté a fait une déclaration, par laquelle il eft défendu aux nou-
veaux CathoUques de fe retirer dans les pais étrangers ; cette éva-
fion étant une marque qu'ils veulent y trouver la liberté de conti-
nuer dans les erreurs qu'ils femblent avoir quittées.
oj^ Certains Ecrivains ont tâché de faire palier dans leurs libelles
tous ces effets de la jufticc, delaprudence,£cde la fermeté du Roi ,
pour une perfécution qu'on leur a faite, contre la difpofition des
édits des Rois fes prédeceffeurs , 8c même de ceux de fa Majefté.
Mais l'injuftice de leurs plaintes paroît évidemment,fi l'on confide-
. re,que dans la plupart des chofes dont ils fe plaignent,on n'a fait que
leur ôter ce qu'ils avoient ufurpé contre les édits , comme les tem-
ples qu'on a démolis dans les comjnenceinens; ou ce dontonabu-
Tom. U. ' ' ' '
CAL
xy
foit contre l'intention des mêmes édits , comme les Chambres mi-
parties : ou enfin ce qu'on ne leur avoit jamais accorde , comme dé
Jailfer aux Catholiques la liberté de profefler le Calviniime, laquelle
n'aétépermifeparces édits qu'aux feals Huguenots qui l'av oient
demandée. Il faut encore remarquer , que ces édits n'ont été obte^
nus que durant la minorité du Roi Charles IX. ou par des Rebelles
qui les demandoient les armes à la main , étant foiitenus de l'étran-
ger qu'ils avoient introduit en France : que quelques-uns ont été ac-
cordés par provifîon feulement , comme il eft porté dans les arrêts
de leur enregiftremenf. 8c que tous enfin ont été taits dans l'urgente
neceflite des tems, & pour certaines raifons qui ne fubiiftent plus
maintenant. Si donc les Hugunots ont trouvé bon que l'edit de
Juillet, favorable à la Rdigion Catholique, fût révoque par celui
de Janvier , contre une ponéffion paifible de près de douze fiécles ;
fur la remontrance du Chancelier de l'Hôpital qui fit extrêmement
valoir cette maxime , ^ u'ilfunt que Us cdits s'accommodent aux tems
O'aHxperfinnes: ont-ils raifon de fe plaindre de ce qu'on a révoqué
les édits que leur étoient favorables , par un autre qui remet les Ca-
tholiques dans leur ancienne poffeffion ; maintenant que les tems
font bien changez , Se que les perfonnes ne font plus dans l'état où
elles étoient alors. Et puis, il eft certain que les Huguenots ont fou-
vent contrevenu à ces édits par des entreprifes très-criminelles con-
tre l'autorité du Roi: c'eft pourquoi on a pu juftement révoquer
les grâces qu'on leur avoit accordées. On peut ajouter que le Roi
a pu faire fort équitablement à l'égard des Huguenots , ce que plu-
fieurs Princes Proteftans font à l'égard des Catholiques , à qui ils
ôtent le libre exercice de la vraye Religion dans leurs Etats, quoi
qu'ils n'ayent pas les fujets , ni les raifons qu'a eues le Roi Louis te
Grand-pom révoquer des édits que la feule neceifité des tems avoit
fait accorder , afin d'appaifcr la fureur des guerres civiles. * Maim-
bourg , Hiftoire du Calvinifmei SU^,
[On peut remarquer fur rarticleduCalvinifniecequel'on a ré-
marqué fur celui de Calvin. Mais outre cela, on doit faire refle-
xion fur trois chofes. i . Il paroît , pai- la relation de nôtre Auteur ,
tirée de Maimbourg , que d'abord que les Proteftans entreprirent de
reprendre en France ce qu'ils croyoient devoir être changé dans la
Religion Romaine , on ne leur repondit qu'en les menaçant de les
brûler , 8c en les brûlant effedlivement , quand on les pouvoit failir.
Cette conduite , loin de deshonorer les Réformez , eft capable de
donner un préjuge favorable pour eux à ceux qui y feront reflexion;
puisque l'on fait que la vérité a été fouvent traitée de la forte , par
ceux qui étoient dans l'erreur. 2; Comme Dieu n'a dit en aucun
endroit que les Rois font revêtus du pouvoir de régler les dogmes
que l'on doit croire , ni que le plus foible parti doit fe foûfflettre au
plus tort; on ne peut pas dire, félon les principes d'aucune Reli-
gion, que les Reformez fuirent obligez de fe foûmettre au juge-
ment du parti oppofe.Cela étant ainfi , lors que les Rois 8c leurs Mi-
niftres ont voulu les contraindre à fe foûmettre à un pouvoir , qu'ils
n'a voient point , faut-il s'étonner 11 les peuples ont détendu par les
armes une liberté , qu'ils croyoient tenir immédiatement de Dieu,
8c qu'ils en tenoient en efîèt , félon les principes communs de tout
le Chriftianifme? Si une grande partie des Sujets du Roi du Japon fe
faifoient Chrétiens , voudroit-on qu'ils fefoûmilfent au jugement
de ce Prince Idolâtre ? S'il les vouloir contraindre de fuivreXa Reli-
gion , contre le droit divin , ces peuples feroient-ils un grand mal de
défendre leurs droits naturels par la même force , par laquelle on les
attaqueroit ? En vérité le droit de fe défendre eft pour le moins aufti
bien fondé , que celui d'attaquer .On ne peut pas dire qu'il y ait rien
là de féditieux, parce que la fedition ne vient pas de ceux qui ne de-
mandent que d'être foufferts, mais de ceux qui refufent defouffrir,
8c qui employent la violence pour foutenir des droits,que l'on re-
connoît qu'ils n'ont point. 3. Pour ce qui regarde la révocation de
l'édit de Nantes en France,l'Auteur fuppofé qu'il n'y a point d'édits,
ni de traitez avec leurs Sujets , que les Rois ne puiffent révoquer.
Sans examiner le fonds de cette maxime , ce devroit être là un myf-
tere d'Etat que l'on ne dît point , parce que li les peuples viennent
un jour à faire réflexion là-delîus , ils ne pourront avoir aucune
confiance dans la foi de leurs Princes, 8c dès qu'il fe fera quelque fe-
dition , elle ne finira que par la ruine totale de l'un ou de l'autre des
partis,puis que l'on regardera les traitez comme des pièges fâcheux
que les Princes tendent à leurs Sujets. Outte cela les peuples com-
prendront par là qu'on ne les regarde plus comme de fîmples Sujets,
obligez à certaines chofes , mais comme des Efclaves,qui n'ont pas
droit de fe plaindre, qu'on leur ôte la vie 8c les biens ; parce qu'ils ap-
partiennent en propre auxSouverains,àquiDieu les a donnez immé-
diatement , pour en rendre compte à lui feul. Si les peuples étoient
bien convaincus que les Princes s'imaginent avoir ces droits , pour-
roit-on les empêcher de regarder les Princes comme les ennemis du
genre humain , 8c quelles fâcheufes conféquences ces penfées n'au-
roient-elles pas ? Du côté des Princes,la feule crainte de Dieu feroit-
elle un frein alTez fort , pour les empêcher de s'abandonner aux der-
niers excès? Ainii en flattant les Princes d'une manière fiodieufe,
on perd lans y penfer 8c eux 8c leurs Sujets, 8c l'on renverfe de fonds
en comble la focieté civile. Mais , il y a un milieu à tenir en ces doc-
trines , qui peut porter les peuples a robéiflànce,Sc les Princes à
n'abufer pas de leur autorité. Ces derniers n'ont même qu'à être '
médiocrement honnêtes gens , pour être adorez de leurs Sujets.}
CALVINISTES, c'eft le nom qu'on donne aux Seâateurs de
Calvin ,, qu'on connoît encore fous celui de Sacramentaires ,
de Prétendus Reformez, de Protestans, 8c plus
communément de Huguenots. L'origine de ce dernier nom
eft incertaine. U y en a qui difent qu'il prit naiflànce à Tours,8c
qui le tirent du nom de Hugon ; parce que ces Novateurs faifoient
leurs affemblées no£turnes à la porte Hugon; ou parce qu'ils ne for-
toient que durant les ténèbres , comme certain Lutin , ou efpric
nofturne qu'ils nopiment le Roi Hugon , 8c lequel félon les con-
D X tt»
Ê.$
CAL
tes du peuple , courj: durant la nuit par les rues de cette ville. Quel
ques autres ont cru qu'ils furent nommez, ainii après la harangue de
certains députez, de leur parti ; qui commençoit par ces mots , Hue
nos -vemmus. Il y en a qui l'attribuent à la réponfe de quelques Alle-
mansjefquels ayant été furpris , après la conjuration d'Amboife,fur
ce qu'on leur dcmandoit d'oii ils étoient , comme ils n'entendoient
pas la langue , ils répondirent en Latin les mêmes paroles , Hue nos
•venmtis. Et les Courtifans , qui n'entendoient pas auiTi le Latin , fe
difoient les uns aux autres qu'ils étoient à' Hue nos. PMeurs ailù-
rent pourtant avec plus de raifon que ce nom eft venu du motSuifle
Bidgenojfen ou Eidgnos , qui veut dire Liguez, ou Conféderez. Ils
ajoutent que ce nom ftit corrompu par ceux de Genève, & que de
là il fut porté en France par les Religionnaires mêmes,qui voyoient
qu'on les appelloit ainJi en cepaïs. Quoiqu'il enfoitde l'origine
de ce nom , ilfufEt de remarquer que ce funefte fchiime a caufe des
maux incroyables à la France.
OS^ Les principales opinions des Calviniftes tirées des écrits de
Calvin , 8c exprimées dans les quarante articles de la Confeflîon de
foi qu'ils préfenterent au Roi de France , dans leurs Catcchifmes
& dans leur Difcipline Ecclefiaftique , font contre le facrifice de la
Meflé, le mérite des bonnes œuvres, la préfence réelle du corps du
Fils deDieu dans leSâcrement de l'autel,le nombre & l'efEcace des
Sacremens, les confeils Evangeliques , les vœux de Religion & les
particuliers,8c contre lajuftification.il y en a plufieurs autres , qui
font rapportées par Prateole ou du Preau, par Florimond de Rai-
mond , par Sponde , par Schluflèbourg Lutlierien,qui a fait le Ca-
talogue des Hérétiques , Se qui y met Calvin 8c f*s adhérans;8c par
pluiieurs autres , entre lefquels les Cardinaux du Perron, Bellarmin,
de Berulle,8c de Rictelieu , qui ont écrit contre ces erreurs , ne font
pas des moins illuftres. Peut-être y a-t-il de l'exagération dans les
cent hérefies , que le P. Gautier leur attribue dans fa Chronologie,
8c qu'on pourroit les réduire à moins. Nous pouvons encore faire le
mêmejugementde ce qu'a écrit le P. François Feuardent Corde-
lier,Do£i:eur de Paris, lequel a marqué miUe quatre cens erreurs des
Calviniftes dans l'Ouvrage qu'il nomme Theomachia Cahinifiica.
CALVISIUS, Romain, vivoit fous l'Empire de Tibère, l'an
3y.defalut. IlaccufaAgrippinemcredeNeron, à la prière de Ju-
Êa Silana,mais ayant été trouvée innocente , Calvifius fut envoyé en
exil,8c rappelle quelque tems après,conime le ditTacite./»'. 1 3 .©> ' 1 4.
Il y a eu aufli Calviiius T.ellus , 8c Calvifius Sabinus , Confuls Ro-
mains. J'en parle ailleurs.
CALVISIUS , (Seth) Allemand , étoit de Grofleb petit bourg
dans la Thuringe. Il a vécu au commencement du XVIÎ Siècle , 8c
il a publié divers Ouvrages de Chronologie. En 1 6oj-.il publia la pre-
mière fois fa Chronologie Latine,felon les principes de Jofeph Sca-
liger qui lui donne de grands éloges.En 1 6 1 1 .il fit imprimer un Ou-
vrage contre le Calendrier Grégorien , fous ce titre, Eknchus Cxlen-
darii à Papa GregorioXIII. comfroiati. Il préparoit une féconde
édition de & Chronologie , quand il mourut en 1 6 1 7 .8c on la réim-
prima corrigée en i6zo. *Scaliger, ef. 308. ^ 404. David Ori-
gan, w Pr^e/ar.E/eac^. Voffais, de Scient. Math. c. 68. §. ao.Quen-
ftedt , de Pair. Do9. é'C-
CALVO , (Antoine) Cardinal , Evêque de Todi , étoit de Ro-
me , où s'étant avancé dans les Lettres Û eut une Chanoinie à Saint
Pierre, Scenfuiteilfutpourvude l'EvêchédeTodi. Cette dignité
le fit connoître au Pape Innocent VII , lequel étant perfuadé de là
prudence 8c de fon adreffe dans les afiàires,le mit au nombre desCar-
dinaux en 1405-. Grégoire XII. fe fèrvit de lui en diverfes occa-
lions,lui donna l'Archiprêtré de Saint Pierre,oii il eut ordre de ré-
former les Chanoines , 8c lui fit beaucoup de bien. Comme Calvo
étoit reconnoiflànt , ce fut à l'extrémité qu'il abandonna ce Pape,
pour fe joindre au Concile de Pifè. Les Cardinaux , qui étoient dans
cette affemblée , lui en écrivirent une Lettre injurieulè , que'Theo-
doric de Niem a coftfervée.Il donna fon conlèntement pour l'élec-
tion d'Alexandre V. 8c mourut le i. Oârobrede l'an 141 1. ^Cia-
conius , in Innoc. Vil. 0> Alex. V. Ughel , Ital. facr. Auberi , Hift . des
Caid. t^c.
CALVO, (Boniface) Poète , vivoit dans le XIÎI. Siècle. Il
étoit de Gènes ; ayant été exilé de fon pais , il vint en Provence 8c
puis paflà en Efpagne, où il fut très-bienreçu dans la Cour de Ferdi-
nand III. Roi de Caftille. Ce fut vers l'an IZ48. fur la fin du tegne
de ce Prince , qui fit Chevalier Boniface Calvo , 8c celui-ci y devint
amoureux de la Princeflè Berangere. Ucompolà diverfes pièces de
Poëfîe en langue Provençale,Italienne,8c Efpagnole , 8c mourut peu
de tems après. * Jean Noftradamus , Vies des Poët, Provenf. La
Croix du Maine, Bièl.Franf. Soprani 8c Juftiniani, Scrittor.delU
Ligur. érc
CALUS, que d'autres nomment Talus neveu de Dédale, fils de
là fœur.fiit un des élevés de fon oncle,8cipventa la fcie 8c le com-
pas; dont Dédale conçût une telle jaloufîe, qu'il le tua. Ce fut pour
ce fujet qu'il fortit d'Athènes, où ilavoit commis cette aftion , 8c
qu'il s'enfuît dans l'ifle de Crète. * ApoUodore , Bibl. Lib.lII.^.a.
Paufanias , //. 9. SUP.
C A L V U S , (Cornélius Licinius) Orateur célèbre de fon tems,
vivoit en 690. de Rome , en la CLXXIX.! Olympiade , 8c 64.
ans avant l'Ere Chrétienne. Il étoit ami de Catulle , à qui il envoya
de méchans vers d'Auteurs inconnus , pour le divertir durant la fête
des Saturnales.Ce Poète lui écrivit répigramme,qui eft la quator-
zième de celles qui nous reftent de lui. Il le raille aufli de fa petite
taille dans l'épigramme 5-4,8c en la 97 .il lui recommande de pleurer
la mort de Quimilia qu'il avoit aimée. Ovide parle de lui dans l'élé-
gie de la mort de Tibulle,8c Horace dans fes Satires, tf. i.Sat. 10.
CALYDON , ville d'Etolie, qui a donné fon nom à cette fo-
rêt où les Poètes feignent que Meleagre tua un fanglier prodigieux.
Il y a aufli une forêt de ce nom en Ecoflè , 8c un bourg que ceux du
pus nomment DitnksU. On donne auflTi ce nom à une partie de
CAL. CAM.
l'EcoiTe 8c à la mer , vers le Septentrion , Oceanus câledoniw.Li ville
de Calydon en Etoile a eu le liège d'un Evêque , 8c elle avoit été ca-
pitale du pais. Xenophon, Strabon, Paulànias, Stephanus, &;ci
en font nrention.
CALYDONI, eft un petit château d'Italie dans le Vicentin j
8c donne fon nom à une noble famille de Vicence, ville dans l'Etat
de Venife.
CALZA, ouGalza, Ordre militaire de Venife ; ilfut infti-
tué à l'occafion de celui de la Bande en Efpagne; pour drefTcr la jeu-
neffe aux exercices de la guerre, tant fur mer que fur terre. On le
renouvella l'an 1 5-62. ce qui a fait croire à quelquesAuteurs que c'eft
en ce tems feulement qu'il fut établi. *Giuftiniani, Hift.Venet.
C;ALZADA, laCalzade, ou S. Domingo de la
Calzada , Calciata , ville d'Efpagne dans la Caftille vieille ,
8c le petit pais de Rioja autrefois de la Navarre. Elle a eu Evêché
fuf&agant de Burgos , uni depuis l'an 1136. à celui de Calahorra.
Calzada eft iituée dans les montagnes , 8c elle eft célèbre par la dé-
votion à S. Dominique, dont elle a même le nom.
CAMALDOLI, Ordre Religieux , fondé par Saint Romuald
fur la fin du X Siécle.Ce Saint donna à fes Mornes les règles de Saint
Benoît , avec quelques conftitutions particulières 8c un habit blanc,
après une vifion qu'il eut de plufieurs perfonnes ainfi vêtues , qui
montoient par une échelle , qui touchoit le ciel. Il étoit de Ravcn-
ne , d'une maifon illuftre , mais il le devint bien davantage par ia
fainteté. Ayant rencontré dans les Monts Appennins, près d'Arez-
zo, une aôreufe folitude dite Campo iWaiWi, peut-être du nom de
celui àqui la terre appartenoit, il commença vers l'an 1009. à y
bâtir ce célèbre Monaftere qui a donné le nom à tout l'Ordie. Ce
Monaftere eft dans la Romandiole de l'Etat de Florence au deçà de
l'Arne , il y a un petit bourg qui a le même nom. La Congrégation
des Hermites de Saint Romuald, ou du Mont de la Couronne, eft
une branche de celui de Camaldoli , avec lequel il fit union en i j-i 2.
Paul Juftinien de Venife commença fon étabUlTement en ij-10. 8c
fonda le principal Monaftere dans l'Appennin , en un lieu nommé le
Mont de U couronnejÀdixmïïlesàe'PtYouie. Il en dédia l'an ij-fr.
l'Eglife au Sauveur du monde. *' Pierre Damien , in Vita S. Jio-
mual. Baronius, in Annal. ^Martyr. Rainaldi, Sponde, 8cc.
CAM ARELLI , (François) de Vicence , célèbre Jurifconfulte ,
avècueni64o. fous le Pontificat d'Urbain VIII. 11 a été beaucoup
confidcré , par fa doiftrine 8c par fes Ouvrages. * loannes Imperia-
lis, in Muf. Hift.
CAMARINE, ville de Sicile , fut bâtie félon Eufebe , l'an
ifo. de Rome, en laXLIV. Olympiade, ouenlaXLV.comme
veut le Schohafte de Pindare. Les Syraculàins la raferent cin-
quante-deux ans après ; 8c elle fut depuis rebâtie par un certain Hip-
ponas. Thucydide en parle , 8cPolybe, Diodore de Sicile ; Pline,
Strabon, 8cc. en font aufli mention ; 8c Virgile , ii. 3. JEneïd.
Camarine a été depuis entièrement ruinée. Son nom eftrefté aune
rivière de Sicile. Cette ville eft encore célèbre par ce qui arriva aux
habitans, à caufè de certains marais puans qui les incommodoient
fort. Car ayant prié l'oracle de leur apprendre ce qu'ils dévoient
faire, ils fçurentque s'ils les deflëchoient , ils en feroient plus in-
commodez. Mais cette réponfe leur femblant ridicule, ils firent
écouler les marais; 8c il arriva que les ennemis entrèrent depuis par
cet endroit dans leur ville; d'où eft venu le proverbe, Movere Ca-
marinam , pour exprimer un malheur qu'on fe procure. * Eraf-
me, Adag.-tit. Malum acctrfitum. Thucydide , Hift. li. 6. ^ 7.
Polybe , au. li. i. Diodore , li. 14. Phne, //. 3. c. S. Strabon ,
U. 6. Hcrodote, //. 7. Leander Alberti, Défi, de Sicile.
CAMARINHA. Cherchez Caceres, 8cc.
CAMATERE. Cherchez Bafde II. Patriarche de Conftanti-
nople.
CAMB, ou K AMP, Cambus, rivière d'Allemagne dans la hau-
te Autriche. Elle a la fource vers les frontières de la Bohême, 8c
elle fe jette dans le Danube.
CAMBADAGI, Difciple de Xaca , enfeigna aux Japonois
d'adorer le Diable, 8c enchanta cette nation par les effets prodigieux
de fa Magie.Cucubao l'aida à introduire le culte des Démons dans le
Japon. * Kircher , de lu Chine. SUP.
CAMBAJA , Cambaie , ou Guzarate , ville 8c royaume
des Indes , dans les Etats du Grand-Mogol. Ce royaume eft
partie en prefqu'ifle, entre les golfes de l'Inde 8c de Cambaie , par-
tie en terre-ferme qui s'avance vers leDecan. La ville capitale eft
Armedebad ou Amadabad , les autres font Cambaie , Surate , Ba-
roch,Diu,8cc. La ville de Cambaie eft fituéeaubout d'un golfe au-
quel elle donne Ion nom à l'embouchure de la rivière de Carari. Elle
donne auflfifbnnomà ce royaume. Elle eft fi confiderable qu'oa
la nomme ordinairement le Caire des Indes. Elle a de bonnes mu-
railles de pierre de taille avec douze portes, les mailbns Ibnt grandes
8c belles , 8c la ville eft tout-à-fait marchande 8c riche. Guzarate
eft une province de cet Etat; 2t elleeft fi confiderable que quelques-
uns ont appelle de fon nom tout le païs.Les habitans font Payens ou
Mahometans. Ils aiment les lettres , fe fervent de toutes fortes
d'armes, 8c font ingénieux. Le pais eft fertile en ces denrées qu'on
apporte des Indes; 8c a des mines de cornalines , dediamans, &
d'autres pierres precieufès. Il y a aufli toute forte de grains, de
fruits , d'animaux , du coton , de l'anis , de l'opium , des huiles ,
favons , fucres,8cc. avec des manufaftures de toile.de coton , de ta-
pis , cabinets , 8cc. que les habitans font très-bien 8c débitent de m.°-
me; étant les plus habiles marchands des Indes. Enfin Cambaie a
plus de trente bonnes villes où le négoce fleurit. On dit qu'autre-
fois fon revenu s'eft monté jafqu'à vingt millions d'or par an. Il y
avoit alors des Rois , quimettoient de furieufes armées en campa-
gne. Aujourd'hui cet Etat dépend du Grand-Mogol , comme je
l'ai remarqué. *Barboiâ, Linfchot. Maffee , H^. des Ind. San-
fon, &c.
CA M-
•CAM.
C A M B A L U , ville du Catay , que quelques-uns nomment
MuoncheH , & la font capitale de tout l'Empire du Grand-Cham des
Tartares. Elle eft le féjour ordinaire du Prince. On lui donne
vingt-quatre milles d'Italie de circuit , avec douze portes , Se autant
de tauxbourgs , par où abordent continuellement grand nombre de
Marchands des Indes 8c de la Chine. Mais il eft difficile de par-
ler aufll furement d'un païs dont nous n'avons aucune Relation ; &
il ne faut pas être furpris ii les Auteurs rapportent fi diverfcment ce
qui regarde cette ville & iâlituation. * Marc Pôle , i;. 2,. Mercator ,
jitlas Mun. Cluvier , U.j.
C A M B A L U, ville , que la plupart des Géographes ont fait ca-
pitale du Catay,qu'ils ont cru être un des principaux païs de la Tar-
tarie. Mais on a reconnu que Cambalu Se Peking étoient deux noms
d'une même ville, & que le Catay étoit la partie Septentrionale de la
Chine. On voit à Lisbonne en Portugal le profil de cette ville , avec
cette infcription , Vifia de laCitailade CamèaluinTartaria: c'eft-
à-dire, profil de la ville de Cambalu en Tartarie. Il eft entre plu-
lieurs autre profils & plans des villes d'Orient , dans PAfandegue ou
maifon de la douane. Cette erreur a été découverte par les HoUan-
dois dans le voyage qu'ils ont fait à la Chine , & par le P. Kirker Je-
fuite , dont les Relations nous ont appris que la ville de Peking ,
capitale de la Chine Septentrionale, eft celle que les Sarrafins Scies
Molcovites appellent Cambalu. Il eft vrai que le profil de Cambalu
eft différent de celui de Peking que les HoUandois ont apportéjmais
cela vient de ce que les HoUandois ont repréiènté Pekipg dans un
autre alpedl. Se vu d'un autre côté. Aurefte, la manière des bâti-
mens eft femblable , Scl'on fçait d'ailleurs que les Tartares,qui font
au Nord de la Chine, font des peuples vagabonds , 8c qui n'ont
point de villes telles qu'on a décrit Cambalu, où l'on rapporte qu'il
y a des palais , des pagodes ou temples , des arcs triomphaux , 8c
des monumens publics , dont la magnificence eft extraordinaire.
* Ambâffade des HoUandois à la Chine , fart. 1. SUPi
C A M B A Y E. Cherchez Cambaie.
C A M B D E N. Cherchez Camden.
C A M B E L. (Archibald) Voyez Argiles
C A M B I S , (iVIarguerite de ) DemoifeUe Françoiiè , femme
du Baron d'Aigremont en Languedoc. EUearenduiôn nom cé-
lèbre, par deux Traduârions qu'elle publia dans le XVI. Siècle,
fivoir un Traité Italien de Jean-George Triffin, de ce que la fem-
me veuve doit faire durant &n veuvage ; 8c une Lettre de confola-
tion écrite par Boccace à Pino de Roflî , qui étoit exUév Ils font
tous deux imprimez à Lyon chez Guillaume RouviUe, celui-là en
ij-j'4. Se l'autre en ijj6. * La Croix du Maine , 8c Du Verdier
Vauprivasj Bièl.Franf. HUarion de Cofte , dansfesElog. où il cite
M.CoUetet.
CAMBOJE, ou Camboge, royaume de la prefqu'ifle
de l'Inde , au delà du golfe de Bengala. Il eft iïtué fur la côte Mé-
ridionale , entre les royaumes de Siam , de Chiampaa , 81 de la Co-
chinchine. Sa ville capitale de mente nom , 8c que l'on nomme
aufli Ravecca, eft à foixante Ueuës de la mer,£ûr un des bras du fleu-
CAM.
i^
c A M B R A Y , fur l'Efcaut,ville dans les Païs-Bas avec Arche-
vêché , capitale d'un petit pais dit le Cambrefis. C'eft le Camera-
cum des Anciens , à 4. lieues de Douay , à 7 . de Valenciennes , 8c
autantdeS.Quentin. Elle eft grande, belle, bien bâtie, 8c une des '
plus fortes vUles de l'Europe, avec deux citadelles, (^elques Au-
teurs ont écrit que Camber Roi des Sicambres en eft le fondateur.
Adon remarque que Clodion Roi de France la conquit l'an 44r . El-
le fut depuis le partage du Roi Charles le Chau-ve l'an 843 . 81 87 o.
après la mort de Lothaire IL enfuite elle devint le fujet de la guerre
entre les Rois de France , les Empereurs, 8c les Comtes de Flandres
Baudouinl. Comte de Flandres la prit 8c la donna àfonfilsRaouL
Les Empereurs la déclarèrent cité libre; nonobftant cela les Fran-
çois ne cédèrent jamais leurs droits. En 15-41. le Roi François I
lui accorda la neutralité. Mais l'Empereur Charles Quint la prit
l'an 15-43. par intelligence avec l'Evêque qui étoit de la maifon de
Croui , y mit garnifon,8c la brida par une citadelle qu'il fit bâtir aux
dépens des habitans, leur faifant accroire.que c'étoit pour les empê-
cher de tomber entre les mains des François. Elle changea encore
de maître, quand le Duc d'Alençon , frère du Roi Henri III , fut
fait Comte de Flandres en ij-Sz. II étoit maître de Cambray , qu'il
avoit remife l'année précédente àjean deMontlucSieur deBaîagny .
Celui-ci fe joignit depuis au parti de la hgue , comme je le dis
ailleurs'; 8c il fit enfuite fa paix avec le Roi Henri le Grand, qui le
fit Prince de Cambray 8c lui donna le bâton de Maréchal de France,
en 1 5-94. Mais il perdit peu de tems après cette viUe , que les Efpa^î
gnolsliyfurprirent, 8c Q fut encore obligé de leur remettre la ci-
tadelle, lep.Oftobredel'an 15-95-. Les habitans reconnurent Phi-
lippe II. Roi d'Efpagne; mais l'Archevêque s'en étant plaint 8c fai-
fant voir qu'U étoitSeigneur deCambray,il obtint qu'il auroit la juf-
tice 8c un certain domaine dans la ville 8c dans le païs deCambrefisj
dont la proteélion demeureroit auRoi d'Efpagne avec les citadelles;
Ainfi lesEfpagpols étoient véritablement maîtres deCambray,qu'ils
àvôient très-bien fortifiée , ils y entretenoient une groflê garnifon,
8c la réputation de cette ville s'étoit teUement augmentée dans Id
XVII. Siècle, qu'elle paflbitfourune place imprenable. Elle ne l'a
pourtant pas été pour le Roi Louïs le Grand. Ce Monarque ayant
emporté Valenciennes au commencement de l'an 167 7. affiégea en-
fuite Cambray , 8c ayant foûmis la viUe en peu de tems, il obligea la
citadelle à fe rendre le 1 o. du mois de Mars. Ainfi Cambray eft en-
core aujourd'hui aux François ks, anciens maîtres. EUe eft fituée
fur la rivière de l'Efcaut qui la traverfe d'un côté. La grande cita-
delle eft fur un Ueu éminent , d'où eUe commande fur toute la villes
fes fofîèî, font taiUés dans fe roc , ce qui a fervi à hauflèr fes murail-
les. Les murailles de la ville font aufli revêtues de bons baftions,8c
entourées de profonds foflêz , principalemenfdu côté de l'Orient,
où eft la citadelle , dont une partie eft enclofe dans les murailles de la
ville. De là elle s'étend doucement jufques à lariviere, où l'on a
bâti un fort qui défend de ce côtéCambrai,laquelle fe trouvant de ce
même côté dans un païs aflêz bas, on pourroit inonder &s environs
en y lâchant les écluîes qui y retiennent les eaux. Les autres forts
ve Mecon , qui déborde tous les ans , comrne le Nil , 8c comme le j font de la même importance.L'EgUfe Métropolitaine de Nôtre Da-
Manam au royaume de Siam. Il commence à s'enfler , dès le mois | me eft très-belle.LeChapitre eft auffi des plus confiderables desPaïs^
. _ lepremierPrélatde Cambray, ayant ete envoyé en
chinchinois, de Malais, 81 de Portugais qui y trafiquent. Le Roi France du tems du Pape Siricius, environ l'an 408. Cet Evêché fut
de Camboje eft tributaire du Roi de Siam. Son palais eft fortifié depuis uni à celui d'Arras jufqu'à l'an 1 095-. Le Pape Paul IL l'éri-
d'unc bonne paHffade, au lieu de muraiUes. On y voit quelques gea en Archevêché l'an 15-5-9. à la prière de Philippe II. Roi d'EP
^' " '■ ^ "' pagne. On lui donna pour fuf&agansArras,Tournay,S.Omer, 8c
Namur. Ainfi Cambray fut ôté à Rheims , au defavantage de l'Egli-
fe Gallicane , à qui celle de Flandres étoit foûmiiè. Les Archevêques
de Cambray prennent le titre de Ducs de Cambray, de Comtes du
Câmbrefîs,8c dePrinces de l'Empire.Il y en a eu plufieurs parmi eux
qui ont été célèbre^ par leur merite,par leur naiirance,8c par leur doci-
trine , comme leB. Odon ou Odoard qui étoit d'Orléans, Burchard,
Lietard, Nicolas de Ghievres , Roger, Warin , Pierre de Corbeil'
JeandeBethuné, Geofroy, 8c Nicolas de Fontaines , Eno-elran dé
Crequi , Guillaume de Hainaut , Pierre de Levis , Guy d'Auver-
gne , Guy de Vantadour , Robert de GéneVB élu Pape contre Ur-
bain VI. fous le nom de Clément VII. Pierre d'AUli Cardinal , Jean
de Bourgogne , Jacques , Guillaume , 8c Robert de Croy ou Crouï ,
dont le fécond étoit Cardinal , Maximilien de Berghes premier Ar-
chevêque de Cambray , Louïs de Berlaimont , Jean Sarrazin , Jean
Richardot i François Vandenburch, 8cc. Outre l'Eglife Métropole
il y en a plufieurs autres à Cambray , les Collégiales de Saint Gery 8c
de Sainte Croix, lesAbbaïes du Sépulcre, 8c Saint Aubert, avec
diverfes Paroiflès , Monafteres , 8c un CoUege de Jefùïtes.Les rues
font grandes 8c propres , Se les plus belles aboutiflènt à une place où
eft la maifon de viUe , où les étrangers vont admirer une horloge cu-
rieufe qu'on y voit. Cambray eft auffi renommée par fes manufac-
tures,8c fiur tout par fes toiles. La guerre en avoit éloigné le com-
merce,mais il y a apparence qu'il s'y rétablira, depuis que cette ville
eft devenue Françoiie. * Gxtxchaxàin, Defcrip. duPaïs-Bas. Adrien
Scrieck , in Orig. Belg. Gazey , Hift. £cclef: du Pats-Bas. Arnoul Reis
de Douay, Be/g.CM)2. Sainte Ma.nhe,Gall.Chrifi.]eaji leCarpen-
tier, HiJl.deCambr. Le Mire , Valere André , 8cc.
Conciles de Cambray.
MaximiUen de Berghes en aflèmblaun Provincial l'an t5-65'.pour
fatisfaire à ce que le Concile de Trente avoit ordonné qu'on en cele-
breroit fou vent. Il tintun Synode en 15-67- Louis de Berlaimont
fon fucceflèur convoqua en 15-86. un Concile, auquel Jean François
Bonhomio , Evêque 8c Comte de Verceil , 8c Nonce Apoftolique
avec pouvoir de Légat h Latere , préfîda avec lui. On met un Sy-
piecesd'artUleriedelaChine, Se vingt-cinq pièces de canon , qu'il
a retirées de deux navires HoUandois , qui avoient fait naufrage fur
la côte; Les Seigneurs de la Cour font diftinguez en Okinas , en
Tonimas , en Nampras , 8c en Sabandars , qui ont chacun leur rang,
mais le plus fouvent fans aucune fonâion particulière , à 'la réièrve
des premiers qui fbnt les plus confiderables de tous , 8c font comme
les Confèillers d'Etat. Il n'y a dans la ville qu'une feule pagode ou
temple , dont les Prêtres ont leur maifon tout proche. Le païs eft
très-fertile;8c les habitans ont de l'inclination pour laReligionChré-
tienne, que plufieurs d'entr'eux ont embralTée s comme nous l'ap-
prenons desRelations nouvelles.Les vivres y fbnt en fi grande abon-
dance, que les habitans donnent pour peu de chofè les cerfs , les
bœufs , les porcs , les Uévres , 8c toute forte de volaille , auflî bien
que les citrons , les oranges , les cocos , 8c les autres fruits du païs.
Les Portugais s'y font fi bien établis,qu'ils ont empêché que lesHol-
landois n'y fifTent commerce. Le palais du Roi de Camboje eft
muni non feulement de plufieurs pièces de canon,mais auffi de fèize
clephans, 8c défendu par deux regimens de fes Gardes. Les Con-
fèillers d'Etat de ce Prince , qu'on appelle Okinas , comme je l'ai
dit ci-defTus , lorfqu'ils vont à l'aflèmblée, portent avec eux chacun
un fàc en broderie d'or, dans lequelU y a troisboitesd'or remplies
decardamtmum 8c d'autres chofcs de bonne odeur. Quand ils font
en préfènce de leur Roi , ils s'afTéient à terre en demi-cercle , 8c ont
derrière eux les Toni , ou Grands du royaume. Les Prêtres'font ceux
qui approchent de plus près la perfonne du Roi. Lors qu'un Am-
baffadeur eft admis à l'audience , il eft afîis au-defîbus des Okinas , à
Vingt-cinq pas du Roi. * AmbafTade des HoUandois au Japon.
Mandeflo , Tome 2. d'Olearius. SUP.
CAMBRA, furnommée la Belle à caufè de fon excellente
beauté , étoit fiUe de Belin Roi des Bretons , anciens peuples du païs
que nous nommons à préfent Angleterre , ou Grand'Bretagne. Cet-
te PrincefTe avoit tant d'efprit & de prudence , que le Roi 8c les
grandsSeigneurs la confultoient comme un oracle,&: fui voient tous
fès confeUs. Les Sicambriens furent ainfi appeUés de fbn nom
Cambra. Elle gouverna ces peuples environ quarante ans , fuivant
les loix qu'elle leur donna: 8c elle inventa la manière de fortifier les nodeen 1398. tenu par Pierre d'Ailli Cardinal 8c Evêque deCam-
citadelles. Après s'être aquis beaucoup de gloire , elle mourut l'an bray, un en 15-5-0. par Robert de Crouï, un en i3oo.dans lequel
du Monde 35-90. *Pitfeus, dtllluftr.Angl. SUP. on publia des Ordonnances Synodales ; 8c quelques autres.
Tom.U. D3 CAM-
Td
^ô ' CA'M. 1 CAM.
? . „„„+„ T /-> .-_ti-iip rlpc PiVq- Bas , Toachirn Camerarius, dont j'ai parlé, étoit de Nuremberg, OÙ
CAMBREStS , ou Le Cambresis ' ^°"^'5'J^^^ le 6. Novembrederan i„4. Il foûtint la reputatioli que
entre la Picardie , a Flandres ,1 Arto s , «^ ^ Hamaut U elt d env^ ^^^ 4 ^ ^^_^ ^^^^ ^^^ ^^^)^i^^_ ^^ ,^^.^ ^^^^ ^t^ meilleures
ron dix lieues, aie prendre depuis ^^.'^f^^^^^^^^ & enfuite il alla en Italie , où il étudia
lonjufquesàlaviUe^^Jeu^^^C^^^^^^
iv^ateauvjaiuuiti „ , ^ __ n. i ^. pourroient tenir lieu de mente. Il fuftit de nommer Fallopius ,
Aquapendente , Capivaccio' , Aldroandus , & Vincent Pinelli ,
pour être perfuadé de ce que je dis. Etant de retour chez, lui , il
fit une étude particulière de la Chymie & de la Botanique , & non
feulement il eut loin de cultiver un jardin où l'on trouvoit les plan-
tes les plus curieulcs ; mais encore il acheta la Bibliothèque Botani-
que de Gefîier, de forte que toutes chofes contribuoient à le fatisfai-
re. Quelque réfolution qu'il eût faite de s'éloigner des mailbns des
Grands , il ne put fe dérober à ceux qui le venoient confuiter.
Camerarius làifla des enfans de trois femmes, £c mourut le ii.
Oâobre de l'an ifpS. Ses Ouvrages font Hortus Medicus. Dt
re rujlica. De Flantis EpiJloU, û'c. * Melchior Adam, m Vit.
Med. Germ. Van der Linden , de Script. Med. é^c.
CAMERARIUS, (Philippe) Jurifconfulte, Confeiller de la
République de Nuremberg , eft le même qui fut a!rrèté prifonnier
à Rome , comme j e l'ai remarqué en parlant de Joachim fon père.
V aleChâteauouv^.i..^».^ ^- , , r i r » i
Roi Henri II. Scie Roi d'Efpagne.cette paix 1, defavantageufe a la
France, puifqu'on donna cent quatre-vingts dix-huit places conli-
derables pour S. Quentin, Ham,& le Catelet. JeanleCarpentiera
publié depuis l'an 1 664. une Hiftoire de Cambray & du Cambre is.
C AMBRIE,partie du Païs & de la Principauté deGalles enAngle-
terre , fur la côte Occidentale qui regarde 1 Irlande,Il y fût tenu un
Concile environ l'an 4.65-.felon Matthieu de Weftmunfter. Les An-
elois le nomment Zambre , & on le prend ordinaurement pour tout
le pais de Galles ou Walle?, comme je le dis ailleurs
CAMBRY, (Jeanne de) connue fous le nom de Jeanne Marie
delaPréfentation, étoit de Tournay , aie de Michel de Cambry.
Elle fût Religieufe de l'Ordre de Saint Auguftin , puis Reclufe àLil-
le, où elle mourut eh 1639.1e 19. Juillet. Elle écrivit divers Ou-
vrages , Scentr'autres la ruine de l'amour propre, & le bâtiment de
ramourdivm.*-Loms]iCoh,£i6Ldesfemm.illuft. ,
GAMBYSES, Perfan de médiocre naiiiance , vivoit la L
Olvmniade l'an 1 74. de Rome, & environ 3474. ou yy.du Monde. ' H mourut vers l'an i6zi. c'eft lui qui a compofe les Méditations
aKs derder Roi des Medes, lui fit l'honneur de le choifir , Hiftonques qu'on a traduites en diverfes langues, & quelques au-
po/rtpo;ferfafflleMandane,cr^^^^^^^^
dlfrsri^iheSn^^^^^^^^^
rre'^a dont les rameaux couvro.^^^^^^^^^
les Devins lui avoient dit que le fils, qui naitroit de Manûane , le ' „ ,, ,„.refois titre de Duché Cette ville eft
déthroneroit Cambyfes eut Cyrus qui fe mit fur le throne de fon « i>polete, 6c elle a eu autrefois titre deUucne. L-ette ville elt
aveuî * Tuft n,1^ l Herodore, U. u ou Clio. j ancienne. Tite Live rapporte dans le 9. livre de 1 Hiftoire Ro-
CAMBYSES, fécond Roi de Perfe , étoit fils de Cyrus , au- maine, que le frère de Fabms Maximus, qui etoit mande pour
cuei il fucceda fur le throne des Perfes & des Medes l'an ^ij. de obferver la contenance des ennemis des Romains , fut bien reçu
quel u lui-Lcua iui , „ , . „ „-„i,,f Pii^p lo o-Mprrp rnntrp paJ ceux de Camerme. Il ajoute dans le 18, livre , qu ils tourm-
Uomp I entra en Eevpte, la loumit, 6c voulut taire la guerre contre f , „ . . ,. , -' ,, ac- ^ o^i_
lSkanfdelacSe;ùétoitletempled'HammoS,&lesEthio- rent a Scipion lix cens hommes pour aller en Afrique. Strabon,
pkns- mais fon armée ayant été enfévelie dans les fables , en allant ! Pl'ne , 8c PtolomeecH parlent, aufli bien que Cefar , 8c Siliuslta-
détruireletempled'Hammon.ilchangeadedelfem. Sonregnefut|"cus, <». ». ,
S ans & cinq mois. Car étant tombé en phrénefie,& ayant fait! Vel rafimlaud^nde Corners, éc. _
mouSnfrere^anyoxares ou Smerdis, il mourut de rage, après , Leander Albert, remarque les divers changemens, qui font arrivez
me bleffure qu'il fefit^à la cuilTe, l'an ^i^. de Rome,qui étoit fan , au gouvernement de cette ville. Nous avons les Statuts &Ordon-
^c,rduMonde fîz avantl'Ere des Chrétiens , k LXIV.Oly m- ijances de deux Synodes qu'on y a tenus, 1 un en 15-84. fous Galpard
IfadevÏreM^xr^^^^^^^^^^^
crPrinceexerçaà l'égard d'un mauvais Juge. Car- il le fit écorcher ! «"e vdle , il y a dans la Campagne de Rome, Camerino , aujour^
tout vit & étendre fa peau fur le tribunaloù fe rendoit la j-afticei . ^ ^"i Carnerota.fondee par CamerRoi des Aborigenes,felon le me-
vodrtquefonfils,auquelilaccordalachargedecepere infortuné, -"T-"'!'-- Alh-t,. Rnn..,).,= v„nnn,tf« hnh.t.ns. comme veu,
y fût lui-même affisî pour fe fou venu- de mieux faire. * Hérodote
U. 3. ou X&«/;>. Julien, li.i.ch.ç. Diodore de Sicile , //. 2, Valere
Maxime, //'.6.c.3.c;ï. ii.é'f- ,
C AMD EN, ou Cambden , (Guillaume) ne a Londres en
Angleterre, le 2. de Mai iffi.& mort le 9. de Novembre 1623.1!
a publié divers Ouvrages, & entr'autres une defcription de la grand'-
Bretagne, qui lui a fait donner le furnom de StrAton d'Angleterre, les
Annales d'Angleterre 8c d'Irlande fous le règne d'Elizabeth,8c d'au-
tres Traitez, des Auteurs anciens dupais. *JufteLipfe, ad.li. 12.
Am. r,îc.Saumaife, Yoffius ,M.Ba.Yle , dans foaDiaiomaire.è^c.
CAMENECIA, ville. Cherchez, Kaminieck.
[CAMENIUS Vicaire de l'Afrique, fous Valentinien le jeune,
encccLXXxi. Il en eft fait mention dans le Code Theodofien , «/>.
de Decurionibui. 1. 84.]
CAMERARIUS , ( Barthelemi ) de Benevent, publia en i j-fô.un
Ouvrage de la Grâce 81 du Libre- Arbitre contre Calvin , des Dia-
logues de la Prédeftinatioa , du Jeûne, 8c de l'Aumône, Sec.
CAMERARIUS , en Allemand Cammermeister, (Joachim)
étoit de Bamberff ville d'Allemagne dans la Franconie", où il nâ- . „ , . . „ , , , , -„ .
Se 12'Avruioo. Sa famiufy étoit ancienne 8c conliderée, C'eft ce qui a fait que les autresCalvmiftes ont parle dans leursEcnts
maisillarenditencore beaucoupplus iUuftre par fon érudition & ; de 1 Ecole de Saumur,comme d un parti oppofe au pur Calvinifme-
Sn mérite II fit de grands progrès dans les beUes Lettres , dans Cameron a publie peu de Livres de Ion vivant , 8c entr autres une
FesLanVs,dans l'Hiftoire,dans le! Mathématiques,dans la Médeci- Conférence avec Tilenus , intitulée I).^.^^^^
SicZs la Pol tique. D^ fi grandes qualitez le rendirent cher à "'^«'Z" « -'^-^.^'one. Leyd^ mno 1622. Et un autre Livre auffi
SeSerfonnesIlKiftresdelbn temsA les plus grands Princes ^n latm, imprime faumur en 1624^ ou il défend fon opinion
f'ho2erent deU,^ amitié,comme lesEmpereurs Charles V.ScMa- ' touchant la Grâce 8c le Libre-Arbitre. On a imprime après fa mort
ximMI II enftTgna ave^ applaudi ffement à Nuremberg , à Tu- ' f" ^rde^iones , ou Leçons de Théologie , qui contiennent 1 expk-
S &àLe ipfic &mourutle ly.Avril de l'an 1^74, ttant entré,' cation de certains paifages de l'Ecriture en forme de Lieux com-
£dSioursfculVirent,enla75-defonâge.Etant^^^^^^ ST=' ^c à la manière des Controverhftes. H eft diftus dans foa
aepuis7.jou_rsicuiLmciu,tii /j & ftyle. Ses exprime avec beaucoup de netteté. On a aufliimprime
me Leander Alberti; Romulus vainquit fes habitans, comme veut
Denys d'Halicarnaflè , //. 2.
CAMERINUS , Poète Latin , qui compofaun Poème d'HeâorJ
Il eft mis par Ovide au nombre des Poètes de fon tems :
^M({ue cmitdomito Camerinui ab HeUore Trojam. Ovide, li.\.de
FoHto, el.6. *
CAMERON, (Jean) Ecofîois de Glafcow , a été un des plus
célèbres Théologiens des Proteftans de France. Il fortit fort jeune
de fon païs, 8c étant venu à Bourdeaux en 1 600 , les Calviniftes de
ce lieu-là voyant fes rares qualitez, 8c fon érudition dans les belles
Lettres, le firent étudier en Théologie à leurs dépens,8c il fut enfui-
teMiniftre de leur Eglife. Mais le lieu où il s'aquit le plus de réputa-
tion , fut à l'Académie de Saumur , où il enfeigna la Théologie en-
viron trois ans. Il fut Auteur d'un nouveau Syfteme de la Grace,les
Calviniftes étant alors fort partagez entr'eux , à caufe des nouvelles
opinions d'Arminius , defquelles Cameron approcha fort. Les plus
Savans hommes qu'ils ayent eu dans leur parti , comme Amiraut,
Cappel , Bochart , Daillé , £c quelques autres , ont fuivi fes fenti-
mens ; étant perfuadez que les fentimens de Calvin fur la Grâce ,
fur le Libre- Arbitre , 8c fur la Prédeftination , étoient trop durs.
il y conipofa ces vers
Morte nihil tempe(livâ ejfe optatius ajunti
Sed tempejlivam quis putat efe faurn?
^{i putat , ille fapit. Namqiie ut fatdia -vitA,
Sic (^ qui/que /hx tempera mortis habet.
Camerarius avoit épouféAnne deTruclies deGrunfperg,d'une no-
ble famille,8c il en eut neuf enfans , cinq fils 8c quatre filles. Les fils
font Tean Confeiller duDuc de PruflèiJoachimMédecin.dontje par-
lerai dans la fuite, Philippe Jurifconfultejequel ayant été mis à l'in-
quifition à Rome , en fut tiré à la prière de l'Enlpereur 8c du Duc de
Baviere;Jean auffi Médecin,qui a écrit divers Ouvrages;8c Geofroy.
Il a traduit de Grec eiiLatin lesOeuvres d'Herodote,deDemofthene,
de Xenophon,d'Euclide, d'Homère, de Theocrite , de Sophocle , de
Lucien, de Theodoret, de Nicephorc, de S. Grégoire deNyffcScc.
Outre cela il a compofé laVie de PhilippeMelanchthon qui étoit fon
ami,cclle d'Eobau de Heflè,8c a publie le Catalogue des Evêques de
diverfes Egliles,des Lettres en Grccdes Poëlies.Scc . Il a aufli publié
les Comédies de Plaute,fur deux anciens MSS. * Jeremias Solmius,
i„NarratJe'vitaJoech.Camer.?a.ul]ove,inElog.c. 146. Voflius,<i/e
Math.c.ôj.-^. 14. Melchior Adam, inVit.Girm.Philof.Tamehe ,
deThou, JufteLipfe, 8cc.
CAMERARIUS, (Joachim) Médecin celebre,fils de 1 autre
àGéneveen 1632. des Remarques favantes 8cjudicieufesfurtout
le Nouveau Teltament , avec le titre de Myrolhecium Evangelicum:
8c on les a inférés depuis dans les Critiques d'Angleterre. * Mémoi-
res Hiftoriques. SUP.
CAMIENICUM, ville. Cherchez Kaminieck.
CAMILLA, (la Signora)fœur du Pape Sixte V, étoit la femme
d'un habitant du village des Grottes , proche de la ville de Montalte
dans la Marche d'Ancone. Lorfque fon frère Félix Peretti , appel-
lé depuis leCardinal de Moptalte , eut été créé Pape fous le nom de
Sixte V,elle fut mandée à Rome, 8c y vint accompagnée des enfans
de fa fille. Comme elle approchoit de la ville , les Cardinaux de Me-
dicis , d'Efte , £c Alexandrin furent au devant d'elle , 8c la conduiii-
rent dans un palais, où ils la firent habiller en Princeffe, croyant
faire ainfi leur cour au Pape , qui aimoit cette fœur avec beaucoup
de tendrelfe. Ces Cardinaux la conduifirent enfuite chez, le Pape ,
8c la lui préfenterent; mais Sixte V. la voyant avec des habits fi ma-
gnifiques , fit femblant de ne la pas connoître , 8c fe retira dans une
autre chambre. Camilla retourna le lendemain au Vatican, avec fes
habits ordinaires : 8c alors le Pape l'embraffa , 8c lui dit , Vous êtes à
fréfenc ma fœur , (^ je ne prêtais pas qu'un autre que moi vous don-
ne la qualité de Princejfe. Il la logea dans fon palais de Sainte Marie
Majeure, £c lui aifigna une penfion fort honnête; mais il lui dé-
fendJ!;
CAM.
ÎFendit de j"c mêler d'aucunes affaires, & de lui demander aucune
grâce: à quoi eUe obéit ii ponftuellement , qu'elle fe contenta -„.„..„.....^.., ^u/icuiutuneureuiementqu-u y aQui<-
d'obtenir des Indulgences pour une Confrérie établie dansl'Eglife) de grands honneurs & de grands biens, liétoitnéen 1498 &mo '
du Refuge de Naples , dont on l'avoit fait Proteûrice. *Gregorio'! ruten ij-6o. *Petrus Albinus, in Chron. Mifn tit zr Me\ch{^l
elebre jurifconfulte. Les Princes de la maifon de Saxe l'employé-
:nt dans leurs aiiaures, Stilyreuiritfiheureufementqu'il y aqui<-
Leti, Hifioiredtt Pape Sixte V. SUP.
CAMILLE, Reine des Volfques, qui fut tuée en conduifant
Bu fecours à Turnus & aux Latins , contre Enée. C'efl: Aruns ou
Adam, inVii.Jurif.German. ^c.
I CAMOENS (Louis le) Portugais, Poëte célèbre , que ceuji
.=»„..,,■ ^^ ^°" pais appeUent ie Pîr^i/e./eP„-,«^«/, étoit fils d'un Gentil-
Aronce qui la tua. Se il en fut d abord puni. * Virgile, //. u- nomme nommé Simon Vaz le Camoens 8c d'Anne Macedo. Il fit
\Mneid. _ „.,„., ,,.,. . „ ^. l^P,^"^'^«'^ansrUniverfitédeConimbre,& dès fon plus jeune âge
CAMILLE, (M. Funus ) Conful , Tribun Militaire , & Dic- ^ il donna des marques de cet admirable génie qu'il avoïtpour laPoe-
tateur Romain , a été un des plus grands hommes de l'ancienne , fie. Mais il juftifia auffi en fa perfonne que les Mufes ont fouvent
Rome. IldéfitIesFalifques,8cprit,aprèsunfiegededix ans , enj très-peudebonheur;&fîfonnomeftutifujetdegloireauPortuo-ali
35-8. deRome, la ville de Vej es, d'où il remporta un très-grand j il lui eil: un reproche continuel , d'avoir laiffé vivre 8c mourir d^s
butin; l'ayant diftribué aux foldats contre fonvœu, il fut exilé, j la mifere un homme qui méritoit un peu plus de confideration.
mais ce ne ftit que quelque tems après. Avant cela il dédia le temple i Le Camoens étant né Gentilhomme , 8c fe voyant fans bien , por-
de Junon , 8c celui de Matute ou Leucothée. Durant fon exil en ta d^abord les armes avec affez de réputation , 8c fut envoyé à Ceuta
364. les Gaulois Senonois ayant affiegé Rome, Camille , qui étoit i en Afrique, que les Portugais tenoient alors. Ufe fignala endiverfes
à Ardée , amena du fecours , donna bataille aux ennemis, les défit , occafîôns , 8c dans une oii fon pouflâ un peu fortement les Maures ■
gc mérita le nom de fecmd Komulus êc de reftaurateur de fa patrie , ! il perdit malheureufement un œil qu'on lui creva d'un coup de flé-
empêchant que les Romains quittant leur ville ne fe retiralfent à j che. Après cela étant revenu en Portugal , Se n'y trouvant aucun
Vejes. Apres cela il remit les loix en leur première vigueur , con- 1 établilTement , il réfolut de palfer dans les Indes. Il le fit , 8c fa Mu-
traignit les Volfques de fe rendre, 8c défit les Eques , Tofcans, Sc.felui procura quelques amis parmi les Oficiers de l'armée navale'
autres peuplesvoiiîns.EnaffiégeantFalerieversl'anjôo. un Maître mais ayant compoié de vers fatiriquescontreun des principaux"
d'école lui amena les enfans des plus confiderables familles de cette j qui n'eftimoit pas afléz les Ouvrages d'efprit,il fut obligéde s'exile?
ville. Camille les reçut , mais fans fouiller fa gloire par la lâcheté ^ volontairement pour fe dérober à'îa ventreance de ce puifTant adver-
de cet homme; car il l'envoya lié à Paierie, 8c le fit accompagner j faire. Le Camoens fe retira jufques fur les fi-ontieres de la Chine,
par ces enfàns. Ce qui charma fi fort les habitans, qu'ils fe rendirent j 8c enfuite ayant eu le moyen de revenir à Goa , il repaifa en Portu-
à ce généreux ennemi. Le brait d'une nouvelle courfc des Gaulois | gai ; mais le vaifTeau fur lequel il revenoit s'étant brilé contre un ro-
en Italie obligea le Sénat de le créer Diftateur pour la cinquième Icher, il faillit à fe noyer, car ayant perdu dans ce naufrage tout ce
fois, en 387. Il défit les ennemis , qui s'étoient, avancez jufques | qu'il avoit gagné dans les Indes, il ne fe fauva qu'à peine à la nagé;
Chrétienne. * Plutarque , dans fa Vie. Tite Live , //. j. Florus,
//. I. Aurelius Viâor,</«^owJ»?ei<//»/?.f.23. Diodore,Orofe,8cc.
CAMILLE, [L. Furius] Conful Romain, 8c Diélateur, étoit
fils du premier , 8c fe rendit digne d'un f1grandpere.En404.il fut
nommé Diftateur , Se l'année d'après étant Conful avec Appius
Glaudius Craflùs qui mourut d'abord , il fut obligé de s'oppofer feul
aux Gaulois. ïl eut le bonheur de les vaincre, 8c ce fut en cette oc-
calion que Valerius tua un Gaulois par l'affiftance d'un corbeau ,
qui voltigeoit , dit-on, autour de fa tête , d'où il rapporta le nom
deCorvinus. En 416.de Rome, L; Furius Camillus étant Con-
ful avec C. Menenius Nepos , ils défirent entièrement les Latins,8c
furent honorez de ftatuè's équeftres ou à cheval ; ce qui n'avoit en-
core été fait pour periônne. Camille prit aulTi la ville d'Antium , 8c
ayant ôté toutes les galères qui s'y trouvèrent dans le port , ii en
fit porter les proues d'airain dans la tribune aux harangues, qu'on
appella depuis Rq?r<i 8c pro Rojlris. En 419. deRome, il fut en-
core Conlùl avec Decius Junius Brutus Sc^eva. Ce dernier fe mit
en marche contre les Peligniens , les Marfes , 8c les Veftiniens , 8c
s'avança contre les Samnites ; mais étant furpris de maladie dans
la route,il nomma Diâateur le plus fameux Capitaine de fon tems,
qui étoit L.PapifiusCurfori *Tite-live, /;. 7. e^ S.Pline, Ii. 34.
Cf. Florus, 8cc.
CAMILLE, étoit le nom , que les anciens Romains don-
noient aux jeunes garçons , qui aifirtoient le Prêtre de Jupiter dans
les facrifices , comme auifiauxjeuneslîlles.quiétoient employées
dans la célébration des facrés myfteres. De là vient que Mercure
dans l'ancienne langue des Hetruriens étoit appelle Camille, c'eft-à-
dire, Mini/Ire des Vieux, comme le témoigne Plutarque en la Vie de
Numa. Bochart remarque que lesDevins 8c les Miniftres des Dieux
étoient appelles Kffyêww par les Htbreux, comme les Romains les
nommoient Cafmilks, des mots Hébreux Co/»2e-e/,c'eft-à-dire,dans
la langue fainte , Mimflres de Dieu. * Samuel Bochart , F.l.liv. z.
des Anim. c. 36. SXJP.
CAMILLE Scribonien , fut élu Empereur par les Romains
ennuyés du règne de Glaudius , mais il fut bientôt abandonné des
fiens 8c tué enfuite. Alors fa femme Arria , montrant du courage
au deffus de fon fexe , ne voulut pas lui furvivre , 8c fe donna la
mort en même tems , l'an de J. C. 41. * Tacite, dam laVie d'A-
gricola. Pline, liv. 3. SUP.
C A M I L L U S de Lellis. Cherchez Lelli.
C A M I S , Idoles qu'adorent les Japonois,8c principalertient les
Bonzes, ou Miniltres de la fedtedeXenxus. Ces Idoles repréfen-
tent les plus illuftres Seigneurs du Japon , à qui les Bonzes font bâ-
tir de magnifiques temples , comme à des Dieux , ou qu'ils invo-
quent pour obtenir la fanté du corps, Sclaviftoirefur leurs enne-
mis. * Kircher , delà Chine. SUP.
C A M M A , Dame de Galatie , épciufa Sinatus , qui étoit con-
fideré dans le pais. Ce qui fâcha fi fort Sinorix , qui aimoit éper-
dûmentCamma, qu'il fit mourir Sinatus. Cependant, la veuve
fe retira dans un temple de Diane , pour y pleurer la perte qu'elle
venoit de faire , 8c Sinorix la folHcitoit continuellement de l'épou-
fer , faifant agir fes foins d'un côté , 8c fes parens de l'autre pour l'y
porter. Cette Dame, feignant de déférer quelque chofe aux fer-
vices de l'un , 8c aux prières des autres , promit de le prendre pour
mari. Pour cela , l'ayant fait venir dans le temple où la cérémo-
nie des époufailles fe devoit faire, elle lui préfenta la coupe nuptiale,
dans laquelle elle avoit mis une boiflbn empoifonnée; 8c comme
elle vit que Sinorix en avoit bû la moitié , elle avala le refte , protef-
tant qu'elle mourbit contente , après avoir vangé la mort de Sina-
tus. Th. Corneille en a fait le lujet d'une. Tragédie. * Plutar-
que , des vertus des femmes.
CAMMERMEISTER. Cherchez Camerarius.
CAMMERSTAD, (George) Allemand, de Mifnie, fut uS
avons de lui fous le titi-e de AsLufiadas, qu'il dédia l'an 15-69,
au Roi Dom Sebaftien. Mais ce Prince étoit alors fi jeune, 8c ceux
qui approchoient de fa perfonne avoientii peu d'eftime pour laPoë-
be , que le malheureux Camoens fe vit frulfré de tout ce qu'il avoit
Il raifonnablement efperé de fon Ouvrage.Il rampa donc le refte dé
fes jours à Lisbonne , 8c y mourut accablé d'ennuis 8c de mifere l'art
iJ/P- âgé d'un peu plus de j-o. Outre fon Poème , dontj'ai parlé,
qu'on a traduit endiverfes Langues, nous avons un Recueil de fes
PoèTies, fous le titre de Rimas de Luis de Camoens. Ses autres Ouvra-
ges fe font perdus. On reproche à Camoens de n'être pas aifcz clair.
Il mêle aufli un peu trop les fables du Paganifme avec les veritez dé
nôtre Religion , 8c il parle fans difcretion des Divinitez profanes
dans un Poème Chrétien. Sa Vie eft en tête de fon Poème , qu'oii
pourra confulteraufli-bien que Nicolas Antonio, Bibl. Hifp.
CAMOS, (Marc- Antoine) Religieux de l'Ordre de Saint Au-
guftin, vivoitfurlafinduXVI. Siècle. U étoit de Barcelonne, &
étant né dans une maifon noble il fe vit obligé par honneur d'en
foutenir l'éclat , à la guerre 8c ailleurs. Mais ayant perdu là femme,
à l'âge de 38. ans, il fe defabufa auffi de toutes les vanitez du fiécle
8c entra parmi les Religieux de l'Ordre de Saint Auguftin. Quoique
dans un âge aflTez avancé , il étudia en Philofophie 8c en Théologie
avec les jeunes Religieux ; 8c y fit un grand progrès. Depuis ,
étant nommé à l'Archevêché de Trani dans la terre de Bari , il paf-
fa en Italie pour y folliciter fes Bulles, gcmouruten i6o6. danslà
vîUe de Naples.avant que de les avoir reçùës.U étoit alors âgé de 63 .
ans. Nous avons quelques Ouvrages de fa façon , comme Microf-
como y gobierno umverfal del Hombre Chrijliano , g^c. * Nicolas
Antonio, Bibl. Hifp.
CAMPAGNA, ville du Royaume de Naples, dans la Princi-
pauté ultérieure , avec titre de Mai-quifat 8c Evêché fuf&agant de
Conza , auquel on a uni celui de Satri qui eft une ville ruinée. Cam-
pagna eft du côté de Salerne à trois ou quatre lieues de la mer;
CAMPAGNA DI ROMA, ou Campagne de Rome.
Cherchez Latium.
C A M P A N A , (Albert) de Florence , s'eft 'aquis beaucoup de
réputation par fon érudition. Il favoit les belles Lettres , la Philo-
fophie , 8c la Théologie , qu'il a profeffées à Pife 8c puis à Padouë.
Il étoit dans la dernière de ces villes extrêmement incommodé , 8c
s'étant confié avec un peu trop de bonne foi à une certaine femme ,
qui avoit entrepris de le guérir , il mourut d'apoplexie le 24. Sep-
tembre de l'an 1 63o.Albert Campana avoit compofé diversOuvra «
ges dont on n'a publié qu'une traduélion de la Pharfale de Lucain
en Langue Italienne. * Thomafini , in Vit. illufl.iiror.
CAMPANELLA, (Thomas) Religieux de l'Ordre de Saint
Cominique , étoit de Stilo petit village de la Calabre. Dès l'âge de
1 3 . ans , il prit l'habit de Religieux , 8c comme il avoit beaucoup dé
génie il fe fit eftimer. On dit qu'étudiant en Philofophie , 8c fon
Profefîèur s'étant engagé d'aller argumenter à des Thefes dans la
ville de Confenza 8c fe trouvant incommodé , il pria le Frère Cam-»
paneUa d'aller difputer à fa place. Il le fitavectantdefuccès, que
tout le monde en fut fàtisfait , 8c on le flatta même d'avoir le génie
deTelefîus. Ces louanges firent impreffion fur fon efprit, il vou-
lut avoir le Livre de Telelius , il le lut avec empreflèment , il don-'
na même dans fes fentimens 8c dans fa manière de philolbpher , St
ayant depuis fu qu'on avoit écrit contre ce Philofophe , il trarail-t
la à fon apologie 8c alla à Naples pour la faire imprimer. En arri-'
vant en cette ville ScpaffantdevantunmonafteredeRecolets, il
vit une fi grande quantité de monde qui y entroient 6c qui en for-
toient, qu'il eut la curiofité d'en apprendre laraifon. On lui dit
qu'on y foutenoit des Thefes de Philofophie. Il y entra donc com-»
me les autres , 8c ayant obtenu la permilTion d'y difputer , il s'en a-
quitta fi bien, qu'il s'attira des éloges de tous ceux qui fe trouvèrent
dans cette affemblée , Se les Religieux de fon Ordre le menèrent en
îriompbd
'6^
CAM
triomphe dans leur Monaftere. Quelque temè après , il affifta à
d'autres Thefes de Théologie , qu'un ancien Proteflèur de fon Or-
dre faifoitfoutenir. Le P. Campanella y parla avantageufcnïent de
quelqu'une des propofitions qui etoient dans ces Thefes. L'ancien
î'rofeiîeur méprifant ces louanges, l'interrompit brufquement, ôc
lui ditquecen'étoit pas l'affaire d'un jeune homme comme lui,
qui ne faifoit que de fortir de la Philofophie , de juger des queftions
de Théologie. Ce mépris aigrit labile de F. Thomas, il s'emporta
■furieufement à fon tour , & répondit à l'ancien Profeflèur qu'il étoit
un ignorant ; ■& que tout jeune qu'il paroiffoit, il en favoit plus que
lui, & qu'il étoit en état de lui apprendre la Théologie. Ce Reli-
gieux oftenfé déclara la guerre à Campanella : ce fut par les caballes
de ce vieux Profeflèur , qu'on le pourfuivit avec une très-grande
inhumanité. On dit qu'ayant divulgué quelques fecrets de la Mo-
narchie Eipagnole , ibn ennemi prit occalion de l'accu fer d'avoir
voulu trahir la ville de Naples & la livrer aux ennemis de l'Etatpu-
tre cela, ilfiitaccuféd'hérelieScmisàl'Inquilition. Les Juges de
ce terrible tribunal le tinrent vingt-cinq ans en prifon, jufqu'à ce
que le Pape Urbain VIIL s'interelfant pour là liberté , il en fortit 8c
vint a Paris l'an 1634. On l'avoit traité de la manière du monde la
plus cruelle, juiquesàleteniràlaqueftioni^,. heures de iuite. Le
Cardinal de Richelieu lui fit du bien. Il enlèigna une Philofophie ,
qui fut goûtée de peu de perfonries; quoi que le Profeflèur fût fort
ieftimé dans le monde. Un homme de fon pais , qui a fait fon éloge,
avoue qu'il avoit beaucoup d'elprit & peu de jugement ; & qu'il
manquoit de retenue 8c de folidité. Il a écrit Phyfiologia. ,^£f-
tiones Thyfiologicti. De fenfu rerum, Atheïfmus triumfhtitus .
Opufcula Vhyfica^ Mathemtttica. Vo'ética, Tractutui Ajirologt-
eus. Monarchia HifpanU , ^c. Campanella mourut à Paris au
mois de Mai de l'an 1639. On dit qu'étant tombé dans une grande
mélancholie ; & ayant même un furieux dégoût , un certain hom- ;
me lui donna de l'antimoine , qui le tua quelques jours après. Il
étoit alors en la 7 i . année de fon âge , mais il avoit pourtant beau-
coup de iànté. * Gaflèndi, in Vita Peirefi. Janus Nicius Ery-*
thràeus. Pin. I. Imag. iUuft. c.ii.LoTeiao Cxtiffo, Elog.d'Huom.
CAMPÂNÛS, Mathématicien , vivoit dans le XII . Siecle,êc
étoit de Novarre dans le Milânois. Il écrivit iùr 1' Aftronomie,fur le
Calendrier, Se fur l'erreur de Ptokjrnée.daasla fijpputation du mou-
vement de la Lune 8c du Soleil; 8c quelques autres Ouvrages. Tri-
theme, Genebrard,8c Blancanus parlent de lui ; 8c VofTius croit qu'il
y en a eu deux de ce nom , lie Math. c. 7,^. &Ci
CAMPANUS, (Jean- Antoine) Italien , natif d'un petit villa-
ge nommé Cavelle, près de Capouë , vivoit dans le XV. Siècle,
£c il devint Evêque de Teromo dans l'Abruzzo. Ce nom de
Campaiius n'étoitpasceluidefa famille, mais celui de &n pais,
étant né dans la terre de Labour , en Latin Camfania. Il étoit
fils d'un pauvre paifan; & fa mer^l'enfanta à la campagne fous
un laurier. Il fut deftiné à gai^der des brebis ; mais un bon Prêtre
l'ayant pris à fon lèrvice , lui enfeigna le Latin, 8c il s'avança fi bien
qu'il fut envoyé l'an 147 1 . en Allemagne,pour y perliiader la guerre
contre les Turcs. II harangua dans la Diète de Ratisbonne , avec
applaudiflèment. Il prononça l'Oraifon funèbre deCalixte III. Pie
II. le fit Evêque, Paul II. lui donna penfion: mais n'ayant pas fû
fi bien le maintenir auprès de Sixte IV. il fut exilé, 8c mourut à
Siennel'an 1477. Il a écrit la Vie de Pie II, celle d'André Brachius,
Grand Capitaine de Peroufe ; & plulieurs autres Ouvrages en proie
& en vers. Michel Fermes a écrit fa vie. Divers grands hommes
lui ont drelfé des éloges funèbres ; en voici un de la façon d'Ange
Politien :
lUe ego lailrigeros cm cinxit ^ infula crines ,
Campanus, Rom£ delicium , hicjaceo:
Mzjocu , dilîanmt Charités , nigrofale MomUs ,■
MercuriHs niveo , tinxit utrsque Venus.
Mi joca , mi rifus , pUcuit mihi uterque cupido ,
Si méfies , proculhinc , ij.HS.fo , viator , abi.
* Volaterrari , li.ii. Antr. Liïio Giraldi , ■ Dial. i . de Poëtifui temp.
Pauljove, inElog.doB.c. 22. Voflfius, Le Mire , Sponde , Poflè-
vin , Gefiier , &c.
CAMPANUS, (Jéati) Allemand , étoit originaire du païs de
Juliers,8c vivoit vers l'an 15-30. Ilfuivit Luther durantdeux ans; &
puis faifant lèéte à part , il enfeigna à Wittemberg touchant la Cène
une opinion non feulement contraire à Luther , mais encore diffé-
rente de celle des autres Sacramentaires. Il enfeignoit aufll que le
Fils 8c le Saint Efprit n'étoient pas deux perfonnes différentes de
celle du Père. Ainfi il débitoit des opinions étranges, que les Catho-
liques 8c les Protellans ont également en abomination. * Prateole ,
nj.Ccimp. Florimond, li.i.c. i6.».7.0fîus, /;. i.desher. Sponde,
A. C. jj^i.n. 10.
CAMPASE , ou P A N c A s T E , eft le nom d'une belle femme ,
qu'on dit qu'Alexandre le Grand aimoit. Il commanda à Apellès de
la peindre; 8c ce Peintre en étant devenu amoureux, le Roi la lui
céda. * Pline, li. 35-. c.\o.
CAMPATOIS, Sede d'Hérétiques, que S. Jérôme, écri-
vant contre lesLuciferiens,appclle bdemois.Ws s'élevèrent contre l'E-
glilè dans le IV. Siècle, ils fuivoientlado&inedesDonatiltesSc
des Circoncellions. * Prateole , au mot Campatois.
CAMPEGGI, famille. La famille de Campeggi a eu plufieurs
Cardinaux, dontje parlerai dans la fuite. Elle eft en coniideration
en Italie , depuispluiieursfiecles. Ugolin C am p EoGifutfi
efl:imé vers le XIII. Siècle, que ceux de Pife le choilirent pour être
leur General. Un de fes defcendans nommé Barthelbmi
Campeggi fut eftimé par fa probité 8c par fa doftrine. 11
vivoitiurlafinduXIV. Siècle, 8c il s'exila volontairement de fa
patrie pour n'être pas obligé de luivre le parti des Guelphes. Mais
le tems de fon exil ne lui fut pas inutile , ill'employa a l'étude du
CAM.
Droit Civil 8c Canon Se y fit un. très-grand progrès. Son fils J e a w
Campeggi s'avança encore davantage dans cette fcience , qu'il
enfeigna avec beaucoup de réputation à Padouë 8c ailleurs. Il a laiflé
divers Ouvrages, qui témoignent que fa fcience étoit profonde.
Les plus importans font , Confilia. TraSatusdeJîatutis. Deimmu~
mitate. De dote, i^pc. Ce lavant hcfmme eut divers enfans 8c entre
[autres le Cardinal Campeggi , dont je pai-le ci-après , qui m'a
.donné occalion de parler des perfonnes Illuftres de cette famille. Il
s'étoit marié avant qu'il fongeât à fe faire Ecclefiaftique. Il époulà
Françoife Guafta vilain , 8c il en eut trois fils 8c deux filles ; Rodol-
phe , qui fut Général des Vénitiens ; Jean-Baptifl:e , Evêque de
Majorque, l'un des plus doftes Prélats de fon liecle , Alexandre,
Cardinal , dontje ferai encore mention , Louïfe, femme de Camil-
le Fantuccio de Bologne ; 8c Eleonor , mariée à Alphonfe Con-
trario-de Ferrare. Alexandre Campeggi fut élevé avec
beaucoup de foin , 8c il eut pour maîtres les plus favans homm es de
fonfiecle; comme Lazare Bqnamici, PierrePorrhano, 8c Antoine
Bernardi, qui fut depuis Evêque de Caferte. Il répondit fi bien à
tous ces foins, qu'il fut bien-tôt en état de poflfeder les principales
charges de la Cour de Rome , 8c puis les plus belles dignitez de l'E-
glife. Et en effet , le Pape Paul III. le fit Clerc de la Chambre , lui
donna d'autres emplois, 8ceni;-4i.iiréleva fur le fiége Epifcopal
de l'Eglife de Bologne là patrie. Le Concile de Trente ayant été
transfère en cette ville, les Prélats s'aflèmblerent chez Alexandre Se
Jean-Baptifte Campeggi , 8c on y remarqua cinq Prélats de cette fa-
mille proches parens du Cardinal Laurent; favoir,Thomas 8c Marc^
Antoine fes frères; l'un Evêque de Feltri,8c l'autre de Groffete, Jean
Evêque de Parente fon neveu, fils d'Antoine-Marie fon frère; 8c
fes fils Jean-Baptifte Evêque de Maj orque , 8t Alexandre qui l'étoit
de Bologne. Ce dernier fut auflî Vicelegat à Avignon , où il étu-
dia aflèz adroitement les defleins des Huguenots, qui cherchoient
à fe jetter fur les terres de l'Eglife. Il s'aquit tant de réputation par
fa conduite , que le Pape Jule III. le fit Cardinal au mois de Novem-
bre iffii 8c il mourut trois ans après, le vingt-cinquiéme.Septem-
breii'f4- âgé de quarante-huit ans. Dans le XVII. Siècle le Comte
Rodolphe Campeggi s'eft aquis beaucoup de réputation ,
non feulement par les connoiflTances qu'il avoit du Dtoit, mais en ^
core par fes Poëlies. 11 mourut le vingi-huitieme Juin de l'an 1 624.
8c nous avons de lui deux Tomes de Poëlie, un Poème intitulé Le
lacrjme di Marin Vergine. L'italinconfolada , qui eft un Epithalame
qu'il fit en 1620. pour le mariage de Madame Chriftine de France
avec Viftor-Amédée Duc de Savoye. Thomas Campeggi
Evêque de Feltri,qui vivoit dans le XV. Siècle, a compofé un Traité
du Célibat des Prêtres , un du Pape , 8cc. Un autre C a m i l l o
Campeggi, Théologien de l'Ordre de Saint Dominique , fut
eftimé dans le Concile de Trente , 8c grand Prédicateur. Ce dernier
étoit de Payie.
CAMPEGGI, [Laurent] Cardinal,vivoit dans le XVI. Siècle ;
Il étoit de Bologne , né dans une famille qui eft en coniideration en
Italie, 8c fils de Jean Campeggi, favant Jinifconfulte , dont j'ai
parlé. Laurent s'avança aufli beaucoup dans la Jurifprudence Civi-
le Se Canonique , 8c fut même premièrement Profelfeur en Droit
à Padouë. Enfuite, après la mort de fa femme,s'étant fait Ecclefiaf-
tique , il eut des emplois confiderables , 8c fut enfin Cardinal. Il
contribua beaucoup à la réduftion de la ville de Bologne fous l'au-
torité du Saint Siège", 8c Jule II. lui en voulant témoigner fa te-
connoiflTance , le fit pourvoir d'un office d'Auditeur de Rote, puis
de l'Evêché de Feltri , 8c en fuite l'envoya Nonce en Allemagne 8c
à Milan. Léon X. lui confia, à lui 8c à Thomas Campeggi fon
frère, le gouvernement des villes deParmeScdePlaifance, 8c le
renvoya Nonce en Allemagne. Ce fut en ce tems qu'il le créa Car^
dinal le i . Juillet de l'an 15-17. Il eut alors le titre de Saint Thomas,
qu'il changea depuis pour ceux de Sainte Marie de delà le Tibre
& pour les Êvêchezd'Albe, dePaleftrine, 8c de Sabine. I! revint
à Rome au mois de Janvier de l'an 15-18. 8c l'année d'après on l'en-
voya Légat en Angleterre, pour y le ver des décimes contre le Turc.
Mais il ne réiiftît pas en cette commilfion , il obtint feulement l'E-
vêché de Salisburi pour lui. Depuis , fous le Pontificat du Pape
Clément VIII. il fut envoyé Légat en Allemagne contre les Luthé-
riens en I5-24.8C il y fit des ordonnances pour la réforme des mœurs.
Il fat aulfi envoyé l'an 15-2S. Légat en Angleterre, pour être Juge
du divorce d'Henri VIII. qui vouloit faire déclarer nul fon mariage
avec Catherine d'Autriche , pour époufer Anne de Boulen. Il ne
conclut pourtant rien , 8c le Pape le rapella l'année d'après , s'étant
réfervélaconnoilfance de cette affaire. Campeggi revint en 15-29.
à Rome. Il étoit Evêque de Bologne depuis l'an 15-23. H fe trou-
va en cette ville, au couronnement de Charles V. d'où étant re-
palfé Légat en Allemagne, il y aflifta à la diette d'Augsbourg. A
fon retour le Pape étant mort , il donna fa voix pour l'éleSion
de Paul III. qui le nomma en 15-38. pour fe trouver Légat à
Vicenze, où l'on devoit faire l'ouverture du Concile qui s'eft de-
puis continué à Trente. Mais Campeggi mourut à Rome le 19.
Juillet de l'an 15-39. Il avoit compofe quelques Ouvrages de Droit,
qui n'ont pas été publiez. * Sigonius , de Epi/c. Bomn. li. 5-. Ga-
rambay, //. i. Onuphre, wJCSro». Sanderus, de Schifm. Angl.
Surius , in Comment. Sleidan , i» Annal. Ugliel , Ital. facr. Sponde r
in Annal. Eccl. Auberi , Hifloiredes C«r</(»„Bumàldi, Bibl. Bo~
non, ^c.
C A M P E N , ville du Pais-Bas , dans la Province d'Over-
YflèL Elle eft fituée fur la rive gauche de l'YflTel près de fon
embouchure à cinq lieues de Deventer. C'eft une aflèz jolie
ville , 8c qui peut inonder , lâchant les éclulès' , la campagne
voifîne qtii eft très-baflè. Les '\uteurs qui écrivent en Latin la
nomment Campi. Cette ville a donné fon nom à H e i m e r i c d ç
C A M p E N , connu fous le nom d'H eimericus de Cam-
po. 11 vivoit dans le XV. -Siècle, 8c il enfeigna la Philofophie à
Co-
CAM.
Cologne. Depuis , il fe trouva au Concile de Bâle , où le Car-
dinal Nicolas de Cufa , qui étoit un homme lavant , fit une
eftime particulière de celle d'Heimeric de Campen , Se lui per-
fuada même d'écrire quelques Traitez. Je crois que celui De «»c-
îoritate Concilti , fut le plus conliderable. Il s'attacha eniîiite à
Eugène IV. & publia même les raifons qu'il avoit eu d'en ufer ainfî,
dans une Apologie que nous avons encore. Etant de retour dans
les Pais-Bas , il enfeigna quinze ans de fuite la Théologie à Louvain,
& il y mourut en 1460. Outre les Ouvrages dont j'ai parlé, il a
écrit ComfendiHtn ^uifiionum. Safer Sententias lib, IV. DeEjfe.
De Ejfentia. Compendium div'morum. ^^UAftiones'varuié'f. Jean
Campen, dit vulgairement Van den Campen , étoit de la même
ville. Il vivoit au commencement du XVI. Siècle , 8c favoit très-
bien les Langues qu'il enfeigna à Louvain. Le Pape Léon X. le
fit venir à Rome, où il lui donna une Chanoinie; en revenant dans
les Païs-Bas,il mourut de pefte à FriboUrg enBrifgaw l'an ij'sS.
il laifTa une Grammaire Hébraïque, des Paraphrafes fur lesPfaumes,
fur l'Eccleliafte , Sec. Cet Auteur eft différent d'un Jean Campen
Religieux de l'Ordre des Carmes , qui vivoit en 1404. Il étoit
des Pais-Bas , 8c il compofa des Commentaires fur les Sentences.
^iodlibetorum ofus. SummuU Artium , çyc, * Tritheme,<^e Scrift.
Zccl. Valere André, Bibl. Belg, ^c,
[CAMPESTER , Poète , comme il femble , de la baiTe Latinité',
qui avoit compofé un Poème intitulé Catabolica ou iitftrnalia , au
rapport de Fuigence , de Continentia Virgilii^
CAMPIAN , (Edmond) de Londres , Jefuite , a vécu dans le
XVI. Siècle. Il étudia à Oxfort , 8c depuis étant attiré par les
Proteftans , il fiit reçu Diacre. Mais quelque tems après il fit
abjuration. Enjfiiiteilvint à Douay, où il y avoit un Séminaire
d'Anglois,& étant paffé à Rome,il s'y fit Je&ïte en 1 5-7 3 .Après fon
Noviciat , on l'envoya à Vienne en Autriche , 8c puis à Prague.d'où
on lerappella àRome. En ij-8o. il eut ordre depaffer en Angle-
terre, où il foûtint le parti Catholique , avec courage, 8c y iîgna
defonfangladoârine qu'il défendoit. Ce fut le 28. Novembre
de l'an 1/81. fous le règne d'Elizabeth. Campian compofa plu-
fleurs Ouvrages , dont les plus confiderables font une Chronologie
univerfelle , 8c un Traité adreffé aux Univerfîtez d'Angleterre ,
où il rapporte dix rÂfons pour prouver la vérité de la Religion Ca-
tholique. * Sponde, A. C. ij-So. ». 11. ifSi. n. 10. Gautier 8c
Riccioli, enlaChron.Vit^&xs , Ribadeneira, êcc.
CAMPI ANO , petite ville d'Italie dans le Val de Taro , que ceux
An^iis nommant StatttdiValdiTaro. Elle efl: fîtuée près de la ri-
vière de Taro ; 8c comme elle eft importante pour le paflàge , les
Ducs de Parme,à qui elle appartient , ont eu foin de la faire fortifier.
CAMPION, certain Hiftorien Grec. Nous ne favons pas en
quel tems il a vécuj mais feulement qu'il eft cité par Vitfuve,dans la
Préface du livre feptiéme,8c ■ç2xVo&.\is,l.7,.c.-joJesMath.^. i .[Cam-
■pion n'eft pas un nom Grec , cet Auteur fe nommoit Carpion , 8c
Vitruveix.VoJj!Us le nomment ainfi. Nôtre Provençal ne favoit ce
qu'il copioit , 8c il n'eft pas fur de fc fier en lui , qu'après avoir vu
les fources.]
CAMPOBASSE , Comte Napolitain , étant venu au fervice de
Charles Duc de Bourgogne , fils de Philippe /e £0» confpira enfui-
te contre ce Prince , 8c le fit airafliner l'an 1477- * Mezeray , au
règne de Louis XL SUP.
dAMFOGABIO. Voyez Gabiens.
CAMPOIS , Hérétiques , qui lùivoient les erreurs des Ariens
dans le IV. Siècle. Ils fe glorifioient de la communion de l'Eglife,8c
cependant ils foutenoient trois hypoftafes,avec certains erransjc'eft
à-dire , trois fubftances dans la Trinité j au lieu de croire une même
Subftanceou Eflènce en trois Perfonnes Divines , qu'on appelle
ièlon l'ufage commun de l'Eglife trois hypoftafes ou fubfiftances.
* Saint Jérôme , ep. adDamaf. Prateole , au mot Campois^
CAMPOLONGO, (jEmilius) dePadouë, a été ProfefTeur en
Médecine. Outre qu'il favoit les Langues 8c les belles Lettres , il
s'attacha particulièrement à l'étude des Ouvrages d'Ariftote 8c de
Gahen. En 15-78.il futnommé ProfeiTeur en Médecine dans l'U-
niverfîté de Padouë , 8c coi.rinua cet exercice jufqu'à iàmort, qui
arriva au mois d'Oftobrede l'an 1604. Il fut enterré dans la Cha-
pelle quefàfamflleaaux Servîtes de la même ville, où l'on voit
une infcription qu'Annibal Campolongo fon fils Jurilconfulte y fit
élever. Outre des Confultations , qu'on a publiées avec celles des
autres Médecins d'Italie , nous avons de lui , Methodus confultandi.
DeVarielh. De Arthritide. *Thomafin, mElog.HluJl.vir.I'.I.
CAMPSON , Sultan d'Egypte , Circaflien de nation , lequel
ayant été élevé fur le throne par les Mammelus au commencement
du XVI. Siècle, fut tué par les faéHeux , dix-huit mois après. On
dit que c'étoit un homme qui avoit beaucoup de courage,mais qu'il
manquoit de conduite.
CAMPSON - CAVRI , Sultan d'Egypte , fût élevé vers l'an
15-04. par les Mammelus à cette dignité , qu'il refufa au commen-
cement, confiderant les malheurs , qui étoient arrivez en li peu de
tems aux Princes d'Egypte , par la faâion des plus confiderables de
l'Etat. La fortune , qui l'avoit tiré delà mifere de l'efclavage pour
le mettre au nombre des Mammelus , lui fit avoir les premiers em-
plois auprès des Sultans , 8c le plaça enfin fur le throne. 11 gouver-
na avec une prudence admirable; car ayant fait mourir fans bruit
les plus remuans , il calma les troubles du Royaume, 8c puis envoya
des troupes dans les Indes,pour en chalîêr les Portugais; 8c adoucir
fes Sujets par le commerce. Il eft vrai que fes delTeins ne réulTirent
pas bien de ce côté-là , car les mêmes Portugais défirent fon ar-
mée navale, le troifieme Février de l'an 15-09. Campfonfut l'ar-
bitre de l'Orient , 8c comme le contrepoids entre deux puifTans
Monarques, IfmaëlRoi dePerfe, 8c Selim Empereur des Turcs.
Il fut enfin opprimé par ce dernier , par la lâcheté d'un de fes Sujets
nommé Caierbey , Gouverneur d'Alep Se de Comagene. Car Se-
lim ayant fait femblant de marcher contrçIfmaël,vint contreCajlip-
Tom. U, --- -
CAM.
n
fon, qui l'attendoit avec fon armée. Les armées fe rencontrèrent
dans la Comagene , au même lieu où deux ans auparavant les Turcs \
avoient défait les Perlès,Caierbey s'aquittant de la promelTe qu'il a->
voit faite à Selim,fe mit de fon parti.Cette lâcheté mit les Mamme-
lus en déroute,8c Campfon âgé de plus de foixante 8c dix ans, chargé
de ventre 8c de hernie, tomba de Ion cheval Se fut écrafé ^ l'an irx6i
* Leunclavius , //. 1 7 . Paul Jove , //. 1 7 . Baudier,H//if/^ej Turcs, ^c. '
CAMPULUS, neveu du Pape Adrien. Voyez Pascal. SUP.
CAMPVS piorum , lieu célèbre en Sicile, près de Catane, où
les deux frères Amphinomus 8c Anapus fauverent lùr leurs épaule.*
leur père 8e leur mère des flammes du Mont Etna , comme Valere
Max. le recite, li.j.c./^. SVP.
LE GAMSIN,eft le tems de Pâques/elon le langage des Coptes ;
ou Chrétiens d'Egypte. SUP.
CAMUS, (Antoine le) Chevalier , Sieur de Jambevilk, Mar^
quis de MiUebois , Sec. Préfident au Parlement de Paris , étoit fila
de Martm le Camus Confeiller dans le même Parlement , mort ea
1 5-64.8e petit-fils de Charles.Confeiller auSenat de Milan fous Fran-
çois I. On alTure que leur maifon a été originaire de Poitou , où el-
le poflëdoit la terte de la Borde-Popeliniere; Antoine dont j e parle ^
perdit fon père à l'âge de 1 2. ans , Se ce malheur ne fer vaut qu'à lut
donner du courage, il fe fit fi bien diilinguer entre les jeunes gens
defavolée, qu'à l'âge de 22. ans le Roi Charles IX. le pourvut de
l'oifice de Confeiller au grand Confeil.Ce fut en 1 5-7 3 . 8c Henri III.
y ajouta en I5-85-. la charge de Maître des Requêtes^ Henri IV.
l'employa en diverfescommiflions. Se en 15-90.il lui donna l'In^
tendance de la juftice en Normandie. Mi de Mayenne le fit
prifonnierdeguerreàlaprifede Ponteau-de-mer , où il témoigna
qu'il' n'a voit ps moins de bravoure à Ibûtenir les droits de fon Prin*
ce les armes a la main, que de probité dans l'adminiftration de la
juftice. Cependant, il perdit fon équipage, 8c fa rançon futmifeà
douze mille livres, que fàMajefté fournit elle-même , 8e honora le
Sieur le Camus d'une charge de Confeiller en fes Confeils d'Etat 6c
Privé , 8e enfuite d'une de Prélident en 1 5-95-. Après cela il fer vit en-
core le Roi dans le Limolin , 8c à fon retour il fut honoré de la di-
gnité de Prélident au Mortier , dont il a fait l'exercice depuis 1602.-
jufqu'eni 619. qu'U mourut. Il eut de Dame Marie le Clerc deujé
fils 8c trois filles , dont il ne refte qu'Anne le Camus , qui a été ma-
riée en premières noces avec M. Claude Pinart , Gentilhomme de la
Chambredu Roi , premier Baronde Valois , Marquis de Comblifi ,
Sec. 8e en fécondes avec M. François Chriftophle de Levi, Duc de
Damville , Gouverneur du Limofîn, 8c Capitaine de Fontainebleau,
mort en 166 1. Elle n'a point eu d'enfans de ces deux mariages.-
* Bl3achaid,Hi/tJes Préftd.du Parlem. de Paris ^ des Matt. des Req>
[CAMUS, (Etienne le) Evêque de Grenoble , nommé pif
Louis XIV. Se devenu Cardinal , làns nomination , par le mou-
vement propre d'Innocent XI, en 1687 . Il mené une vie-exemplai-'
re , 8c s'aquitte de tous les devoirs d'un bon Evêque julqu'en 1 697,'
qu'on écrit ceci.J
CAMUS, (Jean l'ierre) Parifien , Evêque de Bellay ,fut nom-»
mé par le Roi Henri IV. 8c confacré par Saint François de Sales, l'an
1609. "Tous les cœurs de fes Diocefains lui étoient ibùmis, char-
mez par fa pieté 8c par fa vertu. U quitta fon Evêché à Jean dePal^
felegue l'an 1 629.il fut Grand Vicaire de François de Harlay,Arche-
vêque de Rouen, 8e puis il fe retira enfin à l'hôpital des incurables
de Paris,8c y mourut âgé de foixante 8c dixans^en 165-2, ayant été
nommé par le Roi Louis le Grandà l'Evêché d'Arras,dont il n'avoit
pas encore eu les BuUeSi II a été un des grands Prédicateurs de fort
tems; 8c il a compofé grand nombre de Livres, qui font entre les
mains de tout le monde. * Sainte Marthe, Gall. Chrijl. Guichenon ,
Hiftoire de Brejfe ^ de Bug. (^d
CAMUS , (Nicolas le) Secrétaire du Roi , ptiis Confeiller d'Etàtj
s'aquit beaucoup de gloire dans le manîment des grandes affaires ,
où il fut employé. Il mourut en 1648. -âgé de quatre-vingts ans. Il
avoit époulë Marie Colbert morte en 1 642 , dont il a eu dix enfans i
fîx garçons 8c quatre filles; i. Nicolas le Camus; 2. Antoine le Ca-
mus; 3. Edouard le Camus; 4. Etienne le Camus; 5-. André Girard
le Camus ; 6. Jean le Camus ; 7 . Marie ; 8 . Catherine ; 9. Françoifc j
8c I o. Claude le Camus;
1. Nicolas le Camus, Confeiller au grand Confeil , Pfoctiteur
Général de la Cour des Aides , puis Confeiller d'Etat , Se Intendant
de l'armée en Italie 8e en Languedoc , laiffa cinq fils Se deux filles.
Le premier des cinq fils eft Nicolas le Camus , qui a été Confeiller
au grand Conlèil , puis Procureur Général de la Cour des aides , Se
qui eft aujourd'hui (1688.) premier Préfident de la même Cour
des Aides. Il a époufé Marie Larcher , fille de Michel Larcher ,
Préfident de la Chambre des Comptes , dont il a eu cinq fils ; Ni-
colas le Camus , Confeiller de la Cour des Aides , puis Maître des
Requêtes; François le Camus, Marquis de Bligny , Colonel du Régi-
ment de Saintonge : M. l'Abbé le Camus,Prieur de Beré : M.le Che-
valier le Camus,Lieutenant de vaiffeau du Roi , Inort à Meffine : Se
M. le Camus de la Grange.Le fécond fils de NicoIas,Confeiller d'E-
tat,8c Intendant,étoit Charles le Camus , Sieur de Montaudier.Gou-'
verncur de Menouillon en Provence , mort depuis quelques années.
Le troifieme eft Etienne le Camus , Cardinal , Evêque Se Princd
de Grenoble. Le quatrième , Girard le Camus , ci-devant Maître
des Comptes. Et le cinquième , Jean le Camus Maître des Requê--
tes honoraire , 8e Lieutenant civil.
2. Antoine lé Camus, Seigneur d'Emery , fécond fils deNico-^
las , Secrétaire du Roi , fut premièrement Confeiller au Parlement
de Paris, puis Maître des Requêtes. 8c enliiite Préfident en la Cham-^
bre des Comptes de Paris, 8e enfin ContrôleurGéneral des Finances.
Il a lailTé trois fils ; favoirDenys le Camus Sieur de Courferin,Pré-'
fîdent en la Cour des Aides ; André le Camus Sieur d'EmerinvillC)
Confeiller au Parlement de Mets; 8c Etienne le Camus, Chanoine
Relier de Sainte Génevieye.
E 3. £»
54
CAM. CAN.
3. Edouard le Camus, Confeiller au Parlement de Grenoble,
Ipuis à celui de Paris, gc enfuite Procureur Général de la Cour des
Aides, quitta fa charge pour fe faire Prêtre , 8c mourut en 1674.
4. Etienne le Camus, Maître des Comptes, puis Surintendant
âes bâtimens, mourut en 1673.
f. André Girard le Camus, premièrement Confeiller au grand
Confeil , puis Procureur Général de la Cour des Aides,Sc enfin Con-
seiller d'Etat.
6. Jean le Camus, qui avoit été Confeiller au Parlement, puis
Maître des Requêtes & Intendant en Champagne,mourut en 1 680.
7. Marie le Camus fut mariée à Michel Particelli, Seigneur d'E-
meri. Surintendant des Finances. Elle mourut fort âgée en 1678.
8. Catherine le Camus, Carmélite augrand Couvent de Paris,
inourut en 1668. ^
9 . Françoiiè le Camus , mariée à René le Roux , Maître des Re-
quêtes, puis Confeiller d'Etat, eft morte en 1680.
10. Dame Claude le Camus époufa Claude Pellot, premier Préfi-
xent au Parlement de Rouen, & mourut en 1668.
* Mémoire de la famille des Camus. SUP.
CAMUSAT, (Jean) célèbre Imprimeur de Paris,étoit de tous
les Libraires de Paris celui qu'on eftimoit le plus habile. Car ou-
tre qu'il étoit très-entendu dans ta. profefTionjil étoit homme de bon
ièns. Il n'imprimoitaulfi que de bons Ouvrages: de forte que c'é-
toit prefque une marque infaillible de bonté pour un Livre , que d'ê-
tre de fon impreffion. C'eft ce qid porta l'Académie Françoife à le
choifir pour ion Libraire. Relut, de iAcui. Vran^ife. SUP.
CAMUSAT, (Nicolas) Chanoine de Troyes en Champagne,
a vécu dans le XVII. Siècle, &il s'eft acquis beaucoup de réputa-
tion parmi les gens de Lettres par fa dodbrine & par fa pieté. Nous
avons divers Ouvrages de fa façon,& entre autres un intitulé Promp-
tunrium frcrarum antiquitatum TricaJJîns, Diœcefis , ^c. qu'il publia
en 1 6 1 o . Nicolas Camulàt moiurut fort âgé vers l'an 1 6jj.
C AN DE L'ESCALE. Cherchezl'Efcalej
CANA, petite ville de Galilée, dans la tribu deZabulon, où
le fils de Dieu fit fcn premier miracle , changeant l'eau en vin , aux
noces où il fe trouva. Depuis , paflànt en cette même ville , il y
guérit le fils d'un petit Prince ou Officier du Roi. S. Jean en fait
mention, c.i.?^ 4. car c'eft ainfi que fe doivent entendre ces paro-
les de l'Evangelifte : C'eji là que Je fus fit fon fecsnd miracle. Je
veux dire, que c'eft le fécond qu'il fit à Canaicomme Saint Auguf-
tin l'explique en accordant les Evangeliftes au Traité qu'il a fait
pour cela. Nathanaël étoit de Cana. * S. Jérôme , dt Loc. Hebr.
S. Auguftin, Concord. Evang. li. 4. cap. 10.
0^" Il faut remarquer pour ce qui regarde les noces de Cana, que
quelques Auteurs ont cru que ce mariage étoit celui de Saint Jean
l'Evangelifte, lequel ayant vu la merveille que Jesus-Christ avoit
opérée , quitta Ion époufè pour le fiiivre. Mais tout cela eft làns
fondement , nul des Anciens n'en a parlé , & 0 lêmble même con-
traire à ce que l'Eglife chante duDifciple bien-aimé. Nicephore fils
de Callifte a écrit que c'étoitle mariage de Simon le Cananéen, qui
fut depuis un des Apôtres, fùrnommé le ZeUoMle Jaloux. SaxatE-
piphane raconte auiîi que pour confirmation de cette merveiUe du
changement d'eau en vin , le même miracle le faifoit tous les ans à
pareil joiï, enplufieurs fontaines de diverfès provinces , 8c nom-
jne des fources de la Carie 8c de l'Arabie , dont lui ou fes Difciples
avoient bu. Pline dit la même choIè d'une qui étoit dans l'Ifle d'An-
dria , auprès du temple de Bacchus , qui avoit le goût du vin le jour
des Nones de Janvier. Il attribue ce prodige à la puilTance de cette
faulTe Divinité , mais fi la cholè eft véritable , il lèmble qu'elle pro-
cédoit de la feule vertu du Fils de Dieu , qui vouloit qu'il y eût , mê-
me parmi les Payens , une preuve de fon premier miracle. Ces cho-
fes font pourtant bien incertaines , 8c fiir des faits fî extraordinaires
il me fuffit de rapporter les fentimens des Auteurs , iànsy ajouter
mes réflexions. * S. Epiphane, hxr. fi. Nicephore,- Hifi.li.ix.
10. Baronius, in Armai.
CANA petite ville de Galilée , où Jésus Christ fit &n pre-
mier miracle , changeant l'eau en vin , aux noces auxquelles il
avoit été invité avec la Vierge. Ce n'eft plus qu'un pauvre village,
habité par des Mahometans : 8c l'Eglife, que l'Impératrice Sainte
Hélène y avoit fait bâtir à la place de la maifon où Nôtre Seigneur
fit ce miracle , n'eft plus en la di^ofition des Chrétiens. C'eft un bâ-
timent fort ancien , tout de pierres de taille , qui comprend l'Eglife,
foûtenuë au mUieu d'un rang de colonnes , 8c la maifon où demeu-
Toient les Ecclefiaftiques. Entte l'EglifqSc le logement, eft une
cour affez fpacieufe , fur la porte de laquelle il y a une grande pierre
qui fert de linteau, où font taillées en relief trois cruches , avec une
écriture ancienne , à moitié eftàcée, qui fait connoître que c'eft le
lieu où Jésus Christ changea l'eau en vin. L'Eglife eft maintenant
profanée par les Infidèles , qui la font fervir de Mofquée :■ 8c le loge-
ment eftoccupé par des Santons ou ReligieuxMahometans.*Doub-
dan, Voyage de la TerreSainte. SUP.
CANADA, grand pais de l'Amérique Septentrionale , qui eft
aufli nommé la Nouvelle France, parce que les François en oc-
cupent la meilleure partie , 8c y ont diverfes colonies. Outte ce-
la , ils le découvrirent l'an 1^04. 8c Jean Verrazan Florentin prit
l'an ii-zf.poflèflîon de ce pais au nom du Roi François I. Apres la
mort de Verrazan , qui fut pris 8c mangé par des Sauvages , Jaques
Cartier de Saint Malo fournit ces mêmes terres en I5-34. Les Fran- 1
çois , qui avoient négligé ces navigations, y furent engagez à l'occa-
fion de celle de la Floride, fous le règne de Cliarles IX.&du tems
de Henri IV. en 1604, on y envoya une colonie, "î^i s'eft augmen-
tée toutes les années. On a donné le nom des villes de France à cel-
les qui ont été bâties en ce pais, 8c outre piufieurs Miflions, quel-
ques Ecclefiaftiques de France en entreprirent une pour cepaïs en
1640. qui a produit dans la fuite du tems des fruits confîderables ,
par la converiîon d'un bon nombre de ces Sauvages , qu'eux &
CAN.
les ântresMiffionaires s'efforcent tous les joui's d'ecIairer des lumic-"
res de l'Evangile. Au refte fous le nom de Canada on comprend tout
ce qui eft aijx cotez de la grande rivière de Canada ou de Saint Lau-
rent,, depuis les Iflesqui font au devant de fon embouchiu-e en re-
msntant le long de cette même rivière j tant qu'elle nous eft con-
liuë, ôc depuis les golfes 6cdéttoitsdeDavis8cdeHudfon,jufques
à la nouvelle Efpagne. Ainfi fous ce nom 8c dans cette étendue de
pais on peut comprendre les ifles des Terres Neuves , la terre de
Labrado , le Canada particulier , qui donne fon nom au pais ,
l'Acadie , le Saguenay ,les Iroquois,les Hurons , les Algonquins, 8c
un ttès-grand nombre d'auttes peuples qui nous font inconnus. Les
Européens ont donné des noms particuliers à ces païs dont ils font
les maîttesj car c'eft dans le Canada, qu'outre la nouvelle Fran-
ce , on trouve la nouvelle Bretagne , la nouvelle Angleterre , h
nouvelle Hollande, 8c la nouvelle Suéde. La terre eft pleine de
bois; 8c d'une température aflèz froide. Elle nous fournit des caf-
tors , des morues , de l'huile de baleine , 8cc. 8c il y a grande quan-
tité de bois.Les Sauvages y font diftribuez en piufieurs nations fous
le gouvernement de leurs Samagos , qui font les aînez de leurs fa-
miUes. Ils y parlent piufieurs Langues. Les peuples y font prefque
tous barbares , 8c comptent leurs années par le cours du Soleil , lea
mois par celui de la Lune , 8c les fiifons par ce qui arrive de plus re-
marquable en chacune. Dans le froid ils fe couvrent de peaux
d'élans, de caftors, de loutres, ou d'ours, prefque à la façon que
les Anciens ont peint Hercule, Se que nous peignons Saint Jean BapM
tifte. Ils portent de grands bas en hyver, 8c ils ont toujours la têtq
nuë. Les femmes fe mettent pourornemens les bagatelles qu'on
leur porte de ce païs. Us ont entr'eux leurs feftins dans leurs maria-
ges, leurs viftoires, gela réception de leurs amis, 8c y prennent
force tabac , d'où peut-être ils appellent ces réjouïflànces Tabagies ,
8c y mangent quelquefois la chair de leurs ennemis pris en guerre.
Ils époufcnt diverfes femmes,qui font pourtant prelque toutes fté-
rilesjcar comme les maris les abandoiment,lorfqu'elles font groflcs,
elles mangentd'une certaine racine qui les fait avorter , quand elles
commencent à le devenir. Les filles font peu fages, mais les fem-
mes mariées le font par force.Les Sauvages marquent au vilàge cel-
les qui ont péché, ils coupent un morceau de chair fiir le front à
celles qu'on trouve une féconde fois en faute , ^ on les fait mourir
làns rémiflion,quand on les lùrprend une troifîéme fois. Us ont des
jeux d'exercice , avec diverfes fortes de chaffes affez fingulieres , 8c
leur Religion ne l'eft pas moins. Leurs Prêtres les entretiennent
dans ridolatrie , 8c comme ces Prêtres font Magiciens , ils ont pour
l'ordinaire une fin funefte,8c les Sauvages les tuent dans leurs feftins.
Les peuples,avec qui les François négocient , font , outre les peuples
du Canada particulier , les Hurons, les Algonquins , les Attiquame-
ques , Nipffuriniens , Montagnets , ceux de Saguenay , de l'Aca-
die, 8cc. Ce négoce ne fe fait que par échange , ils nous donnent des
peaux de caftors, de loutres, demarttes, de loups marins , 8cc.
pour du pain, des pois, des fèves, des pruneaux, des marmites,
des chaudrons, des haches, desalaines, poinçons, couvertures,
8c pour d'autres chofesfemblables., Le Canada particulier eft à la
droite, 8c delTus la plus baife partie de la grande rivière. Nous y
avons diverfes réfidences ou colonies dans Sainte Croix àTadouflàc,
dans Saint Jofeph à Québec , où il y a un hôpital , 8c des ^rfulines.
Cette colonie de Québec établie depuis l'an 1608. eft laplusconfî-
derable. Il y a encore d'auttes réfidences dans Saint Jofeph de SU-
lery, une autte de la Conception , à Richelieu, Monreal,8cc. On
n'y oublie rien pour faire recevoir leChriftianifmeàces pauvres
Sauvages. Ceux qu'on a inftruit font très-fidéles. * Linfchot, Les-
carbot, Du Val, Sanfon, les Relations du Canada , gcc.
CANADA, ou S. Laurent , grande rivière de l'Amérique
Septentrionale, une des plus belles du njonde. EUcadeux cens
braffes de profondeur , vingt-cinq ou ttente lieues de largeur à
fon embouchure , où eft le golfe de Saint Laurent, 8c enfuite les iiles
de Terre Neuve. Son cours , à ce qu'on affure , eft déjà connu
de près de cinq cens lieues. On prétend que par les lacs,où l'on croit
qu'elle a fà fource, on pourra trouver le chemin qu'on a cherché de-
puis fi long-tems , je veux dire d'aller aux Indes Orientales par
l'Oueft. ^
CANADA, grande rivière du Canada dans l'Amérique Sep-
tenttionale. On la nomme auttement le fleuve de Saint Laurent , à
caufe que les vaiflêaux François , qui la reconnurent.entterent dans
foij embouchure le jour de la fête de Saint Laurent. Ce fleuve
prend fa fource dansla partie Occidentale de l'Amérique , Se reçoit
enfuite deux auttes rivières très-confiderables , qui viennent du
Nord , fivoir celle de Saguenay , 8c celle que l'on appelle les Trois-
Rivieres, parce qu'elle eft formée de ttois auttes qui s'y joignent,
II fe rend dans le golfe nommé de Saint Laurent, vers l'ifle deNa-
tifcotec , 8c l'ifle de Terre-Neuve. On y ttouve une quantité pro^
digieufe de poiifons , non feulement d'eau douce,mais auffi de mer.
Les rivages de ce fleuve font fort agréables , étant revêtus d'arbres,
8c de vignes làuvages. Son canal, qui eft exttémement large, con-
tient piufieurs grandes ifles. L'ifle aux coudriers eft ainfi nommée,
parce qu'elle eft remplie de coudriers -.elle a ttois lieues de long,
8c deux de large. L'ifle d'Orléans étoit auttefois appellée l'ifle de
Bacchus à caufe de l'abondance des vignes fauvages qui y croiffenr.
Sa longueur eft de fîx Keuës , 8c fà largeur d'une demie. Les ter-
res,qui font vers les bords du fleuve de Canada, font habitées par des
Sauvages, qui paroiifent d'une humeur fombre 8c mélancolique , 8c
font néanmoins aflèz joyeux. Us parlent lentement , 8c avec réfle-
xion. Ceux qui demeurent proche de Québec s'occupent à la pê-
che des anguilles depuis la mi-Septembrejufques au mois d'Odio-
bre , 8c en gardent de feches pour ITiy ver. Lors des plus grandes
neges , qui couvrent quelquefois la terre de trois piez de haut , ils
s'exercent à la chafTe des caftors, & s'attachent des manières de
raquettes fous les piez pour marcher plus ferme fui- la nege. Lors
qu'ils
CAR
qu'ils ont mangé leurs anguilles & leur venaifon , ils cherchent des
limaçons; 8c ii la faim les prellè, ils tuent même leurs chiens.
Ces Sauvages font extrêmement portez à la vengeance , Se exer--
cent fur leurs ennerriis une cruauté extraordinaire.Ils ont beaucoup
de perfidie, &. l'on ne peut jainaisfe fier à leurs promeflès. Ils vi-
vent la plupart fans religion & fans loix. îl y a quelques Magiciens
8c Sorciers, qu'ils nomment Fillotoas, qui feignent de parler fa-
ihilierement au Démon, & d'en recevoir des oracles pour lacon-
noiflance de l'avenir. Quelques-uns les repréfentent comme des
hommes forts laids 8c difformes , quoi qu'ils ibient allez, bien-faits,
& d'une médiocre ftature. Leur couleur ell brune ou olivâtre, mais
"cela vient des drogues dont ils fe frottent pour cet effet , non pas
de la nature. Il y en a qui fe marquent auffi la peau de certaines
figures qu'ils font avec des pointes de ferrement, L'été ils vont
tout nuds , mais l'hyver ils iè couvrent de peaux d'élans,de caftors,
8c d'autres bêtes fauvages. Leurs armes font l'arc, 8c les flèches,
unemaifuëdebois, 8c un bouclier couvert de cuir. Les filles, dès
qu'elles ont atteint l'âge de quatorze ou quinze ans, s'abandon-
nent indifféremment à ceux qui leurplaifent:puis après avoir paf-
fé un an dans cette lafcive liberté , elles clioifiiîènt un mari , avec
lequel elles vivent chaftement le refte de leurs jours. Si elles fe trou-
vent fteriles , il eft permis aux maris de les répudier, 8c d'en pren-
dre d'autres. Quand ils enterrent leurs morts , ils mettent auprès
d'eux leurs habits, leurs armes, 8c ce qu'ils ont le plus aimé pen-
dant leur vie. Ceux qui ont quelque religion , croyent l'immor-
talité de l'ame , 8c qu'il y a en l'autre nionde un lieu de délices où les
défunts vivent avec leurs amis . Les Sauvages qui habitent depuis le
Saut de Saint Louis julques à l'embouchure du fleuve, favoirles
Montagnois, lesCanadois, lés Souriquois , ne cultivent point la
terre 8c mènent une vie fort pauvre. Mais ceux qui demeurent au
delïïis du Saut , comme les Algoumequins , les Ochaiftaguins , 8c
les Iroquois , enfemencent les champs , 6c recueillent d'affez bon-
nes moilTons.
Les Attigouantans , qui habitent vers le lac de Camplain, de-
meurent dans des loges faites en forme de fours , couvertes d'écor-
ces d'arbres , longues d'environ trente verges , 8c larges de fix. De
côté 8c d'autre il y a un plancher élevé à quatre pieds de terre, fur le-
quel ils repbfeht pendant les chaleurs de l'été. Ils couchent l'hyver
lur des nattes auprès du feu, qu'ils y allument en plufieurs endroits
félon le nombre des fainilles qui y demeurent , y ayant quelquefois
jufques à vingt familles qui fe tiennent dans une même café ou lo-
ge.Leur provilion la plus ordinair^ft du mays , 8c des fèves de Tur-
quie.Ils trouvent la chair de chienSc d'ours fort delicate,8c la fervent
dans leurs feflins avec celle des bêtes làuvages. Plufieurs d'entr'eux
fe peignent le vilàge de noir ou de rouge mêlé av«cde lagraiflé
d'ours.Les hommes ne s'employent prefque à autre chofe qu'à la
chaflè,à la pêche,8c à la marchandife.Les femmes fuivent leurs ma-
lis à la guerre,8c fervent à porter lebagage.Ils vivent fans loix 8c fans
rehgioh,fî ce n'eft qu'ils aflèmblent quelquefois un Confeil des plus
vieux dans chaque village,pour délibérer de ce qu'ils ont à faire ; 8t
qu'ils honorent fiiperftitieufement une certaineDivinité qu'ils nom-
ment Oqui. C'efl: un nom qu'ils donnent à tout ce qu'ils admirent
extraordinairemcnt, 8c même à leurs Magiciens , que d'autres Sau-
vages appellent Maniions. Ces Magiciens exercent la Médecine 8c
la Chirurgie , 8c fe mêlent de prédire l'avenir; Leur manière de pra-
tiquer la Médecine êft extravagante : car ils ne font autre chofe que
danfer , chanter , 8c boii'e auprès du malade , pour le guérir , diiènt-
ils, par cette réjouïlfance. Pendant l'hyver , qui dure depuis le
commencement de Décembre jufques à la fin de Mars , ils paflènt
d'ordinaire le tems à faire bonne chère , 8c invitent les villages
voiiins à leurs fêtes qu'ils appellent Taéagos: de forte qu'il s'y trouve
quelquefois jufqu'à cinq cens Sauvages avec leurs femmes 8c leurs
enfans. Dans ces divertiflèmens ils le déguifent , 8c courent par les
villages chantant 8c danfant , avec les filles qui font alors extraordi-
ijairement parées. *De L^iet , Hijîoire du nouveau Monde. SUP.
CANAL artificiel, lieucreufé, pour recevoir les eaux delà
mer , ou d'un fleuve. Les Anciens ont fouvent travaillé inutile-
ment pour rompre des ifthmes,8c trancher les terres , dans le delTein
de faire uiie communication par eau d'un lieu à un autre. Hérodo-
te rapporte que lesGmdiens,peupIes de la Carie dans l'Afie Mineure,
entreprirent de couper l'ifthme, qui joint la prefqu'ifle deGnido
a la terre-ferme : mais que l'oracle les en détourna , comme d'un
ouvrage qui leur feroit pernicieux. Plufieurs Rois d'Egypte ont
tâché de joindre la mer Rouge à la Méditerranée , pat un canal
Creufé depuis la mer Rouge jufqu'à un des bras du Nil , qui le va dé-
charger dans la Méditerranée. Cleopatre tenta auflî ce deflèin ; 8c
Soliman II. Empereur des Turcs y employa cinquante mille hom-
mes , qui y travaillèrent fans effet. Les Grecs 8c les Romains voulu-
rent fajffe un canal à travers l'ifthme de Corinthe qui joint la Morée
à l'Achaïe, pour aller de la mer Ionienne dans l'Archipel. Le Roi
Demetrius , Jule Célàr , Caligula , 8c Néron y firent tous leurs ef-
forts, mais fans aucun fuccès: Sc-l'on remarque même que tous
ceux qui s'obftinerent à cette entreprife,eurent une fin malheureulè.
Du temps de Néron , Lucius Verus , un des Généraux de l'armée
Romaine dans les Gaules,entrepritdejoindre la Saône 8c laMolêUe
par un canal tiré de l'une à l'autre, 8c de faire une communication
entre la mer Méditerranée 8c la mer d'Allemagne,par une navigation
continuelle fur le Rhône, la Saone,la Mofelle , 8c le Rhin: ce qu'il
n'exécuta pas , à caufc de la jaloufîe de Helius Gracilis , qui empêcha
fon deffein. Charles Bernard,au Traité qu'il a fait de la conjoniftion
des mers , propofe de faire une communication entre la mer de
Provence 8c l'Océan vers la côte de Normandie , en joignant la
rivière d'Ouche à celle d'Arman&n , vers Gros-bois , où elles ne
Ibnt éloignées que de trois lieues. Ainfî on traverferoit la France
par le Rhône, la Saône , l'Ouche , Armanfon , l'Yonne , 8c la Seine,
dont on^ourroit encore couper quelques détours Si méandres, où
Jim. lï. '
CAN. .^
elleferpente en certains endroits. Le RoiLomsXilt. îîf faire le
canal deBriare pour joindre la Loire à la Seine, par la rivière de
Loin : 8c le Roi Louis XIV. a fait creufer celui de Languedoc pour
faire une communication entre la mer Méditerranée 8c l'Ocèan.par
la Garonne. *Bergier, Hijloire des grands chemins. Bernard, lielà
conjonHion des mers. SUP.
C A N A N O R , ville 8c royaume de la prefqu'ifle de l'Ihde deçà
le Gange dans le Malabar.Il aboutit au fleuveGangerocora,où cota-
mence leMalabar,8c s'étend jufqu'à Puripatan.Outre la ville capitale
qui lui donne fon nom, il a Cota , Mangate, Marabia, Choraba , Sec:
* Cananor a environ vingt-cinq lieues le long de la côte.LesHollan-
dois ont pris depuis quelque tems la capitale. Le Roi de ce païsai
pofledelesiflesde Divandurou 8c de lalicut parmi les Maldives
* Maffee , H,ft. des Indes , U. 1 1 . Barbofa, li.ç.c.t. Linfchot , 8cc.
CANAPE , (Jean) Médecin du Roi François I, vivoit en
I J42. La Croix duMame le nomme Lefteur public des Ghirur<rien3
a Lyon.n traduilit divers Ouvrages des Anciens en nôtre langue, &:
il en compofa d'autres enLatin 8c en François . Confultez les Biblio-
thèques Françoifes delà Croix duMaine 8c de duVerdierVauprivas.
C A N A R A , royaume , ou plutôt grand pais , de la preiqu'ifle
deçà le Gange, dans le Narlîngue ou Bilhagar. Barbofa le nomma
Tulamar. La rivière de Gangerocora , qu'il a au Midi , le fépare du
Malabar, 8c celle d'Aliga au Septentrion du royaume deCuncan
ou Cunkan. Il a à l'Orient des «loiitagnes, qui lui fervent de bornes
avec leBifnagar particulier; 8c au Couchant la mer des Indes. Il
comprend les royaumes d'Onor Se de Baticala fur la côte ; 8c plus
avant dans la terre-ferme Borçopa , qui s'avance aux montao-nes de
Gâte. * Texeira ,ti.i.e.ii. Linfchot, Barbofa , Sanfon , gcc*^
C A N A R A , royaume de la prefqu'ifle de l'Inde au-deçà du
golfe deBengala, fur la côte Occidentale. Le Roi de Canara 84
la plus grande partie de les Sujets font Payens, les autres font Maho.^
metans. Les Canarins font ennemis des Malabares , 8c leur font une
guerre continuelle. Ils font tous bons foldats, 8c s'entendent par-
faitement bien à miner. Leurs manières approchent fort de celles
qu'obfervent les Sujets du Mogol , dont le Roi de Canara eft tribu-
taire. La bizarrerie , avec laquelle ils folemnifent leurs grandes fê-
tes, eft furprenante. On porte les Idoles en triomphe fur un char
orné de fleurs , dont les roues ont de gros crochets attachez aux
rayons , fur lefquels ceux qui veulent iîgnaler leur zèle , fe jettent
à corps perdu, pour tourner avec la roue. D'autres fe couchent à ter-
re , pour être écrafez fous le poids du chariot ; 8c tous perilTent de la
forte , d^ns la folle penfée qu'ils obtiendront l'immortalité , en
mourant ainfi pour la gloire de leurs Dieux. La manière, dont on
punit les criminels dans leCanara , eft digne d'être remarquée. On
les expofe tout nuds , piez Se poings liez , fur le fable, au plus grand
Soleil , pour .y périr peu à peu par la violence de la chaleur, 8c par les
piquûres des mouches* Quoi que ce royaume foit petit , il eiî
néanmoins fi fertile , qu'il fournit prefque tous les Européens de
ris: outre ce que l'on en porte dans les ifles de la Sonde, 8c dans les
autres pais d'Orient. * Dellon , Relation des Indes Orientales . SUP.
CANARIES, ifles à l'Occident de l'Afrique , que les Anciens
nonimoient Fortunées , à l'oppofîte de la Mauritanie , ou royaume
de Maroc, prefque vis-à-vis des caps deBoyador 8c de Non. El-
les font fept en nombre , bien que les Anciens n'en ayent connu que
fix. La plus importante eft Canarie , avecunevilledumêmenom.
Cette ifle a dix-huit ou vingt lieues de tour , 8c elle eft la principale,
non feulement à caufe de fa fertilité, mais parce que c'eft la demeure
du Gouverneur. La ville de Canarie ou cité des palmes eft
grande, belle, 8c bien peuplée. Les autres villes font Tedle, Galder,-
8cGuja. Il y auifi dans l'ifle douze moulins à fucre. Leurs grains
fe recueillent deux fois l'année , en Février 8c en Mai , 8c il y a par
tout grande quantité de fruits. Les autres ifles font Tentrefe, l'ifle
de Palma , l'ifle de Fer , Fuerte- Ventura , Gômera , 8c Lancelote.
Pline dit que le grand nombre des chiens, qu'on y troisvoit, les fit
nommer Cananes.Elles furent découvertes par un François nomma
Bethencourt du tems du Pape Clément VLquilçs donna l'an 1543,-
à Louis Comte de Clermont , fils d'Alfonfa de la Cerda furnommé
l'Exherité, qui étoit forti du fang de France 8c d'Efpagne. Elles
ont depuis eu divers maîtres en divers tems; 8c font enfin venues
au pouvoir des Efpagnols. Les habitans font Catholiques ; il y a
un Evéché à Canarie : 8c le terroir eft très-fertile , fur-tout en
bons vins, dont il paflètous les ans près de feize mille tonneaux
en Angleterre. L'ifle de Fer ou Ferrera eft célèbre , à ce que l'on
dit,par un arbre qui fournit de l'eau aux habitans; n'y ayant point
de fource dans toute l'étendue de fon terroir. C'eft une nuë,qu'ori
voittoiljours fur cet arbre, où elle fe réfout en eau fur les feuilles
qui diftillent continuellement dans des réfervoirs , où les habitans la
puifent. Le tour du tronc de cet arbre, à qui les Efpagnols don-
nent le nom de &int , eft de douze piez , fa hauteur depuis le piedj
de quarante ; 8c le diamètre de fes branches de cent vingt. Il porte
un fruit avec un noyau , en form.e de gland , d'un goût aromatique
très-excellent. Les autres en parlent un peu autrement. * Pline j
^(.6.c. ji.Sanut, Gramaye , Linfchot , Vincent le Blanc, Sanlbn,
Mariana , Jérôme Benzon , 8c Thomas Nicolas dans fes Voyages.'
CANARIES, ifles de la mer Atlantique, fur les côtes d'Afiri-
que. Quelques-uns en comptent fept , favoir Lancelote , Forta-
venture, la Canarie, Teneriffe, Gomere, l'ifle de Fer , & l'ifle
de Palme. D'autres y ajoutent Madère, l'ifle des Sauvages, la
Roche , êc la Gracieufe. Parmi les Anciens , Proclus en compte dix^
Ptolomée fix, 8c Plutarque deux. Elks nous étoient inconnues
dans le XIV. Siècle. Il eft remarqué dans les Hiftoriens de Gènes <
qu'en 1 191. DoriaScVivaldo, accompagnez d'autres Avantu-
riers, entreprirent un voyage vers ces côtes d'Afrique , 3.vecdeuî;
galeres;mais qu'on n'eut depuis aucunes nouvelles d'eux. La même
entreprife , félon quelques-uns , fut tentée par Louis de la Cer-
da, Comte de Clermont, petit-fils d'Alfonfe de la Cerda, lequel
É i étois
%6
CAN.
étoit petit-fils d'Alfonfe X. Roi de Caftille. Ce Comte ayant ouï
dire que ceux de Gènes & de Catalogne avoient fait voile jufques à
cesilles, feréfoluten 1 3 44. de les chercher, & il en eut le don par
avance du Pape Clément VI. qui l'en couronna Roi dans Avignon.
Mais il abandonna fon entreprife.pour venir prendre emploi dans la
guerre que la France avoit contre les Anglois.^ Jérôme Surita, qui
dit à peu près la même chofe, rapporte que l'an 1343'. Louis de
laCerda, Comte de Clermont , fut couronné Roi des Canaries , à
condition qu'il iroit les conquérir, & qu'il y feroit prêcher la foi:
maisquecedeffeinneréuffit pas. Qu'en i39f. des Avanturiersde
Guipufcoa, & d'Andalouiie enEfpagne, allèrent à la découverte
decesifles, & qu'ils pillerattLancelote, avec quelques autres. Il
ajoute qu'Henri III. Roi de Caftille permit en 140 1. la conquê-
te des'Canaries à Robert de Braquemont, qui en donna la commil^
iion à Jean de Bethencourt {an parent : & que celui-ci obtint le titrb
de Roi , £c bâtit une fortereffe dans l'ifle de Lancelote» Voyez
Bethencourt. * Benzoni, Hiftotre du Nouveau Monde. Goma-
re, Hifioire des Indes. Jérôme Surita , Compientaire fur l'Itinérai-
re cFAntonin. SUP.
C A N A T H E ,fontaine près de Nauplie , dite aujourd'hui Na-
polie de Romanie. Paufanias aflûre que Junon fe lavant tous les ans
dans cette fontaine devenoit encore vierge , au ii. 8. Ptolomée
parle de Canathe ville de la Celefyrie, laquelle a eu enfuite Evêché
luffragant de Boftra. *
CANAVESE , ou II Canavese , pais de Piémont en Ita-
CAR
cher les courfes des voleurs , qui feifoient de continuels brigahdageà
fur les firontieres de ces quatre provinces , 8c iè retiroient fijr les
montagnes. Il y a un beau pont de bateaux à Cancheu , bâti fur
cent trente bateaux, attachés avec des chaînes de fer. On voit des
moulins fur la rivière , faits comme ceux d'Italie 8c d'Allemagne 5
8c on s'en fert pour faire monter les eaux , 8c les faire entrer dans les
campagnes femées de ris. * Martin Martini , Defcriftion de la Chi-
ne, dans le Recueil de Thevenot, vol. 3. SUP.
C A N D A C E , nom commun à toutes les Reines de Meroé.
L'Eunuque d'une de ces Princeflês, revenant de Jeruiàlem,où com-
me Profely te il étoit allé rendre iês vœux au temple, rencontra le
Diacre Philippe quilebaptifà,commeil eft rapporté dans les Aftes
des Apôtres , chaf. 8. Ce nouveau converti fut l'Evangelifte de
Jesus-Christ en Ethiopie , félon le témoignage de Saint Irenée,
de Saint Jérôme , de Saint Cyrille de Jerufalem,d'Eufebe 8c de di-
vers autres làints Dofteurs. Saint Dorothée ajoute, qu'il prêcha
auffi dans l'Arabie heureufe 8c dans l'ifle de Taprobane ; éc qu'il
fut enfin honoré de la couronne du martyre. Pour Candace en parti-
culier,Strabon parlant des viftoires que Petronius remporta en Afri-
que , dit que de ces quartiers étoient les Capitaines de cette Reine,
qui regnoit de fbn tems en Ethiopie , qu'elle étoit d'un courage mâ-
le 8c n'avoir qu'un œil. Continuant enfuite à parler des viftoires de
ce Romain , il fait mention des Ambaflàdeurs que cette Princeflb
lui envoya, 8c comme elle ne voulut pas lui accorder les deman-
des , il lui prit la ville de Napata d'où fe fàuva un de fes fils. Or
lie, entre la ville d'Ivrée8ilariviereduPô. Il a été autrefois dans j félon le rapport des tems, cette Reine devoit être celle dont nous
k Montferrat , mais préfentement il fait partie du Piémont, ayant j parlons. Cafiubon n'eft pas pourtant de ce fentiment,queMar-
été cédé au Duc de Savoye par le Traité de Querafque de 1634; 1 mol 8c Jean de Barros eftiment très-raifonnable ; ce qui feconfirmc
C A N A Y E , (Philippe la) Sieur du Freine , Confeiller d'Etat , même par le témoignage de Pline. * Saint Irenée , /;. 3 . caf. 1 2.
étoit de Paris,où il naquit en ïjji. Son père Jaques la Canaye étoit Saint Jerômel, fur le chap. j-i. d'If aïe. Saint Cyrille de Jeruialem,
un célèbre Avocat , qui le fit élever avec beaucoup de foin. Dès l'a- j Ca/er/ï.Eufebe,/;. i.c. i. Saint Dorothée,»» Synopf. Strabon, li. i-j.
gede 15-. ans on le fit donner dans la créance des Calviniftes, mais
Dieu lui fit depuis la grâce de l'en retirer, comme je le dirai dans
la fuite.Pour éviter le malheur des guerres civiles qui defoloient alors
la France, il entreprit de voyager en Allemagne,en Italie , 8cinême
à Conftantinople. Il publia la Relation de ce dernier voyage fous le
nom d'Efhemerides. A &n retour en France , il parut dans le Bar-
Pline, Hijl. natur. li. 6. cap. ip.Marmol, li. 20. cap. 23. 8c Jean
de Barros, //.j. chap. 2. (^c.
CANDAHAR, ville 8c province de l'Afie, autrefois dans la
Perfe,8c aujourd'hui dan-s les Etats duGrand-Mogol. EUe efl: aflèz,
engagée dans la Perfc qu'elle a au Couchant , au Midi , 8c au Septen-
trion. Hajacan lui eft au Levant. On dit que la province de Canda-
reau du Parlement de Paris , 8c s'yfiteftimer. Son mérite le rendit har eft affez fertile, 8c lùr-tout vers le Midi, mais qu'elle manqu
cher aux Rois Henri III. 8c Henri IV. Le premier lui permit d'à- de bonne eau, celle qu'on y trouve étant ou filée ou puante. Les
voir une charge de Confeiller d'Etat;8c le dernier l'employa dans des Pattans, lesAguans, 8cles Coulis, qui font des voleurs, font fou-
négociations importantes , l'ayant envoyé Ambaffadeur en Angle- 1 vent des courfes dans cette province , pour y attendre les caravanes
terre , en Allemagne , 8c puis à Venife. En i ^ç)j.. ce grand Monar- ' qui y palfent ordinairement , vAant des Indes dans la Perfe. Ce
que le nommaPrelident de la Chambre mi-partie de Caflxes ; 8c Mr. ' paflàge rend la ville de Candahar confiderable.à caufe des droits que
de la Canaye exerça cette charge avec tant d'integrité.de fageife.Sc les marchandées y doivent. Elle n'eft pas grande, mais aflèz forte
de defmtereflèment, qu'on peut dire que fa converllon fut larécom- } 8c d'une aflTiette avantageufe.C'eft le fujet de la guerre entre lesPeriès
penfe de tant de probité 8c de mérite. Jefaibien que ceux delaRe- | 8c le Mogol. Cusbefcunnan eft une autre ville de cette province,
îigion Prétendue Reforméeen ont parlé autrement: maisUs nous les autres font très-peu importantes.J.B.Tavernier,K())'a^Cf</ej/WBJ.
difpenferont de les croire fur ce fujet. M.du Frefne fut un des Juges
de la célèbre Conférence qui fe fit l'an 1 600. à Fontainebleau , entre
M.duPerron,alorsEvêqued'Evreux8cpuisCardinal,8c le Sieur du
PleiTis-Mornay ; 8c ce dernier défendit fi mal fa caufe , que plufîeurs
abandonnèrent fon parti. Celui dont je parle, fut un des plus il-
luflxes , 8c le Pape Clément VIII. lui en témoigna fa joye par une
Lettre obligeante. L'année d'après le Roi l'envoya à Ventfe en
qualité d'AmbaflÂdeur,Sc il continua à augmenter fa réputation par
fa conduite 8c par fa fageflè. Il eut même le bonheur de contribuer
à accorder les differens de cette Republique 8c du Pape Paul V. qui
lui témoigna hautement fa reconnoiflance, Après cela Philip-
pe de la Canaye revint en France 8c y mourut le 27. Février de l'an
1610. Ilavoit compofé divers ouvragés , dont on a pubUé feule-
ment III. volumes («yôiiodefes AmbaflTades, où là Vie eft à la tête
du premier tome.
CANCER , ( Jaime) connu fous le nom de J acobus Cancerus ,
Efpagnol, a vécu fur la fin du XVI. fiecle, en ij'po. Il étoit de
Balbaftro dans le Royaume d'Aragon , 8c il s'établit à Barcelon-
ne dans la Catalogne , où il exerça la profeffion d'Avocat 8c y
mourut âgé de 72. ans. Il a laiifé un Ouvrage excellent , que
nous avons en III. volumes fous ce titre : Varix Refolutionesyu-
risCxfarei, Fontifieii &municipalis FrincipatusCatalonii. Coniul-
tez Nicolas Antonio.
CANCER, (Jérôme) Poète Elpagnol , renommé à la Cour
de Madrid , où il mourut au mois de Septembre de l'an 1 6jj. * Ni-
colas Antonio , Bibl. Hifl.
CANCER, ou Ecrevifle : un des douze Signes du Zodiaque ,
CANDALE , Maifon. La maifon deCANOALE étoit une bran-
che de celle de Foix. Archambaud Sieur de Gralli , Captai de Buch,
Vicomte de Benauges , 8cc. fut Comte de Foix par fon mariage
avec Ifabelle de Foix fœur unique 8c héritière de Matthieu,Com-
te de Foix , comme je le dis ailleurs. Archambaud mourut en
i4i2.8clfabelleen 1426. Leurs enfans prirent le nom 8clesarmes
de Foix. Le fécond Gafton de Foix, Captai de Buch, Comte de
Benauges, Chevalier de l'Ordre de la Jarretière en Angleterre , eft
tige des Comtes de Candale, deGurfon, 2c des Seigneurs de Ville-
franche. Il époufale 10. Avrilde l'an 1410. Marguerite d'Albret
fille d'Arnaud Amanjeu Sire d'Albret 8c de Marguerite de Bourbon,
& il eut de ce mariage Jean de Foix I, lequel prit allianceavec
Marguerite de SufFolk héritière du Comté de Candale en Angleter-
re. Ce Seigneur laiflià entr'autres enfans Jean de Foix Canda-
le IL du nom , lequel prit alliance avec Catherine de Foix fà
coufine , fille de Gafton IV. Comte de Foix 8c d'Eleonor Reine de
Navarre. Leurs enfans furent Gafton II. qui fuit; Jean Archevê-
que de Bourdeaux , mort en ij-27. ou 28; un autre Jean Vicomfe
de Meille , Sieur de Gurfon , 8cc ; 8c Anne de Foix Candale mariée 3
Ladiflas VI. de ce nom Roi de Hongrie 8c de Bohême , 8c mère de
'Lonis ait le Jeune, qui fucceda aux Etats de fon père, 8c d'Anne
femme de l'Empereur Ferdinand I. Gaston II. de Foix
Candale époufaMate ou Marthe d'Aftarac fille aînée 8c heritie-
rede Jean. Henri de Foix Candale fut Gouverneur de
Bourdeaux en 15-68. Il eut beaucoup de part à la faveuv du Conné-
table de Montmorenci fon beau-pere ; & il fut tué en 15-7 3 .au liège
deSommieres en Languedoc. 11 avoit époufé en iy67. Marie de
lequel eft compofé de neuf étoiles , qui repréfentent , à ce que l'on Montmorenci fille d'Anne de Montmorenci Connétable de France,
dit, la figure d'une ecrevifle. Le Soleil entre dans ce Signe au mois
de Juin , 8c fait alors le Solftice d'Eté , commençant à révenir vers
l'Equateur: d'où il eft plus croyable que l'on a pris fujet d'appeller
cette Conftellation Cancer , parce que le Soleil y entrant femble
marcher à reculons comme l'écreviflê. Les Poètes ont feint que
c'eft l'écreviiTe que Junon envoya contre Hercule, lors qu'il com-
battoit l'hydre de Lerna, 8c qui le mordit au pié. Ce Héros, di-
fènt-ils, tua cette ecrevifle ; 8c Junon, pour la récompenfer,la mit
dans le ciel au nombre des Conftellations. Hyginus, Aftromm.
loëtic. Cxfius wCœlo Aftron.ScPoëtico. SUP.
CANCHE , ou LA C anche , ^uentia 8c Cantius, rivière de
France en Picardie , a fa fource dans l'Artois près de Blavincour ,
8c paiTe à Ligny fur Canche , à Heidin où elle reçoit le Ternois , 8c
enfuite à Montreuil 8c àEftaples où elle fe jette dans la mer.
CANCHEU , grande ville de la province Kiangfî,dans la Chi-
ne. Elle eft capitale d'un territoire de même nom , 8c gouver-
ne onze cités. C'eft une ville fort marchande 8c de grand abord.
Il y a un Viccroi qui y fait là demeure , 8c commande à quelques
villes des provinces de Fokien , deQuantung, 8cdeHuquang,qui
font voifines de Cancheu. CeViceroi n'eft point inférieur au Vice-
roi de laprovincedeKiangfîiScaété établi en ce païs pour empê-
8c il en eut une fille unique , Marguerite de Foix Candale.
Celle-ci fut mariée en ij-87.avecJean-Lôuïs de la Valette, Amiral
de France , 8cc. 8c il en eut Henri de la Valette dit de Foix , Duc dé
Candale, premier Gentilhomme de la Chambre du Roi , mort à
Cazal fans pofterité l'an 163 9, Bernard qui fuit , 8c Louis Cardinal.
Bernard Duc d'Efpernon , de C a n d a l e , 8cc. époufa en.
1622. Gabrielle Angélique légitimée de France , fille naturelle
d'Henri IV, dont il eut Louis Charles Gaston connu fous le
nom du Duc de Candale, mort à Lyori le 18. Janvier i6j-8.8c
Anne Cliriftine Louïfe Religieufe Carmélite , au fauxbourg S. Ja-
ques à Paris. Je parle ailleurs de la Maifon de la Valette.
CANDALE. Cherchez Foix , (François de) Evêque d'Aire.
CANDALE , Comté en Angleterre , qui entra dans la Maifon
de Foix , par le mariage de Jean de Foix I. du nom avec Margue-
rite de Suffolk , héritière de ce Comté. SUP.
CANDAULES, que les Grecs nommoient Myrfil, félon Hé-
rodote , étoit fils de Myrfus ou Melès , forti d'Alcée fils d'Hercule.
Il fut le dernier Roi de Lydie de la famille des Heraclides . On fixe le
commencementde fon règne en 3 3 23. du Monde. Il aimoit avec
tant de paflîon fa femme, que fon amour lui faifoit croire qu'elle
étoit la plus belle perfonne du monde. Entêté comme il étoit de cet-
CAK
te îttiaginatiôn , il voiilut qu'un de fes Favoris , nommé Gygès , h
vît toute nue. La Reine conçut tant de douleur de cette aâion , &
elle fut animée d'une 11 forte haine contre fon mari , qu'elle con-
traignit Gygès ou de le tuer , ou de fe préparer à la mort. Gygès
préférant Ion falut à celui de fon Souverain le tua l'an J340. du
]yionde,8c depuis époufa cette Reine,8c fe fitRoi deLydie,commen-
çant la Dynaftie ou lignée des Mermnades , qui durajufqu'àladé-
feite de Crœlus , l'an ^ r o . de Rome. Le règne de Candaules fut de
dix-huit ans. * Eufebe , dunsfa Chron. & Hérodote , li. i . ou Clio.
CANDE' , ou C A N D e' s , Cand^um 8c Cundenfis vicus , bourg
deFrancedanslaTouraine Ssfur les frontières de l'Anjou.ll eft lîtué
fijr la rivière de Loire , dans l'endroit où elle reçoit la Vienne. Can-
dé eft encore célèbre dans les Ecrits de Sulpice Se vere 8c de Gregoi-
■ re de Tours, en parlant de Saint Martin , qui mourut en ce bourg le
II. Novembre de l'an 400. Candé eft encore le nom d'une rivière
de Languedoc qui fe jette dans l'Aveirou.
CANDEA, ou Candi, ville 8c royaume des Indes dans l'If-
le de Ceilan. Ce royaume eft fitué au milieu de l'Jfle 8c eft le plus
confiderable du pais. La ville fur la rivière de Trinquilemale eft af-
ièz grande 8c bien peuplée.
C A N D E'E N S, anciens peuples du golfe Arabique , que quel'
ques-uns ont appelles Opbiophages, parce qu'ils avoient coutume de
lé nourrir de ferpens, *Pline,/ix'.6.c^. ^ç.Meh, liv. ^.SUP.
CANDELAIR. Cherchez Chaunduler . |
CANDELARO, rivière d'Italie dans le royaume de Naples.
ElleafafourceauxMonts AppenninsdanslaCapitanate, 8c fe jet-
te dans la mer Adriatique, près de Manfredonia. 11 ne la faut pas
confondre avec Candelora , ville 8c Principauté de l' Anatolie dans la
Caramanie.
C A N D E' S. Cherchez Candé.
CANDI. Cherchez Candea.
C ANDIDIEN , Comte des Domeftiques de l'Empeteur Theo-
dofe le Jeune. C'étoit une charge à la Cour des Empereurs de
Conftantinople. 11 affifta l'an 431. par ordre de ce Prince aU Con-
cile d'Ephefe , pour y faire obferver l'ordre 8c la paix ; mais s'étant
laifîe gagner à Nèftorius , il écrivit à l'Empereur contre les Prélats
Orthodoxes , Se fur tout contre S.Cyrille. Theodofe fut depuis dé-
trompé de ces calomnies par les lettres des Evêques du Concile ; 8c
il punit le Comte Candidien. * T. II. Concil. Baronius, A.C.^ii.
[C A N D 1 D U S. C'eft le nom d'un des Martyrs à'Agamum ,
préfentement S. Maurice en Chablais. 11 foufirit fous Diocletien ,
environ l'an cclxxxvi . Voyez ia paffion écrite par S. Eachere, Evê-
que'de.Lyon, piTtailes Adafincera Theod. Ruinarti.]
[CANDIDUS , Martyr de Seljafte en Arménie , qui fouffrit fous
Licinius, en cccxx. Voyezlaxx. Homel.duT. i.deS.Bafile.]
CANDIDUS, Auteur Ecclefîaftique , vivoit au commence-
ment du III. Siècle , vers l'an 200. fous l'Empire de Severe; il com-
pofadiverfèsexpUcations fijrl'oeuvredesllx jours , cpmme nous
l'apprenons de Saint Jérôme 8c d'Eufebe , qui parlent de cet Ouvra-
ge que nous n'avons plus. * Eufebe, /» Chron. Saint Jérôme, de
Scri}t.Eccl.c.^S.
CANDIDUS, Hiftorien, vivoit fur la fin du V. Siècle, vers
l'an 490 ; il étoit Ifaurien. Il compofa une Hiftoire qui s'ouvroit
avec l'Empire de Léon, ou de Zenon, comme dit Voffius , 8c
finiflbit au commencement de celui d'Anaftafe. Il étoit Chrétien,
êc il défend le Concile de Chalcedoine comme orthodoxe. Photius
rapporte quelque chofè de lui , 8c accufe fon ftyle d'être trop Poéti-
que * Photius , Biil.c.yç. VolTius, deHiJi.GrM.li.i.c.ii.
CANDIDUS, de Fuldes , Religieux de l'Ordre de S. Benoît ,
vivoit dans le IX. Siècle, vers l'an 820. on le nomme de Fuldes ,
parce qu'il étoit Moine dans cette Abbaïe en Allemagne. Il compo-
fa en profe 8c en vers la Vie de Saint Egile Abbé , que le P. Chrifto-
phle Brower publia en 161 6. Candidus compofa encore celle de
Saint Baugolfeauffi Abbé de Fuldes, 8cc. * Brower, in prafat. ad
■vit. ^gil. Voffius, deHift.Lat. Le Mire, inAuci. g^c.
CANDIDUS, Prêtre Anglois, que quelques-uns ont confon-
du avec Candidus Hugo,qui eft ci-apres. Celuidontjeparle, vivoit
en 790. 8c a fait quelques Ouvrages citez par Alcuin.
' C A N D I D U S , ( Hugo ) ou White Religieux de l'Ordre de
Saint Benoît , étoit Anglois , £c a vécu dans le XIII. Siècle, vers l'an
1217. On lui a attribué divers Ouvrages 8c entr'autre's rHiftoîre du
Monaftere dans lequel il étoit , dit Peterborough. * Leland , Pitlèus,
yoffius, 8cc.
_ C A N D I D U S, (Pantaleon) Miniftre Proteftant en Allemagne,
étoit d'Autriche, oùilnâquitle7.0â:obrederan 15-40. Le nom
de fâ famille étoit Meih , qu'il changea à la perfuafion de Melanch-
thon, pour celui de Candidus. Il fut Miniflre à Deux-Ponts 8c mou-
rut le 3 . Février de l'an 1608. Il a écrit divers Ouvrages. Auftrin-
corum lib. VI, l'Hiftoire des Goths, des Tables Chronologiques
depuis le commencement du Monde jufqu'en ij'97. qu'il continua
juîqu'en 1602. Efilafhia , 8cc. * Melchoir Adam, Vit. Theol.
Cerm.^c.
CANDIDUS DECEMBER, (Pierre) Italien , vivoit dans
le XV. Siècle, en 1460. Il étoit de Vigevano ville dans le Duché
de Milan 5 il s'avança dans les belles Lettres 8c dans les Lan-
gues. Il les enfêigna avec réputation à Milan. Philelphe l'accufe
d'avoir eu l'efprit un peu trop médifant ; mais il y a apparence
qu'il le dit , ou par haine , ou par envie , parce que Candidus
December 8c lui n'étoient pas amis .December eut beaucoup de part
dans la bienveillance du Pape Nicolas V. 8c des Princes d'Italie , qui
aimoient les Lettres. Il traduilîtAppian Alexandrin.à la foUicitation
d Alfonfe V. Roi d'Aragon , 8c premier de ce nom. Roi de Naples.
Il ne réiifïit pas néanmoins en cet ou vrage.foit qu'il n'eût pas un bon
manufcrit , ou pour quelque autre raifon. Depuis,il écrivit la Vie de
PhilippeVifcomtiComte deMilan.FrançoisSforce Prince du même
Tom, U.
CAR
Etat lui fît de grands biens, 8c il mourut à Milan, âgé de quatre-
vmgtsans. On voit fon épitaphedansl'EglifeS. Ambroife;*Paul
Jove, inElog.ma.c.i^. Leander Alberti , Voffius, 8cc.
C A N D I E , ou Crète , iQe 8c royaume de l'Europe dans la mer
Méditerranée, au fi. degré de longitude, 8c au 44. de latitude
tlleeftfituéeà l'entrée de l'Archipel , Se s'étend de l'Orient à l'Oc-
cident, regardant d'un côté rAfie,8cde l'autre 1* Afrique. Du cô-
te du Septentrion elle eft battue de la mer Egée, 8c de celle qui de
ionnomeftappelléeCretique ou mer de Candie; 8c du Midi elle
reçoit es vagues de la Méditerranée , qui n'a pour bornes que la Li-
bye 8c 1 Egypte. Sa plus grande longueur fe prend du Cap Salomoni
au Cap Cornico ; 8c contient foixante 8c dix milles d'Allemagne. Sa
largeur n eft que d'environ quinze milles Germaniques j le païs
bon Se fertile , avec divers ruifTcaux 8c quelques montagnes, en-
tre lefquelles le Mont Ida, aujourd'hui PJ,lor,ti, eft la plus haute 3
Je Ion fommet on découvre les deux mers. Les Anciens lui don-
noient lenomdeCre?e, quelques-uns ont cru que ce nom lui fiit
impofé au fujet de la Nymphe Crète fille d'Hefperus. Les autres le
font venu- de Crés Roi des anciens Curetés. Il y en a quifoùtien-
nent Qu'elle s'appelloit Aérie, puis Cureté , 8c enfin Macaronefi,
ceft-à-dire, ip fortunée, à caufe de la douceur de fon air. Sesha-
bitans ont été les premiers , qui fe rendirent puifTans fur mer,par la
navigation , 8c fur terre par Fufage des flèches. Outre leur expérien-
ce fur la mer, ils enfeigncrent la façon de mêler les efcadronsde
Cavalerie, 8c de drefler les chevaux au manège. Ils furent auffi
les premiers qui mirent les loix par écrit , 8c on croit même qu'on y
inventa la Mufiquc. Cette ifle fut aulTi célèbre par le labyrinthe
de Minos , de l'invention de Dédale , par le vaiffeau nommé le Tau-^
reau qui fervit à enlever Europe , par les amours de Pafiphaé , & par
la naiffance de Jupiter, à qui cette iHe étoit confacrée. C'eft pour
cette raifon qu'on la nommoit l'ijle de Jutiter, comme Virgile i
li.^.JEneïd.
Creta fovis magni média jacet infula. Ponto.
On la divife aujourd'hui en quatre territoires , qui portent les noms
d'autant de villes principales. Candie qui en eft la capitale , la Ca-^
née, Rettime, 8c Sittia. Les Anciens lui ont donné jûfqu'à cent
villes, 8c l'ont nommée pour cela Hecatonpelis. Ses habitans ont
toujours pafle pour vicieux , menteurs , 8c pirates. Ils obéijent pre-
mièrement àdes Rois, puis à quelques Capitaines vivans en repu-»
blique. Les Lacedemoniens fous la conduite de leur Roi Agis pri-
rent la Candie au nom du Roi Darius, l'an 422. de Rome. Mais
ils ne la gardèrent pas long-tems.L.Caelius Mctellus étant Confùl en
686. de Rome,68. ans avant l'Ere Chrétienne,la prit. Depuis, cet-
te ifle fut fujette aux Empereurs de Rome, 8c à ceux de Conflanti-
nople, jufqu'à l'an 823. que les Sairafms s'en failirent , 8c y bâti-
rent la ville de Candie qui a donné fon nom à l'ifle. Nicephore
Phocaslarepriten962.8cSaintNicony rétablit la foi Catholique,
Boniface Marquis de Montferrat en étoit le maître, 8c après kpri-
fe de Conftantinople par les François 8c les Vénitiens il la vendit à
ces derniers par 'Traité pafTé le 12. Août de l'an 12 04. avec Henri
Dandolo Doge dé Venife. C'eft depuis ce tems que les Vénitiens
étoient maîtres de la Candie , oii ils avoient fait fortifier quelques
places en diflèrentes occafîons.Les Candiots fe révoltèrent fouvent*
& l'an 1 3 64. ils fe voulurent donner aux Génois ; mais la fage poH-
tique des Vénitiens les a toujours foûmis à leur domination. Les
Turcs ayant fait mine d'affieger Malthe en 164^. après uneprifè
confiderable que les Chevaliers conduits par le Commandeur de
Bois-Baudran avoient faire en 1644. d'une Sultane 8c d'un Prince
Ottoman, ils fe jetterent pourtant fur la Candie, où ils ont tou-
jours continué la guerre jufqu'en 1669. IlsprirentlaCanée le26i
Août de l'an i64f. Depuis, ils ont tenu la ville de Candie affiegée.*
Le Pape Clément IX. ayant été élevé au Pontificat s'employa pour
procurer du fecours à cette ville, contre les efforts des Barbares.
Les François à la foUicitation de ce Pontife pafferent les mers,pour
aller donner des marques de leur bravoure pour ladéfenfe de la foi
8c des Vénitiens contre l'ennemi commun du nom Chrétien. Mais
après une guerre opiniâtre de plus de vingt ans , la ville de Candie
fut enfin obligée en 1 66^. de fe rendre aux Ottomans, par une com-
pofition honorable. J'ai parlé des quatre parties de l'ifle de Candie*
On dit que Gortina dans la vallée deMefarée a été autrefois la capita-
le. Cette vallée eft au Midi de l'ifle , 8c il y a encore les campagnes
de Life, LafcLlo Campo , OmalCampo. On trouve de ce côté le
long de la côte les villes de Gierapetra , Antropoli, Stramatali , Gi-
irotela , Sfacia , Fenice. Les villes qu'on trouve vers le SeptentrioHj
font Sittia, Mirabcl, Candie , Rettimo , laCanée» Celles de ter-
re ferme font Certonefè,Cinofà, Gortina, Olerno, &c. On af^
fure que vers la fource du ruiffeau ditLenée.qui eft auNord duMont
Ida ou Pfiloriti , on trouve une grote taillée dans le roc, que l'on
dit être le labyrinthe de Minos que Dédale y fit creufèr , comme jfi
le dis ailleurs. Les principales fortereffes de la Candie font leGra-
bufer, la Suda, 8c Spinalongua, qui font reftées aux Vénitiens ,
par la dernière paix avec la Porte. Pour la Religion , les Nobles
Vénitiens 8c les Candiots y font Catholiques Romains; mais les au-
tres habitans de cette ifle fuivent prefque tous les cérémonies de
l'Eglife Grecque. Pline, //. 4. c. 12. Strabon , ti. 10. Solin, c.
16. Pomponius Mêla, //. 2. Cedrene , Zonaras , An. Gr. Jufti-
niani, Uift.Ven.li. 2.3.4. &fi<'v- Sabellicus, U. 2. Bellon, /;. 2,
Ohfer: c. 4. e^ /c^. Du Gange , Hijl. de Conft. &c.
CANDIE, ville de l'ifle de Candie, à laquelle elle a donné
fon nom. J'ai déjà remarqué qu'on eftimequelesSarrafinsenforft
les fondateurs. Elle eft fituée dans la partie de l'ifle qui regarde le
Septentrion vis-à-vis de l'ifle de Standia,8c l'art 8c la nature ont con-
tribué à la rendre très-forte. Il y a eu un fîege d'Archevêque qui
avoit neuf Suffragans. Les Turcs l'affiegerent en 1645-. après la
bataille de Carvaca , 8c furent obhgez de fe retirer après y avoir per-
du les meilleures de leurs troupes. Ils la tinrent pourtant bloquée
E 3 de
y%
CÂN'.
td«près, jufqu'en 1667. qu'ils recommencèrent le fiegeau mois
de Mai; &ne la prirent par compoiition qu'en lâôp. On eftime
oue les Infidèles ont perdu cinq ou lix cens mille hommes a ce hege,
quiaexpofé leur Etat à des révoltes fouvent commencées dans la
ville de Conftantinopk. _ ^
GANDISH , ouCavendish, ( Thomas ) Gentilhomme
Anglois, de la Province deSuffolck. Après s'être fignale dans
quelques combats, & avoir rendu des fervices confiderab es a fa
patrieai fit deffein de paffer dans 1' Amerique,pour chercher de nou-
veaux hazards. Dans cette réfolution il fréta un navire a fes dé-
pens l'an ij-Sf. 8c ayant couru la Virginie, la Floride, 8c quel-
ques illesvoifines, il retourna en Angleterre avec beaucoup de n-
cheflfes.Cefuccès lui fit entreprendre un fécond voyage, pour fau-e
le tour du monde. Il partit du port de Plimouth , en Juillet i fSâ.
avec trois galions, accompagné de cent vingt-cinq Soldats. Leur
première defcente fut dans un havre nommé Sierra- Liona , fur les
côtes de la Guinée , où il fit im butin confîderable. PafTant enfuite la
ligne équinoxiale , il arriva aux côtes du Brefil , 8c traverfa le dé-
troit de Magellan,au mois dejanvier de l'année ifSy. De là il fuivit
les côtes de Chili , puis dans l'ifle de Californie , d'oii il fit voi-
le aux ifles des Larrons, puis aux Philippines, Êc aux Moluques.
Enfuite il gagna le Gap de Bonne Efperance; 8c ayant côtoyé toute
l'Afrique, rentra dans le port de Plimouth , en Septembre 15-88.
où il apporta des richeflès immenfes. Trois ans après , il^ retourna
au détroit de Magellan, avec cinq navires ; mais la tempête le jetta
fur les côtes du Brefil , où il périt à la fleur de fon âge. * Ifaac
Bullart, Académie îles Arts. SU P.
C A N E' E , ville de l'ifle de Candie capitale d'un territoire ,
avecEvêché. Elle a été nommée autrefois Cy^te, 8c par les Grecs
la mère des villes. Cette ville fut emportée par les Turcs le 16.
Août de l'an i<545-.
C A N E N T E , femme de Ficus Roi d'Italie. Elle s affligea
fi fort de la perte de ce Prince , que fes douleurs la firent mourir; 8c
elle ne laiilà rien de foi que fon nom, qui fut donné au lieu où elle
expira. * Ovide , //. 14. Metam. fub. 6.
CANEVARI, (Demetrio) Médecin , étoit de Gènes , où il
naquit en if^ç.ïl étudia à RoméjOÙ s'étant rendu très-habile dans
les LanEiies,dans les belles Lettres, 8c dans la Médecine, il s'aquit
beaucoup de réputation Se de très-grands biens , 8c y mourut en
1615-. Jean Viâor Rolfi, connu fous le nom de Janus Nicius Ery-
thrsus, l'accufe d'avoir été avare.mais d'autres parlent avantageu-
fement de lui. Demetrio Canevari lailfa une très-belle Bibhothe-
que. Nous avons aufîi divers Ouvrages de fa façon. ArsMedkit.
De Ligm fancîo commentanum , (^c. * Janus Nicius Erythraeus ,
de'Scrit. Mf</. Soprani 8c Juftiniani, Scrid délia Ligur. Ottaviano
Canevari, 8cc.
CANICULE, Signe celefte, qui fe levé le feiziéme jour de
Juillet , 8c paroît fur nôtre horifon pendant fix fcmaines , qu'on
appelle Jours Caniculaires. Pline, liv. 10. ch. 40. Les Grecs ap-
pellent ce Signe Frocyon, c'eft-à-dire , Avant-Chie», -parce qu'il y
a une autre Conftellation nommée le Chien , devant lequel la Cani-
cule fe lève un jour entier. Les Poètes ont feint que ceChien fiit éta-
bli par Jupiter Gardien d'Europe , 8c que fa fidélité mérita qu'il
fût placé au ciel. * Hyginus , dans fon Aftronomie Poétique, livi
z.desSignesCelefles. Cjefius, dans fonCiel Aftronomique (^ Foitique.
Voyez. Erigone. SUF.
CANILLAC, (Raimond de) Cardinal , Archevêque de Tou-
CAR ■
ilfinltfa vie ^ fes études e» Auvergne. Il avoit compofé quelques
OuvragCLs qu'on n'a pas eu foin de publier. Nous avons de lui
une Grammaire Greque 8c une Méthode pour apprendre les Lan-
gues Orientales fous ce titre , Inftitutiones Linguarum Syriac&,Aiïy-
riacA, ^ ThalrHudicA, unk cum Mthiopic^ ^Arabica collatione.
L.CANINIUSGALLUS, Conful Romain , avec Vipfa-
nius Agrippa, l'an 7 17. de Rome, 8c 37. avant l'Ere Chrétienne.
Ce fut en la même année que Jerufalem fut emportée par Herode,
alfifté par Caïus Sofius.
C.CANINIUS GALLUS,fut fait Conful à la place de M.
Plautinus Silvanus , mort en exerçant-cette charge. C'étoit l'an lèpt
cens cinquante-deux de Rome , auquel Onuphre, Sigonius , Pere-
rius, Salian, Salmeron, 8cc. mettent la naiffanee du Sauveur du
monde.
C. CANINIUSREBILIUS, Conful avec Jule Céfar,l'an
fept cens neuf de Rome. C. Trebonius étant mort le dernier jour
de l'an , on lui fubftitua , pour fept heures feulement , C. Cani-
nius Rébilius. Cequifitdire à Ciceron, que la ville étoit Migée à
la vigilance de ce Conful, qui n avoit point dormi durant tout le remt
de fin Confulat.
CANINIUS RUFUS,amidePlinele jeune',à vécu vers
l'anSo.defalut. IlcompofoituneHiftoiredesDacesenvers. Ce
que nous pouvons apprendre du même Pline , qui l'exhorte à entre-
prendre de grandes chofes. * Li. i.ep.^.(^li.h.ep.^.
C A N I S A , ville. Cherchez Kanife;
CANISIUS, (Henri) de Nimegue , a été non feulement uii
célèbre Jurisconfulte; mais encore trçs-favant en toute forte de Lit-
térature. Il étoit neveu du P. Pierre Canifîus , 8c ayant étudié
dans l'Univerfité de Louvain , onlechoifitpourenlèignerleDroit
Canon dans celle d'Ingolftadt : cequ'ilfitjufquesàlafin de fa vie
avec beaucoup de fuccès. Henri Canillus étoit aufli un homme
d'un rare mérite , qui avoit beaucoup de fcience 8c de modeftic,
une pieté folide , uue grande probité , un merveilleux difcerne-
ment, 8c un grand fond de jugement 8c de prudence. C'eft ce
qu'on voit dans fes Ecrits, qui font SiimmaJ-urisCanonici. C»m-
mentaritlm in Régulas furis.FrdeBio/ies Académies. De Decimis , Fri-
mitiis, Oélationiius , ^ Ufuris. In Lib.III.Decreta^in. De Spon-
falibus ^ Matrimonio , 8c divers autres Traitez d'Hiftoire & de
Droit Canon , avec VI. volumes d'un Ouvrage intitulé Antique
Le^iones, des anciennes Leftures , c'eft-à-dire , un Recueil dedi-
verfes pièces curieufes , 8c un thrélbr pour l'Hiftoire du moyen âge
8c pour la Chronologie. Il les publia en 1601. 2. 8c 3. ce qui fait
voir le tems auquel il a vécu. Henri Canifîus n'eft pourtant rrioTt
qu'après 1609. Comme on a négligé jufquesaujourd'hui[i697.]dc
réimprimer fes VI. volumes des anciennes Leâure$,8c que cet Ou-
vrage ne fe trouve que dans les Bibliothèques , on me faura peut-
être bon gré de marquer les Traitez qu'ils contiennent , 8c ceux
qu'on peut trouver ailleurs,
Le I . volume contient foixante 8c fcptEpîtres d'Alcuin , que lé
Sieur André du Chelhe a publiées en 1 6 1 7 . avecles autres Ouvrages
du même Alcuin. Une Lettre du P. Edmond Campiari,qu'on trou-
ve dans les Oeuvres de ce Père , qu'on adepuisdonnéesaupublic'
La Chronique deProfpeT,queScaliger 8c d'autres ont eu foin de faire
réimprirtier. Weingartenfis deGuèïfis Frincipiéus. EjufdemCiironi-
conàChriJlonatouJquead an. 1 197; Annales Henrici Sttronis ab ani
\ 1 1^1. ad i^y^. Annales Eèerardi Altaffenjis. L'Hiftoire de Charle-
magne en II. livres par un Moine de Saint "Gai, qu'on trouve dans
loufe, étoit de Canillac dans le Givaudan. Il entra parmi lesCha- le premier tome des Hiftoriens de France d'André du Chefne, Her-
noines Réguliers de Saint Auguftin, dans le Chapitre de Maguelon- U««»'' ContraSi Chronicon. Concilia Salisburgenfia. III. Viennen'
ne , où fon mérite le fit bien-tôt confiderer , 8c l'éleva jufqu'aux pre-
mières charges , ayant été élu Prévôt de cette Eglife. II avoit une
grande connoiflànce du Droit Civil 8c Ecclefiaftique. Guillaume
de Laudun Archevêque de Touloufe étant devenu aveugle, fe démit
de cette Prélature entre les mains du Pape Clément VI. lequel en
pourvût en 1 347 . Raimond de Canillac. En 1 3fo. il le mit au nom-
bre des Cardinaux , 8c il lui donna le titre de Sainte Croix de Jerufa-
lem, qu'il changea fous le Pontificat d'Innocent Vl.pour l'Evêché
de Paleftrine. Tout le facré Collège avoit une eftime fi particuliè-
re pour la vertu de ce Prélat , qu'après la mort d'Innocent VI. en
1362. il eut onze voix pour être élevé jfiir le Siège Pontifical. Ce
grand homme mourut le 20. Juin, de l'an 1 3 7 3 • à Avignon.où il fut
enterré dans l'Eglife des Frères Mineurs. On lui attribué quelques
Ouvrages 8c entre autres un des Recueils , Recolleilorum Liber. * Du
Chefne , Hijl. des Card. Frauf. Frifon , Gall. Furp. Auberi , HiJÏ.
des Card. Sainte Marthe , Gall. Chrift. é^c.
C^ Cette Famille des Marquis de Canillac eft noble 8c
ancienne. Outre ce Cardinal , elle a encore eu dans le XIV. Siècle
Dieu-donné de CanillacEvêque deSaint Flour.Ces Seigneurs,fous le
nom de Beaufort 8c Montboifrier,fe font fignalez à la guerre , pour
le fervice de nos Rois 8c de rEtat,8c plufieurs y ont payé de leur per-
fonne. Dans le XVI. fiecle , ils prirent fortement le parti des
Catholiques contre les Proteftans. Jean de Beaufort Marquis de
Canillac defendoit contre eux la ville de Xaintes en 15-70. Leurs
alliances font aufli très-illuftres.
C A N I N I O , (Angelo) natif d' Anghiari en Italie , vivoit dans
le XVI. Siècle , 8c fut célèbre par la connoiflànce qu'il avoit des
Langues . Jaques Augufte de Thou en parle ainli dans le 1 9 . livre de
fon Hiftoire.lur l'année 15-5-7. qui fut celle de la mort déCaninio.
Angelo Caninio d' Anghiari mourut environ ce tems-la. llétoit illufirepar
i'exaHeconnoiJfancec^u' il avoit non feulement de la Langue Greque, delà
Latine , & de l'Hébraïque , mais encore de la Syriaque ^ de toutes les O-
rientales. Ilfut long tems , pour ainfî dire,vagabond,enenfeignant toutees
ces Langues en Italie , à Venife , à. Fadou'é,à Bologne,^ puis m Efpagne.
Enfuitejlfut précepteur d'André Dudith de Hongrie,quifHt après cela en
Je I. Nous avons ces ConcUes dans les éditions de Bini,du P.Sir-
mond , 8c du Père Labbe. SanBi Columbani Foemata. Le P.Sirmond
les a fait réimprimer en 1 6 1 9 . avec les Opufcules d'Eugène de Tolè-
de. Foémata Sdomonis Waldrammi , ^ ^uirinaUa Metelli Te-
gernfeenjls. Ce I. volume fut imprimé en 1601.
Le II. volume publié en 1602. z.cssTv3xte.z,VitaSanéHEmme-
raniper Megiufredum éi' Atnolfum. Vita SanBi Laniberti. Gefla S-
pifcoporum Salisburgenfùimi Wlponi Fanegyricus. Udalfcalci Narrati»
de controverfiis inter Hermannum Epifcopum Auguflanum ^ Eginonem
Abbatem Sanili Udalrici , cum carminé de itinere ^ obitu ejufdent
Eginonis. VitaBeatiOitonis.ArnonisSalisburgenfis annotatio five index
eorum , qu& Eccleflés, Salisburgenfitradita funt. Vita Sanéii Erminotdi.
Vita SanSi Guntheri. Colleciio Hifiorica Chronographica ex Idacia
ér' aliis. ColkBio ex Toromacho j^ aliis. Memlogium Grxcorum ,
interprète Card. Sirleto.
Les traitez duIII. tome imprimé en 1603. font StinSU Gregorit
Thaumaturgi Anathematifmi , & duodccim capita defide. SanBi
Gregorii Magni Fapu i lib. III. Dialogorum fex cum dimidio capitA
Gnce reddita à SanSo Zacharia Komano Fontifice. Il faut voir la der-
nière édition des Oeuvres de Saint Grégoire en 1640. 8c 161 f.
Hippoliti Thebani Chronicon. Anaflafius Abbas contra fuduos.
Erancicorum Annalium Eragmentum ab an. 741. ad jç^. Andiç
du Chefne l'a donné plus exaft , dans le IL volume des Auteurs;
de l'Hiftoire de France. Joannis Ragufini Ord. Fradic. Oratio in
Concilia Bafilienfi. Elle fe trouve dans l'édition des Conciles deBini
8c du P. Labbe. Mgidius Carlerius ad Articulum Bohemorum , dé
corrigendispeccatis pubiicis. Difputatio CapituliEccleJiAFragenJis cum
Rocky fanai de Huffuicis Controverfiis , (^c.
Le IV. volume auflS publié en 1 603. contient les Traitez fuivans:
Leontius Byz,antius contra Eutychianoi , Nejiorianos , Enantiodocitas ,
ApoUinariflas , ^c. Ces Traitez fe ti'ouvent encore dans la
Bibliothèque des Pères de Cologne , de Paris, 8c de Lyon. S.Joannit
Damafceni contra Acephahs feu Menephyfilas ^ Nejiorianos. Voyez
la dernière édition des Oeuvres de Saint Jean de Damas 8c l'addition
à la Bibliothèque des Pères , par le P. François Combefis. Colleila^
réputationparfafcienceé'farjesambaJfades,ilenfeignaàFaris,&>enfin\nea contra. Severianos. Nicephori opufcula varia. Theodori HagiO'
étant entré domeftique chex. Gmllanme du Frat JEvéqitede Clermont, \politam difpuicitionei IIL HemicHi Kfilteifer de libéra fradieatione
■ J " ■ vtrbi
CAR
■vèrilDei. Joannes de folemar contra, TV. Artkulum^ohemorUm. i>e
tivili dominîo Ctericorum. On trouve ces Traitez dans les éditions
des Conciles de Bini , du P. Sirmond , 8c du P. Labbe. Vita SanBiBo-
nifacii (er Ù'iUièaUum ^ Othoîonum ^uUenfem. VVaSanSiWilli-
hiddi. DefunilationeEccUfAlUuminénJts^Tegernfeenfis. Item,
Chronicon Thailé fragmentum. Vit a S. SoU Angli Abbatis Sanlia
Walpurfù, SS. Kiliani , Karlomms , <^c. SmUi Bttrchurdi > Sanâi
Tiemonh.
Les Traitez du V. volume font S. Serapipnis lié. advfpus Ma-
mchaos. Item, VidymiAlexiindrm. Titi Bojirenfis. Zctchar'u Mity-
hnenjis. Excerpta ex lié. SanSi Hippolyti Fortuen/is (^ MaKtyris
Ipift.SauSiGregoni Njjfeni. Elle eft dans les Oeuvres de ce Saint
SanBiBaJïUi Magni rationes fyllogijlics, contra Arianos. Scholim Bttr
nomii. Expqfitio, SS. FF. Mugni Bafilii (^ Gregorii Theologi de fmSa
fide. Vhoti: Ifift. ad Michaëkm Bulgctrortim Regem,. ^ragmefitum
ieontii Cyprii adver^iùs Hebrxos. Vita SanBi Mechtildis. Frederici I.
txpeditio Ajiéi. Guilhelmi de BaldenfelHodoeporiconad Terrafft Sunc-
tarfi. TheidoriciThuringi Ord. Frad. Lié. VIII. de vitaSan^A, Flifa-
httlu. UalitghariiCameracenfis dt vitiis ^virtutibas ^ ordine Fœ-
Tiitentium Lib. V. Cet Ouvrage èfb dans la Bibliothèque des Pères.
• Le P. Menard Benediâin 6c le Père Jean de l'Oratoire ont publié le
VI. livre. Fœiiitentiale HaUtgharii. SetnBi Ifidori de conytrfis_. Al-
tumi'EpiftoladeConfeJJîone, ^c. Voyez l'édition des Oeuvres d'Al-
cuin. VitaSanéîiAdalberti. Guntheri Monachi HifloriaConJiantinor
politana. De Adélaïde conjuge Othonis I. EpiftoUFatifti Kegienfis ^
Defiderii Cadurceni. Ces dernières ont été publiées par Marquardus
Freherus&parduChefne. Evanfii Epift. contra eos,qai (anguinem
ammalium immundum ejfejudicant. S. Adamantii Scçti lib. III. de
SanBo Columbano. Cogitojc de vita S. Brigida lib. ABa S.Albani Mar-
iyrii. VitaHenrici à Zio'faltach Sue-vi. SynodutRegiaticina. Genea»
logia Caroli Magni. ABa S. Cuthberti Lindisfarnenfis Fpifcopi à V.
Beda carminé defcripta. Epigrammata feu Hymni facri Bernardi ,
Columbani. &c. S. Anthelmi li. II. carminé defcripti , I. de laude
lirginum , H- de oBo principalibus vitiis. Theodulfi elegia , ^c. Le
i?. Sirmond fit depuis imprimer en 1646. toutes les Oeuvres de
Theodulphe Evêque à'Oxieans.Sermo S. Galli. Vita S. M^gnj. S. Ore-
(ii defex cogitatiombus SS. libellus. Synodfts Augujlana an. ç^i. é*
Engilenheimenjis an. 94S. Nous avons les A£tes de ces Synodes dans
les dernières éditions des Conciles.
Enfin le VL tome contient les Traitez fùivans: Barlaami Epijl.
Jlumbert, SilvACandida Epi/copoS.R. E. Card. lib. adv. Michaelem
Tatr. C. F. (^c. S.Anfelmi Lticenjis H. II. contra Guibertum Anti-
patam. Epitomeèellorum,prorecuperatioi3eTemSanBa. Burchardi
de monte Sion , defcriptio Terrd S. Rudolf Itinerarium in taUfiinam.
Walajridi TraB. de [ubverfione Hierafalem. Alcuini Homili* , é'C.
^Voyez l'édition des Oeuvres d'Alcuin. Vita S. Henrici Imper. Retatio
^eorig.fund.^c.Monafterii Windèergenfis in Bavaria. EpitomeCano-
)ium,quamAdrianusI.CaroloMagnoRom<ioétHlit.MartyriHmSanBi
IJefiderii Viennenfis. Epift. Eugippii in "vitam Severini. Nous l'avons
Iflans le premier volume des Vies des Saints du P.Bollandus , fur le 8.
ïlaxivier. VitaSanBi Gregorii Mag?ti. Vita SanBiGebhardi Con/lantie^-
fis. Theodtdfi <^ Jon& Foemata. André du Chefne&leP.Sirmond
ont depuis publié les Poèmes de ces deux Evêques d'Orléans. Wala-
fridi Foëmata. Strabi Falden/is Hortulus. Hiabani ^ Nothkeri Martyr.
Eckerbardi de vita B. Notkeri cognomento Baléuli. Monument a Salis -
burgenfia. Chronica Salisburgen/ia. Defcriptio Terra S. AuBofe An-
felmoOrd.Minorum , ^ prsfatwJacobiViiriaci mHifi. Orient.
CANISIUS, (jaques) natif de Calcar dans le Duché de Cle-
ves , étoit Jefuïte , 8c a fait pluiîeurs Ouvrages.
CANISIUS, (Jean) Jefuïte , 8c neveu du P. Pierre Canifîus ,
a fait divers Ouvrages. Confultez les Auteurs citez après Pierre Ca-
nifius.
CANISIUS, (Pierre) de Niinegue dans le Païs-Bas , Reli-
gieux 8c premier Provincial de la Compagnie de J e s t; s en Alle-
magne, a été un des plus grands hommes du XVI. Siècle. Sa pru-
dence a paru dans les affaires où il fut employé ; il témoigna Ion zèle
poiu: la Religion contre les Hérétiques j 8c il fit voir fon érudition
dans les Livres qu'il a compoiez, dans les Académies où il enlèigna,
gc dans les villes ou il a prêché.Iljparut avec éclat dans le Concile de
Trente , 8c mourut en odeur de fainteté dans le Collège deFribourg,
^u'il avoir fondé. Ce fut le 21. Décembre 1597. âgé defoixanteSc
dix-fept ans.SesOuvrages font alTez connus,fans que je me mette en
peine d'en faire le dénombrement. Les plus confiderables font Sum-
fna doBrina Chrifii/tna, Inftitutiones Chrijtiana pietatis. De beatijjt-
mavirgine Maria. ér-c. Les PP. Matthieu Raderus 8c François Sac-
chini ont écrit fa Vie. * Le Mire, in Elog. £e/^. Guillaume Eyfen-
grein , in Catal. teft. verit. Alegambe 8c Ribadeneïra , Bibl. Script.
S.J.Valere André, Bibl.Belg. é'C
C A N I U S , Poète Latin , étoit de Cadis , 8c vivoit fous l'Empi-
le de Domitien. Il étoit ami de Martial , qui nous apprend que ce
Poète étoit de très-belle humeur , 8c qu'il ne cherchoit qu'à fe ré-
jouir. Ceft dans la 20. Epigrammedu III. livre,où il marque quels
jpouvoient être les Ouvrages , aufquels Canius travailloit.
Die , Mufa , quid agat Canius meus Rnfusi
XJtrumne chartis traàit ille viBuris
Legenda temporum aBa Claudianortim ?
An qua Neroni f al fus aflruit fcriptor ?
An éimulator improbi jocos Fhadri ? q>c.
'Ce Poète époufa deux femmes , Theophila favante , nuis un peu
trop libre ; 8c Sapho moins éclairée , mais plus retenue. Xe même
Martialrapporteceque j'écris, auli. ■}.epi^r.6^.&li.-j.ep.6S,
Caftiorhsc, Qp non doBior Ma fuit , iQpc.
CANNARES, Sauvages de k province de Quito, dans le Pé-
rou, en l'Amérique Méridionale. Ils font bien faits, 8c agiles de
corps. Ils portent leurs cheveux longs , fnais ils les ti-eflènt 8c lient
en nœuds autour de leur tête , en forme de couronne, ce qui les dif-
CAN. . i^
tihgue dès autres Sauvages. Leurs habits font de drap de laine oii
de coton; 8c ils fe fervenc de bottes faites fort proprement Leé
ifemmes y font belles, mais elles aiment trop les Efpagnols 8c les
étrangers. Elles travaillent ordinahement à la campagne , 8c cultii
vent les terres , pendant que leurs maris font l'office des femmeà
dans la maifon , 8c s'occupent à filer,ou à faire des ouvrages de laine
& de coton. Ce pals avoitplufieurs mines d'or très-riches , queleâ
Efpagnols ont epuifécs. Le terroir eft bon pçur le froment 8c pour
1 orge : 8c les vignes y font aflèz belles. ■ Le magnifique palais de
Thomebamba etoit dans le pais de ces Cannares; De Laet , Hif-
toire du Nouzieau Monde, SXJB.
CANNES , petite ville ruinée dans la PouiUe , dite aujourd'hui
Cannata deftrutta. Elle devint célèbre par la viftoire qu'Annibal
y remporta,& par la défaite de quarante mille Romains, conduite
par le Conful Paul Emile,que la ténïerité de fon Collègue Terentiuâ
Varro engagea au combat. Ce fut l'an y 38. de Rome, la cxli
Olynipiade , 8c environ 2 x6. ^s avant l'Ere Chrétienne. Le même
f aul Emile demeura mort fur la place , 8c Annibal envoya à Carthâ-
getroisboiifeauxremplis d'anneaux de ChevaUers Romains qui
avoientpéri en cette funefte journée. *TiteLive, //. %x. Florus »
/;'. 2 . c. 6. Polybe , //. 4. ^c.
C A. N N E S , bourg de France en Provence. II eft fitué fur Ja
mer, dans lediocefedeGraffe, vis-à-vis des ifles de Lerins. Clu-
yier a cru que l'Oxibius Fortus de Straboii qu'il nomme JEgyptnit
eroitaCannesimaisilfetrompe.car ce bourg n*a qu'une plage 8c
non pas un port , 8c le pais des Oxybiens étoit delà la rivière 1^ Var;
CANNIBALES , ou Caraïbes , peuples qui habitoient les ifleâ
Antilles; 8c qui n'en ont plus que quelques-unes. Us mangeoient
les pnfonniers qu'ils faifoient à la guerre , après les avoir fait jeunet
quelques joursi8c dévoroient les ennemis morts fur le champ de ba-
taille. Ils n'avoientauffi point de religion, 8c, blâmoient l'avarice^
La fréquentation desEuropéens 8c fur-tout desFrançois les a rendus
plus doux , plus civilifez , 8c plus traitables. Cherchez Antilles , 8c
confultez les voyages d'Oviedo , de Herrera, §1 la Relation des Aa-
tilles deRochefort, en l'Hifi. mw. i.par.
CANO , ou Chana , ville 8c royaume d'Afrique dans la Nî-
gritie. U a le ileuve Niger au Midi , Cailèna à l'Orient,les Agades au
Couchant, 8c ledéfert au Septentrion. La ville de Cano eft la ca-
pitale du pais , les autres font Tairava,Germa,8cc. Cano , fituée fur
le bord d'un lac , eft fermée d'une muraille de bois 8c de terre , & \ef
maifonsyfontdemême. Les habitans du pais y font prefquetous
Bergers ou Laboureurs. Le Roi étoit autrefois puifTant, Scentre-
tenoit de grandes troupes , dont il s'étoit fervi pour fendre tributai-
res les royaumes de Zegzeg 8c de Caflène ; mais le Roi Yfchia , fous
prétexte de fecourir les Seigneurs de ce pais contre le Roi de Cano;
s'en étant défait par trahifon,trois ans après fit la guerre à ce Princej
8c enfuite d'un long fiégcl'obligea d'époufer l'une de fes filles , 8c de
lui donner la troifiéme partie de &s revenus. * Sanut,/». ô.Marmol,
ij.p.c^. 10. Jean de Léon, gcc.
CANO, guCanus, (Melchior) Religieux de l'Ordre de S. Do*
minique,8c puis Evêque des Canaries, étoit Efpagnol , natif du
bourg de Tarancon dans le diocefe de Tolède. lUè fit Religieux à
Salamanque , 8c étudia fous le célèbre Francifco Viftoria. Outre la
Philofophie 8c la Théologie , il apprit l'Hiftohe , les belles Lettres.
8c les Langues. Onlechoifit en 15-46. pour enfeigner la Théologie
après la mort de Viâoria. Il s'acquit une très-grande réputation par
fon favoir 8c par fa manière d'enfeigner. Bai-thelemi Caranza du
même Ordre de Saint Dominique 8c depuis Archevêque de Tolède;
enfeignoit en même tems , avec grand applaudilTement. Le mérite
de celui-ci donna de lajaloufie à Melchior Cano. lis formèrent mê-
me comme deux partis. Leurs ciprits étoient pourtant biendifîe-
rens.Caranza l'a voit doux,honnête , engageant , 8c pourtant adroit.
Cano au contraire avoit une vivacité extraordinaire d'efprit,une vé-
hémence furprenante deparoles,8c étoit fier,emporté,£c ambitieux.
On dit qu'il contribua beaucoup à la difgrace de Caranza , qui étoit
homme de mérite 8c bon Prélat,commeje le dis ailleurs. Cano fut
envoyé an Concilede Trente fous Paul III. îlfemit bien dans l'eP
prit de Dom Carlos, Prince d'Efpagne , 8c puis dans les bonnes grâ-
ces du Roi Philippe II. fon père: Peut-être fut-ce aux dépens du fils,
qu'on traita cruellcment.Quoi qu'il en Ibit, il eft fur ; que Melchior
Canus flatta toutes les paflions de Philippe II. Il lui Ibûtint entre
autres choies , qu'il pouvoit fahre la guerre à quel Prince que ce
fût, lorfqu'il s'agiroit de faire valoir lès droits. Ce point, qui re-
gardoit principalement le Pape, ne plut pas à la Cour de Rome 8c
fut improuvé par toute l'Univerfité de Salamanque. U en eut en
récompenfe l'Evêché des Canaries , <jue Philippe II. lui donna,
après la mort de François delà Cerda, qui étoit de fonOrdre. Mel-
chior C«nus ne fe hâta pas de fortir d'Elpagne.on le fit Provincial de
la province de Caftille,8c il mourut à Toledejl'an 15-60.II lailfa Loco-
rum Theobgicorum lib.XlI. qu'on imprima après fi mort. Il y a quel-
quefois desfentimens un peu délicats, dont les Auteurs ont par-
lé diverlèmeût. Cornélius a fait l'Abrégé de cet Ouvrage. Les au-
tres, que nous aVonsde Cano font Re/e5/oiePœ»;rea/M. De Sacra-
mentis, ^c. * Sixte de Sienne, //'. 4. Bibl. Sen. Jaques Galdi , de
Script, non Eccl. Pollèvin, in App.fac. Baronius, in Not.ad Mart,
addiemxi. Dccemb. Razzi, Illufl. Scrit. Domin.'!>licoks Antonio ,
Bibl. Script. Hifp. Gabriel Naudé, in Bibliogr. Folie. Andréas Scho-
tus , Alphonfe Fernandez , 8cc.
CANO, (Sebaflien) natif de Bifcaye , s'étoit embarqué avec
Magellan, qui étant parti d'Eipagnc le 10. Août ij-19. 8c ayant
palfé le détroit auquel il donna fon nom , mourut dans l'i fle de Ma-
tan, une des Philippines. Après la mort de cet illuftre Voyageur ,
Cano gagna les ifles de la Sonde , d'où il alla doubler le Cap de Bon-
ne Eiperance.Sc rentra dans Seville le 8. Septembre 15-22. ayant
fait le tour du Monde en trois ans 8c quatre lèmaines. L'Empereur
Charles Quint donna à Cano pour deyiiè un globe terreiîre avec
ces
■40 CAM;
ces paroles, Trlmusme cinumdedifti, c'eU-à-àbe, Tu m* as le pre-
mier parcouru tout autour. François Drack Anglois fit le même
voyage en i fSo. & le fit en moins de trois ans. Olivier de Nord
Hollandoislefiteniôoi.en trois ansôc huit femaines. Et de nos
jours François Palu, Evêqued'Héliopolis, Vicaire Apoftolique de
îa Chine, allant au païs de faMiffion, fut pouflëparla tempête a
Manille dans les Philippines, d'où lesEfpagnols le renvoyèrent en
Europe par le Mexique, lui faifant ainfi faire le tour du Monde mal-
gré lui. Il eft à remarquer qu'il eft le premier qui l'ait fait par l'O-
rient. * M. y Ahbé àe Choiii, ' Hijioirede Salomen: SUP.
CANON, c'eftunmotGrec, qui fignifierég/e, 6c qu'on a at-
tribué à plufieurs chofes. On dit par exemple le Ganon de la Meflè ,
le Canon de l'Ecriture , 8c les Livres Canoniques,c'eft-à-dire , ceux
qui font dans le Canon de la Bible; Scaiufli, les Canons des Conci-
les.On appelle le Canon de la Meflè les prières que le Prêtre pronon-
ce en fecret, 8c qui commencent par ces mots, 3ê ;^(V»r , parce
qu'ils font en effet la règle de la conféciation. Onnomme,dans les
Conciles, Canons, les décifions qui fervent de règle. Iln'yaauffi
que les Livres Canoniques de l'Ecriture , fur lefquels onpuiffe s'af-
furer, comme fur une règle facrée 6c divine. Les Juifs ontkurCa-
non diftingué de celui des Chrétiens : car ils ne reconnoiffent pour
Livres Canoniques 6c Divins que ceux du vieux Teftament,qui font
écrits en Hébreu ; au lieu que les Chrétiens reconnoiflênt le vieux 8c
le nouveau Teflament. Les Proteftans ont adopté le Canon des Juits
pour l'ancien Teftament : mais les Catholiques l'ont étendu davan-
tage , y ayant auflTi fait entrer plufieurs Livres écrits en Grec,8c pof-
terieurs au Canon des Juifs. SUK
G A N O N S des Apôtres ; ofi appelle aînfi une efpece de Collec-
tion de Canons ou Loix Ecclefiaftiques , que l'on attribue à Saint
Clément Pape, Difciple de Saint Pierre , comme s'il l'eût reçue de
CAN.
merent cependant le JFeu , qui fit fondre la cire, 8c l'eau venant à fe
répandre l'éteignit. Ainfi ils avouèrent que le Dieu des Egyptiens
étoit plus puifîànt que le leur. * Ruffin , Hift. Ecd. li.ii.ch.zô.
G A N O P E , ville d'Egypte , vers une des embouchures du Nil,
qui en tire fon nom.Peut-être lui donna-t-on ce nom,parce qu'on y
adoroit le Dieu Ganope. Quelques Modernes eftimentque c'eftBo-
chira d'aujourd'hui, près d'Alexandrie. Elle a eu autrefois le fiége
d'unEvêché. Cette ville efl: ancienne; Strabon, Pline, Ptoloméc,
8cc.en font mention. On a aufliauque c'étoit la patrie du Poète
Claudien , mais je remarque ailleurs , qu'il y a plus d'apparence que
ce Poète étoit de Vienne en Dauphiné.
G A N O S A , fur l'Ofante, ville 8c Comte d'Italie dans le royau-
me de Naples 8c la terre de Bari , avec Evêché uni à l'Archevêché de
Bâri. Ganofa eft fituée fiir le penchant d'une colline qui a la rivière
au bas , à cinq milles des mafures de Cannes. Strabon , Pline , 8c les
autres Auteurs anciens parlent aflèz fouventde cette ville, qu'il ne
faut pas confondre avec Cakossa, Comté dans le Modenois j près
du Parmelàn;
G A N O S A , ville de là terré de Bari , au royaume de Naples ea
Italie.s'appeiloit anciennement e/wî«//»?w.Leander Albeni a cru que
c'étoit la même que Cannes , célèbre par la défaite des Romains;
mais il s'efb troinpé ; puis que Tite Live, Strabon , Pline , 8c Appian
font mention diftinftement de ces deux lieux, 8c que Procope dît
clairement que Cannfium éto'it à 2j-. ftades de Cannes. Elle fut
autrefois renommée pour lès laines de couleur d'or, dont il fe faifoit
de belles étoffes : 8c ceux qui s'en habilloientétoient nommez Qi-
najinati. Martial,/ix'.9.?3° •4- Ce fut en cette ville que l'Empe-
reur Henri IV. qui avoit été excommunié par Grégoire VII. iê
rendit auprès de ce Pape pour fe foûmettre à iâ difcretion , 8c y fut
"ablbus l'an de Jésus Christ 1077. Sigon. /ix'. 9. Horace ;
ce Prince des Apôtres. Mais les Grecs mêmes n'affurent pas que ces ; Bilingues les habitans de Cunufiurn , foit parce qu'ils parloient les
Canons ayent été faits par les Apôtres , 8c recueillis de leur bouche
par Saint Clément. Ils fc contentent de dire, que ce font des Ca-
nons ^ieyô/isvoi tSv 'ArroqiXm , que l'on appelle des Apôtres. Et
apparemment c'eft l'ouvrage de quelques Evêques d'Orient , qui
vers le milieu du III. Siècle ramafferent en un corps les chofes qui
étoient en ufage dans les Eglifes de leur païs , & dont une partie
pouvoit avoir été introduite par tradition dès le tems desApôtres,8c
l'autre par des Conciles particuliers. Il y a quelque difficulté, tant
fur le nombre que fur l'autorité de ces Canons. Les Grecs en comp-
tent communément quatre-vingt-cinq , mais les Latins n'en ont
reçu que cinquante, dont même plufieurs ne font pas obfervez. Les
Grecs comptent les cinquante premiers à peu près comme nous,
mais ils en ajoutent d'autres,dans la plupart defquels il y a des choies
qui ne font pas conformes à la difcipline, ni même à la créance de
l'Eglife Romaine : 8c c'eft pour cette raifon qu'elle rejette les tren-
te-cinq derniers Canons, comme ayant été la plupart inférez ou
falfifiez par les Hérétiques 8c Schifmatiques. A l'égard de l'autorité
de ces Canons,le Pape Gelafe dans le Concile tenu a Rome l'an 494.
met le Livre des Canons des Apôtres entre les Apocryphes ; 6c cela
après le PapeDamafe,qui femble avoir été le premier qui détermina
quels Livres il faloit recevoir ou rejetter. Suivant cela, Ifidoreles
condamne auffi , dans le paffage que Gratien rapporte de lui dans
la I ô.DiftinéHon.Le Pape Léon IX. au contraire excepte cinquante
Canons du nombre des Apocryphes. Avant lui, Denys le Petit
avoit commencé fon Code des Canons Ecclefiaftiques par ces cin-
quante Canons. Gratien dans la même Diftinftion 16. rapporte
qu'lfidore,ayant changé de fentiment en fe contredilànt foi-même,
met au deffus des Conciles ces Canons des Apôtres,comme approu-
vez par la plupart desPeres , fie reçus entre les Gonftitutions Cano-
niques: 8c ajoute que le Pape Adrien I. ayant reçu le VI. Concile ,
où ces Canons font inferez , il les a auffx approuvez. Maison peut
dire que Gratien fe trompe , 6c qu'il prend le lecond iConcile i»
Trullo, que les Grecs appellent fouvent le VI. Concile , pour le
premier Concile tenu n» Trulio , qui eft véritablement le VI. Oecu-
ménique ou Général. Quant à Ifidore , le premier paflage eft
d'Ifidore de Seville , 8c le fécond eft d'Ifidorus Mercator ou Pecca-
tor, félon la remarque d'Antoine Aùguftin Archevêque de Tarra-
gone , qui dit que pour mettre d'accord ces diverles opinions , il
faut fuivre l'avis de Léon IX , qui eft qu'il y a cinquante de ces Ca-
nons des Apôtres qui ont été reçus, 8c que les autres n'ont aucune
deux langues , la Latine 8c la Gréque ; où plutôt parce que ne par-
lant pas bien ni l'une ni l'autre , leur langage étoit un mauvais
mélange de toutes les deux. SUP.
G A N O T I O , (Lorenzo) Peintre , vivoit dans le XV. Siècle.
Il étoit de Padouë , où il travailla à diverfes pièces , 8c il y mourut le
zS.Marsen 1470. On voit fon tombeau dans le Cloître de l'Eglilc
del Santo.
CANSTAT. ville d'Allemagne dans le Duché de Wirtemberg.
Elle eft fur la rivière de Necre entre Eflingue 8c Stugard.
CANTABRES, ou Cantabriens , anciens peuples d'Elpa*
gne,qui font proprement Ceux de Guipufcoa 6c deBii'caye. Ils fè
révoltèrent, du tems d'Augufte, contre les Romains. Cet En>
pereur fut en perfonne en Efpagne , pour les foûmettre , 8c après
les avoir défaits en plufieurs rencontres, il les obligea de prendre
la fuite fur les montagnes 8c dans les déferts; 8c les affiégea enfin
dans une ville , où ilsiè tuèrent eux-mêmes, préférant la mort à la
fervitude. Cela arriva en 7 18. 8c 29. de Rome, ij-. ans avant l'Ere
Chrétienne.Augufte étant tombé malade durant cette guerre , iiea
donna la conduite à Caius Antiftius. Siiius Itaiicus parie ain£ de»
moeurs des Cantabres, /;. 3.
Cantaher ante ormes , hyemifque, sjlùfaue , famififut
Inviûus , palmamque ex omni ferre laêore :
Mifus amor populo, càm pigra incanuit axas,
Imhelles jam dudum arnios pervertere faxs ,
Nec vit am fine Marte pati, cjuifpe omnis in armis
Lucis caujafita, (^ damnatum "vivere paci , (ipc.
*Strabon, //'. 3. Florus, //. 4.^.12. Pline, //.■34. «.14. Nômus,
Hijp.c.^^.(^c.
CANTACUZENE. Cherchez Jean Se Matthieu Cantaoï-
zene.
CANTELOUP. Cherchez Arnaud deCanteloup.
CANTERUS, (Guillaume) étoit d'Utrecht , fils de Lambert
Ganter ou Canteruè , ôc frère de Théodore , dontjeparleraidansla
fuite. Il naquit le 14. Juillet de l'an i5-42.Comme il avoit beaucoup
d'inclination pour les Lettres , il y fit en peu de tems un grand pro-
grès , 8c particulièrement dans la connoiffance des Auteurs anciens,
8c des Langues , qu'il apprit dans les Pais-Bas , 8c qu'il cultiva du-
rant les voyages , qu'il fit en France , en Italie , 8c en Allemagne. H
s'y aquit ramitié des Savans qu'il connut dans ces Etats , 8c il efti-
ma particulièrement celle de d'Aurat, de Muret, de Sigonius, 8c
autorité dans l'Eglife Occidentale, comme ayant été compofez 'deFulviusUrfinus. Etant de retour dans les Pais-Bas , il s'arrêta
ou falfifiez par les Hérétiques. * Doujat, Hifioire du Droit Canon. "" " '" "■"■•"' "' '"■ — '' " -ii>^.-.:J- o.:i
Voyez Guill.Beveregius, dans fa Préface fur ces Canons , 8i dans fa
Défenfe contre J. Caillé. SUP.
CANON, pièce d'artillerie. On tient que le premier qui in-
venta le canon fiit un certaia Moine nommé Bertholde Schwarts,
ouConftantinAnklitzen, fameux Chimiftc. On ajoute que l'on
commença de fe fervir de cette machine de guerre fur la mer de
Dannemarkl'an jjfo.maiscenefutgueres que l'an 1380. qu'elle
fut en ufage , dans la guerre des Vénitiens contre les Génois. Voyez
Platine , Vie d'Urbain V. Six ans après , l'ufage de cette invention
paffaen Angleterre par la prife que ceux de cette nation firent de
deux navires François montez de quelques pièces de fonte , où l'on
trouva des caques de poudre,comme le tém.oigne WaUîngham. De-
puis, vers le milieu du XVI. Siècle les Anglois firent fondre des
canons de fer ; 8c enfin le grand effet de ces machines les a rendus fi
communs , que toutes les côtes de l'Europe en font bordées , 8c que
par mer 8c par terre le canon fait les premières décharges. SUP.
GANOPE, certain Dieu des Egyptiens , extrêmement hono-
ré parmi ces peuples fuperftitieux. Les Ghaldéens adoroient le feu.
Louvain , où il s'occupoit continuellement à l'étude , 6c il y mourut
le 18. Malade l'an ij-75'. n'étant qu'en la 33 année de fon âge. Caa-
terus avoit une belle Bibliothèque , qu'il laifla à Théodore fon frère.
L'on voit dans l'EglifedeSaint Jaques fon tombeau, avec uneépi-
taphe que fon frère y fit graver. Nous avons divers Ouvrages de iâ
façon, Novarum LeSionum lié. VIII. Syntagmade ratione emtndandi
Gr£COsAuBores,^c. * Sufifridus Pétri , de Script. Frif. Le Mire, i»
Elog.Belg. DeThou, Hijl. lié. (Si. Melchior Adam , in Vit.Philof.
German. Swert 8c Valere André , Biét. Belg.
CANTERUS, (Théodore) frère de Guillaume, dont j'ai par-
lé , étudia à Paris fous Denys Lambin 8c devint très-làvant dans les
Langues. Depuis qu'il fut revenu à Utrecht, fon mérita l'y éleva
dans les premières charges ; mais enfuite ayant été exilé, il demeu-
ra quelque tems à Anvers , 8c puis il alla à Leuwarden 8c y mourut,
ce fut en 1617. d'autres difent en iéi5'.âgéde7i.ans. Ilaécrit di-
vers Ouvrages , Variarum LeBioriumlié. ll.Nots. in ArmhUim,Qrc.
* Suffridus Pétri , de Script. Fri/.VakTe André, Biél.Belg.
CAN'fHARUS , Poète Grec , Athénien de naiiTance. On ne
fait pas en quel tems il a vécu , mais feulement qu'il compofa quel-
8c foûtenoient que tous les Dieux lui rendoient hommage, parce ' ques-Comedies , laMedêe, le Terée , la Symmachie , 8c plufieurs
qu'il dévoroit tout. Cette dilpute porta les Sacrificateurs des deux | autres. * Suidas. Joan. Meurfii Biél.Attica.
nations à faire combattre leurs Idoles. Les Egyptiens mirent fur CANTIANUS. Cherchez Odon.
celle de Ganope en guifc de tête une grande cruche trouée 8c pleine GANTIMPRE'. Cherchez Thomas de Cantimpré.
d'eau i Se bouchèrent les trous avec de la cire. Les Ghaldéens alu- C A N T I Q.U E D E S CANTIQUES , un des Livres canoni-
1 ques
CAR
qnes du vieux Teftament , ainfî appelle par excellence , a été coth-
pofë par Saloraon divinement inlpiré , & contient en huit chapitres
l'union myftique de J E s t; s-C h r i s t avec fbn Eglife. Il y a
divers Auteurs , qui ont fait, de très-beaux Commentaires fur cet
excellent Livre. SUP.
CANTIUNCULA, (Claude) de Mets, vivoit vers l'an ij-jo.
C'étoit un favant Jurisconfulte , qui étudia à Bâle , 8c qui fut de-
puis Chancelier d'Enfisheim , dans la haute Alface. On ne fi.it
pas en quel tems il eft mort. Erafme parle avantageufiment de
lui. Il a compoie divers Ouvrages , De foteftate Fnpji , Impera-
ioris, (^ Concihi. Faraphrafei in 3. friores lié. inft. yuftiniani. De
officia Juclicis lié. II. (^c. * Erafme , 1» Ciceron. Pantaleon , /«. 3 .
Trofûp. Melchjbr Adam , in Vit. Gcrm. Jurifc. Louis Jacob , Bibl.
Jontif. é^c.
CANTON, ville capitale de la province de Quantung , dans la
Chine. Cherchez Quangtung et Quangcheu. SUP.
CANTONS , eft le nom que l'on donne aujourd'hui aux treize
peuples conféderez qui compolènt la République des Suiflès. Voici
le rang qu'ils tiennent dans les alTemblées générales, ièlon Plantin.
Zurich, Berne , Lucerne, Uri , Schw^its , Uiiderwald , Zug, Gla-
ris,Bâle,Fribourg,Soleurre, SchafFoulè, Appenzel. Sur quoi il faut
remarquer , que bien que le Canton de Zurich ne foit que le cinquiè-
me qui s'eft ligué avec les quatre premiers , néanmoins, en conlide-
ration de l'antiquité & de la noblellè de cette ville , les autres Can-
tons d'un commun confentement lui ont donné le premier rang
dans leurs Diettes , dans les Ambaflàdes,& d'autres aâions folennel-
les.. Celui de Berne n'eft que le fécond en ordre : mais c'eft le plus
grand & le plus puiifant de tous : il environne prefque tout celui de
l,ucerne,au moins au Septentrion,au Midi,8c au Couchant.Les trois
j(iiivans,Uri,Schwits,8c Underwald , donnent le pas à Zurich, à Ber-
ne,& a Lucerne,bien qu'ils ayent été les premiers Auteurs de la liber-
té des Suiflès , Se qu'ils fe foient alliez avant tous les autres. Ils n'ont
point de villes , mais feulement des villages qui font bien bâtis.
Schwits a communiqué fon nom à tous les autres Cantons, foit
parce que l'on combattit premièrement pour la liberté dans les ter-
res de Schwits , ou que leur confédération ait comnjencé dans ce
païs.Zug & Claris font de peu d'étenduë,& hors la ville deZug,il n'y
a que des villages. Bâle eft hors des hmites de l'ancienne Suiflè ,
néanmoins à caufede l'alliance il eft réputé aujourd'hui être une
partie de la SuiflTe. Le Canton de Fribourg eft entièrement enclavé
dans celui de Berne , qui l'environne de toutes parts & qui lui four-
CAR ,^>
quatre belles rues, dont les maifons font peintes fort proprement
*Bede, HiJi.Ang. Camden, Defcr. Brit. GQdwin,</e ip,y:^„^°
Conciles de Cantorbiei
Saint Auguftiri , Apôtre d'Angleterre , célébra un Concile à Can-J
torbie environ l'an 604. ou 60 j-. pour l'établiflèment duMonaftere
de Saint Pierre & de Saint Paul , fonde près de la même villei& pour
la célébration de la fête de Pâques. Le Roi Ethelbert V , la Reine
Berthe fa femme, ScEadbald leurfils s'y trouvèrent. Le fécond
tutaflemblelanSio.fousWulfret Archevêque, & Beornulfe Roi
desMarciens. S.Thomas en tint un en 1399. pour ladefcnfe du
Uerge, & lareforme des mœurs. Henri Chichcley Archevêque
en célébra aufll un l'an 1419. Richard Walecher y fut accufé defe
lervir d un certam Livre remph de figures de Magie.On le condam-
na a taire pénitence , 8c le Livre fut brûlé
C-CA^\Jh'£.l\iS, Tribun du peuple Romain , fe fit aimer
par la complaifance pour ceux de la lie du peuple, 8c par le foin qu'a
avoitde s'oppofer aux Nobles. It-afTembla le peuple l'an 309. delà
tondationdelaville, fur la montagne du Janicule , Se il fut auteur
d'une fèdition, par laquelle il obtint que les familles du peuple fe
pourroient allier avec celles des Patriciens: ce qui n'étoit pas per-
misauparavant. *TiteLive,/(.4.Florus,//, i.f/b 2r. "
CA NUS. Cherchez Cano.
C A N U S , (Alexandre) étoit d'Evreux en Normandie. H &
fit Jacobin, mais il quitta l'habit pour aller embraflbr laRehffion
des Proteftans en Savoye fous Guillaume Farel , 8c revmt enfuite en
France pour femer cette nouvelle doftrine. Etant à Lyon il fit
plufieursdifcours -en particulier, mais ayant été découvert, il fot
arrêté prilbnnier 8c condamné à la mort , dont il 'appella au Parle-
ment de Paris , qui confirma la fentence 8c le fit exécuter en i <-34.
*Theod.Beza, i/cK»>. ///ay^. 5t7-p. **'
CA.NUSIUS , ou Ganusius , Hiftorien Grec , vivoit fous les
règnes de Ptolomée ^»Zww , de Ptolomée Dewyj , 8c de Cleopatrej
Rois d'Egypte, environ 20. ans avant l'Ere Chrétienne. Il eft ci-
té par Plutarque, dans la ViedeCéfar. C'eftlemêmequeGefiier
nomme Calilius, dans fn Bibl.
CANUT, ou Kanut, I. de ce nom, Roi d'Angleterre 8c de
Danemarc, commença de régner environ l'an 1014I II paflaen
Angleterre avec fon père Sunon, pourvanger la mort des Danois ,
nit des vins. Soleurre eft pour la plus grande partie dans le Mont \ qu'Ethelbert Roi du pais avoit fait égorger , 8c enterrer les femmes
Jura: Schaffoufe du côté d'Allemagne près du Rhin 8c de la Forêt Ijufqu'à la moitié du corps, afin d'avoir leplaifir devoir dévorer le
Noire: 8c Appenzel au deflus de S.Gai 8c vers les frontières desGri- ' refte par des dogues aftamez. Après la mort de Sunon arrivée en
ions. Ces Cantons font premièrement diftinguez en grands Scpe- j ioi4-iIpouflafes conquêtes contreEdmondII.furnomméeCôre-^e~
tits: les grands font Zurich, Berne , Lucerne , Bâle, Fribourg, l/^^quiavoit fuccedé à Ethelbert,8c ayant eu quelques defavantao-esi'
Soleurre , 8c Schaffoufe : les petits font Uri , Schwits , Underwald, ; il répara fes pertes par le gain d'une bataille ; 8c ayant défié fon rtval
2iug,Glaris,8cAppenzel. On les diftingue encore à l'égard delà Re- ' " ' ' '" " ■■ -■
ligion en ceux qui fuivent la Religion Proteftante , qui font Zurich,
Berne, Bâle, 8c Schaffoufe; 8c ceux qui fuivent la Religion Ro-
maine, quifont Lucerne , Fribourg, Soleurre , 8c les autres petits
Cantons , à la réferve de Glaris Se d'Appenzel , où les deux Reli-
gions fe trouvent mêlées. A l'égard désintérêts, les grands Can-
tons fe font toujours montrez attachez au fervice de la France,8c les
petits à celui d'Efpagne.
Pour ce qui eft des Alliez des Cantons , il y en a de deux fortes ;
les uns ont une confédération commune avec la plupart des Can-
tons , 8c les autres en ont une plus particulière avec quelques Can-
tons feulement.
L'Abbé de S. Gai a pour alliez 8c proteflreurs les Cantons de Zu-
rich, de Lucerne, de Schwits, 8c de Glaris: 8c la ville de S.Gal eft
de fon côté alliée de Zurich , de Berne , de Lucerne , de Schwits,
de Zug , 8c de Glaris.
Les Grifbns , qui font trois Ligues , la Ligue Grife, la Ligue de la
Maifon-Dieu , 8c la Ligue des dix Communautez , 8c qui ont aulTi
les Souverainetez de la Valteline 8c du Comté de Chiavenne , font al-
liez des feptpremiersCantons,Zurich,Berne,Luceriie,Uri,Schwits,
Underwald, 8c Zug.
Les Wallefans , ou ceux du pai's Wallais , êc leur Evêque ont pre-
mièrement une alliance bien particulière avec les Bernois , Se depuis
avec les fept Cantons , qui fuivent uniquement la Religion Romai-
ne, favoir Lucerne , Fribourg, Soleurre, Zug,. Uri, Schwits,
Se Underwald.
La viille de MuDioufe avoit aulTi alliance avec les treize Cantons ,
mais aujourd'hui elle eft particulièrement alliée des quatre Cantons
Proteftans. A l'égard de ceux qui ont alliance feulement avec quel-
ques-uns des Cantons , la ville de Genève aune confédération par-
ticuhere avec Zurich 8e Berne. La ville de Bienne 8e celle de Neuf-
châtel font alliées aux Bernois. * Davity, de l'Europe. SUP.
C A NT O R B I E , fur la Stour , appellée auffi Cantorberi ,
Kenterburi,ouCaër-Kent,viUe d'Angleterre dans le Comté deKent,
.avec Archevêché 8c Primatie du Royaume. Les Anciens lui donnè-
rent le nom de Dorohemum ou Damvernum, félon Bede 8e Anto-
nin. Elle fiit autrefois le fiége des Rois , durant la domination des
Saxons , jufqu'au règne d'Ethelbert V. qui la donna au Moine
Auguftin , que le Pape Saint Grégoire le Grandavoit envoyé en An-
gleterre, 8c qui fut le premier Prélat de cette ville. Plufîeurs de fes
Archevêques ont honoré l'Eglife par lettrs écrits , par leur fainteté.
Se par leur martyre. Théodore , Saint Anfelme , 8c Saint Thomas
font des plus confiderables.- Le temple dédié en l'honneur de ce
dernier a été un des beaux édifices du pais, enrichi» de grandes fta-
tuës de marbre 8c d'argent maffif , qu'Henri VIII. Roi d'Angle-
terre fît enlever , auffi bien que le revenu de l'Archevêché , qui étoit
de trois cens foixante mille livres. Cantorberi eft une des plus célè-
bres villes d'Angleterre , quoi qu'elle ne foit pas des plus grandes.Sa
fituation eft très-agréable , la rivière la di vife en deux , il y a trois ou
xm. ;/.. .-- - - ^ --
en un combat fingulier, qui les fit amis , il l'obligea de partager avec
lui le Royaume. Cependant , Edmond ayant été tué , il fit punir fes
meurtriers , gouverna lui feul le Royaume,porta la guerre en Suedci
conquit la Norwege, Se fit relever la couronne d'Ecoffe de la fienne.i
Il alla en pèlerinage à Rome, l'an 1017. Se aquit le furnom de
Grand. 11 mourut l'an 1035-. Se laiffa trois filsjHarald , à qui ildon-^
na y Angleterre ; Canut , qui eut en partage le Danemarc;Suvir , Ror
deNorwegejSc une fille nommée Elfgine mariée à l'EmpereurHen-*
ri III. Il avoit eu Canut 8c Elfgine d'Emme de Normandie. * Mat-
thieu de Weftmunfter.H»/?. .^ngl. Polydore Virgile.Du Chefne,8cc. '
CANUT,II. fils de Canut I.8e d'Emme de Normandie , fut pre-'
mierement Roi de DanemarcEe puis d'Angleterre. Il fùccéda à fon
frère Harald , qui mourut peu de tems après fon couronnement en
1 040. Les Anglois le reçurent très-bien ; mais il reconnut mal cette
affeâ:ion,car il fit mourir plufieurs Princes Se Grands du Royaume,
8c chargea le peuple de beaucoup de fubfides. Pour vanger'les inju-
res qu'Harald avoit faites à là mère Emme, il le fit déterrer 8c fit jet-
ter fa tête dans la Tamife. Deux ans après fon avènement à la cou-
ronne , s'étant trouve à une noce dans un bourg nommé Lambeth ^
il fe laiflà tomber de fon fiége Se fe tua l'an 1 041 .On crut qu'il avoit
été empoifonné, 8c ne régna que deux ans. Cependant, les Anglois
prirent les armes , chafferent les Danois , 8c firent une loi , qu'on
ne fouifriroit jamais le fceptre entre les mains d'un Prince de ce
païs. * Polydore Virgile 8c du Chefne, Bift. Angl.&c.
CANUT, I. de ce nom. Roi de Danemarc dans le IX. Siècle.'
fuccéda à Eric III. fon père , qui s'étoit fait Chrétien. Il avoit aufll
reçu le Baptême,8e enfuite, felaillant tromper par quelques Payens
ilapdftalialâchement,renonçant à la Religion,que Froton fon fuc-
ceffeur rétablit. * Saxon le Grammairien , Hifi. Dan,
CANUT , II. 8e III. Rois de Danemarc. Cherchez Canut V
Se II. Rois d'Angleterre.
CANUT , IV. de ce nom , Roi de Danemaircnommé k Saint 8c
le Martyr, étoit frère d'Herald ou Herold le Fainéant ,- auquel iJ
fuccéda l'an 1 074. Il entreprit l'expédition d'Angleterre , où il per-
dit la vie par la malignité des impies. Ce Prince fort dévot gclbu-
mis au Saint Siège fut tué dans l'Eglife de Saint Alban , 8c mis au
nombre des Martyrs ; ce qui arriva l'an i oSf. Un de fes fils , da
fon nom , qui fouflf it aufli le martyre , fut canonifé par le Pape A-
lexandrelll.en 1164. L'Eglife faitfàfête le ip.du mois-de Jan-
vier.
CANUT, V. Roi de Danemarc, fùccéda à Eric V.versl'aii
1 147 , 8c il fut tué par Suenon dans un feftin,vers l'an i J^-f .*Meur-
fius 8c Pontanus, Hiji. Dan.
CANUT, VI. fils deValdemar I. 8c de Sophie fœurdeCanuÉ
V. régna quelque tems avec fon père; 8c lui fuccéda en 1185-. Il fit
la guerre aux peuples delà Pomeranie, s'oppofa à quelques fedi-
tieux , Se mourut vers l'an 1 2 1 o. On dit qu'il avoit époufé Mathilda
fille d'Henri le Lw» Duc de Saxe. * Pontanus, Hijt. Dan. Benvis,
in Comment. Germ. ér-^,
F Qk
4i
CAN. CAP.
CAP.
CANUT, Roi de Suéde dans le XII. Siècle , étoit fils d'Eric la Relation de fon voyage de-Siam, d'oiiil eft revenu avec les Am-
IX. furnommé le Saint. Il tua Charles VII , qui étoit foupçonne
d'avoir eu part à la mort de fon père ; 8c régna vingt-trois ans avec
beaucoup de gloire & de bonheur. Il mourut vers l'an i zp i . ou 9 3 .
* Magnus, Hifi. de Suéde, (yc.
CANUT, (Jean Sebaftien) natif de Guataria dans kBifcaye ,
fameux Pilote , vivoit aucommencementduXVI.Siecle.il partit
deSeville l'an lyip. avec Ferdinand Magellan Portugais, Capitaine
de cinq vaiflèaux , Ibus les aufpices de l'Empereur Charles Quint.
Ils découvrirent le détroit dit de Magellan, du nom de Ferdinand,
lequel étant arrivé par la mer du Sud aux Moluques , y mourut de
poilbn, ou comme les autres diiênt, en combattant auxIflesBo-
ruflès, que quelques-uns preimentpour les Philippines. Canut ra-
mena un feul vaifTeau des cinq, lequel fut nommé laviUoire, Il
arriva au port de Seville l'an i ji 2 . ayant mis trois ans à faire tout ce
tour du monde par eau. L'Empereur lui donna une chaîned'or avec
la figure d'un Monde, &ccetteinCcn'ption,?ri>?iuscircH!ndediftitne.
,*Orofius, //. ii.Maffée, /i. S.Mariani, /». z6.
CANUTIUS, (Tiberius) Tribun du peuple, fe déchaîna con-
tre Antoine , qui étoit tenu pour ennemi de la République : mais
cette grande liberté, qu'il prit à l'exemple de Ciceron , lui coûta la
vie , auffi bien qu'à cet illuftre Orateur. Antoine 2c Céfar lui ayant
reproché que dans l'adminiftration de fa charge il fuivoit les inftruc-
tions d'Ifauricus, qui avoir été Conful, il répondit qu'il aimoit
mieux être fon difciple que celui du calomniateur Epidius. *Vell.
Paterculus, SUP.
CAP, c'eft ce que les Anciens nommoient promontoire , qui eft
une pointe de terre élevée & avancée en mer, laquelle on peut dé-
couvrir de loin, Scquifert ordinairement de marque aux Pilotes
baffadeurs.
Les peuples , qui habitent la pointe Méridionale de l'Afrique vers
leCapdeBohneEfperance, font partagez en diverfes nations , qui
ont toutes la même forme de vivre.Leur nourriture ordinaire eft du
lait 8c la chair des troupeaux , qu'ils nourriflènt en grande quantité.
Chacune de ces nations a fon Chef ou Capitaine, auquel elle obéît:
8c cette charge eft héréditaire. Le droit de fucceifion appartient aux
aînez,a qui les cadets doivent rendre fervice , fans avoir aucune part
à l'héritage. Leurs habits ne font que de limples peaux de moutons
avec la laine , préparez avec de l'excrément de vache 8c une certaine
graiflè, qui les rend infupportables à la vue 8c à l'odorat. Ces peu-
ples n'ont aucune connoiflânce de la création du Monde : ils ado-
rent pourtant un Dieu, à qui ilsfacrifientdes viâimes, pour en
obtenir tantôt la pluye , tantôt le beau-tems,felon leurs befoins : car
ils n'attendent point d'autre vie après celle-ci. Avec tout cela ils ne
laiflèntpas d'avoir de bonnes qualitez , étant ordinairement fidèles
êc charitables les uns envers les autres , 8c puniiTant l'adultère 8c
le larcin comme des crimes capitaux. La principale nation eft celle
des Souquas , que les Européens appellent Hoientots , peut-être,
parce que ces peuples ont continuellement ce mot à la bouche , lors
qu'ils rencontrent des étrangers. Leur pais eft vers la côte Orien-
tale 8c Méridionale. Comme ils font agiles, robuftes, hardis. Se
plus adroits que les autres à manier les armes qui font la is.~
gaye , ils vont fervir chez les autres nations en qualité de fol-
dats; 8cainliil n'y en a pas une qui outre ceuxdupaïs n'ait enco-
re des Souquas qui compofent fa milice. Ils font adonnez à la
chaffe , 8c tuent avec beaucoup d'adreffe des élephans , des rhi-
nocéros, des élans , des cerfs , des chevreuils , 8c plufieuf s autres
poui-reconnoître les côtes. Les François appellent un promontoire | fortes d'animaux, dont il y a une prodigieufe quantité aux environs
Cap ; les Italiens , Capo 8c Vunta ; les Efpagnols , Cahos, les Angl ois, j du Cap. Les Hotentots étant perfuadez qu'il n'y a point d'autre vie,
Vomt, End, S^Head, c'eïi-l-àke, pointe, Jln, èctéte-, les HoUan- , ne travaillent qu'autant qu'il faut pour paflér doucement celle-ci.
dois Hoek ; tous mots qui fignifient la même chofe. SUP. A les entendre parler , lors même qu'ils fervent les Hollandois pour
CAP-D'AGUER. , ou Santa-Cruz , ville de la province de , avoir un peu de pain , de tabac, 8c d'eau de vie, ils les regardent
Sus, dans le royaume de Maroc en Afrique , fituée fur la côte comme desEfclaves,qui viennent cultiver les terres de leur pais avec
au bas d'un cap que fait le Mont Atlas, entre les villes deMeflà gc beaucoup de peine , au lieu d'y vivre en repos , ou de s'occuper à la
de Tefrane. Cette place doit lès commencemens à un Gentilhom- j chaiTe. Mais quelque bonne opinion qu'ils ayent d'eux-mêmes , ils
me Portugais, lequel vers l'an ïfoo. y bâtit à fes dépens un châ- ! mènent une vie miferable. Ils font mal-propres jufqu'à l'excès '*&
teaude bois pour la fureté de la pêche des morues 8c d'autres poif- il femble qu'ils s'appliquent à fe rendre affreux. Quand ils veulent
î'engraiflènt aulTi la tête,8c e'eft ce qui fait que leurs cheveux s'a-
Roi de Portugal voyant l'importance de ce pofte pour la navigation maffent en petites toufes , auxquelles ils attachent des pièces de cui-
de ces mers, 8c pour la conquête de l'Afrique, acheta ce château, j vre ou de verre. Les plus confiderables parmi eux portent auflî
8c y fit bâtir une ville bien fortifiée, où il mit une bonne garnifon ' pour omemens de grands cercles d'y voire, qu'ils paflènt dans leurs
avec quantité d'artillerie. De là les Portugais faifant des courfes par ' bras , au-deffus 8c au-deflbus du coude. Les femmes , outre cet
tout,avecplufieurs Arabes 8c Africains, qui s'étoient faits leurs Vaf-j habit, s'entourent les jambes de petites peaux taillées exprès, ou
faux , fe fuflènt rendus maîtres du pais , fans la découverte des In- ; d'inteftins d'animaux : 8c fe font des colliers 8c des ceintures avec de
des qui leur fembla plus avantageufe.Cette ville fiitprifeen 1^35. 'petits os de différentes couleurs. On dit qu'ils ont quelque connoiA
- - . . Quand une femme a perdu Ion premier
*^^- mari, elle eft obligée de fe couper autant de jointures dedoigt, en
CAP DE BONNE ESPERANCE , promontou-e a la pointe ' commençant par le petit, qu'elle fe remarie de fois. Les hommes
de la côte des Cafres en Afrique. Les Hollandois ont proche de ce 1 fe font demi-Eunuques de jeuneflè , croyant que cela fert beau-
cap un fort à cinq battions , 8c environ cent maifons d'habitans ! coup à augmenter l'agilité. Leurs cabanes font faites de branches
éloignées du fort d'une portée de moufquet.Ces maifons font auf- | d'arbres , couvertes de peaux 8c de nattes , en forme de tentes La
fi propres dedans 8c dehors , que celles de Hollande , 8c la plupart
des habitons y font Catholiques , quoiqu'ils n'ayent pas la liberté d'y
exercer leur^ Religion. La fituation en eft belle , 8c le climat y eft
aflèz doux. Leur Printems commence en Oftobre , leur Eté en
Janvier, l'Autonne en Avril, 8c l'Hyver aumois de Juillet. Les
chaleurs y font fort grandes, mais ily a toujours un vent qui ra-
fraîchit l'air. La Compagnie HoUandoilè des Indes Orientales y a
deuxième nation des habifans du Cap eft celle des Namaquas,veis la
côte Occidentale. Ces peuples font en réputation dans le pais ,
8c font efljmcz guerriers 8c puiffansiquoi que leurs plus grandes for-
ces ne palTent pas deux mille hommes portans les armes. Ils font
tous d'une taille avantageufe , 8c robuftes , 8c ont un bon fcns natu-
rel, rient rarement, 8c parlent fort peu. La troifiém« nation efl:
ce]ïe des Uéiquas, qui font au milieu des terres : ceux-ci font lar-
un très-beau jardm, où l'on voit dans quatre compartimens des ar- rons 8c voleurs de profeffion: 8c quoiqu'ils ne puiflent pas mettre
bres 8c des plantes les plus rares de l'Europe, de l'Afie,de l'Afrique, cinq cens hommes fur pié , il n'eft pas aifé de les vaincre parce qu'ls
&de l'Amérique. Au delà d'une grande montagne voifme , qui eft ' ont des retraites dans des montagnes inacceffihks. Les Gouriauat
remplie d'une mfimtedegrosfmges,ilyauneplamedeprèsdedix font proche de la côte Orientale vers le Nord, 8c n'ont pas beau-
lieuës , où les Hollandois ont fait bâtir des habitations , qui le peu-
plent tous les jours. La terre y eft très-bonne , 8c rapporte du blé
& de toute forte de grains en abondance. Les naturels du pais ont
la phyfîonomie fine en apparence, mais Us n'ont point d'efprit. Ils
vont tout-nuds à la réferve d'une peau , dont ils fe couvrent le dos 8c
ce que la pudeur fait cacher. Leur nourriture ordinaire n'eft que de
lait 8c de beurre , 8c ils ne mangent gueres de viande , ni de poiffon.
Ils ont une racine qui a le goût de noifètte , qu'ils mangent au lieu de
pain- Ils font eux-mêmes leurs Médecins 8c leurs Chirurgiens , fe
lèrvant de fimples qu'ils connoiflent pour guérir leurs maladies 8c
leurs bleflures. Les plus grands Seigneurs font ceux qui ont le plus
debeftiaux, qu'ils vont garder eux-mêmes. Ils n'ont point de Re-
ligion. Ils font feulement quelques cérémonies , lors que la Lune
eft pleine. Ce pais eftremplidebêteslàuvages, 8c il y a une gran-
de quantité de lions, de tigres, de léopards, de chiens fauvages,
' de loups, d'élans, 8c d'élephans. Les originaires de ce pais n'ont
pour armes qu'une lance, dont le fer eft empoifonné , afin défaire
mourir promptement ces animaux , quand ils les ontblefTez. On
y voit beaucoup de gibier de toutes fortes , particulièrement des
cerfs , dont le nombre eft prodigieux. Il y a quantité de chevaux
fauvages, qui font très-beaux , 8c ont la peau diverfifiée de rayes
blanches 8c noires : mais on a bien de lapeineàlesdomter. La mer
en cette baye eft fort poifTonneufe, 8c les loups marins approchent
fouvent des vailTeaux , mais il eft difficile de les tuer , parce qu'ils
font cent tours. Les eaux des fontaines 8c des rivières y font excel-
lentes. On dit que les Hollandois y ont trouvé des mines d'or 8c tout ce que Je viens de rémarquer , on voit afléaque cette partie de
dargent. Se qu lis les tiennent cachées. *Mandeflo, tom. 2. d'O- l'Afrique n'eftpas moins peuplée, ni moins fertile , que les autres
learws. Voici ce que le P.Tachard nous a appris de ce païs dans qui font déjà découvertes :& que les peuples qui l'habitent ne font
-- -_tpast
coup d'étendue. Les Gajpquas , qui font aux environs de l'embou-
chure du Fleuve fans-fin, font riches 8c puiflàns , mais ils ont peu
d'adreflè dans le métier de la guerre. Les Giriquas au contraire,
qui habitent vers la côte Occidentale, font grands guerriers. La
feptiéme nation eft celle de Soufiquas ,c^i font les plus proches du
Cap, dont les Odiquas font alliez.
Dans i/n voyage ,'que le Commandeur du Cap de Bonne Efperan-
cefiten i68j-. marchant toujours àdix ou douze lieues de la mer
Occidentale , il découvrit quelques nations différentes vers le vingt-*
huitième degré de latitude, dans un païs agréable 8c abondant ea
toutes fortes de fruits 8c d'animaux. Ces peuples font beaucoup plus
traitables que les autres. Ils ont le corps bien fait 8c robufte: Se
ilslaiflènt floter leurs grands cheveux fur leurs épaules. Leurs armes
font l'arc 8c les flèches, avec la zagaye, qui eft une elpece de lan-
ce. Leur vêtement eft un long manteau de peau de tigre, qui def-
cend juiqu'aux talons. Parmi eux il s'en trouve d'auffi blancs que
les Européens : mais ils fe noirciffcnt avec de la graiflie 8c de la pou-
dre d'une certaine pierre noire , dont ils fe frottent le vifage 8c tout
le corps. Plufieurs fe connoiflent fort bien en minéraux , qu'ils
fàvent fondre 8c préparer : mais ils ne les eftiment pas beaucoup;
peut-être, parce qu'il y a une grande quantité de mines d'or, d'ar-
gent , Se de cuivre dans leur pais. Leurs femmes font naturelle-
ment fort blancnes ; mais afin de plaire à leurs maris , elles fe noir-
ciflint comme eux. Celles qui font mariées ont le delTus de la tête
rafé, 8c de grandes coquilles pointues attachées aux oreilles. De
CAP.
jni cruels ni faroUches.Le Sieur Vanderfte]l>Coittmandeur ou Gou-
verneur du Cap de Bonne Efpcrance , le reconnut particulière-
ment dans Ion voyage de lôSf. dont je viens de parler. Comme il
avoit amené avec lui deux trompettes , quelques haut-bois, & cinq
ou iix violons , dès que ces peuples eurent entendu le l'on de ces inl-
trumens, ils vinrent enfouie, 8c firent venir leurmufique com-
pofée d'environ trente perfonncs , qui avoientprefque tous des inf-
uumens differens. Celui du milieu avoit une efjpece de Cornet à
bouquin : les autres avoicnt des flageolets 8c des flûtes. Cette fym-
phonie étoit accompagnée de danfes 8c de fauts,pendant que le Maî-
tre de muliquefetenoit debout pour régler la mefure 8c la cadence
avec un grand bâton , qui pouvoitêtre vu de tout le monde. * Le
P. Tachard, Jefuïte, Voyage deSiam. Voyez auiTi la defcription
de l'Afrique, par O. Dapper. SUP.
CAP de Creuz. Cherchez Aphrodifée.
CAP-DE-NON, promontoire ou cap fur la côte de la province
de Sus, au royaume de Maroc. Ilfutainfi appelle, à ce que l'on
croit, comme qui diroitCaf </«»()»«//>■/», parce que l'on s'imagi-
noit,il y a trois cens ans , qu'il n'y avoit point de terre plus Occiden-
tale , 8c qu'on ne pouvoir aller plus outre , fans fe perdre dans l'O-
céan. * Baudrand. SUP.
CAPACCIO, ou CapaccioNuevo, Caput aqueum; ville d'I-
talie dans la Principauté citerieure , au royaume de Naples , avec
Evêché fùftragant de Salerne. C'efl: une ville nouvelle, lituée dans
une plaine, étant autrefois lur une montagne , où en font les rui-
nes qui ont encore le nom de Capaccio Vecchio.
CAPACCIO , (Jule Céfar) a été en eftime au commencement
du XVII. Siécle.Il étoit de Campagna dans le royaume de Naples,
où fes parens n'avoient rien qui les diftinguât parmi leurs citoyens.
Son mérite a procuré des honneurs à fa famille , qui la relèvent
par-defllis les autres , qui lui étoient égales. Il étudia à Naples ,
& ayant beaucoup d'inclination pour les Lettres , il s'y avança
extrêmement. Il apprit la Philofophie , la Juriiprudence Civile &
Canonique , 8c enfuite il s'attacha à la leélure des Poètes 8c des
Hiftoriens. Comme il avoit un mérite fmgulicr , onlechoiiitpour
être Secrétaire de la ville de Naples. Il tut un de ceux qui con-
tribuèrent le plus à établir l'Académie de gli Oziojè dans la même
ville. Ffançois de la Rovere Duc d'Urbin l'engagea à fe charger de
l'éducation du-Prince fon fils , & ce fut durant ce tems que Giulio
Celàre Capaccio compofa une partie des Ouvrages que nous avons
de lui. Il mourut en 163 1. lia écxitTrattato dell' Imprefe. Il Se-
eretario. Tredkhe .^adragefimali. Il Principe. Hijloria Puteolana.
Kiftoria Napolitana , éi>c. * Lorenzo CraflTo , Elog. d'Huom. Let-
ttr. P. I.
CAP ACE, (Scipion) a écrit du royaume de Naples. Il enefl:
fait mention dans Laurent Crailb , Elopa Litteratorum.
C A P A N E' E , un des Capitaines qui fe trouvèrent au fiége que
Polynice mit devant Thebes , vers l'an 2833. du Monde. Il fut le
premier qui pofa l'échelle fur les murailles de cette ville aflTiégée.
C'eft pour cela que les Poètes ont feint qu'il fit la guerre à Jupiter.
• Apollodore , Hygin , 8c Stace dans fa Jhebaïde.
, CAP AX, dans l'Ordre de Malte, eft le nom que l'on donne
aux Chevaliers qui ont fait cinq années de rélidence à Malte, 8c qua-
tre caravanes ; 8c font en état de parvenir à la Commanderie.
SUP.
CAPE CE, (Ettore) de Naples , célèbre Jurifconfulte, que
Philippe IV. Roi d'Efpagne employa en diverfes occafîons. 11 a
compofé quelques Ouvrages de Droit, 8c il eft mort le 10. Août
de l'an 16^4. Lorenzo CraflTo, Elog. d'Huom. Letter.
C A P E C E , Fabio.- Cherchez Galeota.
CAPECE, (Scipion") de Naples, a vécu vers l'an ij-j-o. Il
compofa divers Ouvrages en vers , 8c entre autres Deprincipiti rerum
lié. II. De D. Joanne Baptijla. lib. III. iQ'C. * Lorenzo Craflâ ,
'S.log. d'Huom. Leitre.
■ C A P E L , (Ange) (Guillaume) (Louis.) Voyez Cappel.
C '\ P E L A N , montagne à douze journées de Siren , capitale
du royaume de Pegu , danslaprefqu'iÔe de l'Inde au-delà du golfe
deBengala. Il y a une mine, d'où l'on tire une grande quantité de
rubis , de topazes jaunes , de faphirs bleus 8c blancs , d'hyacinthes,
d'amethyftes, 8c autres pierres précieufes de différentes couleurs.
* Tavernier , Voyages des Indes. SUP.
CAPELLA,ou Martianus Mineus Félix Capella. On ne fait
pas bien en quel tems il vivoit. On ignore de même s'il étoit Car-
thaginois, ou Romain. Il y a apparence qu'il a vécu au commen-
cement du VI. Siècle , parce qu'il eft cité par Boëce^ on eftime auf-
lî que l'Afrique étoit fa patrie , 8c il eft nommé parmi les Confulai-
res. 11 a écrit de Nuptiis Philologis, lib. VII. Francifcus Vitalis les
fit imprimer la première fois à Vicence l'an 1499. Depuis, en 15-77.
on les publia avec des Notes de Bonaventure Vulcanius , 8c enfin
Hugues Grotius en donna une édition beaucoup plus correfte en
l^^^.in oiîavo. Voyez la Préface , 8c confultez Vollius de Hiji. Lm.
3.^.7 1 2. de Math, de Poët. Lat. ^c.
CAPELLA, Poète Latin , vivoit fous l'Empire de Jule Céfar
. ou d'Augufte. Il compofoit des Vers Elegiaques,8c Ovide fait men-
tion de lui, li. 4. de t'ont, el. 16.
Clauderet imparibus verba Capella modis.
CAPELLA, Orateur, qui vivoitdanslell. Siècle. Il fut un
de ceux que l'Empereur Marc AureleAntonin/ei'&/o/o;i^e choiiit
pour l'éducation de Commodus Ion fils, qui profita très-mal des
foins de fes maîtres. * Lampridius , in Commod.
CAPELLA, ou DE Capilla, (André) Evêque d'Urgel en Ca-
talogne, étoit de Valence eu Efpagne. Dès fon jeune âge il en-
tra parmi les Jefuïtes, 8c s'y avança beaucoup dans les fciences 8c
dans la pieté,aufli y fut-il eftimé,&c il y eut même la charge de Maî-
tre des Novices. Vers l'an 15-69. il entra parmi les Chartreux,
pour y vivre caché dans la folitude. Mais non ièulement 011 lui don-
lom, II. ~ -
CAP,, ^1
na le gouvernement de diverfes maifons de fon Ordre ; ftiais inémé
le Roi Philippe II. le nomma , en vertu d'un Bref Apoftolique*
pour vifiter quelques Monafteres des Benediftins de Catalogne. Il
eut encore d'autres emplois importans,8c en i^-S;. il fut nommé
a l'Evêchéd'Urgel,qu'il gouverna avec beaucoup de prudence i-»;
ansdefuite, 8c mourut le 22. Septembre en 1610. Andréde Ca-
pilla favoit le Latin , le Grec , 8c l'Hébreu , 8c il s'attacha parti-
culièrement à l'étudede l'Ecriture. Il a compofé des Commentai-
res fur Jeremie en Latin, 8c divers autres Ouvrages cnEfpagnoIi
comme des Conliderations fur les Dimanches de l'année, fur les
jours du Carême, &c les fêtes des Saints , 8cc. * Jofeph de VaUesi
m Hiji. Cart. Hifp. Petreius, Bibl. Cart. Le Mire, dé Script. Sxc.
XVII. Nicolas Antonio , Bibl. Script. Hifp. ^c.
LACAPELLE, fortercffe de France en Picardie; Elle effi
dans cette contrée dite le Tierache, vers les frontières du Hainautj
environ à une lieue de la rivière d'Oyfe.qu'elle a au Midi.entre Lan-^
dreci , Avefne , 8c Guile. La Capelle fut bâtie dans le XVI. Siècle ^
pour s'oppofer à ceux des Pais Bas , qui faifoient des courfes dans las
Picardie.Dans le XVII. Siècle , elle a été fouvent prife& reprife.En
16^6. les Efpagnols la prirent fur le Baron du Bcc,& l'année d'après
le Cardinal de Ja Valette la leur enleva; 8c il perdit en ce fiéo-e le Sieur
de Bufli Lamet, 8c le Sieur de Rambures. Elle a été aufli prife 8c re-
priiè d'autres fois.
CAPELLIEN, Préfet de la Mauritanie , pour l'Empereur
Maximin , fur la fin du III. Siècle. Il attaqua les deux Gordiens,pere
8c fils, qui s'étoientfait déclarer Empereurs en Afrique,8c avoient
obtenu que le Sénat approuvât leur ékaion. Le fils âgédequaran-
te-fix ans fut tué dans la bataille ; 8c on ajoute que le père fe donna
lamortdedéplaifir, l'an 237. * ]nk d-pitolin, dans Gordien.
CAPELUCHE, Bourreau de Paris , fe mit à la tête des fédi-
tieux, au mois d'Août de l'année 141 S. 8c prit le parti du Duc de
Bourgogne, pendant les faftions des Armagnacs 8c des Bourgui-
gnons.Cette émotion ayant été appaifée quelques jours après, Cape-
luche.qui beuvoit à la Rapéc dans les Halles.fut pris, 8c décapité par
ordre du Duc de Bourgogne,parce qu'il s'étoit trop familiarifé avec
lui , Jufques-là que le Duc ne le connoiflànt pas , avoit fouffert qu'iî
lui eût touché dans la main. Ce Prince fit peut-être réflexion fur
ce que le jeune Pline appelle l'attouchement du Bourreau ,fœdtiM
contagium. (Epifl. 1 1 . /. 4.) * Jean Juvenal des Urilns , Hiftoire dti
Roi Charles VI. SUP.
CAPERNAUM. Cherchez Capharnaiim.
CAPES , rivière du royaume de Tunis en Afrique , vient du
Mont Atlas , 8c va fe décharger dans la mer Méditerranée , proche
de la ville de Capes , où eft le golfe de même nom. Son eau eft fàlécj
8c fi chaude quand on la puilè, qu'il la faut laiiTer rafi-aîchirà l'air ^
une heure avant que d'en boire. * Marmol, de l'-iifrique, 1. 1 . SUP.
CAPET , furnom de Hugues Comte de Paris 8c Duc de France <
fils de Hugues le Grand. Cherchez Hugues Capet.
CAPET, (Jean) Chanoine de Lille en Flandres, où il avoit pris
naiflTanCe, 8c Dodireur de Louvain , vivoit fur la fin du XVI. Siè-
cle, 8cmourutle 12. Mai de l'an 15-99. Il a écrit divers Ouvrages
remplis d'érudition 8c de pieté , comme des Commentaires furies
Epi très de Saint Paul 8c fur les Canoniques. De ver a Chrijii Ecclefta,
dcque Ecclefis ^ Scripturs, auBontate. De htrefi g^ modo coërcendi
h&reticos. De origine Caaoaicorum ^ eorum officia, (^c. * ValerCj
André, Bibl.Belg.
CAPETANS, ou Capétiens, nom que l'on donne aux Rois
de France de latroifièmerace, qui a commencé par Hugues Ca-
pet, l'an 987. Louis XIV. furnommé le Grand eft le trentième
Roi de cette famille.
CAPETE , fixiéme Roi des Latins , defcendu d'Enée , régna
vingt-fix ans , depuis l'an 3064. du Monde. D'autres le nomment
Atys, iEgyptus, ScCapetusSylvius. On dit qu'il laiflû Capys Sylv
vius, dont le règne fut de 24. ans, 8c que ce dernier fut fuivi d'un
autre Capetus Sylvius , qui ne régna que 13. années. *TiteLive,
MeiTala, Eufebe, 8c Denys d'Halicarnafli.
CAPETES , nom des Bourfiers du Collège de Montaip-u , fon-
dez par Jean Standonc en 1 48 o. ainfi appeliez, parce qu'ils portoienï
de petits manteaux , que l'on nommoit anciennement des capes ,
ou des capets. * Malingre , Antiquités de Paris. SUP.
CAPGRAVE. Cherchez Catgrave.
CAPHARE'E, promontoire fameux de l'ide Eubée, nommé
axi)ourd'hm Capo deW oro, ou dCapo Figera , dixish. pointe Orien-
tale de l'ifle de Ncgrepont. Il eft très-dangereux pour la navigation,
à caufe de quantité de rochers , contre lefquels les vaiilèaux peu-
vent heurter dans l'orage. Il eft 320. milles de l'ifle de Schiro,
à 12. de Carifto , 8c à 70. de la ville de Negrepont. C'eft où
Nauplius Roi d'Eubée vangea la mort de fon fils Palamede,quî
fut tué par la trahilôn d'UlyflTe. Car comme les Grecs revenoient
du fiége de Troye , Nauplius fit allumer un fanal à la cime dd
cette montagne , pour faire croire pendant la nuit que c'étoit un ha-»
vre , 8c ainfi plufieurs vaiflTeaux vinrent donner contre ces rochers*
8c y firent naufrage. Bochart tire ce nom du Syriaque, Ceipha-rus,^
c'eft-à-dire , écueil brifant. * Virgile , Enéide, l.ii. Ovide , Me-'
tam. 4. Prifcien. SUP.
CAPH AR N AUM,ou Capernaum, villede la tribu de Neph-
thali , vers les limites de Zabulon , fur le rivage de la mer Tibe-
riade, près de l'embouchure du Jourdain. Elle a été la Métropo-
litaine de toute la Galilée, où Jesus-Christ commença àpublier
les premières veritez de fa dodtrine , qu'il y confirma par un
grand nombre de miracles. Saint Matthieu y faifbit l'ofiice de Pu-
blicain , quand le fils de Dieu l'appella pour l'élever à l'Apoftolat/
Cette ville eft aujourd'hui défolee, 8c cfepuis que Soliman la rèdui- |
fit en cendres , elle n'cft habitée que par quelques familles de Mau-
res, qui tirent quelques pièces d'argent des pèlerins qui vontvi-
iiter les lieux faints.
F % LE
44 CAP. y CAP.
" LE CAPI-AGA ,q\i Capou-Ag asi , eft comme le Grand-Maître années par ces ^gm Capitohm , à la façon des Olympiades. L^â
du Serrail . C'eft le prem ier en dignité 8c en crédit de tous les Eu- Chrétiens y bâtirent depuis en l'honneur de la Sainte Vierge une E-
nuques blancs, £c il eft toujours auprès de laperfonne du Grand glife , dite ^r« C«/». *Denys d'HalicarnafTe,/;^. 4. Hi/î. Baronius:
Seigneur, en quelque lieu qu'il fe trouve. C'eft lui qui introduit
les Ambaflàdeursà l'audience :& routes les grandes aftaires paffent
par fes mains, pour venir à la connoiflance du Prince. Sa charge le
rend néceflàire à tous les autres, & lui attire de riches préfens.Per-
fonne ne peut entrer dans l'apartement de l'Empereur, ni en for-
tir , fans fon ordre : & quand le Vifir veut lui parler , c'eft le Ca-
pi-Agaqui le préfente. Il porte le turban dans le Serrail, 8c va par
tout à cheval par le privilège de fa charge. Il accompagne le Grand-
Seigneur j ufqu'au quartier des Sultanes , mais il demeure à la porte .
èa. table eft fervie aux dépens du Prince , 8c il a de plus dix Sultanins
par jour, qui font foixantc livres de nôtre monoye. Il s'eft vu des
Capi-Agas qui font morts riches de deux millions , ce qui retourne
dans les cofres du Grand Seigneur. Si le Capi-Aga quitte fa char-
ge, 8c fort du Serrail, il ne peut être Bâcha. * Tavernier, Rela-
tion du Serrail. SU?.
CAPILLA. Cherchez Capella.
CAPILUPPI , (Camille) Italien , fit imprimer l'an ij-7î. à
Rome un Libelle , intitulé les Stratagèmes , dans lequel il parloit
dumaïfacrede la Saint Barthelemi , 8c de la fuite de toute cette
àâion. Il yavoit des chofes affez fîngulieres, touchant les motifs \ 8cdeBalbin, qu'il n'adreffe àperfoime. Il en avoit fait pluiieurs
Se les raifons qu'on avoit eues de fe porter à cette violence. * De autres, qui^ont péri par l'injure du tems. * Voffius , /i. i . <^f j Jïi/î.
App. Ann. érc
CAPITOLIN, nom qui fut donné à Jupiter , à caufe du
temple qu'il avoit au Capitole. Ce Jupiter Cafitolin eft diiferent
de Jupiter Tenant , à qui Augufte dédia un temple , en mémoire
de ce qu'il avoit été délivré d'un grand péril , lorfque marchant la
nuit pendant fon voyage d'Elpagne, la foudre tomba fur fi litière,
8c tua celui qui la conduifoit. * Suétone, dam Augufte. SXIP.
CAPITOLIN , ou Cornélius Capitolinus , vivoit dans le
III. Siècle. Il eft Auteur d'un Ouvrage que nous n'avons plus 8c qui
eft pourtant allégué par Trebellius Pollio,dans la vie des trente Ty-
rans , où il dit après Cornélius Capitolinus , danslavie d'Odénat,
que Zenobie n'étoit pas feulement une des plus illuflxes,mais enco-
re une des plus belles femmes de l'Orient. Un autre Caius Julius Ca-
pitolinus fut Conful avec l'Empereur Aurelien , l'an 174.
CAPITOLIN, (Jule) Hiftorien , vivoit fur la fin du III. Siècle
8c au commencement du IV, fous le règne de l'Empereur Diode-
tien, àquiiladrellèlavie d'Antonin h Débonnaire , 8c celle de Ve-
rus. Il dédia celle de Claude Albin , de Macrin, des deux Maximins,
8c des trois Gordiens à Conftantin ; 8c il a fait aulTi celles de Maxime
"rhou, Hift. ïi. 21. & j-j.LeMire, de Script. Sm. XVI.
GAPILUPPI , (Lelio) de Mantoué , Poète célèbre , vivoit
dans le XVI. Siècle. Jaques Augufte deThou parle de lui , après
avoir fait mention de Joachim du Bellai mort à Paris le i .Janvier de
Lat.c. 7.
CAPITON, vingt - cinquième Patriarche de Jerufalem, vivoit
dans le IL Siècle. Il fucceda à Julien II. 8c tint le fiége julqu'ea
la cinquième année du règne de l'Empereur Commode , qui étoiE
l'an 1^60. Noms donnerons, dit-il, pour compagnon à joachim du Bel- 'h iSj.dejEsus Christ. *Ea{khe,dansfaChron.BstxoBms,
lai, Lelio Capiluppi de Mantôuë , qui étoitjon grand ami, ^ quimourut
irois jours après lui dans Jbnpaïs , âgédeôi.ans. Il fe joua/i heureufe-
jnent des Vers deVirgile fon compatriote, en leur donnant une autre fi-
vnijlcation, qu'il a en cela entièrement effacé la gloire d'Aufine , de
ïroba Falconia , ^ des autres quife font exercez, fur le mêmefujet. £n
effet, outre les autres chofes , lia fait des Vers de ce Poëte, un ou deux
CentOns de l'origine des Moines , de leur vie, dt leitrs règles , des céré-
monies de l'Eglife , du maldeUafles, ^ de diver fes autres chofes. Jn-
lius Rofcius publia depuis ces Centons à Rome en 15-90.
CAPIS. Cherchez Meckaw.
CAPISTRAN , (Jean) Religieux de S. François , vivoit dans
le XV. Siècle. Il étoit originaire de France 8c né au bourg de Capif-
CAPITON, Hift:orien deLycie, vivoit fur la fin du IV. Siècle.
Il a écrit huit Uvres de l'Ifàurie , de fon pais , 8c de la Pamphylie ,
8c a traduit l'Abrégé d'Eutrope; ce qui fait voir qu'il vivoit après
Julien; parce que c'eft fous îbn Empire qu'Eutrope compofaiba
Abrégé. Il eft cité par Stephanus de Byzance , £cc. * Voffius ,
Hift. Gréic. li. 3 . de Foët. c. utt. de Math. c. 69. § . 1 9.
CAPITON, ou Capitp, Poëte d'Alexandrie, dont Athénée fait
meiition , il écrivit des Commentaires à Philopapus. * Athenéc,
//. 7. ce" 8. [Voyez, Joan. Meurfii Bihlioth. Grdica.']
CAPITON, connu fùus le nom de Wolfgangus Fabricius
Capito, Allemand, étoit d'Haguenaw dans l'Aliàce , où il nâ-
tran près de la ville d'Aquila dans l'Abruzze.SonpereGentilhomme jquiten 1478. Il étudia à Bâle, 8c pour complaire à fon père, il
d'Anjou s'y étoit marie fervant fon Prince Louis d'Anjou , lorique fe fit Médecin. Depuis comme il avoit plus d'inclination pour la
fous le règne de Charles VI. Roi de France il alla mener du fecours 1 Théologie, il en fit fon étude ordinaire après la mort de fon père,
au Roi de Naplés fon coufm. Jean de Capiftran fe fit Religieux de 1 8c reçut les honneurs du Dodtorat en cette Faculté. Après cela , il
Saint François , il mérita l'amitié de Saint Bernardin , 8c il fut deux ' apprit les Langues 8c particulièrement l'Hébraïque ; 8c le Cardinal
fois Général de la réforme de l'obfèrvance , à laquelle il avoit beau- ; Albert de Brandebourg Archevêque deMayence ayant fouhaité de
coup contribué. Son zèle étoit fi bien reconnu , qu'il futchoifiln- ) l'avoir auprès de lui , il paflà encore Dodleur en Droit Canon.
quiliteur de la Foi , 8c Légat du Saint Siège en Allemagne,où il con- , Ainfî ayant connoiflance de tant de fciences diverfes , il fe fit des
vertit quatre mille HuiTites. Il fut un des plus célèbres Hérauts de amis illufties, 8c le Cardinal lui procura des Lettres de nobleife pour
laCroifade,quelesPapesNicolasV.8cCalixtein.firentpubliercon- , lui8cpourfi famille. Capiton donna dans les nouveautez, au fil-
tre les Turcs; 8c Une quitta jamais l'armée, qui défit les Infidèles , ' jet de la Religion. Après cela il le retira à Strasbourg,8c puis à Bâle
lorfqu'ils avoient alTiegé Belgrade. Il mourut peu de tems après à , 8càHaguenaw. Il fe lia d'amitié avec Bucer 8c avec Oecolampa-
Wilak en Hongrie, l'an 145-6. On lui attribue divers Ouvrages , de. Il époulà la veuve de ce dernier , 8c compofa là Vie. Après
de l'autorité du Pape 8c du Concile , du Mariage , de l'Excommuni- 1 la mort de cette femme il en époufa une autre nommée Agnès , qui
cation, de CamnePœnitentiait, Speculumconfcientiéi.ôr'C. Le Pape j étoit lavante , 8c en état de prêcher, lorfque fon mari étoit incom-
Piell, Blondus,Tritheme,Poflèvin, Wadinge, les Continuateurs mode. Capiton mourut le 10. Janvier de l'an i5"4i. Il lailîà divers
de Baronius,Bellarmin', 8cc. parlent de lui. Le Pape Grégoire Onmges.lnftitutionumHeèraicarumlié.II.Enarrationes in Habacuc
XV. le déclara Bienheureux.
CAPITAINE Poulin. Cherchez Efcaliiî.
LA CAPITANATE , province d'Italie , dans le royaume de Na-
plés. On dit qu'eue eft ainfi nommée depuis que l'Empereur Bafile
^Ofeam. VitaJoannisOecolampadii , c^c. * Pantaleon, ti.j.Profl
Scultetus , in Annal. Surius , Sleidan , Melchior Adam , Sec.
CAPITON. Cherchez Atteins Capito.
CAPITOULS , c'eft le nom que preiment à Touloufe ceux qui
y envoya un certain Capitaine célebre.Eile a au Levant 8c au Septen- 'adminiftrent les affaires de la ville, 8c ont foin de la police. APa-
trion la mer Adriatique , au Couchant le Comté de Moliffe ; 8c au ris , à Lyon , à Rouen , à Orléans , à Rheims , à Troyes , à Poi^
ÎMidi la terre de Barri , la Balilicate , 8c la Principauté ultérieure , 1 tiers , à la Rochelle , 8c aux autres villes de France , entre la Garon-
qui lui eft auifi en partie au Couchant. LaCapitanate eft l'Afpulia ne 8c la Somme, rivière de Picardie, on les appelle Echevins ; à
ilaunia des Anciens. Ses villes font Mont-Saint Ange avec Arche- '• Bourdeaux , Jurats ; 8c dans les autres villes de Guyenne , de Lan-
vêché uni à celui de Manfredonia , Afcoli,Lucera, Ardona, Bo- Iguedoc, de Dauphiné , 8c de la Provence, Confols, qui eft un nom
viano , Arpi , Fiorenzuola , Troya Siponte , 8cc. Le mont Gargan y pris des Romains , mais dans un fens bien différent. Dans quelques
eft aulfi fameux , par l'apparition de Saint Michel , 8c e'eftlà où eft j grandes 8c bonnes villes du royaume le Roi les annoblit après leur
la ville du Mont S. Ange. Cette province eft très-fertile 8c une des j année d'exercice. Ils ont de beaux privilèges , qui leur ont été
plus confiderables du royaume de Naples. * Leandre Alberti , i oftroyez par les Rois. Le Chef de ces Magiftrats eft appelle Prévôt
Defcr. Ital. Merula, Cofmogr. Scipio Mazella , Defcr. del regno di ! des Marchands en plufieurs villes , comme à Paris , à Lyon :
Nap. érc.
CAPÎTANES , nom que l'on donna aux Gouverneurs des pla-
ces dans la Fouille 8c dans la Calabre , du tems que les Empereurs
Grecs tenoient ces provinces fous les Empereurs d'Allemagne.De
là vient qu'il y a une province du royaume de Naples , qu'on appelle
encore aujourd'hui la Cafuanata. * Sigonius , liv. 8. du Royaume
d'Italie. SXJP.
CAPITANIES, petits gouvernemens dans le Brefîl , fuivant
la divifion qui en a été faite par lesPortugais qui font maîtres des cô-
tes. Il y en a quatorze, dont les Capitaines commandent chacun
dans leur territoire. SUP.
CAPITO, (Fitinius) à qui Pline le Jeune donne de grandes louan-
ges. Il a fait quelques Ouvrages Hiftoriques. *li.?i.ep.iz.
CAPITOLE , nom de la fortereite de Rome,où l'on bâtit un
temple à Jupiter. Tarquin l'Ancien en jettales premiers fonde-
mens l'an 159. de Rome,8c Tarquin le Superbe l'acheva eii 2 21 . On
lui donna le nom àe Capitole d'une tête , que les Latins nomment
caput , qui y fut trouvée en creufànt les fondemens de ce temple,
félon Denysd'HalicarnafTe. Il flit brûlé fous l'Empire de Vitellius ;
Vefpafien le fit rebâtir , dans le même tems que le temple de jeru
Rouen, 8cc. 8c Maire en d'autres, comme à Bourdeaux, à la Ro-
chelle, bic. SUP.
CAPITULAIRES , ordonnances des Rois de France , dans les-
quelles il y a plufieurs articles ou chapitres qui regardent la police
de l'Eglife , 8c qui ont été faites par l'avis des Evêques , affemblez
en Concile ou en Corps d'Etats. Pour bien entendre l'origine Scia
fîgnification de ce mot, il faut remarquer que l'on appelloit Capi-
tules , Capitula , des articles que les Prélats dreffoient 8c publioient
pour fervir d'inftruâion aux Ecclelîaftiques de leur Diocefè. Oa
met en ce nombre les Canons de Martin, Archevêque de Prague
en Efpagne, dreffez l'an 5-7 3. Ceux du Pape Adrien I donnez à
Angilràm ou Enguerran Evêque de Mets , l'an 78f. Ceux de
Theodulphe Evêque d'Orléans, de l'an 7 97. Ceux d'Hincmar Ar-
chevêque de Rheims , en 851. & 872. Ceux d'Herard Archevêque
deTours,en85-8.8cceux d'IfaacEvêquedeLangres.Delà eft venu
que l'on a donné le nom de Capitulaires aux ordonnances qui con-
tenoient des Capitules ou Articles concernans les affaires Eccleliai^
tiques. Ceux de Charlemagne 8c de Louis le Débonnaire furent
recueillis par Anfegife Abbé , en quatre livres. Ceux des Rois Lo-
thaire , Charles , 8c Louis , enfans du Débonnaire, par Benoît Lévite
falem fut détruit. Ayantété de même brillé par le feu du ciel fous ou Diacre, en trois livres. Il y a eu depuis quatre ou cinq addi-
Tite , Domitien le fit encore rebâtiravec plus de pompe , 8c ordon- tions : 8c le P. Sirmond a fait de nôtre tems une édition de ceux de
nades jeux qu'on célebroitde cinq en cinq ans, Scroncomptoitles CYaûn le Chauve en particulier. Etienne Baluze a donnéauffiun
1 nouveau
GAP»
inouveau Recueil de Capitulaires , qui eft beaucoup plus parfait que
tout ce qui avoit paru en ce genre» *Doujat, Hijtotre du Droit Ca-
tion. SUL'.
CAPITULATION de l'Etapire, c'eft comme un Contraél
que l'Empereur paflè avec les Eleûeurs, au nom de tous les Princes
& Etats de l'Empire d'Allemagne , avant que d'être déclaié Empe-
reur , 8c qu'il ratifie après avoir été élevé à cette fouveraine dignité.
On n'a introduit l'ufage de ces Capitulations, que depuis l'Empe-
reur Charles Quint. Avant ce tems-là , les Conltitutions ordinaires
de l'Empire tenoieht en quelque façon lieu de ces Capitulations :
ïnais les grands Etats que ce Monarque poïïedoit hors de l'Empire ,
ayant fait appréhender aux Elefteurs , qu'il ne donnât quelque at-
teinte à la liberté des Princes, & autres membres de l'Empire, ils
jugèrent à propos de lui propofer certaines conditions, auxquelles
il voulut bien fe foumettre : & ils ont continué d'en ufer de même à
toutes les éleftions des Empereurs qu'ils ont depuis élevez, fur le
throne. Cette Capitulation ell une efpece de barrière à l'autorité de
l'Empereuj , qui empêche que fa puiflance ne foit tout-à-fait Mo'
narchique , & la réduit dans un gouvernement mixte, c'ell-à-dire ,
mêlé de la Monarchie & de l'Ariftocratie. Lorfque l'Empereur eft
élu, lesEleaeursleconduifentàrEglife; & l'ayant fait aflèoir fui-
le grand autel , l'Archevêque de Mayence lui donne la Capitulation
pour la iîgner , avec promeffe de confirmer aufll-tôt après fon cou-
ronnement tous les droits & toutes les prééminences dont jouiflènt
les EkaeursjSc les autres Princes & Etats de l'Empire: ce que l'Em-
pereur exécute fiir le champ , en faifànt expédier à chaque Eleâeur
dès Lettres Patentes , fignees 8c féellées du grand Sceau. Par la Ca-
pitulation de Leopold élu l'an i6f8.cetEmpereur s'obligea d'obfer-
ver 8c maintenir la Bulle d'Or , la Convention d'Augsbourg faite
en ^SJ^' ^^ Traité de Munfter 8c d'Ofnabruck en 1 648 , 8c plufiéurs
autres articles , qui font tous le nombre de quarante- fept * 8c fe ré-
duifent principalement à ne rien innover fur le fait de la Religion ;
à ne point faire ni abolir de loix fans le confcntement des Etats de
l'Empire ; à demander l'avis des Electeurs 8c des autres Princes , ou
villes ImperialeSjlors qu'il s'agira de dénoncer 5c de faire la guerre ,
d'impofer des fubiîdes ou contributions , de faire la paix ou des
alliances , de bâtir de nouvelles fortereflès , 8c autres chofes qui
regardent le bien général de l'Empire. * Heiff, Hifioire de l'Empire.
Severinus deMonfambano dit que s'il y a quelque exemple deCa-
pitulation avant l'Empereur Charles Quint , elle eft fùppofée. Que
ce qui porta les Elefteurs à borner l'autorité de Charles Quint par
des conditions fi expreflès , fut la confideration de fa puiflance 8c de
Ion ambition , qui paroiflbit aflèz dans là devife , Plus ultra ; 8c
qu'ils craignoient que la grandetu- des Etats , qu'il poffedoit de £bn
chef , ne lui fervît à opprimer l'Allemagne. Ce même Auteur
ajoute que jufques à préfènt ces Capitulations ontétépréfentées
auxEmpereurs par les leulsEleâ:eiu's,làns la participation des autres
Etats, qui s'en font plaints de tems en tems : 8c lors de la paix de
Wefl^halie , on propofa de délibérer dans la prochaine Diette fur la
manière de dreflèr une Capitulation perpétuelle: mais cela n'a point
eu d'effet. Quelques Auteurs AUemans demeurent d'accord que la
Capitulation donne des limites à la puiflTance Impériale , mais fou-
tiennent que cette efpece de Concordat n'affbiblit point fa Souve-
raineté. La plupart néanmoins avouent que l'Empereur n'eftpas
véritablement Souverain, n'ayant reçu l'Empire que fous des con-
ditions qui l'empêchent d'exercer une autorité abfoluë. * Sam. Pu-
fendorf , fous le nom feint de Severinus de Monfambano , Etatfré-
fentdeV'Empired'Alerniigne. SUP.
CAPIVACCIO, (Jérôme) de Padoue, a été un de s plus célè-
bres Médecins du XVI.Siécle. Il favoit aufli les Langues, les belles
Lettres, Scia Philofophie ; 8c c'eft avec juftice qu'il s'aquit tant de
réputation , non feulement en Italie , mais par toute l'Europe; Il
enfeigna durant trente-cinq ans , dans l'Univerfîté de Padoue. Le
Grand Duc de Tofcane fouhaita extrêmement de l'avoir dans celle
de Pife , 8c lui fit pour cela des offres très-avantageufes, mais Capi-
vaccio fe crut plus obligé à fa patrie, llymourutl'an ifSç. 8c fut
enterré dans l'Eglife des Jefuites. On dit qu'un Aflrologue lui ayant
prédit qu'il mourroit,s'il entreprenoit quelque voyage dans fa vieil-
leflè , il fe moqua de cette vaine prédiûion ; 8c étant allé voir le
Duc de Mantouë qui étoit malade , à fon retour il fut attaqué d'une
fièvre violente, dont il mourut peu de jours après. Nous avons
divers Ouvrages de fa façon. Medicinafraâica. Lib.VIl.de Methodo
.Anatomica. De differentiis doSrinarum , ^c. *Riccobon, lii.i. de
Gymn.Pataii. Thomafini, m Etog. illujt. vir. Caftellan , in Vit.
illuft. Medic. Van der Linden , de Script. Med. ^c.
C A P N I A S , Poète Grec , qui n'avoit rien écrit d'excellent
félon Suidas. Ce qui a donné fujet à Voflius de dire , qu'il ne fe faut
pas étonner que tout ce que ce Poète avoit compofé , fe foit dilfipé ,
puifqu'en Grec fon nom fignifie fumée. On ne fait pas en quel tems
il a vécu. * Voflîus , de Poét. Gr^c.p. 87 .
CAPNION. Cherchez Reuchlin.
CAPO ouCabo d'Istria, yuflinopoU's . ^gida , ^ Ca-
futljlri&, ville d'Italie dans l'Etat de Venife, avec Evêché fuffra-
gant d'Aquilée. Elle eft capitale de la province d'Iftrie, 8c fîtuée fur
la mer Adriatique entre Triefte 8c Parenzo. On croit que l'Empe-
reui: Juftin la fit rétablir , 8c que c'eft de là qu'elle eut le nom de
Juftinopolis.
C A P O di Lecci , ville dans la terre d'Otrante. Cherchez Lecce.
CAPO Malio. Cherchez Malio.
CAPOCHI. Cherchez Cappochi. *
CAPORALI (Céfarle) Poète Italien, étoit de Peroufe ,
& a vécu dans le XVI . Siècle. Il compofa un Poème de la Cour ,
où il décrit ii bien la vie d'un Courtifan , que tout le monde fe fai-
foit un plaifîr de voir fon ouvrage , dans le tems qu'il commença de
paroître. LeCaporali avoit naturellement une grande imagination
*c' un grand feu d'efprit. Si beaucoup de vivacité, 8c avec cela il
Tom, n.
^^^^ 41
étoit fi enjoué qu'il penfoit plaifamment leé chofes , Sccoinrtie il
parloit bien fa langue , il les difoit auifi de bonne grâce. C'eft ce
qui donna tant de crédit à ce Poème. Il en compola encore un autr^
de la vie de Mecenas , qu'il divifa en dix parties; mais cet Ouvraga
n'eft pas achevé , il n'y avoit pas mis la dernière main quand il mou-
rut. Son fils a eu fom de le donner au public. Comme le Caporal»
avoit un efprit gai, libre, 8cplaifant, il avoit aufti grand nombre
d amis.Mais celui qu'il a aimé plus chèrement, 8c dont il a reçu aufll
des marques plus particulières d'amitiè.eft AfcagneMarquis deCor-
nia , avec lequel il vivoit en grande familiarité dans fon château de
Caftighoni. C'eft là où ce Poète mourut l'an 1 60 1 . gc où il a même
ete enterré , comme le marque fon fils dans la Préface de fes Ouvra-
ges. Janus Nicius Erythrwus a aulTi fait fon éloge. Confultez Jaco^
biUi dans fa Bibliothèque des Ecrivains de l'Ombrie , où il dit que le
Caporah avoit été Gouverneur d'Atri dans le royaume de Naples.
L E C A P O U-A G A S I , en Turquie , eft le Maître ou Com^
mandant de la porte. C'eft lui qui commande à tous les Pages 8c
à tous les Eunuques blancs de la Cour; 8c tous les autres officiers
font fous lui. Capou fignifie porte, ^Agn, Maître ou Commm'-
dànt. * Ricaut, de l'Empire Ottomm. Voyez Capi-Aga-i
C A P O U E , ville d'Italie dans le royaume de Nàples , en M
terre de Labour avec Archevêché. Elle eft bâtie fur le Vulturne i
à deux milles des ruines de cette ancienne Capouë , qui fut ctim-
parée à Rome 8c à Carthage , gcappellée la ville des délices; Stra-
bon, Denysd'Halicarnaflé, TiteLive, Florus, Appian Alexan-
drin , Tacite , Suétone , Silius Italicus , Virgile , Pline , 8c plu-
fiéurs autres Auteurs en parlent fouvent. On rapporte pourtant fort
divetfement fa fondation , que les uns attribuent aux Ofciens , 8c
les autres à Capys. En 33o.deRomeksSamnites fc faifirent , du-
rant la nuit, de la ville de Capouë colonie des Tofcans, Scymap
facrerent les habitans. Annibal, après la bataille de Cannes donnée
l'an 5-38. de Rome, laiflà hyverner en cette ville fon armée , qui
s'y relâcha fi fort , qu'elle ne fut plus capable de battre les Romains.
Aufli ces derniers ayant repris Capouë efl 5-43. 8c propofédans
le Sénat de ia détruire , crurent que les bons fervices qu'elle
avoit rendus à la Republique, en amolifiTant par fes délices le cou-
rage des Carthaginois , méritoient qu'on la confervât. Elle devint
depuis colonie , fut ruinée par Genferic Roi des Vandales , 85. re-
bâtie par Narfes Capitaine de l'Empereur Jnftinien dans le VI. Siè-
cle. Les Lombards la ruinèrent une féconde fois ; 8c on croit qu'ils
jett«ent les fondemens de la nouvelle Capouë fur le Vulturne, telle'
qu'on la voit aujourd'hui. Le Pape Jean XIV. l'èrigea en Archevê-
ché l'an 96'8. Capouë eft bien différente en ce temps de ce qu'elle â
été autrefois; elle diminue mêtae tous les jours, 8c il n'y a que fon
nom qui la rende encore confiderable. Elle eft bâtie environ à deux
lieues de l'ancienne ville. Elle eft défendue d'un fort château , &
elle a quelques autres fortifications. * Leandre Alberti , Defcr,
Ital. Scipio Mazella , De/cript. delKegno di ^'/^f Giulio Ceiàré Capac-
cio, Uift.Neapolit.^Ci "
Conciles de Capouë^
LePapeSiriceenaflèmblaun l'an 389. pour éteindre Iddivifidii'
de l'Eglife d'Antioche, qui avoit attiré celle de l'Eglife d'Orient 8È
d'Occident. Saint Ambroife y prélida. On ordonna auffi qu'Ani-
cius de Theflàlonique auroit foin d'examiner Faffàire de Bonofe ,
Evêque dans la Macédoine, qui enfeignoit des errenrs. Le fecondi
fut tenu l'an 1087. pour l'elêétiou de Viélor III. lequel après plu-
fiéurs refiftances fut conduit à Rome 8c couronné. Le Pape Gelafe
II. en célébra un l'an 1118. auquel Henri V. Empereur fut ex-
communié avec Maurice Burdin, Antipape fous le nom de Grégoire
VIII. On en rnet aufli quelques autres de moindre confideratioui
CAPOUË (Pierre de) Cardinal, étoit d'Amalphi , ville dii
royaume de Naples. CeleftinlILlecrèaCardinalDiacreen 1193;
8c lui donna enluite trois Légations confécutives. La première fiât
au royaume de Naples, la féconde en Lombardie, 8clatroifiéme<
qui fut la plus célèbre , au royaume de Pologne , où il réforma heu-
teufement plufiéurs abus ; mais il fut en danger de fa vie pour avoir
voulu entreprendre la même chofe dans le royaume de Bohême. ÏI
ne courut pas moins de rifque près de Plaifance en Italie , où en paf-
faut pour retourner à Rome , il fut pris par quelques Soldats , aux-
quels il fut obligé de donner de l'ai-gent pour avoir fa liberté. Le Pâ'
pe fâché de cet attentat, 8c de ce que les Bourgeois de Plaifance n'en
avoient point puni les auteurs,jetta un interdit fur la ville,8c fournit
l'Evêque à l'Archevêque de Ravenne. Innocent III. envoya enfuitc
Pierre de Capouë Légat en France, pour moyenner la trêve entre le
Roi de France 8c le Roi d'Angleterre; Après avoir heureufement
réufli , il prêcha une Croifade , 8c convoqua une aflèmblée de
Prélats à Dijon , fur le divorce de Philippe Augufie,zvec Engelberge
fon époufe légitime^ Alors il mit,par l'avis de cesPrélats,le r'oyaume
en interdit, ce qui n'eut point d'effet: car fa Majefté en appel) a an
Saint Siège. A fon retour à Rome , le Pape Innocent le fit Cardinal
Prêtre, & le nomma fon Légat en cette fameufe expédition d'O-
rient, où les Latins conquirent fur les Grecs l'Empire deConftan-
tinople.Le Cardinal de Capouë féjourna quelques années en Orient,
d'où il revint mourir à Rome l'an 1208. * Ciaconius Cromer. Ro-
ger. Hoved. Dupleix, Hi/ioire de France. Auberi, Hiji. des Cardi-
naux. SUP.
C A P O U T A N-B A C H A , nom de l'Amiral,oudu Bâcha de
la mer, parmi les Turcs. Capoutan câ un mot cmiom-pu de l'Ita-
lien CajM>a»D. SUP.
CAPPADOCE, grand païs de l'Afie Mineure , qui a eu titr e
de royaume. Elle eibiivifée aujourd'hui en quatre provinces prin-
cipales, Genech, Suas, Anadole, 8c Amafie. Elle étoit bornée
par l'Arménie Mineure au Levant : par la Cilicie au Midi : par la
F S PajJi,
.6 CAP. I CAP.
Pamphvlie 8c la Galatie à l'Occident , 8c par le Pont Euxin au Sep- On s'oppo^ pendant dix ans entiers à Genève , I Sedan , 8c à Leide
tentrion. Ses villes plus coniiderables étoient Comane, Sebafte, àl'imprefliondeceLivre,maisleP.PetauJcfuite,8tleP.Morindo
tentrion. sesvuiespli
Neocelârée, Trebizonde, Cefarée, Amafie, patrie de Strabon ,
&c. Mais aujourd'hui les chofes font bien change'es , fous la tyran-
nie du Turc.Ai-iarathes fut un des anciens Rois de Cappadoce.Phar-
naces étoit avant lui. Il eut plufieurs fucceffeurs amis des Romains.
Ariobarzane, qui avoit été chaiTé par Mithridate, fut rétabli par
Pompée vers l'an 690. de Rome; & après la mort de ce Prince 8c de
fon frère Ariarathes . Archelaiis obtint cette couronne par la faveur
d'Antoine; 8c donna fa fille Glaphyre à Alexandre , fils d'Herode
fe Grand. Ce Royaume dura environ 476. ans. Depuis, les Ro-
mains réduifirent ce pais en province; 8c la gouvernoient par des
Proconfuls. Ifaac Comnene fogitif de Cônftantinople prife par les
François en 1 104. y établit un Empire nommé de Trebifonde,par-
ce que la ville de ce nom en étoit la capitale ; 8c il fubfifta jufqu'à
David furnommé Cdo-feem ou Beau Jeun , qui fut pris l'an 1 46 1 .
par Mahomet II. Empereur des Turcs, 8c mené captif en Grèce ,
où quelque tems après il fut mis à mort avec fes enfans. * Pline ,
/i.6.c.8.Strabon, //. il. Volaterran 8c Genebrard , Chron. Nice-
tas, Paul Jove, Hifi. &c.
Succejjîon Chronologique des Rois de Cappadoce.
Pharnaces vers l'an 3473 .du Monde.
Six Rois, dont le nom eft inconnu.
Ariarathes I.
Orophernes.
Ariarathes II.
Ariarathes III.
Arfammes.
Ariarathes IV.
Ariarathes V.
Ariarathes VI.
Ariarathes VII.
Ariarathes VIII.
Ariarathes IX.
Ariobarzanes I. élu.
Ariobarzanes II.
Ariarathes X.
Archelaiis mort à Rome.
3690,
3724,
3S30.
}
tuez en 3946
3945.
[CAPPEL , famille. Denys C a p p e l enféveli à Paris
au cimetière de S. Innocent, mourut l'an >47i. H laiffa Ger-
VAIS C A p p E L , de qui naquit J a CL" e s Confeiller 8c Avocat
du Roi en 15-36. Il eut de Marguerite d'Aimery, de très-bonne fa-
mille ,jACi.vEs;GuiLLAUME Seigneur de Preigny , Médecin
& Curé de Planoi ; Louis Miniftre 8c Profeflèur à Sedan 8c à Lei-
de; Ange Secrétaire du Roi; 8c pluiîeurs filles. jAQ.uEsfut
Confeiller au Parlement de Rennes , mais faifantprofeffion de la
Religion Réformée , il fut obligé de s'en défaire. Il fe retira à la
capipagne dans une terre qu'il avoit en Brie , 8c en 1 fSj-. il fe retira
encore à Sedan , où il mourut l'année fiiivante. On trouvera un
Abrégé de fa vie , dans un Ecrit de Louis Cappel fon fils ; qui eft à
la tête de fes Commentairesfur le VieuxTeJlament imprimez àAmfter-
dameni689. Il eut plufieurs enfans, 8c particulièrement deux fils
qui fuivent , 8c qui ont rendu le nom des Cappels célèbre.]
[CAPPEL, (Jaques) Seigneur du Tilloi, 8c Profeflèur en
Théologie à Sedan , fils de Jaques Cappel Confeiller au Parlement
de Rennes, nâquiten if68. 11 étudia en Théologie à Sedan , où il
fut reçu Minillire. Il commença à exercer fon Miniftere , dans fa
Terre du Tilloi , qui étoit un Fief de Haubert. Il fut appelle à Sedan
par le Duc de Bouillon en ij-pp. 8c mourut en 1614. Il a fait divers
Ouvrages de Théologie , de Critique fur l'Ecriture Sainte , de Con-
troverfe , 8c d'Hiftoire , dont quelques-uns font im.primez,8c les au-
tres en manufcrit , entre les mains de fon neveu Jaques Cappel, qui
eft à prefent ( 1 693) en Angleterre. On a imprimé à Amfterdam en
1 689 .yé; Remarcjues fur le Vieux Teftament, 8c l'on peut voir, à la tête
de ce Livre , un abrégé de fa vie , 8c l'indice de tous fes Ouvrages.]
CAPPE L, (Louis) né en 1 y8 3 . le 1 4. d'0£tobre,a été Miniftre 8c
Profcffeur à Saumur dans la langue Hebraïque,8c a donné au public
plufieurs Ouvrages, où il fait paroître beaucoup de jugement , Se un
grand fonds de litérature pour tout ce qui regarde la Critique des
Livres Sacrés. Il eft Auteur d'un excellent Traité intitulé Arcanum
funSationis revelatum , qui fut publié en Hollande par Thomas Er-
penius,parce que Cappel ne trouvoit perfonne ni en France,ni à Ge-
nève qui voulut l'approuver: au contraire ceux de fon pais s'y oppo-
foientjs'étant imaginez que ce Livre détruifoit les principes de leur
Religion. Il y montre invinciblament la nouveauté des points
voyelles , qui font dans le texte Hébreu. Cet Ouvrage mérite d'être
lu de tous ceux qui veulent favoir la Critique làcrée. Le célèbre A-
lexandre Morus,qui l'avoit vu avant qu'il fut imprimé,rend juftice à
rAuteur,qu'il appelle dans fes Exercitations fur l'Ecriture un hom-
me d'un jugement très-fin 8c d'une profonde érudition, lÀrr>att]pmo
rOratoire,8c le P.Merfenne Religieux Minime,obtinrent le privilè-
ge du Roi pour l'imprimer à Pans. Ce qui parut étrange à la Cour
deRome qui fut fur le point de le condamner ,parce qu'il étoit inouï
qu'on imprimât en France les Livres des Héretiques,où il étoit par-
lé de Théologie, avec un privilège du Roi. Mais ce fut le fils de
Cappel , qui eut le foin de cette impreffion , 8c qui étoit Catholique,
le père n'y ayant point paru. R. Simon cite là-deflùs une lettre du
P. Jean Morin au Cardinal François Barberin,à qui il écrit qu'on fe-
roit plaifir à Cappel de condamner à Rome fon Livre, qui lui avoit
attiré la haine de ceux de faSe£te,8c qu'en même tems on feroit tort
aux Catholiques qui fe fervoient utilement de cette Critique contre
les Proteftans. Cette Lettre du P. Morin , qui n'étoit alors que ma-
nufcrite , a été depuis imprimée en Angleterre dans un Recueil de
Lettres , fous le titre de hibliotheca Orient alis , où l'on trouvera auffi
la Lettre,que le Cardinal Barberin écrivit touchant cetteCritique au
P. Morin. Au refte,cet Ouvrage, qui a fait tant de bruit,ne contient
autre chofe dans les fix Livres dont il eft compofé , que des diverlès
Leçons , 8c un Catalogue des fautes,qu'il prétend s'être gliifées dans
les Exemplaires de la Bible,par le moyen des Copiftes ; ce que l'Au-
teur accompagne de Réflexions Critiques. Plulieurs Proteftans ont
attaqué cette Critique , mais d'une manière foible ; 8c tout ce qi/ii
y a aujourd'hui d'habiles gens, fi on en excepte quelques Théolo-
giens du Nord , qui font entêtez des fentimens des deux Buxtorfes,
conviennent avec Cappel , 8c approuvent fon Ouvrage.Grotius, qui
entendoit parfaitement cette matière , écrivit à Cappel une Lettre^
où il lui marque qu'il devoit faire plus d'eftime d'un petit nombre
de perfonnes favantes qui louoient là Critique , que de ceux qui s'y
oppofoient en foule : Contentus ejio magnis potius,quàm tnultis iaudâ-
toréus. Cappel a écrit quelques Apologies, pour défendre fonLivre;
mais celle qui mérite le plus d'être oblèrvée , eft une Lettre Apolo-
gétique qu'il adreffa à UiTerius, contre Bootius qui l'avoit accufë
d'être convenu avec le P. Morin, pour ruiner les Originaux de laBi-
ble. Il prouve au contraire dans cette Lettre , qu'il avoit attaqué
fortement dans fa Critique l'opinion du P. Morin;mais que comme
ce Père avoit eu part avec fon fils JeanCappel à l'édition de ceLivre,
il avoit retranché ce qui étoit contre lui; 8c on le trouve imprimé
dans cette Lettre Apologétique , à la page 1 9 . 8c dans les fuivantes.
Cappel a donné au public plufieurs autres Ouvrages , qui font aufl»
fort confiderez. Walton a fait réimprimer dans lès Prolégomènes
qui font au devant de la Polyglotte d'Angleterre, la Chronologie Sar
crée de cet Auteur , qui avoit été imprimée à Paris en 16 jj. 8c de
plus, fon Ouvrage fur la Defcription du Temple de Salomon. *Mé-
moires Savans. SUP. [On a imprimé à Amfterdam en 1689. les
Commentaires Théologiques 8c Critiques,fur le VieuxTeftament,
avec la défenfe de fon Arcanum, in fol. Il mourut à Saumur en i <Sj-8.
le 1 6. de Juin. Il a fait lui-même un Abrégé de là vie, dans fon Ecrit
de Cappdlorumgentei]
C A P P I D U S , Prêtre de Staveren dans la Frife , vivoit dans le
X. Siècle du tems de Conrad 8c d'Henri /'Oîyê/f»r Empereurs. U
compofa la Généalogie desPrinces,Ducs,8c Rois deFrife , l'Hiftoirc
Ecclefiaftique du pais , 8c quelques autres Traitez , qui ont tous
été brûlez par l'incendie d'une Bibliothèque. * VolTius , de Hifi.
Lat.li.i.c.^g.
CAPPOCHI, (Alexandre) Religieux de l'Ordre de Saint Do-
minique , étoit fils de Pierre Cappochi, Bourgeois de Florence , vil-
le de "Tofcane , 8c de Marguerite de Falcano, auflTi native de Floren-
ce, oùilnâquitle i4.d'Oâ:obre ij'i^. Après la mort de fon père»
n'ayant que douze ans.il reçut l'habit de cet Ordre des mains du Pè-
re Archange, le 19. Avril' ij'i7. Il fe rendit fort favant dans les
Langues Orientales , c'cft-à-dire,dans la Chaldaïque , la Syriaque,
l'Arabe , 8c l'Hébraïque. Il parloit fi bien Hébreu , que lors qu'il
prêchoit, les Juifs croyoient qu'il fut de leur nation. Après avoir
fait admirer fon zèle dans ces faints exercices , il mourut à Florence
le 8.jourd'Oâ:obre de l'année 15-81. * Hilarion de Cofte , Uiftoire
Catholique des Ho?nmes ^ Dames illuftres. SUP.
CAPPOCHI, [Nicolas] Cardinal , Evêque d'Urgel , étoit
de la même famille de Cappochi, qui eft noble 8c ancienne à Rome.
Il étoit petit-neveu du Pape Honoré I V.Son père JeanCappochi l'é-
leva avec beaucoup de foin, 8c il l'envoya à Perouie , où il fe rendit
habile dans le Droit Canon 8c Civil , fous Balde 8c Barthole , qui y
étoient ProfelTeurs. Depuis étant venu à Avignon , où étoit alors
le S. Siège , il s'y fit coniiderer , eut divers bénéfices confiderables ,
8c fut fait Cardinal par le Pape Clément VI. en 135-0. En 135-6. le
Cardinal Tallerand de Perigord 8c lui vinrentLégats enFrance pour
y accorder les differens qui étoient entre le Roi Jean 8c Edouard IIL
Roi d'Angleterre. Leurs foins furent inutiles ; 8c la funefte bataille
de Poitiers décidade cette guerre. Le Cardinal Cappochi fe trouva
à l'éleâion d'Urbain V. qu'il fuivit à Rome. Ce fut en ce tems
qu'il fonda un Collège à Peroufe , un Monaftere à Mont Murdno
pour les Religieux delà Congrégation du Mont des Oliviers , 8c di-
vers autres édifices facrez , qui feront des monumens éternels de la
virjudicio O' undecumque doSiffimusW ajoute au même endroit, que pieté de ce Cardinal. Il mourut faintement à Monte Falconele aô.
-_^ ii__..^ ^.._:^ 1- .. j_ _!../: nnu.c_i — :„_. J~ ' Juillet de l'an 1368. 8c fon corps fut porté à Rome 8c enterré dans
l'Eglife de Sainte Marie Majeure , où l'on voit encore fon épitaphc.
* Martinelli, Onuphrc, Bofquet, Auberi, 8cc.
CAPPOCHI, (Pierre) C ardinal , étoit de Rome. Son mé-
rite le fit connoître au Pape Innocent IV.lequel étant peifuadé de là
capacité 8c de fa grande expérience dans les affaires , le mit au nom-
bre des Cardinaux l'an 1 24+. 8c l'ayant mené avec lui en France , il
s'en fervit utilement dans le Concile de Lyon. Après cela il l'envoya
cet excellent Ouvrage étoit la terreur de plufieurs Théologiens de
Genève, qui avoit du zèle pour la caulè de Dieu, Opus qunntivis pre-
tii , fed à multis x,elo Deiflagrantibus etiam hic Genevî reformidalum.
Mais le même Morus nous aifure que ce zèle n'étoit pas félon la vé-
rité ; 8c l'on a remarqué que Louis Cappel n'avoit eu autre dellcin
que d'établir plus fortement les premières opinions des Réformez ,
qui convenoient en cela avec les plus habiles Catholiques. Ce fa-
vant homme a compofé un autre Ouvrage intitulé Criricajkcra , &
imprimé à Paris en 1650, qui a encore tait plus de bruit que lèpre- j en A llemagne,où il fe trouva l'an 1 148 .à la Diette de Franctort.dans
mier , 8c qui lui attira la haine de plufieurs de fon parti ; comme s'il j laquelle Guillaui-ne de Hollande fut élu Empereur contre Frédéric
fe fut uniquement propoféd'appuyer les fentimens des Catholiques -- - - ■■ ■ •• ■ -• ■ , .- .
fur l'autorité de l'Ecriture , 8c de ruiner l'autorité du texte Hébreu.
II. Le CardinalCappochi avoit fi bien réuffi dans cette commiflion,
que le Pape lui en donna une encore plus importante. Ce fut de
faire
CAP.
faire la guerre en Italie contre le même Frideric ÎI. îln'yréuflît
point mai,& étant de retour à Rome,il lui arriva cette avanture d'u-
ne image de la Sainte Vierge tombée dans un puits,qui donna occa-
fion à Cappochi de faire bâtir l'Eglife de NôtreDame de la place.qui
eft aujourd'hui aux Servîtes. Il mourut en la même ville de Rome
le iS.J^Mdel'an izj-9.8c il fut enterré dans l'Eglife de Sainte Marie
Majeure, dont il étoit Archiprêtre, & où l'on voit encore fon épita-
phe. * Ciaconius , inlmoc, /FiAuberi, Hift.desCard. Marrinelli',
&c.
CAPPOCHI, (Reinier) Cardinal, étoit de Viterbe. Ughel
CAP. 4^
toutes-égales, 8c une cour au milieu parfaitement rotide de même
que les corridors & les galeries qui l'environnent ; & cependant les
laies fontquarréesSc bien proportionnées. La principale eft peinte
delamaindePietroOrbiita, qui étoit en réputation fous Paulin.
Il y a une des chambres, où quatre perfonnes étant placées chacune
dans un coin, l'oreille tournée à la muiaille , elles s'entendent par»
1er fort diftinftement, quoi qu'elles parlent bas ; &ceux qui ibnt
au milieu de la chambre n'en entendent rien. Il y en a une autre i
ou ii vous frappez du pied,quand vous êtes au milieu de la chambre»
ceux qui font au dehors croyent qu'on y a tiié un coup de piftolet.
eftime qu'il avoit été Religieux de l'Ordre de Saint Benoît & qu'il / Tous les autres appartemens ont chacun leur beauté particulière'
fut depuis Evêque de Viterbe. Le Pape Innocent III. le fit Cardinal
en 1 1 1 3 . Honoré Ill.l'envoya Légat dans la Tofcane.Gregoire IX.
lui continua ce même emploi ; & Innocent IV. qu'il avoit accom-
pagné au Concile General de Lyon de l'an 1 245'. l'envoya en Italie ,
pour y publier les cenfures contre l'Empereur FredericII.Sc retenir-
dans le devoir les villes foumifes au Saint Siège. Le Cardinal Cap-
pochi s'aquitta fi bien de cet emploi, que le même Pape le pourvut
du gouvernement du Patrimoine de Saint Pierre,8c il mourut « Vi-
terbe l'an 1 25-0.11 y avoit fait diverfes fondations confiderables d'E-
glifes 8c de Monafteres. Bzovius parle de celui de Saint Dominique
gc d'un fqnge aiTez extraordinaire. * Onuphre 8c Ciaconius , in Vit.
Tont. Bzovius , .<f. C. 1 220. ». 7 . Auberi , Hift. des Card. Ughel , Ital.
facr. ^c.
C A P R A , (Benoît) de Peroufe , un des plus célèbres Jurifcon-
fultes de fon iiécle , a fleuri fur la fin du XV. Siècle , vers l'an 1480.
Il favoit le Droit Canon 8c Civil , la Théologie , les belles Lettres ;
Se ritahe n'avoit pas de fon tems un homme d'une érudition plus
imiverfelle. On lui attribue divers Ouvrages ; 8c entre autres des
Commentaires fur les Décretales. * Tritheme , de Script. EccL Gef-
ner, Poflevin, 8cc.
CAP RAI A. Cherchez Capraria.
C A P R A R A , (Alexandre) Jefuïte , Italien , étoif d'une noble
femille de Bologne. Sa vertu 8c fon érudition le firent aimer dès fa
jeuneflè du Cardinal Paleotte , qui l'obligea de mettre au jour plu-
fieurs Ecrits qu'il avoit faits fus diverfes matières , avant l'âge de
vingt 8c un an ; 8c Charles Sigonius.qui avoit été fon Maître.lui lait
fa tous fes Ouvrages en mourant.Etant entré,âgé de vingt 8c un an,
dans la Société des Jeliiites en 15-80. il s'y difiinguaparfonzeIe8c
par fa vertu , 8c eut enfuite le gouvernement de plulieurs Collèges
avec d'autres emplois confiderables. Il excelloit dans la Morale, 8c
ièrvoit fouvent de confeil au Cardinal François de Gonzague. Ce-
pendant il exerçoit avec ferveur toutes les vertus Religieufès. Il
mourut faintement à Mantouë le 6.d'Oâ:obr.i 625- .âgé de fôixante-
£x ans. Les Magiftrats de la ville voulurent que fon corps fût mis
dans un tombeau féparé des autres. * Alegamhe , Bibl. Fat. Soc.Jef.
SU P.
CAPRANICA, (Ange) Cardinal, Evêque de Rieti , 8c Lé-
gat à Bologne, étoit frère de Dominique, aimoitles Lettres, 8c
avoit parmi fes domeftiques des perfonnes d'un rare favoir , 8c en-
tre autres iEneas Sylvius , lequel ayant été élevé fur le fiege Ponti-
fical fous le nom de Pie II. mit au nombre des Cardinaux Ange
Capranica en 1460 C'étoit un homme de grande vertu ; il mourut
à Rome l'an. 1478. 8c il fut enterré dans le même tombeau que fon
ftere. * Gobelin, in Comment. Fit II. /«. 2. Onuphre , Auberi,
&c.
CAPRANICA , (Dominique) Jurifconfulte Romain , étoit fils
de Nicolas, 8c frère d'Ange Capranica. Il étudiaàPadouë 8c à Bo-
logne Ibus les plus célèbres Jurifconfultes , 8c s'aquit la réputation
d'être un des plus favans hommes de fon tems.Le Pape Martin V.le
pourvut de divers emplois confiderables , Ini donna le gouverne-
ment d'Imola, 8c le nommaCardinal en 1 42 3 . Mais comme cePape
mourut avant que de lui avoir donné les ornemens de cette dignité,
on refiifa de le recevoir dans le Conclave.Eugene IV. fiiivit ces fen-
timens contre Dominique Capranica : il s'en plaignit au Concile de
Bâle 8c on lui attribua le titre 8c les honneurs, qu'onyrendoitaux
perfonnes de fà qualité. Il étoit confideré par fa probité , 8c il avoit
une très- grande expérience dans les affaires. On confeilla au Pape
Eugène IV. de ne fe pas attirer de fi puiffans ennemis: il fui vit ces
confeils , 8c ayant trouvé le moyen de faire parler à Capranica , il
l'attira à Florence,le reconnut pour Cardinaljl'envoya Légat dans la
Marche d'Ancone , 8c lui donna le gouvernement de Peroufe. Ni-
colas V. l'aima 8c lui confia les emplois les plus importans. Car il
l'envoya deux fois Légat à Alfoniè V. Roi d Aragon. Capranica frit
encore Grand Pénitencier, Califte III. fuceeflêur de Nicolas le con-
fidera auffi infiniment , 8c on ne doute point qu'il n'eût été mis à fa
place s'il l'eût furvécu de quelques jours; mais il mourut en même
temsquelui, le 14. Août de l'an 145-8. Ce Cardinal, comme je
l'ai dit , étoit très-favant , £c avoit une très-belle BibUotheque ,
qu'il laififa pour un Collège qu'il fonda à Rome.Son corps fut enter-
ré aux Jacobins de la Minerve, où l'on voit fon tombeau. * Ciaco-
nius, aux uîddit.Yiâorel 8c Onuphre,</««j Martin V. S. Antonin. tit.
3.1. c. i6t fur la fin.Vhxvas , dans Califte ni. Eneas Sylvius, fous le
nom de Gobelin i Comment, lib. i . Sponde , aux Annal.
C APRARI A,ouL A C a p r a i a , petite ifle entre Corfe &
l'Italie aans la mer de^enes. Elle étoit autrefois habitée par de
faints Moines ; 8c elle é^ujourd'hui fujette aux Génois , qui y ont
garnifon. Les Anciens la nommoient JEgito» ou Mgilium , Ca-
fraria&cCapraJïa. * Pline, i(. 3.C. 6.Ptolomée, 8cc.
CAPRAROLA , palais célèbre d'Italie, au Duc de Parme. Ale-
xandre Farnefe Cardinalle fit bâtir dans le XVI.Siécle. Il eft dans le
Patrimoine de Saint Pierre , au Comté de Ronciglion , près de Vi-
terbe , Se environ à vingt-cinq milles de Rome. Caprarok eft un
ouvrage du fameux ArchiteûeVignole, 8c on l'eftime un des plus
magnifiques palais qui foient en Italie.pour fon Architeéture. Il eft
contre une montagne,bâti en pentagone javec cinq faces fort fautes
Les jardins 8c les fontaines y font dignes de cet admirable palais,
C A P R A T. Cherchez Alvarez
C A P R E' E , ou IsLE DE Capri , Caprex é- Caprea, ifle de h
mer Tyrrhene ou de "Tofcane , vis-à-vis de Puzzol dans le royaume
deNaples. Elle en dépend, gc c'eft cette ifle où Tibère fe retirai
pour y commettre tous fes crimes , qui ne furent pas fi bien cachez,
que Suétone ne les ait fus, pour donner à la pofteritéplusd'aver-
lion pour celui qui les commettoit fans honte. Autrefois cette ifle
ayoit deux villes; maintenant elle n'en a qu'une, qui eft Epifcopa-
lefouslaMetropled'Amalfi. * Pline, //. 3. c. 5-. Strabon, M. <•,
Suétone , dans Tibère.
GAPREOLE, (Elle) natif de Brefce en Italie , 8c excellent
Jurifconfulte 8c Hiftorien, a été en eftime au commencement du
XVI. Siècle. Il compofa divers Ouvrages , qui lui aquirent beau-'
coup de réputation ; comme l'Hiftoire de Brefce en XIV. livres,,
dont il y en a douze d'imprimez. Hefenfioftatuti Brixienjîum , de
ambitions & fumpibus fmerum minuendis. Dialogus de confirmations
fidei , c^c. Elle Capreole mourut fort âgé en 1 5- 1 9 . * Baptifta Man-
tuanus , in Carm. Leandre Alberti , De/ir. Ital. Voffius , de Hift.
Lat. Le Mire 5 de Script. Sdc. XVI.
CAPREOLE, Evêque de Carthage , envoya fe Diacre Befula
pour afllfter au Concile d'Ephefeen43i , lemiièrable état, où fe
trouyoient les Eglifcs d'Afrique par la guerre des Vandales, ayant
empêché les PKlats d'y aller eux-mêmes ,' il écrivit une lettre d'ex-
cufe, qui fe voit encore parmi les Aâes du Concile d'Ephelè ; 8c
unedellncarnation, rapportée en partie par le Cardinal Baronius.
Mais depuis, le P. Sirmond la fit imprimer à Paris l'an 1630. avec
quelques autres Traitez contre les Neftoriens. Elle eft fous ce titrer
JDe ma Chriftiveri Dei ^ hominis perftina. On croit que Capreole
l'adrefloitàVitalis 8c à Tonantius ou Conftantius Evêque d'Efpa-
gne. Vincent de Lerins parle avantageufement de ce Prélat, Scde
là lettre écriteau Concile d'Ephefe.
CAPREOLE, (Jean) Religieux de l'Ordre de Saint Domi-i
nique, a vécu dans le XV. Siècle. Il étoit François , de la province
de Languedoc , natif d'un village près de Touloufe , où il fe fit Reli-
gieux , 8c il devint un grand defenfeur de la doârine de Saint Tho-
mas. Il compofa quatre Livres de Commentaires lùr le Maître des
fèntences. Tritheme dit qu'il vivoit en i4i5-.Bellarmin en 1410^
Antoine de Sienne eni424. 8c Sponde aiTure que c'étoit en i44îi
C'eft fur cette année, qu'il rapporte une difpute que Capreole eut
avec Toftat au Concile de Bâle , du tems d'Eugène IV.
CAPRERA, (Bernard) Grand Juge de Sicile, vivoit dans
le XV. Siècle; Il voulut envahir le royaume après la mort du Roi
Martin en 1 4 1 o . 8c époufcr Blanche veuve de ce Prince ; ce qui fut
la fource de plufieurs malheurs. *Fazel, //. 2. defir. 9. ca{. S*
Surita , li. 11.
CAPRI. Cherchez, Caprée.
CAPRICORNE, un des douze Signes du Zodiaque , coiji-?
pofé de vingt-huit étoiles , qui repréfcntent , dit-on , la figure d'u-
ne chèvre. Le Soleil entre dans ce Signe au mois de Décembre , 8c
fait alors le Solftice d'hyver , commençant à revenir vers l'Equa-
teur. Les Poètes difent que c'eft la chèvre d'Amalthée, qui avoit
nourri Jupiter de fon lait , 8c dont ce Dieu voulut faire une conftel-i
lation pour la recompenfer de ce bon office. D'autres ont feint qua
le Dieu Pan , craignant le géant Typhon, fe déguifa en fe transfor-
mant en un bouc qui avoit une queue de poiflbn: 8c qu'il fut enlùite
enlevé au ciel par ordre de Jupiter , qui avoit admiré cette adrefle.
*CKfius, incœloAftronom.Fo'étic. Augufte Cèfar étant né fous ce
Signe fit battre quantité de pièces d'or 8c de cuivre,qui en portoient:
la figure. C. Patin.yar Suétone. De Thou remarque auflî que Cofma
de Medicis Grand-Duc de Tofcane vint au monde fous le mêmeSi-
gne. Pline,//f . 1 1 .c. 1 5- .dit que ceux , qui habitoient l'Attique vers le
Midi, avoient un jour nommé Caprificiel , qu'ils confacroient à
Vulcain, 8c auquel ils commençoient la récolte de leur miel. SUP.
CAPRONCZA. Cherchez Copranitz .
C A P R O T I N E , eft le nom que les anciens Romains donne*
rent à Junon 8c aux Nones de Juillet , auxquelles ils célebroient unei
fêtefolennelle, dont voici l'origine. Après que les Gaulois furent
fortis de Rome, les peuples voiiins, qui favoient que ks forces de la
République étoient epuifées , trouvèrent l'occafion belle.pour s'ea
rendre maîtres , 8c donnèrent le commandement de leurs troupes à
Lucius Diftateur des Fidenates , lequel envoya un Héraut au Sénat»
poiu: lui déclarer que s'il vouloit conferver les reftes de Rome,il fal-
ïoit que les Romains lui envoyaflTent toutes leurs femmes 8c toutes
leurs filles.- Les Sénateurs voyant leilr perte prochaine , 8c ne fa-
chant à quoi fe réfoudre,uneEfclave nommée PhUotes ayant aflèm*
blé toutes les autresjeur fit prendre avec elle les habits de leurs maî-
trefi^s 8c de leurs filles , 8c dans cet équipage trompeur , elles paiTe-
rent dans le camp des ennemis. Le Général les ayant diftribuées
aux Capitaines 8c aux Soldats , elles les invitèrent à boire & à fe ré--
jouir, fous prétexte qu'elles célebroient ce jour-là entr'elles une fê-'
te folennelle ; 8c après qu'ils fe furent remplis de vin 8c que le fom-
meil les eut aflbupis , elles donnèrent un fîgnal du haut d'un figuier
fauvage , auquel les Romains accoururent 8c firent main-baft"e par
tout.Le Sénat en recojinoiiTance de ee bon office accorda la liberté à
48 CAP. CAR.
Ces courageufes Efclaves, 8c leur affigna à chacune une fomme d'ar-
gent des deniers publics pour fe marier. Les Romains appellerent
ce jour de leur délivrance Its Nones Caprotines , & établirent une fête
annuelle à Junon Caprotine , ainlî nommée de caprificus, qui lignifie
urifigmerfati-vagei * Plutarque. SUP.
C A P S A , ville de la Libye intérieure au milieu de fes vaftes
deferts , dont elle eft environnée de tous cotez : c'eft d'où elle a
tiré fon nom , félon le fentiment du doéte Bochart ; Caphas en Hé-
breu, d'où il dérive CA/yîî, Çigw.iia.ntprepr ^ferrer. Florus&Sa-
lu.fte , parlant des habitans de Capfa,difent qu'ils font au milieu des
fables & des ferpens,qui les défendent mieux que leurs arméesjeurs
murailles , & leurs remparts contre ceux qui les voudroient atta-
quer. SUP.
CAPUCI, ouCapucio, (Antoine) natif de Spolete , a vé
eu au commencement du XVL Siècle. Il avoit été difciple de Marc
Antoine Muret , Se avoit appris fous lui le Grec 8c les belles Lettres,
qu'il enfeigna depuis avec beaucoup de réputation. On dit que fes
mœurs n'étoient point trop bien réglées , 8c qu'il en porta des rnar-
ques fîir le vifage en 1 620. Il mourut de pefte à Padouè' avec fa fem-
me 8c fes enfans, l'an 163 i.fes Ecrits fe font perdus. *JaquesPM-
lippe Thomaffini , in Vit. lUuJl. Viror.
CAPUCIATI, ou Encapuchonnez,certains Hérétiques, qui
s'élevèrent en Angleterre , en 1387. ainfinommez,parce qu'ils ne
iè découvroient point devant le Saint Sacrement.Ils fuivoient les er-
"reurs de WicJef , 8c foutinrent l'apoilalie de Pierre Pareshul Moine
Auguftin , lequel ayant quitté le froc accufa fon Ordre d'homicide,
delbdomie, de trahifon, Se de plufieurs autres crimes. * Sponde,
^.C. 1387. num. 9.
CAPUCINS, Congrégation de Religieux de Saint François ,
qui font ainli nommez delà forme extraordinaire de leur capuchon.
Matthieu de Bafci,Frere Mineur Obfervantin duDuché de Spolette,
8c Religieux au Couvent de Montefalconi , affural'an ifzf. que
Dieu l'avoit averti d'exercer une plus étroite pauvreté,§c fe retira en
folitude avec permiffion4u Pape. Quelques autres pouflèz du mê-
me efprit le joignirent au nombre de douze. Le DilC de Florence
leur donna un Hermitage dans fes terres; £c Clément VU. approu-
va la Congrégation. Le Pape Paul III. la confirma l'an ifjj-. avec
permilTion de s'établir par tout , 8c lui donna un Vicaire General j
avec des Supérieurs. On dit que le premier Couvent de cet inftitut
fut bâti à Camerino , par la Duchefle Catherine Cibo. Sous le rè-
gne de Charles IX. les Capucinsfurent reçus en France, 8c eurent
premièrement un Couvent à Meudon , que le Cardinal de Lorraine
leur fit bâtir. Henri III. leurenfit conftruireun à Paris, au faux-
bourg Saint Honoré. Ils ont neuf provinces dans ce royaume, ou
dix, en y comptant celle de Lorraine , 8c un très-grand nombre de
Monafteres. * Gratian , Hta Cotnmend. Cttrd. Luc Wadinge , Se
Zacharie Boverius , Sponde , A. C. i fz^. à^fuiv.
0^ Après cela , on peut connoître que ceux qui ont ofé écrire „
que Bernardin Ochin ou Okin , qui paffa chez les Proteftans , fut
Inftituteur d'une Congrégation fi fainte , étoient mal informez de
la vérité; il eft vrai qu'il eut l'avantage d'en être Général, 8c un
des premiers 8c des plus fignalez de ceux qui commencèrent
Ta Réforme ; mais il ne la fonda pas. Cherchez Bernardin O-
chin.
C A P U CI O. Cherchez Capud.
CAP VER D, promontoire Célèbre d'Afrique dans la Nigritie,
au Midi de l'embouchure du Senega, 8c au Couchant de l'Afrique.
Cette côte eft fréquentée par les Européens. Les ifles, qui font vers
l'Occident à ij-o. lieues de cap, font connues fous le nom d'ifles
duCap-Verd, parce que ce cap eft la partie de la terre ferme, qui'
en approche le plus. Elles font rangées prefque en forme de croif-
fant ou de demi-cercle, dont la partie convexe regarde la grande
terre, 8c les deux pointes la grande mer. Les Portugais en font les
maîtres ; elles ne font pourtant pas toutes habitées , les principales
font Saint Jaques , Saint Nicolas , Sainte Luce , Sainte Marie , l'Ifle
du Sel , l'iile du Mai, Bonne-vûë, Saint Antoine , Saint Vincent ,
rifle du Feu, Bravo 8cc. Je parle ailleurs de ces ifles en particulier;
il fuffit d'ajoûter,que quelques Auteurs les prennent pour lesHeipe-
rides des Anciens , mais il y a plus d'apparence que ce font les Gor-
gades ; d'autres en parlent diverfement.
C A P Y S , furnommé Sylvius , feptiéme Roi des Latins , 8c de
la famille d'Enée. Ilfoccéda à Capetel'an 3090. du Monde, 8c
régna vingt-huit ans , d'autres difent vingt-quatre. Quelques Au-
teurs eftiment , que ce Capys avoit fait bâtir la ville de Capouë.Sue-
tone dit qu'on trouva dans cette ville certaines lames d'airain dans le
tombeau de Capys, dans la même année que Jule Célàr fut tué. Il y
avoit des caradteres Grecs, qu'on déchifra avec peine, 8c on y trou-
va que lors que les os de Capys feroient découverts , un des defcen-
dans de Jule feroit tué par les fiens. *Denys, -<i»f . Row. Eufebe ,
C^;-o«. Suétone, injul.^c.
CAR, fils de Phoronée Roi d'Argos , régna à Megare ; 8c il-^
appeller cette ville 8c cette province Carie de fon nom . Il y bâtit un
tehiple à la Déeflè Cerès. Cefot, dit-on, le premier qui trouva
l'art de deviner par le vol 8c le chant des oifeaux. * Hérodote, liv.i
SUP.
CAR, (Robert) Comte 'de Sommerlèt. Voyez Sommer-
set.
CAR A Muftapha , Grand Vizir. Le Grand Vizir Coprogli fon
oncle le fit élever parmi les Ichoglans ou jeunes gens du Serrail. Il
avoit de belles qualitez,qui le firent aimer desEunuques^Sc en moins
de dix ans,il fût mis au nombre des Officiers de laChambre duThré-
for. Ce pofte ne fut pas defavantageux à Cara Muftapha; car la Sul-
tane Mère Validé y étant allée un jour avec l'Empereur fon fils Ma-
homet IV. fiit charmée de l'air 8c de la bonne mine du jeune Mufta-
pha. Elle lui fit d'abord préfent d'une très-belle émeraude, que le
Sultan lui avoit donnée: 8c on dit que depuis cette Sultane le fit
CAR.
entrer fouvent dans fa chambre, pour contenter fa paflloû qui de-
vint extrême pour Cara Muftapha.Ce fut par les foins de cette Prin-
ce le , qu il eut les plus belles charges de l'Empire,8c qu'il parvint à
celle de Grand Viiir.Elie lui fit donner d'abord la charge de premier
Ecuyer du Grand Seigneur. Quelque tems après , il tua le rebelle
Aiîan Bâcha d'Alie, par l'ordre de fa Hautefle; ce qui lui âéuit en-
tièrement l'eftime de fon Prince , qui le récompenfa de la charo-e de
Bâcha, ou Général de la mer. Il fut enfuite Kaimacan, qui'^ftla
féconde dignité de l'Empire; 8c enfin Grand Vizir: après quoi le
Grand Seigneur lui donna fa fille en mariage. Il auroit eu plus de
bonheur pendant fon miniftere,s'il eût eu moins d'attachementaux
mhrigues du Serrail. La PrincefiTe Bafch-lari , veuve du malheureux
Afian, 8c fœur de l'Empereur Mahomet , fut caufedefaperte. II
en devint fi éperdûment amoureux,qu'il n'y eut rien que ceMiniftre
n'entreprît pourjouïr de cette Princeftb, mais inutilement; caria
Sultane Validé , indignée du mépris de Muftapha,qu'elle avoit feule
elevepour contenter fon amour, fit avorter tous les deflèins de ce
Mimltre. Muftapha, pour fe venger, fit ôter à la Sultane Validé la
part qu'elle avoit au gouvernement de l'Empire. Il n'en falutpas
davantage,pour mettre à bout l'indigiiation de cette Princefle. Elld
chercha d'abord tous les moyens de le perdre. Elle appuya auprès
du Grand Seigneur les plaintes que lesGrands de la Porte firent de là
tyrannie; blâma famauvaife conduite dans la guerre de Honoriej
condamna fa lâcheté au fiége de Vienne; qu'il levahonteufenaent'
après y avoir fait périr les meilleures troupes de rEmpheOttoman;
8c fe fer vit enfin de la perte de Gran pour animer les Janiffaires à la
révolte , 8c pour obliger par ce moyen le Grand Seigneur à facrifier
cet infolentMiniftre a la haine publique. Mahomet eut d'abord de
la peine à y confentir , parce que la perfonne de fon Grand- Vizir lui
étoit extrêmement chère ; mais s'y voyant contraint , après l'avoir
fait condamner par le Muphti, ouChefdelaLoi, il lui envoya fore
arrêt de mort par deux Agas des JaniiTaireSjqui l'étranglèrent à Bel-
grade le zf. Décembre 1 68 3 . On porta fa tête en diligence à Andri-
nople, où elle fut un fpeftacle fort agréable au peuple. La feule
Princefle Bafch-lari donna des pleurs à fa mort; 8c ne pouvant fouf-
frir que la tête d'un homme, qu'elle avoit honoré de fon eftime, fer-
vît de fpeâacle au peuple , elle la fit enlever fecrettement du lied oii
elleetoitexpolee. Voyez l'Hiftoire de fa Vie. SUP.
C A R A C A L L A , (Marc Aurele Antonin BaflTien) Empereur ,'
fuccédâ à fon père Severe,au commencement du lAois de Février
de l'an 2 II. Il étoit né à Lyon dans le palais de l'Antiquaille, au
tems que fon père gouvernoit cette province ; 8c il y fut proclamé
Empereur près de Vimi, qui eft à prefent le Marquifat de Neufville.
A fon retour à Rome, il fit donner la mort aux Médecins , parce
qu'ils ne l'avoient pas avancée à fon père, qu'il avoit voulu faire
mourir. Il tua fon frère Geta, entre les bras de fa mere,fit mourir le
grand Jurifconfulte Papinien, qui n'avoit voulu ni excufer ni défen--
dre fon parricide;& fit donner de même la mort à tous les ferviteurs
de fon père ou de fon frère ; de forte que les Hiftoriens de ce tems-fâ
comptent jufqu'à vingt mille perfonnes maflacrées. Il eut aufli
l'efironteried'époufer Julie veuve de fon père, gc étant pafîë en
Orient, il remplit la ville d'Alexandrie du fang de fes habitans j 8c
neconfultaplusque les Magiciens 8c les Aftiologues , bien qu'il fe
piquât d'imiter Alexandre le Grand. Tant de cruautez avancè-
rent fa rnort: quelques Officiers confpirerent contre lui; Se cem-
me il alloit d'Edefle à Carres de Mefopotamie,un des fes Centurions
nommé Martien l'aflàffina, par ordre de Macrin qui lui fuccéda. II
fit le coup dans le tems que Caracalla étoit defcendu de cheval, pour
aller à quelque néceflité naturelle, 8c qu'il étoit éloigné de fes Gar-
des. Ce fut une jufte punition de fes crimes, car il étoit devenu
l'objet de la haine de tout l'Empire 8c des Princes étrangers, n'ayant
ni humanité envers fes Sujets , ni fidélité envers fes Alliez. Abaga-
re Roi d'EdelTel'étoit venu voir, comme un Allié de l'Empire, 8c
Caracalla s'affura de fa perfonne 8c fe rendit maître de fes Etats.Il e»
uÊ de même à l'égard du Roi des Arméniens 8c de fes engins. Se
d'Artabane Roi des Parthes , qu'il traita tous de la même forte ,
après les avoir trompez lâchement , par une longue fuite de fourbe-J
ries 8c d'artifices. Son emportement contre les Alexandrins ne vint
que de ce qu'on lui avoit rapporté, que ces peuples avoient dit quel-
ques paroles piquantes contre là perfonne. Le règne de Caracalla
fut de fîx ans.deux mois,8c fix jours;depuis le % . Février de l'an 2 1 r,
comme je l'ai dit, jufqu'au huitième de l'an 217. Il étoit âgé de
vingt-neuf ans , ou de quarante-trois , félon Spartien. Le nom
de Caracalla lui fut donné , à caufe d'un Certain vêtement qu'il avoit
apporté des Gaules, 8c dont il vouloit que le peuple fe fervît. Il fè
ûta.ulïidor)neT le nom de Germanique, après avoir vaincu certains
peuples AUemans qui s'étoient révoltez ; 8c voulut qu'on y ajoutât
celui deParthique&cd'Araiique. Ce qui fit dire à Helvius Perti-
nax fils de l'Empereur de ce nom , qu'il y falloit encore ajouter ce-
lui de Getique , parce qu'il avoit tué ion frère Geta , 8c que les Goths
font auffi appeliez Getes. * Spartien, Aurelius Viûor , Dion , He-
rodien, Euîèbe, Sec,
CARACCIOL, Maifon. La MaifondeC ar acciùl eft
des plus nobles du royaume de Naples , 8c elle a produit de grandsi
hommes. Outre ceux , dont je parlerai ci-après , Nicolas
MoscHiN Caracciol, Cardinal^s'eft aquis beaucoup
de réputation dans le XIV. Siècle. Ilpritlmjit de Religieux dans
l'Ordre de S. Dominique , 8c il fut Inquifiteur de la Foi dans le
royaume de Naples. Urbain VI. le créa Cai-dinal en 1378. 8c il
mourut à Rome en odeur de fainteté , 1629. Juillet 1389. Con-
rad C A R A c c I o L, Patriarche de Grade , Archevêque de Nico-
fie,8c Evêque de Malthe,fut mis au nombre desCardinaux parlnno-
eentVII.en 1405-. Il fe trouva au Concile de Pife à l'éleâion d'A-
lexandre V. Il fut depuis Légat dans la Lombardie, 8c il mourut à
Bologne , le ij- Février de l'an 1411. Gale azzo Carac-
ciol fut Général de l'année pava|e de Ferdinand d'Aragon Roi
•' ' de
CAR*
de Naples,& AntoineCaracciol eut de grandes charges à la Cour
de l'Empereur Charles V. & entre autres celle de Majordome. Dans
le XVII. Siècle César Eugène Caracciol a publié un Ouvrage
intitulé Nafoti fiera. Antoine Caracciol fit imprimer en 164.5-.
un Traité fous le titre De frcris Ecclefis. monumentis. Et Metel-
Lo Caracciol , Jcluïte , eft Auteur de trois volumes de Com-
mentaires fur Ifaie , Se de quelques autres Ouvrages. * Sanfo-
vin , Fp.7ml. Itul. Ammirato , Famil. Neafol. Le Mire , de icripe.
Sic. XVII. Alegambe, de Scrift. S. f. Francifco de Pétri, Chrm,
delta Éam. Carac.
CARACCIOL, (Charles André) Marquis de Torrecufi, Duc
de S.George,6cc.étoitdelamêmemaifon dans le royaume de Na-
ples, cù il naquit en 1^83. de Lelio Caracciol. A peine étoit-il
ibrti de l'enfance , qu'il porta les armes en Afrique , 8t commença
d'apprendre un métier qui lui a aquis une très-grande réputation. A
ion retour , il commanda un terfe d'Infanterie dans l'armée navale,
qu'on envoya dans le Brelil; Se puis s'avança peu à peu dans les ar-
ities.Il accompagna leCardinal Infant dans les Païs-Bas,& fe trouva
àlaBatailledeNortlinguende l'an i634.Aprèscela, ilfut Général
de l'artillerie en Alface , & en 1 635-. il jetta du fecours dans Valence
en Lombardie afliégée par le Maréchal de Créqui joint aux Ducs
de Savoye & de Parme. Ce fecours fauva cette place. Caracciol
vint enfuite dans la Franche-Comté , dé là il fut envoyé en Navarre,
8c puis dans la Bifcaye , où il fauva Fontarabie en 1638. 8c reprit
Salfes l'année furvante. En 1 64 1 . il perdit fon fils au liége de Bar-
celonne.Le Roi d'Efpagne lui écrivit de fa propre main pour l'en
confoler , & enfuite lui donna le commandement de fes armées
dans le RoufliUon.dans laCatalogne,enPortugal,8c dans leRoyaume
de Naples. Il s'y étoit rethé chez, lui en 1 646, 8c y vivoit avec aflêz
de douceur. On l'en fit fortir , pour aller fecourir Orbitello affiegée
par les François. Il en vint heureufement à bout , jetta du fecours
dans la place, fit lever le fiégeau mois de Juillet , & en ie retirant
chez lui dans une fai fon infupportable en Italie, il fut attaquéd'une
fièvre violente , dontilmourutkj-. Août de la même année 1646.
Charles André Caracciol étoit un homme de bien, bon Capitaine,
£ranc,& digne de la réputation qu'il s'eft aquilè. * Galeazo Gualdo
Priorato,&£»<ï degli Huom. illuft. YiXXoùo Siri,M«rc«r/oT.Ii8c II. ^c.
CARACCIOL , (Jean) Prince de Melphes,Duc de Venoufe^'Af-
coli, &deSoria, Grand Sénéchal du Royaume de Naples , & Ma-
réchal de France, étoit de Naples , fils de Jsan Caracciol Prince de
Melphes. Il s'attacha au parti de France Ibus le règne de Charles
VIII. Il continua fous celui du Roi Louis XII. Se il fe trouva même
à la célèbre bataille deRavenneen lyiz. Mais depuis, les change-
inens arrivez dans le Royaume de Naples lui ayant fait prendre dé
nouvelles mefures , il fe déclara pour l'Empereur Charles V. Le
Sieur de Lautrecqui commandoit les armées en France,le prit lui 8c
fafamilleàMelphesen ifi8. Danscetétat, fe voyant abandonné
de l'Empereur, qui lui refufa le fecours dont il avoitbefoin pour fa
raiiçoii , il eut recours à la génerofité du Roi François I. lequel étant
le Monarque du monde le plus honnête 8c le plus obligeant, lui don-
na la liberté 8cle fit Chevalier de &n Ordre. Quelque tems après,
il le choilit pour être Lieutenant Général de fes armées,8c en con-
fideration de fes fervices 8c de la perte de fes terres en Italie , il lui en
donna plufîeurs en France , comme Romorentin , Nogent , Brie-
Comte-Robert , 8cc. Jean Caracciol fervit très-bien contre l'Empe-
reur en Provence l'an ij-jô. 8c l'année d'après ilfetrouvaàlaprife
du château d'Hefdin, 8c il continua dans la fuite à fe faire admirer
par fa bravoure 8c par fa fidélité. Les ennemis tâchèrent delà cor-
rompre, mais ce fut inutilement qu'ils l'entreprirent. En15-43.il
iècourut Luxembourg ScLandreci. En 15-44. le Roi lui donna le
bâton de Maréchal de France à Fonl:ainebleau,8c en 45-. il le nomma
pour être fon LieutenantGéneral dans le Piémont.Il y refta jufqu'en
15-5-0. Comme Charles deColTéDuc deBriflàc étoit en chemin pour
aller en Piémont, Jean Caracciol Prince de Melphes,dit M. de Thou,
qui revenoit en France , 8c qui avoit gouverné cette Province avec
beaucoup de gloire , ayant rétabli la dilcipline militaire, 8c réprimé
l'infolencedesibldatsquifaifoient par tout des defordres , mourut
de vieilleflè à Sufe. Ce fut au mois d'Août de la même année 1 5-5-0.
âgé d'environ 7 o. Il avoit époufé Eleonor de Saint Severin , fille du
Prince deSalerne, dont il eut Trajan Caracciol tué à la bataille de
Cerizoles l'an i5-44.Jule; Jean Antoine; 8c trois filles. * Du Bel-
lai, Memoir. Paul Jove, De Thou, /(. 6. Mezerai > Godefroi,
le P. Anlèlme , 8cc.
[CARACCIOL , (Galeazzo) Marquis de Vie , confideré dans
la Cour de Charles V. qui avoit fait fon père Marquis. Il fut Gen-
tilhomme, de Philippe II. fon fils, mais ayant firéquenté quelques
Protellans en Allemagne 8c en Italie , il fe retira à Genève en 15-5-0.
pour faire profeffion de ce qu'il croyoit. Sa femme ne l'ayant pas
voulu iùivré, on lui permit à Genève d'en époufer une autre. Sa
Vie a été publiée en Italien 8c en François. Voyez l'Hiftoria Gene-
•vr'ina de G. Leti.^
CARACCIOL , (Jean Antoine) étoit fils de Jean Prince de
Melphes, dont je viens déparier. Il avoit naturellement un grand
fond d'éloquence , fàvoit les Lingues , Se ne manquoit pas d'éru-
dition. Ces qualitez le firent eftimer autant que fanaillànce. On
l'avoit deftiné a l'Etat Ecclefiaftique.il en parut d'abord aflèz digne,
prêchant avec un merveilleux applaudiflèment , 8c ne fréquentant
que les perfonnes de favoir. A la confideration de ion père on le
nomma à l'Abbaïe de Saint Viâor, 8c ce fut en ce tems qu'il publia
en 1 5-44,. un Ouvrage intitulé /e M/VojV </e la vraye Religion. Depuis,
Louis Cardinal deLorraine lui réfîgna l'Evêché deTroyes enCham-
pagne , 8ç il fut facré le quinzième Novembre de l'an 1 5-5- 1 .Ce Pré-
lat avoit toujours eu quelque fecret penchant pour les nouveautez
dans la Religion , il les goûta encore davantage en 1 5-6 1 , 8c non feu-
lement il s'en déclara le prote£teur,mais les prêcha mêmepublique-
ment. De Thou en parle aiiUl ; Lorfqu'atrès h Celhque de SoiJIt
Tons. II.
CAR. 41
Vermdio s en rttournoit en Allemagne , il pajfa à Troyes, é-H yvifita.
Jean Antoine Caracciol Evêque de cette ville. Prélat ajfex. confuLra-
ble par fa fcience ; mais qui étant attaché aux erreurs des Protiifians-
les fnvorifcit en fecret , & avoit fait en forte, qu'on y faifoit déjà
liérement ^ farts peine des affembUes. VermiUo lui perfaada de fe fai-
re élire par le peuple , ce qu il exécuta , é" enfuite il leur faifoit des
Sermons filon la doctrine des Novateurs. Mais ayant été dépouillé de fet
digmte, il fe retira à Chdteau-Neuf fur Loire, qui étoit une des ter-
res , que le Roi Franfois I. avoit données afonpere , ^ ily mourut en
15-69. *DuBellai, inCarm. La Croix du Maine. Bibl. Franc De
Thou, Hifl.hb. 28. Sainte Marthe , Gali. Chrifl. Camuzat , Ant
Tricafj.
CARACCIOL, (Martin) Cardinal, etoit de toples. Dés fon
plus jeune âge , il fiit envoyé à Milan ; 8c ayant achevé fes études U
entra chez le Cardinal Afcagne Sforce. Gomme il étoit naturelle-
ment adroit 8c mgenieux , il s'aquit l'eftime des perfonnes de la pre-
mière qualité. Le Duc l'envoya au Concile de Latran en icif oà
il parut fous le nom du Protonotaire Caracciol. Mais les François
s'etant rendus en même tems les maîtres de Milan, il fe vit con-^
traintde chercher un nouveau Patron. Il en trouva un illuftreen la
Perfonné du Pape Léon X. lequel étant perfuadé de fon mérite 8c
de fon expérience dans les affaires, l'envoya ISfonce enAllemaané
ran mil cinq cens vingt. L'Empereur Charles V. fut li fatisfai? de
la conduite, que le jugeant capable des plus grandes afïkires il
1 attira a fon fervice8cil l'envoya Ambaffadeur à Venife- Il s'y
aquitta très-bien de cet emploi, l'Empereur en témoigna haute-
ment fafatisfadtion , Se non feulement il lui procura le chapeau
de Cardinal , que le Pape Paul III. lui donna en mil cinq cens tren-
te-cinq,mais û lui confirma encore le don du Cofnté de Galera Se dé
quelques autres terres en Lombardie , 8e il le nomma à l'Evêché de
Catania en Sicile. C'efl: ce même Evêché qu'il donna depuis à Louis
Caracciol fon neveu, fils de fon frère Jean Baptifte, qui porta le
titre de Comte de Galera. Quelque tems après fa promotion , le Pa-
pe l'envoya Légat auprès de l'Empereur , 8e ce Prince lui donna le
gouvernement du Milandis. lien vint d'abord prendre poffeffion ■
mais il n'y vécut pas long-terhs, étant mort le z8. Janvier de l'an
i5-38.quiétoit leôp. de fonâge. * Guichardin , //. le. 16 Sn-
H//'*- Paul Jove, Hi/Î.Ughel, Viaorel,Sanfovin,kc.
CARACCIOL, (Richard) Chevalier de Rhodes, dans le XIV.'
Siècle, étoit de la noble famille de Caraccioli dans le Royaume de
Naples. Il fut fait Grand Maître par le Pape Urbain VL environ
l'an 13 83. afin de l'oppofer à Jean Ferdinand de Heredia , qui avoit
reconnu à Avignon Clément VI. pour légitime Pontife. LaReli-
gioti ne reconnut jamais ce Caracciol , qui mourut avant celui
qu'on avoit élu canoniquement , en 1376. *Bofio Se Baudouin .-
Hifl. de Malihe.
CARACHE , (Annibal) illuftre Peintre , natif de Bologne en"
Italie. Son père étoit Tailleur, 8e eut plufîeurs cnfans. Auguftinj
qui etoit l'aîné , s'adonna à la Peinture 8c à la Gravure. Annibal <
qui etoit le plus jeune , fut mis en apprentiflàge chès un Orfèvre ;
mais Louis Carache fon oncle, qui luimontroità delTiner pour le
rendre plus excellent Ouvrier dans l'Orfèvrerie , reconnut en lui un
talent particulier pour la Peinture, 8e l'attira chez lui. Quelque
tems après , Annibal s'en alla à Parme , puis à Venife, où Auguftin
fon frère s'étoit déjà rendu. Il y fit amitié avec Paul Veronefe , le
Tintôïet, 8c Jaques Baflan ; 8e après s'être inftruit à l'école de ces
grands hommes , il revint à Bologne , Se y fit des tableaux que l'on
admira. Louis Carache même,qui avoit été fon Maître,devint alors
fon Difciple, Se s'efforça de l'imiter. Auguftin étant de retour,'
fejojgnit à Annibal 8e à Louis, 8c ces trois habiles Peintres établi-
rent l'Académie des Caraches , que l'on appelloit auparavant Acade-
miadelliDefiderofi, à caufedu grand delir que ceux dont elle étoit
compoféeavoient d'apprendre tout ce qui pouvoit contribuer à la
jperfeçftion de la Peinture. Ilsvivoient tous trois dans une fi bonne
I intelligence , qu'ils entreprenoient énfemble toutes fortes d'ouvra-
ges, 8e en profitoient également. S'étant feparez enfuite , Augul-
tin fe retira à Parme, 8e Louis continua de peiiidre à Bologne , mais
avec moins de fuccès qu' Annibal, qui fut mandé à Rome par le Car-
dinal Farnefe , 8e s'y aquit une grande réputation par l'excellence
de fes Ouvrages. Il y rriourut en 1609. âgé de quarante-neuf ans.-
Les Savans difent qu'on le doit confiderer comme le Reftaurateur
de cet Art, dans la force du deffein , 8e dans la beauté naturelle des
couleurs. *Fdibien,Entréiiens fur les Vies des 'Peintres. SUP.
^CARACHE, (Auguftin) célèbre Peintre Se Graveur , frefé
d' Annibal Carache , s'appliqua à la Peinture Se à la Gravure , après
avoir appris les belles Lettres. Il favoit la Philofophie , les Mathé-
matiques , la Mufique , Se la Poëfie , 8t avoit beaucoup d'efprit.-
Ayant parcouru toute la Lombardie, pour peindre d'après les plus
beaux Ouvrages que l'on y voyoit, il alla à Venife, Se à Roiné,
d'où il revint à Bologne,8e s'affocia avec Annibal 8e Louis Carache ,
puis il fe retira à Patine, où le Duc Ranuccio lui fit peindre pluCeurs
beaux fujets dans la voûte d'une chambre de fon palais: mais Au-
guftin mourut avant que d'achever cet ouvrage , Se il y eut la placé
d'un tableau qui demeura vuide. Le Duc tie voulut pas qu'aucud
autre Peintre y touchât , 8e remplit cette place de l'éloge d'AuguÀ
tin , qui finit par ces paroles :
Ftfatebere decuijfe potius intaîtas fpeSari ,
^uàtn aliéna manu traHatas maturari.
* Felibien, Entretiens ftir les Vies des Peintres. St/P.
CARACHE, (Louis) Peintre fameux,ètoit Italien, Se s'eft a-
quis beaucoup de réputation par fes Ouvrages. Il apprit à Parmd
lous le Correge , 8e il excella dans le deffein Se dans le coloris. On
voit des tableaux de lui très-beauX Se très-bien conduits. Il fai-
foit fa rèfidence ordinaire à BoIogne.Setl étoit oncle d'ANNiBAL Ca-
rache, excellent Peintre, 8e fur-tout pour les deffêins , Sed'Au-
GUSTiN Carache , suffi bon Peintre , mais meilleur Graveur',
G Ce
<ù CAR. 1 ,,. _ CAR,
.„s. de quionattendo.tdegrandeschoiespourlaPe.nture.Cequ. d.fg-^^^
fe voit de lui le promettoit.
CARACORAM. Cherchez Iflcdon. ^ , « . j
CARACTAGUS, Roi d'Ecoffe, renomme par lesAuteUrs de
Ilfuccéda àMeteUanus l'an 27. de Nôtre Seigneur , Se
avec beaucoup de bonheur , félon Buchanan , & les
ce pais
régna vingt ans
CARACTAGUS , Prince des Silures , lequel s'étant révolté
dans la Grand' Bretagne contre Oftorius Gouverneur dupais, &
avant perdu une bataille , fe retira chez Cartifmanda Reine des Bri-
santes: mais cette Princeflè ne voulant pas rompre avec les Ro-
Siains , le leur remit pour en honorer le triomphe ^de 1 Empe-
reur. «Tacite, H^/î. &. 3. ,...,- „
CARACTERES, pour des effets extraordmaires. Voyez Phy-
lactères. SUP.
CARADOGUS, originaire du pais de Galles eh Angleterre , vi-
voit fouî le règne d'Etienne, environ l'an iiyo. Il écrivit un
Traitéde la fuceeffion de divers petits Rois d'Angleterre ; SC4in au-
tre de la fituation de la terre , intitulé de fitu crin ; des Commentai-
res fur les Prophéties de J^erlin , la Vie de l'Abbe Gildas,&:c. * Pit-
feus, de Script. Angt.Voffms. de Hift. Lat.li. i.c.if. Ceftdelui
Qu'on a dit :
Mifioriam Britonum doBui fcrippt CarMocus,
Toft Gawalladrum regia. fceptra notans.
CARAFFE, ou Carafe, Maifon. La Maifon de Garaffe eft
une des plus nobles & des plus illuftres du Royaume de Naples ,
oùellefedivife en ^iverfes branches, d'Ariano, de IVIontorio, de
Ruvo, deMontebello, de Monténégro , d'Anza , &c. Les Au-
teurs parlent diverfement de l'origine de cette famille. Les uns la
font defcendre d'un Roi de Pologne. D'autres difent qu'un Capitai-
ne célèbre ayant fauve la vie à un Empereur, au hazard même de la
fienne , ce Prince admirant fa fidélité lui dit , O carufé, & qu'il prit
depuis ce nom, qu'il laiifa à fa famille. Mais il eft plus fur de dire
que la Maifon de Garaffe a eu de grands hommes ; un Pape , qui eft
Paul IV. neuf ou dix Cardinaux , autant d'Archevêques de Naples,8c
plufieurs Vicerois.Gouverneurs, & Capitaines célèbres. Jean Vin-
cent Garaffe Archevêque de Naples fut fait Cardinal par le Pape
Clément VIT. & il mourut en i5-4o.Ilétoit fils de Fabrice Garaffe
Comte de Ruvo. François Garaffe fon neveu fut Archevê-
que de Naples après lui , & il mourut en 15-44. Le Pape Paul IV.
avoit trois neveux. Antoine eut leMarquifat deMontebello, qui
étoit les dépouilles du Comte de Bagni , Se il laiffa Jean Marquis de
Mirabelle,' & Alfonse Garaffe qui naquit vers l'an 15-40. Le
Pape le fit élever avec beaucoup de foin. Scie fit Cardinal en 15-5-7.
Depuis , il fut Archevêque de Naples , Se on l'arrêta avec le Cardinal
Charles fon oncle en fortant duGonfiftoire. Quelque tems après il
fut mis en Hberté, après avoir donné caution pour 60. mille ecus
qu'on lui fit payer de taxe. Il fe retira dans la ville de Naples Se il y
mourut en 15-65-. étant entré en la 26. année de fon âge. Mario Ga-
raffe lui fuccéda en l'Archevêché, qui a été poffedé par Decio Ga-
raffe fon neveu. Cardinal, lequel mourut en 1626. Le Car-
dinal Olivier avoit un frère nommé Alexandre Garaffe, qui
fut auffi Archevêque de Naples, il publia des Ordonnances Syno-
dales d'undefesprédecelfeurs 8c les ufages de fonEglife, furlef-
quelsAlbertdeOlivaa fait des Commentaires. *Sanfovin, Tiim.
Jtal. Ammirzto tFamil.Noè.Neafol.VetxiL Sanâia , De Thou , Paul
Jove, Auberi, Sponde, Ughel , Sanfovin, Capaccio, Sec.
CARAFFE, nom d'une famille très-illuftre . dont il eft parlé
dans l'article précèdent. Mais c'eft une chofeaffez curieufedeià-
voir plus diftinârement l'origine, que quelques-uns rapportent de ce
nom.lls difent qu'un Chevalier Napolitain , de la Maifon des Carac-
cioli,fort confideré d'Othon Empereur d'Allemagne dans le X. Siè-
cle , le fuivoit par tout oii l'intérêt de l'Empire lui faifolt porter fes
armes. Cet Empereur s'engagea un jour fi avant dans la mêlée que
îe grand nombre des ennemis Palloit accabler, quand ce Chevalier
s'oppofaàeuxavecuneintrépiditéquiapeu d'exemples, Scfoutint
feul tout l'effort, pour donner le tems aux troupes de l'Empereur de
venir à fon fecours. Il fauva ainfi la vie de fon Prince , aux dépens de
la fienne , qu'il perdit glorieufement après plufieurs .bleffures , dont
la principale étoit dans le cœur. L'Empereur après avoir mis fes^ en-
nemis en déroute , revintauchamp de bataille chercher^ lui-même
ce généreux Chevalier parmi les morts. Il ne l'eut pas plutôt apper-
çu,qu'il defcendit de cheval , 8c s'étant approché du corps,il lui mit
la main à l'endroit du cœur , en prononçant ces Tp3io\es,0 Carafe,
c'eft à dire, ôchere^delité] comme voulant dire que la fidélité qu'il
avoit eue pour fon Prince , lui coutoit bien cher. Depuisce tems-
là, ceux de cette famille prirent le nom de Carafe. D'autres difent
que cet Empereur voyant k cuiraffe de ce brave Chevalier toute
couverte de fang , il pafTa trois doigts par-delfus, en lui difant; Cara
fi nie U voftra , Se que ces trois doigts ayant levé le fàng , laiiTerent
trois fafces blanches qui font maintenant l'armou-ie des Carafes :
comme leur nom vient de ce Carafe. * Mémoires du tems. Le
I". Ménétrier, Origine des ornemens des Armoiries. SUP.
CARAFFE, (Antoine) Cardinal, étoit de Naples de la même
famille. Dès fon jeune âge il vint à Rome, 8c il fut élevé auprès
du Pape Paul IV. fon grand oncle , qui lui donna une charge de Ca-
merier 8c une Chanoinie à S. Pierre. Gomme fon inclination le
portoit aux Lettres , on eut foin de lui choifir des Maîtres capables ,
& il fufïit de nommer le dofte Sirlet , qui fut depuis Cardinal , pour
être perfuadé qu'il eh eut des plus habiles.Depuis , Antoine Carafïe,
fut étudier en Droit à Padouë ;' 8c durant la perfecution de fa famil-
lc,il fe choifit un exil qui ne lui fut pas inutile.puifqu'il y étudia avec
une (grande application,&; qu'il s'y avança extrêmement dans la con
noifSnce des antiquitez Ecclefiaftiques. On lui ôta fa Chanoinie
de S. Pierre, 8c il auroit eu fujet de feplaindi-e de fa mauvaife for-
tuné, fi l'amour qu'il avoit pour les Lettres ne l'eût confolé de tes
"' ~~ ' étant perfuadé du mérite d'Antoine
rappella à Rome, 8c le mit au nombre des Cardinaux.
Quelque tems après , il le nomma Chef de la Congrégation établie
pour la correétion des Bibles , 8cde celle qu'on tenoit pour l'expli-
cation du Concile de Trente. Sa doftrine le rendit digne de ces
grands emplois ; il eut encore celui de Bibhothecaire Apoftolique
Ibus Grégoire XIII. 8c il mourut en 15-pi. Le Cardinal Baronius
déplore , dans fes Annales, cette-mort qu'il confideré comme un des
plus grands malheurs qui pouvoir alors arriver à l'Egliiè 8c aux Let-
tres .Le Cardinal Carafte a traduit de Grec en Latin diversOuvrages.
Catena veterum Patrurrt in Cantica Veteris ^ Novi Tefiamenti. Com-
ment.Theod. in T faim. S.GregoriiNazianzeni Orat. ^c. Il corrigea
auffi la Bible des Septante, y ajoutant des Notes de fà façon ; il re-
cueillit les Décretales des Papes en III. volumes ; il réduifit les Epi-
tres de S. Grégoire en Heux communs , 8c il laiflà d'autres Ouvrages
qui témoignent que fà fcience étoit profonde,8c qu'il étoit beaucou|*
laborieux. * Auberi, H//?, des Card. Le Mire , de Script. Sic. XV.
Baronius, Sponde, Poffevin, &c.
CARAFFE, (Charles) Cardinal, neveu du Pape PaullV;, étoit
troifiéme fils de Jean Alfonfe Comte de Montorio , 8c naquit à Na-
ples le 29. Mars de l'an 15-17. Il paffa les premières années defa vie
au fèrvice du Cardinal Pompée Colonna 8c de Pierre Louis Farnefe
Duc de Caftro,8c enfiiite il porta les armes fous le Marquis de Guaft
en Piémont)8c fous le Duc de Parme en Allemagne. Mais ayant reçu
unaflfrontfignalédesEfpagnols, il fè retira. Son oncle étoit déjà
Cardinal , & quoi qu'il l'aimât beaucoup , il n'étoit pas alfez puif-
fant pour lui faire du bien. En cet état il fe fit recevoir dans l'Ordre
de Malte,dont il ne tira auffi que de foibles fecours.Enfin Jean Pien«
Garaffe fon oncle ayant été fait Pape en 1 5-5-5-. toutes choies changè-
rent en fà faveur. Ce nouveau Pontife fouliaitant de D-availler à l'ag-
grandiffement de fa famille, commença pardonner le chapeau de
Cardinal à Charles ibn neveu , lequel.outre la Légation de Bologne,
fut Miniftre d'Etat,8c eût toutes les premières charges.dont les Car-
dinaux neveux ont foin de fe pourvoir. Le Pape créa Géneraliflîme
des troupes Ecclefiaftiques fonautre neveu Jean 'Garaffe, érigea en
fa faveur la Terre de PaEiano 8c quelques autres en titre de Duch4
l'enrichit des dépouilles de Marc Antoine 8c Afcagne Colonne père
8cfils,qu'il avoit condamnés par contumace,parce qu'ils ne s'étoient
pas prelentez au tems qu'on leur avoit fixé ; 8c il n'oublia rien pour
élever fa Maifbn. Enfuite , il fongea à fe vanger des Efpagnols^uî
l'avoient maltraité; 8c Charles, qui avoit auffi de grandsfujets de
plainte contre eux , comme je l'ai remarqué , perfuada fortement i
îbn oncle de prendre les armes. Ce fut le fujet de fà Légation ea
France en 15-5-6. afin de ratifier les articles fecretsdreffez à Rome
pour une trêve entre le Pape 8c le Roi Henri II . La guerre fe déclara
au fujet des Colonnes, que Philippe II. Roi d'Efpagne protégeoit.
Ce n'eft pas ici le lieu de parler des fiiites de cette guerre , il fuffitde
remarquer que le Cardinal Charles Garaffe s'entendit avec les Elpa-
gnols , 8c qu'en 1 5-5-7 . il vint Légat pour la paix , en la Cour du mê-
me Philippe II. qui étoit alors à Bruxelles. Etant de retour à Rom^
il continua à gouverner les affaires comme il lui plaifoit,Lmpofànt
même à l'in^ du bon Pape de nouveaux impôts 8t des lubfides , &
agiflànt enfin en petit Tyran : ce qui le rendit infupportable à tout
lemonde. Ses frères avoientpart à ces defordres, 8c ainfi à la haine
publique. Le Pape en ayant été averti par un Religieux Théatin,
Se par les plaintes des pauvres; 8c étant d'ailleurs jaloux de fon auto-
rité , chaffa tous fes parens de Rome , 8c les relégua en divers en-
droits .Gela arriva en 1 5-5-9 . 8c Paul I V jnourut fur la fin de la même
année. Pie IV. lui fùccéda , 8c fit arrêter prifonnier en 15-60. leCar-
dinal Charles Garaffe , le Duc de Palliano fon frère , le Comte d'A-
hffe leur beau-frere , 8c Lconardo Cardini. On manqua le Comte
de Montebello de la même famille , qu'on avoit auffi deflèin d'arrê-
ter. Ce procédé parut d'autant plus fiirprenant, que Pie IV. avoit
femblé vouloir favorifer les Caraffes. Après cela, il leur donna des
Commilfaires , 8c ayant affemblé le Collège , après que ce procès
eut duré neuf mois , il s'en fit faire le rapport un Lundi 3 . Mars de
l'an 1 5-6 1 . 8c enfuite fans prendre confeil des Gardinaux,il prononça
lui-même l'arrêt de mort contre ces quatre prifonniers. Le Duc
de Palliano , le Comte d'Aliffé , 8c Leonardo Cardini eurent la tête
coupée ; 8c le Cardinal fut étranglé. On accufbit le Duc d'avoir fait
mourir fa femme, qu'il avoit furprife en adultère, 8c les autres,
difoit-on, avoient été {es complices Se avoient eu part aux tyrannies
du Cardinal Garaffe. Quoi qu'il enfbit, cet exemple eft allez ex-
traordinaire , 8c Onuphre ofe alliirer que cette féverité inflexible de
Pie IV. a plus fait de tort à fa mémoire qu'à celle des Caraffes mê-
mes.*De Thou,H//î. /;. 26. 27. 28. Onuphre , Sacchini , Peguillon,
de Viilars , Petramellario , Sponde, Auberi , 8cc.
CARAFFE , (Diomede) Cardinal , étoit fils de Jean François
Duc d'Ariano 8c Comte de Marillano , dont l'ayeul étoit fécond
fils d'Antoine /eGr/î»</.Le Pape Paul IV. defcendoit d'un Diomede
fixiéme fils du même Antoine Garaffe furnommé le Grand. Il donna
l'Evêché d'Ariano à celui dont je parle, Se enfuite il le fit Cardinal
au mois de Décembre I5-5-5-.A la verité,fa vertu le rendoit très-digne
de cette grande dignité.Il vécut honoré de tout le monde Se mourut
le t2. Août 15-60. Lepeuple, qui après la mort de Paul IV.fejetta
: avec tant de rage fur tout ce qui reftoit à Rome des Caraffes , làns
épargner ni les autels , niles tombeaux , eut du refpeiftpour celui
de ce Cardinal , qu'il s'étoit préparéà Saint Martin des Monts.* Pe-
tramellario, de Ca'rJ. Auberi , Hijl. des Card. &c.
CARAFFE , (Jérôme) Lieutenant Général des armées du Roi
d'Efpagncétoit Marquis deMontenegro dans leRoyaumedeNaples,
où il naquit en 15-64.II étoit filsde RenaudCaraffe 8c neveu du Cardi-
nal Antoine,qui le fit élever à Rome dans les Lettres 8c dans l'intelli-
gence de la Langue Latine, qu'il parloit avec facilité. Dès l'an I5-87.
ilfervitdanslesPdïs-Bas&usleDuc de Parme, 8i s'y aquit beau-
l coup
CAR.
coup de réputation,ayant été blcflé en divcrfes occafions. 11 fe trou-
va depuis à l'alTaut de J-.agni en i j-9o,au fecours de Rouen en 92,3 la
iorprifc d'Amiens en 97 ,& ailleuis.II défendit même cette dernière
ville après la mort de Portocarrero , & la rendit au Roi Henri le
Grarul. Il fervit aulK Ibus l'Arcliiduc Albert , & depuis il continua
à fe faire admirer dans la Bohême en lôio.dansleMilanoisenii ,
8c ce fut en cette année que Philippe IV. Roi d'Elpagne l'envoyant
en Sicile en qualité de Capitaine General de la Cavalerie, l'Empe-
reur le pria de lui donner ee Capitaine , qu'il employa utilement
dans la Silclîe , dans la Bohême , en Hongrie , & dans l'Alface , &
enfuite le fit Prince de l'EmpircEtant revenu en Efpagne l'an 1628.
le Roi le fit Viceroi & Capitaine Général du Royaume d'Aragon ; &
puis le Cardinal Infant, qui venoit Gouverneur dans les Pais-Bas,
ibuhaitant extrêmement de l'avoir auprès de lui.leMarquis deMon-
tenegre le fuivit. Il mourut à Gènes , au mois d'Avril de l'an 1653.
âgé de 6p. Galeaz,zo Gualdo Priorati , Scea. d'Huom. llluji. Thul-
denus, Hifi. noftrt temf. &c.
CARAFFE, (Olivier) Cardinal Archevêque de Naples, Evêque
d'Ofl;ie,&c. étoit fils de François CarafFe , & neveu de Daniel Comte
de Matalone , que fon mérite rendit très-cher à Alphonfe d'Aragon
& à Ferdinand Rois de Naples. 11 s'éleva lui-même par fes bonnes
qualitez , & ayant eu l'Archevêché de Naples , le Pape Paul II. le fit
Cardinal le 18. Septembre de l'an 1467. Comme il avoit beaucoup
de courage & d'expérience dans les affaires de la paix & de la guerre.
Sixte IV Je nommaGéneral de l'armée qu'on devoir envoyer contre
les Turcs. Elle conllftoit en dix-neuf galères , & ce Légat partit en
préftnce du Pape en 1472. Il fe joignit aux Vénitiens , qui a voient
quarante-fcpt galeres,& puis à la flote deFerdinand, qui étoit de dix-
feptjde forte qu'en comptant deux galères de Rhodes , cette armée
étoit de quatre vingt-cinq voiles. Elle ne fit pourtant rien de mé-
morable, lî nous en exceptons la prife du port de Satalia 8c de la ville
de Sniyrne. Olivier Caraffe étant de retour eut l'Evêché d'Albe ,
qu'il quitta depuis pour celui de Sabine,& enfuite il opta celui d'Of ■
tie étant Doyen des Cardinaux. Il fonda diverfes Chapelles,& entre
autres une très-belle dans l'Eglifc deNaples,qu'il deftina pour le lieu
de fa fepulture & pour celui de fes fuccefl'eurs. Il mourut à Rome le
ao.Janvierdel'an lyii.âgédeplusdeSo.ans. On dit que ce Cardi-
nal perfuada à Jean Pierre Caratïè fon neveu d'embraflèr l'Etat Ec*
clefiaftique.perfuadé qu'il étoit que fes bonnes qualitez l'éleveroient
dans les grandes dignitez de l'Eglife. Il ne fe trompa pas,car c'eftle
même qui fut depuis Pape fous le noto de Paul IV. comme je le dis
ailleurs. * Volaterran, li. 22. in Faut. II. Onuphre, Garimbert,
Sponde, êcc.
CARAFFE , (Philippe) que Ciaconius furnomme de la Serra ,
Cardinal Evêque de Bologne, étoit de la noble & ancienne famille
de Caraffe de Naples. Il s'étoit avancé dans les Lettres & eut l'Ar-
chidiaconé de Bologne. Le Pape Urbain Vl.qui étoit fon ami 8c fon
concitoyen , lui donna l'Evêché de la même ville , à ce que l'on croit,
& le fit Cardinal en 137 8. D'autres fbutiennent qu'il étoit Evêque
dès l'an 1 37 1 . Quoi qu'il en foit, le Pape lui envoya, contre la cou-
tume, le chapeau rouge , qe'il reçut dans l'Eglife de S. Dominique
des mains de Jean de Lignano célèbre Jurifeonfùlte. Enfuite,il fut
Légat dans la Romagne , 8c étant revenu à Bologne , oià la pefte fai-
Ibit de furieux ravages , il fe retira à la campagne, 8c mourut de
cette maladie le 22. Mai de Tan 1389. Les Magiftratsavoient défen-
du toute forte d'alîèmblées ; mais cette défenfe n'empêcha pas que
les Boulonnois ne fortifient en foule , pour aller prendre le corps de
leur Prélat, qu'ils enterrèrent dans l'Eglife Cathédrale. *Sigonius
U. 3. de Epifi. Bonon. Ciaconius, Onuphre, Sec.
CARAFFE , (Pierre Louis) Cardinal Evêque de 'rricarico,étoit
fils de Dom Ottavio Marquis d' Anza,8c naquit à Naples le 1 8 . Juif
letde l'an ij-8i. Dès fon plus jeune âge, il eut une admifable in-
clination pour la vertu 8c particulièrement pour la pureté 8c pour la
mortification. Il étudia à Venife 8c à Naples , 8c s'y avança dans la
Jurifprudence Civile & Canonique, 8c dans la Théologie. Aufll
étant venu à Rome fous le Pontificat de Paul V. vers l'an' 1607. on y
eftima beaucoup fon érudition 8c fà pieté. Il eut d'abord en cette
Cour une charge de Référendaire de l'une 8c l'autre fignature. Le
même Pontife l'envoya Vicelégat à Ferrare, oiiilfutlixansdejfiii-
te,£c on le confîdera comme le père du peuple 8c l'oracle de la jufti-
ce, qu'il rendoit avec beaucoup de foin. Depuis , le Pape Grégoire
%V. l'envoya en f62 1 . Gouverneur à Fermo , 8c comme Pierre
Louis Caraffe prenoit congé de lui: Allez., lui dit ce Pontife, ^ok-
"vemex, avec votre prudence ordinaire, ^ fouvenex. vous que le gou-
vernement , que je vous confie , a fait plufieurs Cardinaux. On croit
auffi que ce Pape l'auroit mis dans le facré Çollége,s'il eût vécu plus
long-tems. Urbain VIII. lui fuccéda en 1623. 8c donna à Caraffe
TEvêché de Tricarico dans la Bafilicate, vacant par la mort de Dio-
mede Caraffe fon frère. Enfuite , il l'envoya Nonce dans les Pais-
Bas, en Allemagne , 8c à Cologne , oîi il fut durant onze ans, 8c s'y
aquit tant de réputation , non feulement parmi les Catholiques ,
mais encore parmi les Proteftans , qu'on n'y parloir de lui qu'avec
éloge. Le Roi de Suéde , le Prince d'Orange , 8c les autres Prin-
ces Proteftans avoient une eftime particulière pour ce Prélat ; 8c
on connut en cette occafion quel eft l'effet du véritable mérite , qui
nous fait des admirateurs de nos propres ennemis. Caraffe étant de
retour à Rome y reçut les applaudiffemens duPape 8c desCardinaux,
& on croit qu'il en auroit augmenté le nombre , fi les Colonnes ne
fefiiffentoppoftzàfonéleftion. On lui offrit l'Archevêché de Ca-
pouë 8c celui d'Urbin qu'il refiilà, difant qu'il fe contentoit de l'é-
joufe que Dieu lui avoit donnée , quoi que pauvre. Il s'y retira ,
y établit un Séminaire , 8c y travailla à remplir tous les devoirs d'un
iaint Prélat. Tout le monde en étoit fiperfiiadé, qu'après la mort
d'UrbainVIII. divers Cardinaux avoientréfolude le faire Pape;8c
Innocent X. ayant été élevé fur le Siège Apoftolique le revêtit de la
pourpre en la féconde éleâ:ion qu'il fit,8v l'envoya Légat à Bologne.
Ter». IL
CAR.
5î
Apres k mort d'Innocent X.arrivée le 7 .Janvier de l'an i(S,-f ,leCa^-
dmalCaraffeentradansleConclavc,8cy mourut leiy.Fevner fui-
vant , dans le tems que tout le monde fembloit concourir à le voir
eleve fur le throne de S.^ierre. Il fut enterré dans l'Eglife de J esus
desPeresJefuites.qui vinrent eux-mêmes recevoir fon corps à la por-
te du Conclave. *Galcaz,zo Gualdo Priorati, Sfe«/j(i'H«5OT./%/?-. ^
CARAFFE, (Vincent) Général de la Compagnie de [esus, étoit
de Naples,forti de cette illuftre famille qui a été li féconde en grands
hommes. Dès l'âge de 16. ans il entra parmi les Jefuïtcs, êc s'yfit
diftinguerparladcârine, par fa prudence , 8c pjr fa vertu. Il cn-
feigna la Philofophie , 8c enliiite fut Maître des Novices , Provincial
de la province de Naples, 8c enfin feptieme Général de fa Compa-
gnie après le P.Mutio Vitellefchi mort en 1 64 j-.Il gouverna avec u-
ne admirable fagefle durant quane ans, 8c il mourut à Rome le 8.
Juin de l'an i649.âgede64. Il a écrit quelques Ouvrages depietéi
*Alegambe, deScrtpt.So.J. f r
CARAÏBES. Cherchez Cannibales.
CARAÏTES, Sefte de Juifs. Les Auteurs parlent diverfemeht
de ces Caraites 8c du tems auquel ils fe font introduits parmi les
Juifs. Il y a apparence que ce n'eftquedepuis le VIII. Siècle, après
lapubhcationduTalmud. Avant ce tems le nom de C^ra^e n'etoit
pas odieux parmi ces peuples, 8c le mot de Car aï marquoit un hom-
me confomme dans l'étude de l'Ecriture Sainte. L'origine de cette
Sedte vint de ce que les Juifs les plus éclairez de ce fiécle-là s'oppofe-
rent aune infinité de rêveries , qu'on débitoit fous le nom de Tradi-
tions. Et en effet, quelques contes qu'on nous faffe de la créance
ce des coutumes de ces Caraites, il eit fur qu'ils reçoivent les 24
Livres de la Bible qui font dans leCanon des Juifs, 8cque leur créance
eft généralement la même que celle des autres Juifs; li ce n'eft qu'ils
ne veulent abfolument point de Tradition, qui ne foit fondée fur
l'Ecriture. Cependant, c'eft ce qui les rend odieux aux autres Juifs
Rabbfniftes. *JeanMorin, in Exercit. Bibl. R. Simon, Suppkm
aux cérem. des Juifs.
CARAÏTES , Sedte de Juifs d'à-préfent , oppofée à celle des
Rabbaniftes ou Rabbiniftes , c'eft-à-dire , de ceux qui admettent le
Talmud des Rabbins. Les Caraites furent ainiî appeliez vers le VlIIi
Siècle, un peu après lapubhcationduTalmud, parce qu'ils s'atta-
chèrent aux Livres de la Bible , ne recevant point les Traditions que
les Rabbins avoient inventées. Lemot de Cfl?-;î2fignifie;un homme
confomme dans l'étude de l'Ecriture Sainte : c'eft pourquoi ceux
qui n'appuyoient leur créance que lur la Bible , s'appellerent Carm^
tes. Quelques-uns les nomment auffi Juifs Epurez. , parce qu'ils
font profeffion de conferver la pureté de leur Religion.L'Auteûr du
Commentaire Caraïte appelle Aaron , fils dejolèph, quivivoit à
lafinduXIII. Siècle, (dont l'Ouvrage fe conferve maiîufcrit dans
la Bibliothèque des Pères de l'Oratoire de Paris,où il a été apporté de
Conftantinople) approuve tous les Livres de la Bible qui Ibnt dans '
le Canon Juif, 8c en compte vingt-quatre , comme font les autres
Juifs, mais il rejette les Traditions humaines, c'eft-à-dhe , les fa-
bles du Talmud , 8c les rêveries des Rabbins, ne recevant que les
Traditions confiantes 8c conformes à l'Ecriture Sainte. Il y a de .
ces Caraites à Conftantinople , au Caire , 8c en d'autres endroits du
Levant , mêfiie en Mofcovie , où ils ont leurs fynagogues à part ;
8cfedifentfeulsvraisObfervateursde la Loi deMoilè, comme ils
le font peut-être en effet. Ilferoitàfouhaiterqueceux qui fontve-
nir des Livres du Levant , cuffent plus de foin de rechercher les Ou-
vrages des Rabbins Caraites , dont la plupart font très-favans: car
il y a fort peu de ces Livres en Europe,8c principalement en France.-
Selden eft celui qui en a le plus lu. On en garde plufieurs dans la Bi-
bliothèque de Leide en Hollande, mais on les néglige tellement j
que Fr.Spanheim Bibliothécaire de l'Academicne les ayant pas bien
connus , parle des Caraites dans le même rang que des Sabéens, des
Mages, des Mànichéens,8c des Mufulrnans.comme il fe voit dans
le Difcours public qu'il prononça en 1 674. 8c qui eft à la tête du Ca->
talogue des livres de cette Bibliothèque , imprimé à Leide. Sca-
liger £c Voffius ont été dans la même erreur. *Jovet, Hijloire dei
Relipons. SUP.
Grand-CARAMAN , Prince Souverain de la Caramanie , auquel
le Grand Turc enleva fes Etats îl y a environ deux cens ans. SUF.
CARAMANIE, pais d'Afiedans l'Anatolie, a eu autrefois ti-
tre de Royaume. Elle comprend la Pamphylie, 8c une grande paitie
delaCilicie, delà Pifidie,8c delà Cappadoce. On dit qu'elle eut ce
nom d'un Caraman Turc , qui en chaffa les Arméniens , comme
veut Leunclavius. Onladivifeengrande Caramanie, où eft Cotant
fur le Cydne ou Carafu,Acfarat, Caola , Tianée , 8cc. 8c en Carama-
nie propre entre le mont Taurus 8c la mer Méditerranée , vis-à-vis
de l'ifle de Cypre. On y trouve Chiolfar,Patera, Satalia, Side,Sca-
lemure. 8cc . Les Princes de Caramanie rélifterent quelque tems aux
Turcs, qui leur enlevèrent leur Etat dans le XIV. Siècle. [Une la
faut pas confondre avec la Caramanie, quifailbit une province de
l'Empire des Perfans, à l'Eft de la Perfide , êc que l'on nomme au-^
jourd'hui Kirman.]
CARAMIT (CaraHemid, c'eft-à-dire, Amidala noire) ville de
la Mefopotarn ie ou Diarbeck , avec Archevêché qui avoir fept fuf-
i fragans. Cétoit VAmida des Anciens. Elle eft célèbre par les
1 guerres des Romains contre les Perfes , 8c par le-mérite de plufieurs
de fes Prélats. Mereas fè trouva au premier Concile deConftanti-
^ nople l'an 381. 8cSimeonaffiftaà cette affemblée qu'on appella lé
\ brigandage d'Ephefe , 8c enfuite au Concile Général d'Ephefé.Theo-^
doret parle de lui dans la troifiéme de fesEpitres, où il le nomme
Métropolitain de fa province. L'Empereur Conftantin le Grand ag-"'
i grandit Amide 8c lui donna le nom de Conflamine. Cedrene 8c Curo-
•palate ont écrit que les Sarafins lui avoient donné le nom d'Emct.El-
iîe eft encore aujourd'hui aflcz confiderable, fermée de murailles
avec trois cens foixante tours. * AmmienMarcellin,//. ip.Proco-
jpe, Guillaume de Tyr, LeM'acNotit.EpifSanCon, gcc.
5
CAR.
CARAMUEL de Lobkowits , (Jean) Evêquë de Vigevano,
ndquit l'an 1606. à Madrid en Efpagne, d'un père des Païs-Bas,
Se d'une mère Allemande. Il fit les études en Efpagne , où il prit
l'habit de l'Ordre de Cîteaux. • Il fut premièrement Abbé de Mœl-
rofe aux Pais-Bas , puis de Dillémbourg. Après il porta le nom d'E-
véquedeMiffi, & fut SuflFragant de Mayence. Eniuite il fut Abbé
Supérieur des Bénediftins de Vienne & de Prague, pais Grand Vi-
caire du Cardinal d'Harrach , Archevêque de Prague. Quelque tenis
après , par un changement allez extraordinaire , il le fit Soldat , £c
eut une charge de Capitaine d'une Compagnie contre les Suédois :
puis il devint Intendant des fortifications , & Ingénieur en Bohême.
Enfin, il reprit fapremiereprofeflion; 8cfutEvêque deReinhrad,
dit Kon'igfgntz, par les Allemans , & Kr/tlowihmtles par les Bohé-
miens. De là il vint être Evêque de Campagna au Royaume de Na-
ples , puis Evêque de Vigevano dans le Milanois , où il mourut en
1682. Il a fait lui-même le Catalogue de fes Ouvrages, ou plutôt
de lès Defleins. Son eflài de la Grammaire Caéalijîiqiie parut à
Bruxelles en 1641. & ce qu'il appelle la Grammaire Au^acieufe fiit
imprimé à Francfort en lôj-i. /»/)/;»; maiscen'eft que la quatriè-
me partie de ce qu'il avoit préparé fur ce fujet. Vers la fin de fa vie ,
il fit imprimer à Vigevano un Ouvrage , auquel il donna le nom de
AeîTTÔTaToç c'eft-a-dire , SubtiliJJimus , ou Nova Dialeâo-Meta
CAR.
premiers 8c des plus excellens Maîtres. Caravage fit pkifieurs Ouvra-
ges à Rome, àNaples, & à Malte; Se ce fut au retour de Malte i
qu'il mourut' avant que d'arriver à Rome , l'an 1609. Fehbien,
hntretiens fur les Vies des Peintres. SUP.
CARAVAGGIO, bourg d'Italie dans le Duché de Milan. Il
eft litué vers les frontières du Bergamafque , & il eft célèbre par la
viétoire que François Sforce , depuis Duc de Milan , remporta
en 1446. fur les Vénitiens. Ce bourg eft encofe célèbre pour
avoir vu naître Eolydore de Caravacgio. Voyez, Polydore,
&c.
GARAVAJAL, Cardinal. Cherchez CarvajaL
CARAVANE, troupe de gens, qui s'aflèmblent en Afîe pour
faire quelque voyage avec plus de fureté. On donne principalement
ce nom à la Caravane des Pèlerins de la Meque. Il y a tous les ans
cinq Caravanes de Mahometans , qui vont vifiter le lëpulcrede leur
faux Prophète à Medine, 8claMolquéedelaMeque,où il pritnait
lance : favoir celle du Grand-Caire , qui eft compofée des Egyp-
tiens, & de tous ceux qui viennent de Conftantinople & des envi-
rons : celle des Magrebins ou Ponentaux, laquelle comprend ceux de
Barbarie , de Fez , & de Marocicelle de Damas.pour les Pèlerins qui
viennent de Syrie: celle de Perfe : 8c celle des Indes ou duMogoL
Il y a Ibuvent de puilEms Seigneurs qui font ce voyage avec le peu-
fhyfica. Mais c'eft dommage que ce Prélat ait employé à cette for- pie. L'Emir Adgetn eft le Chef, 8c il mené ordinairement quinze
te d'étude l'efpritque la nature lui avoit donné, 8c qui étoit plus j censchameaux,pourporterfeshardes,, 8c pour en vendre ou louer
qu'ordinaire , félon le témoignage de fes Adverfaires même.L'Au-
teurde l'Anti-CaràmueL écrit dans fon Livre , qu'il avoit oui dire à
un grand homme,que Caramuel avoit de l'efprit au huitiéme,c'eft-
à-dire , au fouverain degré ; qu'il avoit de l'éloquence au cinquiè-
me; 8c du jugement lèulement au lècond degré. Celui qui a in
a ceux qui en manquent : car il en meurt beaucoup par les chemins.
La Caravane de Maroc prend fa route par Taffilet , Tegorarin , Tri-
poli, Quibriche, 8c Alexandrie, d'où elle fe rend au'Caire , 8c de
là à Suez, qui eft un voyage extrêmement long :• c'eft pourquoi ils
y employent un an entier. Le Grand Seigneur envoyé tous les ans
feré un Difcours de Mathématique dans le gros volume de ce Pré- ; à la Meque de riches préfens , que les Francs appellent la Vefte Je
lat, fur l'Architeârure du Temple de Salomon, en-ç^xlshien^l'as,^ Mahomet. . Ils font conduits par l'Emir Ado-e , 8tconliftcntenor-
avantageufement ; car il alfure que fi Dieu laiflbit périr les Sciences , nemens 8c en argent. On fait les ornemens au Caire 8c à Damas. Ce
'dans toutes les Univerlîtez du Monde, le feul Livre de Caramuel fe- i font des pièces de velours cramoili, fort lono-ues, 8c toutes bro-
roit fuffifant pour les faire renaître.
Biff. SUP
Nicol. Anton. £/^/fW^. 1 dées de grolTes lettres Arabes d'or, un grand pavillon de fatin cra-
|moifî, brodé d'or, avec des chifres Arabes , fait en pointe declo-
CARANUS, premier Roi de Macédoine, étoit le feptiéme de ' cher, qui a une pomme dorée à la pointe, quatre de même à l'en-
ia famille des Heraclides depuis Hercule. L'Hiftoire fabuleufe con
te,que ce Prince,qui vouloir jetter les fondemens d'une Monarchie,
ayant appris de l'Oracle qu'il la devoir établir dans l'endroit où il fe-
roit conduit par les chèvres , il en trouva dans l'Emathie.La Macé-
doine fut appellée de ce nom à caufe d'Emathius , contemporain de
Cadmus Roi de Thebes , 8c enfuite Macédoine du nom de Macc-
don, qui vivoit du tems de Belochus neuvième Roi des Affyriens.
Caranus ayant donc trouvé ces chèvres, il en fuivit une grande trou-
pe.qui fuyoit dans la ville d'Edeflè , qu'il furprit.Il chalfi Midas, qui
tenoit une partiede cette province , il en refta feul maître , 8c fon-
> da cette Monarchie l'an 3140. du Monde. Son règne fut de trente
ans. Juftin, /(.y. ch. i. Velleius Paterculus , li.i. Les marbres
du Comte d'Arondel , 8cc.
OC^On compte ordinairement depuis Caranus julques à Alexan-
dre vingt-trois Rois ; mais ils n'ont point de caraârere illuftre dans
l'Hiftoire,!! nous en exceptons Amyntas 8c fes quatre &ls,qui reo-ne-
rent lùcceffivement. PhiUppe , qui étoit le cadet, jettalcs pre-
miers fondemens de la Monarchie des Grecs , que &n fils Alexandre
tour; 8c un autre pavillon quarré, de moindre prix. Ces préfens
font portés p'ar un chameau richement enharnaché, fuivi d'un au^
tre, qui les porte, quand le premier eft las. Pour la fureté da
tranfport de ces ornemens précieux , l'Emir Adge fait mener fix
petits canons dans tout le voyage. La Caravane du Caire part ordi-
nairement cinquante-fept jours après le commencement du Rama-
zan, c'eft-à-dire, un mois après leRamazan fini. Celle de Bar-
barie ne part qu'un jour après : car elle a un Chef à part. Voici
quelle eft la route des Caravanes d'Afie. Celles qui viennent des ifles
d'Orient, c'eft-à-dire, de Macaflàr ou Celebes , de Java, deSu^
matra, 8c des Maldives ; 8c celles qui viennent des Indes au deçà da
Gange, fe rendent par mcràMocha, ville maritime de l'Arabie
heureufe, 8c de là à la Meque, fur des chameaux. Les Perfans,
qui habitent le long de la mer, viennent defcendre à Ormus , ouaa
Bander: puis paiTant le golfe , qui en cet endroit-là n'a que douze
ou treize lieues de large, ils traverfent l'Arabie; pourfe rendre à
la ville du Prophète. Mais ceux de la haute Perfe vers la mer Cafpie,
Se tous les Tartares viennent à Tâuris, ScdelààAlep, d'où part la
établit fur la ruine de celle des Perfes. Ce Royaume de Macédoine g^'^nde Caravane , qui traverfe les déferts. Quelques-uns prennent
aduréjufqu'àlamortd'Alexandre49o.âns; 8cjulqu'à laruïne de
Perfée dernier Roi 64Ô.
CARANZA. Cherchez Carranza.
CARAQUES, Sauvages de la province de Quito, dans le Pé-
rou , qui habitent vers la côte de la mer du Sud. Ils ont peu d'ef-
pritêcpeu d'adrefle: mais ceux qui demeurent fur la même côte ,
k chemin de Bagdad, maie rarement; parce que le Bâcha exige
d'eux un tribut , 8c particuHerement des Perfans , que les Turcs
eftiment hérétiques : 8c c'eft ce qui oblige le Roi de Perfe de défen-
dre à fes Sujets deprendre cette route. Ils prennent ce chemin de
Bagdad , par dévotion , pour voir le fépulcre de leur Prophète Ali ,
qui n'en eft éloi^é que de huit jouraées; c'eft un lieu défert , 8c où
il n'y a que de tres-mèchantes eaux:le canal , que Cha- Abas y fit coa-
vers le Nord de cette province, font ingénieux , 8c propres aux arts | duirede l'Euphrate , étant entièrement ruiné. Pour ce qui eft des
mechaniques.Ceux-ci fe peignent le vUage de certames marques , j Princes d'Arabie , ils n'ont pas beaucoup de chemin à faire , e'taS
tracées depuis les oreilles julqu au menton, 8c sornent déchaînes les plus proches du tombeau de Mahomer8c de la Meque. LesAfe-
d or travaillées avec tan d art . que les Efpagnols admirent ces for- hometans de l'Europe fe rendent à Alep , pour joindre la Caravane
tes d Ouvrages lorfqu ils y arrivent. * DeLaet, H,fto.re duNou- . de la haute Perfe : 8c ceux de l'AffiquepallentauGrand-Caire.d^à
■veauMom^.bUi. , j ,, ^ ^ ! ils prennent leur chemin par Suez,8c rencontrent dans les déferts k
CARATCHOLI , ou Karakioi^s , peuples du Mont Gaucafe , même Caravane d'Alep , à dix-huit journées de Medine , où il fe
}'^}.3'1T^}1Ï.YJT'TJ^^ i^„^^!?^^'i?- _ .Quelques-^uns trouve une eauqui va par un canal jufqu'à cette ville, 8c que les
croyent être fortie de
J . 1. • J 1 -■■. n^ ■ r , \ '.' — ""' ""f'fitequieutfoifencete
donne , parce que 1 air_de leur paiS eft toujours fombre 8c couvert de dit douce , d'amere qu'elle parut d'abord.
les appellent C«r^g«,r^«ez,ceft-a-dire C.rcaffier,s no.rs. Is font Mahometans croyent être fortie de terre par un miracle, en faveur
neanmoms fort blancs de vifage, 8c ce nom leura peut-être ete de leur Prophète qui eut foif en cet endroit, gc oui en beuvanti^r...
Prophète qui eut foif en cet endroit , 8c qui en beuvant la ren-
f;X r P^l^n^Turc mais fi vitequ onadelapeine alesen- Les Caravanes marchent de nuit, 8c ferepofent Iejour,afin d'é-
tendre Ces peuples tirent leur origine des Huns qui habitoientla viter les grandes chaleursiSc lorsque la Lune n'éclaire pa^,il y a des
partie la plus Septentrionale du Mont Caucafe
fuThcvlIo^^^lTsUP ^^^'"^-^-' '-"^ ^^«-««/ àqueué,defo'rtequ'onn'aqu'àles laiflèr aller, fans avoir lapine
r^i n A.Tr^^ À A - ^^ ^^^ conduire. Parmi ceux qui vont en pèlerinage à la Meque , il
CARAVACCA, ouCrux de Caravacca, petit village d'EjP- , ,y en a plufieurs qui y vont par dévotion , d'autres pour trafiquer , &
pagne dans le royaume de Murcie. Il eft fitué dans les montagnes d'autres pour éviter le fupplice qu'ils ont mérité pour quelque cri-
fur les frontières de laCaftillela neuve, 8c près de la rivière dite; me; car ce voyage abfout de toiit ; 8c quelque criminel que foit ua
Rio^Sigura. On y conferve une croix, qu'un Ange apporta, à ce homme,s'il peut fefauver,8c faire ce pèlerinage, on ne lerecherche
qu'on dit , du ciel à un Prêtre , qui devoir dire la Mefle à la préfence j plus après , au contraire on le tient pour honnête homme. Pendant
d'un Roi Maure. Elle eft de bois , 8c c'eft à cette croix qu'on fait tou- le chemin, ils s'occupent à chanter des verfets de l'Alcoran , 8c font
cher celles que les Fidèles portent par dévotion. * JeandeRobles des charitez chacun félon leur pouvoir. Deux jours avant que d'ar-
Corvalan, Hifi. del mifier. apparac. de la S.CruzdeCxrav. river à la Meque, ils fe dépouillent tout nuds,en un lieu nommé R«-
CARAVAGE, fameux Peintre Italien , étoit en réputation au | ^«* , 8c ne prennent qu'une ferviette fur leur col,& une autre autour
commencement du XVII. Siècle. Il fenommoitAmerigi.Sc fon pe- des reins. Ceux qui font incommodez 8c malades retiennent leurs
te etoit un MaiTon de Caravage en Lombardie.Il fut à Rome le Chef , habits , mais au lieu de cette cérémonie ils font quelquesaumônes.
d un parti oppofe a celui dejofeph Pin. Celui-ci n'examinoit point , Etant arrivez à la Meque, ils y demeurent trois iours, pour faire
nature telle qu il la yoyoit. Ces deux diftèrens partis jetterentles ' tons; puis ils reprennent leurs habits , 8c fe remettent comme il»
Peintres dans un pur libertinage, qui alloit détruire l'art de la Pein- 1 étoient huit jours auparavant. Après ils vont au Mont Arafat , où
ture , ItAnnibal Carache ne l'eût rétablie, en fuivant les règles des 1 ils font des prières pendant trois jours. Toutes ces cérémonies étant
\ finies
CAR.
■finies, le Sultan Scherif, ou Prince de la Meque , qui eft venu avec
elix à cette montagne, leur donne la bénediâion. De là les Pèle-
rins vont à Medine , oij eft le lepulcre de Mahomet, & leKiabeou
grande Mofquée. Environ un mois 8c demi après que la Caravane
du Caire eft paitie , il part du Caire un Aga , qui conduit plulîeurs
rafraichiflèmens que les gens dii pais envoyent àkursparens ou
amis qui font dans la Caravane , qu'il rencontre à la moitié du che-
min. Ces pèlerins mettent à ce voyage depuis le Caire environ qua-
rante-cinq jours à al!er,8c autant à reveniriSc font là plufieurs jours.
L'Emir Adge gagne beaucoup à ce voyagejcar les biens de tous ceux
qui y meurent Ibnt pour lui , outre mille autres gains qu'il fait en
pluiieurs manières. Durant tout ce pèlerinage il eft le maître abfo-
lu de la campagne , 8c il fait faire juftice comme il lui plaît.
* Thevenot , yoyage dé Levant. Taverniér , Relation du Serrall.
sue.
• CARAVANE de Marchands , eft comme un grand convoi
compofé de quantité de Marchands , qui s'aflèmblent en certains
tems & en certains lieux , pour voyager en fureté , & fe défendre
contre les voleurs qui courent fouvent par bandes dans les pais
qu'il faut traverfèr. Ces Marchands élifent entr'eux un Chef , que
l'on appelle Caravan-Bachi. C'eft lui qui ordonne la marche , qui
prefcritlesjournées,& qui avec les principaux delà Caravaneju-
ge les differens qui peuvent furvenir pendant le voyage. Dn peut
faire un voyage en compagnie de dix ou douze hommes feulement,
& l'on fait ainfi beaucoup de chemin : mais il eft plus fur de Rejoin-
dre à uhe Caravane. Oii voit des Caravanes de mille chameaux,
8c d'autant de gens de cheval : & comme les chameaux ne mar-
chent qu'à la file,une Caravane pairoit une armée. Chaque Chame-
lier conduit fept chameaux , qui font attachez l'un à l'autre par une
tietite corde. En tout tems , la Caravane marche plus de nuit que de
jour : en Eté , pour éviter la chaleur ; & dans les autres faifons,pour
arriver en plein jour au lieu oii l'on doit camper:parce que dans l'ob-
fcuritédelanuitil feroit difficile de dreïfer des tentes, de penfer
des chevaux , & de pourvoir à tout ce qui eft nécelfaire à un campe-
ment. Néanmoinsaufortde l'Hy Ver & dans les grandes neges , on
• ne part gueres qu'à la pointe du jour : mais on fait peu de chemin ,
potir camper dejour,lorfque le Soleil eft couché: desChiaoux, qui
ibnt de pauvres gens ouTurcs ou Ariileniens,ont foin de faire la gar-
de autour du camp, 8c de veiller fur les marchandifes. Quand on
part de Conftantinople , deSmyrne,oud'Alep, pourfe mettre en
Caravane , il faut s'habiller félon la mode des pais où l'on doit paf
fer : en Turquie , à la Turque ; en Perfe , à la Perfienne : 8c qui
en uferoit autrement , palTeroitpour ridicule. Toutefois ayant par
les chemins une vefte d'Arabe avec quelque ceinture,bien qu'on eut
deflbus un habit à la Françoife , on peut paflèr par tout fans rien
craindre. Pour porter le turban, il faut néceffairementfe faire rafer
la tête, parce qu'il gliflêroit 8c ne pourroit tenir avec les cheveux.
Pour ce qui eft de la barbe,on n'y touche point dans laTurquie,8c les
plus grandes font les plus belles: mais en Perfe on fe fait ralèr tout le
anenton , 8c on garde feulement la mouftache , qui eft d'autant plus
eftimée qu'elle eft plus greffe Se plus longue, ■* Taverniér, Voyage
de Perfe. SUP.
CARAUSIUS , Menapien 8c Gouverneur d'Angleterre pour les
Empereurs Diocletien Se Maximien . Il ufurpa la fouveraine puif-
fance , s'allia des François 8c fc maintint fur le throne qu'il s'étoit
aquis, ayant contraint les Céfars de faire la paix. Aleétusun defes
Capitaines le tua l'an 293. qui étoit le feptiéme depuis fi révol-
te. * Aurelius Viâror , dans Diocletien. Eutrope,^'. 9.
CARA'Z.OLE, (Joannin) natif d'Ombrie , en Italie, d'une fa-
mille fort médiocre , fut un grand exemple de la bonne 8c de la
inauvaife fortune. Etant Secrétaire de Jeanne II. Reine de Na-
ples , il eut le bonheur de flaire à cette Princellè , qui l'aima
paffionpément , 8c lui donna comme pour dot le Duché de Mel-
fi, 8c la charge de Grand Connétable du Royaume. Mais une iî
haute élévation eut une fin tragique, car cette Reine le dépouilla
de tous lès biens 8c de tous fès honneurs , 8c le fit mourir avec au-
tant de cruauté qu'elle a voit eu d'anibur pour lui. *Fulg./». 6.e.
II. SUP.
CARBANDA, ou Carbaganda, frère de Caffan Roi des Tar-
tares, fut fon fucceffeur l'an 1304. Il étoit né d'une mère Chré-
tienne , qui le fit baptifer , il reçut le nom de Nicolas au baptême ,
8c il profeffa la Religion Chrétienne tant que fa merefiit en viej
mais après fa mort il embraffa la Sefte Mahometane , 8c ruina les
affaires des Fidèles en Orieilt. *Haithon, Sanut, &c. rapportez
parSponde, ^.C. 1304. «.9.
CaRBILIUS RUGA, futlepremier d'entre les Roniains, qui
fit divorce avec fi femme , qui étoit fterile , l'an 5-2 3 . de Rome fous
le Confulat de M. Attiiius Se de P. Valerius. Il protefta aux Magif-
trats , que bien qu'il eût beaucoup d'amour pour fa femme , il la
' quiftoit pourtant fans murmurer jpuifqu'elle ne lui pouvoir point
faire d'enfant, préférant l'avantage de la République à fonplaifir
particulier. D'autres lenomment Carvilius Maximus, qui avoit
été Conful en j-io. avec L. PoflJiumius Albinus. * Aulu-Gelle. //'. 4.
ch. 3.
CARBO , grand Orateur , vivôit avant Cicerôri , lequel parle de
lui. On dit que ne pouvant foulîrir la légèreté du peuple Ro-
main,après s'être efforcé trcs-fouvent d'y mettre ordre,il fe donna
la mort volontairement. Il ne faut pas le confondre avec divers au-
tres Magilbats de ce nom , comme C.Carbon Triumvir avec Grac-
chus 8c Flaccusen633.de Rome. Ils eurent difpute pour la divi-
fion des champs. Un qui fut trois fois Conful. Celui qui fuivit
le parti de Marius 8c de Sertorius , en 667 . de Rome , 8c qui fut tué
dans la Sicile par ydre de Pompée. Un Orateur frère du premier,
lequel ne pouvant fouffrir les débauches des foldats , qu'il vouloit
obliger de mieux obferver la difcipline militaire , les pouffa un peu
trop , de forte qu'ils l'aflaffinerent.
Tom. II. *
CAR. ii'
CARBONNE. (François) Cardinal , Evêque de Monopoli , étoit
deNaples. Urbain VI. le mit dans le facré Collège en 138$-. 8c de-
puis , il contribua beaucoup à l'éledtion de Boniface IX. qui lui don-
na l'Evêchédc Sabine, 8c divers Gouvcrnemens dans l'Etat Eccle*'
lîattique. Théodore de Nicm l'acculé de Simonie. Il mourut fu-
biîement le 1 S. Juin 1405-. 8c fon corps fut porté à Naples , où l'on
voit fon tombeau dans l'Eglife Métropole. * Théodore de Niem ,
"•1.(^3. Ciaconius, Garimbert, 8cc.
CARBONNEL, (Bertrand) Poète Provençal , vivoit dans le
XIII. Siècle, vers l'an 1113. Il écoit natif de Marfeille , Se écrivit
divers Ouvrages. La Croix dU Maine Se du Verdier Vauprivas,
Biè/. Franc. '^
CARCANO, (Archelao) Médeciil , natif de Milan, 8c Profef-
feur dans l'Univerfité de Pavie , vivoit dans le XVI Siècle, 8c s'aquit
beaucoup de réputation par fon favoir. il compofa divers Ouvra-
ges lur les Aphorifmes d'Hippocrate , de la pefte , Sec. Se il mourut
le 3 2. Juillet de l'an ij-88. * GMi.m, Theat.d'Huom.Lett. Van der
Linden, de Script. Med.^c.
CARCANOSSI, contrée de l'ifle de Madagafcar , vers la côté
Méridionale , où les François ont établi depuis peu d'années quel-
ques colonies , le pais étant fertile 8e affez bien cultivé. SUP.
_CARCASSONNE , fur l'Aude, ville de France en Lariguedocî'
C'eft un Comte , où il y a un Evêché fuf&agant de l'Arclievêché de
Narbonne : elle eft du Parlement de Touloufe. C'eft le Carcagoi
Carcaffumlolcarum, oxiTeBofagum des Anciens. Elle a deux par-
ties, la ville Se la cité: la Cathédrale eft dans la dernière. Elle a
aufli un fort château.où l'on conferve des aâes très-anciens 8e d'une
écriture particulière , fur des écorces d'arbres 8e de toile, dont il y
en aflufieurs qu'on croit y avoir été apportés par lesWifigoths après
lapriiédeRome. Ilyademêmelefiege d'un Sénéchal Se unPré-
fidial. Pline parle de Carcaffonne; Célàr, Ptolomée,, l'Itinéraire
de Jcrufalem,Procope, Grégoire de Tours , 8e divers autres Auteurs
en font auffi mention. S.Guimerafut, comme on croit , premier
Evêque de Carcaffonne. Il mourut vers l'an 3oo.Hilaire 8c Valere y
font reconnus pour Saints. La ville eft grande , forte, 8e affez bien
bâtie. La rivière la diviié en deux parties, 8e outre la Cathédrale
de S. Nazaire , il y a diverfes maifons Religieufes. Quelques Au^
teurs eftiment que les Goths fortifièrent Carcaffonne , qu'ils y bâti-
rent le château , 8e qu'ils y conlèrvoient les dépouilles de la ville de
Rotne. (Quoi qu'il en foit , comme l'affiete 8e la grandeur de Car"
caffonne la rendoient une ville très-importante , les François l'afllé-^
gèrent, après la défaite d'Alaric en 5-07 . mais ils fe virent contraints
de prendre d'autres mefures.Le Roi Contran l'affiégea depuis inuti-
lement. Se quelque tems après, il la prit par intelligence , mais
l'armée ne fe tenant pas fur fes gardes à la campagne , elle fut défaite
pair Recarede Roi des Goths. Ce fut vers l'an 5-87. ou 88. Depuis j
elle fut foumife aux François, 8e nos Rois y mettoientun Comte
pour la gouveriier. Le premier , dont nous avons connoiffance , fut
Bernai-d II. Coiii te de Touloufe, qui vivoit en 871. LeContinua-
teur d'Aimoin nous apprend que le Roi Charles le Chauve lui donna
le gouvernement des Comtés de Carcaffonne Se de Rafés.On cftiraei
que Roger I.ètoit fon fils,8c qu'il lui fucceda en 887 . Mais cela n'efl:
pas bien connUjEe nous n'en pouvons parler furement que fous l'an
974.Artiaud étoit alorsComte deCarcaffonne,8c Roger Il.lui fucce-
da en 97 8. Ce dernier eut d'Adelaïs fon épouiè Raimond , qui vivoit
en 1 01 3. père de Roger III. mort fans enfans 8e d'Ermengarde qui
lui fuccéda. Elle étoit femme de Bernard Raimond Trincavel , Vi-
comte de Beziers Se d'Agde.Raimond Berenguier Comte de Barce*
lonne prétendoit à cette fucceffipn du côté d'Ermenfende fon
ayeule, fîllede Roger II. Se femme de Raimond Borel, Comte de
Barcelonne. Leurs amis communs les accordèrent en 1068. Se par
une tranfaftion on adjugea la Ville de Carcaffonne à Raimond Be->
renguier.Tout lerefte duComté fut cédé à Ermengarde Seà fon ma-
ri.Bernard Athon leur fils leur fucceda en 1090. Celui-ci furprit la
ville de Carcaffonne durant la minorité de Raimond Berenguier ,qui
époufa depuisDouce de Provence ; mais les habitans n'ayant pas fu-
jet de fe louer delà conduite de Bernard Athon,fe remirent fous l'o-
beïffahce de Raimond 2e chafferent les Officiers de l'autre. Bernard
affiégea la ville,la prit par compoiîtion. Se creva les yeux. Se coupa le
nez aux principaux habitans, qui fe retirèrent en Catalogne. Ce pro-
cédé barbare obligea le Comte de Barcelonne à prendre les armes, 85
puis à la prière de diverfes perfonnes de confideration il s'accommo-
da âvecBernard.qui lui céda leComté,Se lui Se fos fucceflêurs prirent
le titre de Vicomtes. Ce Bernard avoit époufé Cécile Vicomteffe de
Nîmcs;8e il en eut trois fils Se trois filles,R.oger IV.Vicomte de Car-
caffonne , de Rafés , 8e d'Albi ; Raimond Trincavel Vicomte de Be-
fîers 8c d'Agde ; Bernard Athon Vicomte de Nîmes ; Mantelina ,
Payenne; Se Ermenfende. Roger IV. mourut fans enfans, vers
l'an iij-o. Raimond fon frère lui fuccéda, 8e il futmaffacré dans
l'Eglife de Befîers , lejourdelaMagdelainedel'an 1 167 .comme je ■
l'ai dit ailleurs.Il laiffa trois fils , Trincavel mort en 1 1 80, Raimond
Trincavel mort en 1 190. Se Roger Trincavel décédé en 1 193. Ce
dernier laiffa pofterité.Il avoit époufé une fille de la maifon de Tou-
loufe,8e il en eut Raimond Roger,lequel donnant dans les fentimens
de fon oncle Raimond le vieil Comte deTouloufe,fe déclara protec-
teur des Albigeois. 11 s'attira l'armée des Croifez,qui prirent Carcai^
fonne en 1209.8c il mourut en même tems de dyffenterie.Après cet-
te mort , tous les Prélats & les Princes qui s'étoient liguez pour une
fi fainteentreprilè donnèrent à Simon Comte deMontfort ïacon-
fifcation des biens qui appartenoient aux Comtes de Carcaflbnne ; .
ce que le Synode de Montpellier de 1214. 8eleConcifedeLatrande
i2if.luiaffignerentauffi.Amauri deMontfort, fils de Simon, lui
fuccéda en la poffeffion de ces Seigneuries ; Se ne pouvant pas les dé-
fendre contre les Princes qui y avoient quelque prétention , il céda
l'an i222.1es droits qu'il y avoit à Louis VIII. Roi de France, qui
pour récompenlê le fit fon Connétable, commeje le dis ailleurs. If
G î renou-
54
CAR.
CAR.
.ouvella depuis deux ou trois fois cette ceffion." Raimond Roger Jaques Augufte de Tliou l'a écrit ainfi fur l'opinion commune dé ce
avoitlaifle un iîls nommé Raimond Trincavel, qui céda aulli. les
droits qu'il pouvoir avoir fur les Comtez de Beziers ik deCarcaflon-
ne.qui ont été toujours unis à la couronne. Ce fut en 1 247 . Caical-
fonneeit capitale d'un petit païs dit le Carcasses. On y faitdiver-
fesmanufaaures,& for-tout de draps. * Pline, /.8.<:.4.Procope,
li I dé M.Got.C!:egotteàerouïs,li.2.c.^o.&li.ç>.c.'ii. Con-
tinuateur d'Aimoin , Irj.c.zT. CM\,HiJi. des Comt. deToul. &
Mem.deLa?ig.Be&,Hi/t.deCarcaff.Demrci,Hifi. deBearn.U. 8.
Sainte Marthe , Gall. Chrift. Du Puy , Dmts du Rot , &c.
LE CARCERO.palais où l'on plaide a Madrid, en Efpagne. SUP.
CARCHASIS, Roi des Scythes , fuccédaà fon père Atheas con-
jointement avec fon frère Matheas. Ilconduiiit une armée contre
Alexandre le GramU^ alla pour aflléger la ville d'Alexandrie, que ce
Conquérant vcnoit de faire bâtir , mais Alexandre le battit , & tailla
en pièces toutes fes troupes. Depuis voyant la génerofité de fon
.Vainqueur , qui pardonnoit facilement à ceux qui fe foumettoient à
lui , il lui envoya des Ambaflàdeurs pour fe remettre à fa difcretion
& lui offrir fa fille en mariage. Alexandre oubliant tout le paffé lui
iaiiTa l'autorité fouveraine dans fes États.[L' Auteur de cet article l'a
tire de quelque Roman , .& non d' Arrien 8c de Quinte-Curfe , qui
n'en dilent rien, en parlant de la guerre qu'Alexandre fit aux Scy-
thes. Atheas , étoit le même que Matheas , puifque c'eft ainfi que
divers MSS.écrivent le nom du même h.oïame..Yojn.MatthiasBer-
neccerusimJufi'm.Uh. ix.c. 2.8c-^^m.!]* Arrian,/.4.Q.Curce,
1.8. SUP.
C A R C I N U S , d'Athènes , Poète , vivoit la C. Olympiade.
Il a écrit des Comédies, &des Vers Lyriques.^ Il y en a eu un au-
tre d'Agrigente, qui vivoit dans le même Siècle, & demcuroit
àSyracufe, auprès deDenys. * Athénée, liv.8. Suidas. Voflius,
des Poètes Grecs , c.l.Joan. Meurfii Bel. Attica.
[C A R C I N U S Rhéteur , cité par Alezandre autre Rhéteur ,
dans fon livre des figures. Joan. Meurfii Bibl.Gr£ca.~\
CARDAILLAC, bourg de France dans le Quercy, près de
Figeac & vers les frontières del' Auvergne.C'eft une des plus ancien-
nesBaronnies du païs,à qui on a depuis attribué le titre deMarquifat .
C'eft ce boUtg qui a donné le nom à la maifon de Cardaillac.
CARDAILLAC. Maifon. La MaifondeC ard aill a c
a eu les Barons deCardaillac 8c de laChapelle-Mari val,Sieurs deSaint
Cernin, 8cc. Chambellans de nos Rois, Sénéchaux, 8c Gouverneurs
du Quercy,8c Chevaliers de l'Ordre: lesComtesde Bioule , Lieu-
tenans Généraux en la province de Languedoc ,8cc. Bertrand
DE Cardaillac donna des preuves de fon courage , durant
la guerre contre les Albigeois. Cette Famille a encore eu d'iiluftres
Prélats; outre Jean, dont je parle ailleurs,je puis nommer Guil-
laume DE Cardaillac Evêque de Cahors en 1109. Il
étoit fils du même Bertrand 8c d'Helenc de Comborn : il fe fignala
par fon zèle contre les Albigeois. Pierre des Vaux de Cernai parle a-
vantageufement de ce Prélat, qui mourut en 1254. Il eft diffèrent
d'un autre Guillaume de Cardaillac Evêque de SaintPapoul,mort en
odeur de fainteté l'an 1 347 . Ce dernier étoit fils de Geraud de Car-
«iaillac Sieur de la Chapelle-Marival,8c frère de Bertrand Evêque de
Cahors,mort en 1 367 .C'eft fous lui qu'on fonda l'Univerfité de Ca-
hors. Il eut pour fucceffeur Bego de Caftelnau mort en i jSo.Fran-
çois DE Cardaillac fut mis après celui-ci fur ce fiége Epifcopal.
Il étoit fils de Guillaume Sieur de Varaire, Vicomte de Murât , 8c
d'Anne de Gordon ; 8c on le tira de l'Ordre de S. François pour lui
donner le gouvernement de l'Eglife de Cavaillon , d'où il fut trans-
féré à celle de Cahors , où il m«urut en odeur de fainteté l'an 1404.
Les Eglifes de Rhodez. 8c de Montauban ont encore eu desPrélats de
cette Famille. Dans le XVII. Siècle Louis de Cardaillac 8c de
Levi.Comte de BiouIe,8cc. a été Lieutenant General en Languedoc.
Le Roi l'honora du cordon de Chevalier de fes Ordres en 1 66 1 .8c il
eft mort en 1 666.fans laiffer des enfans de Lucrèce d'Elbene 8c d'E-
lizabeth de Mitte-Saint-Chaumont fes deux femmes. * Catel, Hifi.
deLan^ued.ha.Croix, de Epifc.Cadtinenf. Sainte Marthe , gcc.
CARDAILLAC. Cherchez Cardillac , (Jean de) Patriarche
d'Alexandrie , Archevêque de Touloufè.
C ARD AME, certain Roi des Bulgares dans le VIII. Siècle.
On dit qu'ayant obligé lesEmpereurs deConftantinople de lui payer
un tribut,il voulut contraindi-e Conftantin Vorfhyrogenete de l'aug-
menter. Ce Prince promit de le fatisfaire, 8c étant entré , avec une
puiffante armée , dans la Bulgarie , qu'il trouva dépourvue de gens
de guerre, il mit toutàfeuScàfang, l'an 796. Cardame mourut
peu de tems après. * Hift. Mifcel. Baronius , écc.
CARDAN, (Jérôme) Médecin 8c Aftrologue de Milan , vi-
voit dans le XVI. Siècle. Il eft aifez connu par les Ouvrages qu'il
a donnez au public, comme fes Commentaires fur les quatre livres
de Ptolomée du jugement desaftres, la Reftitution des tems, les
Aphorifmes d'Aftrpnomie , de la Subtilité , 8c plufieurs autres,que
nous avons en dix volumes. Il a lui-même écrit fa Vie, qu'on voit
à la tête de fes Ouvrages fous le titre de Vit et profria,on il rapporte les
chofes avec la bonne foi d'un homme de Lettres. Il naquit le
1 5 . Août de l'an 1 5-0 1 . 8c fon pcre déjà fur l'âge l'eut d'une certaine
fille nommée Claire Michcria.Cardan avoue lui-même dans fa vie ,
"que la mère avoit pris plulîeurs médicamens , pour fc faire avorter.
Et dans le troifiéme livre de la Confolation il reconnoit que le Col-
lège des Médecins de Milan ne le vouloir pas admettre, lur le
foupçon qu'on avoit qu'il n'ètoit pas légitime. Jule Scaliger fut
fon ennemi irréconciliable , 8c chercha à le contredire en toutes
chofes. Les defmterelîèz font pourtant d'accord, que bien que
•Scaliger eût peut-être plus de connoiffancedes Lettres humaines
■que Cardan.ce dernier avoit pénétré plus avant dans la Phylique. Il
mourut âgé de foixante 8c quinze ans àRome lez i .Septemb. de l'an
I j-7 6. On dit qu'ayant prognoftiqué l'an £c le jour de là mort , il fe
tèms-là.On dit queCardan s'étoit lui-même compofe cette épitapheî
Non me terra teget , cœlofed raftus in alto ,
Illuftris vivam docla fer or a "uirûm.
^^itlquid venturisJpeBaéit Fhœbus in annis ,
Curdantim nofcet , nomm ^ ufcpe meum.
* Jaques Philippe Thomaimi inElog.viror.illuJl. Vander Linden ,
de Script. Med. Delhou, //. 6i.if(/if. Genebraid, Chron. Blancha-
nus, des Math, au XVI. Siée. Voffius, des Math. c. io.§. io.c.4t.
§. j. c. 49. §. 18. c. 6j. §. 30. //. i.deJheoLGent.c.2io.l^oïeïi.7,o
Cr2.ffo, l'.I.Elog.é'C.
CARDENAL , (Prêtre) Poète Provençal , natif d'Argence près
de Beaucaire. Il étoit eftimé pour fon mérite 8c pour ion iâvoir^
Charles II. Roi de Naples 8c de Sicile,8cc. l'avança dans fa Cour , 8c
il y mourut à Naples vers 1302. On lui attribué divers Poèmes.
*Noftradamus, ViedesPoëf.Prov. La Croix du Maine., 8cc.
CARDERON, (Roderic) fils de François Carderon 8c de iVIa-
rie Sandalin , naquit d'un concubinage à Anvers , où fon père etoit
en garnifon : mais il fut enfuite légitimé par le mariage de fon père
8c de fi. mère. Après avoir été Page du Vicechancelier d'Arragon,
il entra au fervice de Dom François Sandoval , Marquis de Dénia ,
Duc 8c Cardinal de Lerme , premier Miniftre de Philippe III. Roi
d'Eipagne. Carderon ayant gagné les bonnes grâces de ce Miniftie ,
parvint à de grandes charges. U tut premièrement Aide de la Cham-
bre du Roi, puis Secrétaire d'Etat. S'ètant marié à Ignez de Vergas
Damed'Oliva, il reçut le collier de l'Ordre de Saint Jaques , fut
fait Commandeur d'Ocagna , 8c obtint la charge de Capitaine de la
Garde Allemande. Cerangilluftre, 8t le crédit qu'il avoit auprès
du Roi , le rendirent li inlolent qu'il mépriibit les plus grands Sei-
gneurs du Royaume , 8c s'abandonnoit à toute forte de crimes , ce
quicaufàfadilgrace. U fut arrêté l'an 1619. 8c conduit au château
de Montachez vers le Portugal. Son procès lui ayant été fait , il fut
condamné à avoir la tête tranchée dans la place publique , où il fut
conduit fur une mule. Sa fentence contenoit plus de deux cens
quarante chefs d'accufàtion. Le i9.0â:obre de l'année 1611. oa
l'avertit de faire fon teftament, de dilpoièr de deux mille ducats ,
8c de fe préparer à la mort. On lui ôta enfuite l'habit de Chevalier i
8c le 2 1 . du même mois il fut conduit au fupplice revêtu d'une fou-
tane 8c d'un manteau de deuil, avec un capuchon de frize. Après
l'exécution , fon corps fiir mis fus une pièce de frize avec une croix
fur l'eftomac, 8c quatre torches au côté , 8c fut gardé en cet état juf-
qu'au foir fur réchafaut,par plufieurs Archers.Le Clergé Se desRcli-
gieux s'ètant affemblez pour lui faire une pompe funèbre , on les
renvoya, 8c on leur fit defenfes d'accompagner ce corps , quiièloa
la coutume du pais fut efcorté par les Confrairies , 8c porté dans
l'Eglife des Carmes, ainli qu'il l'avoit ordonné. On alTure qu'il
avoit plus de deux cens mille ducats de rente , 8c que lès meubles
furent eftimez à quatre cens mille ducats. *DuPuyj Hj/l. det
Favor. SUP.
CARDIANUS. Cherchez Eumenes Cardianus.
GARDIEN. Cherchez Jérôme Gardien.
C A R D I F E , vUle d'Angleterre, dans la Principauté de Galles,
8c le Comté àitGlamorganshire.^Wt eft fituée fur le golfe deSabrine,-
à l'embouchure delà rivière de Tafe près de Landaft , Se de la riviè-
re de Tane, qui lui font au Couchant.
CARDIGAN, ville d'Angleterre dans la Principauté de Galles.
Elle eft capitale d'un Comtè,auquel elle donne fon nom, connu, fous
celui de Cardig anshire, qui s'étend le long de la mer d'Irlande.
CARDILLAC, (Jean de) Patriarche d'Alexandrie, Adminif-
trateur pei-petuel de l'Archevêché de Touloufè , dans le XIV. Siè-
cle , étoit lorti d'une noble famille , car il fut fils de Bertrand , Sei-
gneur de Bioule , 8c d'Ermengarde de Lautrec. 11 parvint par l'éclat
de là naiiîànce , 8c par celui de ia fcience 8c de fa pieté à ces im-'
portantes Prèlatures.En fi jeuneflè,il s'étoit appliqué à la fcience du
Droit; dans laquelle il fit un fi grand progrès , qu'après avoir reçu le
bonnet de Dodieur en l'Univerfité de Touloufè, il y profeflà avec
grand applaudiflèment. Depuis , il fut envoyé par l'Univerfité au
Pape Clément VI. 8c par le Roi de Caftille à Urbain V. en 1370. Il
s'aquitta fi bien de ces emplois que GregoireXI. l'envoya l'an 1 3 72.
Légat en Allemagne ; 8c à fon retour il lui donna l'Archevêché de
Brague en Portugal , dont il fe démit depuis. Le Roi Charles, V. &
fervit auffi de lui , comme nous l'apprenons de Froiffart. Il fut de-
puis Patriarche d'Alexandrie 8c Adminiftrateur de l'Archevêché de
Touloulè, vers l'an 1376. Dans lès occupations continuelles, il
compofà plufieurs Livres , qu'on garde dans la Bibliothèque des Ja-
cobins à Touloufè, comme des Sermons pour les Dimanches 8cFê-
tqs de l'année: Des Conférences Synodales pour la célébration des
Conciles:Des Oraifons pour le Sacre des Prélats : Divers Traitez de
OrdresSacrez,8cc.Il mourut en 1 39o.LesCurieux pourront voirfon
éloge dans Catel,8c dans la Généalogie de cette Maifon , qui a donné
divers Prélats à l'Eglife, 8c de grands hommes à l'Etat. * Froiffart,
/;. I. C;5ro».c.2^2. Robert 8c Sainte Marthe, G<î//.C^r(/î. Catel, Sec.
CARDINAL , vient de cardo , qui fignifie les gons d'une porte,fiir
lelquels elle tourneiqu'on a donné aux Affeflèurs 8c Confeillers des
Souverains Pontifes, qui les aident pour le gouvernement de l'Egli-
fe.Saint Pierre, qui reçut de Jésus Christ le pouvoir que les Papes
fes fucceffeurs ont encore,eut pour aide de fon Miniftere SaintMarc
rEvangelifte,Lin,Clet,Clement,8c Anaclet,qui lui fuccéderent. Les
mémoires anciens font foi,que lePapeClet inftitua le premier vingt-
cinq Prêtres titulaires; qu' Anaclet établit fcpt Diacres en mémoire
de ceux qui a voient été établis par les Apôtres dans la naiffance de
rEglife;que ce furent les premiers titres desCardinaux;& qu'E varU-
te confirma cette inftitution, 8c fit ledèparterrTCntdesParoiflès,
qui avoient été affignèes à ces Confeillers des Papes. Saint Hygin
environl'an ij-6. diftingua les Ordres du Clergé. Depuis, les Evê-
laiflàinourirdefaimyétantarrivéjafindêConferver fa réputation, ques Cardfeaux euieat pour titre les Èglifes principales dedans 8c
■ 1 ■ dehors
CAR;
15
CAR.
3ehort de Rome , au nombre de huit, qui ont été réduites à fîx. On
aflîgna aux Prêtres Cardinaux les autres Pareilles & Cimetières de
Rome,pour y exercer la charge des ames.adminiftrer lesSacremens
& avoir foin de la fépulture des Fidèles & des Martyrs. Les Cardi-
nauxDiacres avoient lesHopitaux avec le foin de l'entretien des veu-
ves , des orphelins , & des nécefliteux ; Scies Chapelles , qui étoient
unies à ces maiibns de pieté,étoien*bppellées Diaconies .S. Sylveftre
dans le Concile de Rome del'An 3 24. régla l'âge & le nombre des
MiniflresEcclefiaftiques; 8c dans le fixieme canon il eftj)arlé des
Cardinaux Diacres , qui ftirent limitez au nombre de fept. Les ti-
tres s'en font depuis ii fort multipliez, , qu'ils font venus jusqu'au
nombre de foixante 8c douze , qui eft celui des Difciples du Sauveur
du Monde; favoir fbx titres d'Evêques Cardinaux,cinquante-deux de
Prêtres , 8c quatorze de Diacres.
05" Ils ont reçu en divers tems les ornemcns de leur dignité. Sous
le Pape Innocent III. le Cardinal Pelage ayant été envoyé l'an
1 z 1 5 . à Conftantinople , fe fer vit dans fa légation du manteau 8c de
la robe de povirpre. Les Cardinaux ne s'en fervoient pourtant pas
tous , 8c ce fut lèulement au Concile de Lyon , tenu l'an 1 245-. fous
Innocent IV. qu'ils commencèrent de porter la pourpre. CePon-|
tife.perfecutéparrEmpereurFredericII.leuravoitdonnélebon- ^^
net rouge , 8c le chapeau de même, pour les faire Ibuvenir par la vue 1 quelquesEvêques furent créezCardinaux Prêtres avec tTn des Titrée
de cette couleur qu'ils dévoient être prêts de verfer leur fang pour la I de lar ville de Rome. Ainli Guillaume Archevêque de Rheims fur
défenfe de l'Eglilè. Quelques-uns ajoutent que Boniface VIII , qui ; créé Cardinal,duTitre de Sainte Sabine,(qui eft un Titre deCardinal
prit tant de foin de tout ce qui pouvoit contribuer à l'honneur des [ Piêtre,)par le Pape Clément III.ou félon d'autres par AlexandrelIL
Papes 8c de letirs Confeillers , leur donna la robe de pourpre,comme Enfin Clément V. 8c fes fuccelTeurs donnèrent le titre de Cardinal
prindpalornementdeleurdignité. Paul II. y ajouta en 1464. laça- """' - -' •" " " ■ • -
lote rouge, le cheval blanc au frein doré 8c à la houffe de pourpre
Nous pouvons ajouter que ce n'éft que fous le Pontificat d'Urbain
umacelu.de Porto.) L'Eghfe de Sainte Marie Majeure avbitauM
fcptCardmaux Prêtres, lavoir les Cardinaux de S. Philippe 8c de
S.Jaques,deS.Cyriace, deS.Eufebe,deSaintePrudenciane de
Saint Vital, des Samts Pierre 8c MarceUin,8c de S. Clcment.L'EMiiè
Patnarchale de S.Pierre avoit les Cardinaux Prêtres deSainte Marie
de-là le Tibre , de S. Chryfogone , de Sainte Cécile, de Sainte Anaf-
tafie, de Saint Laurent inDamafco, de S. Marc, 8c des Saints
Martin 8c Sylveftre. L'Eglife de S. Paul, les Cardinaux de Sainte
Sabine, de Sainte Prifce , deSainte Balbine, des Saints Nerée 8c
Achillee, de S. Sixte, de S. Marcel, 8c de Sainte Suzanne. L'E-
gliie Patriarchale de S. Laurent hors des murs avOit ces fept Cai-di-
naux , ceux de Samte Praxede , de S. Pierre aux Liens,de SaintLau-
rent tnLucma, , des Saints Jean 8c Paul , des Saints Quatre-Couron-
nez, de S.Etienne au Mont Celio, 8c de S.Ouiricè. Baronius
rapporte en 1 an i o j; .un Rituel on Cérémonial extrait de la Biblio-
thèque du Vatican , qui contient ce dénombrement des Cardinaux:
Dans la fuite du tems,le Pape donna le titre de Cardinal à d'autres
Evequcs.qu aux fept que je viens de nommet. On dit que le pre-
mier fut Conrad Archevêque de Mayence, qui fut honoré de cette
qualité par le Pape Alexandre III. lequel accorda la même grâce à
GaldmSala, Archevêque de Milan en II 6j-. Il arriva depuis que
VlII. qu'ils ont eu la qualité d'£»J/»«»CM. Il faut remarquer que
tardinalifer quelqu'un veut dire , félon l'ancien langage de TEglife ,
lui donner un titre foit d'Evêque , foit de Curé.Et de la vient qu'en-
core aujourd'hui les Cardinaux ont les titres ou Eglifes dans Ro-
ime , fous le nom de divers Saints, oii ils ont la jurifdidtion Epifco-
•pale; 8c qu'ilyamêmedesEvêchezquileurfontaffeârezScoiiils
arrivent par leur rang d'ancienneté. Les Curieux confulteront la
Lettre du Pape Eugène IV. à Heiuri Archevêque de Cantorbie , que
nous avons dans la première partie du BuUaire. Barbatius , Turre-
cremata , Thomas Valdenfis , Onuphre , Baronius , Sponde , Bzo-
vius, Rainaldus, 8c plufîeurs autres rapportez par le Cardinal Bel-
larmin dans le premier volume de fis Controverfes , oii il parle de
leur ancienneté, de leur office , 8c en quoi ils ibnt plus ou moins que
les Evêques.
CARDINAL: ce nom marque aujourd'hui une dignité émi-
aente dans l'Eglife Romaine. Parmi les Latins le mot de Cardina-
lis fignifioit l^rincipal: dans ce fens on a ditVenti Cardinales, les
quatre vents principaux : Prineep; Cardinalis , pour un Prince très-
confiderable , MiffaCardinalis, ^ Alt are Cardinale, Tpoui h Grzn-
de-Meflè , 8c le maître- Antel d'une Ëglife. Ce fut auiTi le nom
que Ton donna à certainsOfficiers de l'Empereur Theodofe,comme
aux Généraux d'armée , au Préfet du Prétoire en Alie , au Préfet
«u Gouverneur d'Afrique; parce qu'ils poffédoient les principales
charges de l'Empire. A l'égard des Cardinaux de l'Eglife Romaine ,
voici quelle en eft l'origine. Il y avoit deux fortes d'Egliiès dans
les villes: les unes étoient comme les Paroifles d'à prélent , 8c fe
nommoient Titres , les autres étoient des Hôpitaux pour les pau-
vres; que l'on appelloitD;«fo«j«. Les Titres ou Paroifles étoient
dcflèrvies par des Prêtres , 8c les Diaconies gouvernées par des Dia-
cres. S'il y avoit quelques autres Chapelles dans les villes , on leur
donnoit le nom d'Oratoires , 8c l'on y célebroit feulement la Meflè ,
fans y adminiftrer les Sacremens. Les Chapelains de ces Oratoires
étoient nommez Prêtres Locaux , c'eft-à-dire , Prêtres d'un lieu
particulier. Pour mettre une plus grande différence entre ces Egli-
iès, onnommalesParoiflês,C«rrfi»<tfa, ou Titres Cardinaux; 8c
les Prêtres qui y faifoient l'Office Divin , Se y adminiftroient les Sa-
cremens, furent auffi appeliez C/îr<ù>J««A:. Cela fut principalement
cnufageàRome, où ces Cardinaux accompagnoient le Pape pen-
dant la célébration de la Meflè, 8c dans les Procelfions : c'eft pour-
quoi Léon IV. les nomme Vrejbyteros fui Cardinis , dans le Concile
tenu à Rome l'an 8/3 . Les Diacres, qui gouvernoient lesDiaconies,
turent aulfi le titre de Cardinaux ; ou parce qu'ils étoient les princi-
paux des Diacres , ou parce qu'ils afliftoient avec les Prêtres Cardi-
naux, lors que le Pape célebroit. La plus illuflre fonétion des Cardi-
naux Romains étoit d'entrer auConfeil du Pape,8c dans lesSynodes,
& d'y donner leurs avis touchant les affaires Ecclefiaftiques.C'étoit
d'ordinaipe quelqu'un de leur rang que l'on élifoit pour Souverain
Pontife , 8c rarement de celui des Evêques comme on a fait depuis .
Et l'on remarque dans l'Hiftoire Ecclefiaflnque, que le Pape Etienne
vil. élu en 896. fit déterrer Formofe fon prédeceflèur, 8c caflTa tou-
tes les Ordonnances qu'il avoit faites , alléguant que Formofe avoit
été créé Pape contre la difpolîtion des faints Décrets, dans le tems
qu'il étoit Evêque d'Oftie. Ces Cardinaux avoient auflî le plus de
pouvoir dans réle(ftionduPape,8c enfin ils ont eu feuls l'autorité de
donner à l'Eglife un Souverain Pontife , depuis le Concile célébré à
Romeen 10/9. fous Nicolas II. Dans la fuitedes tems, le nom de
Cardinal , qui étoit commun à tous les Prêtres Titulaires , ou Cu-
rez , fut feulement attribué à ceux de Rome , & enfuite à fept Evê-
ques des environs de Rome. Tous ces Cardinaux furent diitribuez
fous cinq Eglifes Patriarchales , favoir de S. Jean de Latran , de
Sainte Marie Majeure , de S. Pierre du Vatican , de S. Paul, éc de S.
Laurent. L'Eglife de Saint Jean de Latran avoit fept Cardinaux
Evêques , que l'on appelloit Collatéraux , ou Hebdomadaires , par-
ce qu'ils étoient Afliftans du Pape , 8c faifoient en fa place le fervice
Divin, chacun leur femaine. Ce font les Evêques d'Oftie, de Por-
to, deSylva candida ou Sainte Rufine, d'Albano,de Sabine , de Fraf-
eati, ScdePaleftrine. (L'Evêché de Sainte Rufine eft maintenant
Prêtre a pluheurs Evêques,ce qui s'eft pratiqué depuis. A l'égard des
Cardinaux Diacres, il faut remarquer, qu'au commencement il y
eut fept Diacres dans l'Eglife de Rome,8c dans les autresEglifes. On
augmenta ce nombre à Rome, jufques à quatorze, 8c enfin on en
créa dix-huit, qui furent appeliez Dmcres Cardinaux, ou Principaux ;
pour les diftinguer des autresDiacres,qui n'avoient pas le gouverne-
ment des Diaconies. Depuis, on compta vingt-quatre Diaconies
dans la ville de Rome , maintenant il y en a quatorze , affeftées aux
Cardinaux Diacres. Les Cardinaux Prêtres Ibnt au nombre de cin-
quante;lefquels avec les fîx Evêques Cardinaux, d'Oftie,de Porto,de
Sabine, de Paleftrine , de Frafcati , 8c d'Albano, qui n'ont point
d'autres Titres que leursEvêchez,font ordinairement le nombre de
foixante 8c dix.lnnocentlV.donna aux Cardinaux le chapeau rouges
dans le Concile de Lyon célébré l'an 1 24 3 .Paul Il.en 1 464.1eur don-
na l'habit rouge.GregoireXIV.donna auifi le bonnet rouge auxCar-
dinaux Réguliers, qui ne portoient alors que le chapeau. Urbairt
VIII.accordaaUx Cardinaux letitre d'Eminence;on ne leur donnoit
auparavant que celui d'IUuftriflime.
Quand le Pape veut créer desCardinaux, il écrit les noms de ceux
qu'il veut élever à cette dignité , 8c il les fait lire dans le Confiftoire j
après avoir dit aux Cardinaux, Fratres haéetis , c'eft-à-dire, VouS
avez pour Frères. Le Cardinal Patron envoyé enliiite quérir ceux
qui fe trouvent à Rome , 8c les mené au Pape pour recevoir de lui le
chapeau. Jufques-là ils demeurent («co^biïo , 8c ne peuvent fe trou-
ver aux Aflèmblées. A l'égard des abfens, le Pape leur dépêche un
defesChambriers d'honneur pour leur porter le bonnet ; mais ils
font obligez d'aller recevoir le chapeau, de la main de fa Sainteté?
8c quand ils entrent à Rome , on les reçoit en cavalcade. Les habits
desCardinaux font la foutane,le rochet,le mantelet.la mozette, 8c Is
chape Papale fur le rochet dans les aâions publiques gc folennelles.i
La couleur de leur habit eft différente félon les tems , ou de rouge ^
ou de rofe feche , çu de violet. Les Cardinaux Réguliers ne portent
point de foye, ni autre couleur que <felle de leur Religion: mais le
chapeau 8c le bonnet rouge font communs à tous. Quand les Car-
dinaux Ibnt envoyez aux Princes , c'eft en qualité de Légats àlate-
re,oa de latere:^ lors qu'ils font envoyez dans une ville,leur Gouver-
nement s'appelle i^^a/io». Il y a cinq Légations , qui font celles
d'Avignon, de Ferrare, de Bologne, deRavenne, 8c de Peroufei
* Du Cange , Glojjkrium Latinitatist \
Voici de curieufes remarques du P.Maimbourg, fur ce même fù-
jet. Quand l'Eglife Cathédrale étoit vacante, les Papes envoyoient
un des Evêques le plus voifins de cette Eglife pour la gouverner,
jufqu'àceque l'on eût fait l'éledliond'un autre Evêque, qui après
avoit été confacré , en prenoit poflèfllon comme de fa propre Eglife;
8c de fon Titre, que l'Evêque Adminiftrateur ou Commendataire
n'avoit pas eu. C'eft là ce qu'on appelloit alors Evêque Cardinal, da
nom cardo,o^i fignifie un gond: voulant marquer que l'Evêque Titu-
laire étoit attaché à fon Eglife, pour y exercer continuellement de fâf
propre autorité toutes les fondions de l'Epifcopat. Voilà félon la
plus naturelle 8c la plusvéritable interprétation.ce que fignifie le mot
deOi!r<//'»«/,commeonlepeut voir clairement dans plufîeurs Epi-
tres de S.Gregoire le Grand.Ce Pape ayant appris que l'Eglife d'Ale-
ria en l'ifle deCorfe étoit vacante,écrivit à unEvêque deCorfe nom-
mé Leon.qu'U allât pour la gouverner jufqu'à ce qu'iljy eût pourvu;
8c enfuite il y établit Martin.pour en être I Evêque Cardinal.On voit
fucceffivement dans cette EgHfe deux Evêques , dont l'un n'eft que :
Vifiteur ou Adminiftraiteur, 8c l'autre Titulaire. Le même Grégoire
le Grand témoigna au Clergé , à la Nobleffe, 8c au peuple de Naples
qu'il approuvoit le defir qu'ils avoient que Paul Evêque de Népi leur
Vifiteur fût leur Evêque Cardinal. D'oii il eft aife de connoître
qu'au tems de ce Pape, 8c avant lui, tous les Evêques Titulaires
étant attachez à leur Eglife par leur ordination . étoient appeliez
Cardinaux Evêques. On doit dire le même des Prêtres Se des Dia-
cres , à qui les Evêques avoient donné dans leurs Diocefes un béné-
fice ou une charge qui les attachoit à quelque Eglife. Ainfi tous les
Archidiacres, & les autres dignitez étoient Cardinaux de l'Eglife
dont ils avoient foin. Les autres Prêtres 8c Diacres , qui n'a voient
pas le même attachement, n'étoient point appeliez Cardinaux. De
là vient que ceux que les Papes envoyoient Défenfeurs dans les pro-'
vin-
5^ CAR.
vlnces , ou Apocrifiaires 6c Nonces à Conflantinople , étoient bien
Ûiacresde l'Eglife Romaine , mais non pas, Cardinaux. Par cette
même raifon tous lesGurez, étant attachez par leurTitre àla ParoilTe
qu'on leur avoit confiée pour y adminiftrer les Sacremens , étoient
Prêtres Cardinaux. On appelloit même Prêtre Cardinal celui qui
deflervoit quelque Chapelle ou Oratoire dans le Palais d'un Grand ,
ou ailleurs, parce qu'il en avoitle Titre, 8c y étoit attaché par offi-
ce. Ainfi il y avoit des Diacres, des Prêtres, & des Evêques Cardi-
naux dans tous les Diocefes du monde. A l'égard de l'Eglife Ro-
maine , il n'y avoit point , du tems de Saint Grégoire , d'autre Car-
dinal Evêque , que le Pape même , qui en qualité de propre Evêque
de l'Eglife particulière de Rome y étoit attaché comme à fon Titre.
Les Cardinaux Prêtres étoient tous les Gurea de Rome,& tous ceux
qui y av oient quelque Chapelle à delTervir. Les Diacres , Se même
les Soudiacres Cardinaux , étoient ceux qui avoient un Titre , pour
y exercer leurs fon Étions. C'eft-là ce qu'étoient les Cardinaux de
l'Eglife Romaine, du tems de Saint Grégoire , 8c près de quatre cens
ans encore après lui. Mais dans le XL Siècle les Papes,dont la gran-
deur s'étoit extrêmement accrue, commencèrent à fe faire couron-
ner; (ce qui fe fit pour la prerriiere fois ibus le Pontificat du Pape
Damafe IL l'an 1 048.) & à établir comme une Cour , 8c un Confeil
réglé, compofé de Cardinaux , Evêques , Prêtres, 8c Diacres ,
CAR.
y a des mines de fel qui le rendent célèbre; mais il l'eft bien davantà^
ge pour avoir donné fon nom aux Seigneurs de la maifon de Folch t
qui fe lont élevez par leur mérite, Se entre lefquels il y a eu plufieurs
Gouverneurs de Province, deux Cardinaux , dont je parlerai dans
la fuite, 8c divers Prélats. Ils ontauffi eu de très-illuftres alliances
avec la maifon Royale d'Arragon 8c avec les plus illuftres d'Efpagne.
* Surira, //. 13. è'/f?- MariaA, 8cc.
CARDONE , (Henri) Cardinal , Archevêque de Montréal , c-
toit de la maifon de Folch, 8c fils du Duc de Cardone. Il fut pre- ■
mierement Evêque d'Urgel 8c de Barcelonne , Se s'avança beaucoup
dans la Cour de l'Empereur Charles V. qui lui cohfiapour quelque
tems la Viceroyauté de Sicile. Il fouhaitoir paffionnément d'être
Cardinal. Paul Jove dit qu'il en acheta le chapeau que le Pape Clé-
ment VIL lui donna en 15-17 . mais il n'.en jouit pas long-tems,étant
mort l'an ij-jo.âgé feulement àc^j. *Paul Jove, in Vita Pomp.
Coton. Ughel. leal. fac. Onuphre , Sec.
CARDONE, (Jaques) Cardinal , Evêque d'Urgel , vivoitdanâ
le XV: Siècle. Il étoit frère de Jean Raimond Folch de Cardone ,
VicomtedeValamur, .lequel époufa D.Jeanne d'Aragon, Se ren-
dit de très-grands fervices à Jean IL Roi d'Aragon. Jaques de
Cardone eut l'Evêchè d'Urgel vers l'an i45-5'.6clemêmeRoi i'em-
ployi en diverfes négociations , dont il s'aquita fi bien , que ce
diftérens de ceux qui avoient porté ce titre jufques alors. LesCardi-' Prince, pour lui en témoigner fa làtisfaârion , lui procura le cha-
liaux Evêques furent ceux qui étoient Suffragans du Pape, comme peau de Cardinal , que le Pape Pie IL lui donna en 1461. Ce Pontife
Métropolitain. Les Cardinaux Prêtres ou Diacres furent choilis à fefit un plaLlir d'élever Jaques de Cardone, dont tout le monde
la volonté du Pape dans toutes lesProvinces Se tous lesRoyaumes de : parloir avec eftime. Il mourut à Cervera en Catalogne le i . Decem-
la Chrétienté , Ibit Evêques , Prêtres , Abbez, Princes , Comman- ; bre 146a. * Surita , //'. 16. Gobelin , in Commmt. VU U.li.-j.
deurs , ou Religieux , leur donnant les Titres des Eglifcs,fans avoir i Onuphre , Sec. ]
l'obligation de les deflérvk. Ainfi comme le nom de Pape , qui j CARDONE , ou Cardona , (Jean Baptifte) Evêque de Torto-
étoit commun à tous les Evêques dans les cinq ou fix premiers Sié- fa en Catalogne, vivoitfur la fin du XV. Siècle. Il étoit natif de
clés de l'Eglife , a été attribué depuis au feul Pontife Romain ; de Valence en Efpagne , où il eut une Chanoinie.Sc étant allé à Rome, il
même, le Titre de Cardinal, que tous les Evêques, Prêtres, Se y fut eftimé par là fciencefouslePontificatdeGregoireXin.il avoit
Diacres Titulaires portoient , à l'égard des EglLfes dans lefquelles ils un génie admirable pour reftituer les paflâges des anciens Auteurs.
étoient incardinez, , comme parle Saint Grégoire , n'appartient plus
qu'aux feuls Cardinaux de l'Eglife Romaine ; qui poflèdent aujour-
d'hui le plus illuftre rang dans l'Eglife.
On remarque néanmoins, que depuis mêmeTétablilTement de ce
nouveau Collège de Cardinaux , les Evêques lè confervant dans leur
On lui donna l'Evêchè d'Elna dans le RouffiUon , enfuite celui de
Vifch,Sc enfin celuideTortofaoùil mourut en ijpo.Nousavons
quelques Ouvrages de fa façon : De exfurgandis Hétreticorum propriis
nominibus. De regxa SanSti Laurenlii Bibliotheca. De Dittychis , ^.
* Andréas Scotus , Bibl. Hijp. Gafpard Efcolanus , /;. y. Hijl. Ni-
préeminence , ont eu quelquefois le pas liar eux dans les aflemblées colas Antonio , Bibl. Script. Hijf. f^c.
Se les cérémonies publiques , en prèîènce même du Pape. Cela fe | CARDONNE, (Jean François de) Seigneur d'Afay.Scc.Con-
voit dans l'Aftede la Dédicace de l'Eglife deMarmoûtier par lePape trolleur Général des Finances de France, Confeiller 8c Maître d'Hô-
Urbainll.l'aniopo.lors qu'il vintcnFrance,poury tenir le fameux tel ordinaire du Roi , a été illuftre en France,dans le XV. Siècle. Il
Concile de Clermont. Car dans cette cérémonie, Hugues Arche- fut employé dans les plus importantes affaires de l'Etat. Le Roi
vêque de Lyon tenoit après le Pape le premier rang;les autresArçhe- i Charles VIII. l'envoya Ambaflàdeur en Efpagne , 8c François 1. fè
vêques 8c les Evêques le fuivoient , 8c après eux venoient les Cardi- ; fervit auffi de fes confcils , 8c l'envoya en otage à Madrid avec les en-
naux Prêtres 8c Diacres , qui avoient accompagné le Pape dans ce fans de France , où il décéda. Son corps, félon fa dernière volonté,
voyage.Dès l'an 769. le Concile de Rome tenu fous le Pape Etienne ' fut rapporté en France , 8c enterré dans fa Seigneurie d'Alày. Le
IV. avoit ordonné qu'aucun ne pourroit être élu Pape, qu'il ne fût i Chevalier l'Hermite-Souliers , Hiftoire de la, Noblejfe de Touraine,
Diacre ou Prêtre Cardinal. En 1 1 30. les Cardinaux commencèrent ' SUf.
à deveair maîtres de l'éleaion des Papes fous Innocent IL Se fe ren- ■ CARDUCCIUS , (Balthazar) Jurifconfulte , profefTa le Droit
dirent les feuls Eleûeurs , à l'exclufion du refte du Clergé de Rome, | à Padouë 8c à Florence. Après que les Medicis furent chaffez de cet-
fous Alexandre III. en n6o. Ainfi croiffant toujours en grandeur , te dernière ville , les Florentins voulurent fe mettre en liberté:alors
ils fe font enfin fi fort élevez , qu'encore qu'ils ne foient que Prêtres \ Carduccius fe mit à la tête d'une troupe de jeunes gens , 8c exerça
2c Diacres, la feule dignité de Cardinal les met au-delfus des Evê^ l tant de cruautez qu'il en futfurnomméCiwwerrc. 11 eut pour fau-
ques. * Maimbourg
Grand.
Hifioire du îontificut de Saint firegoire le
Il faut ajouter ici une chofe qu'il eftlmportant defavoir tou-
chant les Prêtres Cardinaux. L'Hiftoire nous apprend qu'il y a eu
autrefois en France de ces Prêtres Cardinaux , aulB bien qu'à Rome,
teurs de fon entreprife Junius Galleottus autre célèbre Jurifconful-'
te. * Jovius , Hiji. l. if. SUP.
LA CARELIE , ou Karelen , Province de Suéde dans la
Finlande. Elle s'étend en partie le long du golfe de Finlande, 8c Wi-
bourg en eft la viUe capitale. Les Mofcovites y ont eu autrefois une
qui n'étoient autres que des Curez. On le fait voir par deux anciens ' partie de la Province,mais aujourd'hui elle eft entièrement aux Sue-
Titres. L'un eft de Thibaud Evêque de Soi{rons,lequel confirmant ! dois.
la fondation de l'Abbaïe de Saint Jean des Vignes faite par Hugues | CAREMBOULE , païs de Fille de Madagafcar, fur la côto
Seigneur de Château-Thierry , fe réferve que le Prêtre Cardinal du j Méridionale , entre les pais des Ampatres 8c des Mahafales. Ce pais
lieu, Presbyter Cardmalis if fins loci , (c'eft à dire , le Curé de la Paroiife , eft fec pour l'agriculture , mais aifez bon pour les pâturages. On y
dans l'étendue de laquelle l'Abbaïe de Saint Jean des Vignes a été ; voit du bétail en grande quantité , 8c le coton y croît en abondance,
fondée), foit fujet de rendre raifon du foin qu'il aura eu de fesParoif- * Flacourt , Hiftoire de Madagafcar. SUP.
liens à l'E vêque de SoilTons 8c à fon Archidiacre , comme il fâifoit ^
.'Evêqu
auparavant. Ce Prêtre Cardinal (dit Pierre le Gris Chanoine Ré-
gulier de l'Ordre de Saint Auguftinen cette même Abbaïe) étoit le
Curé de S. Jaques , un des douzeCurez de la ville de Soiifons ou des
environs. L'autre Titre eft la Confirmation de cette fondation par
le Roi Philippe I.en 1076. où les mêmes termes font employez.
L'AncienPontifical écrit à la main,qui fervoit auxE vêques deTroyes
il y a plus de quatre cens cinquante ans , fait foi au(ri,que de tout
tems l'Evêque de Troyes avoit eu des PrêtresCardinaux,qui ne font
autres que les treize Curez dénommez au Rituel manufcrit de la
même Eglife.lefquels encore aujourd'hui doivent affifter l'Evêque ,
quand il confacre le Chrême Se les Onftions le Jeudi Saint; 8c à la
Bénediftion folennelle des Fonts , les veilles de Pâques , 8c de Pente-
côte. Ils font nommez dans ce Pontifical Sacerdotes Cardinales.
Pafquier rapporte fur ce fujet, qu'en un Concile tenu à Mets fous
Charlemagne il eft ordonné que les Evêques dilpofent canonique-
ment des Titres Cardinaux établis dans les villes Se dans les faux-
bourgs, c'eft-à-dire, des Cures. On peut remarquer à ce propos,
que dans l'Abbaïe de Saint Rémi de Rheims il y a eu de tout tems
quatre Religieux appeliez Cardinaux, c'eft-à-dire,principaux ; parce
que ce font eux qui officient au grand autel, dans les fêtes folennel-
les.^On voit néanmoins dans quelques Epitres du Pape S. Grégoire
8c d'Adrien IL que Cardinalis Sacerdos fe prend pour un Evêque ; Se
qaeCanlinalemconflituiinEcclefîaBituricmJi, c'eft être fait Arche-
vêque de Bourges , quoi qu'ordinairement, comme j'ai obfervé,
les Curez des Gaules ayent été appelez Fresbyteri Cardinales. * Trai-
té de l'Origine des Cardinaux. SUP.
CARDONE, bourg d'Efpagne en Catalogne , avec titre de
Duché ; il eft fitué entre les montagnes fur une rivière de ce nom ,
environ à deux lieues de Solfona , 8c à fcpt ou huit de Montferrat. Il
CARENCE, ville des anciens Rugiens , qui Iiabitoient le pais,'
où eft maintenant une partie de la Pomeranie , fur la côte de la mer
Baltique , en Allemagne. Il y avoit trois temples dans cette ville ,
où l'on adoroit trois Idoles monftrueux 8e horribles. Le premier ,
qu'ils appelloient Regevithe , avoit fept vifages à une feule tête , fept
épées dans le fourreau attachées à un feul baudrier , Se une épee
nue à la main droite. Ils croy oient que ce Dieu préfidoit à la guer-
re , comme Mars. Le fécond Idole , nommé Porevithe , avoit
cinq têtes, 8c n' étoit point armé. Le troifiéme , dont le nom étoit
Porenuce, avoit quatre vifages à la tête. Se un cinquième à l'efto-
mac , couvrant fon menton de la main droite,8c fon front de la gau-
che. *S3.xo, Dan. Hifl.l.ii^. Crmtz, deVandal.l.f. SUP.
CARENTAN, ville de France dans la baflè Normandie. Elle
eftfituéefur la rivière de la Douve ou d'Où ve, qui y reçoit celle de
Carentei ou Carentan à trois lieuè's de la mer , 8c à fept ou huit de
Coûtances : car Carentan eft dans le Coûtantin. Les plus grolfes bar-
ques y rçmontent par le moyen du reflux,ce qui rend cette ville aflèz
marchande.Il y a de grands fauxbourgs , un beau château , 8c la ville
eft aifez forte , ayant de bonnes murailles avec des folfez remplis
d'eau, outre qu'elle eft fituée dans un lieu marécageux. Carentan
a Bailliage , Eleâion , Se Titre de Vicomté.Les bonnes gens du païs
difentque c'eft un ouvrage de Caros Colonel deCèiàr. Saint Léon
Archevêque de Rouen , qui vivoit dans le IX. Siécle,étoit de Caren-
tan.Cette ville eut part aux malheurs de la France durant les guerres
civiles du XVI.Siécle.Le Comte deMontgommeri un des Chefs des
Huguenots laprit en trois jours , l'an mil cinq cens feptante-quatre.
Et le Comte de Matignon Lieutenant de Roi en Normandie,8c Chef
des troupes Royales , la reprit peu de tems après. De Lorges fils de
Montgommeri , qui commandoit dans la place , fut fait prilbnnier,
* Papite
CAR*
ÇireMaflbn, lDefc.jlHm.Gall. DuChefne, V.ech. des .^t, des ■villes,
beThou, H//2.//.j7.Cailliere, HiJi.dsMatig.li. i.
CARESME, jeûne de quarante jours obfervé dans l'Eglife ,
fuivant laTraditibn Apoftolique.Anciennement dans rEglilèGrec-
que , le Carême comprenoit fept femaines, & dans la Latine il n'en
contcnoit que fix. Le nombre des jours déjeune étoit néanmoins
é^al , pour les uns 8c pour les autres , 8c ne montoit qu'à trente-fîx
jours, qui étoient comme la dîme de l'année que l'on confacroit
particulièrement à Dieu par la mortification 8c la pénitence. La rai-
ibn de cette égalité étoit que lesGrecs ne jeûnoient point lesDiman-
ches, ni les Samedis du Carême, excepté le Samedi Saint ; 8c les
Latins n'interrompoient leurs jeûnes que les Dimanches. Comme
les Juifs faifoient fcrupule de jeûner aux jours de fêtes , 8c aux jours
de Sabbat, cette coutume régna dans l'Eglife naiflànte de la PaleP
tinejSc de là vint l'ufage dans tout l'Orient de ne point jeûner les Sa-
medis, non plus que les Dimanches, même en Carême. L'an 641.
les Grecs s'expliquèrent nettement fur cette matière dans leConcile
in Trullo. Ils y déclarèrent qu'il falloir excepter du jeûne les Diman-
ches 8c les Samedis du Carême , 5c même le jour de la fête de l'An-
nonciation : mais que l'on devoit jeûner le Samedi Saint. D'au-
tres, qui ne jeûnoient point le Dimanche, ni le Samedi , ni le Jeu-
di, commençoient leur Carême , neuf femaines avant Pâques , ce
qui ne faifoitauffi que trente-fix jours. Vers le VIL Siècle on vou--
lut imiter le nombre des quarante jours du jeûne de nôtre Seigneur.
Les Grecs commencèrent le Carême huit femaines avant Pâques.
Parmi les Latins, quelques particuliers commencèrent le Carême
fêpt femaines avant Pâques, ce qui faifoit quarante-deux jours de
jeûne. Plulîeurs Religieux (à l'exemple des Grecs) le commen-
cèrent huit femaines devant, maisilsnejeûnoientjque trois jours
dans chacune des deux premières femaines, 8c ces fix jours fiip-
fléoient aux fix Dimanches du Carême. Il y en eut qui commen-
cèrent leCarême neuf femaines avantPâquespar uneobfervance par-
ticulière. Sur quoi il faut remarquer que comme le lixiéme Diman-
che devant Pâques fe nommoit la ^uadragefime ; on appella le fep-
tiéme , lu ^inquagefime : le huitième , iexagefime : 8c le neu-
vième, USeftuagepme: quoi que ce ne foient pas le cinquantié-
CAîl.
îi
fuperftltion profane 8c ridicule. Le Concile d'Ancyi'e ccîndamn^
ces inl pietés , 8c ordonna que les Prêtres 8c les Diacres mano-eaflènt
leurs légumes cuits avec un peu de viande. S. Baille confirma cette
pratique dans fes Conftitutions , pour diftinguer les vrais Moines
Catholiques des faux Moines Euftatliiens;
Dans la fuite des tems , la rigueur des jeûnes diminua infènfible-
ment. Se avant l'an 800. on s'etoit déjà beaucoup relâché par l'ufage
du vin, des œufs, 8c des laitages , qu'on permettoit non feulement
aux malades,mais'auflî à ceux qui n'avoientpas d'autres nourritures
propres à foutenir leur travail ; 8c on ne faifoit plus confifter l'eflèn-
ce du jeûne qu'à s'abftenir de viande, 8c à ne prendre fa réfeârion
qu'au foir après Vêpres. L'abftinence des œufs 8c des laitages étoit
obfervée en Italie : mais en France 8c en Allemagne on ne la gardoit
que les derniers jours de la Semaine Sainte. Depuis on obtint des
difpenfesdeRomeà l'égard des laitages , qui fe donnoient pour ua
tems feulement , 8c pallèrent après en droit commun. L'an 14.7 c.
le Légat du Pape donna une de ces difpenfes pour cinq ans à l'Alle-i-
magne, à la Hongrie, 8ç à la Bohême. Les Evêques en ont accordé
de même aux peuples de leurs Diocelès , dans les Synodes qu'ils ont
tenus. Cet adouciflèment s'eft aufli introduit parmi les Grecs , à la
réferve des Religieux, qui gardent l'ancienne aufterité des jeûnesi
J'aiditquelejeûnedu Carême conliftoità ne faire qu'un repas le
jour, vers le foir, après les Vêpres. Cela s'eft pratique juftu'à l'ait
1 200. dans l'Eglife Latine. A l'égard des Grecs, ils dînoient à midi,
8c faifoient collation d'herbes 8c de fruits au foir,dès le VI. Siècle; Les
Latins comnîencerentdansle XIII. Siècle à prendre quelques con-
ferves pour fortifier l'eftomac , puis à faire une collation le foir. Ce
nom a été emprunté des Religieux , qui après le fouper alloient à la
collation, c'eft-à-dire, à la le&ure des conférences des Saints Pères
appellées en Latin collât iones ; après quoi on leur permettoit de boi-"
re , au jour déjeune , de l'eau , ou un peu de vin , ce qu'on appelloit
'auffi collation. Le dîner des jours de Carême ne fè fit pas tout d'un
coup à midi. Le premier degré de ce changement fut d'avancer le
fbuper à l'heure de None, c'eft-à-dire , à trois heures après midi, hi
coutume étoit de fonner l'Office Divin à l'heure de None. Après
NoneoncèlebroitlaMeffe, 8c après la Meiîé on difoit lesVêpjesj
me, le foixantiéme , ni le foixante 8c dixiémejour devant Pâques.! enfuite defquelles on alloit manger. Mais ceux, qui n'avoient pas le.
Dans le IX. •Siècle, l'ufage du jeûne des quatrejours avant la Qua-i loifir ou ladévotidn de fetrouverà ces Offices, prirent le iîene
dragefime fut établi dans l'Eglife d'Occident , pour faire le nom- ! des Offices pour le figne du repas. Voici ce qui a encore Contribué à
bre des quarante jours déjeune.
ce changement. L'Emperetir Charlemagne faifoit célébrer la Meiîè
U y eut néanmoins quelques Eglifes qui ne reçurent point cette! «^^ffoQ Palais pendant les jeûnes du Carême, à deux heures après
,-.■ j . 1 ... 0. 5 Z-»-.. i„/^_ midi. La MefTè etoit fuivie des Veores , aDrècnvini il l> TT,<.t-f„:*
addition de quatre jours; 8c encore à prefent on ne commence leCa
lême à Milan qu'au Dimanche de la Quadragefime. Les Milanois ne
le commençoient même qu'au Lundi d'après ; mais comme c'étoit
midi. La Meflè étoit fuivie des Vêpres , après quoi il fè mèttoit
à table vers les trois heures, obfervant la coutume de ne manger
qu'après Vêpres, mais avançant l'heuf e de cet Office. Cette côutu-
un abus introduit contre l'ancienne coutume des premiers fiécles de ipe fut imitée par ceux qui n'avoient pas la même raifon que Char-
l'EgUfe , S. Charles Borromée , qui fut fait Archevêque de Milan ; lemagne. Car cet Empereur l'avoit amfi ordonné pour ne pas fai^
en 1^6 3. l'abolit malgré tous les efforts du Gouverneur de cette vU- re jeûner fi long-temsles Officiers. En ce tems-là Charlemagne
le , lequel envoya des Ambaffadeurs à Rome, qui n'en rapportèrent 1 etoit fer vi à table par les Ducs 8c les Rois des peuples qu'il avoit fou-
que de la confufîon , êi le titre honteux d'Ambafîàdeurs de Carê-
me-prenant. Ainfi il fut ordonné que le Dimanche de la Quadra-
gefime feroit un jour d'abftinence à Milan, comme il avoit toujours
été ailleurs.
A l'égaïd des Grecs , il eft important de rerdarquer leur pratique
Hepuis plufieurs fiécles.Le Dimanche, que nous appelions de la Sep-
tuagefime , eft appelle par eux 7rpo<puv^<tii^oi , parce qu'ils y an-
noncent au peuple quel doit être le premier jour du Carême , 8c le
Dimanche de Pâques. Le Dimanche de la Sexagefime eft nommé
eiyrÔKpeiiii; , qui fignifie carnifprivium , jour qu'on eft privé de l'u-
fage de la chair ; parce que c'eft le dernier qu'ils peuvent manger de
la viande. Toute la femaine, qui précède ce Dimanche, porte le mê-
me nom,car lesGrecs dénomment ces femaines du nom duDiman-
che qui les iuit ; 8c non pas, comme les Latins, de celui qui les pré-
Pendant la fèmaine d'àTTOxpeuç, ils ont une entière liberté
misàfonobeïflànce. Les Rois Scies Ducs fe mettoient enfuite à
table,8c étoient fervis par les Comtes.LesComtes mangeoient après
eux, 8c étoient fuivis des autres Officiers par ordre, en forte que les
derniers Officiers ne le mettoient gueres à table que vers le minuit }
ce qu'ils auroient encore tait plus tard , fi l'Empereur nfeût avancé
l'heure de fbn repas . Dans le X .Siècle la coutume de manger à l'heu-
re de None étoit reçue dans toute l'Italie : mais ce n'ètoit qu'après
les Vêpres: car on commençoit l'Office de None un peu après midi,
8c enfuite on difoit la Meflè 8c les Vêpres. Ce changement ne fe fit
pas fi tôt en France , 8c il n'y fut établi qu'environ l'an 1 100. Depuis
on avança infenfiblement le repasjufquesàmidi, ce qui arriva en
15-00. 8c alors on dit les Vêpres avant midi.
Pour finir cette matiere,qui eft aflèz curieii{è,je dois dire queiqué
chofe du nombre des Carêmes. Outre le Carême de Pâques, les
Grecs en ont eu encore quatre autres , qu'ils ont nommés les Carê-
cede. r «luau. i. icu.au.^ u .^..y.u,^ , ,.. uu. uxic ciui^rc uuercc j ^^^ j ^ . - j^ j^ Trahsfiguration , 8c de l'Aflbm-
de manger toute forte de viandes, même le Mecredi 8c le Vendredi, ,• „ ■ u j -r/^ ;;„^; .■ ^u o >• . ^ ■^""'"
° ^ j T, r- T r»-™ u j I ,^ ■ r il ption : mais on les reduiht a lept jours chacun , 8c c etoient plutôt
au rapport du Père Goar. LeDimanchedelaQuinquagefîmeeft i5 » j j' ■ j- 1 1; »• j ■ , f.
,ff ^, j ■ I T j-^- • r • 1 T-;- des leunes de dévotion que d obligation, du moms pour les Laicsi
Dans 1 Egale Latine , les Religieux oblervoient trois Cai-emes , au
rapport de Bede qui vivoit dans le VIII. Siècle; lavoir celui de Pâ-
ques , celui de Noël ou de l'A vent , Se celui qui fuivoit la Pente-
côte. Us étoient tous trois de quarante joiu^s. Il eft probable que les
Carêmes de Noël 8c de la Pentecôte ont été impolës aux pénitens}
8c ont auffi été obfervés par lesEcclefîaftiques 8c par lesLaï es lesplus
fervens , mais ils n'ont point été ordonnés par l'Eglife pour y
obliger tous les Fidèles. '* Voyez A vent, Quatre-tems, Rogations.
* P.Thomairin,T?-;i;rf2. Hijlor. ^Dogmat. Uesjeûnes del'Eglife.SUP.
CARETIUS, certain Roi de la Grand-Bretagne, vivoit dans
le V.Siécle. Il parvint à la couronne , lors que le pais étoit defolé par
les guerres civiles,durant lelqueiles les Saxons ayant eu l'avantage,!!
fut chafle peu de tems après. *Bede, Polydore Virgile , DuChei^
ne, 8cc. Hift.d'jingkt.
C A R Ê T T E , (Fabrice de) quarante-deuxième Grand-Maître
de l'Ordre de Saint Jean de Jerufalem, dont leCou vent rèfidoit alors
en l'ille de Rhodes, fuccédaen ij-i j.àGuideBlanchefort. Il étoit
Italien, de la maifon des Princes de Final proche de Gènes , 8c Ami-
ral, Chef de la Langue d'Italie. Après avoir tenu le Chapitre Ge-"-
neral , il envoya Ambaflàdeur en France le Grand Holpitalier, nom^
mé Philippe de Villiersl'Ifle- Adam. L'an ifif- il reçut lifi Ambaf-
fadeur du Sophi de Perle , qui vintenhabitdéguile, pour palier en'
fureté par les provinces du 'Turc 8c du Soudan d'Egypte ennemis du
Sophi: 8c il fit une ligue avec lui contre Selim I. L'année fuivante
il conclut la paix avec le nouveau Soudan, 8c fit toutes les prépara-
tions néceflaires pour rélifter aux deflèins du Grand-Seigneur. L'ar*
niée Turque revenant d'Egypte , fur la fin de l'Autonne le préfen-
ta devant le port de Rhodes, avec les bannières déployées , Scie
fon des trompettes ; 8c le Bâcha Général de l'armée envoya un Offi-
cier au Grand- Maîa-e pour l'avertir queSelim avoit gagné la bataille
H contre
appelle TvpoCpayoi;, parce que depuis le Lundi , qui fuit le Di-
manche d'«5r6>cf £«ç , jufques à ce jour -là ils peu vent ufer de fro-
mage, de toutes fortes de laitages , 8c d'oeufs. Dès le lendemain
de ce Dimanche de la Quinquagefime , ou de TupoCpâyoq , ils
commencent à s'abftenir de tous laitages. Immédiatement après
le Carême on faifoit encore autrefois un jeûne particulier , qu'on
appelloit lejeûne de Pâques, ou de la Semaine Sainte. S. Epiphane
^ S.Irenée diftinguent expreflement ces deux jeûnes , dont le der-
nier étoit une Xero/i^a^ie , c'eft-à-dire, unjeûneaupain8cà l'eau,
mais il eft difficile de remarquer cette différence dans l'Eglife
Latme.
Il ne faut pas feulement confiderer la durée du Carême,mais auffi
Ta. qualitédes viandes qui y étoient défendues ou permifes.Dans l'E-
gliîè d'Occident le jeûne confiftoit à s'abftenir de viande , d'œufs ,
«ie laitage, 8c de vin, 8c à ne faire qu'un repas vers le foir. Le poiflon
n'ètoit point défendu , quoi qu'il y eût un grand nombre de Chré-
tiens qui ne mangeoient que des légumes 8cdes fruits. A l'égard de la
volaille, quelques-uns failànt réflexion que les oilèauxavoient été
créés de l'eau auffi bien que les poilfons , 8c qu'ils avoient été pro-
duits le même jour ,prétendoient que ce pouvoir être une nourriture
permilè dans le Carême , mais ce raffinement fut condamné. Dans
ÏEglilè d'Orient le jeûneduCarêmeatoûjours été fort rigoureux,
2c la plupart ne vi voient alors que de pain 8c d'eau,avec des légumes.
Mais voici une cholê fort curieufe à remarquer, Se qui liirprend d'a-
lord ; c'eft que les anciens Moines du Pont 8c de la Cappadoce
étoient obligés de faire cuire un morceau de chair falée avec leurs
légumes, même en Carême. On croit que l'erreur d'Euftathius, ou
plutôt d'Euta£tus donna lieu à l'inftitùtion de Cette coutume. Car
■cet EutaiEkis fijt Patriarche d'un grand nombre de Moines qui con-
damnoient les noces, 8c qui défendoient l'ufage de la viande par une
Tom. IL
5§ CAR. ■_{
contre leSoudaft d'Égypte,8cf our le prier de prendre part à cette vi-
âoire. SurquoileGrand-Maitre fitréponfe, qu'il remcrcioit le
Bâcha de fa civilité, Se- que s'ilyavoit lieu, il lui rendroit fervice.
Depuis ces nouvelles ,. le Grand-Maître de Gàrette fit des diligences
extraordinaires pour fe mettre en état de defenfe.Après avoirtem--
toli tous les devoirs de fa charge,il mourut au mois de Janvier ifii.
& eut pour fucceffeur Philippe deVilliers rifle- Adam.*Bofio,Hî/?.</«
l'Ordre île S,Jem de jerufrlem. Naberat , Privik^es de l'Ordre. SUP.
CARFAGNANA,qUe les Auteurs Latins nomment Curferonianct
8c Grafin'mna, vallée d'Italie , entre le mont Appennin dans l'Etat de
Elorence.EUe eft entre le Luquois & l'Etat de Regio & de Modene.
CARGAPOL, ville & province Occidentale de la Mofcovie.El-
lea la mer Blanche au Septentrion, la province deWologda auM^
di-, le lac d'Onega au Couchant , Se le fleuve Dwina au Levant,
ia ville de Cargapol ou Kargapol eft ■peu confiderable.
CARIAT! .'^ville d'Italie dans la Galabre citerieure , avec Eyê-
ché fufïragant de Sainte Severine,& titre dbPriricipauté. Elle eft peu
conliderable , fituée fur la mer Ionienne à l'entrée du golfe deTa-
rente, vers Umbratico & Strongoli. r ' ' '
:CARIATIDES. Voyez Carie. SUPi
CARIBERT. Cherchez Charibert. ' ,
CARIEES , ou Caraïbes, peuples de l'Arrierique Septéntrroiiaîei
qui occupoient autrefois les ifles Antilles. Voyez, Antiîles 5c Canni-
bales.
CARIDIE , petit bourg & golfe de la Remanie fur^l'Archipel , a
été autrefois une ville importante connue à Stephanus & àPtolomée
qui en a fait mention fous le xiomà&CiirdiopoVts. Aujourd'hui ce
n'eft qu'un méchant bourg , à dix ou douze lieues de Gallipoli.
CARIE , province de l'Afie Mineure,dite maintenant Aid'melli,wi
Turc depuis le XIV. Siècle. Elle a au Levant la Lycie, dite au-
jourd'hui Mentefdi , au Couchant &au Midi la mer Méditerranée &
l'Archipel, & au Septentrion la rivière de Madré. La Carie eut au-
trefois les villes de Magnefie , Alabande , Stratonice , Minde ,
Priene, MiletmaintehantMfl/«2,(JouiWii»j^, (d'où fortirent qua-
tre-vingts colonies ,) 8c païs natal de Thaïes , Halicarnalfe , &c.
Son jnontLadmus donna lieu à la fable d'Endymion 8c de la Lune.
Strabon, //. 14^ Pomponius Mêla , /i. i . Cluvier,/.y J»f, Geogr. ^c.
Concile de Curki
Les Macédoniens le convoquèrent Tan trois cens fôixante Se fîx ,
&ilfuttenupartrente-quatreEvêques,qui rejetterent le terme de
fiw>/feiy?;iw»f/, 8c approuvèrent la formule ou profefTion de foi, qui
avoit été faite aux aflémblées ^'Antioche 8c de Seleucie. * Sozome-
ne , //. 6. chfip. p. Baronius , -A.C.-^66.
CARIE , en Latin Carya , ville du Feloponnefe , que les Grecs
détruifrrent , pour fevanger de la perfidie du peuple qui l'habitoit.
Les Cariâtes s'étoientjoints avec les Perfcs, qui faifoient la guerre
aux autres peuples de la Grèce. Mais ayant été vaincus par les Grecs,
leur viUe fut ruinée , tous les hommes furent mis au fil de l'épée, 8c
toutes les femmes emmenées captives.Pour les traiter avec plus d'i'
gnominie , après les avoir menées en triomphe, on ne permit pas
aux Dames de qualité de quitter leurs belles robes , ni aucun de leurs
oi'nemens ; afin qu'elles euflènt toujours la honte de paroître au mê-
me état qu'elles étoient le jour du triomphe: 8c les Architeâes de
ce tems-là mirent aux édifices publics des ftatuës qui repréfentoient
ces femmes , au lieu de colomnes Se de pilaftres , pour laiflèr un
exemplfe éternel de la punition que l'on avoit fait fouftrir aux Cariâ-
tes. Ces ftatuës furent appellées Caryatides : 8c on en voyoit il y a
quelques années à Bourdeaux,dans le célèbre édifice qu'on appelloit
lesPUurs de Tuteles. Dans la falle des Gardes Suifîès, au Louvre, il y
a quatre Caryatides , qui foutiennent une tribune enrichie d'orne-
mens. Ce font des ftatuës de femmes qui ont les bras coupez, 8c font
revêtues d'une robe qui leur delcend jufques aux pieds. *Vitruvc,
livre I . chapitre 1 . SUP.
CARIGLIANI, (Pompée) Italien . Chanoine de Capouè',a vécu
en 1 6xf. On dit qu'il favoit parfaitement Ariftote, Platon, Hippo-
crate,Galien, 8c Saint Thomas,Sc qu'il étoit toujours en état deré-
pondre lùr tous les paffages de ces Auteurs. Il vint à Rome fur la fin
du Pontificat de Paul V.§c il y étoit encore fous celui d'UrbainVIII.
Il a écrit un Traité de la Noblefle,8cc. * Le Mire de Script. Suc. XVII.
CARIGNAN,viUe d'Italie en Piémont avec titre de Principauté.
Elle eft fituée fur le Po, qu'on y paffe fur un beau pont , entre Turin
8c Carmagnole. Il y a un bon château , 8c fon terroir eft fertile en
meuriers pour les vers à foye. Thomas François de Savoye,cinquié-
ïne fils de Charles Emanuel I.du nom Duc de Savoye 8c de Catheri-
ne Michelle d'Aûtriche,a porté dans le XVII.Siécle le titre dePrince
de Carignan. Il a été Grand-Maître de France, 8c eft mort , comme
je le dis ailleurs, le vingt-deuxième Janvier de l'an 1 ôj'ô.il avoit é-
poufé en 1625-. Marie de Bourbon fille de Charles de Bourbon 8c
d'Anne Comteffe de Montafié, 8cc.8c il en eut Emanuel Philibert
Prince de Carignan , Jofeph Emanuel Jean , mort en 1 6^6. Eugène
'Maurice Comte de Soiffons ; Amedée Ferdinand ; Charlotte Chrif-
tine , morts jeunes ; 8c Louïfe Chriftine mariée à Ferdinand Maxi-
milien Prince de Bade. Cherchez Thomas François de Savoye,
Prince de Carignan.
CARILLO , (Alphonfe) Cardinal , natif de Cuença en Efpagne,
êc fils de Gomaz Carillo Gouverneur de Jean II. Roi de Caftille. Sa
-famille originaire de Burgos eft illuftre en Efpagne , où elle a eu un
Archevêque de Tolède , divers Prélats Se Oiîiciers de la couronne.
L'Antipape Benoît XlII. le fit Cardinal en 1408. 8c enfuitc l'aban-
donna; il fe retira au Concile deConftance, où Martin V, lui con-
firma fa dignité en i4i8.Scdeux ans après il l'envoya Légat à Bo-
logne. Depuis , le Concile de Bâle le nomma Légat d'Avignon ,
mais le Pape Eugène IV. y avoit déjà envoyé le Cardinal deFoLx,
lequel ayant des troupes en campagne fe rendit maître de cette vil-
CAR.
le. Carillo retourna à Bâle 8c y mouriit le 14. Mars de Tan 14 J4. Le
Roi de Caftille témoigna un déplaiiir extrême de cette mort, 8c ii
fit donner l'Evêché de Siguença au neveu de ce Cardinal , nommé
aufîl Alphonfe Carillo. *Sponde, ïn Annal, k-ahaï , HiflJesCarJ.
(^c. Cherchez Carille.
CARILLO , (Gilles) Cardinal , d'une illuftre feitiiHe d'Efpa-
gne , fut envoyé Légat en Itahe , par le Pape Innocent VI. dans le
XIV. Siècle , le fiege étant alors à Avignon. Peridarit cinq ans »
qu'il employa à cette légation , il pacifia ce pais , 8c -f bâtit plufieurs
citadelles. Il fonda de les propres deniers un Collège à Bologne, au-
quel il donna de grands revenue pour entretenir de pauvres EcoUers
Efpagnols. Le Cardinal Carillo mourut à Viterbe,8c fut enterré à
Aflllé,d'oiilongtems après il fut trihfportè à Tolède en Efpagne,
où eft fon toinbeau. *Tarapha, de reb. Hifpim. Platine ScGafîm-
bert, lib. 5. de 'vitis Pontifie. SUP. ' '
CARIN, (Marc Aurele) étoit fils de l'Empereur Garus , qui là
fitCefar, avet fon frère Numerien, vers l'an 283. 8c emmenant ce
dernier en Orient avec lui , il envoya Carin dans les Gaulés, ll's'j
fouilla detoute forte de crimes ,ilépoufa neuf femmes, 8c fit mou-
rir plufieurs innocens pour des crimes fuppofez ; ce qui fit dire à fora
père , comme le rapporte Vopifcus, qu'il n'étoit pas îbn fils. Après
la mort de Carus, 8c de Numerien fon frere,il s'oppola à Diocletieiç
8c tua , dans les plaines de Vérone , Sabinus Julianus , qui vouloit
envahir l'Empire. Un de fes Capitaines , dont il avoit féduit la fem-
me, l'ailàflina à Margus ville de Mcefîe,ran 285-. au 36. de fon âge.
* Vopifcus, Aurelius Viftor, Dion, dans fa Vie [Moreri citoît
hardiment des Auteurs, qu'il n'âvoit jamais vus. Dion n'avoit écrit
l'Hiftoire Romaine que jufqu'à Alexandre Severe , comme il paroït
par Xifhilin ; 8c ce qui nous en rcfte ne va que j ulqû""! la mort Ae
Claude. Voyez Bien. Cet Hiftorien ne furvécut de guère Alexandre
Severe , fous l'Empire duquel il le retira en Bithynie , à caufe de fon
grand âge ; fi tant eft qu'il lui lit furvécu. Amû On ne fauroit
excuièr Moreri , qui lui fait écrire la vie de Carin , né peut-être a-
près la mort de cet Hiftorien. Fiez vous après cela aux citations dé
Moreri.]
C ARINES , certaines femmes qui étoient louées pour pleurer les
morts , dans la cérémonie des funérailles. Elles furent ainfi ap^
pellées du nom'de leur pais , parce qu'on les faifoit venir de Carié,
Cœl.Rhod. tiv. 1 6. ch. 3, On appelloit aufli Carines à R'oïne certains
édifices faits en manière de navire , que les Latins noniment cariaa.
D'autres ajoutent qu'il y avoit une rue de ce nom , où étoit la maî-
fon de Pompée. * Virgile, Enéide 8. SUP.
CARINOLA , dite Calenum 8c Carinula , ville d'Italie dans la ter-
re de Labour , avec titre de Comté 8c Evêché fuffragant de Capouë.
Elle eft peu confiderable , fituée toi une petite rivière à trois oh
quatre milles de la mer; entre Capouë 8c Seflà. Quel<5ues Auteurs
la prennent pour la Celenum des anciens , dont Strabon , Ptolomée,
Pline, 8cc. ont fait mention; maisileftfûr,qu'elleaétébâtieàiio
ou deux millesdes ruines de cette autre ville.
CARINTHIE, que les Allemans noraxsYtntKamten, proviacc
d'Allemagne aux Archiducs d'Autriche , avec titre de Duché. Oa
ladivifeenhauteScbailè, luivantlecours duDrave, EUeeftentre
l'Evêché de Salzbourg , la Sttrie , le Frioul , la Carniole , 8c le TiroL'
Ses principales villes font San- Veit, Villach, Volckmark , ^udea-
burg, Claghenfurt qui eft la capitale, 8cc. Ce pais eft fournis aux
Archiducs d'Autriche , depuis Henri dernier Duc mort fans iuc-
ceflêurs. On dit que les païfans de Carinthie ont droit d'inveftir
leurs Souverains , toutes les fois qu'il y a changement de Prince ;
que le Duc avec un habit de Villageois aflifte à une cérémonie qu'Ll.<;
font dans une prairie ; 8c que ce privilège leur eft accordé , parce
qu'ils reçurent les premiers la Religion Chrétienne. Un païian lui
préfente deux bceufs,run gras 8c l'autre maigre,le Duc prend le der-
nier 8c reçoit un petit fouflet dupaïfan. La Carinthie eil un pais
de montagnes. On y a horreur pour le larcin , Se c'étoit une anciea-
ne coutume de prendre ceux qu'on foupçonnoit d'avoir volé. Oa
leur faifoit leur procès trois jours après. Si on les trouvoit coupa-
bles du crime dont on les accufoit , on laiflbit leur corps pendu juiP
qu'à ce qu'il fût tout-à-fait pourri ; fi au contraire il étoit irmoc.ent,
on l'enterroit publiquement 8e on ordonnoit les prières pour iaa
ame. * iEneas Silvius , Eur. c. 20. Cluvier , Germ. Monftrelet, ti.
I . Joannes Salivanus , de Carinth. ^c.
CARION, (Jean) Allemand, naquit en 1499., 5c favoit les La»-
gués, les belles Lettres , 8c les Mathématiques. Il les enlèigna avec
applaudillèment à Wirtemberg 8c ailleurs , il publia divers Ouvra-
ges qui lui aquirent de la réputation , comme PraBico-Ajlrologice
Ephemerides , une Chronique que Peucer 8c d'autres ont continuée.
Sec. Jean Carion mourut à Berlin en 15-38. n'étant qu'en la 35.
année de fon âge. Melchior Adam , in Vit. Philof. Cerm.Yoffms,
Sec.
CARIOPHYLUS , (Matthieu) Archevêque de Cogni , étoit,
natif de l'ifle de Candie. Il étudiaà Rome dans le CoËege des Grecs,
8c y fit de grands progrès dans les Langues Se dans la Théologie.
S'étantconiacrédans l'état Ecclefiaftique , on l'envoya dans ion
pais , mais y ayant expérimenté en fa perfonne cet oracle de l'Evan-
gile, qu'on n'eftjamais Prophète dans fa patrie, il revint à Rome
8c enfeigna dans le Collège des Grecs. Depuis , il devint fuccel-
fivement domeftique de trois Cardinaux, tous trois neveux de Pa-
pes , fevoir de Pierre Aldobrandin , de Louis Ludovili , Se de Franr
çois Barberin. Le fécond lui procura le titre d'Archevêque d'Ico-
nie, le dernier lui perfùada de publier fes Ouvrages. Il fit impri-
mer un Volume de Vers Grecs 8c Latins intitulé NoSes TufcuUns,
des Epitres de Themiftocle , 8cc. Cariophylus mourut fous le Pon-
tificat d'Urbain VII. vers l'an 1630. ou 3)-. * Imo AW-ithis , in Apib.
C/r^a?!.' Janus Nicius Erytlirxus , Pin.l. imag. illttft.c. 124.
CARIUS, fils de Jupiter '8e de Torrhebic. Les Andens difent
que Carius fe promenant aux environs du lac Torricbia , Se en-
tendant
CAR.
CAR.
teftdant le doux chant des Nymphes , il apprit d'elles la Mufique , 5c reçut la tônfure h l'habit de Clerc du Pape Zacharie en 74.7 & f
]'enfeignaenruite aux Lydiens. En reconnoifl'ance de ce bienfait, tira au mont Sorafte , où il fe fit Reli<rieux de S.Benoît M -^
53>
on lui décernades honneurs divins; 8c on lui bâtit un fuperbe tem-
ple fur une colline , qui fut depuis appcllée Carieime , en Latin Mons
Carius, du nom de ce Héros. * Etienne de Byzance. iUl'.
CARLES, (Lancellot de)Evêque de Riez en Provence, étoit
de Bourdeaux , 8c Ion mérite l'eleva à cette Prélature , dont il prit
pofTeffion par Procureurs en i f yo. La Croix du Maine dit qu'il étoit
très-excellent Poète Latin 8c François , 8cbien dofteenGrec. En
15-47. il avoit été envoyé par le Roi Henri IL à Rome, où il fut
fort eftimê. Il le fut bien davantage en France , où la vertu lui a-
quit une très-grande part en l'amitie du Chancelier de l'Hôpital , de
Ronfard , 8c de Joachim du Bellay , qui l'ont tous célébré dans leurs
Ecrits . Lancellot de Caries laifla divers Ouvrages en nôtre Langue ,
comme une Paraphrafe en Vers fur l'Eccleliafte,fur le Cantique des
Cantiques, une Traduâion de l'Odyllëe d'Homère, une Lettre au
Roi Charles IX. 8cc. La Croix du Maine Se du Verdier Vauprivas ,
'BM. Franc, de Thou , Hift.li. j . Lurbée , île illufi. uiquit. Michel de
l'Hôpital, //. I. Epift. Ronfard, //'. i. Hymn.y. Robert 8c Sainte
Marthe, Gall.ChnJl.Bend, HiJl.Prxf. Reg.é-c.
CARLEVITZ, (Chriftophle) Allemand , étoit de Rotemhau
dans la Mifnie où il naquit en ifoy; fa famille étoit des plus nobles
dupais; il étudia en Droit , 8c fut Confeiller du Duc de Saxe , qui
l'employa en diverlès négociations à la Cour des Empcreurs,en An-
gleterre, enPologne, Scailleurs. Carlevitz étoit aufli homme de
guerre, 8c paya très-bien de fa perfonne en diverfesoccaiions. Il
avoit compofé quelques Ouvrages qui ne font pas venus jufques à
nous, ScmourutleS.Janvierdc l'an 15-78. âgé deyi. *Melchior
Adam , in Vit.Jurifc. Qerm. i^rc.
CARLILE, fur la rivière d'Enden, ville d'Angleterre, capitale
duComtédeCumberland, avecEvêché fuftragant d'Yorck. Elle
eft fituée vers les/rontieres de l'Ecoflè,en l'endroit où l'on avoit bâ-
ti la muraille qui féparoit lesPiâres desBretons,à deux ou trois lieues
de la mer d'Irlande. Cette ville eft ancienne ; les Danois la ruinè-
rent vers l'an 900.^ vers l'an 1093.GuillaumeII.R0i d'Angleterre
paflant dans la province de Cumberland 8c voyant la fituation de
Carlile,il la fit rebâtir. On y fonda depuis des Chanoines Réguliers ,
& on érigea vers l'an 1 1 3 3 . leur Eglife en Cathédrale. Adelwald en
fut le premier Evêque. Les Anciens Romains 8c les Bretons habi-
tans de l'iflc la nommèrent Lupi-Vallum,Sx:Lngii-BaUium.7tolo!xiée
I««co/)jii«,8clesAuteursLatins modernes rappellentC/ïr/eo,'«»j.L'En-
den y reçoit trois rivières , 8c elle eft fortifiée d'un château bâti par
Henri VIII. * Cimden,Defcr.Britan.Goàwm,(leEpife.Briean.
C ARLINGFORD , petite ville d'Irlande , dans la province d'Ul-
tonie 8c le Comté de Loutbi , avec un alTez bon port de mer.
CARLOMAN, Roi de France, fils de Louis /e jBe_j«c , fut cou-
ronné avec fon frère Louis III. à Ferrieres enGâtinois, l'an 879.
Quelques Hiftoriens paffionnezont dit que ces deux frères étoient
bâtards ; mais c'eft une impofture. Car Louis le Bègue les eut
d'Anfgarde, qu'il avoit époufée en fa jeuneiTe. Il eft vrai, que
comme eUe n'étoit pas de qualité,8c qu'il l'a voit même époufée fans
le Confentement du Roi fon pere,ce Prince l'obligea de la répudier ,
mais fes fils n'en étoient pas moins légitimes. Les deux frères par-
tagèrent leurs Etats à Amiens. Louis eut la Neuftrie, 8cCarloman
le royaume d'Aquitaine 8c la Bourgogne. Les Normans , Bofon ,
qui s'étoit fait Roi d'Arles 8c de Bourgogne, 8c Louis Roi d'Alle-
magne leur coufin furent trois puilTans ennemis qu'ils eurent fur les
bras. Ils fe liguèrent avec le dernier , ils défirent Bofon en une ba-
taille , 8c enfuite ils alîlégerent en 88 1 . Vienne , où il avoit lailTé &
femme. Les courfes des Normans obligèrent Louis de leur venir
au devant,8c il mourut à S. Denys en 882. Carloman quitta d'abord
le fiége de Vienne , dont il laiflà le loin au Comte Richard , 8c vint
commander l'armée dans la Picardie. Il battit ibuvent les Barbares:
8c puis pour les faire fortir de fes terres , il compoià avec eux 8c leur
donna douze mille marcs d'argent. Peu detems après, étant à la
chaffe dans la forêt d'I véline , près de Montfort , il y fut bleffé par
un fanglier , ou par un de fa fuite ; 8c il mourut de cette bleffure le
fixiémejour de Décembre de Fan 883. Il avoit été fiancé ran878.à
Troyes, enprélènceduPape Jean VIII.8cde fon père Louis, à la
fille de Bofon Roi d'Arles & d'Hermengarde , mais le mariage ne
fut pas accompli. * Reginon , ia Chron. la Clironique de S. Ri-
quier , le Continuateur d'Aimoin , 8cc.
CARLOMAN, Roi d'Auftraiie , de Bourgogne, 8c d'une par-
tie d'Aquitaine , futfacréàSoifîbns le 9.06tobrederan768. Il
ctoit fils de Pépin le Bref if. frère de Charlemagne , avec qui il par-
tagea les Etats du Roi leur père. De méchans efprits , ennemis de
la paix,trav aillèrent à les mettre mal enfemble , 8c Carloman y étoit
aflèz difpofé , mais il mourut peu de tems après à Salmouci , qu'on
croit être Montlugeon , prèsdeLaon, le 4. Décembre 771. Il fut
enterré à faint Rémi de Rheims. Carloman laifla de Gerberge Ion
époufe deux fils , Pépin 8c Saint Siagre ; qui mourut Evêque de Ni-
ce en Provence. * Sainte Marthe , Hifioire de la Mai/on de France.
Mezerai, Hifioire de France. Jofred, Hi/î.Nic. ^c.
CARLOMAN , Duc Se Prince des François , étoit fils aîné de
Charles Martel 8c de fà première femme Crotrude appellée com-
munément Rotrude , morte en 7 14. 11 eut en partage rAuftralie ,
l'Allemagne , 8c la Thuringe. Il arma avec fon frère Pépin contre
Hunaud Duc d'Aquitaine , qu'ils pouffèrent par delà Poitiers , 8c
ayant forcé le château de Loches , ils le mirent à la raifon. Après
cela,ils firent le partage du Royaume,au lieu qu'on nomme le vieux
laitiers : ils pafferent en Allemagne contre Thibaud Duc des Alle-
mans,qu'ilsfoumirent en 5-42. L'année d'après, Carloman fournit
Odilon 8c puis ThierryDucs deBaviere 8c de Saxe;après s'être vangé
de la perfidie d'Hunaud.Enfin , ayant recommandé au Roi Pépin un
fils nommé Dreux , qu'il avoit eu d'une femme dont nous ignorons
le nom, il alla à Rome avec plufieurs Gentilshommes de la Cour,
Benoît. Mais s'V
trouvant trop importune des vifitcs, il alla au mont Caflin. De^
puis.il vint en France pour les intérêts d'Aftulfe Roi des Lombards'
qui craignoit les armes de Pépin prote&ur du Pape Etiennell.Sc dû
Samt Siège. Le prétexte de ce voyage fut de demander le corps de
Saint Benoît qui étoit à Fleuri fur Loire. Une fut point reçu com-
me il l'avoit prétendu , 8c s'étant retiré à Vienne en Dauphiné il y
mourut le i7.Aoûtde l'an75-5-. Son corps futporté au montCal-
Im. »Aimom,/;. 4. Léon d'Oftie, /(. i. Adon, Eginard, Reo-i-
non, Adrien Valois , Dom Jean Mabillon , 8cc. '^
TT^^i^^?^,^^' ^^'^'''édcLoms le Germanique, frère de Louis
U. 8c de Char es leGros , eut en partage le Royaume de Bavière , du-
quel etoient aPannonie , laCarinthie, la Bohême, 8c la Mora-
vie; 8c porta le titre de Roi d'Italie. Et en effet, il mit une ar-
mée en campagne , pour avoir ce Royaume avec l'Empire ; 8c il
commençoitmême à marcher, mais une terreur panique lui fit
changer de deflein.II remporta deux viftoires fur RalHcDuc deMo^
ravie 8c fur Gondacare Comte en Carinthie , mais depuis il fut vain-
cu par les rebelles de Moravie. Carloman époufa N.... fille d'ArnuA
te parent d'Ermcntrude Reine de France.Il tomba en paralyfîe dont
il mourut l'an 880. 8c fut enterré à Ottinghen en Bavière, dans le
Monaftere de Saint Maximilien qu'il y avoit fondé. Une laiffa que
deux enfans naturels ; Arnoul , qui eut la Carinthie 8c qui fut Empe-
reur, 8cGifele, laquelle l'an 890. époul'aZuendipold Roi de Mo-
ravie, que quelques Auteurs font pour cela fils de Carloman *ReJ
ginon, du Tillet, le Continuateur d'Aimoin, les Annales de S.
Bertin, de Mets, 8c de Fulde. ^°
CARLOMAN, fils du Roi Charles /e Chauve 8c d'Ermentrude
fapremiere femme. Il fe révolta contre fon père , 8c Hildegarde E-
vêquedeMeaux l'ordonna Diacre malgré lui. Depuis, il pofféda
plulieurs Abbaïes , 8c fe révolta une féconde fois , 8c fut mis en pri •
fon. Les prières des Légats , que le Pape Adrien II . envoya en Fran-
ce, l'en tirèrent; mais abufant de cette grâce, il recommença fes
brouillenes. Le Roi le fit prendre , il fut dégradé à Senlis par les
Eveques des provinces de Sens 8c deRheims,8c puis aveuglé en 866.
8c mis dans l'Abbaie deCorbie pour y faire pénitence. Quelque
tems après, deux Moines le tirèrent adroitement , 8c le menèrent
vers fon onde Louis le Germanique, qui lui donna pour fon entre-
tien l'Abbaïe d'Epternac, où il mourut en 873. ou885. félon la
Chronique d'Anjou. «Flodoai'd, HiJi.Remen.li.j.c.zS. LeCon-
tinuateur d'Aimoin , /;, 5-. c. 24. ©•£,
CARLOVINGIENS : nom que l'on donne aux Rois de France
de la féconde race, qui commença l'an 75-2. par Pépin leBremsde
Charles Martel, 8cfinitpar Louis V.en987.0ncomptequatorze
Rois de cette famille. SUP,
CARLOVITZ. Cherchez Carolftadc.
CARLSBOURG, Carclc6urgum,ipemev\\le d'Allemagne, àms
la baffe Saxe 8c dans le Duché de Breme,a été bâtie fur le Vefer , par
les Suédois qui lui donnèrent le nom de leur Roi Charles X. C'effi
une place forte , qui fut prife enx 67 6. par les Danois , auxquels s e-
toient joints les habitans de Lunebourg , mais ils la rendirent en l'an
1679. par la médiation du Roi de France 8c par le Traité qui en fiit:
conclu la même anijée à Fontainebleau. *Baudrand. SUP,
CARMAGNOLE", ville d'Italie dans le Marquifat de Saluffes,ai!
DucdeSavoye. Elle eft fituée environ à deux milles duPô , 8c à
huit ou neuf de Turin. Il y a une bonne fortereffe , qui rend Car-
magnoleune place importante. Charles EmanuelDuc deSavoye
s'en rendit maître en 15-S8. durant les guerres civiles de France , 80
il fournit de même le Marquifat de Saluffes compris aujourd'hui
dans Ip Piémont. Il lui fut cédé par la paix de 1 601. comme je le
dis ailleurs, en échange de laBreffe, du Bugey, 8cc.
CARMAGNOLE (François) Capitaine illuftre, prit ce nom de
la ville de Carmagnole dans le Piémont en Italie.Il étoit fils d'un paï-
fan. Se avoitgardé les cochons pendant fa jeuneffe. Mais ayant de
l'inclination pour les armes, il fe fit foldat. Se monta par degrezs
jufqu'à la charge de General d'armée , que Philippe Vifconti Duc
de Milan lui donna , après avoir reconnu fon courage 8c fa condui-
te. S'étant fignalé par plufieurs belles aâions , ce Duc lui fit épou-
fer une de fes parentes. Se l'honora d'un gouvernement confidera^
ble. Cette élévation lui attira l'envie de quelques perfonnes puif-
fantes, qui le mirent mal dans l'efprit de Philippe : 8c il fe vit obli-
gé'de chercher un lieu de fureté , dans l'Etat de Venife , où il fut;
très-bien reçu. Les Vénitiens l'ayant fait Général de leur armée con-
tre le Duc de Milan , il gagna contre lui plufieurs batailles -.mais ne
voulant pas profiter de la viûoire , il prit le deffein de fe réconcilier
avec ce Duc. Ce qui étant venu à la connoiffance des Vénitiens , ils
le firent amener à Venilè,où il eut la tête tranchée en 1422. *Pom-
filTott. Elûg. de' Capitan. SUT.
GARMANIE , ou Kirman , grand pais de Perfe , qui a la Ce-'
drofie ou Circan au Levant, le Farfie au Couchant, leSableftanau
Septentrion , 8c le golfe d'Ormus Se la mer des Indes au Midi. Il
comprend les provinces de Guadel , Dulcinda , Se Ormus.Clierman
fur le fleuve Baffirieneft la ville capitale, les autres font Berfitj
Benl, Bermafit,Chabis,Tzireft, Bander-Gamron , Ormus , Sec.
Elle eft affez fterile vers le Septentrion dans l'endroit où étoit laCar-
manie deièrte ; mais vers le milieu du pais il y a des vallons fertiles
Se couverts de fruits, de fleurs. Se fur-tout derofes. On en tire
encore des turquoifes, delatutie, 8cc. * Arrian, /(.S.Pline, Stra-
bon , Pomponius Mêla , Sanfon, Sec.
CARMEL , montagne de la Paleftine dans la tribu d'Iffachar , cé-
lèbre par la demeure du Prophète Ëlie , Se par les merveilles qu'il y
fit. Elle a environ treize lieues de circuit. Se eft couverte de di-
vers arbres toujours verds , avec grand nombre de fources d'e.iux ,
quelques villages , 8c plulieurs cavernes , qui ont été en tout tems la
retraite des Solitaires. Les Religieux Cirmes ont pris leur nom de
H i ee-
éo ' CAR.
celui de ce mont, à caufe des Prophète» Elie 8c Elifée, qu'ils confia
derent comme leurs premiers Patriarches. Le mont Carmel, en-
tre la Galilée Se laSamarîe, a le golfe d'Acre au Septentrion: les
monts de Nazareth gela plaine d'Eidrelon au Levant: les monta-
gnes de SamarieauMidi, & la mer au Couchant. Ce pais eft oc-
cupé par les Arabes , 8c les Carmes Déchauffés y fontauffi établis.
Les Curieux pourront voir rexcellente Relation, que le Chevalier
Dervieux nous a donnée du mont Carmel. * III. des Rois, c.i.Jo-
fephe, Ant.Jud.li.f.&c.
CARMEL, ou Mont Carmel, montagne de la Galilée , dans la
Paleftine, à douze milles de Nazareth vers l'Occident, fur la côte
de la mer Méditerranée, lleftfëparé des autres montagnes, & a
trente milles de circuit. On y voit plulieurs collines & vallées tou-
jours vertes, des bois de haute futaye, des bocages êc des jardins,
de vives fources , de belles fontaines , Se quantité de vignes. L'air y
ell: très-bon , les fruits excellens , auffi bien que le vin ; 8c le gibier
s'y trouve en abondance. Pour aller à l'herrhitage des Carmes , on
monte par un fintier efcarpé entre les roches , dont les degrez, font
taillez au cifeau. Cethermitage confifte en cinq Cellules creufées
dans le roc fur le penchant du cap qui regarde le Septentrion , l'Oc-
cident, & le Midi: d'où on voit la mer en toute Ion étendue , les
villes de Caiphas Se de Saint Jean d'Acre, 8c les grandes campagnes
qui font aux environs. Une de ces Cellules fert de Chapelle, une
autre fert de Refeâ:oire,où il y a trois tables de pierre.avec des fiéges
de même, pour affeoir huit ou dix perfonnes: deux autres tiennent
lieu de Dortoir : 8c la cinquième eft pour loger les Pèlerins. Devant
la porte de celle-ci , les Religieux ont taillé lur la roche une petite
plate-forme couverte de branches d'arbres , où ils donnent quel-
quefois la collation aux Voyageurs , qui confifte en dattes , raiiins
fecs, figues, 8c bifcuit, avec de l'eau d'une citerne taillée auffidans
le roc, car on n'y boit point de vin. Verslepiéde la montagne on
Voit la grotte d'Elie , qui eft fort honorée , non feulement des Chré-
tiens 8c des Juifs , mais auifi des Infidèles , des Turcs , des Maures,
8c des Arabesjparce que la Tradition tient que le Prophète Elie y de-
meuroit ordinairement.EUeeft gardée par un Santon , ou Religieux
Mahometan , qui a la phyfionomie d'un iàint Anachorète , 8c qui
paioit confommé d'aufteritez. Tous ceux qui vont faire leurs priè-
res dans ce lieu , donnent quelque aumône à ce Santon , pour avoir
!a liberté d'y entrer. Plusfiaut, on voit la grotte d'Elifee,difciple
d'Elie, 8c les grottes de l'hermitage dont je viens de parler. Sur le
fommetde la montagne eft uneautre grotte d'Elie , auprès de la-
quelle il y a plulieurs reftes d'un Monaftere ruiné, qui étoit bâti de
grandes pierres de taille , 8c avoit plutôt la forme d'une fortereffe ,
que d'une maifon Religieufe.il y pourroit encore loger plus de qua-
rante perfonnes ; 8c l'on y voit quatre ou cinq pauvres familles de
Maures qui en occupent quelques chambres. Entre ce Monaftere 8c
la grotte il y a une petite Chapelle , que le Prophète Agabus Abbé
du Mont Carmel fit bâtir l'an 8 3. en l'honneur de la Sainte Vierge ,
dont il ne refte que les murs des deux côtés , Se l'autel adollë contre
la grotte. Sur le penchant d'une vallée , qui' regarde l'Occident,
on trouve les ruines d'un autre Monaftere , q^'on tient avoir été
le premier qui ait été bâti en Orient, pour yaflèmbler les Anacho-
rètes du Mont Carmel. 11 y a encore de grands édifices tout en-
tiers , bâtis de pierres de taille , à plufîeurs étages , 8c une belle falle ,
qu'on dit avoir fervi d'Oratoire ou Chapelle. Un peu plus haut eft
la fontaine d'Elie , que ce Prophète fit fortir de terre par fes prières.
Il y avoit autrefois plufîeurs villes au pié de cette montagne , entre
lelquelles Strabon nomme celle des Sicamins, des Eouviers, 8c des
Crocodiles. Pline en ajoute une , qu'il appelle Carmel , 8c Ecbatane.
Suétone rapporte que du tems deVefpafien,qui regnoit l'anSi.deJ e-
sus Christ, il y avoit fur le Mont Carmel un petit temple célèbre,
Scque cetEmpercur y alla confulter l'oracle qu'on y adoroit,qui l'af-
•&ra de l'heureux fuccès de tous fes deflêins. On ne fait fi c'étoit
quelque refte de l'idolâtrie de Baal ou de Beelzebub , qui étoit autre-
fois adoré en la ville d'Acre , ou une Chapelle du vrai Dieu deffervie
par les-fuccelîèurs d'Elie,fous la conduite du PropheteAgabus , dont
je viens de parler:lequel peut-être fut confulté par cet Empereur,fur
l'événement de fes entrepriiès. La ville de Caiphas eft au bas de la
montagne, furlerivageduport de Saint Jean d'Acre: gcAcre eft
vis-à-vis de l'autre côté du port. De Caiphas à Acre , il y a par ter-
re quatre ou cinq lieues de chemin,en faiiànt le tour de la petite anfè
qui forme le port. En l'année 1 25-9. Saint Louis Roi de France ,
revenant de la Terre Sainte , pafla par le Mont Carmel, 8c obtint de
l'Abbélix Religieux qu'il amena àParis,avec leurs habits blancs 8c
leurs manteaux chamarrés de bandes par en-bas.Mais le Pape Hono-
ré IV . leur fit prendre l'habit minime , avec le manteau blanc, qu'ils
portent aujourd'hui. ^Ttoubà^aiVoyagedelaTerreSamte. SUF.
CARMEL, ou NÔTRE Dame du Mont Carmel , Ordre mi-
litaire, qu'on nomme encore de Saint Lazare, a été rétabli par le
Roi Henri le Grand en 1608. Ce grand Prince fouhaita qu'il ne
fût compofé que de Franc ois, afin de le diftinguer de celuide Saint
Lazare de Savoye , qui n'eft que pour les Italiens 8c les Savoi-
£ens. Il fut compofé de cent Gentilshommes du Royaume qui dé-
voient marcher en tems de guerre près de nos Monarques pour
la garde de leurs pei-fonnes facrées. Meffire Philibert de Nereftang
fut choifi pour être Grand- Maître de l'Ordre ; 8c il en fit le ferment
entre les mains du Roi,à Fontainebleau en là préfence des Princes 8c
des Seigneurs delà Cour,jurant fidélité à faMajeftè,8c à tous fes ftic-
ceffeurs Rois de France. Le Roi lui mit enfuite le collier , qui étoit
un ruban tanné , auquel pendoitoine croix d'or, fur laquelle étoit.
grivée l'image de Nôtre Dame environnée de rayons d'or. Il lui
mit enfuite le manteau àla croix du même Ordre , que le Pape Paul
V. approuva ; on le rétablit , comme dit la Conftitution , en ce-
lui de Saint Lazare que le Pape Innocent VIII. avoit uni à celui
de Malte.- Louis /cG>-a»r/ a encore rétabli cetOtdre. *Sponde, A.
C. j6o8. «.-3 .Matthieu Favin. Cherchez Saint Laxare.
CAR,
CARMËNTA, mère d'Evandre. Elle partit avec fon fils d'Ar-
cadie , 8c ils vinrent aborder en Italie , où ils furent bien reçus de
Faune Roi du pais , foixanteansavantlaprifedeTroyeScvers l'an
a8io.du Monde. Elle iut ^uiWnommét Nicoftrate, Sa Carmeate,
parce qu'elle avoit accoutumé de prédire les chofes à venir en vers ,
Carmen en Latin lignifiant uneFoéfie. Les Dames Romaines lui
bâtirent un temple , 8c cèlebroient en fon honneur des fêtes nora.-
mées Carmentalei. *Denys, des Aiit. Rom. Autelius Y i£tor , Ors£,
de la nation Rom. Plutarque , dans Romuliis , ^c.
CARMENTALES , tête que les Romains cèlebroient l'onzième
jour de Janvier , à l'honneur de la Déeffe Carmenta , mère d'Evan-
dre , 8c Devinerelîe fameufe , qui fut mifc au nombre des Divinités
après fa mort. On cèlebroit encore une fête de ce même nom le
I f. du même rnois. Plutarque rapporte que le fujet de cette fête fut
que les Dames Romaines ayant pris la réfolution de ne point voir
leurs maris,qu'il ne leur fût permis d'aller en caroffe comme aupara-
vant, 8c qu'on n'eût caffé le nouveau décret duSenat , qui leur avoit
défendu cette commodité , on fut obligé de leur laiffer la liberté de
s'en fervir à l'ordinaire , ce qui les appailà; 8c étant rentrées en bon-
ne intelligence avec leurs maris,eiles virent des effets d'une fécondi-
té extraordinaire , par le grand nombre d'enfans qu'elles eurent :
dont voulant remercier la Déeffe Carmenta , elles lui firent bâtir um
temple , pour y faire des làcrificés , 8c lui offrir leurs préfens.* Ovi*
de , m Faji. Plutai-que , in ^éiftion. Rom. p. j6. SXJP.
CARMES, ou Nôtre Dame ou Mont Carmel, Ordre Re-
ligieux, qui commença dans le XII. Siècle en Syrie, où plufîeurs
Pèlerins d'Occident vivoient en divers hermitages, expolèz àla
violence Se aux courfes des Barbares. Aimeric , Légat du Saint Siéra
en Orient fous Alexandre III. 8c Patriarche d'Antioche, les réunit
8c les mit fur leMont Carmel,autrefois laretraite des Prophètes Elie
ScElifeCj dont ils fedifent les fucceffeurs. Ils tirent leur nom de
Garnies de celui de ce mont làcrè. Albert Patriarche de Jerulâlem ji
natif du Diocefe d'Amiens, 8c arriere-petit-neveu de Pierre l'Her-
mite,leur donna l'an 1 2o;-.des régies , que le Pape Honoré III. con-
firma deux ans après. Leur premier habit étoit blanc , Se leur man-
teau chamarré par en bas de plufîeurs bandes,mais comme cette ibr-
te de vetemens étoit peu conforme à leur état , le Pape Honoré IV.
leur commanda de le changer .Ils ôterent les bandes. Se pour ne rieis
perdre de leurs couleurs , ils prirent l'habit minime fous le manteau
blanc. Le Pape InnocentI V .mitigea la fèverité des règles qu'on leur
avoit donnéesjl'an i i45-.Ils pafferent en Europe vers l'an 1238. Ils
ont fept provinces en France. Cet Ordre a beaucoup fleuri dans l'E-
glife, à laquelle il a fourni de faintsEvêques, d'excellens Prédica-
teurs, 8c un très-grand nombre de dodtes Ecrivains. Je parle des
plus célèbres dans cet Ouvrage. * Daniel à Virgine Maria. Vine*
CarmelifeuHift.Ord. Carm. Joannes Baptifta de Lezana. Annd. Ord,
Carmel. Amoul Boftius 8c Tritheme,<^e Vir. illuft. Carm. Lucius , in
\BMioth.Carm.leV.Vh.\lïfYe, Hift.Carm.M^ïCptXiiomt Alegredç
Caffanate, in Parad.CarmeUtano.SahéMc-ai , 9. Ennead. f. vers l»
/«.OnuphreSeGenebrard, dans faChron. Tom.I.Bulldr.dms Hen.,
UI.Co»J(.8.Imoc. IV.Con/l. 6. dans BonifVIlI. g^c. Baronius, -<€. C
iiS i. fur la fin. S'gonàe. A.C. izoj. », 13. ii4j-.w«w. 2^. lîSf.w,
20. ^c. Cherchez auffi Albert Patriarche de Jerufalem.
CARMES DECHAUSSEZ , Congrégation Religieufe établie
dans le XVI. Siécle.Après la mitigation des règles des Carmes faite
par le Pape Eugène IV. cet Ordre fut reformé par Sainte Thereiè,
qui en étoit Religieufe dans le Couvent d'Avila enCaftille, lieu de
lànaiffance, 8c cette Sainte le remit dans fa première aufterité. El-
le commença par les filles; puis elle entreprit d'y remettre auffi les
hommes , étant affiftée de deux Religieux Carmes.le P. Antoine de
Jésus 8c le P. Jean de la Croix ; 8c ils eurent un Couvent près d'A-^
vila. La profeffion , que ces Religieux font d'aller pieds nuds , les
a fait nommer Carmes Déchauffez. Le Pape Pie V.avoit approuvé
leur deffein, Grégoire XIII. confirma leur réforme en 15-80. &
Clément VIII. fépara laCongregation d'Italie de celle d'Efpagneea
1 5'98 . 8c leur accorda de beaux privilèges. Ces Religieux vinrent ea
France, environ l'an i6oj-. 8c ilsy ont 44. 0u4f.C0uvens.Les Car-
mélites y étoient déjà depuis deux ans , par les foins du Cardinal de
Berule. Cette Réforme des Carmes Déchauffez eftdivifée en deux
Congregations,dont chacune a fon Général 8c fes conftitutions par-
ticulières; fàvoir la Congrégation d'Eipagne,qui comprend fix pro-
vinces ; 8c la Congrégation d'I talie , qui comprend tous IcsCouvens
établis hors des Etats du Roi d'Efpagne. * Jérôme de S.Jofeph,^/^.
Reform.Ord.Carm. Ifidore de S.Jofeph , de Carm.Difc. Ildeltbnlède
S. Jofeph, deCarmel. Difeal. Philippe de la Sainte Trinité, Bift.Ord.
Carmel. T.II.Bull.Conji. 64. Greg.XIU.T. III. Conjl. %ç. é^yt.
Clem. VIII. Sponde, A. C. 15-68.». 29. 15-80.». ai. ij:^}. ». 2/.
&c.
- CARMIDES , que quelques-uns nomment Charmadas, 8c d'au-
tres Cameadas , étoit un Grec qui avoit une mémoire il prodigieu-
fe, que quelque Livre qu'on lui indiquât de ceux qu'il avoit lus, il
le rècitoit par cœur avec autant de facilité, que s'il eût eu le Livre
ouvert devant lui. * Pline, /. 7,c. 24. SUP.
CARMINIUS , Hiftorien Latin , qui a écrit de l'Italie , 8c qui effl
cité par Macrobe. On ne lait pas en quel tems il a vécu. Volîius
croit,qu'il eft le même que Servius allègue fiir le cinquième Se fixié-
me livre de l'Enéide; gcqui a écrit de l'élocution. * Macrobe,
SatumJi.f.c.Tç. Voffius, li.'^.de Hifi.Lat.p.6oç).
CARMONNE, (Chriftophle) Préfident au Parlement de Paris,
s'éleva par.fon érudition 8c par là probité aux plus illuftres cliarges
de la robe. Il étoit originaire de Bourbonnois;8c commença à fc fai-
re connoître dans le barreau fous le règne de Louis Xl.qui l'honora
d'une charge de Confeiller dans le premier Parlement duRoyaume.
Charles VllI. le pourvut de celle de fon Procureur Général eii
1489. Depuis, il fut Maître des Requêtes, premier Préfident au
Parlement de Bourgogne, 8c enfin Préfident au Mortier dans celui
de
CAR.
de Paris. Louis XII. l'éleva à cette dernière charge pour le récom-
penler des ferviccs qu'il lui avoit rendus en diveries occallons. Il
niourut le i o. Février de l'an 1J07. * Blanchai-d , Hiji. des PréfiU.
au Mort, (i^ lies Maîtres des Requèt.
C A R N A , ou Carnée , certaine Deeflèdes anciens Romains ,
qui confervoit les parties internes de l'homme. Janius Brutus ayant
chaffé Tarquin le Hiiperbe de Rome , lui fit des lacrificcs fur le mont
Ccelicn , le premier jour du quatrième mois, qui fut nommé de fon
nom.moisde )uin. *Macrobe,//. i.desSatur.c. i.OyideMé. ô.Fajt.
Prima aies tiii Carna datur, Dea cardinis hucejl , &€.
Les Anciens av oient auiîi des fêtes en l'honneur d' Apollon Garaew
ou Carmen. Ses Prêtres gouvernèrent durant trente-trois #ns le
Royaume des Sicyoniens.après la mort de Leuxippe,vingt-fixiéme
6c dernier Roi. Archelaiis fut le premier, &: Charideme le dernier ,
lequel prit la fuite ne pouvant plus fournir à la dépenfe qu'il falloit
faire. Afriquain & Eufebe , l'an 879. ©■ 889. de la naijfance d'Abra-
ham. Le même parle aufli de ces jeux Carniens inftituez en la
XXVI. Olympiade à Sparte , pour les Joueurs d'inftrumens.
CARNEADE'S. Philofophe Académicien , étoit natif de Cy-
renes en Libye. Il fut fondateur de la nouvelle ou troiiiéme Acadé-
mie, Se fut un despluséloquensperfonnagesdefontems. Il ne
s'adonna pas beaucoup à laPhylîque; mais il cultiva avec un foin
particulier la Morale, à laquelle il s'attacha fi entièrement , qu'il
régligeoit toutes les autres chofes. Quand il étoit à table , il ou-
blioit Ibuvent de manger; de forte qu'il falloit que Melifla fa
fervante le retirât de ce profond affoupiffement. Il fe purgea
le cerveau d'hcUebore pour écrire , félon Aulu-Gelle , ou, comme
dit Valere Maxime, pour difputer contre Zenon. Ayant fu qu'An-
tipater s'étoit fait donner du poifon , il en prit aufîi & en mourut ,
la quatrième année de la CLXII. Olympiade, felen Diogene Laè'r-
ce, la quatre vingts 8c cinq de&nâge, 392.^. du Monde, 62.^.
deRoiiie, & 119. avant l'Ere Chrétienne. 11 y avoit eu en même
tems une Eclipfe de Lune , comme veut Apoliodore, rapportépar
le même Diogene.Ciceron, qui parle fouvent de Carneades,comme
de l'homme du monde le plus éloquent , lui donne quatre vingts Se
dix ans de vie; ce qui fait qu'il y a bien de la peine à pouvoir fixer
Tannée de là mort. Ce Philofophe fut envoyé a Rome en ambalTa-
de , avec Diogene le Stoïcien 8c Critolaiis Peripateticien, fous le fc-
cond Confulat de P. Cornélius Scipio Nailca 8c de M.Claudius Mar-
cellus , l'an ^g^. de Rome. Ils étoient venus pour la ville d'Athènes,
qu'on avoit taxée à cinq cens talens, parce qu'elle avoit été caufe du
pillage de la ville d'Oropejce que nous apprenons de Paulânias,d' Au-
lu-Gelle , 8c de Ciceron. Carneadès étonna li fort le Sénat Romain ,
par la force de fon éloquence , que Caton le Cenfeur fiit d'avis, après
l'avoir oui, qu'on le renvoyât au plutôt ; parce qu'il éblouïflbit
tellement les çlprits par fon difcours , qu'on ne pouvoit plus diftin-
guer le vrai d'à vecle faux, après qu'il avoit parlé. Et au rapport
d'Elien, les Sénateurs fe plaignirent que ce Philofophe venoit leur
faire violence jufques dans le Sénat , par la force de fes railbns.Cice-
ron ajoiite qu'il perfuadoit tout ce qu'il vouloit. On peut dire aufli
que jamais perfonne n'a eu plus de talent pour perfuader que Car-
neadès , 8c la profeffion qu'il fit à Rome de fuive la dodtrine de Pla-
ton, augmenta de beaucoup l'eftime qu'on en avoit.Au re{le,la nou-
velle Académie dont ce Philofophe eft reconnu Chef, efl: différente
de la moyenne,en ce qu'Arcefilaiis, Auteur de cette derniere.ôtoit le
vrai des chofes mêmes; 5c Carneadès avouoit qu'il y avoit du vrai
ou du faux en toutes choies , mais que nous manquions d'un fin dif-
cernemect , pour féparer l'un de l'autre. Il enfeignoit de même que
les chofes fenfibles 5c matérielles étoient comme des ombres de la
vérité. Outre cela,il ne nioit pas la probabilité , bien qu'il ne vouliit
pas la fui vre.* Diogene LzëTce,dansfa Vie,au li. 4'. Aulu Celle, /('. 1 7 .
c. I f. Valere Maxime. li.S.c.y.ex.ii. Ciceron,//.4,i/w ^ue/i.Acad.
li. I. de l'Orat. ç^c. Pline, /;'. 7.C. io.'EXKn,li.i.Hili.'var. c. 17,
Plutarque, contreColot. Petau, Exerc. mêlées c. 8. Jonlius, Hift.
r&Z. Voffius > desSeSes desFhil.c. ii^.^c.
C A R N E'A D E'S , certain Poète, qui failbit des Elégies , mais
froides 5c obfcures. Suidas , qui a oublié de parler de ce Poète , fait
mention d'un troifiéme Philolbphe difciple d'Anaxagoras. VofTius,
Je Foëiis Gr£cis. Joan. Meurlii B16I. Grsca.
CAR NE AU, (Etienne) Religieux Céleftin , étoit natif de
Chartres , 8c avoit fait l'exercice d'Avocat au Parlement de Paris ,
avant que de prendre l'habit de cet Ordre. Il s'eft aquis beaucoup
de réputation par les Ouvrages qu'il a donnez au pubUc , 8c particu-
îierementpar lés PoëfiesFrançoifes Se Latines. On remarque que
Meffieurs de l'AcadémieFrançoife ayant fait faire la leârure de quel-
ques-unes des fes Poëfies,dans une de leurs Aflèmblées, un des prin-
cipaux delà Compagnie dit,que le P.Carneau étoit un de ceux,j5a(-
ius dédit ore rotundo Mufa loqui : 8c cet éloge fut approuvé de tous les
afliftans. Il mourut l'an 167 1. après avoir compofé lui-même fon
épitaphe en François 8c en Latin , où il s'eft peint en ces termes :
Cy gît qui s'ocupant 8c de Vers 8c de Profe ,
A pu quelque renom dans le monde acquérir :
11 aimales beaux arts , mais fur toute autft chofe
Il médita le plus celui de bien mourir.
-^uijtHet hk, multum fcripfit frosâque metrôque}
Atque latens fparfit nomen in orbe fuum.
Traclaras artes coluit , fed firmius unam,
lUam pr£cipuè qui. bene obire docet.
* Hiftoire des Céleftins , MS. in Biblioth. Tarif. SXTP.
C A R N E'E. Cherchez Carna.
_ C A R N I E N , furnom qui fut donné à Apollon, à caufe du De-
vin Carnus qu'un certain Aies tua. C'eft d'où vint l'origine des fê-
tes Carniennes , que les Anciens célebroiént à l'honneur de ce Dieu
8c pour ex-pier le meurtre de Carnus. Eufebe , fur l'an 879. ej> S89.
Jelanaijfance d'Abruham. Le même Eufebe parie aufli des jeux
Tom. II. - ^
CAR* et
Carniens inftitués à Sparte la XXVI. Olympiade pour les Muficiens
8c Joueurs d'inftrumens , Se dit que Terpandre tut le premier qui y
remporta le prix. iC/P. [Ces citations font toutes faufll-s. zLebe
ne dit rien du tout fur l'an 879 ; 81 fur l'an SS9. il dit que les Sacrifi-
cateurs d'Apollon Carnien , gouvernèrent Sicyone , pendant quel-
^ que temps.' Il ne dit rien fur la XX vl. Olympiade: Mais lur la
I XXXIlI. il remarque que Terpandre etoit alors fameux. Ccu.x
qui voudront être mieux informez du furnom d'Apollon.dont il eft
parlé ici , n'ont qu'à lire Greg. GiraUli , de Hift. Deorum Synt VIL
p. 234,. Ed. Ba/ileenfïs.']
CARNIOLË, province d'Allemagne, avec titre de Duché , à
la maifon d'Autriche. C'eft une pai-t;e de l'ancienne Carnie ou païs
des Carniens, qui comprend aulii le Frioul. On la divife ordinaire-
ment en haute Carniole , qu'on appelle fechc.où eft Czirnicz , 8c en
baflè qui eft aux envahis de la rivière de Save. Les AUemans nom-
ment ce pais Kraim. Sa capitale eft Laubach , avec Evêché. Il a
aufli Kraimbourg , Cillei Comté , Menfpurg , le Marquifat de Vin-
des , 8cc. Les habitans Ibnt partie Efclavons , Se partie AUemans : le
pais eft entre l'Iftrie, le Frioul, 8c la Carinthie. * Clu*-ier, Ital.
ann. li. i.^li.^, Jntr. Geogr. Ortelius , 5cc.
C A R O , (Anne) Demoifelle Elpagnole , native de Seville , a
compofé des Comédies ti'ès-ingenieufes , qui lui ont fait mériter
d'avoir place dans la Bibliothèque des Auteurs Efpagnols,que Nico-
las Antonio a publiée depui? l'an 1672.
C A R O , (Annibal le) Commandeur de l'Ordre de Malte , ex-
cellent Poète 8c Orateur , vivoit dans le XVI. Siècle. Il étoit Italien ,
natif de Citta-nova en lftrie,£c ayant quitté fon pais.il vint à Rome,
où il fut Secrétaire de quelques Evêques , 8c comme fon mérite fai-
foit du bruit , il eut le même emploi premièrement auprès du Duc
de Parme , enfuite auprès du Cardinal Farnefe. Ce fut en ce tems
qu'il fut reçu dans l'Ordre de Malte, 8c qu'il s'aquit tant dé répu-
tation par lés Ouvrages,qui font une traduâion de l'Enéide de Vir--
gile en vers Italiens, diveries Poéfies , des Difcours d'éloquences
quelques Traductions de deux Oraifons de Saint Grégoire deNa-
zianze, d'un Sermon de S. Cyprien, des Lettres,une Comédie inti-
tulée Gli Stracciom,Sx. une Chanfon à la louange de la Royale Maifon
de France.Il l'avoit compofée par ordre du Cardinal Farnefe,8cCaf-
telvetro s'avifa d'en faire une critique;mais diverfes Académies d'I-
talie, 8c entre autres celle de Banchi de Rome publièrent une Apolo-
gie POUF Annibal Caro. Le Caro mourut l'an 15-66. à Rome , 8c;
il fut enterré dans l'Eglife de S. Laurens in Damajco,où l'on voit fon
tombeau. * Lorenzo CralTo , Ebg.d'Huom.Letter. éfc.
CARO, (Rodriguez) Efpagnol , Grand Vicaire de Dom Gaf-
pardeBorgia, Cardinal, Archevêque de Seville , a vécu en 1625-.
8c 30. Il étoit d'Utrera dans le DiocefedeSeville.il a fait imprimer
ce que nous avons de la Chronique de Flavius Dexter , avec celle de
Maxime de Braulion , 8cc. Amiguidades de Sevilla. Relacion de lai
Infcriptiones d'Utrera , é^c. * Nicolas Antonio , Bihl.Hijp.
CAROBERT, ou Charles Robert, que les Hon-i^
grois nomment fimplement Charles II. de ce nom Roi de Hongrie,
etoit fils de Charles I.furnomméMarrt/, fils de Charles dit /e Boi"
ïe«A;RoideNaples8cdeSicile, Comte de Provence, Sec Martel
hérita de la Hongrie , à caufe de Marie fa mère , fille du Roi Etienne
V. fœur 8c héritière de Ladiflas IV . tous deux Rois de Hongrie. Ce
Prince mourut avant Charles le Boiteux fon père. Se laifla le fils dont
nous parlons. Robert frère de ce Charles A/«r?e/ émut une grande
difpute pour ce fujet , favoir lequel étoit préférable à la fuccelîîon ,
ou le fils de l'aîné , ou l'oncle ; 8c fi le fils repréièntoit le père pouf
fuccéder à fon ayeul. Les plus célèbres Jurifconfultes de ce tems-
là , 8c le Pape Boniface VIII. furent pour Carobert. Ce dernier
l'admit à l'hommage , 8c l'inveftit l'an 1299. bien qu'il ne fût enco-
re qu'un enfant. Les Hongrois , qui avoient élu André dit le Ve-
»<V;ra pour leur Roi , après la mort d'Etienne , ne voulurent pas le
reconnoître. II fe mit pourtant fur le throne par force , Se futcou-
ronnépar le Légat du Pape ClementV.puis il gagna une célèbre vic-
toire en 1 3 1 2 .fur Matthieu Palatin de Thrichinie,Chef des rebelles,
8c depuis lès Sujets lui furent très-foumis. Aufli là domination fut
fi douce, qu'ils avouèrent qu'ils n'avoient jamais eu un Prince plus
débonnaire en temps de paix,8e plus courageux en tems de guerre.Il
joignit à fes Etats la Dalmatie , Croatie , Servie , Lodomerie , Ruf-
fie , Comanie , Bulgarie , 8c la Bolhie. Il mourut à Belgrade le 16.
Juillet de l'an 1342. âgé de plus de yo . Se fut enterré à Albe Royale ,
dans le tombeau des Rois de Hongrie. Carobert époulà en premiè-
res noces Marie de Pologne , fille dcCalimir Duc de Cujavie , Se eN
le mourut fans enfans à Temifwar, le 1 3 . Décembre de l'an 1 3 1 f II
prit en 1 3 1 8. une féconde aUiance avec Beatrix de Lutsembourg fil-
le aînée de l'Empereur Henri VIL 8c de Marguerite de Brabant, Se
elle mourut fur la fin de la même année. Il fe remaria en 1320, avec
Elizabeth de Pologne , fœur de Cafimir Ill.dit le Grand,&î. de Ladif-
las III. dit Lojlic Rois de Pologne , 8c il en eut Charles 8c Ladiflas
mortsjeunes; Louis Roi de Hongrie; André Roi de NaplcsScde
Sicile ; Se Etienne Duc d'Efclavonie. * Bonfinius , //. 9. Dec. î^
Thurofîus, c. 90. Chronique de Hongrie, P. //.f. 99. Crommer,
Summonte, Sec. '
CAROLINS; nom d'un Ouvrage que l'on fit en 790. pour
réfuter plulieurs propofitions tirées des A&es du IL Concile de Ni-
cée , Se qu'on appella Livres Carolins , parce que Charlemagne avoit
permis que l'on y travaillât. Cet Ouvrage contient quatre Livres ;
où ceux qui l'ont fait propofent fix-vingts chefs d'accufation contre
ce Concile , en des termes li injurieux Se fi atroces, qu'il paroit al-
lez par cdafeul, que les Auteurs de ce Livre n'avoient nullement
l'efprit de ce Prince, qui n'eût pas écrit de cette manière. Hinc-
mar Archevêque de Rheims témoigne l'avoir lu dans le palais , lors
qu'il étoit jeune à la Cour : Se il étoit demeuré dans l'obfcurité juf-
ques à l'an 1 5-49 .qu'un Luthérien l'ayant trouvé dans un ancien ma-
nufcrit , le lait en lumière avec une préface de fa façon ; fous le nonj
H 3 ' emprun
(ji ' CAR.
emprunté d'Eli Phili , d jns laquelle il fe déchaîne contre le culte de?
images. On ne peut néanmoms nier que ce Livre ne foit le vérita-
ble Ouvrage qu'on attribue à l'Empereur Charlemagne , comme il
paroitparlesRéponfesquelePape Adrien a faites aux objeâions
qu'il contient. 11 faut remarquer que ces Livres Carolins furent
compofez, quatre ans avant le Concile de FrancfortiSc que laPréface
d'Eli Phili , qui produit le Canon de Francfort,n'a été faite qu'envi-
ron fept cens ans après Hincmar vers Tannée 15-49. Puis qu'on y
parle du fameux Dofteur Ekius , qui étoit mort un peu auparavant.
Les Pères duConcile de Francfort alFcmblés en 794.jugerent, com-
me Charlemagne , qu'il étoit à propos d'fenvoyer au Pape unCapi-
tulaire, contenant les principales objeftions des Livres Carolins.
L'Empereur envoya ce Capitulaire au Pape Adrien par Angilbert
Abbé de Saint Richer. Ce Pontife y fit une longue reponfe en ré-
futant les quatre-vingts articles extraits de» Livres Carolins , &
en établiflànt la véritable créance de l'Eglife Catholique. * Maim-
bourg , Hi/ioire des Iconodajtes. àUP.
CAROLSTAD, ou Carlowits , Carolojladium , ville d'AUe-
lemagne, fur les frontières de l'Aiitriche 8c de la Croatie. Elle eft
fituéffur le confluant de Kulp & du Merefwitz. Charles Archiduc
d'Autriche la fit bâtir pour l'oppofer aux Turcs : aufli eft-elle un
des boulevârs de l'Empire du côté de la Croatie.
CAROLSTADT , ville de Suéde , dans cette partie de la Gothie
dite VermeUnil. Charles IX.Roi de Suéde lui avoit donné fon nom ,
8c les Danois la ruinèrent prefque entièrement en 1644.
CAROLSTADT , ou André Bodenftein. Cherchez, Boden-
ftein.
CAROSUS, Abbé, partifan d'Eutychès dans le V. Siècle. Il
fut condamné l'an 45- 1. dans le Concile de Chalcedoine. Ilfe joi-
gnit à Dorothée; Se ils foutinrent tous deux , que l'Empereur Mar-
cien avoit ordonné qu'il fefît en fa préfence une conférence entre
les Evêques & les Moines,afin de terminer les queftions controver-
fées.Le Prêtre Alexandre rapporta au Concile que lePrince avoit ré-
pondu , que s'il eût voulu connoître de ce diftérent , il n'auroit pas
donné la peine aux Evêques de s'aflèmbler. * Conc.Chd.SeJJ'.j.
CAROUAGIUS , (Bernardin) étoit un jeune homme malfait
de corps , niais qui avoit un efprit au-delTus du commun,comme il
le fit paroître, lors qu'apprenant à Pavie le métier d'Horloger,pour
complaire au dofte Alciat,il fit une horloge où l'on remarquoit des
chofes tout extraordinaires ; car non feulement on y trouvoit les
heures que l'on fouhaitoit , mais cette machine étoit tellement dif-
pofée, que le marteau frapantcontre la cloche faifoit fortir d'une
pierre qu'il touchoit une étincelle de feu ; lacjuelle venant à tomber
iurdufoufremettoitlefeuàunemeche, qui enfuite allumoitune
lampe; en forte que par le moyen de cette feule horloge un hom-
me pendant la nuit favoit l'heure qu'il étoit , & avoit en même
tems de la lumière. * Bernard. Sav.//^. 8. ïïW». Htft. SUP.
CARPACCIO, (Vittore) Peintre, vivoit fur la fin duXV. Siè-
cle, en 1490, Scpj-.IlétoitdeVenife, où il fut employé dans les
plus grands dcflcins , 8c il laiflà plufieurs tableaux de là façon.Voyez
fa Vie entre celles des Peintres de l'Etat de Venife , du Chevalier Ri-
dolfi, T.I.p.iy.
CARPATHIE , aujourd'hui Scarpanto , ifle de l'ATchipei ,
quiadonnéfonnomàlamerC»>-;'^f^;e»Me dite aujourd'hui mer de
Scarpanto entre les ifles de Rhodes Se de Candie ; c'eft le Carpathus
des Anciens. Elle a encore plufieurs antiquitez , 8c on y voit les
ruines de di verfes villes. Les Turcs y envoycnt un Cadi , qui y rend
lajuftice; 8c les habitans font Chrétiens Grecs. Le coral de l'ifle
de Scarpanto eft encore renommé. Philon Evêque ordonné par S.
Epiphane rend encore célèbre le nom de cette ifle. * Pline, li.^.ch.
I i.Daviti , T.II. p. 5-4. 5-5-. ^c.
CARPENTERIE,ouCARPENTERLAND,eft le nom d'un grand
8c vafte pais , dans les Terres Auftrales , nouvellement découvert
par CarpentierHollandois qui lui adonné fon nom. Nous n'en fa-
vons rien de plus particulier.
CARPENTRAS, furlaRufîè, ville de Provence, capitale du
Comté Venaifl^m , au S. Siège , avec Evêché fuffragant d'Avignon.
C'ell la CarpintoraBe Meminorum , dont parle Pline. Elle s'eft élevée
liir les ruines de VenafquejVindaufea ou Vendaufca, ce qu'on connoit
par les Lettres de Pétrarque à Gui Archevêque de Gènes. L'Evêché,
qui étoit autrefois fuffragant devienne , Tcft aujourd'hui d'Avi-
gnon.Le plus ancien Prélat , dont nous ayons connoifîànce , eft Ju-
lien qui foufcrivit au Concile d'Epaune, l'an 5- 17. 8c au IV. d'Arles
de ran5-24. SaintSiffreteft undefes fucceffeurs : il en a eu d'autres
illuflxcs , Jean Camplon , Frédéric de Saluces , Julien de la Ruvere,
qui fut depuis Pape fous le nom dejule II. les Cardinaux Louis de
Flifco, Jaques Sadolet, 8c Alexandre Bichi. Carpentras eft une vil-
le agréable , fituée dans un pais fertile , 8c entourée de belles murail-
les. Ilyalefiege de la Jufticedu Comté Venaiflîn. L'Eglife Ca-
thédrale eft aflèz belle , elle a au devant une grande place,8c à côté le
palais Epifcopal bâti à la moderne. On en trouve d'autres en cette
ville,où d y a garnifon,avec plufieurs maifonsReligieufcs 8c un Col-
lège de Jefùïtes. * Pline , //. 3 . c. 4. Sainte Marthe , Gall. Chrift.^c,
CAR.
Concile de Carpentras.
Il fut tenu, félon le calcul du P.Sirmond, le 6. Novembre de
l'an 5-27. fous le Pontificat du Pape Félix IV. Scie Confulat de Ma-
vortius; bien que Baronius ne le mette qu'en l'an j-zp. S.Celàire
d'Arles y préiîda , 8c il y fut ordonné que l'Evêque , qui auroit du re-
venu fuffifant pour fon entretien , ne prendroit rien lùr les Paroiffes
de fon Diocefe; 8c que s'il ne fe pouvoit paflèr de cette contribution,
on en réferveroit ce qui feroit néceffaire pour la fubfîftance des Prê-
tres qui le fervoient ; 8c le refte feroit pour lui. Il y a encore une
Lettre de ce Concile à Agrsecius Evêque d'Antibe , lequel y fut fiif-
pendu pour un an de la célébration de la Meflê , parce qu'il avoit or-
donné un Prêtre contre les Canons; Se qu'il n'étoit ni venu , ni n'a-
voit envoyé à l'alTemblée. *T^m. IV. Conc. Baronius , A.C. 5-29.
CARPI , ville d'Italie dans le Modenois , avec Evêché fuft'ragant
de Bologne 7 8c avec titre de Principauté. Elle eft fituée fur un ca-
nal de Sechia,environ à dix ou douze milles de Modene , Se à quatre
oucinqdeRegio. C'eft une ville forte , avec un château, debon^
nés murailles,8c des follèz remplis d'eau. CettePrincipauté a été pof-
fédée depuis l'an 1319. jufqu'environ l'an ifj'o. par la famille de
Pio, dont je parle ailleurs.
CARPIO. Cherchez Vega.
CARPOCRAS, ou Carpocrates, Hérefiarque , natif d'Aie-
xandi^E, 8c difciple de Simon le Magicien dans lel. Siècle. Ilen-
feignoitquelefilsdeDieu n'étoit qu'un pur homme fils de Jofeph;
8c que fon ame n'avoit rien au deiTus des autres linon qu'elle avoit
reçu plus de vertus , 8c plus de force du Dieu qu'ils imaginoient,lors
qu'elle étoit avec lui , 8c avant que d'être intufe dans Ion corps ;gc
que cette communication plus abondante lui avoit été faite pour
vaincre les Démons, qui avoient créé le Monde. Il rejettoit l'ancien
Teftament,nioitlarefurreâion des morts, feperfuadoit qu'iln'ya
aucun mal dans la nature , mais qu'il n'eft tel que dans l'opinion ; Sc
ajoûtoit plufieurs autres impiétez. Il eut un fils nommé Épiphane ,
qui fut l'héritier de fes crimes. Cerinthe fut fon difciple,8t les Gnop-
tiques , 8c les Adamites font encore des feâateurs de fes rêveries :
ce qui fait afîèz connoître combien elles doivent être abominables.
* Saint Irenée , ti. i . c, 24. S. Epiphane , her. 27 . Tertullien , depr^fc^
c. 48 . Clément Alexandrin , U. 3 . des Tapiff. Baronius ,A.C. 3 j-. 6a.
e^ 120.
[CARPUS Martyr dePergame,qui fouffirit fous lesAntonins.
Onavoitles Aâesdefapafllondutems d'Eufeie, comme il le té-
moigne dans Ion Bi/l. Ecclef. Lib.iv.c. 1/.]
CARPUS, Mathématicien, vivoit dans le V. Siècle. Il a écrit
quelqueOuvrage d'Aftronomie cité par Proclus fur le premier Livre
d'Euclide. * Voflius , des Math. c. 48. §. j.^ c. 62. §, 8. Joan. Meur-
fii Bibl. Grsca.
CARRANZA , (Alfonfe) Avocat , vivoit vers l'an 1630. II
a écrit divers Ouvrages . De partu naturaii é' kg'timo. Diatriéafnpet-
DoSrina Temporum DionyfiiPetavii. ^c. * Nicolas Antonio , SM.
Hifp.
CARRANZA , (Barthélemi) dit aufli de Miranda , qui étoit le
lieu de fa naiflànce,dans le Royaume de Navarre , a été Religieux de
l'Ordre de Saint Dominique 8c Archevêque de Tolède. Il entra par-
mi les Dominicains, dans la Caftille, 8c y enfeigna la Théologie
avec tant de fuccès , qu'on le choifît pour fe trouver au Concile
de Trente, où il prononça le i . Dimanche de Carême de l'an ifftî.
cette Oraifon que nous avons encore. Avant ce tems-là en I5"f4.
Philippe II. Roi d'Efpagne ayant époufé Marie Reine d'Angleterre,
avoit mené avec lui le P. Barthélemi Carranza , qui y travailla à
rétablir la Religion Catholique ; 8c la Reine le choiiit pour fou
Confeflèur. Philippe , qui fe connoiflbit aflèz en gens , le nom-
ma Archevêque de Tolède en i^ST- L'Empereur Charles V. qui
étoit dans fa retraite de Saint Juft , parut lâtisfait de cette élec-
tion. Il avoit une eftime fi particuhere pour Carranza, qu'il le
voulut avoir auprès de lui dans les derniers momens de fa vie, .
l'ayant choifi pour un des diredleurs de fa confcience. Peu de
tems après , ce Prélat fe vit expofé à la perfécution de quelques
Inquifîteurs fes ennemis , qui le pouflèrent de la manière du mon-
de la plus violente. Car non contens de l'avoir arradié de deifus foiï
iiége Epifcopal,8c de l'avoir traîné ignominieufement dans une pri-
fon , ils l'âccuferent encore d'héreiîe , 8c d'avoir perfuadé lès, er-
reurs à l'Empereur, dans les derniers jours de fa vie. Il fut obligé
d'en appeller au Pape, 8c on le conduifit en 1 5-67 . à Rome,où il feuf-
frit beaucoup fous le Pontificat de Pie V. 8c de Grégoire XIII. C'eft:
fous ce dernier Pape qu'en 1 5-7 6 .il fut obligé de faire une abjuration
publique des erreurs dont on l'acculbit. Enfuite on le remit aux
Religieux de fon Ordre du Monaftere de la Minerve, où il mourut le
2. jour de Mai de la même année i^j6. Et il fut enterré dans l'E-
glife de ce Monaftere, où l'on mit cette épitaphe,qui contient ua
Abrégé très-fmcere de fa vie;
BartholomAO Carranz.a, Navarre, Dominicano,
ArchiepifcopD Toletano , Hijpaniarum Primati ,
Viro génère , iiitâ , doclrina , concione , atque
ehemofynis claro,
Magnis munerihus à Carolo V.
' Et Phitippo Rege Cathol. fibi commijjts
Egregiè funéio ,
/initno in profperis modeflo, in adverjis iCjti»,
Obiit anno M. D. LXXFl. die fecundâ Mail.
Athanafio ^ Antonim facrà.
JEtatis Jus. LXXII.
Plufieurs grands hommes duXVI.Siécle ont parlé avantageufement
de Carranza. De Thou en fait mention dans Ion Hiftoire,au fujet de
l'Inquifition. C'eft fur l'an 1 j;6o.L'Efpagne même, àk-iL ne fut pas
exempte de ce mal,c^Bartbélemi Carranza Archevêque de Tolède fut
pris ^ menéprifinnier pour ce fujet , (^ fes biens furent confifquez. fe le
vis long-tems après k Komesperfonnage au refte digne de cette charge , par
fon érudition , par fa probité, (^ par fes bonnes mœurs. Martin Alpil-
cueta, connu fous le nom de Navarus, pafîà , comme je le dis ail-
leurs , à l'âge de 80. ans à Rome pour y défendre ce Prélat , qui étoit
fon ami. Tous admirèrent fa patience 8c fon humilité , durant cet-
te longue 8c fâcheufe perfécution. Nous avons divers Ouvrages de
fa façon. La Somme des Conciles 8c des Papes , depuis Saint
Pierre jufques à Jule III. Un Traité de la réfidence des Evê-
ques 8c des autres Pafteurs des âmes. Ces deux Ouvrages font
en Latin. Il publia en Efpagnol un Catechifme pour fon Dio-
cefe , 8c une lurtruftion pour ouïr la Meflè. On lui attribue
encore ua Traité de la Patience , il avoit affez, bien pratiqué cet-
CAR.
te vertu, pour en connoître tous les liegrez difFerens Se pour en pou-
voir parler en maître. * Antonio Herrera, in Vita Phil. //. Alfonfe
Fernaadez, /w Concert. Vrud. ad an.\ fjj. ér mHiJl.fiii temfdi. 3 . c. 29.
I,t lie Vir.iUiifi. Vomin. Diego de Caltejon , de Arch. Tolet. De Thou,
mfi.li. i<5. Sponde, ^.C. 15-59. n.zp.leCardinal Pallavicin,iïf/?.
du Conc. de Trente. Covarrùvias, Var. li. 15. «'. i j. Eifengrenius,
in Catd. Teft. verit. Bellarmin, T. I. Contr. VIL 'li. 2.c. 8. Pierre
Salalaar dcMendoza, inVitaJSarth.Caran. Nicolas Antonio, Biél.
■Scrfft. Hifp. (^c.
' CARRAN2A, (Jérôme) de Seville, Chevalier de l'Ordre de
Chrift en Portugal , & Gouverneur en 15-89. de las Honduras dans
l'Amérique. Il aécrit de la pratique des armes fousleticre de iilo-
■fofia de tas armits.
CARRANZA DE MIRANDA, (Sanchez) Chanoine de Ca-
lahorra dans la Caftille la vieille , étoit natif du Royaume de Na-
varre , & a vécu au commencement du XVI. Siècle, vers l'an 1 j- 1 f.
Il étudia en PhilolophieSc en Théologie dans l'Uriiverfité de Paris,
& il enfeigna depuis ces mêmes fciences dans celle d' Alcala,où il s'a-
quit une très-grande réputation. Elle s'accrut à Rt)me,où il accom-
pagna Dom Alvarez CarilleAlbornoz, Se s'y lia d'amitié avec Auguf-
.tin Niphus c^élebre Philofophe. Sanchez Carranza écrivit contre E-
ïalme, & il laiffa d'autres Ouvrages, comme, ^(/xicn/«e?-rom-» de
fartu,Virginis.éi<c. *Sepulveda, inHiJl. Coll.Bonon. Nicolas Anto-
nio, Bihl.Hifp.&c.
CARRARE , ville d'Italie en Tofcase , avec titre de Principau-
té. Elle appartient au Marquis Prince deMaflè de lamai&n deCi-
bo ; 8c elle eft entre Ma'flè & Sarzane*
GARRERI, (Alexandre) de Padouë , a été un des plus célèbres
Jxirifconfultes de fontems.IlfutpremierementCurédelaParoif-
fc de S. André, & depuis il quitta ce bénéfice, pour avoir plus de
tems pour étudier. Il mourut le 10. Août de l'an 1616. âgé de
78. Il a compofé divers Ouvrages. De S^onfalihm crmatrimonio,
Libri V. Befenjio pro Libris fuis. Degejlis Fatavinorum , Libri X. (^c.
ce dernier n'eft point imprimé. * Jaques Philippe Thomafini, Vir.
illuft. ehg. ,
CARRES , ville de Melbpotamie , oii Craflus , conduit par un
perfide Syrien nommé Mezera; fut défait par Sillaces &Surena,
Lieutenans du Roi des Parthes. Celaarriva l'an 701.de Rome, vers
Je mois de Juin.Quelques Auteurs eftiment que Carres eft Cars d'au-
JGurd'hui,niais il y a plus d'apparence que c'eft Charun dans le Diar-
isec. Voyez Florus , li. j.c.ii. Pline , //. j. c. 24. é^ fuiv. Lucain,
U.i.Fharf.
.. mferando funere Crajfus
Affyrieis Latio macnlavit fanguine Carrhas.
D'autres mettent une ville de Carres dans l'Arabie , 8c ils préten-
■flentque c'eft celle qui a le nom qu'on donne à l'autre; mais c'eft
aflùrément la même qui a eu autrefois Evêché fufîragant d'Edeffe ,
Se qui eft lîtuée fur le fleuve Charra , qui fe décharge dans le Chabo-
ras. 11 eft parlé de ces villes dans la Genefè , ch. 36. fbuslenom de
Charan , da;js le I. des Paralipomenes ,ch.i. dans le Livre de Tobie,
eh. ii.de Judith, f^.5-»& dans les A£tes des Apôtres , c^. 7 .
CARRETO , Famille. La Farnille de Carreto , ime des plus no-
lles gcdes plus anciennes <i'ltalie,a été féconde en hommes illuftres.
On prétend qu'elle tire fon origine de Witikind Prince de Saxe , qui
futlbumisparCharlemagne. Quoique cela me paroiffe un peu fa-
buleux , je veux pourtant en rapporter ce que divers Auteurs en ont
écrit. C'eft qu'Aleran fils de ce Witikind laiffa Othon , Guillaume ,
Theres,8c Eoniface,dont font venus les Marquis de Savonne,d'Inti-
fad, de Ceva,de Bufca, & de Saluées. La Maiîbn de Carreto a été u-
ne branche de cette dernière , qui a pour tige un certain Anfclme, &
c'eft de lui qu'eftdefcendu Galeas qui vivoit fur la fin du XV .Siècle.
Les Génois le chafïêrent de Final , pour avoir fliivi le parti de Philip-
pe Marie Vifcomti Duc de Milan; mais il eut le moyen de fe réta-
blir. Il fut heureux par lui-même 8c par fes enfans, Alphonfe I.
dont je parlerai dans la fuite, Fabrice Grand-Maître de Rhodes,
Charles Dominique Cardinal , Louis ou Aloifio Evêque de Cahors.
Alphonfe deCarreto, premier de ce nom,Marquis deFinal,fit travail-
ler aux fortifications de cette place,6c l'Empereur Maximilienl.l'ho-
nora de la qualité de Vicaire de l'Empire 8c lui donna pouvoir de fai-
re battre monnoye. C'eft de lui que font defcendus les autres Sei-
gneurs delà Maifon deCarreto.il eut Paul EvêquedeCahors, Ab-
bé de Bellecombe , Alphonfe II. à qui Philippe IL Roi d'Efpagne
tifurpa Final en 1 5-7 1 ,8cc.Les Génois avoient porté les peuples de ce
Marquifat à la révolte , 8c Alphonfe avoit demandé la proteftion
du Roi de France. -Les Ei^agnols, fous prétexte de faire embarquer
quelques troupes , furent reçus dans Final , Scilsaffiégerent la cita-
delle où commandoit Jean Alberigo Carreto parent du Marquis,qui
fiit obligé de laiieur rendre.Mais Alphonfe s'étant plaint de cette in-
jure à l'Empereur 5 celui-ci y envoya des Députez, à qui lesEfpa-
gnols répondirent qu'ils étoient venus trop tard , 8c que le Roi d'Ef-
pagne avoit agi lur des raifons que l'Empereur ne defapprouveroit
pas. Depuis , les Marquis de Carreto flirent encore maîtres de Final
jufqu'en 1602. que le Marquis de Fuentes prit cette place par ordre
de Philippe III. Roi d'Efpagne. Les Efpagnols menèrent chez eus
le Marquis.dernier de cette famiUe , 8c le firent mourir après l'avoir
forcé d'accepter un Traité de proteétion. * SanCovin, délie fapiigt.
d'Ital. De Thou, Hift.li. 5-0. e^/ej. Leandre Alberti , Defer. liai.
Bodin, li.i.deRep.c.ç.^c.
CARRETO , (Charles Dominique de) Cardinal , Archevêque
deRheims, deThouloufe, Scc.dit le Cardinal de Final , étoit fils
de Galeas 8c frère d'Alphonfe I. Marquis de Final,de Fabrice Grand-
Maître de Rhodes , dont je viens de parler, 8c de Louïs ou Aloifio
Evêque de Cahors. Il s'éleva par fon mérite à la Cour de France fous
le Roi Louis XII. Le Pape Jule II , qui n'aimoit pas trop ce Prince,
accorda pourtant à fa recommandation le chapeau de Cardinal à
Charles de Carreto l'an ijof.Sc n'oublia rien po\sr l'attirer à Ro-
tA%
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me , 8t pour lui 'donher des marques de fon eftime.' ' ïî'ne fut pa»
ingrat à tant de bontcz : car il prit-fortement le parti du-Saint Sieo*
au Conciliabule de Pife; 8c dans le Concile de Latran il agit avec un
foin extrême pour la paix entre les Princes Chrétiens. Il fut Evêque
de Cahors, puisArchevêque de Rheims & de Tours , 8c mourut à
Rome au mois d'Août de l'an 15-14. Le .Cardinal Bembeparle de
lui, 8c nous avons encore une desLettres qu'il écrivit fdus le noni
du Pape Léon X. à Fabrice Carreto Grand-Maître de'Rhodes , pout
lui apprendre la mort du Cardinal de Finel fon frère. *Bembei
//.2.jF/i/?.rra.^5,/,-.9.£j,y;.Folieta, »»£%.Guichardin,«.ib:Robert
8c Saint Marthe', Gatl. Chrift. Aubëii'i, Hift. des CW/w: Oniiphre;
Viftor, 8cUghel, é.<r. ■■■ \ ■ • .
CARRETO, (Conftance de) Daine Neapolitairiév' âveeudahë
le XV. Siècle. Elleetoit fortie de cette 'famiUe illuftrfr,dtii'a don-
ne plufieurs Cardinaux 8cPrélats à^i'Eglife, 8c un '(?îând-Maîbe
de l'Ordre de Saint Jean dejerufaléhiicomme je l'ai remarqué eh fon
lieu. Cette Dame eft louable par les vertus , qui lui ont attiré lés élo-
ges des Savans . Outre Jule Céfar Ca-paccio , on peut confiiltet Tur^
lélmenfonHiftoiredeLorette, HilariondcCofte, 8cc;--. -
CARRETO , (Fabrice de) de U Maifon des Marquis de Final ',
Génois , fut Amiral de l'Ordre de -Rhodes ; 8c depuis élu Grand-
Maître, l'an 15-13. Il fit la paix avec le Sultan d'Egypte en iji6.
8c craignant les armes de Selim Empereur des Turcs,il fortifia Rho-
des , que Soliman fils 8c fucceflêur de SeHm emporta durant le
gouvernement du Grand-Maître l'Ifle-Adam.élu après lui en 15-21.
* '&0Ù0 ix.'&^.uàomii i Hifl. de Malle. • -■- ^
CARRETONI, (Jean-François) Jefuïte Romain, eft mort eii
15-29. âgède 72. ans.Ilavoitenfeignéles belles Lettres dknsle Coli
lege Romain, 8c il fut eftimé un des plus èloquèns; hommes de
fon tems. Voyez fon éloge dans JanusNicius Erythràus; Pj«./,
Imag.c.<)i. 8c dans Alegambe, />. 242.
CARRICK , province d'Ecoflè au Couchant de l'ifle., ekrfe
les provinces de Gallowai 8c de Cfuidefdkle. Elle eft peu confide-
rable.
CARRIERE , 'connu fous le nom de Baijde de la CARitii:-.
RE , ancien Poète François , vivoit vers l'an 125-0. Il compofâ
un Dialogue de l'Ainour , de fon cœui-,8c de fes yeux. * Faucher;
Ane. Voet. Franc. La Croix du Maine , Biél. Franc.
CARRIERE , (François) Religieux des Pères Conventuels dfe
Saint François , a écrit In Scripturarn en' 1663. 8cc. * La Croii
duMaine, 8c duVerdierVauprivas, £;<^/.Fr«B/r. - '
CARRIERE , (Jean Baptifte) natif d'Apt , Avocat du Roi att
Parlement de Provence , étoit de la même famille que celui dont je
viens de parler , 8c vivoit en 1 5-44. Il écrivit divers Ouvrages en La-
tin 8c en François , êciltraduiiit l'Hiftoire de Venife de François
Contarini.
CARRILLO. Cherchez CariUo Alfonfe, Cardinal.
CARRILLO , (Alfonfe) Efpagnol, natif de Cordouë, Commari-
deurde Velès, vivoit vers l'an 1620.8c compofa divers Ouvrages
«n Eipagnol , 8c entre autres les Pfeaumes de David en Vers ; que
Ion fils Commandeur de Quatralvo fit imprimer en r675-. à Naples,
Alfonfe de CarUlo étoit fils de François , 8c frère deLWis Carril-
Lo , auffi Commandeur de l'Ordre de S. Jaques , 8c General dek
galères d'Efpagne , lequel mourut en 1610. 8c laiflà quelques
Traitez qu'on a publiez Ibus le titre de Obras de D. Louis Carillt, im-
primez à Madrit l'an 1613. * Nicolas Antonio , BibLui/p. '
CARRILLO , (Martin) célèbre Jurifconfulte Efpagnol i a vé-
cuen 1615-. 8c2o. Il étoit de Saragoflê , où il enlèigna le Droit Ca-
non , durant dix ans , 8c puis fut Grand- Vicaire 8c Chanoine de l'E-
glife Métropole. Le Roi d'Efpagne l'envoya l'an 16 11. en Sarda-
gne en qualité de Vifîteur Ecckiiaftique , 8c à fon retour il lui don-
na en i6i5-.rAbbaïe de Mont-Aragon. Il a compofé l'Hiftoire des
Archevêques de Saragoflê , des Annales , des éloges des femmes il-
luftres de l'Ancien Teftaraent, Itinerarimn OrJinandorum, Manuel dé
Confejfarios, &c. *Nicohs Antonio ,Eibl.Hi/p.0>c.
CARRION , (Louis) de Bruges , originaire d'Élpagne , étoit uri
excellent Critique, rival de Juftc Lipie. Iliiousadomié lesfrag-
mens de Salufte 8c de Cenforin , un Traité de Caflîodore , Antic^tta-
rum Leéliottum Lib.III. Emendationum Lib. II. ^c. Il mourut en-
core jeune à Louvain,le 18. Juin de l'an 15-95-. *Valere André j
Bibl.Belg. Le Mire, de Script. Suc. XVI.
CARROUSEL, coiu-fe accompagnée de chariots, dé niachinéSi
de récits , 8c de danfes de chevaux. L'Antiquité n'a rien eu de
plus noble ni de plus ingénieux que l'ufage des carroufels. Pendant
que le peuple s'arrêtoit àcQnfiderercesjeux8ccesexercices,com-
me des divertiflèmens , les Prêtres Idolâtres en fai&ient des aâes
de Religion ; les Soldats , des montres de leur adreflc ; 8c les Savans,-
des études autant agréables qu'inftrudlives. Tertullien , dans fin Li-
■vre des SpeSiacles ,a.t.mhuë l'invention des carroufels àCircé, cette
fameufe Magicienne, qu'on difoit être fille du Soleil; 8c veut que
ce foit elle qui ait commencé à drelîèr le cirque Se les courfes , i
l'honneur de fon père. Quoi qu'il en fe)it, c'eft apparemment de
CarrusSolis, CarrodelSola, Char du Soleil, que le mot de Carrou-
fel a été formé ; ou des chars 8c carroflès qu'on y mcnoit. Il n'y
avoit point de fêtes plus folennelles que ces courfes ; parce qu'on y
voyoit une infinité de machines , de chars , d'iraages , de couronnesj
de dépouilles , 8c de repréfentations. Les Prêtres y conduifoient
des viftimes , 8c y offroient des facrifices. On y portoit , com mo
aux triomphes, les raretez des provinces fubjuguées , 8c la pompe iè
faifoit avec un appareil magnifique. La plupart des autres nations
s'efforcèrent" d'imiter, ou même de iurpafîèr les Grecs 8c les Ro-
mains, 8c y ajoutèrent plufieursornemens conformes à leur génie.
Les Goths 8c les AUemans y parurent avec des cimiers,qui fervoient
à les rendre plus fiers £c plus terribles , quaiid on voyoit fur leurs tê-
tes des dragons allez, des harpyes, des mufles de lion, 8c d'au-
tres chofes fembkbles. Les François fe fervirent de cottes-
d'ai.-^
6^4
CAR.
a'armes 8c de devifes: 8c les Italiens y employèrent les récits, la
Mufique.^ècplulieurs machines ingénieufes.
îomfe ou marche des Carroufelu ^
L'admirable dîverfité d'images, de ftatuës, de chars, de che-
vaux , de machines , de concerts , 8c de perfonnes dont ces pompes
étoient compofées, faifoit le plus fuperbe 8c le plus bel objet du
Monde.Polybe 8c Athénée ont décrit celle du carroufel d'Antiochus
furnommé Epiphane ou l'lUufire,&i['on y voit que la Syrie Se l'Egyp-
te ne cédoient pas en magnificence à la Grèce 8c à rita]ie,en ces for-
tes d'appareils. Ptolomée Philadelphe ne fut pas moins magnifique
dans la pompe qui précéda le fuperbe feftin, qu'il fit aux Princes Se
aux Seigneurs de fa Cour en la ville d'Alexandrie, 8c dont Callixenus
Rhodius fait le récit, ii.^.deAlexandria. Ces pompes ne font que
la montre de toutes les chofés deftinées aux carroufels , pour faire
admirer aux fpeflrateurs la richeflè des habits 8c la beauté des machi-
nes, 8c pour faire paroître en ordre tout ce qui compofe l'appareil
de ces jeux. .
Lice ou carrière des Carroufels.
Les Romains n'eurent àu commencement point d'autre cirque
pour leurs courfes êc carroufels , qu'un grand efpace entre le bord
<iu Tibre d'un côté, Scunepalilfade d'épées fichées les pointes en
haut, de l'autre; ce qui rendoit ces courfes dangereufes. Tarquin
,f ut le premier qui fit bâtir un grand cirque entre le mont Aventin 8c
le palais. Le Cenfeur Flaminius donna depuis un de fes prez , hors
de la ville , pour en faire un autre , qui fut appelle de fon nom le cir-
que de Flaminius. Dion Chryfoftome parle de celui d'Alexandrie. Il
y en eut auffi à Conflantinople , à Athènes , à Jerulàlem , 8c en
plîLfieurs autres villes. Il n'y a pas aujourd'hui de cirques , comme
autrefois ; mais on choillt de grandes places , que l'on difpofe félon
le fujet des repréfentations qu'on y veut faire. Toutes les grandes
villes d'Efpagne ont des places pour les courfes. Florence a la place
di Santa Croce. Les carroufels fe font à Naples dans la place del
TalazzoReale; à Paris, dans la place Royale, ou dans la place du
carroufel devant les Tuileries ; 8c à Verfiilles dans une des cours des
écuries du Roi. Autrefois le Roi Chilperic fit bâtir des cirques
àParisScàSoiflbns, pour repréfenter des carroufels. * Aimoin,
/». 3.
Sujet des Carroufels^
Le lùjet Te prend de l'Hiftoire , de la Fable, des chofes naturelles,
des inventions Poétiques , ou du caprice. Mais il faut l'accommo-
der à l'occafion de la fête pour laquelle on fait le carroufel. Les oc-
cafîons font la naiflànce des Princes, ou leur mariage ; le làcre 8c le
couronnement des Rois ; les entrées folennelles dans les villes, les
victoires célèbres , 8cc.Les delTeins des carroufels doivent être ingé-
nieux 8c bien imaginez , afin que l'efprit n'y ait pas moins de plaifîr
que les yeux. Ils doivent auffi être militaires 8c guerriers , c'eft-a-
dire , renfermer des combats 8c des défis ; parce que les exercices 8c
les courfes dés carroufels font militaires. Ainfi pour ceux que l'on
tire de l'Hiftoire ou de la Fable,on choifit des combats desHeros,ou
desDivinitez. Si on les emprunte de la Nature, ou de la Morale,
on prend des chofes qui ayent de l'antipathie 8c de la répugnance ,
comme les faifons , le jour 8c la nuit, les vices 8c les vertus; ou
celles qui étant de même efpece , fe peuvent difputer quelque avan-
tage, comme les plantes, les métaux, 8çc.
Quadrilles des Carroufels.
Les troupes diverfes , qui compofent les carroufels , font nom-
mées Quadrillesjdu nom Italien SqHadriglia , diminutif de Squadra ,
qui fiignifie une Compagnie de Soldats rangée en ordre. Dans les
carroufels célèbres , ce font ordinairement des Princes qui font les
Chefs des Quadrilles. Au premier carroufel de Louis XIV. il fut le
Chef de la Quadrille des Romains : MonCeur fon frère unique , de
celle des Perfans: Monfieur le Prince , de celle des Turcs : Mon-
fieur le Duc , de celle des Mofcovites : 8c Monfieur le Duc de Guife,
de celle des Mores. Le moindre nombre des Quadrilles pour un
véritable carroufel eft de quatre; 8c le plus grand de douze. S'il n'y
a que deux troupes, c'ell proprement une joute ; 8c s'il n'y en a
qu'une, c'eftun tournoi ou une courfe. Ces Quadrilles fediftin-
guent par la forme des habits , ou du moins par la diverfité des cou-
leurs qu'elles choififlènt. Parmi les Grecs 8C les Romains, les Cou-
reurs du cirque fe diftinguerent par quatre couleurs ; ce qui donna
l'origine des Quadrilles blanche , verte , rouge , Se bleue , fi célè-
bres dans l'ancienne Hiftoire, par les faâions qu'elles cauferent fou-
vent. Quoi qu'il y eût quatre Quadrilles , elles ne faifoient néan-
moins que deux partis fous les noms des Verts 8c des Bleus , qui fu-
rent les caufes de tant de troubles à Rome , à Conflantinople , en
Egypte, 8c dans toutes les autres parties de l'Empire. L'ufage des
Quadrilles, qui eft univerfellement reçu dans tous les lieux ou l'on
fait aujourd'hui des courfes 8c des fêtes à cheval , n'a été introduit
que fort tard en France. Comme on y préferoit les exercices de
valeur à ceux d'invention 8c de pure adreflè , on y faifoit plus de
combats à la barrière; que de carroufel^ , 8c l'on aim oit mieux s'y
faire voir bons Gendarmes 8c vaillans Cavaliers , qu'adroits Courti-
fans. C'eft pourquoi les François n'affeftoient point de faire des
Quadrilles 8e des Troupes réglées , comme on fait à préfent. Le
premier ufage des Quadrilles commença en France fous le RoiHcn-
ri IV. l'an 1606. On fit à Paris,dans la cour du château du Louvre,
le carroufel des quatre élcmens , repréfenté par quatre Quadrilles de
Cavaliers qui foitirent de l'Hôtel de Bourbon.
CAR.
Machines des Carroufels.
On donne le nom de machines à tout ce qui n'a mouvement,que
par l'artifice des hommes,comme aux repréfentations de toutesior-
tes d'animaux que l'on fait mouvoir , aux chars roulans , aux ftatuës
mobiles. Sec. Le mouvement fe fait ou fur l'eau, ou dans l'air, ou
fur la terre. S'il fe fait fur l'eau , on y employé des vaiffeaux , ou des
animaux , Se des monftres artificiels , comme des balenes , des cy-
gnes, 8cc. Si c'eft en l'air, on s'y guindé par des cordes, par des
nuées, ou par des oifeauxfulpendus; des dragons, & des animaux
volans. Sur la terre, on fe fert de chars, debrancars, d'animaux
feints , de ftatuës à reflbrts, Sec. llya auffi des machines de guerre ,
8c de paix ; de triomphe , Scde cérémonie ficrée. Les machines doi-
vent être proportionnées au fujet. S'il efthiftorique, il les faut
prendre dans l'Hiftoire: s'il eft fabuleux.dans la Fable. S'il eft Poéti-
que 8c d'Invention , on a plus de liberté à inventer de belles chofes.
Récits ^ harmonie des Carroufels.
Le carroufel étant touj ours une allégorie 8c une invention emblé-
matique, deftinée à honorer le mérite des -Princes, ouàinftruiret
on y mêle des récits qui font les applications de la pompe, de l'appa^
reil , 8c des plus confiderables machines dont il eft compofé. C'eft
pour cela qu'on y fait paro^pre des Nymphes , de petits Amours, des
Dieux de la Fable , des Vertus , des Heros,des Génies, Sec. qui réci-
tent ou chantent des vers. L'harmonie ne manque jamais aux car^
roufels, parce que ce font des fêtes d'appareil , Scdesréjouïftànces
publiques. Elleeftdedeuxfortes;rune militaire Se guerrière, l'au-
tre douce Se agréable, La première fe met en tête de chaque Qua-
drille , pour animer les Cavaliers, 8c pour annoncer leur venuë,leur
entrée dans la carrière , Se leurs courfes ; 8c l'autre fert aux récits ,
Se pour accompagner la pompe. Les inflrumens font differens feloa
la qualité des perfonnes que l'on introduit en ces fêtes.On donne des
tymbales Se des tambours aux AUemans , des clairons auxPerlàns,
des flûtes aux Satyres , des mufcttes aux Bergers , une lyre à Apol-
lon 8c à Orphée, Se ainfi des autres. Sur les